Lyra + Rebecca

« Basic Instincts »

Un grognement sort de ma poitrine. Mes yeux regardent ma biche qui se nourrit de glands tombes sur le sol froid de l'automne. Je rode, je nous considère comme des loups, les oupyrs se rapprochent le plus de ce genre de prédateurs, ce genre d’animal. Je tourne en silence autour d'elle. Ma gorge en feu, la soif est parfois intenable, l'odeur du sang, la chasse… je ne suis qu’un animal. C’est qui fait que nous sommes si mal vus. Les humains nous appellent vampires sans savoir que nous sommes plus humains que les monstres qu’ils dépeignent. Nous sommes vus comme des suceurs de sang, vulgairement comme des sangsues. L’immortalité n'est en rien un cadeau comme certains le pensent, c’est l’un des pires fléaux. L’humain ne vit pas pour toujours, il périt et laisse des souvenirs douloureux dans ce genre que l’on imagine de glace. Ma devise depuis des années, depuis des siècles c’est de ne pas m’attacher aux sangs chauds plus que de besoin. Or depuis cette vie, je ne cesse de franchir cette règle. Je pense à Lyra, douce et belle Jordanienne. Elle ressemble à une connaissance lointaine. À l’une de ses ancêtres, elle le sait, je ne lui ai rien caché. Je crois que ma surprise a été difficilement camouflable dans tous les cas. Son ancêtre était également une divine, une belle jeune femme que la vie m’a enlevée. Forcément à un moment on perd les humains que l’on aime. Certains marquent plus que d’autres. J’appréhende souvent la vie sans Lyra, en 10 ans elle a pris une énorme place dans mon cœur, telle une amie, une sœur. Je n’ai pas réellement de famille, plus de vivante ou pas que je connaisse, mes ancêtres ne pourraient pas comprendre, ils sont sans doute humains et ne savent rien du monde qui les entoure, comment venir bouleverser leurs croyances et leurs certitudes, mais surtout comment bouleverser leur vie ? Je ne me l’autorise pas. Enfin pour en conclure, la belle divine m’a fait oublier mes convictions. Autant sur l’attachement que sur les divins que j’ai tendance à ne pas apprécier.

Je me concentre. Penser de trop n’aide pas. Il faut suivre son instinct, il fait pour suivre la bête qui sommeille en nous. La biche n’a pas le temps de réagir que mes dents se plantent dans son encolure. La bête gémit. Elle tente de se débattre mais je la maintiens avec force, elle finit par se laisser faire, je ne vais pas la vider d son sang, personne ne pourrait se répéter de tant d’hémoglobine. Elle se couche tremblante et me laisse boire son sang. Je déteste tuer les animaux, comme je déteste tuer les animaux. Je me sens affreuse après, monstrueuse. Je sais que c’est ça la nature d’un Oupyr mais je n’ai pas demandé à faire souffrir alors je tente de le faire le moins possible.

J’entends alors quelqu’un approcher. Un bruit de branche qui sous des pieds. Je me fige. Un grondement sourd résonne dans ma poitrine. Je dois être vigilante, je suis sur ma priorité mais elle n’est pas délimitée par une clôture, il n’est pas rare d’y voir des randonneurs. Je tente de sentir l’odeur. Je ne sens que la bête sur laquelle je me nourris. Je laisse alors la bête. Elle est sonnée, je caresse son pelage de velours. Il lui faudra un peu de temps avant de se relever. Je me redresse et je cherche d’où venait le bruit. Je suis sur mes gardes… je m’écarte de la biche, sans penser à essuyer mon visage couvert de sang, ma tenue décontractée aussi n’est pas dans un bel état. Je m’avance et alors l’odeur presque familière me rappelle quelque chose… ma voix est hésitante. « - Lyra, est-ce toi ? » Son odeur est là … dans les feuillages et pourtant quelque chose a changé.

