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fire meet gasoline. ) joaquin

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fire meet gasoline. ) joaquin - Mer 2 Mai - 0:54

Fire meet Gasoline.

joaquin costilla & temple águilar.



« There’s two of us, we're bristling with desire. You hurt me. Flame and candle meet, Fire meet gasoline ; I'm burning alive. I can barely breathe when you're here loving me. But it’s a bad bet, certain death. But I want what I want, and I gotta get it. When the fire dies, darken the skies, hot ash, dead match only smoke is left... »


La chaleur. Immiscée sous la peau. Cajolant ses os glacés depuis bien trop longtemps. Attisant la raideur de sa croupe. Et forçant la cambrure de ses reins. Les frissons qui mordent l'échine. Les lippes qui se frôlent, les souffles emmêlés. Les mains qui se cherchent et s’agrippent, les bouches qui se cognent. Les entrailles ravagées par le désir brûlant. Comme jamais l’abandon ne l’a conquise auparavant. Des masques qui tombent sous les faux-semblants, et deux corps qui s’épousent. Un ballet langoureux préludant l'issue du rapprochement accidentel.

Au cœur d'un crépuscule traditionnel, ils sont deux amants improvisés sur le haut d'un immeuble. La baie sous le regard qu'ils ne contemplent pas, la ville étendue à leurs pieds. Trop occupées pour admirer le paysage et sa beauté, les carcasses allongées sur une table épaisse, terrasse aménagée par le seigneur des toits.

Le whisky, son parfum, le cigare et la sueur, elle ne distingue plus que ces effluves et le tourment de ses caresses brûlant son épiderme. Étreinte animale, hâtive, irréfrénable, entre ceux qui ne ploient pas d’ordinaire ou de manière si rare. Elle n’est plus tout à fait elle à cet instant. Submergée par les affres du déni et d’un chagrin trop grand, guidée par des forces encore inexplicables, elle a laissé la porte ouverte à la déesse qui se fraye un passage. La déesse qui dévaste ses humeurs, se repaît du moment, la déesse derrière laquelle elle aimerait pouvoir dissimuler ses désirs véritables, récusant d’être attirée par le plus dangereux des amants. Tension inavouée depuis quelques années, tentative de sa part aussitôt enrayée par la mère novice. Il a déjà flanché, mais ce soir c’est elle qui revient à la charge.

Le cœur empli de vices, et de larmes qu’elle sait seulement retenir. Des mois que le temps s’est figé. Que le verre s’est brisé, et que l’enfant n’est plus. Des mois qu’elle compose avec sa nouvelle réalité, affliction qui s’impose, douleur qu’elle subit, sans jamais s’en plaindre. La façade est de marbre, l’intérieur craquelé. Et c’est à lui, le supérieur, qu’elle exhibe la fissure. Sous les traits d’un appétit vorace, qu’elle ne peut rassasier. Un tout autre visage qu’elle lui laisse entrevoir ; celui de la femme insoupçonnée, celle qu’on décrie entre les murs de la Calavera, et que seul son mari a déjà eu la permission de voir. Faible, féminine, alanguie. Sûrement pas amoureuse, simplement séduite. Excitée à l’idée de braver l’interdit. De captiver son attention, saisir l’inaccessible.

Elle réclame ses efforts sur un lit de fortune. Répond à ses baisers furieux. Tressaille sous les assauts des doigts aventureux, soupire à ses hanches qu’il enserre avec brutalité. Au rythme qu’il orchestre, auquel elle s’abandonne ; il est le chorégraphe de ce troublant spectacle. L’Homme, le Dieu qui prend avec ardeur et surtout qui possède. Et ça lui plait tellement, de lui appartenir. Tellement qu’elle le cherche. Robe déchirée et dossiers renversés, alcool échappé d’une bouteille éclatée, les jambes s’enroulent autour de ses flancs dénudés. Les ongles rencontrent la chair, le pressent de partager son oeuvre. Le sentir un peu plus, le souffle coupé, la poitrine écrasée par le poids de son corps. Elle le veut tellement qu’elle se perd, qu’elle l’accueille en son sein dans un râle évadé. Le plaisir partagé s’éternise, terrible quand elle rouvre les yeux.


