Hazel & Lis

Put it down

Oh ma belle, comme tu t’avances dans les rues, dans ta robe. on oublie souvent que tu as les mains sales. Oh ma belle quand tu avances avec ta robes courte, on pourrait te croire charmante.

Si ce n’était pas les véritables odeurs de son enfance, c’était ce qui s’en rapprochait le plus. Mais après tout, Lis ne pouvait pas réellement prendre ses jeunes années comme un point de référence pour tout ce qui pouvait être heureux. Non pas qu’elle fut traumatisée, mais elle ne connaissait que trop bien, l’instabilité des récurrents, son enfance en avait été rythmée. Pour autant, c’était sa longue silhouette assurée par la pénombre naissante de la fin d’après midi que ses pas résonnaient dans la ruelle étroite du marché russe. Il n’était pas rare de croiser Lis dans les parages après tout, elle faisait partie de la communauté depuis trop longtemps pour qu’on ne connaisse pas ses habitudes. Si elle venait rarement c’était qu’elle était souvent trop occupée soit à se terrer dans son atelier, soit à tuer et dans ce dernier cas, elle jonglait avec de longues périodes de fatigue et de sommeil. Mais pour une fois, la voilà flânant dans les ruelles, habillée d’un robe légère portefeuille, à col rabattu, les motifs noirs et gris rappelait le fait que malgré ce mois de juillet, elle mettait un point d’honneur à ne pas porter autre chose que toutes les variations de noir, de gris, ou de blanc. On oublierait presque qu'elle a un rictus quand elle s'en va la lame à la main.

Elle aimait l’ambiance de cette ruelle. Elle aimait l’ambiance, et les couleurs, et puis le côté coupe gorge. Un côté qu’elle connaissait bien, hier encore fallait il en en couper, elle sortait d’un sommeil agitée, c’était surement une des raisons pour lesquelles en se permettait ce petit détour, histoire de faire quelques stocks pour les jours à venir, que ce soit en Pirojki, mais surtout en vodka et en café. Et pourquoi pas une part à emporter de boeuf stroganoff, mais elle se réservait le droit de ne pas céder à la tentation de la dernière boutique du marché. Elle salua un bon nombre des boutiquiers qui s’étonnaient toujours de sa présence alors qu’elle y venait depuis toujours, même quand son père était encore en vie et que son humeur le permettait.  Maintenant elle y venait la plupart du temps seule, que ce soit pour y acheter quelque chose, ou simplement s’installer prendre un café et attendre que la nuit tombe pour disparaître dans l’ombre. Elle entra rapidement dans la boutique où elle avait l’habitude de venir faire ses emplettes. Elle salue la gérante qui s’entête à lu parler russe alors que Lis n’en parle pas un mot. La seule réflexion qu’elle se faisait à se sujet c’était qu’elle aurait certainement du au moins faire l’effort de le comprendre. Mais le russe était une langue laborieuse, et Lis en parlait déjà trois. Les articles trouvaient petit à petit leur place dans le sac en toile que Lis portait avec elle. Et le butin se résumait à quatre paquet de café moulu, deux paquets de café soluble, rien de bien poétique, mais un liquide nécessaire au bon fonctionnement de la jeune femme.  On trouvait aussi de quoi se préparer le repas gastronomique des pâtes à la sauce tomate. C’est la tête quelque peu dans les étoiles à penser à plusieurs à fois, qu’elle arrive dans le rayon tant attendu, le rayon alcool, mais surtout vodka. Car ne nous mentons pas, qui voulait acheter de la vodka, devait l’acheter russe. Et Lis n’oserait en aucun cas contredire cette maxime.

Dans le rayon, une blonde, que Lis n’avait jamais vu dans le coin, et qu’elle n’avait d’ailleurs, jamais croisé dans le quartier. Il était rare que les gens se perdent dans le coin. Lis n’y prête pas plus d’attention, seulement un sentiment grandit. Elle ne saurait dire quoi. Elle approche, sans plus de cérémonie pour attraper la bouteille de vodka dans son champs de vision et ainsi terminé sa socialisation, jusqu’à la prochaine sortie.