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w a r m (reyes)

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w a r m (reyes) - Lun 21 Mai - 17:38

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reyes & jesse

« and never in my wildest dreams has it occurred to me to try to go to sleep.   »
bribes de soleil aux quatre coins du cœur. une joie à distiller et partager; et jesse qui se sent dominé par les éclats de rire qui émergent. la gaieté enfantine le gagne toujours, et son sourire s'y fait plus sensible. le refuge lui offrait habituellement un sentiment d'allégresse, comme s'il percevait toujours l'espoir à travers la jeunesse sensible. il s'y était invité sans trop réfléchir, à son habitude. jesse n'avait pas spécialement prévu d'y rester, mais au final, il y avait déniché un confort psychologique bien plus agréable que celui des rues aux chaleurs factices. s'il devait s'en aller, il le ferait sûrement sur un coup de tête. mais il s'était attaché à l'environnement, à l'atmosphère générale et au dirigeant des lieux qu'il suivait sans hésiter. une vie différente dans laquelle il s'était jeté la tête la première.

ici, ils n'avaient pas spécialement besoin de justifications pour décider de faire une fête. réunis près du terrain de foot, l'ensemble du refuge se livrait à une extase légère, bercée par quelques mélodies. jesse se baladait un peu partout, s'assurant que tout le monde se sentait plus ou moins satisfait, dispersant sa bonne humeur partout où il le pouvait. la lune était encore trop timide et le soleil ne faisait que de s'étaler dans l'étendue qui lui était sienne. les tons orangés se propageaient peu à peu, se mêlant aux obscurités naissantes. il y avait un peu de cette nostalgie, comme si jesse s'était toujours trouvé ici et que sa vie s'était écoulée près des enfants perdus. les coups de feu ne résonnaient même plus dans son crâne, juste le temps d'une soirée. l'animosité égarée, dépossédée face à un rassemblement aussi vivace.

les doigts refermés autour de deux bières, les yeux de jesse semblaient chercher quelqu'un, après s'être éternisés sur les silhouettes enfantines d'un air protecteur. le tintement des bouteilles en verre accompagnant chacun de ses pas, il rejoignit finalement reyes, distancé probablement volontairement. les coins des lèvres du jeune homme sont automatiquement taquinés, peut-être trop ravis. « il faut que tu fasses la gueule même dans un moment comme ça ? » taquineries déballées à l'usuelle. au bout du compte, jesse se détachait jamais vraiment des gamins. leur caractère au goût malicieux se rapportait à celui du colombien qui ne manquait trop peu souvent d'affirmer sa présence. « quelque chose te tracasse? » se soucie t-il brièvement, avant de porter sa bouteille à ses lèvres. un semblant de lueur inquiète traverse son regard, furtivement, le temps de se rappeler que les traits de reyes sont toujours imprégnés de contrariétés.
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w a r m (reyes) - Mar 22 Mai - 23:08

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jesse & reyes

« i guess i'm tired of talk of hope, i've learned that doves and ravens fly the same. »
Rires à gorges déployées, hilarités enfantines et courses poursuites continues à travers le terrain en terre. Papier mâché et battes de baseball sont abandonnés au coin d’un arbre, ses branches décorées de cordes. Une odeur sucrée se balade dans les airs pour ne jamais aller très loin. La brise est savoureuse contre les visages et le sien.

Pourtant, le sargento vit les festivités avec un peu plus de difficulté qu’il n’oserait se l'admettre.

L'homme veille dans un coin à l’ombre, assis sur une chaise de jardin en toile, une vieille guitare sur les cuisses qu’il tente d'accorder et un chapeau en papier ridicule planté sur la tête. Accessoire que le petit Gael lui a confié un quart d’heure plus tôt, lorsque l’astre lumineux était un peu plus haut dans le ciel affranchi de nuages.

Tout de son allure actuelle crie « père célibataire au laisser-aller désolant ». À commencer par ses boucles désordonnées, ses yeux cernés, sa mâchoire hirsute qu’il n’a pas eu le courage d'au moins tailler; pour finir par sa guayabera béante, son débardeur blafard et ses jambes paresseuses écartées sur la toile tirée. Tout. Sauf un petit détail brillant à son annulaire. Peut-être paraîtrait-il davantage charmant avec un sourire placardé sur les lèvres. Mais à quoi bon ? Personne n’allait le juger ici et encore moins lui faire la cour.

