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Cast out the devil sins ϟ Sahara

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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Mar 6 Nov - 20:48


Cast out the devil sins
FT. SAHARA ϟ ARIEL

I dreamed of a life so big and tall, an escape from who i was. Our past is going up in flames and the future can be rearranged. And we're dancing to the sound of your demons falling down

Nuages maussades, soleil fébrile aux rayons perçant la surface le temps d’une brise. A peine de quoi réchauffer l’asphalte, faire scintiller des myriades de diamants éphémères sur les vagues qui se brisent contre les quais. Entre la brume suintant des flots, décor sublime dans sa tristesse, enlise le port d’une torpeur moite aux effluves marins prenant à la gorge. Ils s’en foutent, eux qui se pressent dans la chaleur lourde d’un hangar délaissé pour être remanié. Dans les allures d’un loft uniquement remplit du minimum vital. Propriétaire des lieux connu pour ses déviances dans les bas-fonds du monde, vice et décadence, l’appétit vorace qui se dit difficile à épancher. Attirance pour la jeunesse, celle qui se vend et se casse contre les envies, s’agenouille dans un soupir pour prendre à pleine bouche l’avilissante maturité. Poupée russe depuis longtemps repérée, appâtée. Utilisée. Régulier aux gros billets, du genre de ceux à qui refuser sonne comme un affront, une déclaration de guerre même si accepter revient à s’engager sur un terrain affreusement glissant. Descente dans les affres d’un monde de fantasmes aux couleurs sombres, là sous la lumière faussement tamisée, épileptique quand s’affole les néons au rythme des soupirs. Pas de rock’n’roll, seulement la drogue et le sexe, adjectifs apposés à même la chair d’une pute qui n’aura jamais aussi bien joué son rôle.

Accepte et ils t’aduleront. Accepte et tes mains seront trop petites pour tenir tout l’argent que je t’offrirais en échange. La promesse était alléchante, l’avance tout autant. A alourdir ses poches, faire s’affoler le cœur à l’idée d’en ramener autant, en une seule fois. Conscient des sacrifices qu’il allait devoir faire pour toucher le pactole. S’ignorer pour mieux les laisser l’utiliser, dissocier le corps et l’esprit et s’efforcer de ne pas en souffrir. Il a pourtant du mal à respirer, l’air manquant dans ses poumons atrophiés, les muscles raides et douloureux, souplesse rompue d’avoir trop été poussée à l’excès. La sueur dégringole entre ses omoplates, suinte le long de son échine lorsqu’il se redresse péniblement. Ariel nage dans le brouillard, le crâne dans un étau fait d’un étrange mélange de coton et de fer. Ca cogne contre ses tempes, dans sa poitrine, tout lui semble lointain et pourtant si proche. A demi-conscient de ses gestes, sa volonté qui semble s’arracher d’un autre monde, celle qui a été si honteusement soumise et manipulée. Drogué, à son insu, les cachets de Soma dispersés dans le verre pour mieux le rendre docile. Lui faire accepter l’inacceptable, et triturer les méninges pour faire en sorte qu’il oublie. Pas certain de vraiment se souvenir de tout, il y a un vide entre son arrivée et le moment présent. Lui qui tente piteusement de se rhabiller, à s’y reprendre un nombre incalculable de fois comme s’il ne l’avait jamais fait de sa vie.
« - Attends, qu’est-ce que tu fais ? » Les effets de la drogue le poussent à se figer, arrêter son geste et poser son regard éteint sur le type venu se vautrer contre lui.

« - On va te ramener, les docks sont pas sûrs… » A deux pour se marrer contre ses oreilles, il se sent acquiescer d’un mouvement de tête si infime et qui pourtant lui donne le tournis. Pull enfilé à l’arrachée, pognes dans le creux de reins qui le poussent vers la sortie, enjamber les corps enchevêtrés comme un foutu parcours du combattant. Fais quelque chose, ça sent pas bon. Non, les effluves qui flottent dans l’air et imprègnent sa peau sont dégueulasses. Encrassent son parfum pour n’en laisser que des brides à peine perceptibles sous la couche souillée qui l’écrase. Après la chaleur étouffante de l’intérieur, la moiteur froide de l’extérieur lui coupe le souffle, fait gémir le corps fébrile. Ses pieds raclent le sol, poussés en avant par la volonté des deux autres. Ce n’est pas terminé, l’alarme résonne dans sa tête, en un écho lointain qu’il ne capte pas vraiment. Mauvaise route qu’ils empruntent, il le sait, c’est tout droit qu’il devrait aller pour quitter le port, pas dans ce boyau sombre dans lequel ils s’engagent. L’entraînent en lui promettant son salaire. Oui, le salaire, il ne l’a pas touché dans son entier. Et le petit cœur y croit, noyé par la drogue qui palpite toujours dans ses veines.
« - T’es tout pâle. Prends-en un, ça va te faire du bien... » Tape rêche et lourde sur son épaule, la voix résonne dans son crâne et le cachet se glisse entre ses lèvres. Non, qu’il a envie de gueuler mais rien ne vient, les serpents murmurent de nouvelles idées à ses oreilles. L’ensorcèlent de leurs timbres caverneux, hypnotiques. Vie faussement plus belle pour cacher la couche d’immondices. Ses doigts s’accrochent fébrilement contre la première chose passant à proximité, le bras du premier type lové contre lui.

Aide-moi au lieu de rester là sans rien faire. Petit sursaut de conscience au milieu des débris chimérique d’un rêve au relent de cauchemar. Oupyr lui-aussi victime du délire, juste bon à claquer des crocs sans parvenir à se libérer de la prison forgée par cette volonté qui les soumet tous les deux. Petit murmure de plus jamais soufflé à chaque battement précipité d’un cœur en train de crever sous l'afflux trop violent de drogue dans le sang.

