Tard. Le soir. La fin de journée. Le gamin était resté au tribunal, dans son bureau en admirant ses collègues s'en retourner. A la vie, à l'amour, aux enfants et aux mariages sans passion. Ezeckiel s'acharna à occuper cette chaise. Pourtant, un message fut envoyé. Tardivement, sans innocence. Il n'avait pas envie de retourner dans son appartement, ni même envie de finir dans les bars avec sa meilleure-amie ou encore de partir en recherche d'une occupation pour la soirée. Le brun emprunta naturellement un autre chemin : envoyer un message à Cael, sans oser espérer, mais simplement dans l'espoir de dialoguer. Il avait inventé qu'il était chez lui, alors qu'en réalité il était bien plus proche de Cael. Même quartier. Laissant sous entendre que sa porte était grande ouverte, dans l'espoir d'obtenir une invitation en retour. Le gosse fut satisfait et il enfila rapidement sa veste pour quitter le bureau. Le pas heureux, qu'il était. Pressé, un peu. Difficile de justifier une telle excitation. Cael usait du brun, comme tous les autres avant lui. Le greffier le savait alors qu'il empruntait les escaliers de l'immeuble. Il s'acharnait à venir combler une nuit de plus avec un individu qu'il découvrait un peu plus tous les jours. Honteux, certes. Le brun ne se disait pas intelligent, ni même malin, mais simplement assez grand pour souffrir si cela lui offrait un instant de bonheur. Ezeckiel était né pour souffrir, pour encaisser les fautes des autres, alors les siennes étaient minables en comparaison aux blessures des pires enflures de cette petite terre. Cael n'était pas blanc, encore un mauvais garçon, un de plus sans doute. Le gosse s'y accrochait pourtant, s'en amourachait sans oser le dire. Il le savait, au fond, qu'il allait toucher les tréfonds sentimentaux en risquant de se frotter à la déception. Échouer, une habitude.
Il conserva ce même sourire en franchissant la poche et en daignant enfin ranger son téléphone dans son sac bandoulière avec des dossiers à travailler. Ouvrant la porte et la refermant comme un garçon innocent, le pas calme en s'enfonçant dans l'appartement. Retirant sa veste pour déposer cette dernière en compagnie de son sac sur le sol dans un coin – tout en prenant soin de retirer ses chaussures. Pas un bonjour, alors que Cael était dos à lui sur le canapé. Le gosse ne retira même pas ses lunettes, prenant simplement direction de derrière le long sofa. Les deux mains sur le dossier, sans toucher Cael des mains, mais en prenant soin de se placer derrière sa tête. Le regard au dessus de son amant, un petit sourire en coin : il bossait réellement. « Motivation numéro une : tu es très sexy quand tu es sérieux. Salut, Cael. » Moquerie facile.
Il garde le téléphone à proximité mais il sait que ce dernier va arrêter de vibrer. Assis en tailleur sur son canapé de cuir blanc, le renard s’attèle à la lecture de ses dossiers malgré l’heure un tantinet tardive. Tasse de café à la main il tourne nonchalamment l’une des pages, ses cheveux sombres en bataille et douche prise depuis au moins deux heures. La créature a beau jouer elle adore son job, c’est même elle qui l’avait insufflé comme une évidence à Cael lors de leur fusion, lui qui pourtant aurait tout donné pour être avocat et aurait probablement été un fervent défenseurs des opprimés de ce monde. Comme quoi, Destin sait être on ne peut plus ironique quand il veut. La porte de son appartement s’ouvre mais il se refuse à bouger, sachant pertinemment de qui il s’agit et un sourire en coin victorieux vient étirer ses lèvres qui trempent dans le liquide aussi sombre que sa tignasse. Il n’oubliait pas néanmoins leur conversation et la promesse d’un fameux double de clés. Ezeckiel était là donc… Hoffman n’avait d’autre choix que de les lui donner. Oh il pourrait bien user de parades, il sait le faire avec Feliks mais dans ce cas précis il n’en a nulle envie et surtout nul besoin. Sans doute est-il fou à son tour à force de jouer avec les esprits faibles pour ainsi songer à donner un double de clé de son jardin secret, mais Cael, s’il s’amuse encore à nier, préfère penser qu’il ne s’agit là que d’un jeu temporaire. Diantre qu’il se fourvoie le nogitsune, sûrement déjà bien plus accroché au gamin qu’il ne le pense et veut l’assumer.
Les doigts pressent contre le cuir, non loin de sa nuque, le renard le devine et il se penche en avant pour poser la tasse presque vide sur la table basse. Motivation numéro un : tu es très sexy quand tu es sérieux. Salut, Cael. Un nouveau sourire apparait mais le greffier n’a aucun moyen de le voir puisqu’il lui tourne toujours le dos, ce dernier retombant contre le dossier qui a conservé sa chaleur corporelle. « Ezeckiel. » qu’il salue gentiment à son tour en ayant pris soin de décortiquer le prénom en entier. Il se souvenait encore des mots du brun lors de la première fois où il l’a amené ici, sur son terrain. Dossier ouvert sur ses cuisses, Cael le referme délicatement pour l’empiler sur ceux à ses côtés toujours tout sourire. « Es-tu en train de commencer la liste ? Car il me tarde de connaître la motivation n°2. Tu attises ma curiosité. ». Ca pour être curieux… Cael l’était sincèrement. Lentement, il déplace le téléphone et la pile de dossiers pour ensuite tapoter ses doigts sur le cuir, l’intimant de venir s’asseoir.