« Il faut que tu fasses la gueule même dans un moment comme ça? » Reyes n’a même pas la force de soupirer, lève au lieu de ça un bras feignant pour voler une bouteille en verre au sicario qui l’a retrouvé malgré les signaux indirects de sa tentative d’isolement. Il s’est longtemps demandé si Jesse ne savait pas interpréter les actions de son entourage ou si ce dernier n’avait tout simplement peur de rien. Après des années à ses côtés, il opterait pour un mélange des deux, accompagné d’une honnêteté taquine naturelle, sans contrainte. Si le jeune voulait faire une chose, il la faisait, peu importe les conséquences et l’avis général. Il vivait dangereusement, et Reyes feintait l’agacement lorsqu'en vérité, il ne changerait le plus jeune pour rien au monde. « Quelque chose te tracasse? »

« 'Juste un peu crevé. », grommèle-t-il. Il ne ment pas. Ne dit pas tout mais ne ment pas. L’épuisement pèse sur son mental depuis quelques jours, crispe ses muscles endoloris, courbe ses épaules pourtant robustes. La nuit, le sommeil tarde à lui tendre ses bras, se fait désirer, trouble ses pensées, l’amène trop loin. C’est passager, ça lui passera, il aimerait se rassurer. Mais à vrai dire, il n’en sait rien.

Le directeur jette un bref coup d’œil aux cadavres de piñatas avant de calquer Jesse en entamant sa bouteille. « Ces conneries n’ont pas vécu suffisamment de temps pour compenser celui que j'ai passé à les fabriquer. » On peut sentir un grain d’amertume dans sa voix, mais rien de bien sérieux, rien de très vrai. « La prochaine fois, c'est ton tour. »
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w a r m (reyes) - Dim 27 Mai - 16:29

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reyes & jesse

« and never in my wildest dreams has it occurred to me to try to go to sleep.   »
jesse se serait laissé fondre aux milieux des couleurs sans broncher. parce que les fins de journées étaient ce qu'il préférait certainement, rien que pour les orangées et les vies qui se réveillent en même temps que les étoiles naissantes. il savait aussi que les gamins étaient facilement en proie à des euphories éclatantes, et qu'organiser une fête les propulseraient dans une sorte de bonheur immédiat. ça lui suffisait, au colombien. il puisait dans cette joie générale pour se vêtir de quelques rictus et les propager partout où il le pouvait.

ce qui signifiait aussi qu'il comptait imposer sa présence à reyes, sans se soucier des prévisibles grommellements à venir. jesse était plutôt tenace quand il prévoyait de s'accrocher à quelque chose: après tout, il n'avait jamais lâché le sargento. même lorsque celui-ci s'isolait volontairement, le plus jeune était habité par cette envie inexplicable de lui tourner autour pour au moins dénicher un brin d'exaspération dans son regard effacé. jesse et ses habitudes de gosse, qui choisit d'être mature et réfléchi que lorsqu'il en a vraiment envie. « t'as toujours l'air crevé. à moins que ça soit ton visage normal? j'ai jamais su faire la différence. en tout cas, je suis sûr que tu te prends encore la tête avec des trucs qui ont pas tant d'importance que ça. » répondit-il avec sa légèreté habituelle. comme si les sourires n'auraient jamais pu se défaire de son visage. fidèle à lui-même, il tendit le bras pour s'emparer du chapeau de papier qui trônait sur la tête de reyes, et le posa sur la sienne, de sorte à couvrir une partie de son front plutôt que son crâne. il s'allongea simplement à ses côtés, croisant ses bras pour supporter sa nuque. encore cette manie de répandre son aisance n'importe où il le désirait.