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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Dim 11 Nov - 19:09

Rongé intérieurement par un profond sentiment de lassitude, conjugué à des frustrations à extérioriser, il ne parvient pas à se sortir de cette spirale répétitive. Percevant ses alliés comme des tas d’os inutiles. Leurs vaines tentatives comme une succession d’échecs. Il pousse un bâillement magistral. Essaye tant bien que mal de remuer ses bras et ses jambes engourdis. Balaye le taudis du regard, où des amas de déchets s'agglutinent tous les trois pas, à la recherche d’une échappatoire. Un air affolé sur le visage. Pourquoi pas un comprimé salvateur qui les délivrerait de cette maladie qu’est l’imbécilité. La vérité, c’est qu’il est coincé dans cet espace sans issue. Les enfants terribles enchaînent les conneries, débitent des flots d’ânerie, se comportent comme des carpes au cerveau défraichi, très fournis en futilités. A croire que tous ceux qui redoublaient d’ingéniosité dans l’espoir de réinventer un destin se sont fait la malle. L’idée de se tirer d’ici, d’abandonner la mission, de lâcher cette bande de bras cassés, effleure son esprit. Mais Sa sale manie de défendre des causes perdues ne ternit en rien sa beauté juvénile qui garde de son passé les sillons profonds de l’affliction. Piégé par son innocence et sa candeur.

Si une expression de désintérêt complet s’affiche régulièrement sur son visage, il décide quand même de faire entendre sa voix. De faire cesser cette discussion puérile et irréfléchie. « Je vais continuer les fouilles, en espérant dégoter quelques petits trésors ». Des propos qui sont loin d’être convaincants. Mais il est forcé de reconnaître qu’il se sent enfermé dans une cage au-dessus d’un précipice sans fond. Au bord de l’asphyxie, il serait plus enclin à sauter dans le vide plutôt que de continuer sa route sur la terre ferme. Il ne supporte plus l’idée de rester ancré au sol en permanence. L’appel de la mer est bien plus fort, depuis que le lien avec le Kraken est inscrit dans ses chairs. A la recherche d’un courant marin qui l’emporterait loin des douleurs qui lui serrent le cœur, loin de ce monde extérieur avec lequel il n’a jamais été en marge. Les mèches de devant retenues sur son front par cet horrible bandana rouge, il regagne son territoire. S’élance dans les flots tièdes, plonge dans les profondeurs obscures, telle une charogne qui reprend vie dans un océan rempli d’algues et de poissons carnivores. Entend à peine le bruit des vagues qui se fracassent bruyamment sur la roche.

Distingue avec incertitude la nature des masses noires qui s’étendent sous lui, et dont les contours se confondent avec les débris, les fragments de plastiques, qui lui semblent à ce moment-là danser devant ses yeux. Des fléaux calamiteux qui polluent et gâchent la nature qui se montre dans toute sa magnificence sauvage. La tête dans du coton, l’esprit ailleurs, il savoure l’effet délassant de ce silence calme et rassurant. Loin des jappements. Des grognements lourds qui retentissent et tendent à se rapprocher de lui à chaque fois qu’il arpente le White Fangs ou les locaux des enfants terribles. Un temps suspendu. Un amour, une passion, une aventure, qui le consument. Quand le Kraken décide de s’extirper de cette béatitude dont il est devenu prisonnier, c’est pour une nouvelle fois s’engouffrer dans la solitude et dans l’oubli. Il foule le sable chaud de ses pieds. Enfile une blouse sans manche en cuir, une chemise blanche, un pantalon sombre en lin, qui lui donnent une fière allure de bandit. Il continue d’errer, sans but. S’abandonne aux caresses médusées de l’astre de la nuit. Laisse voguer quelques pensées nostalgiques, son regard s’attardant sur les voiles des bateaux qui se décrochent subitement.

Il se souvient du rush d’adrénaline qui parcourait leurs veines et leur faisait emprunter des chemins à l’aveuglette. L’époque où il était capable de tisser des vrais liens d’amitié. Splendeur dévastatrice, douces réminiscences dont il se délecte momentanément. Faisant ressortir une lueur d’adoration dans ses prunelles, qui l’obligerait presque à commettre une nouvelle infamie. La mine défaite, le Kraken s’éloigne de cet endroit mortifère. Il vole à toute allure sur les passages dégagés, avant que les ténèbres ne l’engloutissent. Confronté à ce lointain fantôme d’espoir et de désespoir illusoire qui s’échine à le poursuivre. Comment expliquer l’extinction brutale de l’être humain. Les lèvres entrouvertes qui laissent passer des sons indécents, le visage qui transpire le tourment, les images abjectes qui prennent formes devant ses azurs rebutés. Le Kraken saisit le canif fixé à son ceinturon. Inutile de s’encombrer avec des menaces débitées sans vergogne. Bientôt un entremêlas de lignes, de coupures. Voilà qu’il tranche, sans hésitation aucune. Creuse sa marque dans la tendre chair du ventre du premier. La lame du couteau plantée dans la gorge du deuxième. « Tu as une petite mine ». Lui envoie-t-il, alors que les traînées de sang maculent le sol. « J’imagine que nous sommes quittes ». Propos sortis de leur contexte, qui recouvrent d’un voile sombre les raisons de ses agissements. Enterrent cette touche discrète d’inquiétude qui lui a tordu l’estomac.
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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Sam 17 Nov - 15:15