Ce prénom, il fut compliqué à obtenir pour Cael. Ezeckiel n'avait pas fait les présentations officielles lors de la première rencontre. Enfin si, mais dans le cadre du travail. Le brun ne s'était pas attardé sur Cael la première fois, se contentant de cette image de doux connard qui avait un très joli corps à regarder. Le gosse afficha donc un sourire alors que le psy prenait le temps de détailler ce prénom. Légèrement taquin. Cela faisait son petit charme. Il n'osa pas l'applaudir en venant le féliciter de savoir prononcer son prénom – le défi véritable, était de prononcer son nom et son prénom à la suite. Soupirant donc, mais avec un certain humour. Le tout accentué par la conversation qui semblait suivre logiquement la suite des messages. Cael ne perdait pas le nord. Le brun inspira alors en mimant un instant de réflexion. Les regards ne s'étaient toujours pas croisés. Ezeckiel ne daignait pas se joindre à son amant sur le canapé, préférant ne pas échanger les regards. « Tu voudrais donc casser tout le mystère ? Si vite ? Ça serait dommage. » Observant le ténébreux déplacer ses affaires en conviant cordialement Ezeckiel à s'installer à ses côtés. Le brun affichant un petit sourire en coin, se penchant alors sur le canapé, prenant appuie sur le dossier du canapé, et approchant son visage de l'oreille de Cael. « Comme quoi, tu n'es pas trop occupé. » Déposant une bise sur sa joue avec un petit sourire en coin. Faisant le tour du canapé pour arriver face à Cael et faire face à une brève hésitation : sur lui ou à côté de lui. Le gamin fit le choix de finalement s'installer en tailleur sur le canapé, collant ses jambes contre sa poitrine en déposant un regard sur le ténébreux. « Je voulais pas perturber ta soirée… encore. » Parce qu'Ezeckiel, il aimait être là. Mais cela ne signifiait pas qu'il n'avait pas conscience d'être trop souvent là. Un poids.
En règle générale, le renard a bonne mémoire, ou plutôt disons qu’il fait le tri sélectif de ce qui l’intéresse ou ne l’intéresse pas. La discussion par téléphones interposés est encore trop fraîche pour qu’il ne perde le fameux Nord, il n’en perd d’ailleurs pas une seule miette et se délecte d’avance de connaître le contenu de cette liste mystérieuse. Tu voudrais donc casser tout le mystère ? Si vite ? Ça serait dommage. Le ricanement qui suit ne peut être contenu par la créature qui s’amuse et se détend. Il a son sale caractère Cael mais il ne peut nier qu’en présence du greffier il se détend bien plus vite. Posez lui la question cependant et il niera tout de go. « Oh mais j’ai toute la soirée devant moi, pas toi ? ». Il hausse un sourcil, le gamin toujours dans son dos alors qu’il l’invite à le rejoindre d’un simple geste et non par les mots. Le murmure qui suit lui arrache un sourire bien plus large que ceux qu’il affichait précédemment et qu’Ezeckiel n’était pas en mesure de voir. Hoffman souffle doucement par le nez avant de laisser planer le silence tel un mystère qu’il s’amuse à conserver lui aussi. Le gamin embrasse sa joue et là encore il ne dit rien, presque trop docile, comme s’il refusait de voir que Zeke faisait pour ainsi dire dorénavant parti de son environnement quotidien. Une chance que le greffier ne soupçonne probablement pas. Lorsque le jeune homme passe enfin devant lui, le psychologue ne peut que l’observer de ses prunelles mitigées, sourire en coin revenant se former à ses traits. Il hausse légèrement l’un de ses sourcils et ne le quitte pas des yeux quand il vient s’installer à ses côtés, lui en profitant pour détendre ses jambes restées trop longtemps en tailleur. Je voulais pas perturber ta soirée… encore. Cael roule des yeux et tourne la tête vers lui. « Tu crois que je t’aurais dit de passer si tu la perturbais ? Crois-moi si c’était le cas je n’aurais largement pas pris la peine de répondre et tu le sais. ». Tu me connais, qu’il a presque laissé échapper de ses lèvres mais dont il s’abstient à la dernière seconde. Le Nogitsune a un sale caractère et Ezeckiel en a fait les frais lors de leur première rencontre, il sait donc à quoi s’attendre, c’est là tout ce que Cael essaie de lui dire. Lentement et tel un chat, le ténébreux se lève de son canapé en direction de l’entrée, là il pousse une trappe dissimulée et en sort un double des clés de son appartement. Puis, il revient vers lui et se penche, trousseau au bout de son index. « Hm… Dis-moi… Ou plutôt… Que dirais-tu de… ». Il sourit, un air malicieux dans ses prunelles. « … Me montrer combien tu les veux ? ». Joueur jusqu’au bout des ongles, Cael le resterait.