le calme torturé de reyes lui apportait quelque chose. le bruit des cordes désaccordées apportaient aussi de leurs tâches au tableau qui se dressait, se fondant rapidement au décor quand elles gagnaient peu à peu en justesse. la sensation précieuse de confort que jesse ressentait, il ne l'aurait quittée pour rien au monde. c'est sa sensibilité aux mélodies soudaines qui le traîne dans la commodité. une harmonie naturelle. un souffle hilare s'échappe de son nez en entendant reyes se plaindre. « de toute façon, c'est fait pour être détruit, ces choses-là. tu t'es trop investi émotionnellement. » nouveau rire gentiment moqueur. jesse s'en occuperait volontiers la prochaine fois, difficilement ennuyé par ce genre de tâches. il aime bien prétendre qu'il est impossible de l'ennuyer, de réellement l'embêter. ça l'a toujours amusé, de jouer au plus coriace.

le silence n'était que de courte durée, simplement parce que jesse n'était pas capable de rester muet trop longtemps. il avait besoin d'échanges, d'une activité aussi minime soit-elle. c'est peut-être pour ça que le refuge lui plaisait autant. la vie qui y grouillait lui convenait tout le temps, il s'y passait des choses diverses, en compatibilité avec la légère hyperactivité du colombien. « les gamins sont pas stupides, ils vont remarquer que t'es à l'écart. et ils vont soit s'inquiéter, soit tous venir là. je pense pas que t'aies choisi la meilleure occasion pour te la jouer solitaire. » rajouta t-il en dirigeant ses yeux sur la silhouette de reyes.  à travers le sarcasme constant et les délicates piques qu'il lançait, il y avait les traces d'une inquiétude que jesse cachait à sa manière. les cernes qui grignotaient le visage de reyes continuellement avaient soigneusement fait germer le souci dans le crâne du plus jeune.
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w a r m (reyes) - Mer 30 Mai - 23:22

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jesse & reyes

« i guess i'm tired of talk of hope, i've learned that doves and ravens fly the same. »

« De toute façon c’est fait pour être détruit, ces choses-là. Tu t’es trop investi émotionnellement. » lui dit-il, et le rire harmonieux qui accompagne la mélodie désaccordée de ses cordes dans une chanson insolite l’égare un moment. Comme une soudaine trace lumineuse sur ses traits fatigués, sur son cœur lourd. Des étoiles qui se révéleraient derrière les nuages du triste ciel d'un marin perdu en mer, l’une plus étincelante que les autres. Son étoile phare qui lui remémore inlassablement qu’il se prend encore la tête avec des trucs qui n’ont pas tant d'importance que ça. S’il devait donner un nom au tableau, ce serait la Belle Mélancolie. C’est dans ces moments que le quarantenaire s’en rend le plus compte, que l’évidence jaillit devant ses yeux usés. Malgré son efficacité sur le terrain, malgré son grade, Jesse n’est pas un instrument de chaos et de guerre. Il est un instrument fait de bonté, fait pour l’amour.

Quand le jeune se prononce au sujet des gosses, Reyes l’observe du coin de l’œil, lui et le stupide chapeau en papier à présent posé entre son front et ses mèches brunes, signé par une écriture enfantine. Lui et sa position décontractée et son visage bien heureux, relaxé. Une première note harmonieuse pointe le bout de son nez lorsque les cordes sont grattées une nouvelle fois. Les autres ne tardent pas à venir.

Reyes tourne la tête lorsque Jesse capte son regard. « T’es vraiment quelque-chose. », souffle-t-il. Cette fois c’est dans sa langue natale qu’il s’exprime, tout bas, sa voix habilement glissée derrière les cordes grattées et les discussions joyeuses ambiantes. Pourquoi ça l’étonne ? Le colombien a toujours été un peu plus que les autres. Un peu plus heureux. Un peu plus doué. Une authenticité divine. Et paradoxalement, le père de famille n’a jamais vu plus humain que Jesse Pedraza. Pourquoi t’es là ? Il voudrait lui demander. Tu devrais être tout en haut. Tu mérites d’être tout en haut. Alors dis-moi. Pourquoi t’es là au juste, Jesse ?