Murmures de mauvais augure, les serpents sifflent aux oreilles de l’innocent. Crachent le venin de leur volonté cruelle, des idées qu’ils insufflent dans la cervelle rendue malléable par la substance circulant dans les veines. Pas la première fois qu’il la croise, l’outillage de la Bratva. Première fois en revanche qu’il se retrouve dans la peau de ces pauvres âmes rendues poupées de chiffons, juste bonnes à être utilisées puis jetées. Le cycle de sa vie, utile et abandonné, toujours. A frissonner à chaque contact, ces doigts qui se pressent contre son bras, l’entravent. Ce souffle dégueulasse contre son cou, accompagnant les paroles qui s’échouent contre son oreille. Les mots n’ont pas de sens mais il les comprend, imprime dans les tréfonds de sa conscience ce qu’ils attendent de lui. Pas grand-chose, qu’il oublie ce qui s’est passé, juste qu’il est venu, a honoré sa part du contrat. Sa rétribution, elle est là, dans sa poche, c’est tout ce qu’il aura pour ces heures de débauche. L’ignorance, c’est certainement pire que de se souvenir de tout, parce qu’il y aura toujours des blancs impossible à remplir, des morceaux de vides où les pièces du puzzle ne parviendront jamais à s’assembler. Il frissonne encore, un froid qu’il est le seul à sentir venant mordre sa peau. Le ventre se tord, se crispe, vers agités sous la carne, la nausée à fleur de langue, Ariel s’agrippe plus fort au type qui l’englue de sa présence poisseuse. Pour ne pas se casser la gueule, parce qu’il le sent, il est en train de sombrer. Paumé sur son radeau en plein milieu des brumes, l’alarme ne beugle plus dans sa tête, elle a fini par se taire. Par comprendre que ça ne sert à rien, que ça passera. Peut-être. Qu’au pire quoi ? Il va crever là, sur les quais. Pas certain que ce soit mieux que la tombe dans laquelle il a été jeté. Mourir d’une overdose, c’est pitoyable. Peut-être qu’il aurait dû finalement, fourrer son nez dans ces choses-là, au lieu de vouloir se la jouer corpore sano.

La présence s’invite dans son brouillard avec un train de retard. Avant de comprendre ce qui s’est passé, c’est l’odeur qui lui saute au cou. L’enlace de toute sa force à faire se comprimer dangereusement la trachée. Oupyr en fin de vie qui se réveille, fait claquer les quenottes contre du vide. Mal jusque dans les veines, il tangue sur ses pattes presque trop fragiles pour supporter son poids plume. Debout au milieu du chaos, il contemple les corps à ses pieds. Papillonne des cils pour faire disparaître les ombres dansant devant ses yeux. Admirer à n’en plus finir les teintes carmines, cette merveille d’écarlate qui l’ensorcèle. Ils sont morts, tous les deux… Merde. Pute qui sent venir les problèmes au même titre qu’elle ne peut s’empêcher d’humer les relents de fer qui lui emboutissent le crâne et la font saliver. On lui a susurré l’idée d’un chemin retour en solitaire, les deux types qu’il n’a vu que durant ses heures de travail, jamais après. Problème résolu. Alors pourquoi son cœur continue de cogner aussi fort contre sa poitrine ? Ses doigts viennent s’accrocher à son pull, le froissent de toute leur force fébrile comme s’ils cherchaient à en extraire l’organe affolé. Il cille encore un peu, arrache ses pupilles de la vision d’horreur qui s’étend à ses pieds et pose enfin les yeux sur l’origine de ce carnage. Voix noyée dans la brume aux notes de déjà-entendue, ce visage qu’il détaille d’un regard presque absent fait s’agiter quelque chose dans sa mémoire. Tire l’esprit vers le haut pour tenter de lui faire regagner la surface, s’extirper de la fange comateuse dans laquelle il s’embourbe depuis trop longtemps.

« - De quoi tu parles ? Pourquoi t’as fait ça ? »
Sa voix tremble, se coince dans le gosier et en ressort avec des variantes suraigües. Pâteuse, un brin d’hystérie qui se devine derrière la lenteur paresseuse. Un pas en avant et c’est tout le corps qui manque de se casser la gueule dans la mare de sang. Pas qu’il n’en ait pas envie, plus il respire, plus il voit, et plus la faim lui démolit les entrailles. Bête dégueulasse qu’il abrite dans ses chairs qui serait prête à lécher l’asphalte juste pour se laver la gorge des restes de cachets. Répulsion en bord de lèvres, celles qu’il serre le plus possible pour éviter de vomir aux pieds de son sauveur.
« - Je me sens pas bien... » Pas la peine de le dire, ça se voit. Une main en appui contre le mur, l’autre au bout du bras tendu qui se presse contre le torse de Sahara, en équilibre précaire, Ariel s’extirpe du petit coin de cimetière, tâtonne, et une fois son dos pressé contre un nouveau pan de mur, il inspire à s’en péter les poumons. Pop-corn explosif, il grimace malgré lui, des élans de douleur traversant son corps endolori. Les effluves sanglants jamais bien loin, toujours là à se faire entêtante. Nouveau regard en direction de son prétendu sauveur, insistant cette fois, à le bouffer de la tête aux pieds comme s’il ne l’avait jamais vu. « - Tu as l’air de sortir de la douche. » Brin de moquerie dans le souffle qu’il expulse difficilement, l’esquisse d’un de ses sourires irradiant de chaleur posée sur ses lèvres pâles.
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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Sam 24 Nov - 19:01

Tout semble sombre et menaçant autour de lui. Les spectres fantomatiques, en sentinelles maléfiques, avaient pourtant disparu dans un flou étrange. Après qu’il ait coulé dans un abyme sans fin avec des chaînes autour de lui le tirant vers le bas comme des encres, durant deux malheureuses années, la colère bouillante traversant la moindre parcelle de son corps glacé. Il aimerait trouver des réponses. Savoir si la cruauté est réellement devenue sans limites. A croire que le passé réclame encore son dû, coûte que coûte, et que cette lutte est destinée à se répéter inlassablement. Il ne supporte plus rien ni personne, et encore moins la vision des œillades vicieuses lourdes de sens, brûlantes de haine, lancées en direction d’Ariel. Il ne la connaît que trop bien, cette sensation d’être arraché à un cauchemar éveillé. Soumis au plus abject des esclavages. Réminiscence d'une soumission qu'il avait refoulée mais qui est bien ancrée en lui. Le chien docile obéissant au doigt et à l’œil à ses maîtres. Tiré par une laisse et humilié verbalement.  Les crachats meurtriers, la fontaine de sang que ses plaies évacuaient. La prise abusive de ces foutues pilules qui engendraient des conséquences désastreuses. Il en a fait l’expérience, lui aussi. Se réveillant avec des sensations de manque incontrôlables lorsque la drogue ne venait plus se greffer dans son organisme.

