Quelle obsession, que ma passion - Mer 25 Juil - 20:05
Je vous en veux un peu d’être trop charmante. Songez donc que, quand j’emporte le parfum de vos bras et de vos cheveux, j’emporte aussi le désir d’y revenir. Et alors, quelle insupportable obsession ! @ANNALISA FJALARSDOTTIR
Tout va. C'est un constat qui fait du bien au moral. Les derniers temps ont été assez troublés ; toujours ces mystères sanglants sans réponse, les gangs qui s'échauffent sans jamais éclater pour de vrai. Cette soirée est une réussite ; on pourrait presque croire que l'ambiance est bon enfant. Bien sûr, les masques rendent tout plus facile, plus accessible. Le champagne coule à flot, vient irriguer les veines des convives trop heureux de n'avoir eu que leur tenue à payer. Il pourrait pester, traiter cette masse d'invités de sales petits profiteurs. Y aurait de quoi : la note s'annonce exorbitante, entre le service, la boisson et la bouffe quatre étoiles. Ce n'est pas tous les jours que la Nuova troue ses poches pour tout Arcadia !
Y a des gens qu'il reconnaît, forcément. D'autres qu'il devine mais ne parierait pas sur leur identité. Et y a des personnes qui sont tellement enjouées qu'elles en oublient qu'il s'agit d'un bal masqué, ou tout le monde est sensé la jouer anonyme. Annalisa est de ceux-là. Sa voix est parvenue à Alcide, qui d'ailleurs ne lui en tiendra pas rigueur. La jeune femme est affublée d'une perruque blonde et d'un masque. Pour l'occasion, elle a enfilé une robe... corail ? rose pâle ? coquille d'oeuf ? Sait pas. Il lui demandera, une fois qu'elle se sera éloignée d'une personne qui répond trop aux critères physiques d'Aislinn O'Reilly.
Entre temps, il a bu quelques coupes, échangés avec des fortunes d'Arcadia, des investisseurs de l'ombre. Les mains croisées dans son dos, Alcide s'avance vers une personne sertie de boucles d'or. La belle est seule dans son coin, semble inclinée vers l'avant, très concentrée. Peut-être remet-elle sa lentille à l'endroit. Qu'importe ; il s'approche par derrière, délie ses mains et vient les poser sur chacune de ses épaules. La voix basse, il se penche et peut s'apercevoir dans son miroir de poche. « Tu es venue seule ? »
Quelle obsession, que ma passion - Dim 29 Juil - 0:25
Je vous en veux un peu d’être trop charmante. Songez donc que, quand j’emporte le parfum de vos bras et de vos cheveux, j’emporte aussi le désir d’y revenir. Et alors, quelle insupportable obsession ! @ANNALISA FJALARSDOTTIR
Les lèvres peintes s'étirent et un sourire se dessine. C'est bien elle, malgré cette drastique métamorphose capillaire. Il a du mal à s'y accommoder et encore plus à le cacher. S'emploie à zieuter la demoiselle d'un air dubitatif, comme si quelque chose n'allait pas droit. « Tu es une fausse rousse ? » Qui ne demande rien ne saura rien !
Et c'est bien sa voix qui le complimente sur son déguisement a deux balles. Et son regard qu'il croise, pétillant comme le champagne qu'on sabre ce soir. A cet instant, il décide de modifier sa conduite, son comportement sans doute trop impulsif. D'une parce qu'il ne tient pas de fourchette pour lui perforer l'index, de deux parce qu'il serait déplacé de mettre son invitée mal à l'aise.
« Non je suis avec mon ami. Ça aurait été triste de venir seule à une si belle réception ! Il lui rend son sourire. Oui, la soirée est faite pour ça, pour éblouir les yeux et les esprits. Imprimer l'idée que la Nuova Camorra sait inviter. Y a juste l'idée qu'elle est venue accompagnée qui l'intrigue. L'impression s'enfuit aussitôt, car après tout, elle est femme et sait s'amuser. Je suis content d'entendre un si bon retour. On y a travaillé d'arrache-pied, mais il faut marquer le coup, pour la trêve. La fête plaît à ton ami ? » Un peu plus et on le croirait hippie.
Parvient-il à s'amuser ? Pas tellement. Il songe déjà à la suite des festivités, c'est tout juste s'il ne s'étouffe pas d'impatience sous son masque d'argent. Il jette des regards à la salle de bal et avoue. « Je ne suis pas très serein, l'alcool risque de provoquer des débordements, j'ai déjà entendu quelques altercations... La paix à Arcadia... » ne dure jamais.
Quelle obsession, que ma passion - Mer 1 Aoû - 17:23
Je vous en veux un peu d’être trop charmante. Songez donc que, quand j’emporte le parfum de vos bras et de vos cheveux, j’emporte aussi le désir d’y revenir. Et alors, quelle insupportable obsession ! @ANNALISA FJALARSDOTTIR
Apprendre qu'on intimide Annalisa le met presque hors de lui. Surtout pour des fréquentations, et ce qu'importe leur nature. Alcide n'est pas familier avec les us et coutumes des soviétiques mais son petit doigt lui dit qu'ils sont pour le moins invasifs. S'il a déjà haussé le ton envers elle, c'était pour la bonne cause. C'était pour savoir. Au bout du compte, elle n'a rien avoué ni réfuté. Retour à la case départ. Peut-être faudra-t-il relancer la question avec plus d'insistance, moins de sourire et une voix plus grave... mais pas ce soir.
