Il y a le bruit des vagues, qui, sur les falaises, s’accrochent, se brisent et repartent vers la rive. Il y a la chaleur du soleil, qui caresse le derme, se parant lentement d’une nuance plus accentuée. Il y a les saveurs exotiques, les papilles qui s’éveillent sous le goût des plats de la famille Dousmanis. Il y a tout ça que tu aimes Luca, la simplicité dans la beauté grecque, la beauté dans la simplicité humaine. Tu prends ce qu'on te donnes, tu ne rechignes jamais Salducci mais cette fois-ci, tu donnes aussi s’en attendre un retour possible. Tu aides en cuisine, tu t’accroches sur le bateau du père de Sybille même si la pêche, ce n’est clairement pas pour toi, tu fais tout ça sans rien demander en retour. Et sans jamais toucher leur derme pour essayer d’éveiller Eros. Il est endormi, il te laisse vaquer à tes occupations et tu l’en remercies. Vous avez tous les deux besoins de silence et de respiration Luca, tu en as conscience. Et ce soir, c’est au bras de la sublime Dousmanis que tu vas inspirer des odeurs de fête dansante.

Jus d’orange pressé à l’instant, la paille entre les lèvres, comme un gamin qui a peur d’en perdre une goutte. Tu as les yeux grands ouverts Luca, on est loin des soirées de la Camorra. C'est plus simple, moins glorieux, plus… Personnel. Et tu aimes ça Luca, tu vibres du derme, t’as le sourire jusqu’aux oreilles. Et quand Sybille attrape tes mains pour t’emmener danser, tu ne trembles pas. Avec elle, tu n’as plus peur de lui offrir quelques caresses tant qu’elles restent vident d’Eros le Cupide. La musique est vibrante, colorée et pleines de nuances. Luca dont les hanches s’affolent sous les notes endiablées. Luca qui sourit, s’amuse et rit dans les bras de Sybille. Et quand les mains de la divine s’agrippent à ses épaules, l’italien l’attrape par la taille et la sert un peu plus fort, se fichant bien des regards qu’ils invoquent, des prunelles qui glissent sur le duo céleste qui brille comme deux comètes qui s’entrechoquent. " Tu es prête à t’amuser… ?"  Que tu lui murmures Luca au creux de la nuque, souffle chargé d’amitié, de confiance et de légèreté. Tu ne penses plus à tes mains ce soir Luca, tu es juste toi. Avec elle. Vous. Et ça te suffit tellement qu’Arcadia peut bien brûler que tu n’en as plus rien à faire.

Les mains qui descendent sur les hanches de la déesse, et l’entrainent dans une salsa endiablée. Les doigts qui contrôlent le mouvement de bassin de Sybille, les yeux qui rugissent et les joues qui rossisent. Corps qui s’attache à nouveau à celui de ton amie et éclat de rire à nouveau qui rempli l’espace infini "On fera une soirée salsa au Silver ! On va dérider un peu tout ce joli monde ! Je suis certain que Gus va adorer cette danse. Comme Alf et Alcide. Ils sont tellement rouillés qu’ils va leur falloir des cours privés ! " Et adresser un large sourire à Sybille avant d’attraper sa main et de t’éloigner en entamant de nouveaux pas de danse. Luca dont l’humanité revient petit à petit. Dont le visage se pare d’audace et de promesses. Dont le coeur palpitte à nouveau sous les effusions de joies qui autours, deviennent vibrantes et chaleureuses."J'espère qu'ils sont habitués à voir des dieux danser par ici..." Sinon, ils vont se perdre dans les pas enchantés des divins qui n'ont de cesse de briller.