Les visions erronées lui revenant comme des mirages du désert. Niagara leur a déglingué la face. Il revoit le sang gicler dans tous les sens. Les articulations sectionnées, les cous tranchés sans scrupules. Le cerveau a emmagasiné l’horreur brute, l’emprisonnant de ses mouvements comme s’il avait été collé au sol. Il a bien failli dégueuler sur ses pompes. Risquer la paralysie à vie. Terrassé par cet ultime massacre qui aurait bien pu lui coûter la vie. Un retour aux sources, le goût amer que reflète la douleur, une personnalité qui a changé du tout au tout. Métamorphosé en en un être immonde assoiffé de violence. Les tisons qui ressemblaient à des coups de couteau dans le dos ont éveillé son instinct de domination. Sahara n’est plus celui qu’on transformait en une peluche parfaitement docile. En lui administrant des calmants pour le plonger dans un long sommeil et réfréner ses pulsions les plus sordides. Il refuse de courber l’échine devant des individus qui éprouvent un malin plaisir à trainer les autres dans la boue. Ce pion usagé qui retenait aisément ses jurons. Dans sa tête, il n’y a plus rien. Plus de connexion entre son corps et son esprit, plus de regrets ni de terreur.

Il n’y a plus que le désir de vengeance qui monte avec toujours plus d’acharnement. Le sol est teinté de rouge qui s’échappe des cadavres affreusement mutilés, et le visage est vide, dénué d’expressions. Une abominable créature qui donne quelques coups de langue autour de ses babines, probablement dans le but d’aspirer des gorgées de sang. Jouit de toutes ces choses si exquises qui sont interdites aux mortels. Goûte à l’ivresse du pouvoir. Ondulant ses longs tentacules dans les airs. Remercie le spectre mystérieux d’avoir guidé ses pas vers ce sanctuaire si froid mais solennel. Une carapace qui n’est pas suffisamment résistante pour contrer le trouble l’agite à chaque fois qu’ils s’entretiennent ensemble. Le poussant à reprendre pied dans la normalité, de sceller la malédiction qui pèse sur son être. Des âmes perdues qui se côtoient à nouveau et s'apprivoisent, seul remède à la solitude. Ariel ramenant des sensations jusqu’alors oubliées. « Un simple ‘merci’ serait amplement suffisant ». La question le prend de cours. Force les barrières de protection qui lui permettent d’affronter ce monde cruel et sans pitié et d’évoluer en toute sécurité. Voilà qu’il fait l’impasse sur les traumatismes subis, la vague de compassion ressentie à son égard.

Celle qui fait encore palpiter son cœur. « C’est ma nouvelle nature ». Il lui sert une demi-vérité. Ne s’embarrasse pas avec de longs discours alors qu’il est maintenu en vie, dans un état précaire. Il le tient, telle une petite perle fragile. Et le Kraken vient chercher la chaleur de cette âme vulnérable qui halète. Pose une large main sur son épaule. Entre amitié sincère, tensions internes et soutien inattendu. Le pirate attrape la gourde d’eau qui dépasse de la poche de sa blouse et l’ouvre en un éclair. « Hydrate-toi. Ça va réguler ta température ». Les yeux rivés sur la victime, un léger sourire vient étirer ses lèvres. La situation est grave. L’atmosphère est de plus en plus lourde. Et Ariel devient un adepte de l’humour à chaque fois que l’angoisse grandit sournoisement. Lui rappelle cruellement que ces moments de bonheur sont révolus. « L’océan est ma seconde maison, tu ne t’en souviens pas ? ». Les prunelles intriguées  guettent la moindre ombre suspecte. « Il ne faut pas trop traîner. Tu vas pouvoir marcher ? ». A la recherche d’une éventuelle forme sombre, à l’allure imposante, qui pourrait s’animer et rompre la distance qui les sépare.
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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Ven 7 Déc - 20:10



Trop froid, le timbre qui lui lacère les oreilles. Merci, la formule de politesse ne lui effleure même pas le cerveau tant il est perdu dans sa propre tête. A osciller entre chimère et réalité. Seul pour quitter les docks, pourquoi ces deux types étendus dans une mare de sang alors ? Pourquoi cette impression d’être en train de mourir et de ne rien pouvoir y faire, comme si ce n’était pas naturel ? Chimie fragile dans le système, ce n’est pas une overdose, l’oupyr le sauve sans qu’il ne le sache. Créature plus résistante qu’un simple mortel, il en souffre mais les dommages resteront fébriles. En cicatrices disparaissant au fil du temps jusqu’à devenir invisibles, oubliées de sa mémoire. Des murmures chuchotant des horreurs à ses oreilles, le doux relent d’un soupir aux notes de viol, le doute là où les certitudes ne tomberont jamais tant il en a peur. De cette abomination qui lui bousille déjà le cœur, le rend abject, sale, honte ancrée au traumatisme encore trop frais pour être vraiment analysé et compris. Plus tard, quand il aura oublié et que ça lui reviendra à la figure dans un moment puant la banalité, juste là, pour le faire fondre en larmes ou virer hystérique. S’arracher la tignasse à essayer de se souvenir pour être sûr. A en frissonner comme un fou en pleine tempête de neige lorsque la pogne se pose sur l’épaule presque chancelante. Pupilles éclatantes et pourtant perdues, elles se posent alors sur le visage de cette apparition sortie de sa vie passée. Détaille les traits, ce visage qu’il connait par cœur pour s’y être perdu pendant des minutes au goût d’ivresse, certainement trop longues pour être innocentes.

