AccueilAccueil  tumblr  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORUM FERME

On our knees.

 :: terminés
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Mar 7 Aoû - 13:43


On our knees


"Feel it in your bones
The need for something more
The more and more you wait
It's Burning you."
song




Le cou est serré, la peau acculée. T’as plus d’air qui passe, tu étouffes sous ma poigne. Tu crèves car l’oxygène t’a abandonné. Et tu la sens, la mort venir, t’attraper par la gorge et s’en délecter. Fallait pas me prendre pour un débutant gringo. Fallait pas te croire plus fort que la Mort elle-même. Tu pensais jouer dans la même cour de récré. Désolé de te décevoir, mais y’a pas de place pour les hommes comme toi qui ne respectent pas les règles. Tu voulais t’amuser, t’as réussi. Regarde comme je souris.

Inspiration loupée, expiration abandonnée
Éclat sanguin, crac sur la nuque qui plie et sonne ta fin.
Toi tu meurs, moi j’exulte.
Tu pensais me faire tomber avec ta lame.
J’te fais crever avec seulement ma poigne.


La joie au creux du coeur, qui fait pétiller le dieu et l’homme. Satisfaction vibrante d’avoir gagné le dernier combat alors que c’était très mal barré pour moi. L’ombre sur ma mâchoire, l’arcade abimée et surtout, la plaie ouverte sur mon épaule en est la preuve. Ça saigne, ça suinte mais j’m’en balance car j’ai gagné. Combat qu’a un peu mal tourné, p’tit con qui s’est cru capable de me battre en se foutant des règles et en sortant un couteau pour m’entailler la chair et me faire plier. T’as failli réussir gringo, dommage pour toi que les lames, ça me connait et que c’est pas ça qui me fait flipper.
Combat terminé, blanc-bec au sol, la gorge distendue tellement j’ai serré. Personne à l’horizon pour me recoudre, des félicitations mais pas de kit de premier secours . Je sens que le sang coule un peu trop, que la plaie mérite d’être refermée pour éviter de tourner de l’oeil en rentrant chez moi. L’hôpital ? Bien sûr, j’ai que ça a faire d’aller me montrer à l’hospice pour expliquer que j’me suis pris un coup de lame de 12cm sur l’épaule droite par pur hasard. Appeler Bael ? Il doit être occupé dans une cage.  Le chemin vers le QG risque d’être trop loin, ça m’ennuierait de tâcher l’asphalte. Y’a qu’une solution vu où j’me trouve et ça me tord le bide dans un mélange d’hésitation et d’envie.

Apparement, on a toujours besoin de 3jours à chaque fois pour se revoir en privé Joaquin.  On s’est parlés, on s’est croisés mais jamais on a recausé de la crise et des mots qu’on a tous les deux avoués. Je ne sais pas ce que ça signifie, entre le moi aussi, le je t’aime et les « on ne peut pas espérer trop ». Je ne sais pas et ça me brule les entrailles, la nuit, quand je me réveille avec le souffle coupé et l’impression que mes doigts n’en ont rien a foutre des étiquettes de capitanos et de commandante. Le coeur non plus, il n’en a rien a faire, de cette réalité.

Je me trouve à deux rues de ton appartement, ça durera 10 min à tout casser, juste histoire que tu rafistoles ça rapidement pour que je rentre chez moi sans tourner de l’oeil sur le chemin. Rester calme, détendre le coeur, endormir les reins, serrer les poings. Okey.

Okey.

Devant ta porte depuis 5min, si un de tes voisins sort, il va me prendre pour un fou furieux à rester là, la main gauche tenant la plaie sur l’épaule opposée, l’air d’un chien furieux qui vient de se prendre un coup de chique par un autre. Pourtant, je suis en forme depuis la dernière fois. Augmentation des calmants, l’impression d’être moi, enfin. Les doigts qui ne vrillent pas, les pensées noires qui restent enfermées dans une boite, l’énergie revenue. Et le sourire, lui, il est toujours là. Allez Jan, c’est une situation ordinaire, qui pourrait arriver à tout monde. Bouge toi, frappe, t’es juste là pour te faire recoudre et après tu te barres. Tu ne vas pas l’ennuyer ce soir, encore moins dans le seul endroit où il se sent bien.
Poigne qui frappe sur la porte, attendre, attendre. Avoir l’air profondément bête avec ce visage d’ange qui a pris la poussière. Le t-shirt gris est souillé de sang et de terre, le coup de couteau a découpé un bout de tissu dans le dos, déchirant légèrement sur 7cm la peau en dessous. C’est pas trop grave, c’est qu’une cicatrice de plus. Mais ça saigne et ma main qui contient l’hémoglobine ne sert pas à grand chose. Faut un fil pour que ça tienne, pas des doigts qui cisaillent le tout.
Porte qui s’ouvre, je ne te laisse pas le temps de parler que je prend les devants, pour vraiment te prouver que je ne suis pas là pour t’ennuyer. J’ai juste besoin d’être recousu Joaquin, après, j’te laisse. Promis, je te laisse.

« … J’ai juste besoin d’une aiguille, d’un fil et de cinq minutes de ton temps et après… Je disparais et j’te laisse dormir.

Les mots se sont enchainés, remplis d’excuse et de « pardonne me ». Et puis quand je stoppe ma verbe, j’te regarde enfin. Les yeux qui vrillent dans les tiens, la lippe inférieure mordue, la main qui s’accroche à mon épaule et l’impression d’avoir fait une belle bourde en venant ici.

J’ai pas envie de dormir.
J’vais être incapable de partir.

« … Désolé, j’espère que je ne te réveille pas.

Ne pas sourire, ne pas sourire, ne pas sourire.

Trop tard.




Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:24


All of me


"Give your all to me
I’ll give my all to you
You’re my end and my beginning
Even when I lose I’m winning"
song




- … J’ai juste besoin d’une aiguille, d’un fil et de cinq minutes de ton temps et après… Je disparais et j’te laisse dormir.
C’est sur ces mots que commence sa soirée. Et ça pue. Joaquin n’a pas pour habitude qu’on vienne sonner à sa porte à une heure improbable pour venir en aide à quelqu’un. Il n’a pas l’habitude d’aider, il n’a pas l’habitude de voir des gens sur son paillasson. Il a pris grand soin de faire paraître la façade du bâtiment aussi austère que possible, alors on évite généralement de trop s’attarder sur son perron.
Il a l’habitude de recoudre Jan. Ça ne donne jamais de belles cicatrices, bien propres et lisses. C’est souvent sinueux. On peut y passer son doigt et sentir la chair forcée de s’unir une fois de plus. Ce n’est pas harmonieux. Mais le corps de Jan ne l’est pas, coupé par les anciennes plaies, celles provoquées par ses combats ou son don. S’y ajoutent des tatouages divers qui rendent le spectacle … intéressant.
-  … Désolé, j’espère que je ne te réveille pas.
Le sourire sur les lèvres de Jan lui fait penser qu’il n’est pas désolé du tout.
Il n’a pas besoin de regarder deux fois le bras gauche barrant son torse pour recouvrir la blessure qui doit s’étaler sur son omoplate droite. Du sang sur le t-shirt, des hématomes qui fleurissent ailleurs, quelques coupures ici et là.
Il s’efface sans dire un mot. Il ne dormait pas. Il fumait en réfléchissant. Relation avec O’Reilly en berne –sans grand remord de sa part, il faut l’avouer-, police qui ne fait plus toujours ce qu’il veut –une épine à trouver et enlever, qui l’agace de plus en plus-, trafic de drogues à maintenir optimal avec la Nuova. D’autres affaires qui viennent toujours se rajouter à la liste. Une rousse, un gradé du Royaume, une paix précaire.
- Assieds-toi sur une chaise. Enlève ton t-shirt.
La voix est neutre, rien ne transparaît. Pas d’agacement, de joie, d’angoisse. Pourtant, ça hurle sous son crâne. Après leur entrevue de l’autre jour, tout lui semble plus lointain, comme cotonneux. Comme si tout l’atteignait moins. Il sait qu’il a quelque chose à résoudre. Et à voir Jan sur le pas de sa porte, il a su que c’était ça. C’est Jan qui ralentit son monde. Parce que ça fait des semaines que leur dynamique a changé, qu’ils rament, que Jan s’est éclipsé de son univers. Ils ne se voient pas aussi souvent qu’avant, au détour d’un couloir, ils ne se regardent plus de la même manière. Même leur façon de se saluer s'est modifiée. Joaquin veut que son monde aille aussi rapidement qu'avant. Il a besoin, pour ça, de prendre son temps sur un point. Il a besoin d'apprendre, à dire "non" ou "oui" définitivement. Plus de retard ce soir. Soit ça repart aussi vite qu'avant, soit ça coule.
Il va chercher ce dont il a besoin dans la salle de bain. Il s’assoit derrière Jan. C’est là que la réalité de la situation lui saute véritablement au visage. Il va devoir le toucher alors même qu’il n’arrive pas à le regarder dans les yeux. Pour ne pas « trop » espérer. De belles conneries tout ça.
- Redresse toi.
Il nettoie les bords de la blessure. Elle saigne toujours faiblement. Les compresses sont appliquées fermement contre l’épaule. Avec un peu de chance, le saignement s’arrêtera pour qu’il puisse recoudre. Ce qui implique des minutes entières ainsi.
- Ça va prendre plus de cinq minutes. Comment est l’autre ?
Sans doute dans un bien pire état. Peut-être mort.
- Que ça devienne pas une habitude Flores.  
Ton ironique que Jan peut sentir, sourire sur le bord des lèvres que Jan ne peut pas voir. Ce n'est pas ainsi que Joaquin a rêvé de poser sa main sur le dos de Jan la nuit dernière. Ne pas trop espérer ? Définitivement de belles conneries.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:30


on our knees


"FEEL IT IN YOUR BONES
THE NEED FOR SOMETHING MORE
THE MORE AND MORE YOU WAIT
IT'S BURNING YOU.""
song




Je m’engouffre dans la maison sans oser dire quoi que ce soit d’autre. C’est déjà une belle connerie de débarquer comme ça, sans prévenir, alors qu’entre tous les deux, ça a vrillé vers autre chose qui ne nous permet pas de rejouer des situations d’avant. Car tu es habitué à me voir débarquer chez toi, pour du désinfectant ou des sutures. Car frapper à ta porte, rentrer, retirer mon tshirt et attendre que tu fasses glisser l’aiguille sur mon derme, c"est normal. C’était normal. C’était logique. Ça ne l’est plus. C’est presque gênant, de me retrouver torse nu alors que je n’ai jamais eu de soucis avec ma peau tachetée de noir et d’argent. Ici et là, les estafilades glissent, dessinent des contours qui ne devraient exister. Parfois, les plaies sont plus violacées, parfois ça trace des sillons sur les muscles. C’est un mélange de tout, de violence reçue, des hommes et du Dieu. Les retours de bâton du don sont plus légers mais bien trop nombreux, marques opalines, lignes qui s’étendent partout, de haut en bas, sur les bras, le cou, le dos, les jambes. Une vraie carte du Ciel Jan. Ajoutez y les brûlures et les tatouages, et vous obtiendrez un savant mélange d’un corps sculpté par les dieux qui fut brisé par les mêmes mains.

- Redresse toi.

Assis sur la chaise, je  t’ai dérangé. Pas de remarques, rien d’autre que cet ordre qui me fait légèrement tressaillir. Plus habitué à en recevoir, ça fait des semaines que les seuls mots qu’on se balance à la tronche sont remplis de non dits et de révélations. Mais je t’écoute, comme le bon capitano que je suis et redresse mon corps sans lâcher des yeux le mur d’en face qui me semble soudain plus intéressant que n’importe quoi d’autre. Tes doigts frôlent la plaie, je me mord la joue pour ne pas trembler sous le geste qui a gagné en résonance depuis quelques semaines. Avant ce n’était que le commandante qui nettoyait les conneries de son second. Ce soir, c’est… Autre chose. Et c’est à la fois délicieux et gênant. L’envie de fermer les yeux, de clore les paupières et de laisser le coeur parler. Et le devoir de rester immobile, de ne pas montrer à quel point sentir ton derme contre le mien me fait exploser.
Mes doigts se referment sur le devant de la chaise, s’enfoncent dans le bois brutalement. Darder les émotions sur autre chose que mes lèvres, oublier ce qui m'obsède et se concentrer sur le mur. Le mur et la chaise, ouais, c'est bien, ça.  Heureusement pour moi, mon don n’implique pas de découper autre chose que de la chair, sinon je devrais te racheter une chaise Joaquin.