Elle lui demande de faire preuve de discrétion et il acquiesce sans sourire. « Muet comme une tombe. » Il est même tenté de réclamer une danse mais au vu de la soirée, ça risque d'être difficile à programmer. C’est qu’il y a un traître à faire hurler… Et les orages qui semblaient prêts à éclater sont étouffés par l’entrain d’Annalisa. Elle y croit, à la fête parfaite, aux sourires et aux beaux souvenirs. A la trêve et au calme. Elle y croit mais voit bien que quelque chose ne va pas. « Qu’est ce que tu en penses ? »
En règle générale, la paix est souhaitable et est propice à un tas de trucs pour un pays. L’économie devient stable, les gens dépensent plus facilement, ont moins peur et plus de coeur. Mais à l’échelle d’une ville déchirée par le crime, la paix n’est pas une priorité. Qui dit cessez-le-feu dit trafic d’armes endormi. Ainsi de suite et les mafias sont au chômage. Puisqu’elle lui a confié un secret, à son tour de se livrer. « Je ne sais pas... mais c’est important de fêter. Et puis, ça nous permet à tous de souffler. Il réajuste son masque et passe une main dans ses cheveux. Il a chaud et le champagne, aussi cher soit-il, ne rafraîchit pas tant que ça. Pensif le Bellandi. Le problème, c’est que la paix ne peut pas être éternelle. Il y aura forcément quelque chose pour la troubler, et après l’histoire des oracles, je n’ose pas imaginer.
Si la Bravta prépare un sale coup et que tu es mise au courant, préviens-moi. » Ce n’est pas vraiment un ordre. Plutôt une demande, une porte ouverte. Ce n'est pas la Nuova qui lui reprocherait ses fréquentations, qui ferait de ses enfants de la chair à canon.
Quelle obsession, que ma passion - Mer 1 Aoû - 19:30
Je vous en veux un peu d’être trop charmante. Songez donc que, quand j’emporte le parfum de vos bras et de vos cheveux, j’emporte aussi le désir d’y revenir. Et alors, quelle insupportable obsession ! @ANNALISA FJALARSDOTTIR
Il ne la connaît pas tant que ça. Seules ses courbes et son sourire lui sont familiers. Ses tracas domestiques et politiques, elle ne les a jamais aussi bien évoqués que ce soir. C’est sûrement l’alcool qui délie sa langue et son coeur en transe. Et Alcide lui en est reconnaissant : cette franchise pourrait permettre de poser un pied chez l’ennemi. Une pseudo paix ne changera pas le regard de la Nuova Camorra. La Bravta reste à surveiller de près.
Annalisa est tendue, ou tremblante. L’un ou l’autre. Sous ses boucles aussi belles que fausses, elle transpire l’angoisse. « Je n'ai jamais vraiment été dans leurs petits mouchoirs, maintenant on me regarde comme une traîtresse, j'en suis sûre. » Tout ce qu’elle confesse, il l’entend et l’enregistre. Il brûle d’envie de demander pourquoi. Pourquoi cette peur, cette nervosité. Pourquoi serais-tu un danger ? Qu’as-tu fait ? Mais il ne veut pas l’acculer et la bombarder de questions. C’est connu : un animal qui a peur finit souvent par mordre.
Il n’ose pas non plus l’interrompre. Tout d’un coup, elle semble plus âgée. Ses mots sont pétris d’un sérieux qui n’a rien à voir avec son optimisme habituel. C’est difficile d’imaginer qu’une personne aussi solaire puisse être habitée de doutes et de méfiance. Et elle a raison : elle a tout à perdre. “Ma vie et celle de mes enfants”, et il semble évident qu’elle met la leur en premier plan. Corde sensible qui produit une douce musique. Celle de l’opportunité.
« Si je t'appelle à l'aide est-ce que tu viendras ? » Difficile à dire. Dépend de la situation. Il ne sacrifiera rien d’irréparable pour elle, et elle doit bien s’en douter. Mais si la situation se présente un jour, ce sera l’occasion de sauver une femme qui l’a fait voyager, et mieux encore : d’insulter la Bravta. Tant que cela ne détruit pas la pseudo-paix, Alcide peut y consentir.
Les poignets prisonniers, son regard ancré dans le sien. La tension est palpable. Il ne doit pas se défiler. Il doit soutenir sa demande, aller dans son sens. Se porter garant. Es-tu fou ? Sans doute. Il répond à voix basse. Nulle angoisse, rien qu’une froide vision des choses. L'efficacité doit surpasser l’émotivité. « Je ne sais pas ce que tu as fait, Anna. Mais je viendrai. Le jour venu, il n’y aura pas de dommage collatéral. Il imagine bien qu’un enfant perdu, ce n’est pas égal à “dix de retrouvés” mais à un coeur fissuré. Ses doigts viennent trouver ses poignets. Après la promesse, c’est l’heure des modalités. Il te faudra être discrète, ne rien omettre. Sinon, je ne pourrai pas aussi bien t’aider. D’accord ? » Parce qu’une confidence ne peut abriter un autre secret.