« - Nouvelle nature… Toi aussi t’as changé de camp ? »
Murmure fébrile, sa voix s’enrobant des chaos de tension hystérique jalonnant son univers brumeux. Docile, effets nocifs de cette drogue embrumant les sens, l’argentin s’exécute. Porte à ses lèvres son nouveau trésor, soupir presque lorsque le liquide dévale dans sa trachée asséchée. Juste de l’eau, rien que de l’eau. Diable au désespoir, la créature espérait du sang. L’humain aussi, dans les limbes de sa bizarrerie, pour se sentir vivant, pleinement. Ne plus souffrir de cette léthargie morbide aux chimères qui le rendent dingue. Secoue la tête, l’univers vacille, tangue et roule comme un foutu bateau en pleine tempête. Et lui qui se presse plus fort contre la froideur moite du mur qui lui rentre presque dans le dos. Se péter les omoplates contre la brique, et gueuler sous la douleur. Pour faire sortir ce trop-plein de malheur qui lui broie le cœur. Vomir, c’est encore possible ça ? Question sans réponse, silence dans la tête et la nausée qui remonte au galop comme pour lui dire j’suis là. Pas sur les godasses alors… Mais rien ne vient, juste la sensation de se casser la gueule, encore et encore. « - Si… Non. Je sais plus, c’est le bordel dans ma tête, j’ai l’impression qu’il manque des choses. » Couine et s’accroche à ses bouclettes humides, fort, plus fort. Sentir ses doigts contre son crâne le gêne, appose l’esquisse d’une grimace tordue sur la bobine déconfite et il lâche sa tignasse. Tête de fou qu’il doit avoir, le gamin abusé et paumé. Lui qui ricane maintenant, à poser un regard vague sur le décor, les quais déserts. Juste eux, et deux cadavres. Le clapotis de l’eau, le grincement des coques face aux remous. Eux et rien d’autres.

« - C’est pas le genre d’endroit qui attire la justice, personne va s’inquiéter de ce qui se trame dans une ruelle sombre, t’en fais pas. » Il y a quelque chose d’affreusement noir dans ses mots. Une fatalité morbide qui jure avec la délicatesse apposée sur son visage. Fébrile, il abandonne le mur, tend à nouveau le bras et empoigne l’épaule de son sauveur. Puissance des muscles sous la peau, chaleur fauve qui irradie contre la pulpe froide de ses doigts. « - Si tu me sers d’appui, je devrais y arriver. Arrête, juste, de bouger… Merde. » Serpents qui serrent plus fort comme pour l’enjoindre à rester immobile. Il sait, Ariel, que ce n’est pas l’homme qui bouge, mais ses sens qui lui rient au nez et se foutent de sa gueule.
« - Je devais être seul, on m’a dit que je rentrais seul, pourquoi ces types alors ? Je comprends pas… » Faisons un puzzle, toi et moi… Pièce manquante qui lui saute aux yeux et au cœur, bulle de hoquet s’échappant des lippes, l’autre main qui s’écrase à plat contre le torse de Sahara. Le corps qui fait volteface pour se tenir face à lui, et s’agripper plus fort encore à l’ancrage qu’il représente. « - Ils m’ont drogués ces connards, je vois pas d’autres options. Fais-le s’arrêter, Sahara, il bat trop fort, ça fait mal. » Supplie du bout des lèvres, pas certain d’être logique dans ses propos. Pas certain non plus que ses gestes le soient aussi. Il hoche de nouveau la tête, acquiesce silencieusement à la question. Tu vas pouvoir marcher ?
En équilibre sur une lame de rasoir, mais fait moi partir loin d’ici.


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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Ven 21 Déc - 16:37

Le Kraken est suffisamment obstiné pour s'en tenir à ses valeurs et refuser l’asservissement. A toujours refusé de choisir un camp, dans cette guerre qu'était la vengeance. Un air énigmatique régne sur son visage. Les souvenirs n’arrêteront jamais d’inonder sa conscience. Le venin de la haine qui a coulé dans les vies comme dans les veines. Farah. Il aurait dû l’installer sous une couche glacée aux cotés des cadavres mutilés. Pour ne plus jamais se perdre dans ses pupilles cruelles qu’il haïssait de toutes ses forces. Paradoxal, le pirate imagine les mots réconfortants qu’il lui aurait adressés en retour, s’il en avait eu la possibilité. Aujourd’hui, son silence est pesant. Il le brutalise, un peu plus à chaque seconde. Il a couché sur papier son état de désespérance à maintes reprises, créant une connexion mentale avec le défunt. Il se souvient encore des dernières lettres que sa plume a caressées, de la couleur des gouttes d’encre qui sont tombées sur sa feuille de papier et qui ont gâchées son précieux travail. Il s’agit là de la dernière esquisse qui a précédé sa chute et sa métamorphose. Ses paupières se ferment et ses narines se dilatent, alors qu’il se remémore la conversation qu’il a eue avec Farah dans son esprit.

Leurs deux mondes séparés par une barrière invisible. Et pourtant, il est resté accroché à son petit frère. Enfermé à double-tour dans cette prison qu’il a créée pour lui. Qu’il devienne un être maléfique duquel émanaient de violentes ondes assassines a façonné son esprit et sa personnalité. Farah est à l’origine de cette relation spirituelle. Et puis, il l’a lâchement abandonné. A croire qu’il a tout simplement pressenti ce qui allait arriver. Le remord ronge son être dans son intégralité. Il n’attendrait jamais une quelconque clémence. Il ne la mérite plus, désormais. Probablement destiné à rejoindre les enfers. Sahara n’a pas été en mesure de le sauver de sa déchéance, alors qu’il a tranché bien des têtes sans même lever un sourcil. Il en crève, de le savoir si loin. « C’est la différence entre toi et moi. Je n’ai jamais choisi de camp ». Faire table rase de toute cette violence. Que les incendies cessent d’éclairer les champs de batailles et que la paix soit enfin restaurée dans le monde. Des valeurs idéalistes dont il a hérité, qui, autrefois, faisaient parties intégrantes de sa personne. Durant trop longtemps, Il a caressé l’espoir utopique de mettre un terme à cette existence minable. Des vaines tentatives réduites à néant.