« Donc tu admets finalement être un gamin. » rétorque-t-il plutôt, en allusion aux précédents propos. À son tour d’être taquin, pour chasser son pessimisme dangereux. Mais les pensées les plus noires sont déjà loin, elles ont pris la fuite aussitôt que le brun s’est présenté à lui. Comme par magie. Il y a une certaine sagesse dans les conneries qu’il formule parfois. Une philosophie que Reyes a du mal à suivre, à comprendre pour lui qui ne s’émerveille plus devant rien. Mais voir les choses à travers les yeux du colombien le conforte toujours. Alors il abandonne sa bouteille au coin de sa chaise en toile et tente de se mettre à sa place, regarde le ciel avec des yeux nouveaux, remarque la petite Luisa rire aux éclats plus loin, alors qu'un an auparavant, la petite arrivait la tête baissée et les joues humides à sa porte. Et sans vraiment qu’il ne s’en rende compte, ses lèvres s’étirent un peu. Une grimace ? Un sourire maladroit peut-être ? « Fuck you, Jesse. » lâche-t-il pour la forme, parce que ça lui démangeait la gorge et que deux gamins s’approchent comme il l’avait prédit, la mine rayonnante malgré les nouvelles égratignures sur leurs genoux et leurs petites mains.
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w a r m (reyes) - Mar 5 Juin - 21:50

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« and never in my wildest dreams has it occurred to me to try to go to sleep.   »
jesse ne s'était jamais mis en tête de briller pour qui que ce soit. non pas par égoïsme, mais surtout par prudence. perdre de précieux éclats pour n'importe qui ne rimait à rien, et il méprisait la stupide dévotion de l'astre solaire à vouloir illuminer trop de monde à la fois. non, jesse, lui, choisissait soigneusement qui il fallait embraser. il s'appliquait à arracher reyes aux ténèbres voraces qui lui prenaient souvent la gorge. ça relevait sûrement de l'obsession, au final, animée par la crainte de ne même plus pouvoir distinguer son visage dans les obscurités. c'était une excuse pour sourire, se ridiculiser, se détacher de soi et vivre à la seconde près.

un rapide rictus se dessine sur ses lèvres lorsqu'il entend reyes changer de langue. il hausse un peu les épaules mais ne dit rien. il sait pas trop, jesse. on lui a jamais vraiment dit ce que c'était, être quelqu'un, quelque chose. il se fait des idées, de temps en temps, en observant les alentours, les autres humains. il imagine brièvement ce que ça peut être quand les couleurs des yeux du sargento se battent entre elles de temps à autres. mais la plupart du temps, il prétend savoir. tout ce qu'il avait su faire, c'était promener son existence sur des pavés qui avaient autant d'importance que ses idées à lui. maintenant ça a un autre goût, il y a les enfants et les sermons de reyes, alors la scène change un peu et ça devient moins flou, l'idée d'être. quitte à être, autant le faire à ses côtés à lui.

ce que jesse préférait de loin, c'était desceller le moment précis où reyes lâchait l'affaire, et que si on était attentif, on pouvait observer certains de ses traits se détendre. victoire personnelle, sentiment d'existence. « language, old man. » lance t-il en même temps qu'un clin d'oeil, en direction du plus grincheux. « si j'suis un gamin, j'espère au moins que je suis ton préféré ici. » nouvelle provocation déguisée sous un sourire, alors qu'il fait un signe à la jeune fille au loin, à qui il demande finalement de venir. redressant la moitié de son corps, il attrapa les mains de la petite luisa, plantant ses yeux dans les siens en lui offrant toute l'attention qu'elle méritait. « luisa! et si tu montrais à papi reyes la chanson que je t'ai apprise la dernière fois? tu te souviens? » ses doigts caressent délicatement les poignets de l'enfant, ses iris la détaillant comme si elle était la chose la plus précieuse de cette terre.

évidemment, il lui donna les premières notes, pour la dégager d'une timidité évidente. des murmures bas transformés en chant; une mélodie se forma quand luisa daigna sublimer le tout d'une voix délicate, étonnement soigneuse pour quelqu'un de si jeune. et pourtant, il ne s'agissait que d'une simple comptine, des notes que jesse avaient entendu dans les années les plus jeunes. le délicat visage de luisa avait ce quelque chose de nostalgique, et il n'avait pas su s'empêcher de lui transmettre les mots chantés. peut-être que cet infime bonheur enfantin pouvait gagner reyes. jesse l'avait supposé, comme d'habitude, sans en être si sûr. il attendit la fin de la prestation improvisée pour s'en faire une idée, adressa un large sourire à luisa pour la laisser repartir tranquillement.