- Ca va prendre plus de cinq minutes. Comment est l’autre ? Que ça devienne pas une habitude Flores.  

Léger sourire, petite moue du gamin sauvage de la Calavera, qui n’a jamais su se contenir, qui a fait de son nom, un écho de la violence et de la rage. 
Je tourne mon visage, ça m’arrache une légère grimace de douleur, mais j’ai…. Bordel. J’ai besoin de te regarder, de savoir que mon nom balancé dans ta remarque n’est là que pour détendre l’atmosphère. Que t’es pas réellement en colère.

« …. Il est mort.

Rire étouffé avant de me focaliser à nouveau sur la seule chose que je maitrise, le mur d’en face. Le blanc. Le vide. Tout sauf penser à toi. Et à tes mains qui traficottent je ne sais quoi dans mon dos. À tes yeux qui vrillent sur les cicatrices, certaines nouvelles, certaines anciennes. Sur les brûlures, les hématomes, les muscles chargés de violence. A tes yeux sur ma nuque. 
Qui t’appartient depuis cet instant.

Respire Jan, concentre toi sur le mur. Le mur.

« Il n’a pas respecté les règles du combat, il a sorti un couteau et a essayé de me tuer…. Essayé.
Petit gosse qui sourit, monstre qui s’amuse de ses propres bêtises. Repenser à la scène, où sa trachée a été écrasé. C'était exaltant. Mais ce n'est rien à côté de maintenant.

« Prometido… je ne viendrais plus t’embêter la nuit et… Aouih, ça fait mal !

Gamin ouais, qui vrille légèrement le corps sous une pique de trop, qui a acculé la plaie et la peau. Trop sensible Jan, à certains endroits, c’est plus ardent que d’autres. De trois quart, je peux enfin te regarder et intérieurement, je rêve de retourner face au mur, histoire que ça soit plus simple.

Et moins brûlant.
« Aïe.
Et moins douloureux, de continuer de sourire alors qu’on sait tous les deux, que le jeu est terminé depuis longtemps.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:37


All of me


"Give your all to me
I’ll give my all to you
You’re my end and my beginning
Even when I lose I’m winning"
song




- …. Il est mort.
Ça ne l’étonne pas.
- Il n’a pas respecté les règles du combat, il a sorti un couteau et a essayé de me tuer…. Essayé.
- Bien.
Il sait qu’on n’est pas censé féliciter un tueur. Qu’on ne doit pas répondre ainsi à un meurtre de sang-froid. Mais il en est lui-même un, en a lui-même perpétués alors il n’a rien à dire. A part que c’est bien. On joue dans les règles ou on en paye les prix. Les combats clandestins, c’est le seul endroit où la Calavera donne des principes à suivre. Le reste n’est que coups bas et trahisons.
C’est bien qu’il ait gagné aussi, tout simplement. Parce que la maladie est là et que tant qu’il gagne, il prouve à tout le monde qu’il est encore debout et qu’il ne faut pas le sous-estimer. C’est quand il perdra que Joaquin grognera et mordra quelques doigts. Sans doute ceux de Jan au passage. Il ne pourra pas plus longtemps jouer la comédie de l’innocente ignorance.
-  Prometido… je ne viendrais plus t’embêter la nuit et j-… Aouih, ça fait mal !
Ventre qui se sert quand les mots jaillissent en espagnol. Ils sont trop vite éteints. C’est dans cette langue que Jan murmure son nom la nuit, quand ses paupières sont closes, quand le « r » roule sur la langue et que le prénom de son frère devient le sien, véritablement.
- J’ai pas encore commencé.
Le ton est mordant, comme dans un jeu. C’est la phrase d’un aîné à son frère, d’un ami à son confident, que n’importe qui aurait pu sortir telle quelle.
Il s’est contenté de rapprocher légèrement les bords de la plaie désormais propre et sèche.
- Aïe....
- Je te pensais plus résistant.
La provocation et l'ironie pour ne pas parler d'autre chose. Parce que quand c'est le cas, ils finissent toujours par aller trop loin, par se dire des choses qui devaient rester secrètes. Ils finissent avec plus de regrets, d'espoirs et d'attentes qu'au début. Plus d'envies. Ça gonfle dans le cœur, dans l'esprit, dans le ventre et les reins. Ça gagne en détails, en précision, en certitude. Ça fait chavirer le souffle.
Il ne regarde pas le profil de Jan, ses sourcils froncés, sa petite moue qui pourrait ressembler à une grimace. Il sait qu'il y a tout ça sur son visage parce qu'il le connaît trop bien. C'est la seule chose qu'il s'est autorisé à connaître par cœur. C'est la seule chose qu'il aura car c'est la seule chose qu'il se permettra. Ça ne doit pas aller plus loin. Pas besoin de savoir tracer la courbe du dos, le tracé des hanches et des épaules, de savoir placer les cicatrices. Inutile. Pas besoin. Pas besoin de ses sourires, de ses blagues qui le font parfois sourire. Juste besoin de son professionnalisme et de son efficacité. De son amitié.
Lui-même n'y croit presque plus.
- Serre les dents et fais pas ta diva. Ça va piquer.
L'aiguille, une fois préparée, rentre dans la peau. Il ne réfléchit pas vraiment à la suite. Les gestes sont naturels à défaut de professionnels. Il a fait ça trop de fois, sur lui-même ou sur les autres pour ne pas savoir comment faire.
La plaie est grande, ça lui prend du temps. Il ne parle pas. Il ne sait pas quoi dire. Il ne sait pas parler Joaquin. Il sait ordonner et effrayer, pas entretenir une conversation. Il ne le veut pas non plus ce soir. Un moment de faiblesse comme Jan en a fait naître tant d'autres et il ferait un faux pas.
Alors quand il arrête enfin, il a les mains tachetées de sang et l’esprit engourdi. Il les nettoie en silence, ne relève pas la tête vers le visage de Jan. Il est censé partir maintenant. Mais ça sonne faux. C’est ce soir que le poids qui encombre son esprit doit partir. Pour la Calavera, pour lui, ça doit cesser.
Il se rend compte à quel point la concentration donnée pour recoudre la blessure lui permettait de se soustraire à l’attention de Jan sans même avoir à se justifier.
- Je vais te chercher un t-shirt.
C’est grommelé en prêtant une attention intense au torchon qu’il malaxe depuis de longues secondes.
Ne pas le regarder. Ne pas baisser les yeux sur la courbe de ses reins, ne pas …
Il se lève, monte les escaliers sans se retourner, s’arrête sur le palier, serre les mains sur la rampe. Il s’agace. Le vêtement est presque arraché de sa pile.
Il descend en silence. Il a presque hésité avant de le faire. Comme s’il avait le choix. Comment si c’était son genre. C’est ce qu’il se dit pour se rassurer. C’est des conneries ça aussi. Il est lâche quand il s’agit du cœur. Il le fuit depuis des semaines, des mois. Il ne fuit pas Jan car il en est incapable. Professionnellement et personnellement, il a besoin de lui.
- Tiens. Il est trop grand pour toi.
Il lui tend l'objet, évite tout contact et s'éloigne d'un pas. Il regarde les muscles glisser sous le tissu, se sent presque déçu et complètement stupide quand ils disparaissent de sa vue. Et sans doute que Jan voit ses yeux qui le détaillent. Et sans doute que cette fois-ci, il ne pourra pas faire passer ça pour un jugement.
Joaquin ne sait pas quoi dire. Il ne sait même pas quoi penser de ça. Ça va déraper. Il le sent. C'est toujours après les silences qu'il perd le contrôle.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:38


