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Honesty is the very best policy ♣ Alcide

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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Dim 5 Aoû - 17:41



Tout ça, lui, eux, a commencé ici, à Little Italy.

A vrai dire, l’origine du monde, tout ce qui fut, est et sera n’a d’autre antre que ce coin de soleil sur Arcadia. S’ils avaient été mexicains ou russes ou n’importe quoi d’autre, l’histoire aurait sans doute été différente. Moins éclatante surement. Moins tragique aussi.

Est-ce que ça avait seulement une quelconque importance ?

**

En réalité, l’histoire débuta ainsi : Vito pénétrant dans le salon de la résidence familiale, les semelles pleines d’une tournée ayant eu son succès d’estime, les manches bardées de nostalgie indicible et son père à quelques mètres de là. « Et bien... rien n’a changé. » Les mots sonnèrent faux dés qu’ils furent lâchés dans l’atmosphère. Tout semblait avoir changé bien au contraire. Bien sûr, il y avait la touffe brune de cheveux emmêlés que Vito devinait dans la chambre parentale et le style inimitable des vêtements taillés sur mesure sur Alcide mais Arcadia baignait dorénavant dans une nervosité crépusculaire qui s’était infiltrée jusque dans les recoins des ruelles de la Nuova Camorra. C’était dans la méfiance des regards et les chuchotis en des langues inconnues d’une rue à une autre. Arcadia avait été frappée par la foudre et la lumière -trop crue- avait illuminé un peu trop fort des habitants dorénavant pris au piège depuis.

Il avait toujours été une déception conséquente au regard d’un père régalien. « Je suis passé par la salle de boxe mais on m’a affirmé que tu étais rentré plus tôt. » Il y eu de la désinvolture dans le ton tandis qu’il passa dans la cuisine, une certaine raideur encore légèrement perceptible dans sa silhouette. Est-ce que son père lui avait manqué ? Pas vraiment. C’était avec Saturno qu’il conversait parfois au téléphone, à qui il envoyait des cartes ou des présents quand les villes étaient trop belles pour ne pas tenter d’en collecter un peu l’essence à travers quelques images ou bibelots. Et pourtant...C’est chez Alcide que tu viens en premier. Il inspira en ouvrant le réfrigérateur, se servit d’une bière avant de s’appuyer sur le plan de travail, comprenant à peine ce qu’il faisait ici à discuter avec son géniteur. « Je pensais que tu aurais changé les serrures depuis la dernière fois. Je suis presque surpris. » Il laissa quelques secondes flotter, les doigts engourdis par le froid de la bouteille. « Je ne compte pas repartir de suite cette fois-ci. » Il avait pesé cette révélation, l’indécision toujours cachée dans les recoins. Être ici ou ailleurs, loyal à un clan ou seulement à un homme, libre et enchaîné, on lui demandait d’être tant de choses qu’il finissait par ne plus être rien.

La bouche, rendue sèche par l’aveu, accueillit avec soulagement l’amertume de l’alcool. Son sac de voyage avait été jeté près de la porte et peut-être l’y laisserait-il intact par superstition. L’œil dériva sur les craquelures léonines de son père et il esquissa un sourire qui mourut aussitôt. « Les affaires vont bien ? » Tu vas bien ?

Tout allait toujours au sein de la sacro-sainte Nuova Camorra et quand elle allait mal, le remède s’avérait infaillible bien que digne des médecins du moyen-âge : des saignées. De quoi tirer les humeurs néfastes une fois pour toute.

Vito détourna le regard en prenant une nouvelle gorgée.


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Jeu 9 Aoû - 0:38



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Le soleil cogne drôlement cet été, si bien que l'appartement peine à conserver une once de fraîcheur. Malgré lui, Alcide décide de plier bagages pour la semaine. Direction son ancien fief, toujours dans Little Italy. Il fait rarement cadeau de sa présence à cette baraque d'autrefois. Chargée de souvenirs et de sentiments - parfois assumés, peut-être regrettés. Les murs lui font trop penser à elle. Les tableaux, à lui. À tout ça. Tout ce qui n'est plus, tout ce qui meurt entre ses mains sales.

Il est assis dans un fauteuil, les bras croisés et l'air pensif-végétatif. Le souvenir prend vie lorsque la voix de Vito s'élève entre eux. Une voix d'homme, la seule qu'Alcide lui connaisse. « Et bien… rien n'a changé. » Vito a raison : Frances est toujours morte. Les pièces sont restées en l'état, seul le contenu du frigidaire et les draps changent parfois. Mais Arcadia... La ville au coeur noir ne porte jamais le même visage.

La musique d'une capsule fêlée s'invite dans le monologue du fils. Bière achetée la veille. Alcide se décide à répondre, l'œil rivé sur la silhouette trop peu familière. Il ne saurait dire s'il a les cheveux plus blonds ou plus courts, s'il est heureux ou agacé de son retour. Il sait si peu de lui.

« Je ne t'attendais plus. Mais puisque tu es de retour, reste, peut-être. Quant aux serrures… les risques sont minces, je ne viens plus qu'occasionnellement. Et tu sais pourquoi. La maison me fait trop penser à toi, à vous. Vous qui a si rarement été un nous. La faute aux affaires, pas vrai ? Frances les détestait et elle t'a transmis son mauvais goût. Tu me connais, les affaires vont toujours. »

Et Vito annonce un retour durable, lui dont le coeur est si souvent appelé par l'ailleurs. Le lointain dont, selon Alcide, on n'a pas besoin. Mais qu'importe la durée du séjour, ses intentions, son esquisse de cynisme. « Tu es ici chez toi. La maison, le quartier... C'est important pour Alcide. Son fils peut bien être un globe-trotteur, un sale rêveur, jamais il ne sera chassé du domaine familial. Il aura toujours sa place, ses draps. Et le regard de son père sur lui plutôt que sur ses articles. Le regard d'un père qui ne comprend pas ce qu'il a raté. Mais qui cette fois, tente de s'intéresser. De feindre la curiosité. La tournée s'est bien passée ? Tu dois être fatigué. En tout cas, tu as manqué à Arcadia. » Note bien ; pas à moi. À la ville que tu quittes toujours pour mieux y revenir.


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Sam 11 Aoû - 13:41



La voix du père résonna âprement entre les murs blancs. Ici, il y avait eu des rires auparavant, surement y’en aurait-il d’autres qui ne lui appartiendrait plus vraiment. Les deuils avaient cette curiosité d’être semblables aux mers, l’éternité dans les vagues qui revenaient parfois vous lécher la peau sans que vous n’en ayez anticipé le reflux.