« t'es à contre-courant reyes. » marmonna t-il dans un sérieux léger, regardant les enfants aller et venir autour d'eux, gamins trop occupés à s'extasier sur tout et rien pour prêter attention à la conversation. « mais le truc, c'est qu'on ira toujours dans ton sens. on te suivra toujours, même si tu doutes de toi. » dans ses mots c'était on, dans sa tête c'était ''je''. des airs de promesses, vaguement perdus dans les éclats. un ''para siempre'' évident.
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w a r m (reyes) - Dim 10 Juin - 18:14

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jesse & reyes

« i guess i'm tired of talk of hope, i've learned that doves and ravens fly the same. »

Son gamin préféré ? Il souffle avec amusement et lève la tête au ciel. Même s’il ne l’admettra probablement jamais à vive voix, lui dont la confidence étonne toujours n’aura pas gardé le secret bien longtemps. Combien de fois depuis qu’il se fait appeler Reyes Montijo ses collègues lui ont fait la remarque ? Vous semblez proches, toi et Pedraza. Il te suit partout, c’est presque mignon. Des remarques anodines de la part de quiconque ne ferait point partie d’un gang sanguinaire, des observations dangereuses pour lui qui a appris à façonner sa prudence pendant toute une vie. Les rapaces se sont déjà servis de ceux qu’il chérissait pour l’atteindre. Ça a failli marcher, les premières fois.

Dis-moi, Reyes. Sans indiscrétion… vous êtes quoi, tous les deux ?

Entouré des murs du foyer, il se sent à l’abri de tout, des curiosités mal intentionnées, des remarques malveillantes. Celles qui aggravent son visage et le font rentrer précipitamment à l’Esperanza pour s’assurer que tout va bien. Jusque-là, ça a toujours été le cas. Mais pour combien de temps ? Il préfère ne pas brouiller son esprit à nouveau en y pensant, baisse les yeux pour tomber sur Luisa et ses cheveux ébouriffés, ses fossettes timides qui chassent les résidus parasites de ses inquiétudes.

Lorsque la mélodie commence sous les encouragements fredonnés du brun, Reyes ne peut s’empêcher de se redresser un peu. Il la connait. Le quarantenaire est même certain qu’elle a accompagné l’enfance de la moitié de l’Amérique hispanique, que tout le monde serait capable de lui associer un sentiment, un paysage, une histoire. À lui, elle lui évoque la Mesilla, ses montagnes verdoyantes et les colères de son abuela lorsqu’il chapardait des sopapillas pour les distribuer à tout le quartier. La petite voix accompagne son esprit de bons sentiments, d’une douce nostalgie qu’il a plus d’une fois partagée aux gosses et à Jesse.

Ses doigts tapent en rythme sur le bois de sa folk. Il songe un moment à pincer les cordes pour guider Luisa, mais se rétracte. La petite voix risquerait d’être dissimulée sous les vibrations. Il s’en veut un peu, Reyes. Parce qu’il écoute d’une oreille, parce que son regard ne peut s’empêcher de naviguer d’un personnage à l’autre, de s’éterniser un peu trop longtemps sur le sicario au profil lumineux. Et toi, c’est quoi ton histoire avec cette comptine, Jesse ?

« T’es à contre-courant Reyes. » Il le sait bien. Peut-être qu’il n’essaye pas assez de retrouver son chemin. Qu’à force de nager dans le désespoir, de choir de Charybde en Scylla, il a fini par s’y complaire.