L’Amour qui danse au bras de l’Équilibre, ça doit être comme un papillon aux ailes pétillantes. On ne peut pas s’empêcher de le regarder, s’élever, lentement et surement, en laissant sur son passage, des regards amourachés. Car la scène est bien trop belle pour ne pas être regardée. Ils sont bien trop beaux, dans la plus pure définition, Sybille et Luca, pour ne pas paraitre étrange. Différents. Venus d’ailleurs et surement d’un autre temps. Avec des ailes dans le dos et non de simples muscles. Des plumes et plus de la simple peau.
La musique qui tourne la tête et fait vibrer les coeurs, nous rions, nous vivons et nous ne pouvons nous quitter Sybille. C’est comme se regarder dans un miroir et y voir son reflet. Différent sur le papier et pourtant si similaires. Opposés par les divinités et pourtant complémentaires. Qu’est le monde sans amour ? Qu’est-il sans équilibre ? Rien qu’un ramassis de chair sans vie, qu’un tas d’esprits qui ne peuvent jamais se relever sous le poids de la réalité. Alors tes doigts je les emprisonne, ta peau, je l’accorde à la moiteur de la mienne et ton coeur je le hisse contre mon myocarde qui débute sa ritournelle. Amarré à Eros, Nemesis peut vibrer sous la lumière et oublier l’obscurité. Accolé  à Nemesis, Eros se maitrise, oublie ses armes et se pare de beauté. Et puis ça se calme, dans les notes, la musique qui berce les corps dans un tout autre rythme.  Il y a ton front qui se penche sur mon épaule et y dérive. Et tes bras qui m’enlacent un peu plus. Je suis prêt à étouffer si c’est au creux de tes mains Sybille. Ecoute ce coeur, entends-tu son calme et sa langueur ? Tu maitrises le dieu, tu le berces  tout en éveillant l’homme. Et Luca t’en remercie Sybille. Eros aussi.

Quand la question arrive, les mots picorent le derme et se plantent dans le coeur. Une petite épine, qui picote un peu mais qui ne fait pas mal. Car c’est toi qui la poses Sybille, et toi, je ne veux pas te fuir « Tant que tu es là, tout va bien… » Que murmure l’ange tombé une fois et qui ne pourrait plus se relever si une seconde fois, ses genoux se pliaient sur l’asphalte. Tout va bien, oui, et non je vais bien. Car je ne sais pas encore et je n’ai pas envie de chercher les mots ce soir. Me reculer un petit peu, me défaire de ton étreinte pour attraper tes doigts et te faire tourner sur toi-même. Les mèches qui volent au grès de la brise marine, mon sourire qui s’agrandit, de te voir tournicoter comme une petite fille. Et le rire qui l’accompagne, qui n’a d’égale que ceux des enfants les plus naïfs.  Et en te laissant échouer contre mon poitrail, dos à moi, je cale mon menton dans le creux de ton épaule. « On est bien ici…On peut rester toute notre vie ? » que je souffle sur ton derme, un peu rêveur, un peu menteur. On est bien oui, mais Arcadia est à nous. Et nous ne pouvons l’abandonner comme un vulgaire jouet. « Sybille… Tu connais Dirty Dancing ? Aucun danseur du Silver n’a jamais voulu… tester le porter final…j’me dis que… Au moins personne ne nous verra ici,  si on le loupe… » Et sourire toujours au creux de ta nuque, y déposant un baiser. Encore un, comme un papillon déposé sur ton derme. Comme un papillon qui lentement, rebouge les ailes et se relève

On le loupera pas. Oui Sybille, tu as raison comment l’Équilibre et l’Amour peuvent rater quelque chose tant ils s’apportent ? Tant ils ne sont qu’un, face au monde ? Quand l’un viendra faire plier l'univers, l’autre sera là pour rééquilibrer la balance. Quand l’autre donnera trop, le premier viendra retirer un peu de sa présence. Pour que tout soit à jamais aligné, sur un même niveau, sans que ça dépasse. Sans que ça ne penche vers un côté ouvert un autre.
Sybille qui disparait, Luca dont les yeux papillonent un peu, dont les hanches glissent vers la droite ett la gauche sans personne pour l’accompagner. L’Ange d’Arcadia se sent si bien, ici, même seul. Il se retrouve, sent que… La vie ne l’a pas encore abandonné. Il sait qu’elle a encore tant à lui offrir. Comme avant, dans toutes les histoires de la mythologie où Eros a toujours survécu malgré les batailles et les horreurs de l’univers. Eros s’est toujours relevé, le coeur endurci, les ailes plus grandes, plus blanches, plus hautes. Capables de tant de choses malgré ce qu’on pensait de lui. Un bruissement d’ailes et voilà que le monde s’écroule. Un effleurement du derme et voilà que l’univers se relève.