Le mal est présent en chacun de nous. Il ronge l’âme comme un acide rongeant l'acier. Tout être possède son propre fragment de mystère et de noirceur. La colère, la luxure, l’avarice corrompent le coeur des hommes. Pouvant plus ou moins contenir les passions, les désirs, les pulsions interdites.  Et le Kraken le rapproche de l’animal, qui agit selon ses instincts et sans réflexion aucune. C’est le regard de l’homme qui revient sur Ariel, sans défi et avec une infinie compassion. Précieuse marque d'humanité qui le tient éloigné de ses propres ténèbres. Il éprouve le besoin de recoller les morceaux de son esprit fragile, d’accomplir une bonne action en refermant ses plaies. « Une chance que je puisse t’aider à faire le tri dans ta mémoire. Je n’ai rien oublié ». Ariel. Celui qui a permis à ses prunelles aux allures apocalyptiques de retrouver leur éclat doré, teintées d’affection au contact des siennes. Il lui a offert une épaule réconfortante, un peu de son essence pour combler sa solitude et guérir ses peines. Il lui doit une fière chandelle. La lueur de reconnaissance qui brille dans son regard, la tignasse aggripée sans retenue, réveillent de nouveaux souvenirs.

Ariel trouve une braise sous les cendres de son âme autrefois asservie. Sahara, il en soupire d’aise. La vie sans ses proches était vouée à l’obscurité. Il n’y a pas survécu longtemps. Il a trop besoin d’eux, de leur sourire, de leur chaleur. « Je ne tiens pas à prendre le risque de redevenir le bâtard des cachots ». Sa voix trahit son inquiétude. Trop loin de toute civilisation. Trop loin de tout, il ne connaît rien des règles instaurées par les dirigeants. Refuse de subir la pire torture qu’il puisse exister. Les épaules tremblantes, l’abdomen malmené, la respiration désordonnée, il enchaîne plusieurs mouvements pour le hisser loin de ces giclées sanglantes. S’immobilise face au spectacle de désastre qui se joue devant ses yeux. Ariel qui se laisse engloutir par ses tourments. « Bois mon sang ». La voix, gravement vibrante et posée. Il mettrait tout en oeuve pour apaiser son supplice. Il fait peine à voir, avec ses joues creuses, le teint fantomatique. Cette mine abattue ainsi affichée le rendant aussi fragile qu’un nouveau né.
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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Mar 25 Déc - 11:51



Mots trop lourds dans la tête, trop adulte. Trop plein de cette sévérité collée sur les traits de l’homme à ses côtés. Mémoire en foutoir, mais il lui semble qu’il n’était pas vraiment comme ça avant, Sahara. « - T’es trop sérieux. Ca doit être tellement chiant et fatigant d’être toi. » Qu’il balance avec une mine déconfite comme s’il venait de se coller du citron sur la langue. A moitié conscient de ses paroles, ricane pour faire passer le malaise qui lui broie la poitrine d’un seul coup. La poupée de sang tangue sur ses guiboles, sent son cœur qui cogne toujours aussi fort contre ses côtes, mais il a l’impression que c’est en train de devenir plus acceptable. « - Chance. Tu aurais dû venir avec moi, tu pourrais faire le tri là aussi. » Pauvre souffle fébrile, pensif, les doigts qui s’accrochent doucement aux fripes du marin. Rocher en pleine tempête, pas question de le lâcher. Apocalypse au corps, les sourcils se froncent, tressaille le pantin face à l’inquiétude qu’il croit percevoir dans les mots. Pas certain de comprendre ce qu’ils veulent dire, plus tard peut-être que ça lui reviendra. Valse ratée de deux êtres voués à tanguer, la créature se laisse faire malgré tout. Malhabile dans un carcan de chair qu’il contrôle pourtant à la perfection d’ordinaire. Laisse-moi là, me rouler par terre et m’endormir. Ca passera plus vite si je ne pense plus à rien. L’œil vague parcourt les quais, vide, crasse et flotte. Pas vraiment son élément, un décor fatigué de film gore, l’horreur à chaque fois de coque vacillante au gré des flots. Ca lui retourne encore un peu plus le ventre alors qu’il se concentre sur le roulis bizarre d’un petit esquif fatigué. Tu crois que j’ai le pied marin ? La question est tellement stupide, le fait glousser dans les brumes de ses pensées. Lui, il reste sur la terre ferme, les pieds coincés dans le sable à contempler les voiles s’envoler vers la liberté. Enchaîné au sol, ni fait pour voler ou voguer. Juste bon à se casser les dents sur le bitume, encore et encore. Petite poupée balancée par des gamins aux caprices dégueulasses, délaissée dans un coin de la chambre pour être reprise par le gosse suivant. Un soupir rauque lui gratte les lèvres, celles-là qui sont atrocement sèches malgré l’eau ingurgitée.

Et l’ordre qui lui vrille le cerveau. Comme un coup de fouet dans ses neurones en pleine crise de perdition aiguë. Non, fais-pas ça s’il te plait. Ariel secoue la tête, refuse. Il sait pourtant, que l’impact de ses mots est viscéral, s’inscrit jusque dans le tréfonds de sa conscience mutilée. Il sait qu’il en crève d’envie, de percer ces veines et se noyer dans les vagues carmines à la tiédeur rassurante. Pauvre petit végétarien. Je ne suis qu’un désastre ambulant, c’est de la pitié tu crois ? Que veux-tu que ce soit d’autre ? Un vague reste d’une amitié fanée ? Comme toutes celles qui jalonnent sa vie et qui semblent vouées à mourir dès qu’il s’y accroche un peu trop. Garder la tête haute et se la fermer dans l’espoir qu’elles restent à portée de doigts. Sahara, il était tout pour lui. L’orbite sereine de sa constellation miteuse. Un point de repère avant que tout ne s’effondre pour de bon. Qu’il disparaisse lui aussi, comme pour lui faire comprendre qu’il est inutile. Attirant à la compagnie agréable pendant un instant, puis on s’en lasse et on le laisse. Il s’en crame ses pupilles figées d’un relent de sel brûlant, ravale la faiblesse dans un battement de cils frénétique.

« - Je pourrais te tuer… » Murmure paniqué aux doux relents suaves. C’est plus fort que lui, une invitation à laquelle il ne peut pas résister. Fasciné par la voix grave, l’autorité qui s’en dégage, l’humain abdique et l’oupyr savoure sa victoire. Fantôme fragile pressant ses chaînes contre le corps fort de son sauveur, une main toujours enroulée dans les douceurs de la chemise, l’autre échouée contre la nuque, récif délicat qu’il effleure du bout des doigts. Caresse la naissance des cheveux, au souffle caressant la mâchoire. La gorge qui s’offre au gré de son délire, exploration sensuelle inscrite sur le bout de sa langue, celle qui redessine la cartographie violine sous la chair. Veines aux pulsations qui résonnent contre ses lèvres, à lui faire chavirer le cœur.