Alors quand le colombien continue, lui déclare une fidélité sans faille, un soutien immuable, la boisson passe de travers. « Arrête ça, idiot. » s’exclame-t-il en toussant à moitié, son malaise accompagné d’un coup avec la tête de la guitare sur le crâne du jeune.  « T’en sais rien de tout ça. » Il est confus, Reyes. Mais s’il est confus, Jesse est aveugle. « Je pourrais changer. En mal, beaucoup plus mal. Tu peux pas dire ça. » Merde. Merde. Merde. « Réserve tes belles paroles pour les gosses ou une jolie latina qui saura te rendre heureux. » Te montre pas trop devant qui ne te mérite pas, il omet d’ajouter, parce qu’il le sous-entend déjà, parce que ses promesses, lui, il les a pas tenu. Il a laissé deux gamines, un bambin et une femme derrière lui. Les pour toujours n’existent pas.

Et pourtant, lorsque Reyes tente d’imaginer ce que serait sa vie sans Jesse, ça lui fait quelque-chose. Le palpitant qui se crispe un moment, imperceptiblement. Les pupilles qui s’assombrissent, l’air grave. Son odyssée improvisée lui aurait-elle permis d’atteindre Arcadia sans le bandit de Medellin pour hisser la grande voile ? À quoi son épopée latine aurait-elle ressemblée ? Ressemblerait, maintenant ? La réponse est imprécise, trop vague, fade. Presque dix ans maintenant que le colombien l’accompagne. Une petite éternité à laquelle il s’est malgré lui habituée, qu’il a du mal à imaginer différente. S’il retrouvait ses gosses, son identité, est-ce que l’Esperanza et Jesse lui manqueraient comme Guadalajara lui manque ?

Sans indiscrétion… vous êtes quoi, tous les deux ?

Le directeur se lève, tâte des poches qu’il sait déjà vides et abandonne la guitare à sa place sur la chaise. Est-ce qu’il fuit encore ? Non, il a juste besoin d’une cigarette. C’est ça, une clope pour calmer ses nerfs, pour remplacer la bière qu’il vient de finir. Il a laissé un paquet dans la cuisine, sous le lavabo, parce qu'il sait que personne ne va jamais fouiller là-bas. « J’reviens. » marmonne-t-il, pour ne pas changer. Il ne l’a pas regardé une seule fois. Les gosses s’amusent avec les plus grands, il peut se permettre de disparaître quelques minutes.

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w a r m (reyes) - Sam 23 Juin - 16:11

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reyes & jesse

« and never in my wildest dreams has it occurred to me to try to go to sleep.   »
jesse était semblable à ces comptines. du moins, il avait cette tendance à hanter une certaine partie des esprits, de marquer juste pour laisser des bribes ensoleillées. de toute façon, il n'était qu'un rassemblement de métaphores lumineuses. il avait entraperçu les ombres dans ses années plus jeunes et les avait redoutées. il les avait regardées de loin; pour beaucoup, il était facile d'y sombrer. jesse en avait vu, des camarades se laissant absorber par les rues. lui y avait immédiatement renoncé. il n'aurait jamais tourné le dos au soleil. et puis, il y avait eu les interventions divines, confirmant les pensées du garçon. les rues ne lui apporteraient plus rien. l'arrivée de reyes dans sa vie était comme une main indirectement tendue, une échappatoire qu'au fond, jesse avait toujours souhaitée. l'occasion de goûter à quelque chose de différent que l'amertume des pavés. c'est pour ça qu'il y est allé sans hésiter, ni réfléchir. le confort actuel était bien plus préférable aux semblants de chaleur d'avant.

les sourcils de jesse se froncent légèrement et sa mâchoire se serre. un jesse plus violent, plus virulent aurait réagit à la seconde. mais ce jesse n'a jamais existé et n'existera probablement jamais, alors il ne peut même pas arracher les mots de reyes pour les brûler. non, il pouvait juste regarder et faire s'enfuir ses yeux vers le ciel orangé. dans sa gorge se bousculaient une bonne centaine de répliques, certaines plus stupides que d'autres, et c'était à lui de pas les laisser s'échapper maintenant. à vue d’œil, reyes se transforme en statue de marbre et son regard se voile d'obscurité. c'est ça qui inquiète jesse. la rapidité avec laquelle il vend ses esquisses de sourire pour de froides impassibilités aux touches de frustration. ça tend ses muscles qui voudraient lui asséner un coup derrière la tête pour lui faire ouvrir les yeux. au final il le laisse partir, sans insister. ça lui laisse un temps pour réfléchir. jesse ne prend jamais d'occasion pour organiser ses pensées. il faut que tout afflue naturellement, se précipitent à sa bouche pour les faire couler constamment. mais cette fois c'est différent, ça bat autrement dans sa cage thoracique. il finit par libérer un soupir de ses poumons et se relève, décidé à ne pas rester indifférent – il n'en était pas capable, de toute façon.