La concupiscence a laissé place à l’incompréhension. A la gêne. Et bientôt la panique qui le gagne, au fur et mesure de cette respiration qui flanche et qu’il ne parvient plus du tout à maîtriser. Comme elle le contemple avec perplexité, ses yeux supplieraient presque. Sa carne rougit tandis qu’il manque d’air. L’eau déserte le corps et emplit les poumons. Il suffoque sous la pression de son pouvoir qui prend ses aises. Et elle ne sait rien faire pour lui venir en aide.

Entre ses griffes incontrôlées, le soupirant n’est plus qu’un pion sur le vaste échiquier de sa vie. Elle n’en a pas conscience, mais elle est responsable.

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fire meet gasoline. ) joaquin - Mer 9 Mai - 0:20



fire meet gasoline


Sur cette terrasse, il a contemplé la ville de nombreuses fois. Il y a regardé le soleil se coucher, se lever, se cacher derrière les nuages. Il a vu la lune briller, se découvrir au fil des nuits puis s’amincir de nouveau. Il a vu la mer avancer, reculer, briller et rouler. Il a vu les rues serpenter, les gens courir, les voitures gronder. Il a vu la ville vivre alors que cela fait des années que le haut de ce toit est devenu son repère. Là où on vient le chercher avec prudence quand il ne répond pas aux appels, quand il n’est trouvable nulle part. Ici que l’on vient baisser les yeux et lui souffler une excuse avant d’expliquer la raison pour laquelle on brise son moment. Cette terrasse, c’est chez lui. Les gradés de la Calavera le savent ainsi que quelques initiés. Elle n’a rien à voir avec le reste des toits. Elle n’est pas décrépie, pas tachée, pas puante, pas squattée, par polluée. Elle est propre et lisse, aménagée pour que les regards indiscrets ne s’y aventurent pas, ne voient pas le commandante souvent contemplatif en ce lieu. Joaquin l’ignore, mais Buluc Chabtan aime ce toit, non pas pour sa tranquillité, mais sa hauteur. Ca rappelle un peu au dieu la vue qu’il avait sur les mortels du sommet de ses anciens temples.

Ce soir, au crépuscule, ce n’est pas la ville qu’il contemple, pas les humains qu’il prend de haut, pas la mer qui regarde presque avec angoisse. Non, ses yeux se perdent sur des courbes féminines, des jambes longues, des cheveux libres, des lèvres entrouvertes et un corps pressé contre le sien. Il écoute leur respiration presque bruyantes et loin, très loin, comme à des centaines de mètres, les bruits du monde qui ne cesse de tourner. Il sent le parfum d’une femme qu’il n’a pas l’habitude d’humer, celui de la bouteille renversée sans remords et des glycines qui grimpent sur la palissade de bois. Il se délecte de la peau douce et des caresses partagées, des jambes serrées contre ses hanches, de la chaleur qu’il ressent.

L’amant a pris le pas le chef, l’homme sur le dieu, les désirs sur la fonction. Joaquin est de ceux qui ne cèdent pas, qui prennent, qui arrachent si besoin, qui possèdent et qui s’approprient. Il est de ceux qui aiment se sentir puissants et respectés, qui sont bouffés d’ambitions, qui se contrôlent fermement. Mais il est humain Joaquin. Il a peut-être un dieu sous la peau, un caractère que certains qualifieront de monstre, mais il est humain. Et il a déjà cédé. Une fois. Temple a tenu, elle l’a repoussé. Il n’a jamais insisté, a effacé le tableau.
Mais les voilà ce soir et la femme sous ses lèvres a tout changé. A réanimé un feu ancien, vieux, brûlant. Mauvais. Il ne devrait pas. Surtout pas. Elle est la femme d’Iran, un homme fidèle. Un qu’il n’a pas envie de se mettre à dos. Pourtant en ce moment, elle est la cible de ses désirs et une source de plaisirs. C’est elle qui fait s’allonger son souffle, qui fait dériver ses mains, qui fait briller ses yeux et vibrer son corps.