Illusion factice d’un regain de vie, le prédateur s’enroule dans les limbes de cette séduction qui lui colle à la peau. Resserre doucement sa prise, embrasse presque avec tendresse la ligne musculeuse de ce cou qui le rend dingue. Vas-y que lui hurle le sang à chaque propulsion aortique. Délice à en crever, les quenottes ne se font pas prier, transpercent la coquille fragile. S’enfoncent sans peine jusqu’à faire péter la digue, rouler le carmin contre sa langue à le faire soupirer d’une extase meurtrière. Goût de fer, subtilement salé, chacun sa saveur. Celle de Sahara gravée dans sa mémoire sanglante. Souffrance et plaisir, comme à chaque fois qu’il s’en prend à un être qui lui est cher.
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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Dim 13 Jan - 20:49

Observer en silence. Analyser, éplucher les faits et gestes. Le visage inexpressif qui cache le raz de marée de pensées qui le submergent. L’esprit qui tâche sans cesse de suivre un raisonnement logique, hanté par le poids de chaque décision à prendre. Le crâne qui semble se briser dans un horrible craquement d’os, à force de chauffer à plein régime. Habitué à cogiter puissamment de façon à élaborer des plans solides et réalisables. Assez flexibles pour tenir compte des imprévus. Refusant de tomber dans le piège d’une étude bien trop rapide. La réflexion s’intégrant dans chaque aspect de son existence. Obligé dès son plus jeune âge de supporter les fracas assourdissants qui s’élèvent le long des sentiers de guerre qu’il refuse d’arpenter. Tenté de lever le voile sur ces mystères. De comprendre les mécanismes humains. La difficulté d’une tâche qui ne l’effraie pas. Des actions qui se soldent pourtant par des échecs douloureux. Partir à la découverte de toute la beauté et de toute la laideur que recèle la complexité de tout être vivant doté d’une conscience. Résoudre l’énigme de ce temps perdu qui lui barre encore la route, alors que cette sensation de brûlure ne disparaîtra jamais, en vient à se livrer à un combat perdu d’avance. Un sourire malicieux accroché à ses lèvres, il reconnaît l’ineffable vérité. « Touché ». Retrouve cet aspect moqueur et espiègle, presque insouciant, perdu trop longtemps.

Plus les virées en mer se répétaient à ses côtés, plus il s’était mis à envisager d’autres possibilités jamais soupçonnées. Celle de s’ouvrir à une nouvelle façon d’être et de faire, plus harmonieuse. De connaître la sensation de légèreté et de fluidité. Ce sentiment nouveau de libération de soi. Les larmes avaient cessées. L’écoulement du sang également. Le cerveau en pause, seul comptait le contact léger de sa main sur son épaule. Ce regard confiant ancré dans le sien. Les vagues tantôt colériques, tantôt paisibles, qui s’élancent à la poursuite du sable fin. Comme hypnotisés par cette masse d’eau en mouvement, ils étaient imperméables au monde extérieur. « Nous sommes dans le même bateau ». Qu’il répond, en arquant un sourcil intrigué, déterminé à trouver ce qui se cache derrière l’horizon, au-delà de la simple vision. Ariel, l’espoir qui perce son enfer. Dénué de tout artifice, épris de liberté. Il ne devrait se sentir à sa place qu’à bord d’un voilier, perdu entre ciel et terre. Révolutionnaire dans l’âme, prêt à combattre à tout instant pour s’éloigner de cette réalité sinistre. « Mais ce n’est pas moi qui m’adonne à des jeux vicieux et dangereux, ce soir. Sous l’effet d’une drogue qui me grille le cerveau. C’est récurrent ? ». Inutile de se perdre dans de longs discours moralisateurs. Les yeux confus, les lèvres légèrement serrées, il meurt d’envie de comprendre. De lui conférer un sentiment de sécurité intense, ou ne serait-ce qu’un maigre réconfort. De le laisser agripper avec force ses épaules, alors que son stress atteint un point vertigineux.

S’efforcer de rattraper le temps perdu, après des années d’isolement quasi complet. Le laisser goûter à cette peau duveteuse renfermant une chair juteuse et salée. Scindé entre compassion et don de soi. Le mépris pour la malédiction que sont la haine et la rancœur. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. « Je te fais confiance ». Il a fallu beaucoup de temps pour qu’Ariel gagne son amitié. Dressés ensemble face au monde. Planté devant lui, à scruter les traits du jeune homme tourmenté qu’il était, à panser les plaies sanguinolentes guérissant aussi vite que les douloureux souvenirs à son contact. Une amitié qui aurait pu vaincre les pires monstruosités. Un retour à la case départ qui le réjouit. A ses yeux, Ariel n’a jamais été mort et enterré. Une vague de frissons parcourt sa colonne vertébrale, alors qu’il sent le danger planer au-dessus de lui. La caresse brutale de l’asservissement, l’adrénaline qui prend aux tripes. S’échappe une exclamation lascive, alors que l’épiderme effleuré par le souffle du prédateur se couvre de perles de sueur, que le dos s’arcboute et se creuse, ondulant sous la force de ces palpations suaves puis sadiques. La tête penchée en arrière, il sent cette bouche indécente chatouiller la peau blême de sa nuque, marquer l’endroit pour y laisser les fantômes des frôlements libidineux qu’il haie de toutes ses forces, qui aspirent toute volonté à la victime qu’il incarne et resteront certainement gravés dans sa mémoire. Baigné dans sa concupiscence perverse trop intense, cette tension malsaine qui paralyserait tous ses muscles. Et l’énième contact qui fait naître une nuée de sensations piquantes. La sensation d’écrasement qui augmente. La douleur qui fouette les sens d’une manière étrangement agréable. Un cri rauque qui finit par sortir de sa gorge contractée et serrée.
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Cast out the devil sins ϟ Sahara - Sam 19 Jan - 18:01