Lyra + Rebecca

« Basic Instincts »

Besoin de la voir, elle, sa meilleure amie. Besoin de changer d’air, de s’évader. Besoin de faire le point aussi. Ce sentiment d’être complètement paumée, pas franchement évanoui. Pas franchement dissipé. Adopter, le garder… Le cœur balance, la raison avec. Grossesse inattendue. Et elle ne sait pas quoi faire. Elle veut prendre la bonne décision et elle n’est pas certaine qu’il en existe une. Ca aurait peut-être été plus simple si Finn n’avait rien caché. Pas sûr, mais les choses seraient sans doute différentes. Elle pourrait lui en parler, sans amertume. Elle pourrait se confier. Aujourd’hui, elle passe son temps enfermée, presque à nier cette grossesse alors que les jours passent à une vitesse folle. Elle tente de faire le tri, d’essayer de projeter, avec ou sans enfin. D’imaginer les regrets ou les responsabilités. Peu importe le scénario, la jordanienne panique. Elle panique et elle a le palpitant qui se serre. Parce qu’il n’y a pas que ça. Y’a l’irlandais qui lui manque. Malgré la colère, les blessures. Malgré l’amertume et la rancune. Elle l’aime toujours. Elle l’aime vraiment. Cette sensation qu’elle avait entre se bras lui manquent plus que tout. La douceur de ses baisers, et cette façon qu’il avait de la surprendre, de se faire plus bossy. Ses sourires en coin repassent en boucle dans sa tête, alors qu’elle a parfois l’impression d’encore sentir ses doigts glisser sur ses hanches. Foutues illusions.

Personne n’est au courant. Ni ses sœurs, ni ses parents. Encore moins Saturno. Aucun de ses amis. Grossesse gardée secrète. Elle veut éviter les félicitations et les questions gênantes. Elle serait capable de se mettre à pleurer au moindre mot. Les nerfs en vrac, les hormones en pagaille. Y’a que sa meilleure amie qu’elle veut voir. Que sa meilleure amie qui peut lui changer les idées. Qui sait, peut-être même l’aider à y voir plus clair. Mais la divertir, ça sera déjà bien. Elle comprend même pas qu’elle ne soit pas venue avant.
Elle est bien, là, Rebecca. Dans cette grande maison, ce terrain immense autour. Assez isolée pour avoir la paix. Assez isolée pour pouvoir s’échapper. Elle frappe et rentre, la porte pas fermée à clés. « Becca ? » aucune réponse. Une grosse partie de la maison est dans le noir, si ce n’est l’entrée et le salon. Aucun bruit. Elle a dû aller dans bois, derrière chez elle, comme souvent. L’heure de la chasse. Littéralement.

Elle s’y aventure, sans hésitation. Début de soirée, la lumière est belle. Le soleil qui se couche doucement, la lune qui finira par prendre le relais. On peut peut-être déjà la voir, quelque peu, si on sait où regarder. Elle sait pas vraiment par où commencer, Lyra, pour trouver son amie. Sans doute par le spot où elle a l’habitude d’aller. Y aller doucement, guetter les bruits, ou l’absence de bruit. Ses pas la portent, elle tourne. Peut-être en rond. Mais son sens de l’orientation n’est pas franchement mauvais. « Lyra, est-ce toi ? » elle entend sa voix, à quelques mètres. Elle s’avance encore, les feuilles et les branches mortes craquent sous ses pieds. « J’croyais que tes sens étaient plus aiguisés. » qu’elle lance taquine, en voyant enfin sa silhouette. La crinière dorée, qui luit sous cette lumière si particulière, mais Lyra fronce les sourcils, une légère grimace sur le visage. « Becca… Le sang… » si elle connait parfaitement la véritable nature de sa meilleure amie, assistée à un festin ou en voir les restes n’est pas un truc dont elle est encore devenue fan. Loin d’être une petite nature, elle doit tout de même bien avouer que l’idée de se nourrir de sang est quelque chose qui peut lui soulever le cœur bien que la jolie blonde n’y puisse rien. Le voir dans les films était une chose, y faire face dans la réalité en était une autre. « Je t’ai interrompu ? »

Lyra + Rebecca

« Basic Instincts »

La chasse est un moment sacré. Je me retrouve avec moi-même. Je me retrouve face à moi-même. J’ai toujours du mal à me dire que je suis un prédateur, même les milles dernières années n’ont pas suffit à me dire que je suis un danger en permanence. On est différent, on a faim, soif, constamment. Le sang danse sous nos narines, nous fait frémir et nous rend parfois totalement fou. La soif. C’est une chose relativement fascinante, difficile à éteinte, difficile à contrôler. Plus on boit, plus on a soif. Plus on boit, plus on tue. C’est ça le propre de l’Oupyr, littéralement, la Mort. Elle est omniprésente dans notre vie, on perd les gens qu’on aime, ils vieillissent, périssent. On les regarde faner, quitter notre monde. La Mort est présente, toujours, on tue, régulièrement. Quel Oupyr n’a jamais tué ? C’est toujours bien contrôlé ? On a toujours fait des dégâts, on a tous été le monstre d’un cauchemar. On sera toujours craint par les humains. On sera toujours des bêtes de foires. Triste destin, triste dessein. La chasse me confronte à tout cela, tout ce que j’ai pu faire, ce que je pourrais faire, ce que je suis.