On our knees


"Feel it in your bones
The need for something more
The more and more you wait
It's Burning you."
song




- Je te pensais plus résistant.

Pas quand c’est toi qui me touche Joaquin. Pas quand je ne sais pas ce que tu regardes, ce que tu vois. Ce que tu penses. Pas quand y’a tes doigts qui éclatent contre ma peau et font vibrer la moindre parcelle de mon derme. Je ne suis plus un Dieu avec toi. Je ne suis qu’Alejandro. Et Alejandro Flores n’a jamais été résistant face à Joaquin Costilla.

- Serre les dents et fais pas ta diva. Ça va piquer. 

Coeur en carton mais peau de marbre, la douleur, je sais ce que c’est et l’aiguille qui s’enfonce dans la plaie n’est pas plus douloureuse que le coup de couteau du combat. Ça pique, ça brûle, mais ça va. Ça va toujours avec toi. Immobile et silencieux Jan, ça ne te ressemble pas. Les mains dardées sur la chaise, les doigts qui s’enfoncent dans le bois, les poumons qui se gonflent, tout le corps est tendu et n’attend qu’une chose, que ça se termine. Que le coeur expire une dernière fois. Un souffle, et ce sera fini Joaquin. Un souffle et je rentre chez moi, promis.
La peau se rapproche, la plaie se referme alors que le palpitant lui, il tente tant bien que mal d’en faire de même. Oublie Jan, arrêter de vriller dans quelque chose que tu ne peux pas avoir, tu fais pitié, à espérer, à te dire que les doigts qui s'attardent un peu trop sur la peau sont autre chose qu'un simple intérêt de Joaquin pour la couture.

Léger rire écrasé par la honte. Joaquin et la couture. C’est drôle quand même.

La peau est refermée, le corps se pare d’une nouvelle marque, d’une nouveau trophée. Je me relève de la chaise, me permettant un rapide regard en arrière pour admirer la marque. C’est laid, boursoufflé, mais refermé et c’est le principal. Tu grommelles quelques chose et disparais sans que je n’ai pu avoir le temps de te remercier. Et c’est là que j’expire enfin. Là que je revis, que mes épaules s’affaissent, que ma nuque tombe légèrement en arrière et que les paupières se ferment. Pourquoi c’est aussi compliqué ? Pourquoi ne peut-on pas faire comme tous les autres, parler, rire et se barrer. Pourquoi j’ai pas fermé ma gueule sur cette terrasse, dans ce restaurant, dans la salle ? Pourquoi j’ai osé t’embrasser ? Pourquoi Joaquin ?

J’peux plus oublier, j’peux plus faire marcher arrière, j’peux pas faire comme si j’n’avais pas le goût de ta bouche sur la mienne, comme si mon souffle ne se chargeait pas de ton prénom quand la lune s’élève. Pourquoi c’est toi ?

Pourquoi ça ne peut qu’être toi.

A peine le temps d’un battement (ou le temps de mille vu la cadence de mon palpitant), que tu débarques avec un t-shirt balancé dans mes mains.

- Tiens. Il est trop grand pour toi.

Désolé d’avoir encore perdu du poids. Désolé de me laisser dévorer par la maladie et le Dieu, de n’être bientôt plus rien… Désolé pour tout, mais j’te dis rien. Je pense que ça se voit assez sur ma tronche, que je le suis réellement, désolé pour tout ça. Et d’être encore là. Je souffle un peu trop fort, peut-être que tu entends, peut-être pas. J’oublie d’inspirer, manque un battement, manque de suffoquer. Le t-shirt est passé par dessus la tête, la douleur est bouillante sur l’épaule mais je n’appelle pas à l’aide. Je sais me débrouiller avec un coeur en miette alors avec une épaule déchiquetée, j’pense pouvoir gérer.  Regard relevé vers toi alors que le tissu glisse sur les muscles ciselées dans les cris et la poussière.

Glitch dans la cervelle.
Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Baisse les yeux Joaquin, arrête de…
Arrête, joue pas à ça.
Ne jouons pas à ça.


Et c’est moi, qui vrille le regard au sol en premier. Je ne comprends rien, ça tourne là-haut, ça se percute de haut en bas. Je suis habitué à ce que des yeux glissent sur ma peau, trop de marques, de tatouages, de brûlures et d’histoires. Je m’en fiche, ce n’est qu’un corps, qu’une façade. Mais toi, c’est pas pareil, toi, tu n’examines pas seulement les cicatrices et les douleurs, tu t'en contre fous, tu en as autant. Toi tu regardes autre chose Joaquin. Et ça attise les flammes comme une rafale en plein incendie d’été.