« Comme toujours, ma soirée est à toi. » Parce qu'il n'allait pas changer son fusil d'épaule le jeune homme. Cael, il était devenu un pilier dans sa vie. Il n'était pas nommé, n'était jamais évoqué, mais occupait l'espace et le temps perpétuellement. L'enfant voyait ces moments comme une bulle, qui gagnait de l'ampleur. Peu à peu, il avait gagné du terrain le psy. Des sms, d'abord pour simplement se voir, avec des questions basiques : où, dispo et quand. Voilà. Aujourd'hui, le niveau était tout autre : conversations, échanges et plus encore. Pas seulement chez lui, tard le soir. Parfois au boulot, en soirée, toujours dans un coin de l'esprit du gamin. Un début, qui connaîtrait comme d'habitude une fin tragique. Cela s'évaporait, ces idées noires, alors qu'il déposait ses prunelles sur Cael. Il était sexy, il avait toujours ce petit sourire en coin. Ezeckiel fantasmait honteusement sur une crise de jalousie, l'idée d'admirer une colère chez son amant l'excitait de façon assez pathétique. Posé à ses côtés, le geek avec le ténébreux. Un étrange mélange, il fallait bien l'avouer. Le gamin s'excusa, parce qu'il était comme ça Zeke : pardon, d'être là. Il n'arrivait pas à s'affirmer sentimentalement parlant, il fallait l'accepter et s'y habituer. « Bien sûr que je le sais, mais ça fait plaisir de l'entendre. » Manipulateur, mais pas dans le sens imaginé. Non, il n'en était pas sûr, mais feindre le contraire était s'assurer de ne pas être blessé. Il ne pouvait pas s'envoler, imaginer le meilleur dans sa tête. Ezeckiel il devait rester les pieds sur terre avec son coeur, pour lui éviter des malheurs inutiles. Sa mère lui avait toujours dit de bien choisir, et jusqu'à présent ce fut toujours des échecs. Puis, l'amant se lève, laissant le gosse dans l'incompréhension. Une blague ? Laissant alors ses jambes s'allonger sur le canapé, prenant place sur le cuir comme un meuble à part entière dans cet appartement. Observant donc la scène du coin de l'oeil, en admirant Cael revenir. Le regard inquisiteur derrière ses lunettes de geek. Finalement, c'est en se penchant à nouveau sur Ezeckiel qu'il daigna faire comprendre ses intérêts : les clés. Les fameuses clés. Une vaste blague, que Cael semblait prendre au sérieux. Le gosse ne cacha pas sa surprise, légèrement perdu et dans une certaine forme d'incompréhension. « Tu arriveras toujours à me surprendre Cael… et pour répondre à ta question. » Le brun retira alors ses lunettes, déposant ces dernières sur la table basse avant de reprendre une place allongée sur le canapé – toujours en faisant attention aux dossiers qui traînaient. Au passage, il attrapa non pas les clés – toute tentative serait ridicule, - mais le col de t-shirt de son amant pour l'attirer dans sa direction. Le rapprochant assez de ses lèvres, continuant d'enrouler son doigt autours du col de son amant avec un petit sourire en coin. « Tout dépend ce que tu veux toi, je peux te donner une raison en plus pour justifier ma venue. C'est bien comme échange, nan ? » Parce que jouer, c'était l'essence même de cette relation. L'autre main, elle, tentait un lent mouvement pour s'accaparer les clés - la distraction, la base d'un bon tour de magie.
Il n’est pas bon d’attiser la colère du Nogitsune, surtout à un trop grand niveau. Cael présente bien, se fait parfois cet homme charmant mais l’on oublie souvent qu’il est capable du pire dès qu’il s’agit de commettre des actes sordides. Il n’a tué qu’une fois de ses propres mains, les autres ont bien souvent été des suicides, uniquement les âmes trop fragiles qui ont cédé tout de suite à ses jeux d’esprits. Oui, le renard est capable de bien des facéties à l’égard de ses victimes, obsession des âmes trop pures ou à l’inverse possiblement perverties. Comme toujours, ma soirée est à toi. Il ne saurait dire ce qui lui plait le plus dans cette phrase, qu’Ezeckiel lui avoue avoir tout le temps pour lui ou le constat de voir combien il devient essentiel à sa vie ? Cael esquisse un autre sourire en coin, c’est ce qu’il avait voulu entreprendre lorsqu’il avait cédé au brun la première fois : le rendre accro d’une certaine manière. A présent qu’il avait plus ou moins réussi qu’en était-il ? Il devrait probablement le jeter comme une chaussette usée mais aussi surprenant que cela puisse paraître, le renard n’est pas prêt à s’en détacher. Il pense avoir le contrôle, pense être encore le maître du jeu et au fond il l’est, mais l’autre a su s’insinuer dans ses veines bien malgré lui, et ça il ne le voit pas encore.
Comme bien souvent tout part d’un jeu avec le ténébreux, et ce soir n’échappe pas à la règle. Le jeu a commencé bien avant qu’Ezeckiel ne fasse irruption dans l’appartement, le jeu existait déjà dans leur échange de mots. S’éloignant du canapé par surprise, il le sait, Cael ne revient que quelques secondes plus tard avec le double de clés en main. Ainsi, il se penche suffisamment, main reposant sur l’un des accoudoirs du canapé, pour tendre les clés devant le visage du brun. Silencieux, il le laisse se redresser et poser ses lunettes sur la table basse sans le quitter de son air malicieux. Il a bien vu et entendu la surprise sur les traits et dans les paroles du greffier, ça l’amuse, indéniablement. Hoffman est plein de surprise et parfois déroutant, il ne le sait que trop bien. Les doigts s’enroulent alors au col de son haut et le renard sourit un peu plus franchement, attiré vers les lèvres du gamin, index toujours tendu en sa direction. Tout dépend ce que tu veux toi, je peux te donner une raison en plus pour justifier ma venue. C'est bien comme échange, nan ? Un grondement s’échappe du fond de la gorge du ténébreux, prunelles vertes se posant dans celles d’Ezeckiel sans sourciller. Il devine le lent mouvement de ce dernier mais ne bouge pas, lèvres à quelques millimètres des siennes. « Hm. A ta question je répondrai juste un… Surprend-moi. » qu’il lâche en bifurquant suffisamment sur la fin de sa phrase pour aller en murmurer les deux derniers mots à son oreille, retirant son index à la dernière seconde pour ne pas que le brun puisse subtiliser aussi facilement les clés. « Qui a dit que la partie serait facile Ezeckiel ? » qu’il murmure à nouveau avant de mordre le lobe de son oreille et déposer un chaste baiser dans son cou.