A cet instant, tout est parfait. Il n’y a rien qui compte vraiment sauf se contenter, lui et son amante d’un soir. Parce que ce sera ça. Pas d’autre fois sur cette terrasse, ni nulle part ailleurs. Ce n’est pas bon, ce n’est pas sain. Ce n’est pas comme ça que c’est censé fonctionner. Il ne doit pas y avoir de désirs, de hontes, de secrets et de tabous. Parce que ses détracteurs n’attendent que ça. La moindre faille pour faire tomber le piédestal.  

Et puis tout bascule. Il ne le sent pas, pas au début. Pendant quelques secondes rien ne change. Il met ça sur le compte d’un plaisir l’ayant ravagé. La douleur, comme toujours n’arrive jamais. Encore une fois, ça lui joue des tours, ça l’empêche de réagir, de se relever à temps, d’essayer de se plier en deux avant qu’il ne soit trop tard.
Il perd sa respiration, l’air ne rentre plus. Sa bouche s’ouvre sans que rien n’en sorte. La panique monte soudainement. Il repousse Temple brutalement, chute presque de la table avec qu’il tombe à genoux, le dos courbé. Ses doigts s’agrippent au rebord en bois du meuble qui a accueilli leurs ébats. Il essaie de gonfler ses poumons, il désespère de sentir l’air pollué faire vivre son corps. Sa vision se noircit sur les bords avec qu’il crache de l’eau. De l’eau.
Il se dit vaguement qu’il est en train de se noyer, mais il ne percute pas vraiment. Ce n’est pas possible, pas sur cette terrasse, pas en cet instant. Il ne se préoccupe de toutes manières que de respirer, de vivre. Parce qu’il ne peut pas mourir maintenant, pas comme ça, pas ici, pas nu sous le regard de Temple qui ne comprend pas.
Il croise son regard alors qu’il crache toujours le liquide transparent. Ses poumons en semblent pleins malgré tous ses efforts pour s’en libérer. Il voit la femme et son cerveau paniqué ne fait pas encore le rapprochement.

Le temps semble ralentir, son corps se plier en deux sans fin alors qu’il tremble, à terre, vulnérable, presque pathétique. Il se sait ridicule et une partie de lui se sent bien orgueilleuse de tenir cette pensée en cet instant. Il ne saurait dire combien de temps dure la scène, combien de temps il se retrouve là, comme un poisson en manque d’air, seul, nu, dépouillé de tout désir, de toute pensée rationnelle. Quand ça se calme enfin, il se sent épuisé et perdu. Il déteste ce sentiment, cette faiblesse qu’il n’a pas ressentie depuis des années. Depuis le Mexique.
Il se relève difficilement, tousse, chancelle sur ses jambes alors qu’il attrape d’une main tremblante le M9 tombé avec le reste de ses affaires. Le canon vient se pointer vers le visage de la femme qu’il l’a fait céder alors que la rage l’envahit. Sa vision n’est toujours pas claire et il perçoit nettement que sa main n’est pas aussi ferme sur la crosse de son arme qu’elle l’est d’habitude. Il se sent dépouillé, humilié et parfaitement risible. Lui, tremblant et furieux, désapé contre elle, qui semble perdue.
- Tu m’as fait quoi ?
Il resserre ses doigts autour de l’arme.
- Tu m’as fait quoi putain ?
Il ne l’approche pas. Il a oublié les années passées à ses côtés, le dossier qu’il a appris par cœur, la confiance qu’il lui a accordée. Il ne reste que ce souvenir brûlant, celui de se voir mourir pitoyablement sous les yeux d’une femme qui n’est pas sienne.

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fire meet gasoline. ) joaquin - Dim 13 Mai - 15:48

Fire meet Gasoline.

joaquin costilla & temple águilar.



Le pouvoir l’enveloppe. Elle ne le contrôle pas. L’énergie glisse lentement de sa peau à la cible, s’infiltre dans la chair, accompagnant l’ichor divin. L’eau du corps voisin répond à sa magie, se rassemble en un point : les poumons qu’elle ne cesse d’envahir, en écho aux attributions de la déesse. Le ballet langoureux devenu lutte acharnée, les protagonistes sont le premier plan de ce nouveau tableau. Noyade improbable sur les toits du quartier latino.

Si l’émotion pouvait chez elle gravir des échelles si élevées, on pourrait presque la dire tétanisée. Elle est abasourdie en vérité, dépourvue d’explications logiques et de moyens de faire cesser la diablerie. Ses yeux céruléens écarquillés contemplent le commandante en situation terrible, un angle sous lequel elle ne l’avait jamais entraperçu non plus avant cette nuit invraisemblable. Il est plié en deux, presque recroquevillé à ses pieds et suffoquant comme un animal agonisant. Le liquide échappé du rictus grimaçant achève ce spectacle humiliant.

Piètre image de celui qui se doit en tout temps de paraître intouchable.

Encore à moitié installée sur la table, la divine ajuste machinalement les pans de sa robe déchirée. Les gestes sont infiniment lents, dépassés, fuyants. Son regard ne peut s’empêcher de fixer sa victime, alors elle se sent à son tour mal en point. La vision soudain se trouble, sa gorge asséchée la fait souffrir comme jamais auparavant. Elle sent son esprit déjà perturbé se voiler, sa réflexion lui échapper, et la migraine cogner ses tempes à l’unisson. Elle descend prudemment de son perchoir improvisé, sa dernière idée lui intimant que peut-être, ils ne sont pas seuls sur ce nid arrangé. Désespérément, elle cherche à entrevoir une silhouette, autour d’eux et par delà les immeubles, mais l’endroit semble vide, si ce n’est habité de leurs carcasses et savamment camouflé, à l’abri des regards.  

La douleur qui l’accable elle aussi la force à se pencher. Elle porte une main fébrile à son front, et les paupières ombrées vrillent incessamment. Elle finit par fermer les yeux. Le vertige est contrôlé, et les effets de sa puissance commencent doucement à s’estomper. Face à son lâcher-prise, le pouvoir se retire pour aller se lover contre son sein nourricier. Il abandonne progressivement son terrain de jeu improvisé, laissant l’occasion à son souffre douleur de se remettre de son agression. Le temps que la gringa reprenne quant à elle ses esprits, le canon rutilant du chef de la mafia est braqué sur sa tête.  

Ce n’est pas la première fois. Simplement la première venant de lui, qui ne l’a certainement jamais menacée de la sorte. Mais bien d’autres avant aujourd’hui ont eu le loisir de lui faire miroiter la fin. A tel point qu’elle en a quasiment pris l’habitude…

Sous le présage d’une mort certaine, les iris cendrés s’arriment à ceux du criminel. Rôles inversés à présent, il est le dominant de leur chorégraphie létale, le dieu reprenant peu à peu ses droits sur la situation déconcertante. Bafoué dans son orgueil et outragé sans doute, il cherche des réponses, des réponses qu’elle n’a pas. Alors elle le défie de toute son insolence. Le corps se redresse, le chef élevé. Presque penché en arrière, le port fier et altier.

Rien. Elle n’a rien fait du tout, elle en est la première étonnée. Pas le moindre élément ne lui permet encore de faire le lien entre ce qui vient de se produire et les changements imperceptibles qui s’opèrent en elle ces derniers temps. Elle n’a pas la conscience des récurrences et après l’évènement, il est le seul à pouvoir faire le rapprochement et lui enseigner la vérité.

Comme elle l’ignore et qu’elle a aussi sa fierté, que c’est bien loin d’être son genre de supplier, elle va jusqu’à embrasser l’arme qui menace de l’achever. Le front vient s’appuyer contre l'extrémité glaciale du pistolet, et les lèvres s’entrouvrent pour siffler sa dernière volonté. « Vas-y ». Tant pis si c’est ainsi qu’elle doit tirer sa révérence.

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fire meet gasoline. ) joaquin - Dim 20 Mai - 19:36



fire meet gasoline


Le regard de Temple rencontre le sien. Seul le silence lui répond, le port fier de la femme, ses pupilles qui le défient d'aller plus loin, de presser la détente. Il voit la fière qui ne recule pas, qui s'avance, qui pose son front contre le canon brillant. Il a presque envie de rire devant cette arrogance ou cet espoir naissant. Joaquin ne tue pas tant il n'a pas obtenu de réponse. Temple ne fait pas partie des exceptions. Il n'y en a, à vrai dire, pas. Et les deux syllabes lâchées comme des bombes ne le contentent pas. Elles font bouillir son sang, crisper sa main autour de la crosse matte.
Il appuie le canon sur le front qui épouse le métal, la fait reculer sans remords jusqu'à ce qu'elle soit acculée au bord de la grande palissade de bois. Il se recule alors et la regarde, les yeux vides, l'ordre silencieux de ne pas bouger lisible dans ses traits crispés, le pistolet toujours levé. Il est passé en pilotage automatique, effectue les gestes qu'il a appris avec les années sans même réfléchir. Le masque est retombé, froid. La colère, chaude, est toujours lovée au creux de son ventre. Il doit se concentrer pour ajuster sa vision, sait sa main prête à se remettre à trembler s'il ne fait pas d'effort pour la garder ferme. Il sait sa gorge sèche, sa langue pâteuse alors qu'un désir fulgurant de boire l'attrape. Boire n'importe quoi du moment que la soif tenace et irrépressible qui le saisit s'arrête. Il refoule la pensée, réprime le besoin de se jeter sur la bouteille renversée.
- Ne joue pas à ça avec moi.
L'espagnol est craché au visage de la femme, dans ses lambeaux. Lui n'est pas plus valeureux, mais infiniment plus furieux.
« Ca », le silence dont elle s’est faite la spécialiste. Elle a la réputation de rendre un moment dans un ascenseur moins agréable qu’une balade au pôle nord. On la connaît parce qu’elle sait mesurer et intimer le silence, parce que ses mots sont rares. Mais si elle peut contraindre les autres d’attendre qu’elle daigne ouvrir la bouche, ce n’est pas le cas de Joaquin. Il n’a jamais appris à attendre son bon vouloir. Elle parle quand on lui pose des questions. La sienne est claire, limpide. Elle doit répondre parce que jamais il ne s’est senti plus humilié. Jamais personne ne l’a vu ainsi. Ses hommes l’ont contemplé blessé, mais Costilla ne ressent pas la douleur, alors ça n’a jamais été un grand spectacle. Cette fois-ci, c’est différent. D’autant plus honteux qu’il a cédé à ces avances, qu’il a fait son mari cocu, qu’il a brisé de nombreuses règles en l’allongeant sur cette table. Elle ne peut pas se permettre de garder le silence.
Ses yeux lui intiment l’ordre de ne pas bouger alors qu’il pose le M9 sur la table, attrape son pantalon et l’enfile rapidement, permettant à la scène de retrouver un semblant de dignité. La simple pensée de s’être livré à ce spectacle le rend malade, fait gronder Buluc Chabtan.
Il s’attend à tout moment à sentir sa respiration se couper, l’air lui manquer. Il ne la quitte pas du regard alors qu’il a repris le rôle du commandante. Elle le connaît assez bien pour se douter de la fureur qui l’habite. Il a envie d’une belle vengeance, d’un retour de flamme orchestré, qu’elle ait aussi peur qu’il l’a eu.
- Réponds-moi. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Il n’y a qu’elle et lui sur ce toit, personne pour les observer, personne pour le faire se noyer. Les terrasses des bâtiments alentour ont été condamnées. Il n’y a qu’elle pour pouvoir lui faire ça.  
Il la regarde, cherche quelque chose qui pourrait lui dire que le geste était volontaire. Il ne trouve rien, mais il s’agit de Temple. Si elle était démonstrative, ça se saurait. Si elle avait voulu le tuer, il ose espérer qu’elle ne l’aurait pas fait ainsi. Qu’elle ne l’aurait pas fait tout court. Ils se connaissent depuis des années, aucun différend ne s’est glissé entre eux, aucune haine. Pas qu’il le sache en tout cas. Aurait-il pu passer à côté d’une chose pareille pendant tant de temps ? Ce serait ridicule. Ça remettrait tout en question. Dont sa légitimité.