jesse retrouva reyes dans la cuisine avant qu'il ne s'en aille. encore, toujours, il lui courait après. il pouvait le faire éternellement et le lui avait confessé quelques minutes plus tôt. parce que d'une certaine façon ils allaient de paire, et jesse tenait secrètement à cette idée. il ferma la porte derrière lui et se mit contre celle-ci, croisant ses bras sur son torse. « tu peux pas t'échapper à chaque fois qu'on commence à parler de toi. » affirme t-il, la voix profondément sérieuse – pour une fois. incapable de masquer ses ressentis. « je sais que ça t'énerve. tu fais même pas d'efforts pour le cacher. » son regard se détacha de la silhouette qu'il ne connaissait que trop bien. il pinça ses lèvres dans une tentative de rester concentré. « tu continues à t'faire passer pour le méchant. quel genre de mauvais type s'occupe d'un refuge pour enfants, reyes? » ses iris se plantèrent de nouveau dans celles de son interlocuteur. ça y est, il avait trouvé sa lancée. il s'approcha un peu plus de lui, rien que pour s'imposer un tout petit peu. (t'es vraiment quelque chose.) « j'en ai rien à foutre que tu changes. si tu commences à sérieusement déconner, je serai là pour t'aider à retrouver ton chemin, non? c'est pas comme ça qu'on a toujours fait? dans ma tête c'était plutôt clair. » les mots venaient tout seuls. jesse n'avait que très peu de contrôle sur eux, et se laissait ouvertement emporter par ses émotions. il passa une main dans ses cheveux dans la nervosité, et soupira de nouveau. « ça a rien à voir avec des belles paroles. c'est ce qu'on fait, c'est tout. on se dit les choses pour éviter de se tourner le dos plus tard. » ajouta t-il plus bas, cherchant le regard de reyes pour ne pas laisser flotter ses paroles. il les pensait si ardemment qu'elles avaient parlé à sa place. il y avait toujours chez jesse, cette volonté à faire face.
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w a r m (reyes) - Dim 24 Juin - 3:53

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jesse & reyes

« i guess i'm tired of talk of hope, i've learned that doves and ravens fly the same. »
Les faisceaux orangés sont filtrés par la fenêtre à travers les rideaux légers flottant au gré de la brise, dansant sur les murs et sur sa peau. Ses doigts se posent contre les bords de l’évier et se resserrent avec force. Au bout de quelques secondes, il s’accroupit pour s’emparer de la petite boite rouge et blanche dissimulée. Quatre vaines tentatives plus tard, il abandonne son briquet à même le comptoir en jurant et passe une main dans ses boucles désordonnées. Tant pis, l’odeur de cigarette le quitte rarement de toute manière, fait partie intégrante de son personnage, comme s’il en était le saint patron. Il avait seulement besoin d’un truc, d’une excuse pour occuper ses lèvres, pour calmer son irritabilité contagieuse. Quelque-part, l’objet inanimé a des propriétés apaisantes ; il soulage ses poumons meurtris comme le ferait une grande inspiration, un sourire, un coup d’un soir, la chaleur d’un corps. Douces addictions. Ses paupières se ferment un moment alors qu’il est appuyé contre le comptoir. Une mouche bourdonne d’un coin à l’autre pour retrouver son chemin aussitôt. Les éclats de voix sont lointains ici.