Pour un seul instant, donner l'éternité. Défier l'impossible, affronter les pires atrocités et les plus grandes divinités. De quoi était capable un humain pour parvenir à ses fins ? Impossible à savoir, même si le gosse continuait de croire qu'il finirait sur le trottoir à implorer la pitié de ceux qui avaient un jour traqué la mère du gosse sans repères. Parce qu'il le savait, ce qui vibrait dans son regard. Non pas un don, mais le reflet de ses émotions. Visage émotif, yeux qui parlaient pour tout justifier. Le bonheur du coeur baignait dans son regard, la tristesse passagère glissait sur ses joues rosés par la timidité. Ezeckiel était un livre ouvert, il suffisait de savoir lire et tout prendrait sens. Cael, lui, se devinait. Il ne se lisait pas. Le gamin savait qui était en face, l'allure qu'il se donnait, mais sous la carrure ne se cachait pas la pierre dont il semblait être si fier. Le greffier ne pouvait se fier à son instinct, il y croyait le vaurien et pour bien des raisons : il était encore dans ce monde en ayant écouté ses propres prédictions. Cael n'était pas mauvais, un simple mauvais garçon de plus. La souffrance, il ne la causerait pas à Ezeckiel : il était clair dans ses intentions, le psy. Le gamin voyait une lumière, mais il se mentait en étant persuadé que cela deviendrait son univers. Un mensonge, un calvaire de plus dans sa vie. La misère d'espérer un nous, quand il était conscient qu'il ne pourrait jamais accepter l'idée d'exister au sein d'un tout. Paradoxe, fort peu orthodoxe.
Un jeu, dans lequel le ténébreux s'en sortait mieux, il avait l'atout de la soirée. La chance pouvait tourner, il suffisait de parfaitement mener la danse. Proximité, pour mieux usurper ses désirs. Une clé, stupide objet de toute son attention. Le macguffin d'un vieux film en noir et blanc sans nuances. le blanc nommé Zeke, le noir qui portait à merveille le costard, ce cher Cael. La surprise, le mystère, mais bordel c'était lui le cachottier dans ce duo endiablé. Surprise, mais elle était de mauvaise augure, cette façon hasardeuse que de jouer aux devinettes. Il en perdrait la tête, s'il laissait le gamin embrasser les joies des surprises. Sans rien dire, il se contente de sourire, parce qu'il ne pourrait pas lui expliquer la vérité, lui raconter ses vérités, sa triste réalité. Main retirée, manche perdue, mais le gamin savait qu'il parviendrait à inverser la situation. Il suffisait d'un peu de malice, un soupçon de franchise, et la main agile pour savoir mixer le tout sans briser la contemplation. Les murmures qui traverseraient le mur de béton entamé par le coeur du gamin, inachevé par le poids des déceptions. Un geste sensuel, un baiser déposé avec une certaine chasteté. Ezeckiel n'était pas un garçon difficile à baiser, il suffisait de se pencher sur son cou, de déposer les mains sur les hanches et ce dernier devenait un objet destiné aux plaisirs. « Mince, j'voulais te retirer ce t-shirt promptement, mais c'est pas très surprenant. Dommage, j'aurais essayé. » Feintant l'innocence avec aisance – un don, livré avec la prophétie, mais inutile de la préciser qu'il s'en délectait depuis des années et qu'il n'en souffrait que rarement. Se redressant alors, les genoux installés sur le canapé, continuant de conserver une certaine proximité avec Cael. Abandonnant le meuble pour se retrouver face à son amant, le doigt noué autours de son col. Il était plus petit que lui, et il trouvait cela toujours charmant, cette idée étrange que la taille de son amant allait le protéger. Commençant lentement à le tirer le long du canapé, avant de brutalement le lâcher au détour du canapé, se retournant avec un petit sourire en coin. « Tu as autre chose que du vin à boire j'espère, j'ai une audience demain matin il serait fort dommage d'arriver avec de l'alcool dans le sang. Mais fort pratique il serait, d'être en possession du double des clés. » Cette conversation était condamnée par le désir ardant, mais il y avait des sentiments, même s'il était persuadé de l'éprouver seul l'enfant.