Et la musique américaine retentit, la BO d’un film que tu connais par coeur Luca. Car tu aimes ça, les histoires à l’eau de rose, qui te donnent le sourire et t’empêchent de t’éteindre. Alors la main de Sybille, tu t’en empares et la hisse au même niveau que toi, là où la douleur et la haine ne peuvent vous atteindre. Les hanches se balancent lentement, les sourires fusent et lorsque les lèvres de la belle Dousmanis s’écrasent sur le bout de ton nez, tu rigoles. Tu es si beau Luca, quand tu pulses sous la vie. « Oh tu sais, Alcide sait danser bien d’autres choses… Je ne peux pas témoigner pour Augustin par contre. » Que tu murmures, petit souffle sur le visage de Sybille. Le sourire ardent qui l’accompagne ne laisse pas de doute sur le type de danses attachées aux courbes du Don. Plus électriques, plus saccadées. Mais tout aussi savoureuses, un goût simplement différent, plus salé que sucré.

Les notes s’élèvent, les voix se mélangent et quand tu regardes un peu sur les côtés Luca, tu vois, la foule qui vous regarde et qui s’enlacerait presque face au spectacle offert. Et la main de Sybille s’attache à ta nuque, ses mots s’emparent de ton intérêt, et la lumière qui en toi était quasi éteinte, s’éveille à nouveau. Et l’envie palpite sur ton derme comme un ancien ami à la porte de ta maison. « Tu as raison... Tout le monde nous aime» Tout le monde Luca. Tout le monde. Alors tu recules, un pas, deux pas, quatre pas. La musique qui vous prouve qu’il est de l’heure de savoir si oui ou non, le cinema vous a menti. S’il y a un peu de Patrick Swayze en toi. « Promis, je ne te lacherai pas. » Que l’Enfant de l’Amour balance alors que la foule exulte et s'impatiente.


Et l’Équilibre qui se laisse aller et l’Amour qui la retient. Et les mains de Luca qui sur le derme nu, élèvent la belle tout en faisant crépiter sur elle, des grenades qu'on pensait à jamais éteintes.

Et sentir lez flux.
Sentir l’Amour.
Sentir Eros qui, dans un porté de cinéma, s’éveille à nouveau, sous les émotions qui virevoltent comme les plumes de Nemesis sous la fougue de Dirty Dancing.

Extraordinaire, non Sybille. Vivant et grâce à toi, par contre, oui. C’est fou, quand on y pense, l’union entre nous deux. Débutée dans un lieu de folie, pour exploser dans un autre et se réunir enfin dans une ambiance à l'opposée. Faite de tendresse, de calme, de langueur et de jus fruités. Rien que nous deux et l’humanité, sans folie divine, sans apocalypse, sans drame ou folies sanguines. Rien que nous, ta peau qui crépite, mes mains qui pétillent et nos dieux qui vrillent. Nous deux, ensemble, à jamais Dousmanis. T’as piqué le coeur de l’Amour, pas comme il en a habitude, pas comme on s’y attend. Mais il t’appartient en grande partie maintenant Sybille. Alors garde le précieusement, c’est un cadeau du ciel que l’Ange te fait. Il t’offre les armes pour contrôler la noirceur qui va vite détruire ces terres. Et toi, tu lui offres la balance qui va permettre de calmer sa colère.
Les baisers sur les paumes, lèvres douces et tendres qui acculent la peau. Oh Sybille qui pétille contre Luca. Qui lui offre de l’amour en jarre, ça lui fait tellement du bien si tu savais Sybille… Même Eros accepte cet amour unique et sans aucune autre preuve que ton sourire et tes mots pour le convaincre. Même lui valide cette entente entre la déesse aux ailes noires et le dieu aux plumes d’or.