« T’as pas quelque chose à manger ?

Et ça réveille la faim, qui avec le désir, se mélange pour créer un véritable besoin. Ah Puch grogne, me pousse vers toi, un pas, deux pas, pas toucher Jan, garde tes mains sur les cuisses et dégage.  Je vrille sur la droite pour débarquer dans la petite kitchinette qui m’appelle comme une sirène vers un marin.

« J’ai tellement faim, j’pourrais avaler une tortue si on me le proposait.

Humour murmuré, détendre l’atmosphère, essayer du moins. Mais tais toi Jan, ferme-la pour éviter de raconter encore des conneries. Et pourtant ça continue, les mots se déversent mentalement, alors que je suis à deux doigts d’ouvrir le frigo mais que je me retiens. Par respect pour toi. Et ta cuisine surtout, qui se viderait de toute nourriture si je me lançais dans ma croisade. Je m’adosse à la table, les yeux toujours vers le sol, qui se relèvent pour enfin te regarder. Grave erreur. Le ventre gronde, se tord et se charge d’électricité alors que le souffle lui, disparait une seconde fois. Tu sais, sans oxygène, le coeur s’arrête. Mais pas chez moi visiblement. Pas quand je te regarde et que mon palpitant bombarde mon thorax comme des balles de m9 dans les rues d’Arcadia. Ça va saigner à force et bordel que j’aime ça, quand ça éclate.

« 4 combats.... » main relevée, quatre doigts de montrés, mine sérieuse du gamin affecté. « 2 minutes de pause entre chaque… ». Deux doigts de montré, exposition des faits. « … Un seul sandwich ! »  Et un ventre qui rugit pour te le prouver. Mine outrée, yeux qui roulent, je termine mon spectacle par un léger rire avant d’abandonner la table pour te libérer de ma connerie.

« Bon, j’arrête de t’embêter, merci pour…

Y’a plus qu’un mètre entre nous, mais clairement, pourrait y’en a voir dix que je brûlerais de la même intensité. Tu connais la légende d’Icare, Joaquin ? Ce con de grecque, il s’est approché trop près du soleil avec ses ailes de cire, elles ont fondu et il est tombé. J’ui pas aussi stupide moi, j'reste à distance de ce qui pourrait me faire cramer. T’as pourtant rien d’un soleil, entre nous deux, celui qui illumine le quartier, c’est moi. Alors pourquoi j’ai l’impression que si je faisais un dernier pas, tout partirait en vrille ? Nos coeurs, nos corps, nos Dieux ? Pourquoi j’ai cette impression que si je faisais ce dernier pas, tu reculerais et j’tomberais comme Icare ?

Aussi con que les ritals et leurs mythologies à deux balles Alejandro. Pas d’aile, pas de cire. Mais un coeur trop gros. Et un homme qui ne peut l’accepter, qui ne sait pas quoi faire, de ce second qui a du mal à se réfréner.

« … les points.

Mes prunelles qui contemplent les tiennes et qui s’abaissent à nouveau, rencontrant mes lèvres qui se hissent dans un rictus de gêne. Les yeux sourient, la bouche s’étire. Et voila, Jan, tu es vraiment Icare ce soir, tu tombes même sans toucher.

« Duerme bien Joaquin.

Et abandonner la cuisine en passant à côté de toi, les mains flanquées dans les poches de jean et les doigts qui pianotent sur une chair invisible. Et s’arrêter, là où les pas auraient du continuer.

Icare contre le Soleil.
Flores contre Costilla.

Ne me laisse pas tomber.
Au final, j’ui okey pour brûler.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:45


All of me


"Give your all to me
I’ll give my all to you
You’re my end and my beginning
Even when I lose I’m winning"
song