Jouer, il adore ça. Surtout lorsqu’il est de bonne humeur et présentement Cael est tout à fait dans le genre d’humeur qu’il faut. Les doigts qui tentent de subtiliser les clés de manière sournoise sont vite arrêtés, mots murmurés tout contre les lèvres du brun qui se croit le plus malin. Ce ne sera pas si facile de s’en emparer et ça, Hoffman y met un point d’honneur. Néanmoins amusé, les lèvres viennent trouver chastement la peau du cou d’Ezeckiel avant de se retirer lentement. Mince, j'voulais te retirer ce t-shirt promptement, mais c'est pas très surprenant. Dommage, j'aurais essayé. Le sourire en coin s’élargit sur les traits du nogitsune, toujours à portée du greffier et toujours dans cette attente foudroyante d’être surpris. En silence, il le laisse se redresser, doigts encore noués à son col, puis il se déplace lorsque le brun fait de même, de toute évidence tiré par ce dernier jusqu’aux abords du canapé. Il attend encore d’être surpris malgré les mots du gamin et se retrouve alors bien pantois lorsqu’il se fait lâcher et qu’Ezeckiel s’éloigne au détour du cuir. Tu as autre chose que du vin à boire j'espère, j'ai une audience demain matin il serait fort dommage d'arriver avec de l'alcool dans le sang. Mais fort pratique il serait, d'être en possession du double des clés. Les palabres résonnent jusqu’à ses oreilles tandis qu’il se positionne à côté de son canapé et refusant de quitter le môme des yeux. Il a de la suite dans les idées, Cael ne peut pas le nier. « Serais-tu en train de m’inciter à te faire boire pour mieux te suggérer de prendre ces fameuses clés afin de ne pas risquer ta vie au-dehors, complètement éméché ? ». Le sourire ne disparait pas de son visage alors qu’il s’avance et se rapproche. Sûrement, il fait tournoyer le trousseau autour de son index de façon négligente et esquisse un rapide sourire en coin avant de prendre la direction de la cuisine. « Pour les sages comme toi, j’ai ce que l’on appelle du jus de fruits. Multivitaminé ou… Raisin ? » qu’il lâche en se positionnant derrière son bar, clés posées sur le plan de travail à portée de ses doigts. Il scrute Ezeckiel sans faillir et retire son haut qu’il envoie en direction du brun. « J’ai dû trop boire de vin au dîner, j’ai un peu chaud. ». Puis il hausse un sourcil qui vient accompagner son sourire malicieux. Pour sûr, l’ambiance est bien moins tendue ou froide qu’elle ne pourrait l’être. Cael est décidément dans son meilleur jour.
Boire, encore un soir, une épave de plus dans l'océan des perdants. Il ne buvait pas pour oublier, ni même pour s'amuser, mais simplement pour socialement exister. Un verre, un second, et on remet le couvert. Le brun avait connaissance des vices de l'alcool, des dérives et de la passion inappropriée qui pouvait en découler. Cael semblait un adepte de la boisson et des jeux, un mélange dangereux même pour quelqu'un qui avait la force et le courage de s'arrêter. Cael savait sans aucun doute dire non au verre de trop, mais il défiait les règles des jeux. Un peu trop, jamais assez ? Difficile de se prononcer. Attiser le vice, mais refuser de céder à ce dernier. La psychologie, il en faisait son amuse bouche le ténébreux. Ezeckiel n'était pas de nature à se laisser berner, mais préférant tenter de berner l'autre. « ça dépend, l'idée que je rentre alcoolisé pourrait-il créer chez toi un sentiment particulier ? » Parce qu'il fallait répondre par des questions. Ne pas céder à la pulsion animale. Le trousseau serait facile d'accès, il suffirait de sauter sur Cael et de finir par lui dérober les clés au petit matin, rien de sorcier. Si le jeu continuait, c'était pour s'assurer un ascendant. Ezeckiel ne l'aurait pas, il ne pouvait pas, trop soumis à ses émotions. S'approchant du bar tandis que Cael le devançait. Il restait chez lui, le brun était un invité et rien de plus. Il ne pouvait pas venir se servir aussi facilement, il n'oserait pas, parce que tout ça, ce n'était pas à lui. Le gosse pouffa alors en écoutant la domination « sage ». Une belle blague, mais qui avait le mérite de refléter l'avis général sur Zeke : un gosse gentil, nullement compliqué et toujours apte à écouter. Vrai, ou faux, qu'importait. L'idée de répondre fut prise de court par un jet de t-shirt.
Petit branleur. Il profitait de l'instant, des faiblesses du brun pour l'attirer. Le torse de Cael était un amant, inexplicable, mais réel. Ezeckiel roula des yeux en observant le morceau de tissu. « Tu as toujours chaud, Cael. » Le gamin joua avec le t-shirt, passant du côté du bar tout proche de son amant. Innocemment, se désintéressant des clés. D'un geste habile, il s'installa assis sur le bar. Laissant son partenaire à ses côtés, torse nu. Le greffier glissa doucement entre le bar et Cael avec le plus grand calme dont il était capable. Les jambes écartées déposées le long des hanches du propriétaire. Le t-shirt, habilement tenu entre les deux mains, fut déposé derrière la nuque de la créature. Créant une certaine proximité, faisant pression pour rapprocher l'athlète. Lèvres proches, le souffle serein, et un petit sourire au coin des lèvres. Déposant fugacement les lèvres sur celles de Cael, mordant la lèvre inférieure en reculant à nouveau son visage. « S'il te plaît donne moi ce double. S'il te plaît lâche ces clés et laisse moi les voler demain matin. S'il te plaît, retire le reste, si tu as si chaud. » Moqueur, aguicheur, un mélange dont il était accoutumé.
Ezeckiel a bien trop de facilités à le faire sourire, c’est une certitude. Une certitude qui contrarie un peu la créature mais qui pourtant ne l’empêche pas de continuer perpétuellement de sourire. Il ne saurait dire réellement comment le gamin a su se faire une place de la sorte, mais toujours est-il qu’il était présentement en train de lui proposer sérieusement les clés de son appartement. Ca devrait le faire grincer des dents ou même le rendre perplexe mais il n’en est rien, au contraire, les billes d’émeraudes s’amusent à scruter le brun qu’il vient tout juste de dépasser pour filer derrière le bar. Il en récupérerait presque un air enfantin à batifoler de cette manière. Ca dépend, l'idée que je rentre alcoolisé pourrait-il créer chez toi un sentiment particulier ? Les lèvres se pincent durant quelques secondes de réflexion intense et il hausse les épaules. « Tu veux dire… Est-ce que ça créerait de l’inquiétude ? ». Le sourire s’élargit un peu plus tandis qu’il le laisse miroiter quelques instants. « Définitivement. » qu’il finit toutefois par lâcher avant d’attraper la bouteille de vodka, ou encore le whisky, clés à portée de main. « J’ai de l’alcool fort si tu veux. ». Cael camoufle les paroles sérieuses derrière des mots bien plus légers, même si le nogitsune n’a strictement rien de quelqu’un de léger, bien plus noir et mystérieux qu’il n’y parait. Sans doute est-ce parce qu’Ezeckiel sait comment mener sa barque avec lui qu’il a une place particulière ? Peut-être bien. Hoffman n’est pas homme facile, le greffier peut donc se féliciter.
