Someday you might find a way to forgive each other. But it won't be like it used to 'cause that pain never really goes away.
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Un mois.
Il s'est passé un mois. Et elle avait eut l'impression de vivre en retenant son souffle. Suspendue, comme en apnée. Comme si, pendant quatre semaines, elle avait juste arrêtée de vivre, mit sa tête en pause. Et peut être, justement, qu'elle n'avait fait qu'attendre. Attendre et redouter le jour où elle se retrouverait submergée par le manque.
De la pointe des pieds, elle avait commencé à esquisser ses valses au rythme de Minki. A penser à lui à chaque arabesque. Aux oubliettes, les fouettés et les rondes impersonnels. Parfois, elle pensait à quelque chose et elle brûlait de lui en parler. Elle se dit: ah, ça le ferait sourire ou pencher la tête vers elle, ou sourire de côté - il y avait de tout, dans ces sourires en biais.
Elle a eut envie de le voir. Chaque vendredi. Et tous les autres jours. Mais elle s'est retenu. Pour éviter de penser, de s'illustrer du pathétique de sa dépendance, ou faire une connerie - comme traverser le hall de ses bureaux, elle se sentait l'esprit embrumé, le coeur ouaté comme un prisme déformé. Et elle avait voyagé, dans sa tête, à défaut d'autre chose. A voguer vers les brises de la voix de M i k i o, à fixer l'écran de son téléphone sans oser le prendre, à craindre l'effleurement de ses doigts sur le clavier virtuel. Juste au cas où. Parce qu'il serait capable de croire qu'elle voudrait revenir lui faire du mal. Alors elle avait serré les mains l'une contre l'autre, très fort. Elle s'était dit que c'était mieux comme ça. Que c'est bien joli, les erreurs, mais qu'après il faut les réparer. S'effacer lorsqu'on était qu'une plaie indélébile sur la peau boursoufflée. Qu'il voudrait peut être pas savoir Mikio, qu'il y avait le visage de Minki qui s'imposait un peu plus à chaque seconde. Et qu'elle était désolée, de pas avoir été celle qu'il fallait. Celle qui n'aurait pas tremblée. Qui se serait avancé pour l'enlacer. Je t'aime comme tu es. Elle le pensait si fort pourtant. Même si son corps le rejetait.
En un mois, elle avait presque oubliée son visage. Elle sait bien que ça fait toujours ça, l'absence. Que c'est normal. Mais c'est pas pareil, avec Minki. Le noir absolu de ses yeux, c'est facile à retenir, à capturer. Mais le reste? Son visage aux traits fins, ses pommettes hautes, la cicatrice en croissant de lune, aux coins de sa lèvre supérieure, et les fossettes qui formaient des plis de chaque côté de son sourire. Elle aurait put les redessiner les yeux fermés. Son esprit était comme une douce litanie, un enchainement ininterrompue de Minki, Minki, Minki.
« Bonjour Sunhi.»
Kalis. Elle sourit à l'assistante, un éclat aux traits rosés qui ricoche dans le vide de son regard et n'étreint aucune facette de cette fausse sincérité. Sunhi, c'était sa pathétique antagoniste aux manières trop frigides, aux regards désespérément acides. Elle la détestait de toute sa jalousie Sunhi. Alors Kalis, elle sourit, toujours, son visage s'anime de cet hauteur qu'elle se fabrique juste pour les jolis yeux de Sunhi. Manteau trop usé d'une connasse prétentieuse qu'elle n'a jamais été.
« Je peux voir Minki, j'imagine? »
Une question qui n'en est pas vraiment une, qui n'attend aucun refus mais qu'elle se plait à lui exposer de toute la force de son sarcasme. Kalis, qui incline son menton dans une parodie de salutation poli alors qu'elle dépasse le bureau pour refermer la porte dans son dos.
Et peut être qu'elle aurait dû rester de l'autre côté, à affronter Sunhi et son regard courroucé. Peut être que ça aurait mieux valut que la vision de Minki, de ses lèvres et de ses yeux. Avec cette brûlure qui s'insinue sous le grain de peau, du manque qui s'imprime au fer rouge sous ses paupières pourtant grandes ouvertes. Elle a envie Kalis. Envie de ses bras autour d'elle, de sa peau contre la sienne, de ses lèvres qui volent son souffle, de sa main qui enserre sa nuque. Elle a envie. Elle appui son dos contre le panneau de bois et esquisse un sourire malhabile.
« Est ce que tu as une heure à m'accorder avant ton prochain rendez vous? »
Une heure avec toi. Une heure dans un lieu où elle pourrait jouir de ta présence sans prendre le risque de glisser vers une intimité qu'elle espérait pouvoir se refuser. Une heure pour faire taire cette voix qui soufflait à ses oreilles, une litanie incessante de: Minki, Minki. Minki.