Vito inspira sèchement. Il avait horreur de se laisser aller à sa sensibilité, la faiblesse évidente dans la tristesse qui l’étreignait parfois à des moments inattendus. Il aurait aimé lui manquer mais ne l’aurait pas toléré non plus. « Je ne t'attendais plus. » Il eut presque un sourire à la vérité tranchante et à ce qu’elle suggérait. La rancune tenace afflua au fond de la gorge teinté d’une conscience aiguë des faits. Ça avait toujours été son problème finalement, voir trop clairement ce qui était, tant et si bien qu’il se retrouvait désarmé devant l’amertume des chemins que l’on traçait devant lui. Personne ne l’attendait plus vraiment à Arcadia en réalité. Sa mère l’aurait fait mais on savait tous comment cela avait fini, n’est-ce pas ?

La bouteille lui sembla lourde entre ses doigts et Vito esquissa un sourire voilé d’une ironie sage. La Nuova Camorra se portait probablement comme un charme, tout du moins c’est ce que l’on voyait dans les rues de Little Italy. « Tu es ici chez toi. La maison, le quartier... » Chez lui. Vito passa une main dans ses cheveux en défaites inavouées. Les prophètes prêchent souvent en plein désert. « Le soleil brille d’une façon différente ici, c’est vrai. La tournée a été un succès. On s’y fait un peu trop vite à l’adrénaline des planches. » Les mains sont aussi volubiles que la langue, le langage ancré dans chaque recoin du corps. « Je ne t’ai pas envoyé de places, j’imagine que tu ne serais pas venu. » La légèreté perla dans une œillade scintillante malgré le couperet dans les mots. Son père n’était pas friand de littérature, en tout cas pas qu’il ne le sache.

Mais il savait si peu de choses sur l’homme impérial siégeant devant lui finalement. D’abord par refus, la mine irritée par la présence alien auprès de sa mère, puis par rancune. On pleurait l’absence puis quand elle était comblée, on ne parvenait qu’à se concentrer sur le pourquoi maintenant et pas avant. Vito était curieux pourtant, le nez fouineur sous l’apparence polie, le regard moins insolent qu’inquisiteur. Son père était le don incontestable, ses enfants en flopée salvatrice tout autour. Vito ne se résignait pas pourtant à être un parmi d’autres, regardait d’un air sombre ceux qui se vantaient ouvertement d’être ses demi-frères et sœur, l’exception de Calliope comme vestige d’une humanité refoulée sur le sujet. Le dédain imprimait généralement sa marque sur ses lèvres à leurs mentions et, par orgueil, il ignorait leurs présences et leurs identités.

« Je vais surement postuler au Times. C’est un bon journal et les méthodes sont aussi honnêtes que tout ce qui se fait à Arcadia. Probablement. » L’ivoire étincela un maigre instant avant de se murer. Alcide n’avait jamais cherché curieusement à l’entraîner dans les méandres de la Nuova Camorra et ce fait laissait un gout d’incompréhension sur l’esprit de son aîné. Était-ce par désir de préservation ? Il en doutait fortement. Parce qu’il ne le pensait pas apte ? Vito cilla, le regard fixe sur Alcide, le défi au bout des cils. Le dégoût teinté d’une langueur indestructible aussi. Sa pauvre mère à l’accent écossais qui riait en faisant des lasagnes avait toujours haït cette pègre qui lui prenait celui qu’elle aimait, assez pour en couler le même sentiment dans le lait de son fils. « Qu’est-ce que tu en penses ? » Le goulot revint à ses lèvres, le geste fluide, comme s'il s’agissait d'une conversation entre deux vieux amis.

Ah.


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Dim 19 Aoû - 1:23



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Que la robe du soleil soit différente, Alcide veut bien le croire. Il le croit sans parvenir l’imaginer. Arcadia est son grand amour ; il ne l’a quittée que pour l’armée et les séjours italiens. Mais ça fait longtemps qu’il n’a plus foulé la Botte ou chanté l’hymne national la main sur le coeur. Ça fait longtemps qu’il n’a pas quitté l’air d’Arcadia. Qu’il n’a pas pris de congés pour faire dorer son torse entre deux palmiers.

« Je ne t’ai pas envoyé de places, j’imagine que tu ne serais pas venu. » La vérité, c’est que Frances aurait fait le déplacement. Elle aurait applaudi plus fort que tout le Paradis. « C’est très bien comme ça. » Il le dit tout en pensant que merde alors ! C’est laid un père qui ignore. Puis il se rétracte et raisonne ; s’il n’a pas encouragé Julius sur ses quatre roues, pourquoi le féliciter d’un succès dédaigné ? Le ravin est trop profond, trop sombre. Alcide ne voit plus que le gouffre au dépend de la rive voisine. Rien de nouveau sous le soleil.

L’oeil brillant de Vito n’est pas remarqué et encore moins envisagé. On ne pleure pas nous. On est des hommes, des hommes forts ! Des hommes qui s’entraident. « Le Times… Songeur. Qu’écriras-tu, Vito ? Ta réalité ? Ta vérité ne me plaît pas et tu le sais. Décalquée de saveurs que je ne comprends pas. Tu pourras en toucher deux mots à Silas, il compte racheter des parts du journal. » Silas qu’Alcide n’a pas hésité à accueillir lorsque M. Salvatore s’est fait descendre. Le grand-père était déjà sous les verrous à l’époque. Bien sûr, Frances a fait la grimace et la furie. Elle qui couchait avec le don avait à présent un enfant de la Nuova sous son toit.  

Les regards se croisent et se mesurent. Les années mortes et le présent brûlant. L’absurde et le néant. Il se lève. Et cette fois-ci, il remarque le geste de son fils. La façon dont ses doigts ramènent le goulot à ses lippes défaites. Virtuose de la bouteille ? Ça aussi, ce serait laid. « Tu te souviens bien de Silas. » Affirmation. On ne l’oublie pas comme ça, le petit poulain. Ce second fils qui écrit son histoire à la force de ses poings.

Vient poser son derrière sur un tabouret haut, cale ses pieds puis ses coudes sur le plan de travail. Miroir. « C’est une bonne initiative. Il conclut, offre sa bénédiction tout en redoutant les mots de Vito. Alcide sait bien qu’il ne reprendra pas les rênes de la mafia. Il n’a ni le coeur et les épaules pour ça. A moins qu’il n’utilise un nom d’emprunt, écrire des colonnes est un acte dangereux. Bellandi, on ne l’aime qu’à Little Italy. On le tolère encore vers les docks et les quartiers chics. Les monstres politiques le remercient. Mais le reste du monde… C’est une autre histoire. « Je sais que tu ne tiens pas autant à Arcadia que moi. Mais là… tu sembles en colère. Ou insatisfait. La belle ironie du père oublie toujours son sourire dans son lit. Ne garde pas ça pour toi. Alors, qu’est-ce qu’il y a ? » Parfois, crois-moi, il faut savoir frapper pour mieux respirer.