Puisqu’il est chez lui, le ténébreux ne se gêne pas pour retirer une couche de vêtement. C’est ainsi que le T-shirt se met à voler en direction du brun, pour le torturer, probablement, car c’est bien lui qui mentionnait l’idée de lui retirer son haut quelques secondes plus tôt avant de le faire marcher et prendre la poudre d’escampette. A la mention de la chaleur, il ne peut que sourire d’un air malicieux, sourcil haussé par le même occasion. « C’est étrange j’ai plutôt le corps froid d’ordinaire. ». Langue claque contre son palais tandis qu’il scrute l’avancée du jeune homme jusqu’à ses côtés. Il ne le quitte pas des yeux, paumes collées au plan de travail, clés et bouteilles d’alcool non loin de lui et de son champ de vision. Il laisse Ezeckiel prendre place sur le meuble même si à une autre occasion il l’aurait tout bonnement poussé de la surface plane et propre. Ne bougeant pas d’un pouce, le gamin vient prendre position juste devant lui, jambes passant de chaque côté de son corps sans que Cael ne fasse quoi que ce soit pour s’en dégager. Il demeure aussi immobile qu’un piquet avec pour seule émotion trahie, celle de son sourire en coin dont il ne peut plus se séparer. Le tissu revient alors trouver sa peau, passe sur sa nuque et voilà que son visage est obligé de suivre le mouvement jusqu’à celui de son amant. Cael gronde délicatement dans le fond de sa gorge au chaste baiser déposé sur ses lèvres, car il n’a pas le temps d’y répondre, seulement celui de sentir les dents tirer sur la peau fine. Alors il gronde un peu plus, à proximité de lui, et à n’en pas douter il se dégage bien une certaine chaleur indéniable, d’autant plus aux mots du brun. Le nogitsune ne peut que ricaner, nettement amusé par les supplications qu’il sait légèrement exagérées. « Il est de toute manière hors de question que tu rentres éméché chez toi… Si tu vois ce que je veux dire. ». D’un mouvement de la main il attrape les clés et les pose sur le bar. « Elles seront là, à portée. ». Puis, il se rapproche suffisamment pour coller son corps au sien encore tout habillé et il fait glisser ses mains sur les hanches du gamin, doigts remontant sous son haut tandis qu’il s’approprie cette fois ses lèvres. « Tout ce que tu as à faire maintenant, c’est m’empêcher de changer d’avis… ». Un murmure à peine audible lové tout contre les lippes du greffier.
S'inquiéter pour un autre que lui-même ? Cael semblait être un parfait exemple du faux égoiste. En effet, sa vocation était de parvenir à aider les autres, enfin il était possible de le supposer avec son métier. Nombreux seraient ceux à dire, qu'il était trop gentil. Il cherchait des qualités chez Cael, sans réellement se questionner sur la subjectivité de ses jugements. La recherche de qualités, était un travail nécessaire, parce qu'il ne semblait pas très ouvert le ténébreux. L'idée d'entendre qu'il pouvait faire preuve d'inquiétude était une sensation plaisante. Ezeckiel ne lui dirait pas qu'il sortait souvent, buvait beaucoup et que Cael se lasserait rapidement de cette inquiétude. Pas un danger pour les autres, ni même pour lui-même. Enfin, hormis le fait de faire souffrir librement un adversaire en plongeant son regard dans le sien. Finalement, il détourne le sujet vers l'alcool. Le gosse se contenta d'un petit sourire en coin, baissant légèrement la tête pour la redresser l'air de rien. « J'suis content de l'entendre. » Pour l'alcool ou l'inquiétude ? Ezeckiel considérait qu'il était facile de choisir, mais il laissait ce plaisir au ténébreux qui ferait de son mieux pour distinguer le vrai du faux. Ezeckiel n'était pas un livre ouvert, mais il ne semblait pas difficile de saisir les pensées du gamin. Cael était plus renfermé, plus sérieux et stoïque. Était-il criminel d'éprouver l'envie lubrique d'admirer une crise de colère de la part de son amant contre un tiers. Inexplicable sensation, qu'il n'oserait jamais avouer. Parce qu'il se doutait, que le jour où Cael lèverait la voix, cela ne serait pas pour venir critiquer, mais pour blesser et briser. La noirceur qu'il dégageait. Plaisant, sexy et attirant. Malsain ? Sans doute, mais un vaurien tombait toujours amoureux du Malin, ce vile coquin apte de toutes les fourberies pour embellir un bref instant sa belle vie.