J’entends le grondement sourd résonner dans ma poitrine. J’ai soif, la bête n’aura pas le temps de fuir. On est invisible ou presque, cette peau magique qui s’adapte à son environnement, cette agilité légendaire et la force de planter ses dents parfaites dans la chairs de l’animal. Le sang est là, juste là, tout près. Il arrive jusqu’à mes lèvres et coule vivement jusqu’à ma gorge. La transe. C’est l’effet que fait le sang, et ce n’est qu’une bête me dis-je, qu’est-ce que cela serait si c’était un humain ? J’y pense trop souvent, je sais à quel point le sang humain est délicieux, le souci c’est que les humains sont dangereux, ils faut les hypnotiser, leur faire oublier et trop souvent il faut les tuer. Le meurtre est une abomination, il n’est pas pardonnable, même pour nous créatures de la nuit. Alors je me contente de penser que le sang de cette biche est un délice, bien qu’en vérité, il manque cruellement de saveurs.

Je ne tue pas la bête, avant de la vider de son sang, il faudrait y aller fort. Une biche est bien trop grosse. Sa chair pourrait me satisfaire mais je n’en fais rien. Je devrais plutôt la remercier de m’aider à survivre. Car je ne vis plus depuis un millénaire. Je survis, à moitié morte, à moitié vivante, coincé dans un âge pour toujours. J’entends du bruit aux alentours, une personne rode. Elle est là tout près. Je sens une odeur familière quoique différente, quelque chose a changé, le doute s’installe, ma voix l’appelle.

Meilleure amie. C’est le terme que l’on donne à cette relation. Une humaine, une divine. Pire encore. Elle a su entrer dans ma vie, elle a su me faire oublier qu’elle était tout ce que je déteste. Elle ne cherche pas le pouvoir, elle est relativement différente. Je crois qu’elle m’a eu au premier regard. C’est un amour protecteur que j’ai pour elle, c’est un amour fraternel, doux, amical. Elle pourrait être ma sœur si la vie m’en avait offert une. Je n’ai eu que des frères et aujourd’hui, ils ne sont que poussières. Lyra.

Sa voix me répond. J’en oublie que j’ai une bête à moitié consciente à mes pieds et que mes vêtements sont tâchés. Moi qui fait la remarque régulièrement à Avdotya de faire attention aux tâches… me voilà presque maculée. La biche respire fort, elle attire mon attention un moment mais Lyra se manifeste. Elle me fait sourire, un sourire en coin. Elle apparaît dans les bois. Elle constate le sang, la bête… Je grimace, j’essuie le sang de ma bouche du revers de ma manche, peu importe, le pull est déjà tâché. « - Navrée ! Ça va aller ? » Je souris légèrement, je me penche sur l’animal encore faible, elle se remettra, j’entends son petit coeur battre, lentement pour le moment mais il repartira. Je lui chuchote un remerciement et je m’écarte d’elle. « - Elle n’est pas morte, je n’avais pas tant soif ! Elle se remettra » Je tente de rassurer un peu Lyra. « - J’ai terminé ne t’inquiète pas. » Je m’approche d’elle, je m’attendais à retrouver son odeur m’en m’approchant, pensant que le sang brouillé mon odorat mais ce n’est pas ça. Je fronce les sourcils en la regardant, puis… Je souris légèrement. « - Dis donc toi, depuis combien de temps tu es enceinte ? » Je m’avance vers elle. « - On devrait entrer pour en parler, j’en profiterais pour changer de pull » Je place ma main dans son dos et je nous ramène vers ma demeure.