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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Dim 19 Aoû - 11:31



C’était presque amusant, les désirs pèle-mêle quand il s’agissait d’Alcide, tant qu’une vie n’y suffisait pas. De quoi remplir des carnets de psychologues new-yorkais, tiens. A 200 dollars la séance, il y aurait une fortune à se faire assurément.

Le sang se figea lentement dans les veines tandis que Vito cilla, comme hors de lui, l’hostilité glacé en écoutant l’italien parler de son enfant. Le véritable. Non pas Silas voyons, ce dernier finalement n’avait jamais eu de valeur que dans la soumission de ses parents en premier lieu et du sien en second à celle qui, justement, comptait réellement. Son demi-frère avait toujours été beaucoup trop simple d’esprit pour jamais le voir voilà tout. Ou peut-être s'en foutait-il royalement. Bonnet blanc et blanc bonnet.

La Nuova Camorra était celle qui possédait réellement les gênes d’Alcide, celle qui les avait toujours tous supplantés avec morgue. Ce que Frances avait compris bien avant tout le monde d’ailleurs. Vito n’était même plus certain de s’en sentir blessé à la manière dont il l’avait été plus jeune. Il avait appris à relativiser sur les routes, le caractère virulent de son rapport avec un père absent puis omniprésent outrageusement banal à bien y regarder. Est-ce que ça lui disséquait encore un peu l’âme comme sur une table de chirurgie de voir l'obsession paternel pour son enfant chéri et jaloux ? Oui. Est-ce que c’était important ? Non.

(Il n’était pas là pour le sauver)

Les doigts fouillèrent pour attraper le paquet de cigarettes au fond de la poche, les illusions parfum nicotine comme des promesses de cendres qu’il aurait aimé mieux agencer. Famille de merde. Sûr, l’arbre généalogique avait de la gueule avec les noms V.I.P. des oncles, paternel et demi-frères. Ça aussi, ça n’avait aucune importance, pas ici en tout cas, pas quand les dieux s’avéraient un miroir déformé de ses propres démons.

(Ça n’avait aucune importance quand on avait vu sa mère mourir à petit feu entre leurs pattes.)

C'eut été grave erreur de penser qu'il était revenu pour eux ou pour prendre une place qu'il n'avait jamais souhaité.

Vito esquissa un sourire qui n’atteint pas les yeux. « Silas ? Mmmm vaguement. Mais le Times, c’est un sacré achat. Tu lui diras mazeltov de ma part. » Il rayonna d’un mouvement sibyllin avant de déposer son briquet sur la table près de la cigarette. Plus tard il l’allumerait, le filtre incandescent à même d’éclipser quelques parcelles éparses de sa colère, le gouffre gigantesque intérieur qui abîmait un peu plus sa précieuse compassion humaine. La rancune était tenace chez les Bellandi, les masques coincés au niveau des carotides. « Je sais que tu ne tiens pas autant à Arcadia que moi. Mais là… tu sembles en colère. Ou insatisfait. » Un rire lui échappa, les dents râpant le bas des lèvres. « C’est le propre de l’homme d’être toujours insatisfait. » Il y avait des angles cruels dans cette cuisine maintenant, à l’image de celui qui s’était installé confortablement devant lui. « Ne garde pas ça pour toi. Alors, qu’est-ce qu’il y a ? » Vito arqua un sourcil avant de comprendre. Il lui parlait comme à un de ces mioches paumés qui atterrissaient dans sa salle de boxe, l’air de papa gâteau aux coins des rides, des petites miettes d’affection au creux des paumes.
Vito s’en voulu aussitôt de sentir ce besoin primaire de venir les picorer et inspira dans un abandon presque tendre, la langue désinvolte derrière l’émail des dents serrés.

Cela dura quelques secondes avant qu’il n’affichât un air faussement impressionné. « J’y ai presque cru. Il faudra venir sur les planches si j’écris une autre connerie, vraiment. Je suis censé faire quoi ici ? Te prendre en confesseur ? » Les deux coudes vinrent sur la table, le miroir résolument troublant. « Ou te servir d’expiatoire ? » Vito plissa lentement les yeux, l’azur en écho insondable. « Je me demande ce que le Don va faire de moi maintenant que je suis là… » Alcide n’avait jamais eu besoin de manger ses enfants pour ne pas être détrôné, il les avait tout simplement filés en pâture à la criminalité ambiante. Arcadia en était au stade d'indigestion chronique. Même la jolie Calliope, visage de rose et sang souillé, butait pour le compte du paternel. Il avait probablement au moins conscience, que contrairement aux autres, ceux dont il connaissait l’existence en tout cas, Vito ne chercherait jamais véritablement ni à lui plaire ni à s’occuper d’un groupuscule pour lequel il n’avait aucune affection ni même intérêt.
L’orgueil pullula en héritage douteux qui l’empêchait, même seul, à s’avouer un quelconque manque. Même la colère, c’était trop. Il la ravala – insupportable, garda sur sa langue l’acide des non-dits. Alcide ne disait rien et il en ferait de même, l'échine en insoumission souple, le résonnement tacite vibrant dans un dédale intérieur, rappelant à chaque seconde qu’il s’était toujours senti ballotté entre Charybde et Scylla lorsqu’il s’agissait de son père. Son père uniquement. Pas la Nuova Camorra ni même ses histoires de dieux à la con. « Je suis venu chercher des réponses, pas combler les questions d'autrui. »

Les vérités n’étaient jamais que silence et ils avaient tous les deux cultivé cet art à la perfection.

Le fantôme de Frances était bien le seul à hurler ici.


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Mer 22 Aoû - 20:24



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« Je n’y manquerai pas. » Il lui fait face et le contemple sans le voir. Comme toujours direz-vous, bande de mauvaises langues. (C’est vrai !) Il prend le temps de l’écouter seulement pour mieux répliquer. Pour ne rien manquer. Parce qu’écouter Vito, c’est comme s’imaginer vingt ans en arrière. Même âge et destin différent. L’index sur la gâchette pour le père, les mains qui mitraillent la machine à écrire pour le fils. On n’est vraiment pas les mêmes.

Il observe les yeux qui ne brillent pas comme il le faudrait. Une clope apparaît, bientôt flanquée d’un briquet. Couple mortel qu’Alcide abhorre. Le souvenir de Saturno enfumant son salon est encore bien présent. Son sourire aussi, cette fois-ci remplacée par une légère exclamation. « C’est le propre de l’homme d’être toujours insatisfait. » Il lui lance un regard Merci pour la leçon de vie. Mais Vito n’a pas tout à fait raison. Y a des hommes qui renoncent, qui se satisfont d’une situation ma foi pas terrible. Et y a des hommes comme César et Bonaparte qui n’en ont jamais eu assez. L’insatisfaction, selon Alcide, c’est le propre des grands hommes.