Une couche s'envole, et l'esprit du brun dégringole. Ezeckiel était incapable de se promener torse nu dans son appartement, préférant opter pour un gilet et un boxer. Ses jambes, il s'en foutait. Son torse était toujours caché hors des actes sexuels, comme une façon de se protéger. Ridicule, mais il ne saurait venir l'avouer. Les allusions se poursuivent, l'un bien décidé à entraîner l'autre dans sa course folle à la séduction. « J'émets des doutes. » Parce qu'il en était toujours persuadé, Ezeckiel, de n'être qu'un numéro. Le petit jeu avec les clés, pouvait aussi bien être une façon de faire traîner la relation, sans amour ni même envie de lui offrir les passions pour le reste de ses jours. Impossible ) prédire. Le brun entama alors à son tour une avancée hasardeuse vers le plaisir de la chair. Il restait imperturbable le ténébreux, Ezeckiel lui, ne cachait pas cet immense sourire au bord de ses lèvres. Un peu trop content de l'instant. Forçant le rapprochement, sachant que le psy serait assez patient pour conserver une distance – impatient, rimait avec Ezeckiel. Grondement qui fait office de réponse à cette tentative de dépravation. Les supplications, se veulent moqueuses, répétées trois fois pour insister sur le caractère grossier des demandes. Il répliqua alors. Ezeckiel était toujours sobre à l'heure actuelle, et il serait intéressant d'aller voir jusqu'à où irait Cael pour préserver le faux innocent chez lui. Clés déposés sur le bar, attirant indéniablement le regard du gosse. Il décroche un bref instant, en imaginant comment il en était arrivé là. Ce fut assez, pour sentir le corps dénudé de Cael se blottir contre le sien. Les mains vinrent à serrer davantage le tissu alors que les lèvres s'unissent un court moment et que les mains se font baladeuses sur le corps de l'enfant. Un dernier défi prononcé au bord des lèvres, comme une ultime tentation. « Je croyais que ton bar ne méritait pas ça ? » Petit enjôleur. Il jeta le t-shirt de son amant derrière lui, et naturellement les mains prirent positions. L'une se nichant dans la nuque de Cael, laissant l'autre dessiner un pectoral du tracé de doigt. Tournant rapidement tel l'infini entre les deux muscles, plutôt que sur un seul. « Tu es officiellement sous la dictature du sans t-shirt obligatoire, à chaque fois que je viens. Souvent, très. » Hochant les épaules avec un petit air triste, rapidement abandonné par un sourire conquérant en nouant ses lèvres à celles de son amant, et laissant ses mains caresser la chair, la comprimer sentir le torse du ténébreux contre son coeur. Un aimant, plus qu'un amant.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, même pour lui-même, Cael venait ouvertement de dire qu’il ressentirait de l’inquiétude à le savoir éméché dehors en pleine nuit. Diantre, jamais il n’avait encore osé dire une telle chose mais le renard ne peut qu’admettre qu’il s’agit là d’une profonde vérité, aussi dérangeante puisse-t-elle être pour ses airs de brute froide. J'suis content de l'entendre. Ezeckiel est malin car même si le ténébreux a sa petite idée sur quel sujet est concerné par cet aveux, il ne peut toutefois en être certain étant donné qu’il vient tout juste de lui annoncer qu’il avait de l’alcool. L’intelligence du môme est telle qu’un nouveau sourire en coin vient étirer ses lèvres, franchise évidente qu’il est en mesure de lui offrir alors qu’il prend place sur le plan de travail pour mieux se trouver entre ses paumes délicatement posées. Le greffier se rapproche encore et encore, passe bientôt le tissu autrefois sur le dos du nogitsune autour de son cou pour mieux l’inciter à venir se lover. Cael marque un petit temps mais finit par s’exécuter, presque trop docilement. Les billes d’émeraudes observent alors leurs semblables opposées et coulent les mots sur leurs langues respectives. Dans un geste, les clés convoitées se retrouvent sur le bar, à portée. Elles le seraient vraiment, dans deux heures, dans six heures, et même le lendemain matin. Elles ne bougeraient pas de la nuit et l’obscur ne s’en souciera guère. Chose promise chose due, même pour une créature aussi vile que Cael peut l’être. En silence, ses lèvres trouvent les siennes et il l’embrasse chastement, doigts se séparant du plan de travail pour mieux venir glisser sur les courbes directement sous le tissu qu’Ezeckiel porte toujours. Lentement, le renard s’applique, envoie même une pique de défi à l’attention du jeunot, pour mieux essayer de découvrir ce qu’il a dans la tête. Et surtout quelle est sa véritable envie, même si pour cette dernière, le corps collé contre le sien se doute bien de ce dont il pourrait se repaître. Je croyais que ton bar ne méritait pas ça ?
Un ricanement s’échappe des lèvres du psy, franc mais également réservé, l’on ne changerait pas le nogitsune toujours prompt à la maîtrise de soi, en règle générale. Lorsque la main s’empare de sa nuque, Cael sent un frisson lui parcourir l’échine du haut de sa colonne vertébrale jusqu’en bas, mais il ne se sépare pas de son sourire énigmatique, maintenant le silence durant quelques fugaces secondes. A proximité de ses lèvres, il murmure comme si le monde était susceptible de les entendre alors qu’il n’en était rien. « Aurais-je dit une chose pareille ? Je ne me rappelle pas quand… ». Ironie, et pointe d’humour. La part d’humanité se régale de l’instant autant que la créature joueuse elle-même, et d’autant plus aux paroles qui résonnent ensuite dans le silence environnant de l’appartement. Il n’a pas le temps de répondre, car à peine les palabres sont-elles prononcées qu’Ezeckiel retrouve le chemin de ses lèvres et il l’embrasse sans attendre un instant supplémentaire. Il l’embrasse ainsi pendant de longues secondes, doigts tirant doucement sur le haut du brun en vue de le lui retirer. « Sans doute devrais-je mettre continuellement un pull, juste pour te contrarier et te rendre impatient. Tu en dis quoi ? ». Le sourire en coin s’élargit, doigts du gamin continuant de toucher la peau de son torse, glissant dans les quelques poils sombres s’y trouvant. « Penses-tu que mon bar mérite ce que tu as envie de faire pour que je ne puisse pas changer d’avis ? ». Tentation se penche vers le creux de son oreille, embrasse un instant le lobe qu’il mord une nouvelle fois, nouveau murmure soufflé contre la peau tendre. « Je dois admettre que je suis bien curieux… Dis-moi donc Ezeckiel. Qu’est-ce que tu veux ? ».