Et puis un changement, encore un. Une nouveauté, encore une. Luca qui hésite, qui ne sait pas trop comment refuser cette proposition. Tu danses comme un dieu Salducci mais le chant.. Le chant, clairement, tu le laisses aux oiseaux ! Tu sais charmer des cordes vocales mais à l’instant où ta voix se pare d’une mélodie, tu casses les verres et détruits ta réputation. Mais bon… c’est Sybille. C’est la Grèce. Pourquoi refuser alors que les noms ici n’ont aucun poids pour la suite ?
Le verre de jus est attrapé, le liquide remplit ta gorge, tes yeux pétillent sous l’afflux sucré. Et tu bouges encore, tes pas suivent ceux de la belle grecque alors que déjà, elle t’abandonne pour aller prendre le micro et… Mais elle chante bien ! Beaucoup trop bien même. Ou alors, est-ce ses hanches qui bougent de droite à gauche qui la rendent encore plus attrayante ? Sybille se joue-t-elle de tes faiblesses Luca, en drapant sa voix de nuances charnelles ? Tu n’en sais rien mais tu oublies de réfléchir quand elle débute sa ritournelle autour de tes reins. La main agrippée, Luca qui la suit, Eros qui exulte sous le pouvoir des corps et sur l’envie de crépiter des doigts. Mais non, pas trop à la fois, alors il se tait le divin et laisse l’homme tomber dans la honte et dans le rire.

« Je ne sais pas du tout chanter Sybille.. » que l’enfant d’Arcadia murmure à sa compagne. Mais tant pis, le restaurant qui se languit de sa voix de casserole, bien lustrée mais toujours aussi cassante. Et les premières phrases qui tonnes et qui… te font rougir Luca. Mais qu’importe c’est tellement drôle que la musique t’entraine et que tu voles presque le micro à la belle Dousmanis et t’emporte dans les méandres de la honte. Les mots qui continuent, les sons qui vrillent les oreilles, tu parles plus que tu ne chantes bêla ange, mais tu t'amuses. Et tu crépites. Et tu transpires comme un virtuose de la casserole.

Et puis la chanson qui se modifie, les notes plus rock alors que tu te rapproches de Sybille et l’entraines dans une nouvelle épopée. « …We built this City ! » Et tu hurles dans le micro. « We  built this city on rock and roll » et tu vis Luca. Et bordel que vous êtes beaux, tous les deux, à gueuler la vérité qui pour, ces personnes autour, ne signifie rien.

Spoiler:

C’est donc ça, être humain ? Hurler dans un micro et pas sous les balles ? De se laisser voguer au rythme des notes sans laisser les yeux vriller vers la porte ? Ne pas avoir peur des éclats de rage, ne trembler que sous les effusions de joie ? Si c’est ça, être humain, j’veux bien laisser tomber mes plumes une par une, si ça signifie ne plus jamais souffrir, ne plus jamais crier, ne plus briller pour ensuite brûler.