- T’as pas quelque chose à manger ?
Changer de sujet, retrouver un semblant de normalité en ne parlant plus du sang qui a taché le carrelage, les ongles de Joaquin et la main de Jan, qui laisse un t-shirt carmin derrière lui. Effacer le gêne et le silence, le regard trop attardé, l’envie, quelque part au fond de tout ça, qui gronde de plus en plus fort.
- Dans la cuisine.
Jan s’y dirige. A le regarder on ne dirait pas qu’il vient de se faire recoudre sans anesthésie après un combat clandestin. On dirait juste un ami qui a envie de bouffer. Ce serait tellement plus simple si c’était juste ça. Juste ça, deux potes. Pas de sous-entendus, de mensonges et de secrets, de désirs et d’arrière-pensées, d’avancées puis de dérobades. Juste eux. Mais ils n’y arrivent pas. Ils se sont avoués à demi mots leurs sentiments et ils restent là sans se toucher. Ce ne serait pas eux si c'était simple.
- J’ai tellement faim, j’pourrais avaler une tortue si on me le proposait.
Il ne répond pas. Pas besoin. Il sait que Jan a toujours faim ou presque, qu’il mange des quantités de nourriture impressionnantes. Il sait pourquoi.
La pensée de la maladie lui revient, perce la maigre bulle de sérénité érigée. Il observe en silence l’homme qui a maintenant un sourire enfantin sur le visage alors qu’il énumère ses exploits.
Il est malade. A en crever. Il va y passer. Parce que ses gènes ont décidé pour lui qu’il mourrait probablement en s’étouffant, incapable de contrôler son propre corps, trahi par sa propre chair. Il va mourir sans rien pouvoir faire si ce n’est retarder l’échéance. Il va mourir avec Joaquin le regardant, impuissant. Il va mourir de sa main s’il le demande. C’est ça que Joaquin se dit. Pas que le destin est cruel. Qu’il va peut-être devoir tuer Alejandro.
Alors il n’y répond pas à ce ton d’enfant heureux. Il garde un silence de plomb. Peut-être que c’est ça qui décide Jan à partir. Joaquin qui le voit se redresser, qui sent sa poitrine se serrer, son cœur accélérer. Il met quelques secondes à comprendre de quoi il s’agit. Un fond de panique, de regret, une envie de le voir là, adossé à son plan de travail. Le regarder en silence parler de lui et écouter le son de sa voix sans rien faire de plus. Parce que ça suffit. Ça suffit de voir Jan avec un sourire, vivant, loin de ses crises. Ça suffit pour nouer un nœud au creux du ventre de Joaquin, détendre ses épaules en même temps, pour adoucir légèrement le regard et desserrer la mâchoire. Jan est apaisant par sa présence. C’est leur relation qui est destructrice. Qui les bouffe. Qui mange les pensées de Joaquin, sa logique et ses nuits. C’est leur dynamique qui le détruit, qui abat les bases qui ont construit l’homme depuis quarante-quatre ans. Jan détruit Joaquin. Jan reconstruit Joaquin.
- Bon, j’arrête de t’embêter, merci pour… les points. Duerme bien Joaquin.
L’intéressé est désemparé. Il ne veut pas entendre la porte claquer, le silence se faire. Il ne veut pas jeter ce t-shirt, frotter ses ongles jusqu'à en avoir mal, effacer toute trace de cette scène et faire comme si rien ne s'était passé le lendemain. Il ne veut pas être seul.
Assez pour ne pas contrôler sa main quand il vient chercher le bras de Jan qui passe trop prêt. Assez pour ne pas savoir ce qu’il fait quand il le tire vers lui. Assez pour plonger ses yeux dans ceux de Jan trois secondes. Plus de temps que ce qu’a duré leur dernier baiser. Leur seul baiser. En était-ce un ?
Assez pour qu’il ouvre la bouche sans savoir quoi dire avant de la refermer. Assez pour se pencher et effleurer les lèvres de Jan du bout de siennes.
C’est assez pour qu’il sente leur saveur, pour que le souvenir de la soirée passée à la salle de boxe remonte.
Assez pour qu’il en veuille plus, tellement plus.
Il ne sait toujours pas ce qu’il fait quand il presse plus fermement sa bouche contre celle de Jan, que le contact se prolonge, que les détails s’inscrivent dans sa mémoire. Qu’il se sent entier et en train de se noyer en même temps.
Qu’il glisse sa main le long de son bras, qui effleure du bout des doigts les cicatrices trop fraîches qui parsèment la nuque de la Mort alors que sa langue veut se faire aventureuse.
Il recule, le souffle court. Sa main part aussi soudainement, comme brûlée.
- Je …
Il ne sait pas quoi dire, pas quoi faire. Il sait ce qu’il veut. Il sait ce que son corps veut, ce que son corps a pris et arraché de force alors que ses pensées se braquent, paniquent. Il a cédé. Buluc Chabtan résonne en lui, veut pousser de nouveau sa peau contre celle bouillante de Jan. Il recule de quelques pas, les yeux toujours fixés sur Jan, incapable de savoir quoi faire. Son instinct, celui primaire, lui dit de prendre la fuite. Son orgueil l'en empêche. Et peut-être que c'est le respect qu'il porte à Jan qui entrave les mots de regret. Ce n'est qu'une demi vérité. Cet acte était impulsif et illogique, instigateur potentiel de paramètres indiscernables, pouvant les mener dans une direction que Joaquin ne veut pas aborder. Mais qu'il imagine tous les soirs. Il en reveut. Et c'est ça, finalement, qui le fait reculer. Il en reveut assez pour se faire peur. Il est humain ce soir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:46


On our knees


"Feel it in your bones
The need for something more
The more and more you wait
It's Burning you."
song




Abandonner. Encore une fois. Ne pas savoir quoi dire d’autre à part "bonne nuit, dors bien". Y’a-t-il autre chose à dire au fond ? Non. Y’a pas le droit, de ressentir ces choses là, de vouloir les murmurer, de les souffler au creux de ta nuque, d’imaginer ce que ça peut être, de dormir à côté de toi. Y’a pas le droit car ce n’est pas bien. Pour toi, pour moi, pour la Cala, pour nous. C’est destructeur et illogique, de se dire qu’on abandonnerait 20ans d’’amitié pour tenter quelque chose qui va durer quelques mois. Alors non, mis à part "bonne nuit et dors bien", je n’ai rien d’autre à te dire Joaquin. J’en ai déjà trop dit. Y’avait plus qu’un "je t’aime" dans mes hurlements.

Y’avait un "j’ai besoin de toi".

Certains hissent l’amour au dessus de tout mais je n’y crois pas. J’aurais abandonné sinon. Depuis 20ans, je me serais lassé, d’espérer, d’attendre, de rester à tes pieds. J’aurais surement essayer quelque chose, j’aurais dis oui y’a 3ans. Si y’avait que d’l’amour ou du désir, j’aurais tout oublié depuis longtemps Joaquin. Mais y’a pas que ça et c’est bien là, le problème. Il m’est impossible d’abandonner car le respect que j’éprouve pour toi et ce que tu créés en moi est plus fort que n’importe quelle envie et que n’importe quel orgasme. Je me contre fous de t’avoir au creux de mes reins, tant que ce regard que tu m’as toujours lancé, celui du frère, de l’ami, du commandante, reste celui qui m’a toujours fait briller.

Je ne suis moi que sous tes ordres et ta confiance.
Je ne suis moi que sous ton regard et ton amitié.

Enlève moi ça, et je ne serais que le fils Flores. Plus d’Alejandro, plus de Jan, plus que l’enfant d’une famille qui a voulu le hisser tout en haut, alors que la place ne revenait qu’à un autre.

Alors continuons, mi hermano, continuons, de marcher. Parallèles parfaites, sans détour, ni changement.
Sans modifier la dynamique, en espérant que les mots balancés, se feront oublier. Car on ne peut pas trop espérer.

Et ça me suffit.
Tu me suffis Joaquin Costilla.
Ramón aussi, il me suffit.
Tout en toi, me va.

Mais tu te mens Jan. Tu te mens tellement que tu es incapable de comprendre ce qui se passe quand les doigts de Joaquin attrapent légèrement ton bras et te ramènent à ses côtés. Tu te mens tellement que tu ne réagis pas quand ses prunelles glissent contre les tiennes, quand sa main te chauffe le derme et qu’il ne dit rien. Et qu’il t’embrasse. Et que tu te laisses faire. Tu te mens tellement que tu ne bouges pas, que tu ne trembles pas, sous ses doigts qui crépitent sur ta nuque, sous le bout de la langue que tu sens timidement sur tes lèvres immobiles. Et tu te mens encore plus, quand, dans un pas, Joaquin recule et que tu n'exploses pas en en un milliers d’éclats.