Someday you might find a way to forgive each other. But it won't be like it used to 'cause that pain never really goes away.
14 july, afternoon
Kalis. Comme un murmure lointain qui semble incapable de s’éteindre. Kalis. Comme cette obsession douloureuse qui laisse couler des larmes rougeâtres. Kalis. Comme un rêve qui se doit de devenir réalité.
Il continue de vivre, Minki. Il continue de survivre, de se mouvoir au sein d’un monde qu’il se plait à contrôler. Mais quelque chose est différent. Il ressent. Un moment d’émotion volé, voilà tout ce qu’il garde, voilà tout ce qu’il se doit de garder. Et pourtant. Pourtant, alors qu’il dessine un sourire a sur son visage, c’est le manque qui continue de creuser son cœur. Ce manque que Kangiten a si habilement déposé au sein de l’âme de Kalis. Ce manque dont Minki ne peut se passer. Une part de lui se prend à désirer retrouver sa normalité, son vide, son néant. Une autre est ivre de cette nouveauté dont il pense ne plus pouvoir se passer. Parce que pour la première fois depuis de longues années, son palpitant bat. Il redécouvre la vie, la vraie. Peu importe si cela nécessite une douce tristesse qui noie le reste de son être. Il l’aime, cette tristesse. Il a toujours aimé ce qui fait mal, le dieu. Jamais ne s’est-il éloigné de ces sentiments que beaucoup désirent voir disparaitre. Mais c’est la douleur qui fait la vie, au même titre que l’euphorie. Comment se passer de l’un sans oublier la perfection de l’autre ?
Il pleure, Minki. Alors qu’il passe de longues heures seul, il se prend à découvrir une goutte salée le long de sa joue. Lentement, il y appose un doigt curieux auquel elle s’accroche avec force. Il observe cette nouveauté qu’il ne connait que si peu. La lumière artificielle y danse avec amour, écho lointain de ce qu’il a ressenti alors que son corps a découvert le sien. Kalis. Il pleure parce qu’il ne supporte pas cette absence qu’elle a laissé derrière elle. Elle lui manque tellement, comme personne ne lui a jamais manqué auparavant. Parce qu’à ses côtés, il a toujours été capable d’être celui qu’il aimerait être. Elle lui a permis de rire. Elle lui a permis de pleurer. Elle lui a permis de vivre. Et ça, il ne pourra jamais l’oublier. Parce que c’est devenu une part de lui, parce qu’il s’est laissé bercer par l’aventure qu’elle a laissé dans le fond de son cœur.
Il pleure, Kangiten. Il pleure, mais il n’est pas triste. Parce qu’il sait, Kangiten. Il sait que le tout n’est qu’un mensonge. Il sait qu’il ne s’agit que des conséquences de son propre contrôle. Quel dieu se laisserait perdre dans ses propres jeux ? À quoi bon mettre le monde à feu et à sang si c’est pour s’y bruler ? De temps à autre, il laisse le mortel oublier qu’il est à l’origine de ses maux, il laisse sa moitié se perdre dans un rêve qu’il ne pourra jamais atteindre. Parce qu’il sait bien que Minki y trouve un refuge délicat. Parce qu’il se doit de prendre soin de cet homme qui continue d’être incapable de différencier ses pensées de celles de la divinité. Chaque jour, ils se rapprochent un peu plus. Chaque jour, ils se mélangent avec amour. Mélange qui s’est montré bien plus simple lorsqu’elle se trouvait à ses côtés. C’est pour cela qu’il ne peut la laisser disparaitre. C’est pour cela qu’il ne peut la laisser s’échapper.
29 june : Good luck with tonight’s show, sorry I can’t make it. 30 june : Saw the pictures, you looked amazing. 7 july : They’re doing a special screening of Titanic at the end of the month, want to see it ?
Les messages n’apportent aucune réponse. Alors il continue d’être seul.
Le téléphone sonne. Ligne interne. Sunhi. « Oui ? » « Ta meuf est là. » « Ma… ? » Il ne finit pas sa question, Minki. Parce qu’elle se trouve devant lui. Alors qu’elle ferme la porte de son bureau, il quitte sa chaise, raccroche dans un mouvement lent. « Est ce que tu as une heure à m'accorder avant ton prochain rendez-vous ? » Il ne s’en rend pas compte, le mortel. Et pourtant. Pourtant c’est comme un réflexe pour le dieu qui habite le noyau de son être. Une chaleur s’empare de son cœur, laisse ses lèvres s’étirer dans un sourire en coin qu’il ne peut contrôler. Sourire qui fait écho à celui qui prend place sur le visage de Kalis. Sourire qui fait écho à celui que Kangiten contrôle avec force. « Bien sûr. » Contournant son bureau, il fait quelques pas dans sa direction. Une de ses mains passe dans ses cheveux à la récente teinte orangée avant de prendre place dans le fond d’une des poches de son pantalon. « Je n’ai rien de prévu pour le reste de la journée. Rien d’important du moins. » C’est presque s’il entend Sunhi soupirer de l’autre côté de la porte, s’attelant à retarder les possibles réunions qui parsèment son emploi du temps. Debout devant elle, il plonge son regard dans le sien, incapable de se défaire de ces yeux qui, déjà, réveillent en lui cet appétit charnel qu’il a du mal à atténuer. « Que puis-je faire pour toi ? »
Son sourire n’a pas disparu, la chaleur non plus. Mais il semble reprendre le contrôle, Minki, alors qu’il s’assure de rester loin du cœur de Kalis. Le dieu rit silencieusement. The damage is done.