Sybille tu es magnifique, comme toujours, comme chaque jour depuis notre rencontre. De l’employée, tu es passée à l’amie. De l’amie à l’Unique. Qu’allons nous faire ma belle, quand nous rentrerons ? Serons-ils capable de séparer l’Equilibre de l’Amour sans tout briser ? Je ne sais pas, je ne veux pas y penser. Ce soir nous appartient, la vie est entre nos doigts et vibre sous l’ardeur de nos cordes vocales.
Musique changée, élan de modernité alors que la jeunesse tambourine derrière moi. Je vois les silhouettes qui s’accumulent, je perçois les myoccardes qui dansent et tambourinnent alors que les nôtres ont déjà perdu le rythme de la normalité. Nous sommes des Dieux,nous éclaboussons les âmes de notre lumière. Nous ne nous en rendons pas compte, mais à force nous allons les aveugler. Et les mots qui s’ecorchent et s’accrochent aux tiens Sybille. Les mains qui vrillent sur ta taille, qui grappillent le derme, le chatouillent, l’équilibrent. Tu pulses de ta magie Luca, et tu ne t’en rends même plus compte tant tu te sens bien. Eros sourit, Luca sourit. Il n’y a plus rien de mauvais, entre les omoplates de l’homme. Rien que des plumes et de l’or.

La musique est abandonnée, trop de sueur, de fatigue et d’humanité. C’est bon, ça a la saveur de la liberté, mais pardonnez nous, chers humains, les dieux aussi ont besoin de se reposer. Les jus dans les mains, les corps qui tombent dans les transats, le regard qui s’accroche sur le rivage. Bientôt nous serons trois à parer Mykonos de nos éclats divins. Augustin et ses ailes, lui aussi, mais plus petites, plus légères. Ont-elles été brûlé elles aussi ? Comment allait Augustin après la soirée de Bellandi ?

Non.
Pas ce souvenir, pas maintenant.
Tu as accepté Luca mais ça ne signifie pas que tu souhaites te refaire le film du cauchemars arcadien.

Et la voix de la tendre Dousmanis qui me ramène sur le sable. Gorgée sucrée, délicieuse saveur qui fait pétiller mon coeur.

« Jamais. Si je te lâche Sybille… Je tombe. Et… J'pense pas que ce soit le bon moment pour que l'Amour abandonne le monde, tu ne crois pas ?

Le verre est glissé sur la table, alors que les doigts se glissent sur ceux de l'Ange à la Balance.

« Comme toi… Ils ont besoin d’équilibre, ils… Nous avons besoin d’un peu de revanche aussi.

Car on ne touche pas à la famille et la Camorra, c’est les miens. Et les miens, je les protège même si je n’ai aucun talent pour me battre, ni de force dans les poings. Moi, j’ai des mains qui ensorcellent et des hanches qui font tomber, même les plus puissants. Même ceux qui pensent être bien accrochés. C'est ma force, c'est la seule chose que je peux donner.

« Et tu sais… Enfin… Ça ne t’intéresse surement pas mais… Je me dis que tu pourrais peut-être, faire autre chose, que danser… Ou chanter.

M’accompagner. Tout en haut. Dans le grand bureau. Pas dessus Sybille, mais à côté.

A mes côtés.

« … tu pourrais bosser avec moi.

Et tu dis oui Sybille. Ce n’est pas une demande en mariage, ni une proposition d’habiter la même demeure mais ça sonne aussi fort dans le coeur de Salducci. Il palpite, tambourine, broie la carcasse humaine sous l’acceptation de la belle Dousmanis. La vie va reprendre son court, elle sera plus belle, plus ardente mais aussi, plus puissante. Ils sont deux êtres ailés, lumière accrochée au derme et noirceur sur le bout des ailes. Le monde doit continuer de les voir comme de simples anges qui n’ont de cesse de vouloir faire scintiller l’univers. Car c’est bien ce qu’ils vont faire, Sybille et Luca, ils vont faire exploser les coeurs et les corps dans une déflagration de pureté. Mais c’est subjectif la beauté, en fonction des camps, en fonction des êtres, une situation magnifique deviendra un cauchemars pour un esprit plus amère. Nemesis et Eros sont un équilibres, penchant vers le haut comme vers le bas et ils vont en profiter, pour que le monde se rendent compte que les anges, ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

Le sourire s’élargit, les boucles folles qui tombent sur le visage, je suis fier comme un père, comme un paon, comme un homme qui vient de signer son premier contrat. Le Silver était neutre jusqu’à là, italien mais neutre, acceptant tout le monde tant que les armes étaient déposés à l’entrée. Le Silver ne sera plus cet espace de beauté universelle. Il appartiendra à la Camorra et dès cet instant, Eros deviendra leur soldat.