Tout en lui te va.
Mais tu as besoin de tellement plus.

- Je …

Un seul mot et je suis à bout. Incapable moi aussi de réagir, les yeux dardés sur toi, en oubliant de cligner des paupières, incapable de savoir quoi dire, quoi faire. Je ne sais pas. Je ne veux pas. Je suis désolé. Je m’excuse. Je te laisse. Quoi "Je…" Joaquin ? Qu’est ce que… Qu’est ce que ça veut dire ce je  ?!

Putà ! Pourquoi c’est si compliqué alors que ça ne devrait être si simple. Çe s’échauffe dans mon crâne, ça se broie dans mon corps. Et la nuque qui brûle, et le derme qui se charge enfin d’électricité. Réactions en retard, t’as la chair de poule Jan. T’as le coeur qui palpite, le souffle saccadé. T’as la sueur qui perle sur ton échine et la langue qui passe distraitement sur le bout de tes lèvres, comme pour se rappeler de la saveur des siennes.

Baiser en deux temps, l’un qui fait un pas, l’autre qui recule. Jamais en même temps, jamais à la même heure.
On est nul à danser tous les deux, en retard ou trop rapide sur la cadence.  On est nuls.

Mais pas ce soir.
Ça ne me suffit plus.

Un pas et la distance que tu avais créé n’est plus qu’un souvenir. Un pas et ma bouche emprisonne la tienne tout en douceur, tout en lenteur. Car ni la brutalité, ni la violence n’a sa place dans une relation qui s’est créé dans le respect. Une main qui se pose sur ta hanche, naturellement, qui recherche ta chaleur, qui en veut tellement plus mais qui reste là, sans trop presser, sans trop en quémander. Juste offrir un simple contact qui veut pourtant dire tellement plus. Mes lèvres crépitent contre les tiennes, s’acharnent à rester closes, à ne pas trop en faire, à ne… Reculer le visage, abandonner ta bouche dont la saveur résonne en moi comme un appel à recommencer. Plus difficile de résister que ce que je pensais. Mon front contre le tien, la main toujours contre ton bassin et une expiration pour terminer l’étreinte.

«…No lo siento... No esta vez*

Je devrais reculer, je devrais te laisser ton espace. Je sais que tu vas paniquer, que tu vas me repousser, pour souffler, réfléchir. Et te barricader. Mais je décide de rester là, le front accolé au tien, les souffles qui s’entrechoquent, le coeur qui suffoque à force d’être en manque d’oxygène. Car inspirer, ce serait arrêter ce moment. Reprendre ma respiration, ce serait repartir dans un nouveau cycle. Et j’veux pas, qu’il s’arrête cet instant.

Tant pis si c’est l’unique.

Il me suffit.


*:

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:53


All of me


"Give your all to me
I’ll give my all to you
You’re my end and my beginning
Even when I lose I’m winning"
song




Jan qui ne bouge pas. Joaquin qui commence à sentir son cœur se serrer, son esprit se barricader, ses défenses remonter et son corps se crisper. C’était une erreur. Une erreur monumentale. Il le sait en regardant les yeux, les lèvres, le corps immobile d’Alejandro. Il a obéit à une pulsion, un besoin primaire mais stupide. Il n’a pas écouté sa logique, a préféré laisser aller son corps. Il a brisé une routine familière, a laissé derrière lui des habitudes protectrices. Il a laissé Jan espérer plus quand il ne peut pas y avoir autre chose. C’est trop dangereux. C’est s’attacher à un homme mourant, le laissant changer encore davantage son jugement. C’est mauvais pour le cœur, l’esprit et la Calavera.
Jan ferme la distance qui les sépare. Leurs lèvres se retrouvent presque naturellement. Il sent une main chaude sur sa hanche. Tremblement des mains, paupières qui se ferment alors que les lèvres se cherchent presque chastement. Début d’une frustration à double face qui prend place au creux de son ventre. Il a envie de plus et il s’énerve à la fois. Le second aspect est vite balayé quand leurs fronts s'accolent. Le goût de la bouche de Jan lui échappe déjà, parait chimérique. Elles sont juste là ses lèvres, si proches. Et pourtant il n’ose pas aller à leurs rencontre une seconde fois.
- …No lo siento... No esta vez.
L’espagnol achève la combustion. Le corps prend feu, tout comme l’esprit. La main sur la hanche qui ne calme rien, celle de Joaquin qui doit se retenir pour ne pas retrouver le chemin de la nuque de Jan. Il a envie d’effleurer les cicatrices, de sentir leur parcours, de relever les yeux de Jan avec une caresse.
Ils restent là quelques secondes. Il a un choix à faire rapidement. Retourner découvrir la lippe de Jan ou se détacher de ce dernier, instaurer une distance après une grande avancée. Ou une immense chute. Car il ne sait pas vers quoi ce baiser les mène. Peut-être vers leur perte. Peut-être vers quelques instants de bonheur arrachés en acceptant de payer un prix que Joaquin n’est pas certain de vouloir accepter.
Il commence à amorcer un mouvement de recul. Il a l’impression que quelque chose manque. Quelque chose qu’il ne doit pas louper et qu’il peut avoir maintenant. Ses yeux rencontrent ceux de Jan, immenses, qu’il n’arrive pas à déchiffrer. Il ignore ce qui apparaît sur son propre visage. Il ne sait même pas s’il est capable de montrer quoi que ce soit après autant d’années à ne rien faire transparaître. Surtout, il ignore ce qu’il ressent lui-même.
Lèvres qui se retrouvent une dernière fois. Qui s’écartent, qui laissent s’aventurer une langue curieuse. Baiser qui devient plus vorace, plus nécessiteux avec les secondes, qui laisse transparaître un désir latent déjà trahi par son corps. La main ne va pas sur la nuque. Ce serait le geste de trop.
Il finit par s’écarter au bout de ce qui lui semble être une éternité et une seconde à peine. Il a les lèvres, peut-être, un peu trop écartées pour laisser passer un souffle qui s’est emballé et qu’il s’efforce de rendre silencieux. Les yeux sont noirs.
Il abandonne l’idée du dernier baiser. Pas après ça. Pas après avoir vaguement compris ce que toucher un être désiré apporte. Jamais il ne pourra calmer les interrogations et pensées le soir. Ce serait vain. Il perdrait. Il le sait. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne se retrouvent maintenant. C’est une question de mots pour choisir la manière dont ils le feront.
Il a peur. Il ne peut que reculer l’échéance. Une partie de lui a déjà envie qu’elle se rapproche, une autre qu’elle n’arrive jamais. Jan le rend fou. Il emballe les désirs, les craintes, les angoisses et les … Rêves ?
- Il vaut mieux que tu partes.
Ton gêné, pour un peu, il se gratterait la nuque et dévirait le regard. Le sous-entendu est là. Pour ne pas aller plus loin, pour ne pas aller trop loin. Pour que la main de Jan ne s’aventure pas sous son t-shirt, ne touche pas le creux de ses reins.
Il s'avance vers la porte, prend garde à ne pas toucher Jan. Il finit par se retourner vers ce dernier une fois la main sur la poignée. Il a à peine eu le temps de remettre sur pied sa détermination à ne rien faire de plus. Elle vacille, il se reprend.
- Bonne nuit Jan.
Pour ne pas dire "merci".
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
On our knees. Empty
On our knees. - Ven 7 Sep - 23:55