Se perdre en chemin, et ne pas retrouver sa route. Ils se sont éloignés, ces deux êtres pourtant si proche. L’un s’est noyé dans son sérieux quand l’autre se laisse bouffer par ses démons. Trop différents pour réellement se comprendre, le vampire et la créature des fonds marins. C’est pourtant dans ces instants fugaces où se révèle l’autre, le Sahara d’antan que tout prend son sens. Réalise alors que rien n’est perdu, qu’ils sont toujours là, l’insouciance morte mais la fureur d’exister toujours ancrée au cœur. Parce qu’il est incapable d’ignorer ceux qui lui ont été cher, qui le sont encore. Ce pilier de son existence au moment où elle se cassait la gueule. A nouveau là, droit au milieu de la tempête qui sévit dans sa tête et sa carcasse. Celle qui se presse plus fort contre le corps, à sentir les muscles se contracter sous la pression de ses doigts. Un sourire triste sur les lèvres pressées contre la chair, après la moue gênée ayant suivie la question. Récurrent, pas vraiment. Un peu au fond, dès l’instant que s’alignent les billets verts, il abdique et se plie. Maussade en bord de cils, il se fait tendre de son geste, Ariel. Caresse doucement du bout des doigts les mèches ténébreuses, amant fébrile à l’intention fausse de réconforter son compagnon.

« - Tu ne devrais pas. » Murmure fragile contre les veines, glisse sur les cahots d’une voix qui se brise. Personne ne devrait lui faire confiance, lui-même n’a plus vraiment foi en ce qu’il est parfois. Ange et démon, cet autre qui le ronge. Cet autre qui est en train de gagner la lutte, prend son essor lorsque se perce l’enveloppe fragile, la veine en dessous. A vibrer d’un plaisir sale une fois le sang contre sa langue. Ne lui fais pas de mal… Mordre plus fort, s’agripper plus fort, comme dans ces films où carnage et sensuel s’assemblent pour donner à la scène un quelque chose d’irréel. Il pleut dans mon cœur, des larmes de sang, du vermeil au coin des yeux. Il a mal, l’argentin, de faire subir ça à Sahara. Perte de contrôle provoquée par la demande, celle qu’il ne pouvait pas refuser. A sentir les brumes dans son esprit foutre le camp, se dissiper doucement pour faire apparaître les ruines de sa journée sous les rayons d’un jour maussade. Ombres de doutes, vides à combler, des pièces à ramasser dans la merde et l’écarlate. Plus tard. Son cœur éclate, lambeaux de chair fracassés de battre trop fort. A bout de souffle, Ariel lâche prise. Cueille du bout de la langue les rubis jaillissant des entailles. Et ne bouge pas, blottit contre ce cœur qui bat aussi fort que le sien, il le sent, contre sa poitrine. Machines étrangères battant à l’unisson la partition d’un exquis carnage. Soupire un merci à peine audible contre la gorge abîmée. Je suis désolé.
Il t’a demandé de le faire. Tu le voulais, arrête de t’excuser.


« - C’est pas récurrent. Ce n’est pas non plus quelque chose qui m’est étranger. » Souffle à peine, il s’abîme les doigts contre les épaules de Sahara. S’y cramponne une dernière fois avant de lâcher prise. « - Je suis une pute Sahara. On me paie pour ces jeux de merde, je n’ai pas le luxe de refuser. On ne m’avait jamais drogué, je pensais pouvoir m’éviter ce genre de truc, tu sais, être suffisamment prudent pour pas me retrouver à trembler de trouille au moindre coin de rue un peu trop sombre. » Ricanement cassé qui lui échappe, il la sent déjà, la trouille qui lui gratte le ventre, pour ne pas qu’il l’oublie. « - Tu l’imaginais comme ça, ta vie ? A l’époque ? Qu’on deviendrait ça ? » Il agite les doigts, grand geste englobant leurs deux silhouettes, les quais et les cadavres abandonnés plus loin. « - Mon bateau coule, je le répare avec du scotch, tout le temps, mais il coule, attiré par le fond comme un foutu aimant. » Pas fait pour être marin, sa vie, c’est le Titanic. Toujours à se prendre ce putain d’iceberg dans la gueule sans pouvoir l’éviter. Hausse les épaules, soupire. Le goût du sang dans la bouche, toujours là, il lui retourner le bide. Et teinter d’écarlate un univers qui se dessinait en nuances colorées. Monochrome maintenant, faudra s’y faire.

Petite latence en silence, les pupilles qui volètent contre la silhouette de cet ami perdu de vue pendant si longtemps. Pas certain de l’avoir véritablement retrouvé, en partie seulement. Comme lui, ils ne sont plus les mêmes. Le bras se tend, main qui se pose doucement contre le bras à la peau tannée, et les doigts qui la pressent. Tendres, murmures un merci, pour tout trouvant écho dans le regard qu’il lui lance l’argentin. Pas vraiment capable de dire quoi que ce soit, les mots s’empilent sur sa langue mais ne parviennent pas à sortir, englués dans le sang qui traîne encore de ci de là. Il en aurait des choses à lui dire Ariel, à cet ami perdu. Rattraper les années passées loin de l’autre, se bousiller le crâne à trop en dire. Mais c’est le silence qu’il choisit. Le mieux après ce qu’il vient de faire, le cœur battant de Sahara encore en rythmique dans son crâne. Les doigts pressent une dernière fois, hoche la tête dans un mouvement entendu le marin, et il le lâche. Se détache de l’instant, s’en arrache à contre cœur, frissonne comme un dingue dans la brume empoignant les quais. Se détourne alors et s’éloigne de plusieurs pas. S’arrête pour regarder par-dessus son épaule mais il est seul. Déjà partit Sahara, comme une ombre. Trouille au ventre, l’argentin accélère le pas, suffoque sous le poids de tout ce qui vient de se passer. A lui coller la migraine, boule de larmes en fond de gorge et le bide qui se retourne, encore et encore. Joyeusement.
Toujours joyeusement.

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