« Je suis heureux ».

Que je murmure, alors que le toast est porté, les verres entrechoqués et la boisson, avalée. Ça fait longtemps que ces mots ne sont pas sortis de mes lèvres, comme enfermés dans une prison dorée aux barteaux bouillants sous le derme. Le regard qui s’attarde un peu sur la belle grecque pour fondre sur le rivage. Il y a quelques paillettes dans le ciel ce soir, qui scintille comme des éclats du monde qu’on y a envoyé pour se reposer. Peut-être qu’un jour, nous y finirons aussi, par briller.

«  Nous ferons le contrat au retour sur Arcadia. Nous aurons beaucoup de choses à faire, j'en parlerais peut-être avec Augustin.

Car nous y retournerons Sybille, je suis prêt, j’ai même hâte de retrouver mon monde et d’y abandonner quelques plumes au passage. Ça repousse vous savez, ce n’est jamais la fin.

« À nous, à nos vacances et…

Le verre est à nouveau en l’air, trinquant avec l’océan et le ciel, la Grèce et les rêves.

« … À la Camorra.

La soirée était douce. D’un calme presque olympien si on en oubliait le moment rock’n roll du karaoké. Sybille et Luca, c’est comme ça qu’ils vivent en harmonie, dans la tranquillité et le silence. Les regards se suffisent quand les coeurs battent à l’unisson. Pas besoin de mots, pas besoin de baiser, ni de mains qui vrillent, ni de langues qui s’échauffent. Juste eux, leurs auras, leurs ailes et leur amour, plus transcendant que n’importe quelle caresse sur un derme déjà trop acculé.
La plage est abandonnée, ils rentrent chez les Dousmanis, Sybille et Luca. Ils se font silencieux, petits pas après petits pas, les talons timides et les rires au bord des lèvres. Ça l’amuse, le Salducci, d’à nouveau, feindre la gaminerie. C’est qu’il aurait presque perdu cet éclat juvénile, dans ces jardins chaotiques.
La douche est acceptée avec plaisir, le lin qui glisse sur la peau, petite chemise cachant le poitrail, qui parfois, bondit un peu trop vite. Bercé Luca, au lit Luca, au plus près de sa Sybille. Le baiser est chaste, le baiser est eux. Jamais amants et pourtant, des coeux qui battent en harmonie, Eros écho de Némesis. "Merci à toi… " qu’il murmure l’ange aux ailes encore absentes. Les doigts s’entortillent, les visages se regardent, dans un moment presque idyllique, neutre, sans que la balance ne penche d’un côté ou d’un autre. La demande de Sybille fait crépiter un sourire amusé sur le visage de Salducci. La lippe est mordue, la lune est déjà haute mais ça n’empêche jamais le soleil de briller. "Oh tu sais… Ce qui se passe à Mykonos… Reste à Mykonos." Un baiser qui s’attarde sur la joue de Sybille, les mains qui se lâchent et la tête qui accepte les derniers mots de sa jumelle d’une autre vie. Sous un autre ciel. Et bientot, dans une prochaine envolée. " Nous sommes magnifiques ensemble Sybille… Tu fais briller Eros comme il fait briller Nemesis. C’est pour ça qu’il t’aime. Et que moi aussi… "

Et sur ces mots, qui ont longtemps brûlé les lèves de Luca tant ils étaient difficiles à dire pour une seule et unique personne, l’ange aux ailes blanches se laisse bercer par le souffle et le parfum de l’ange aux ailes noires.

Ailes qui un jour, ensembles, se pareront d’or.