on our knees


"FEEL IT IN YOUR BONES
THE NEED FOR SOMETHING MORE
THE MORE AND MORE YOU WAIT
IT'S BURNING YOU.""
song




Fais quelque chose. Bouge, parle, repousse moi. Je t’en supplie Joaquin, encore une fois, réagis. On est vraiment des incapables, à jamais savoir quoi faire au bon moment. Comme si, malgré notre âge et tout ce qu’on a vécu, ce qu’on fait là, ça ne ressemble à rien qu’on ait connu. Ni toi, ni moi, on sait se laisser aller Joaquin. On ne connait que les barrières, le devoir et la guerre. Nos dieux ont été élevé sur le champ de bataille, la rage coule dans leurs veines. Et nous, nous nous sommes aussi réveillés sous les combats, et y’a qu’la colère qui pulse sous notre derme. Et ces deux baisers, ta main sur ma nuque, mes doigts contre ta hanche, mon"je t’aime" hurlé et ton "moi aussi" murmuré,  ça Joaquin, on connait pas.

Et on ne sait pas gérer.
Mais ça ne signifie pas qu’on ne doit pas essayer.

Ton visage qui recule, ton souffle qui m’abandonne, quelque chose qui se brise à l’intérieur de ma carcasse, un coeur qui s’effrite alors qu’il a déjà du mal à résister depuis quelques temps.
Mais pas le temps de comprendre ou d’expirer, de dire pardon, de reculer. Les lèvres du commandante qui s’écrasent sur celles de son capitano, la bouche qui se veut aventureuse, les souffle qui s’échauffent et s’accélèrent comme les valves des palpitants. Mes doigts qui retiennent ta peau, mes phalanges qui deviennent d’opale tant ma main se crispe sur ta hanche. Plus, encore plus Joaquin, s’il te plait, j’en veux encore plus que je pourrais murmurer au creux de tes lèvres si tu me laissais le temps de respirer. Si je voulais réellement respirer.

Il est loin le premier baiser, celui où nos lèvres se sont à peine touchées. Si loin et si proche. La tempête qui se retient, les langues qui s’accrochent, les esprits qui plient mais qui refusent de continuer alors que les corps eux, ils s’approchent, s’effleurent et s’embrasent.

Ça brûle à l’intérieur de moi, ça crépite et ça explose sous tes lèvres qui m’offrent quelque chose que je ne pensais jamais recevoir. Alors même si tu recules Joaquin, même si mon corps tout entier réclame autre chose, que mes doigts pulsent sur ta hanche et que mon ventre se tord à l’idée de ne pas être nourri, j’accepte que ça s’arrête là.

Je ne grogne pas quand tu te décales et murmure qu’il faudrait mieux que je parte. Je ne relève pas les yeux quand tu abandonnes l’étreinte. Je ne souffle pas non plus sauf peut-être pour retrouver un minimum de contenance et vérifier que je suis en état de me retourner vers toi. Je ne suis ni agacé, ni frustré. Je ne fais pas l’enfant. Et pour une fois, c’est l’homme qui relève la tête et qui te regarde. Les mèches sombres à  la naissance de la nuque, les courbes de ton dos, la chute de tes reins. L’homme t’observe Joaquin et tu ne sauras jamais que ce regard, il est et sera à jamais uniquement pour toi.

"Bonne nuit Jan.

La porte s’ouvre. J’pourrais refuser, rester là et laisser mon corps et mon bas ventre continuer de brûler. Mais c’est mon coeur qui est à toi et c’est lui qui accepte de t’écouter.

" Dors bien Joaquin.

Pour les autres, ces mots sonneraient comme un abandon, un refus ou un au revoir.
Mais nous ne sommes pas les autres Joaquin. Nous n’avons pas besoin d'explication pour nous comprendre, ni de baisers pour brûler. C’est dans la rage et la colère que nous nous sommes toujours élevés. Et pour une fois, c’est dans le silence et la confiance que nous allons accepter de tomber. Les mots n'ont pas leur place là où les regards suffisent.

Je sors, abandonne la chaleur ambiante, entend la porte se refermer derrière. Et je souffle. Et je reste là, quelques secondes, quelques minutes, je n'en sais trop rien.

Je pensais être à toi depuis des années Joaquin.
Mais je me mentais. À l’instant même où mes yeux se sont posés sur ce jeune mexicain à l’allure fière et fermée, j’ai su que y’aurait que toi pour me faire sentir entier. Les hommes se connaissent depuis deux décennies mais les dieux, eux, vivent ensemble depuis des millénaires.

Je suis à toi.
Il est à lui.
Nous nous appartenons depuis le commencement Joaquin.
Nous étions faits pour n’être qu’un.

Car les sacrifices nourrissent la mort.
Et c'est la mort, qui conclue les sacrifices.


Revenir en haut Aller en bas
On our knees. -

Revenir en haut Aller en bas

On our knees.

 :: terminés
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Sauter vers: