Pas de fatigue mais des courbatures, ses passages au centzo sont devenus presque aussi réguliers que lorsqu'il va au temple. Et quand il se met à genou devant Shiva, il présente ses excuses, Ganesh, sa sagesse s'amenuise, il perd de vue ce qui a toujours été important pour lui parce que l'hybris le rappelle à l'ordre. Point de fatigue donc, c'est le côté positif de la chose mais pour toute médaille un revers, il ploie le dos quelques secondes, le front marqué d'un trait rouge touche le sol et puis il se redresse, mains jointes devant cette marque. Lakshan est un homme croyant, dévoué, mais depuis quelques temps il se sent basculer. Il s'était juré de ne pas côtoyer les mafia de près comme de loin, mais voilà, il se sent observé. La Calavera est à ses portes, elle va venir le chercher. Il ignore encore pourquoi, peut être à cause de son savoir, peut être parce qu'il côtoie Damariss de trop près et qu'il a compris qu'elle commence à rejoindre les rangs. La question serait de savoir ce qu'ils attendent de lui maintenant.Le brahmane chante, il l'aide à se concentrer et après deux bonnes heures à méditer il sort du temple. Bien que revitalisé il sent que quelque chose cloche. Suivi ? Parano ? Il ignora, ne voit rien dans la rue de suspect mais les ondes viennent lui courir à la peau dans un désagréable frisson.

Lakshan choisit de ne pas rentrer chez lui,marche jusque dans un bar-café et s'assied à une table près de la fenêtre pour regarder l'extérieur. En deuxième temps on lui apporte une tasse fumante d'un thé si épicé qu'il doit être le seul à le consommer ici. Lakshan regarde par la fenêtre à l’affût de la moindre silhouette qui l'aurait suivit, d'un visage qu'il aurait croisé durant ce bal auquel il avait choisi d'aller malgré c'était. Il ne regrette pas d'avoir emmené Rose pour lui changer les idées, il regrette juste que cette fête ait prouvé une fois de plus que ces gangs ne trouveront jamais assez de sagesse pour vivre ensemble. Lakshan soupire, il sait qu'il est en sécurité ici, alors il sort un livre pour s'occuper et se détendre un peu

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI

Le bal a été un échec cuisant, une autre preuve, s’il en fallait, que les mafias ne peuvent s’accorder que dans la douleur et la guerre. Pas contre un ennemi commun. Contre elles-mêmes. Ce bal, c’était une supercherie qui l’a mis en rogne. Bellandi n’aurait pas dû s’y prendre de cette manière. Il aurait dû buter Mendès dans son coin, faire un beau sacrifice privé, récupérer toute la puissance libérée, dire aux autres d’aller se faire foutre et leurs envoyer un bout du corps avec un petit mot « il est mort. Baci ».
Le bal, c’est une partie des entrepôts de la Nuova brûlés, une partie des marchandises en commun perdues, une perte de profit, un potentiel affaiblissement, une alliance possible entre le Royaume, la Bratva et les Enfants Terribles. Le bal, c’est un nouveau facteur qui pousse à élargir le champ des recrutements.
A étudier les profils, à écouter les informations, le bouche à bouche, à détecter les talents, à utiliser les relations. Le bal, c’est le prétexte parfait pour engager un scientifique expert en explosif et capable, sans doute, de produire d’autres merveilles à l’avantage de la Calavera.
Mais s’il est talentueux, les hispaniques ne doivent pas être les seuls à le regarder de loin. Il est donc temps de l’approcher.
Joaquin a lu le dossier à son sujet. Ce qu’il y a à savoir, il le sait. Les points de pression éventuels, il les connait. Les talents de Lakshan Rahman, il les veut, il les aura. D’autant plus que Bael et Damariss le connaissent. Deux arguments de plus ? A voir quand on connait les personnages.

Il ne devrait pas être là, à franchir la porte de ce bar-café. Son médecin a dit qu’il lui fallait du repos après les évènements de la fameuse nuit de juillet. Il n’a pas insisté quand le regard de Joaquin est tombé sur lui comme un couperet. Il ne sent pas la fatigue. C’est un avantage sur le court terme. Ça le tuera à la longue.
Il est là, assis dans un coin, à lire. Joaquin s’est demandé s’il allait le repérer, plus tôt dans la rue. Il a failli. Il y a eu le frisson d’anticipation. Pas la décharge d’adrénaline, pas pour si peu. Mais il a cru revivre un moment, un très court instant, ses lointaines missions sur le terrain.
Joaquin s’approche, tire la chaise qui est à côté de Rahman prudemment. Parce qu’il ne tourne ainsi pas le dos à la salle, parce qu’il sera plus difficile de l’attaquer ainsi. Sait-on jamais.
- Monsieur Rahman.
L’anglais est choisi au détriment de l’espagnol. Les R lui roulent sur la langue, l’accent est bien présent.
- Damariss vous a peut-être parlé de moi …
Un regard affable, qui cache une certaine satisfaction est adressé au trentenaire. Le sous-entendu est là. Il connait Damariss. Il sait comment faire mal à Damariss.
Il ne le fera pas. On ne touche pas aux oracles. Mais il est bon de le faire croire aux autres. Surtout à leurs proches.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI

La fatalité frappe à la porte, il n'a d'autre choix que de la laisser entrer, la laisser s'asseoir à ses côtés. L'aura sombre et mystérieuse de l'homme le mettent au parfum, ce jour là est arrivé Ganesh. Il ferme un instant les yeux, inspire profondément, vivant les dernières minutes de sa tranquillité. Sa vie sans doute va prendre un tournant. La voix grave de l'homme ornée d'un accent espagnol s'élève, perce le silence et la bulle de Lakshan. C'est son nom qu'il a sur le bout des lèvres, alors qu'il n'a jamais officiellement rencontré ce personnage à ses côtés. Il l'a reconnu, Costilla, il n'a rien dit a priori, l'a laissé venir. Il lève les yeux de son livre, intrigué, sur cette silhouette hispanique à ses côtés qui lui demande si Damariss lui a parlé de lui.

Damariss, son élève, qu'il a pourtant mise en garde quand il a commencé à l'aider à maîtriser ses dons fAce aux mafias qui auraient forcément besoin d'une oracle comme elle. Semble t-il qu'il a échoué, Lakshan, dans sa mission et que la jeune fille depuis bien longtemps a été approchée par la Calavera. Il ne désire pas la mêler à la conversation, pour la protéger un peu plus sans doute, nier qu'ils soient proches, nier qu'il tient à elle si cela peut lui laisser un peu de répit par la suite. Se sentent ils menacé par la présence de l'indien aux côtés de la jeune fille ? Un neutre pourtant, qui ne possède pas plus de facultés extraordinaires que celles de son cerveau, pas de crachats de flammes, pas de résurrection des morts, rien. Qu'est ce qui peut bien les embêter chez lui ?

« Non, mais quand on est Arcadien, on sait qui sont les grands » Du moins quand on est un dieu, manque t-il de préciser. Lakshan est plus qu'embêté, il a appréhendé le jour où une mafia l'approcherait parce qu'il ne désire pas se mêler aux conflits divins. Cela n'apportera rien à l'avenir, cela n'apportera rien de plus à ce pourquoi ils ont été réincarnés, au contraire. Pour Lakshan s'abaisser à tout genre de trafics de cette manière c'est s'éloigner de la quête spirituelle, la libération finale. Il a souvenir de ce qu'il a appris dans la bibliothèque, références aux jaïnisme, cela le hante, ils ont tout faux depuis le début sur leur manière de vivre parmi les mortels. Lakshan interpelle la serveuse, demande un café pour le monsieur venu promptement lui tenir compagnie. C'est qu'il devait y en avoir des calavériens ce soir là, en plus de Bael, Damariss, ce jeune homme à la gorge ensanglanté à qui il a donné sa veste devait en être aussi. Acte de générosité et de bienveillance, qu'il espère voir tourner en sa faveur, au moins. Les larmes synthétisées de Bael au profit de la Calavera, c'est lui aussi, il les a travaillées, il a fait des expériences dessus mais il avait aussi explicitement demandé à Bael de ne pas le mêler dans leurs histoires.

Semblerait il que l'on soit dans un monde où les vœux n'existent plus, où la quête de puissance première est la motivation de toute chose. Triste constat, et lui, il plonge, encore. «  Joaquin Costilla, il semblerait que vous savez déjà comment je m'appelle aussi visiblement » Recul nécessaire sur la situation, l'hindou reste calme, l'affolement ne sert à rien puisqu'il est visiblement là pour discuter. Ganesh le préserve de sa sagesse à cet instant, pourvu que cela lui porte chance. La serveuse revient avec le café de Costilla, que Lakshan paye, non pas pour le caresser dans le sens du poil, mais c'est ce qu'il fait souvent, parce que cela fait parti de ses principes de toujours bien accueillir quelqu'un qui vient le voir, fusse t-il ennemi, fusse t-il menace. «  Que puis-je faire pour vous? » Lakshan referme l'ouvrage entre les mains, le plastique de la couverture glisse sur la table quand il l'éloigne, la lecture reprendra peut être plus tard, pour le moment il est curieux de savoir ce qu'il a à lui dire.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE ICI