Déchirure, mot qui venait lui rappeler qu'il avait déjà vécu le petit gueux. Cael n'était pas une ordure de plus, mais un petit morceau de tissu qui semblait venir apaiser les mœurs du gamin. Il ne comprenait pas, ne voyait pas et ne pourrait pas saisir dans l'immédiat l'effet qu'il avait le jeune homme. Ezeckiel n'était pas un animal blessé, pas un garçon échoué, ni même un homme à sauver du naufrage. Zeke était un petit peu égaré, sentimentalement parlant, mais il répondait à des convictions, des idéaux et des passions. Cael était une forme de bénédiction, à sa façon. Le regard ténébreux, la façon détacher de considérer le gamin, ou encore l'attitude qu'il prenait comme une sale habitude. Un fossé, entre ce qu'il était au boulot et le regard qu'il portait en dehors de cet univers. Cael n'était pas quelqu'un de serein, au premier abord. Son mépris, était sans doute le reflet d'un sale caractère et d'une passion vulgaire pour la supériorité. Une divinité, et finalement, il s'était révélé n'être qu'un fin connaisseur du sujet. Une créature ? Un prophète ? Difficile de le préciser, mais les marques dans son dos, un indice précieux sur ce qu'il était et refusait de révéler au petit merdeux. En réalité, Zeke ne savait rien de son partenaire, laissant ce dernier draper derrière un miroir de fumée. Il ne voulait pas, trop découvrir sur celui qu'il aimait séduire. Cael était un mystère, qui finirait par se dévoiler. Jouant, perpétuellement. Par envie ? Par peur d'être découvert ? Il était enrobé d'un savoureux secret, et le gamin s'en délectait. Il s'enivrait de cette sensation d'inconnue, connaissant plus son corps que son âme, sans doute. Ezeckiel pourrait lire le psy, comme un livre ouvert, briser son intimité et arracher ses secrets. Non, à chaque fois qu'il le voyait le gamin était en quête d'une seule chose : de l'attention, des lèvres scellés et des mains venant s'amouracher d'un corps presque étranger.
Le psy commença à relever le haut du gamin, avec un certain entrain. La remarque sur le pull fit ricaner le gosse qui secoua négativement la tête en guise de réponse. Très légèrement, affichant un petit sourire coquin. Non, cela n'arriverait pas, sinon Ezeckiel adopterait à son tour le jeans pour dormir – chose qui serait désagréable pour l'un comme pour l'autre. Il joue de ses atouts, amenant une question qui ne méritait pas de réponse. Cael savait parfaitement où glisser ses lèvres, son souffle pour arracher toute volonté de révolution au gamin. L'oreille mordillée, et alors il posa une question qui sonna comme un écho de répétition. Un refrain, qu'il répétait souvent le ténébreux. Il avait déjà une vague idée de la réponse. Instinctivement, ce fut vers le bas du dos qu'il promena une main, abandonnant le torse de son amant. Cette marque, elle attirait le gosse, sa curiosité maladive et les dérives de son métier : le corps marqué, une réponse à la curiosité sur le passé d'un individu. Le mouvement fut bref, ne voulant en aucune façon venir heurter une fragilité chez le psy. Se contentant alors de lui-même faire voler son t-shirt hors de la pièce. Ezeckiel n'aimait pas son torse, il ne s'affichait que dans l'intimité – oui le con en t-shirt à la mer, s'était lui. Grisant, que d'être avec un amant athéltique, qui dégageait une aura particulière, presque vilaine. « Je te veux toi, exclusivement à moi. » C'est un « nous » qu'il voulait.
Il garde le téléphone à proximité mais il sait que ce dernier va arrêter de vibrer. Assis en tailleur sur son canapé de cuir blanc, le renard s’attèle à la lecture de ses dossiers malgré l’heure un tantinet tardive. Tasse de café à la main il tourne nonchalamment l’une des pages, ses cheveux sombres en bataille et douche prise depuis au moins deux heures. La créature a beau jouer elle adore son job, c’est même elle qui l’avait insufflé comme une évidence à Cael lors de leur fusion, lui qui pourtant aurait tout donné pour être avocat et aurait probablement été un fervent défenseurs des opprimés de ce monde. Comme quoi, Destin sait être on ne peut plus ironique quand il veut. La porte de son appartement s’ouvre mais il se refuse à bouger, sachant pertinemment de qui il s’agit et un sourire en coin victorieux vient étirer ses lèvres qui trempent dans le liquide aussi sombre que sa tignasse. Il n’oubliait pas néanmoins leur conversation et la promesse d’un fameux double de clés. Ezeckiel était là donc… Hoffman n’avait d’autre choix que de les lui donner. Oh il pourrait bien user de parades, il sait le faire avec Feliks mais dans ce cas précis il n’en a nulle envie et surtout nul besoin. Sans doute est-il fou à son tour à force de jouer avec les esprits faibles pour ainsi songer à donner un double de clé de son jardin secret, mais Cael, s’il s’amuse encore à nier, préfère penser qu’il ne s’agit là que d’un jeu temporaire. Diantre qu’il se fourvoie le nogitsune, sûrement déjà bien plus accroché au gamin qu’il ne le pense et veut l’assumer. 