Mais son fils n’est pas un soldat, c’est un comédien. Il joue des traits de son visage pour faire passer son message. Le reste du corps se meut pour rendre l’image plus fidèle, la voix s’acharne. Belle hargne, mon expiatoire. Mais ce n’est pas aujourd’hui que je t’avouerai mes fautes et mes débauches. Ce que je ferai de toi ? Rhétorique. Réponds pas. Trop tard. « T’es grand Vito. T’es plus un enfant. Il pensait avoir échappé à la crise d’adolescence, il s’est leurré. Si tu reviens ici pour elle… Je ne crois pas que tu ne reviens pas pour moi. Tu ne devrais pas. Tu sais qu’elle ne reviendra pas. » Et tu devines qui remercier. Non ! Ne réponds pas. Claque cette porte ouverte. Tu sais que ça me briserait le coeur d’en venir à là. D’en venir à l’évoquer de trop près. On a tendance à oublier que je l’ai aimée.

 « Je suis venu chercher des réponses, pas combler les questions d'autrui. » Ta gueule papa. « Et j’imagine que tu ne repartiras pas sans. Tu sais, je préfèrerais que tu me demandes de l’argent. Je serais certain d’en avoir. Il pique la bouteille de Vito pour la porter à ses lèvres sèches. La boisson ne le satisfait pas. Je suis donc un homme. Il la restitue à qui de droit. Mais tente toujours, qui sait. »

Je sais, tu sais, mais je ne répare pas.



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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Lun 27 Aoû - 22:45



Il pouvait presque voir son père lever les yeux au ciel, l’exaspération toute courtoise sous l’ombre des cils dorés. « T’es grand Vito. T’es plus un enfant. » Vito eut un mouvement du visage teinté de défiance, l’acide perlant sur la langue à nouveau. Comment tu peux seulement savoir à quoi je ressemblais enfant, hein ? Qu’il n’essaye même pas de se positionner en père dire ses yeux, le manteau des amertumes étaient trop grand pour l’un et l’autre voulurent conclure ses lèvres. Il n’en eut pas le temps, le sarcasme mourut quelque part sur le chemin douloureux de ses synapses. « Si tu reviens ici pour elle… » L’azur trembla immédiatement, des tempêtes et des apocalypses indistinctes au fond des yeux. Il pensait s’y être fait à cette mort, à cette absence terrible qui brisait presque physiquement le cœur, mais rien ne semblait pouvoir annihiler cette asphyxie soudaine qui lui étreignait le torse si violemment quand quelqu’un la mentionnait. Le temps avait fait son office, avait asséché ses yeux, durcit ses manières et frappé d’une douce mélancolie ses sourires. De quoi lui donner une couleur merveilleusement romantique dirait certain. Il lui avait fallu se faire solide et stoïque pour revenir dans cette ville.

Ce qui était drôle quand on trouvait ainsi, froidement, son courage et qu'on affrontait des démons de la vie réelle, c'était que dans le sillage immédiat de ces confrontations sans peur, on supposait qu'il n'y aurait ensuite plus rien à craindre de ce monde ou des autres - qu'il n'arriverait jamais plus un moment où cette bravoure se rétrécirait à nouveau.
Ce qui était drôle, c’est que c’était totalement vrai.

Il n’y avait plus vraiment grand chose qui effrayait Vito. Simple mortel, les paumes offertes vers ceux dont les corps saignaient, il avait étreint les fins et avait été témoins des débuts. Arcadia vous glissait dans les veines comme une dose d’héroïne menaçante de toute façon, si belle qu’elle en devenait mortuaire. Peu importait. On embrassait le danger et les frissons avec une politesse nonchalante, l’ignorance américaine teintée de charme d’Italie et de cette intrépidité écossaise qui le rendait unique. Oui. Certes. Mais voilà, la seule personne - le seul être - réellement capable de glisser effroi en son âme était assis devant lui, le verbe calme et le regard faussement tendre.

Il eut un soupir si lourd que les épaules s’affaissèrent durant quelques secondes. Alcide était l’autre, celui qui savait et se souvenait. Le seul avec qui il pouvait réellement en parler, crever l’abcès des fantômes. Le seul avec qui il ne se sentait pas le droit de le faire aussi. « On pourrait presque croire qu’elle te manque aussi. » Fit-il en un murmure soyeux, sans aucune trace cette fois-ci d'ironie, le corps immobile. « Je n’ai pas besoin d’argent. Je ne me souviens même pas t’en avoir jamais demandé. Je suppose qu’elle m’a élevé avec l’idée de toujours me débrouiller seul. » Elle devait déjà savoir comment tout ceci terminerait. Il esquissa un sourire sans dents vers son père, suivant du regard le trajet de la bouteille, l’anxiété pétillante sur ses papilles. « Mais tente toujours, qui sait. » Le goulot sembla vibrer sous le souffle du père. Zeus avait toujours cet effet sur absolument tout, l’enveloppe humaine un simple leurre pour les éclairs et le tonnerre qui résonnait en écho jusque dans le thorax du fils. « Pourquoi ne pas nous avoir laissé ? » Il secoua son visage, le froncement de sourcils subtil. « Pourquoi ne pas nous avoir mis de côté totalement ? » C’était la seule question qu’il s’autoriserait.


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Mar 28 Aoû - 3:28



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La maison a survécu aux années et au couple Bellandi. Toujours fière malgré le vide qui la hante, sans doute triste de n'habiter qu'un tueur et son inconnu de fils. Elle est sans doute l'ultime relique d'une époque électrique, d'une histoire qui s'est mal finie. Et c'est très bien comme ça. Les murs porteurs de la famille se craquèlent mais le béton ici résiste, tenace comme le regard de Vito. Au dénouement de ce drame familial, la propriété sera rasée et le terrain brûlé. Alcide en est persuadé.

Parce que tout a commencé ainsi. Une rencontre crue bénigne, un échange d'alliances trop chères pour des gamins, un enfant attendu aussi aimé qu'oublié. Une maison si grande que les échos des disputes ricochaient contre les murs, faisaient frissonner la baie vitrée. Tout ça manque à Alcide. Les cris d'amour et de colère. Son coeur vidangé est désormais aride comme un désert, si solitaire. « Je lui parle encore, de temps en temps... * Ça veut dire Parfois je t'écoute. Ces “sessions” lui procurent un bien fou, aussi mesquines et vaines soient-elles. Puisque tu es de retour, on pourra s’y rendre ensemble. » Rien à voir avec un timide Tu veux aller au ciné ?. Ils iront. Ils se recueilleront. N'est-ce pas ?