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fire meet gasoline. ) joaquin - Sam 26 Mai - 23:26

Fire meet Gasoline.

joaquin costilla & temple águilar.



Le temps s’étire. Et elle se dit que peut-être, la mort ressemble à ça. Le néant infini, le couperet qui tarde à tomber et ne s’abat jamais. Elle recule à mesure qu’il avance, poussée en arrière par la chaleur du canon sur son front encore trempé de sueur. Elle refuse de ciller, se retrouve acculée à la rambarde qui la sépare soudain du vide. Coincée entre deux fins. Elle se voit offrir le choix et en ricanerait presque. Si ça lui ressemblait.

De marbre toujours, elle ne réagit pas plus à la situation qu’à l’espagnol dont il lui rebat les oreilles. Elle ne joue pas. Et le regard qu’elle lui lance vaut toutes les palabres. Il commence à la connaître. Mieux que beaucoup d’autres. Et quelques fois, il n’a plus besoin qu’elle ouvre la bouche pour comprendre ce qu’elle s’apprête à dire. Son innocence est gravée dans les prunelles orageuses. Mais aveuglé par l’ire divine, le commandante se borne à l’ignorer.

Elle se refuse toujours à répondre, car elle n’a rien de consistant à lui annoncer. Animer ses lèvres maintenant pour formuler une explication reviendrait à bafouiller. Ce qu’elle ne fait jamais. Elle n’est ni de ceux qui supplient, ni de ceux qui paniquent. Le coeur glacé qui hante sa poitrine n’est pas qu’une rumeur sur certains aspects. Aucune de ses menaces ne la ferait flancher. Surtout pas ces temps-ci.

Elle se redresse davantage encore quand l’arme est relâchée. La déesse le suit du regard à mesure qu’il s’éloigne, et comprend qu’elle ne doit pas quitter sa place. Elle n’en avait pas l’intention de toute façon. Pour faire quoi ? Aller où ? Ses doigts se crispent à la barrière contre laquelle elle s’appuie. Elle contemple le triste spectacle sans vraiment s’y attarder. Si son partenaire inattendu ressent le malaise de cet instant, il est bien loin d’être le seul. Elle réalise seulement la portée de l’acte qui vient de se jouer. Se prend à repenser à ces moments sans en saisir le sens. Sans se souvenir du point de non retour, qui les a vus déraper, les a vus basculer. Un événement de plus qui la dépasse et sur lequel elle ne sait poser d’explications valables. Elle a l’impression de ne plus vraiment faire qu’un avec qui elle est vraiment.

Au terme de son intense réflexion, sa silhouette se détend peu à peu. Elle demeure pourtant figée dans l’invraisemblance quand la voix du supérieur retentit de nouveau. Il revient à la charge, et elle n’a toujours pas de mots. Rien que la chaleur qui l’étouffe tandis que l’astre sélénite fait son entrée dans le ciel violacé. La chaleur d’un été bien en avance alors que la nuit s’apprête à déposer son voile sur la ville agitée.
La gorge asséchée, les mains tremblantes, elle subit encore les effets secondaires de la décharge d’énergie sans s’en rendre compte. Quand elle remue un peu, elle est prise de vertiges, se sentant défaillir avant de prendre appui sur la palissade qui la soutenait jusqu’alors. Les lèvres emprisonnées sous ses doigts brûlants, elle coule une oeillade troublée à son hôte encore nerveux. Il devient évident qu’elle même n’est pas bien, et qu’elle n’y comprend rien.