Le parquet grince et la porte se referme doucement. Reyes soupire, sans grande conviction. Il ne sait pas s’il devrait rire ou crier face au comique de la situation, face à l’obstination du sicario et ses mots qui cogitent toujours dans sa tête comme une énigme sur le point d’être déchiffrée. À cela vient s’ajouter le nouveau langage corporel du colombien qu’il ne peut s’empêcher d’interpréter avant de laisser ses tympans traduire le reste. Ses pupilles se posent sur les lèvres emprisonnées pendant un instant, puis se perdent ailleurs avant que ses pensées ne prennent un virage encore plus compliqué. Les traits du sicario sont concentrés et sérieux. La sévérité des plis de son visage à lui est compliquée. Il a envie de lâcher l’affaire. De donner raison au plus jeune pour ne plus l’embêter avec ses caprices complexes. Mais il y a toujours quelque-chose qui l’en empêche. Au fond, il sait qu’il a peur de plein de chose mais surtout de Jesse. Le dieu creuse, révèle, soigne. Reyes a l’impression qu’il serait capable de panser sa nostalgie et il n’est pas sûr de ce qu’il veut. Il sent déjà les quelques liens qui lui restent avec le passé lui glisser entre les doigts.

« On se dit les choses, hein ? » Il voudrait son ton cassant mais ses yeux envoient des signaux contradictoires. Jesse a ce pouvoir sur lui, saurait le percer à jour quoi qu’il dise ou fasse. À quoi bon l’éviter. Lui aussi, il s’avance, jusqu’à ce que le colombien ne voit que lui, sa cigarette toujours entre ses lèvres sérieuses. Peut-être qu’il n’y a qu’en le confrontant une bonne fois pour toute qu’il lui foutra la paix, qu’il ouvrira les yeux et discernera enfin le loup dans la bergerie. « Je vais te dire les choses comme elles sont alors. », ses mots sont durs, presque crachés. Langue maternelle aisée et mauvaise. Le tout contraste avec la détresse qu’il ressent actuellement. « Quel genre de mauvais type ? Le même genre qui stocke des munitions et des armes au sous-sol d’un putain de refuge pour gamins, peut-être ? » Marché qu’il a récemment accepté de passer avec le commandant. Les pièces sont détachées, entreposées dans des énormes caisses en bois, inaccessibles aux gamins. Et pourtant. Quiconque au courant de leur position pourrait les mettre en danger. Il ne décide que maintenant de lui en parler. Savait-il ? Ses yeux demandent à sa place. « La seule raison pour laquelle l’Esperanza est encore debout, c’est parce que Costilla a miraculeusement toujours besoin de moi. » Il a plus les idées claires, Reyes. Dans ses moments-là, il ne peut se résoudre à accorder sa pleine confiance à Joaquin, au patron de l’organisation sanguinaire. Il ne peut se résoudre à penser à autre chose qu’à son prochain naufrage. Et si la plupart de ses relations avec sa famille de cœur étaient factices, que le karma lui bondissait au visage tôt ou tard comme avec ses frères ? Quiconque d’un peu plus vicieux, corrompu que la normal pouvait le réduire à néant avec un peu de persévérance, lui et les innocents qui auraient le malheur de se trouver sur son chemin. Écrasé. Écrasé par un destin qu’il n’a pas demandé, qu’il n’a jamais pu éviter peu importe la manière dont il s’y prenait. Enjoliver le mal derrière des décorations, derrière des piñatas et des chapeaux de papier ne le fera pas disparaître.

« À la seconde où je fais un truc de travers, une erreur de calcul dans mes plans, Jesse, ce petit paradis devient un vrai cimetière. Je vous ai amené ici. Je vous protège pas, je vous expose encore plus qu’avant et j’veux pas- », le quarantenaire perd le fil de ses pensées, respire un bon coup avant de continuer : « J’ai peur. De me réveiller un jour et de voir les conséquences de mes actions. Je veux pas que vous en payiez le prix à ma place. » Dix ans. Dix ans que ça lui pèse sur la conscience. Ça le tuerait, il en est persuadé. Et parce que ses pensées sont chamboulées, parce que le favoritisme n’est pas le plus gros de ses péchés et qu’il n’a même pas remarqué que sa poigne s’était refermée sur le haut du brun, il ajoute : « Surtout pas toi, Jesse. Surtout pas toi. »

(c) DΛNDELION

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