« Je suppose qu’elle m’a élevé avec l’idée de toujours me débrouiller seul. Alcide reporte ses yeux sur la gauche. Les joints du carrelage gagnent toute son attention et il ne s'entend pas répondre. Elle t'a tout enseigné... » Et lui, mise à part une poignée de chromosomes, qu'a-t-il légué ? Pas grand-chose. Tout ce qui lui reste trempe dans un business rouge sang.

Il est pris d’un sourire, de ceux qui expulsent un peu d’air. « Vous abandonner ? Vous oublier ? J'aurais dû, d'après toi ? Je n'y ai jamais songé. Mais Frances si. Frances et ses ultimatums en papier, Frances qu'il n'a jamais écoutée. La comparaison va te faire soupirer mais… Je suis comme toi, Vito. Je reviens toujours. On ne peut pas lui ôter ça. Bien sûr, ses permissions étaient souvent comblées par les caresses d’autres femmes. Zeus a besoin de ce carburant charnel pour exister presque comme avant. Car sa famille, aussi bancale et minuscule fut-elle, avait toujours été un principe pour Alcide. Il pouvait battre son épouse (pour le pire), lui faire l’amour (pour le meilleur). Il pouvait négliger leur enfant puisqu’elle en prenait soin, puisque Nonno les entretenaient. Il pouvait courir les femmes du monde, jouer au soldat américain sous prétexte que le foyer se portait bien. Du moins en apparence. Alcide n’avait jamais imaginé pouvoir manquer ou blesser par sa simple absence. Bien sûr, les dîners en tête à tête ne devaient pas plaire à Frances, peut-être faisaient-ils pleurer Vito… Mais l'homme qui lui fait face est loin d’essuyer ses larmes. Tu as au moins hérité ça de moi. Tu reviens et ignores bien pourquoi. Et rassure-toi, de là où elle est, ta mère applaudit sûrement chacune de tes conneries. Nous voir réunis doit la combler de joie. » Deux hommes et un souvenir. En voilà un beau portrait de famille.

*:



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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Mar 4 Sep - 17:04



Vito laissa les regrets de ce qui n'avait jamais été lui griffer l’âme, les doigts tapotant sans bruit d’un revers soyeux la table de cette cuisine autrefois vivante - ces mêmes doigts qui pouvaient guérir et qui ne pouvaient rien pour eux.
A quoi bon sauver la terre entière s’il n’avait pas pu garder ouvert les yeux de sa mère ?

« Puisque tu es de retour, on pourra s’y rendre ensemble. » Vito déglutit, le regard fixe et les pensées embrouillées de larmes infécondes qui refusèrent dans un mouvement d’humeur de venir s’échouer sur des yeux arides. La mâchoire se figea un bref instant avant qu’une respiration se teinte d’incertitude: il y avait eu des rumeurs, de si terribles rumeurs… Il leva un regard opaque vers le visage lumineux de son père, l’humanité partout dans l’éclat divin. Foutaises. Vraiment ? Le doute tomba sur lui à la manière d’une petite et unique goutte d’eau fraîche un jour de canicule. L’incompréhension teinta le cobalt des pupilles. Vrai ou pas vrai ? Est-ce que cela avait une importance quand on était un dieu ? « Vous abandonner ? Vous oubliez ? J'aurais dû, d'après toi ? Je n'y ai jamais songé. » Silence. Cette fois-ci, Vito glissa en dehors de sa chaise pour faire quelque pas. Il aurait préféré un poing, le mépris, la foudre peut-être. C’était plus simple quand on se débarrassait des sentiments, quand la haine prenait le dessus, quand il n’y avait pas ses vestiges sournois de poussière d’or dans des sourires évasifs. Il fallait presque se marteler les faits : il l’avait abandonné, il avait été le dernier à voir sa mère vivante, il…

Les mains serrés, paumes rouges de pression anxieuse, Vito laissa un sourire se morfondre sur son visage, la vérité amère chez l'un et chez l'autre: ils se ressemblaient, en effet. « Tu as au moins hérité ça de moi. Tu reviens et ignores bien pourquoi. Et rassure-toi, de là où elle est, ta mère applaudit sûrement chacune de tes conneries. Nous voir réunis doit la combler de joie. » Il esquissa un sourire sous la pointe tranchante d'humour, le sang perlant déjà sur sa confiance, le bassin contre le marbre froid du plan de travail, un cri de colère perpétuel coincé dans la gorge. Alcide l’épuisait, le désir de lui rendre la monnaie de ses outrages se disputait à une admiration refoulée qu’il refusait catégoriquement d’accepter. Son père en devenait presque le socle même de son incapacité à couper les ponts avec Arcadia et ses lumières sulfureuses.


Générosité. Subst.fem. Grandeur d’âme, oubli de soi, qualité de celui qui est plus enclin à mentir aux autres qu’à lui-même. (juventon)

Son père était si généreux, versant toute ces émotions conflictuelles dans la plaie béante qu’il s’efforçait de recouvrir. De l’indifférence au dédain, de l’intérêt scientifique à la plaisanterie. Vito se réprimanda intérieurement, le calme revenant en volutes lentes dans ses veines désœuvrées. Des conneries en effet. Alcide ne mentait pas sur ce point-là au moins. « Elle aurait trouvé révoltant qu’on soit à discuter sans manger quoi que ce soit surtout. De préférence frit. J’ai mangé les meilleurs bâtonnets de mozzarella fondants pour l’enterrement de nonno. » Frances avait toujours fait trop d’efforts pour Alcide et ses origines italiennes, les baisers déchiquetées d’une passion gloutonne.

Frances aurait surtout giflé son fils d’être revenu se baigner si ouvertement dans les étangs à jamais maudits de la Nuova Camorra.

Vito passa une main sur son front, les souvenirs douloureux perceptibles jusque dans les traits tendus qu’il s’efforça - buté - de lisser. « Et je ne m’excuserai pour rien, père, conneries ou pas. » L’attribut vibra dans un son spectral, les tensions écrasantes dans les vibrations sonores. « Je suis curieux de voir qui a eu ta préférence ces derniers temps. » Vito cilla lentement, croisant les bras dans un mouvement succinct, la nonchalance azuréenne au-dessus de ses hurlements intérieurs. « Tu ne t’es pas remarié. » Sa mère encore seule à avoir porté un anneau étonnant. Il garda sur sa la langue le ‘pourquoi’ fatidique et cruel (comme ce que tu lui as fait). Du reste, Alcide n'avait pas besoin de mariage, don incontesté ou presque. Seul Saturno s’évertuait à placer ses pions tout autour dans l'espoir de provoquer un échec et mat. Les alliances stratégiques matrimoniales de ce genre étaient pourtant légions au sein de familles comme la leur et les courtisans avides de placer des brus dans des lits prestigieux bien plus nombreux qu'on ne pouvait le croire en ces temps modernes.

Égratigner les mètres carrés d’influence et consolider les pouvoirs n’étaient pas si compliqué lui semblait-il, et c’est contre son propre bon sens que Vito y pensait parfois, par jeu simplement, comme durant la confection d'une oeuvre, d'un merveilleux agencement de vers pour une poésie structurée, le tout avant de se souvenir que sa rancœur et le sang de celle qui lui avait été si cher pavaient de trop Little Italy et son entreprise souterraine. Avant de se souvenir que tout ceci était loin d'être un amusement innocent. « La Calavera n’a donc aucune chica à marier ? »  
Il fallait se souvenir qu’il n’avait plus à voir, plus rien à croire, plus rien à foutre et plus rien à vivre dans Arcadia. « Peut-être que certaines choses ont changés finalement. »


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Ven 21 Sep - 1:19



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Son dernier petit plat assaisonné d’amour remonte à trop loin pour qu’il puisse en imaginer le goût. Il se souvient à grand peine des odeurs, de l’atmosphère, du sentiment. Ne lui viennent en tête que des crépitements huileux sur une poêle brûlante, un vague parfum de basilic qu’on taillade aux ciseaux. Bien sûr, il se souvient de la tendance de Frances à tout frire et à surtout vouloir faire plaisir. Un élan qu’il avait apprécié et tenté d’imiter mais comme cela demandait trop d’efforts, il avait abandonné le projet. Rendre la pareille à un être, même aimé… Non, jamais il n’avait éduqué à ce jeu-là. C’était tout pour rien, rien pour vous et tout pour moi ! Et une chose qu’ils avaient mal partagée, c’était le coeur de Frances.

En entendant Vito invoquer des bâtonnets de mozzarella en mémoire de son grand-père, le coeur d’Alcide se serre. La journée avait plus goût de terre que de fromage fondu. « Ses recettes sont toujours là, répond-il en désignant le meuble - le temple - contenant mille et une fiches rédigées de sa main. Tous des artistes ces Bellandi… Tu ferais mieux de les récupérer, tu es plus créatif que moi de ce côté-là. » Peut-être même que tu les cuisineras pour moi, le moment venu. Qu’il est beau ton héritage…

Père. Le mot résonne mais son écho est faible, si faible. Alcide devrait se sentir concerné, piqué, n’est-ce pas. Il devrait réagir et rabrouer ce fils aux mots affûtés. Mais il a trop raison et il est trop tard pour qu’ils jouent au remords. Personne n’oserait y croire. Car Bellandi ne s’excuse pas, Bellandi est au-dessus de ça ! « Tel père tel fils, soupire Alcide. » Et aucun d’eux ne rira…

Et voilà qu’il cause coucherie. Leur relation est donc si hybride ! Elle peut se tordre et emprunter des détours impensables. Le père lance un sourire à son fils qu’on pourrait traduire par “nous voilà si bas”. En temps normal, les élans d’Alcide ne regardent que lui. L’hybris est nécessaire et encombrant, il n’est pas sujet de fierté. Mais il répond sans moquerie, presque amicalement ; « Je n’ai pas une minute à moi. Un vrai Don Juan que ni le temps ni les réprimandes ne freinent. Aussi insatiable qu’instable. Quant à un second mariage... Ça aussi, je ne l’ai jamais envisagé... j’étais trop occupé. Et puis, tu étais déjà grand lorsqu’elle est morte. Constat. Dix-neuf ans, c'est grand. Certainement trop petit pour enterrer sa mère. Alcide à l'annulaire vierge hausse les épaules. Tu n’aurais pas approuvé, conclut-il comme si l’avis de son fils aux bras croisés prévalait. »

Lorsque Vito mentionne la Calavera, Alcide esquisse une moue négative. Ce genre de marché n’augurerait rien de bon pour les concernés. L’organisation a le sang trop chaud. Et dans la même veine, marier son fils unique-officiel n’avait jamais figuré sur sa to-do-list. Car quoiqu’on puisse marmonner à son propos, le ménage Bellandi avait pris source dans un véritable amour. Un coup de foudre qu’Alcide avait le romantisme de souhaiter à son fils. « Toi, tu ne m’as jamais rien raconté. Tu peux me reprocher beaucoup de choses, Ju- Vito, mais pas d’être intransigeant sur cette question. » Mépriser la diversité reviendrait à se priver, et ça, jamais Zeus ne le permettrait.



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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Sam 6 Oct - 14:47



En vérité, face à son père, il avait encore seize ans, l’œil admiratif sous la colère démesurée. Il était coincé éternellement dans un cycle nocif, le cœur en vrac et l’âme en petit dés. Il aurait fallu pardonner et avancer, faire sa vie ailleurs peut-être mais il était là, dans cette cuisine, des allumettes mouillées au bout des doigts, un feu bleu clair au fond des yeux. Rien de précieux. Rien de conséquent. Le poids du passé affaissa ses épaules durant quelques secondes. « Ses recettes sont toujours là. » Les doigts se recroquevillèrent sur le marbre étincelant. Son père le perdait, la complexité si féconde qu’elle agissait comme un labyrinthe. Peut-être était-ce sa nature divine qui donnait puis reprenait avec une nonchalance tout olympienne. Le monde avait toujours été d’un gris argent aux yeux de Vito mais il connait la danse : un pas en avant, deux pas en arrière. Sa principale faiblesse résidait dans le fait qu’il tenait encore à tout ça, malgré tout. Il avait beau s’éloigner, mettre des kilomètres et des états entre eux, ses pensées voguaient tout de même Arcadia et ses habitants. Il avait beau se faire pierre, fer, se faire vent aussi, la cire fondait toujours un peu sous les étreintes de Saturno et les regards équivoques d’Alcide.

Lorsque le roi des Dieux laissa leur ressemblance couler comme une épine entre les côtes, Vito eut un demi sourire. Voilà que le désir de s’enfuir revenait à la charge. Il pouvait partir, son sac fin prêt, le passeport dans une des poches accessibles et les clés de sa voiture dans sa poche. Il pouvait tout faire : l’Ontario, prendre un avion et partir vers l’Europe, les rives du Congo ou les îles de rêves que l’on voyait sur les cartes postales. N’importe où mais loin de ses morsures enragées qui le crevait à petit feu.

Vito ne bougea pas.

Au diable les courses et les îles sous le vent, les départs secrets et les cartes postales perdues. Il se taillerait les veines contre les rebords âpres d’un père honni et adoré. Il y avait des soifs insolubles, la sécheresse inéluctable au fond des gorges condamnées. « Ça aussi, je ne l’ai jamais envisagé... j’étais trop occupé. Et puis, tu étais déjà grand lorsqu’elle est morte. » Alcide soufflait chaud et froid. L’idée qu’il ne se soit pas remarié par délicatesse pour lui s’écrasait contre la présence d’un enfant étranger imposé en la demeure. Tout et son contraire, l’affection si lointaine qu’il en ressentait à peine la chaleur. « Je vois. » Il ne voyait rien du tout, la frêle distance comme un gouffre obscur. Il n’avait jamais envisagé que le mystère pouvait provenir de lui. Dans son esprit encore trop frais des blessures d’hier, son père était le seul à avoir été dur, le seul à lui avoir caché la vérité. Les mots d’Alcide le firent douter de façon brève, l’idée que lui aussi avait été tranchant et opaque en litanie secrète. L’espace d’un instant, le spectre du regret vint le recouvrir. Ça ne voulait pas dire grand-chose vraiment, il regrettait tant de choses finalement mais le sentiment restait présent, crépitant à même une chair vive.

C’était simplement dur de lui parler.

Le mur présent jusque sur sa langue. Il était si habile avec les mots d’ordinaire, le charme inconséquent d’un vocabulaire distingué comme arme affûtée. Les fondations de leurs relations ressemblaient à une embouchure étroite en mer, celle qui tenait de façon fragile entre Charybde et Scylla, entre rancune et culpabilité. Je suis pudique. Un soupçon de sourire vrilla les lèvres de Vito. Il ne se vantait pas de ses conquêtes, ne les considérait même pas comme tel. Des corps où on s’échouait parce que dans l’océan de l’existence, on était tous un peu perdu après tout. Il ne s’ennuyait jamais, avec personne, l’éclat des sourires suffisant pour l’émouvoir un temps, puis, comme toujours, il se fondait dans le mouvement, partait pour d’autres horizons, se faisait sable entre les doigts. « Je ne suis pas l’homme le plus stable qui soit, » avoua-t-il à demi-mots. « Ce serait un cadeau empoisonné de toute manière. » L’euphémisme tintinnabula dans un regard adouci. « Il y a eu tellement d'événements, l’orage, ces dons, ces gens, maman. » Il déglutit cherchant instinctivement sa bouteille restée sur la table. « Ça faisait beaucoup de choses à avaler. Vous aviez tous l’air de bien le prendre pourtant. Je crois que je vous en ai encore plus voulu. » L’amertume s’éclipsa rapidement sous la voix grave. Il leur en avait voulu à tous pour ça aussi, y compris son oncle, une barrière jusqu'alors inexistante prenant doucement forme. « Comme si c’était naturel. » Il tapota de ses longs doigts la surface glacée. Les dieux étaient une énigme et Arcadia en était nécessairement la clé. « Pour répondre à ta question, je ne crois pas être un bon parti. Bellandi est un nom qui a ses avantages et ses inconvénients, il faudrait une sacrée fille pour l’affronter. Maman n’a pas réussi. » Il s’arrêta, la respiration lente, les pensées en suspens. « J'ai eu le temps de réfléchir à la Nuova Camorra, à tout ce que c'était. Tu hausseras les épaules mais elle t'a prit à nous. Parfois je me dis que tout ça n'a pas d'importance mais j'ai quand même envie de connaitre mon rival je suppose. »


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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Dim 21 Oct - 2:29



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A défaut d'incarner la figure paternelle de tous les rêves, Alcide était devenu au fil des années un homme plus posé. Moins sanguin, moins tête à claques. Enfin non, mais y avait eu des progrès. Peu de monde pouvait se targuer de l'avoir connu au berceau ou dans cet âge ingrat qu'était l'adolescence. Il y avait Gisella, bien sûr. Partenaire de billes et plus tard de lit. Leur relation s'était métamorphosée au gré du temps. C'était étrange et pourtant tout à fait normal et il se disait, à tort ou à raison, que sa relation avec Vito faisait de même. Qu'elle évoluait à sa façon et à son rythme dans on ne savait quelle foutue direction. Mais c'était facile de laisser le navire à la dérive. C'était lâche de croire que tout irait un jour, qu'on n'avait pas tant besoin de cela... C'était ce qu'on se disait pour ne pas y penser, pour ne pas assumer ses responsabilités... Et ses écueils par milliers. Car il suffisait d'ouvrir les yeux pour comprendre que la frégate n'avait jamais quitté le port. Au contraire, elle s'était ensablée sur place, enterrée vivante, désormais parcourue par des scorpions oisifs peut-être un peu tristes.

Les mots de son fils lui faisaient cet effet-là. Des pinces de petit cuirassé qui font rougir non pas les joues mais l'ego, sa belle idée de soi, les constructions aux cales douteuses. C'était très facile autrefois. Le môme ne parlait pas, pleurait comme un chiot par crainte d'être oublié et ça s'arrêtait là. C'était assez. Mais aujourd'hui le fils buvait et parlait comme un homme.

La stabilité n'était pas le point fort des hommes comme eux. Oui, il se permettait ce rapprochement. Cette odieuse familiarité. L'inverse l'aurait certainement déçu, il espérait avoir un tant soit peu déteint sur son fils. « L'inconstance n'est pas un défaut. » C'était mourir tel un plant de lierre qui semblait le plus déplorable. Ne connaître qu'une seule terre : ou comment lancer un affront à la vie !

« Toi, tu t'es fié aux apparences ? Alcide haussa un sourcil. Il connaissait quelques trucs sur Vito. Il le savait fin observateur. Mais oui, c'était sans doute vrai. Tout s'était enchaîné trop vite même pour le meilleur des scribes. La rancune. Bellandi père n'avait jamais réellement ressenti pareil sentiment. Une parodie peut-être, quoique, non... il avait toujours su ce qu'il voulait, où il allait. Il n'était pas de ces hommes indécis qui se cherchent et parcourent le monde pour cela. Il n'avait pas grand-chose à envier de personne, et peu de temps pour s'y adonner. C'était naturel. Ça ne veut pas dire que c'était facile. » Rien n'était aisé. Porter un patronyme carmin en faisait partie. Mais c'était leur normalité et il fallait l'affronter. « Maman n’a pas réussi. » On revenait toujours à Frances, comme s'ils étaient le boomerang qui la distrayait dans le royaume d'Hadès.

« J'ai eu le temps de réfléchir à la Nuova Camorra, à tout ce que c'était. Tu hausseras les épaules mais elle t'a prit à nous. Un sursaut d'Alcide. Une fracture dans les réflexions de Vito. C'était une bataille perdue d'avance que d'oser s'opposer à la Nuova Camorra. Je ne regrette rien. Confession ? Aucune idée. Lorsque je suis parti, c'était à cause d'elle. La mafia l'avait écoeuré. Voir son ami se faire descendre avait remué ses tripes et troué son coeur, et il ne s'était jamais plus questionné que durant les semaines post choc. Je ne pouvais plus rester à Arcadia. Rester avec vous, c'était vous causer du tort. Mais Alcide avait toujours été très mauvais en matière de bien et de mal. Ce que tu me reproches, c'est d'être revenu trop tard ? (Ou de l'avoir cognée trop fort ?) Il observa la bouteille au ventre vide. Il allait en falloir une nouvelle, ils n'étaient définitivement pas sortis de l'auberge. Et lui ne dirait pas non à un peu de fraîcheur sur le palais. C'était sûrement déjà trop tard. J'ai peut-être manqué à mes devoirs envers toi... et ta mère... Peut-être ! Peut-être ! Mais la Nuova Camorra a toujours été ma priorité. » C'est comme ça, voilà ce qu'il racontait. L'ordre des choses écrit dans le ciel, reflété dans l'eau des flaques et gravé dans nos silences.