Alors, subitement, elle fait fi de l’ordre muet un peu plus tôt donné et se précipite vers le bassin érigé auprès d’eux, en dessous des glycines. Ses bras en entourent le rebord à mesure qu’elle se penche pour en porter l’eau fraîche à sa mine atterrée. Les mèches sombres dégringolent sur les épaules graciles, et les ombres s’invitent à nouveau dans ses yeux. Chargées de ténèbres, les pupilles s’arriment au liquide silencieux, comme hypnotisées par l’élément qui répond à l’appel tacite. L’eau de la fontaine se met à bouillonner. Le tourbillon grandit tandis que l’américaine contemple le spectacle, à la fois perplexe et subjuguée. Le ballet l’attire irrésistiblement, et la déesse à l’intérieur se réjouit de ce tableau. Le pouvoir se déchaîne à nouveau. Comme s’il avait choisi le soir pour se manifester. Comme s’il ne voulait plus s’arrêter d’occuper le devant de la scène tant qu’elle ne comprenait pas, ou du moins se donnait la peine de le considérer, d’essayer peut-être de le contrôler.

Alors les flots s’agitent dans le réceptacle qui tangue, vacille. Véritable tempête dans le bassin en pierre parsemé de mosaïques, qui se voit submergé par les remous véhéments. La responsable a reculé de quelques pas devant la nouvelle attraction. Jusqu’à rejoindre le supérieur de sa faction, tout aussi stupéfait par le fracas ininterrompu des vagues.

Le regard plissé de la divine s’attarde sur ses mains frissonnantes, encore électrisées par la magie qui les sillonnent. Elle ferme doucement les yeux et le raz-de-marée redevient eau dormante. Muette et placide. « C’est moi », souffle-t-elle, sans pour autant prendre la peine de se tourner pour faire face à son interlocuteur. Ses mots ne sont pas tant pour lui que pour elle, qui finit par comprendre.

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fire meet gasoline. ) joaquin - Lun 11 Juin - 12:07