Kalis. Comme une marionnette qui se pense maitresse de son être. Kalis. Comme cette violence passionnante dont il est impossible de se passer. Kalis. Comme un rêve qui se doit de devenir réalité.
Someday you might find a way to forgive each other. But it won't be like it used to 'cause that pain never really goes away.
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Elle attendait le ressentiment.
Elle l'attendait mais il ne daignait pas venir.
Elle avait peut-être les exigences illégitimes, le coeur trop versatile, trop intoxiqué aux Minki, Minki, Minki. Oui, surement? Que pourrait-elle lui reprocher après tout? Il avait eut l'esprit avisé lorsqu'il avait refusé de s'infliger les maux de la peine, aimer une personne, c'est moche.
Elle avait été si sûre d'elle même en partant la dernière fois Kalis. Avec ses jolis mots aux teintes chagrin, pas un adieu, mais juste en au revoir, le temps de se raccrocher les espoirs à la bonne place. Mais elle n'avait pas résisté très longtemps. A ses yeux, sa bouche. Une brûlure pour chaque message et chaque regard. Elle avait envie de l'attraper par le col et de l'embrasser. Pour qu'il sorte de sa tête. Oui, elle pensait que c'était pour le faire taire. Au début seulement. Parce que ça deviendrait vite autre chose. Une affaire de toucher erratique, d'essence entremêlées, d'odeur capiteuse et de désir. C'était tout l'inverse de ce qu'elle avait désiré, elle, lorsqu'elle s'était donné. Cette fois là, elle avait put s'imaginer que c'était réellement unique, particulier. Pas juste un copier coller d'une valse qu'il avait épuisé à force de l'embrasser.
Et c'était même un peu insensé lorsqu'on y pense, ce besoin de sentir ses bras autour de sa taille, son corps pressé contre le sien. Alors qu'elle avait passée quatre semaines à essayer de se convaincre qu'au fond elle n'en avais rien à faire de sa jolie gueule, qu'elle était capable d'expulser d'elle même tout ce qu'elle commençait à ressentir. Mais elle avait le corps pressé contre la porte, incapable de dire ce qu'elle ferait si par malheur il la touchait. Parce qu'elle avait envie. Désespérément envie de le serrer fort, de lui mordre le cou, de le marquer avec ses dents et de lui faire mal. Parce que son absence lui avait fait mal. Pendant un mois entier, sans jamais s'arrêter. Il fallait bien que ce soit de sa faute et qu'il paie pour sa faiblesse.
« J'avais envie de te voir.»
C'était cruel. Cette incapacité qu'elle avait de se mentir à elle même. Cette impossibilité de ne pas s'illuminer en voyant son sourire - il y avait de tous dans ses sourires. Elle a le visage qui s'adoucit Kalis, le regard aux teintes de pardon et l'ombrelle de ses cils qui voilent ses joues. Même si elle aurait préféré ne pas l'avoir, cette tendresse presque insupportable dans le regard.
« Je faisais la fière mais j'ai lu tout tes messages. »
Et elle avait eut envie de répondre à chacun d'entre eux. Lorsqu'elle s'angoissait dans les loges, lorsqu'elle sentait son coeur s'écrouler sous le poids de ses névroses. Lorsqu'elle ne dormait pas, et qu'elle se souvenait ce que ça faisait de fermer les yeux entre ses bras.
Elle se rapprocha d'un pas, esquisse timide de son corps qui se tend inévitablement vers le sien, attiré comme un aimant, douloureusement, désespérément. Elle s'arrête, le temps de prendre une longue inspiration, les mains croisés dans le dos - ne le touche pas.
« Tu me manques. »
Tu m’as manqué Lys. Minki. Mikio. Pas la même sonorité mais le même écho. Elle s'y perdait, dans cet entre deux, de ces déjà vu qui lui serraient systématiquement le coeur. Tu me manques. Mi. Mais ce n'est pas bien d'avoir le coeur qui balance entre deux hémisphères. C'est mauvais. De sans cesse bruler, le coeur crucifier, mit au bûcher. C'est mauvais. Mauvais mais éternel, c'était la règle.
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