« Parfois je me dis que tout ça n'a pas d'importance mais j'ai quand même envie de connaitre mon rival je suppose. - Alors tu vas rester ? La réponse impliquait beaucoup de choses. Qu'ils se reverraient, qu'ils se parleraient plus souvent. C'était aussi étrange à formuler, et il lui était bien difficile de deviner si oui ou non, l'idée le séduisait. Peut-être qu'elle le terrifiait. L'aurait-il avoué ? Tu pourrais. Je ne changerai pas les serrures. Clin d'oeil. Et ma porte sera toujours ouverte. Nous avons perdu beaucoup de temps. » Drôle de proposition. C'était peut-être la dernière occasion, trente-quatre ans plus tard, de tenter de se comprendre et de s'apprivoiser. Se réconcilier. Frances nous regardait.



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Honesty is the very best policy ♣ Alcide - Dim 2 Déc - 17:27



« L'inconstance n'est pas un défaut. » Vito baissa les yeux sur un vide vertigineux, totalement arbitraire. C’était un peu plus doux que ce qu’il escomptait, les mots coincés entre des dents rondes d’avoir trop mordu dans des chairs offertes. Peut-il vraiment lui en vouloir sur ce sujet ? Les faiblesses avouées sont toujours à demi-pardonnées disait le vieux dicton et la rancune n’avait jamais été dans son adn. Elle couvait pourtant, maladroite et irascible, se terrait silencieusement au fond de bouteilles de Chianti, le désespoir brillant et ivre dans la noirceur de son encre.

Il lui en voulait à lui et à personne. A tout le monde. Aux Dieux aussi.

L’idée lui arracha un sourire presque mièvre. Les batailles étaient perdues d’avance. Je ne pouvais plus rester à Arcadia. « Rester avec vous, c'était vous causer du tort. » Vito releva un regard indéchiffrable, cherchant les mensonges et les illusions sur le visage paternel. Lorsque Alcide était partit, la maison entière avait eu un gout d’étrange. Sa peau avait repris le rose habituel, loin des bleus et des violines imprimés par des poings insatiables, le silence avait recouvert jusqu’à la cuisine où Frances ne chantait plus. Vito cilla, les souvenirs amers en fantômes dansant tout autour de la silhouette bien humaine. Les mots restèrent accrochés à sa langue sans qu’aucun son n’en puisse sortir. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui reprocher ? Les deuils successifs ? Vito se laissa fondre à l’intérieur, l’acide purulent lui coulant dans la cage thoracique. C’était si banal toute cette douleur. Si infiniment petit et inutile. Il déglutit, tachant de ne pas laisser filtrer les perditions qu’l cachait soigneusement. « Mais la Nuova Camorra a toujours été ma priorité. » Vito acquiesça, presque étonné de n’en concevoir aucun réel désarroi. Il avait surement tout usé déjà enfant puis adolescent.

(Quand Alcide était partit, Frances avait placé un vase plein de fleurs au milieu de la table, pour qu’elle fasse moins vide. Elle les changeait souvent, différentes fleurs, différents vases mais chaque arrangement finissait toujours par tomber sur la table, renversant de l’eau sur le tapis, la maladresse provoquant parfois des rires ou des jurons selon les journées passées. Elle les avait placés ailleurs lorsqu’Alcide était revenu avec dans les bras un autre bambin, la trop grande place se faisant étroite et irrespirable. Les fleurs continuèrent à tomber mais pour d’autres raisons. Pétales par pétales, longtemps après que Vito n’ait finalement crié à sa mère « qu’est-ce qui ne va pas chez toi, pourquoi tu restes ? »)

Il inspira longuement, la question d’Alcide en suspens tout autour. « Oui, je reste. » L’ironie était trop grande cette fois-ci pour jaillir ou que ce soit. Les tsunamis ne s’embarrassaient pas nécessairement de regarder la terre qu’ils recouvraient et son père lui faisait l’effet d’une vague gigantesque en cet instant.

(« Tu dois t’accrocher. » lui avait dit Frances une fois. Avant qu’elle ne parte. Sa voix n’avait plus été la sienne mais celle d’une femme plus dure et plus épuisée. Une voix constellée d’un dégoût éclatant. « Ils veulent toujours tout prendre. Chaque parcelle de ta dignité. »)

Vito passa des doigts volages et léger sur son cou tendu. Il allait rester, se laisser mordre par les vertiges d’un organisme honnis et maudits des milliers de fois. La résolution passa dans un sourire presque tendre. Son père avait l’énergie des Cieux avec lui, cet espoir indécrottable que tout pouvait s’arranger, que l’éternité y suffisait largement. La vague offrait coquillages et précieux dons certes, mais quand elle se retirait, les abysses n’étaient jamais loin. « C’est très aimable. » Il s’en voulu presque de montrer une retenue factice ici mais les murs de protection s’élevaient malgré lui devant le regard compatissant du dieu.

Vito reprit, un peu plus lentement, le corps se détachant du comptoir pour se diriger vers son sac lancé. « Il faudra sans doute me briefer sur… eh bien… tout ça. Je commencerai au bas de l’échelle, ça va de soi. » La mafia germait réellement dans la rue et il n’avait aucune envie de se servir de son nom, même ici. Alcide l’aurait-il permis d’ailleurs ? L’intégralité de sa progéniture n’était-elle pas à des postes avancés ? C’était une faiblesse comme une autre que cette affection qu’il avait pour ses enfants. Vito se massa quelques secondes l’arête du nez avant d’empoigner son sac. « Je prends la chambre du premier étage, je suis épuisé on en reparle demain. » Il fuyait. Merde. Il était là pourtant, les pieds enfoncés dans le goudron extraordinaire de cette ville. Il contempla son père dans une mélancolie soignée, tout en pommettes blondes et peignoir fluide, les yeux cachés derrière des expériences séculaires.

Il n’avait pas envie de pleurer mais sa bouche avait un gout de bile.

Je reste avait-il dit.

Il fit un signe de la tête, le silence scellant ses lèvres dorénavant sèches et il remonta les escaliers, un soulagement lourd claquant sous ses semelles.


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