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Elle quitte la palissade sans rien dire, sans lui demander. Joaquin retient un grognement de colère, crispe ses doigts autour du M9. Sa vue se fait floue, se trouble alors que les côtés redeviennent noirs. Il la perd de vue, cherche la table d’une main alors que celle armée finit par retomber le long de sa cuisse. Il s’appuie sur le meuble, lâche le pistolet, se frotte les yeux. Ça ne passe pas, ça empire.
Ses pensées se mélangent, tout s’emmêle. Il perd un instant la notion du temps, oublie ce qu’il est en train de faire, ce à quoi il assiste. Il se dit qu’il faut qu’il parle à Senua de Pya, que Serevo n’a pas intérêt à dire quoi que ce soit durant la mission de la semaine suivante, que le prochain combat clandestin est dans deux jours et qu’il a oublié de contacter l’équipe chargée de repérer les potentiels sacrifiés.
Et puis tout le revient, ça lui fait presque mal. Presque, s’il pouvait souffrir. Si c’était le cas, il sentirait un début de migraine, comme une pulsion derrière ses yeux. Il saurait que son corps souffre, que la déshydratation n’est pas loin, qu’il serait prudent de se donner quelques jours de repos après ça. Mais comme toujours, il n’y a aucune douleur, aucun avertissement que la carcasse a été poussée à bout, trop loin.
Il a envie de s’asseoir. Et il a soif. Il a tellement soif. Ça l’obsède, la sensation de sa langue pâteuse, de sa gorge rêche, de son corps ralenti et de son esprit brumeux. Ça lui fait peur aussi, il se sent faible.
Il a soif. Il doit boire. Il cherche quelque chose. Il aurait été plus lucide, il se serait naturellement tourné vers le petit bassin où Temple s’est dirigée. Mais ses yeux tombent sur la bouteille de whisky renversée. Il l’attrape et se sent comme un dément, un alcoolique en manque.
L’alcool lui brûle la gorge, mais il s’en fout. Ça ne fait pas passer la soif, il n’y a qu’une gorgée, le reste brille à la lueur du soleil couchant sur la table et le carrelage de la terrasse. Ça le fait chier. Ici, il est censé être pénard, bien, sans prise de tête. C’est censé être l’endroit où rien ne vient le contrarier. Il a le temps de penser avec amertume qu’il fait pitié à voir avant que ses yeux ne se posent sur Temple et la fontaine.
D’abord, il pense qu’il y a de l’eau, qu’il va pouvoir boire jusqu’à plus soif, soulager cette envie viscérale de se déshydrater. Et puis il voit les gros bouillons qui agitent la surface normalement paisible, les gouttelettes voleter et Temple, penchée au-dessus du liquide, comme hypnotisée. Il regarde l’eau s’agiter, stupéfait et la soif balayée au second plan. Il se dit que c’est un miracle d’être encore en vie, de ne pas être mort lamentablement, que ses hommes n’aient pas à ramasser son cadavre nu ce soir.
L’eau se calme soudainement. Il ramasse une nouvelle fois l’arme, mais elle vient se ranger dans son dos, tranquille. Il entend à peine les deux mots murmurés par Temple. Il n’y répond pas, se contente de la prendre par le bras et de la repousser, loin du bassin, vers la table.
- Assieds-toi.
Il doute qu’une telle utilisation de son pouvoir la laissera indemne. Il ne serait pas surpris de la voir s’écrouler de fatigue. Est-ce que la première qu’elle est fait ça ? Sans doute, vu sa surprise. Si le sentiment qu’il lit sur ses traits en est bien, elle n’a jamais été expressive …
Il se souvient de la première utilisation de son propre pouvoir. Bien involontaire, elle lui a coûté une longue journée de sommeil. Il a persuadé un des hommes de la milice paramilitaire dans laquelle il bossait au Mexique de faire sa vie en Colombie, de tout abandonner pour vivre ses rêves. Il n’a pas compris au début. C’est plus tard, quand les pièces d’un puzzle trop gros se sont assemblées qu’il a fait le lien.
Il la regarde, plisse les yeux alors qu'il revient vers le bassin et boit finalement, avide. Il se sent un peu mieux, mais le silence se fait gênant. Pas que ça le dérange d'habitude. Mais après ce qui vient de se passer, il n'est pas l'aise. Le sentiment est renforcé par l'absence d'aura autour de la déesse. Pas d'éclat de couleur, de rayons colorés. Elle passe inaperçue.
Seulement elle ? Est-ce que c'est seulement une déesse ?
Il a entendu parler d'autres cas, mais ne l'a jamais constaté de ses propres yeux. C'est une curiosité inquiétante, qu'il n'aime guère. Ça veut dire qu'il ne peut pas les voir, les autres comme elle. Qu'ils peuvent être à côté qu'il ne le saurait pas. L'agacement revient. Avec lui la logique du commandante. Si elle n'est pas discernable par lui, elle ne l'est sans doute pas par les autres. Et si elle peut le noyer lui, elle peut faire de même sur les pauvres âmes que la Calavera fait souffrir dans ses sous-sols. On dit que la mort par noyade est aussi horrible que le bûcher.
Il la regarde quelques secondes, cherche la fatigue sur ses traits, guette des mains prêtes à trembler, des jambes vacillantes. Quelque chose pour lui montrer qu'elle n'est pas habituée à ces démonstrations de force. Quelque chose pour lui faire disparaître les doutes et la colère.
- Sois pas surprise si t'es crevée. On commence pas aussi fort normalement.
Il lui proposerait bien du whisky. Il s'en boirait bien un verre.
- Tu l'as jamais fait avant ?
Il désigne du menton la fontaine. Le sous-entendu est là aussi. Tu n'as jamais noyé personne sauf moi ?

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