C’est d’un pas presque sautillant que tu arrivas devant le hangar. Depuis l’affaire avec Miss Akanda, tu te sentais … Vivant. Bien plus vivant que tu te rappelais l’avoir été un jour. Vivant et toi-même, comme si un barrage dans ta tête venait d’être détruit. Esprit joueur et esprit malin, tu avais toujours vu le monde comme un énorme échiquier construit rien que pour toi. Cependant là où avant tu te contentais de suivre les règles de ce jeu, ton entrevue avec Miss Akanda t’avait fait réfléchir : Pourquoi suivre les règles quand il suffisait de trancher la gorge de son adversaire pour gagner ? Mais au-delà de gagner, tu semblais avoir retrouver cette passion pour le chaos qui était tienne avant que ton père ne te l’enlève à coup de punitions et de douleur. Comme il l’avait fait ave ton frère également. Plus pour longtemps maintenant, si tu avais ton mot à dire. Il n’y avait que ta moitié qui semblait comprendre l’attrait qu’avait le chaos et le désordre pour ta personne. L’ordre était ennuyant, inutile. Alors que le désordre et la destruction, oh par tous les dieux, tu te souvenais vibrer en regardant la terreur et la panique que tu causais ! Mais on te l’avait pris ainsi que ton libre-arbitre. Mais ce n’était plus le cas. Et pour ce simple fait, tu ne tueras pas Miss Akanda pour avoir joué avec ton esprit. Tu allais même la récompenser en l’évitant soigneusement dans le chaos que tu ne manquerais pas de répandre prochainement. N’étais-tu donc pas généreux envers la petit fuyarde ? Mais tes plans devront attendre, car ce soir, tu travaillais.
Pour cette soirée, tu avais exceptionnellement consenti à porter autre chose que ton si commun costume-cravate, portant à la place un haut sombre à manches longues. Il serait bien regrettable que l’un de tes précieux costumes soit salit au-delà du récupérable. Car salissante, cette soirée allait définitivement l’être. Particulièrement si tu suivais les ordres de ta démoniaque patronne. « Fais le parler par tous les moyens. » avait-elle ordonnée. Tu n’aimais pas les ordres, tu n’aimais plus les ordres et encore moins devoir courber l’échine, cela t’était devenue insupportable. Ton père serait bien désemparé de te voir devenu un esprit si rebelle, toi qui avais toujours été si soumis à la Bratva et à tout ce qu’elle représentait. Oui, ton père avait véritablement bien fait son travail avec ton frère et toi-même. Dommage qu’il n’eût fallu que d’une toute jeune femme pour tout détruire dans un claquement de doigts. Enfin.
Tu arrives enfin devant le hangar et sourit de toutes tes dents à l’entente de la salutation de ton partenaire de la soirée.
« C’est pas trop tôt. » grommèle le juge sans grande conviction.
« Bonsoir à toi aussi, Magnus. » ris-tu presque. Ah, Engström… Fascinant petit mortel que voilà. Tu avais toujours mis un point d’honneur à être le plus poli et abordable possible envers le juge, non par une volonté de s’en faire un ami, au contraire. Tu avais simplement remarqué qu’il était bien plus simple de manipuler un être s’il était persuadé que vous aviez les meilleures intentions du monde à leur égard. Mais tu te devais d’avouer que tu trouvais le mortel fascinant des fois. Si bon, si droit, si loyal. Tu t’étais souvent demandé si quelqu’un de si inflexible pouvait se tordre sans se briser en mille morceaux. Et dans cet état d’esprit nouveau qui était le tien à présent tu ne pouvais t’empêcher de te demander si tu te devais d’essayer.
« Tu en sais plus ? On m’a défendu d’entrer sans ta présence, patron. » Sourire en coin bien visible sur ton visage, tu ne peux t’empêcher d’être satisfait par cette marque de supériorité qu’il te témoigne. Oh oui, tu appréciais véritablement le petit mortel parfois.
« Tu te souviens quand je te disais que la Bratva testait perpétuellement la loyauté de ses hommes ? Et bien, mon ami, ton tour est enfin venu. » l’informes-tu d’un sourire presque réel.
« Derrière la porte, il y a un homme qui détient des informations … sensibles. Des informations concernant notamment la disparition d’un de nos oracles, je n’ai pas besoin de préciser lequel je suppose … ? » Comment ne pas être au courant du massacre des trois oracles des mafias de cette ville et dont seule la quatrième en était sortie, sa santé mentale en moins. Tellement de tension avait découlé de cette affaire.
« Notre chère patronne nous a donc chargée de le convaincre de nous dire ce qu’il sait. » Conclus-tu avec un grand sourire froid, reprenant ton habit de travail et laissant partir ta personnalité pour ne plus qu’incarner l’être sans âme que tu étais né pour devenir.
"Je suppose que je n'ai pas besoin de te dire que je suis également chargé de surveiller tes réactions, n'est-ce pas ... ?"Tu souris toujours en montrant la porte de la main.
« Après toi, cher collègue. »