Lyra + Rebecca

« Basic Instincts »

Lyra était habituée à devoir retrouver Rebecca quelque part dans les bois. Quand elle se pointait à l’improviste, surtout dans ces heures là, elle avait une chance sur deux pour que son amie soit partie chasser. Elle l’attendait parfois dans le salon, à seulement atteindre qu’elle ait fini son festin, ne souhaitant que peu assister à ça –sauf quand la curiosité scientifique devenait trop grande. Et des fois, comme aujourd’hui, s’aventurer dans les bois lui semblait être une bonne idée. Elle y ressentait souvent une certaine plénitude, comme se retrouver au bord de l’océan sous une pleine nuit. Nuit noire seulement éclairée par l’astre argentée. C’est ce que se retrouver en pleine nature lui faisait. Un bien fou. Elle était parfois étonnée de savoir que des animaux sauvages osaient encore s’aventurer par là. Ils avaient cet instinct vis-à-vis de prédateurs. Et sans doute, d’une manière ou d’une autre, communiquaient-ils à propos de cette zone. Sans doute pas assez. Ou Becca avait-elle une technique bien à elle pour les appréhender. Aucune idée. Mais voir la biche, ici, sous ses yeux étaient étranges. Son corps se soulevait à peine sous sa respiration, mais les yeux étaient bien ouverts, comme fatiguée. Lyra n’avait qu’une envie, la caresser, et lui dire que tout irait bien. Elle vivrait. Si elle n’était pas végétarienne –bien qu’elle fasse des efforts, elle avait tout de même une certaine répulsion lorsqu’il s’agissait de la douleur ou de la mort d’animaux. Seulement avec sa meilleure amie, elle savait qu’elle n’avait pas le choix et que, comme elle, la souffrance la révulse. Elle sait que la blonde fait toujours en sorte d’épargner la bête. Elle fait attention à ce que ça soit le moins douloureux possible.
« Navrée ! Ça va aller ? » La jordanienne acquiesce d’un signe de tête. Ce n’est surement pas le spectacle auquel elle préfère assister, mais elle s’en remettre sans problème. Après tout, elle connait le statut de sa meilleure amie. Mais le voir est toujours assez… Impressionnant. Et pas toujours très ragoutant. « Elle n’est pas morte, je n’avais pas tant soif ! Elle se remettra. J'ai terminé ne t’inquiète pas. » C’est toujours un peu étrange de réaliser que certaines personnes se nourrissent de sang, qu’elles ne sont pas si loin, des vampires décrits dans les livres et dans les films. Certains oupyrs ont plus de contrôle que d’autres… Certains ne sont que monstres assoiffés de sang, quand d’autres sont bien plus civilisés, comme Rebecca. A la voir, personne ne se douterait que cette magnifique blonde au sourire radieux et chaleureux puisse être l’une de ces créatures. Et pourtant… Elle s’approche, la dévisage un instant avant de sourire, et Lyra se demande ce qu’il se passe. « Dis donc toi, depuis combien de temps tu es enceinte ? » Rebecca s’avance et Lyra reste bouche bée, sans aucun son qui ne sort de sa bouche. Comment… Question bête. « On devrait entrer pour en parler, j’en profiterais pour changer de pull » La main de sa meilleure amie dans le dos, la brune se laisse guider, alors que son cerveau carbure à cent à l’heure.

Le chemin se fait dans le silence. Un silence loin d’être reposant pour la jordanienne tant elle réfléchit. Une fois dans la maison, elle se débarrasse de son manteau, de l’écharpe, tant l’hiver vient vite ici. Et impossible de manquer son ventre rebondi. Quinze semaines. Et ça se voit. Elle pourrait peut-être encore le cacher sous des pulls informes et oversize, mais ça la fatigue. Elle a l’impression de ressembler à rien, alors elle remet ses fringues habituelles, tant qu’elle le peut encore un peu. A peine. « … tu le sens ? » qu’elle demande en posant la main sur son ventre. « Comment t’as su ? » elle se doute que c’est dû à sa nature, mais comment exactement, elle n’en a pas la moindre idée. Elle se laisse tomber dans le canapé, un soupir qui s’échappe de ses lèvres. « Ça fera… bientôt 4 mois. Je l’ai su assez tard et… excuse-moi de n’avoir rien dit... » elle laisse sa tête retombée en arrière, contre le dossier en se disant que cette histoire était juste complètement dingue.

Lyra + Rebecca

« Basic Instincts »

Ce n’est pas toujours simple la chasse. Ce n’est pas un moment de plaisir. C’est relativement étrange. Je reste totalement partagée, bien que je la pratique depuis des années, des décennies et même des siècles. Pourtant on blesse, on tue parfois. On doit toujours être dans le contrôle. Bien que je l’aie expérimenté des dizaines de fois le contrôle. Il va, il vient. Pour le moment je semble être dans une période stable. J’arrive à gérer mes émotions, à gérer mon envie. Sans doute que de bosser dans un hôpital aide aussi, l’odeur du sang est presque constante. Et je suis entourée d’humain en permanence, à force on apprend à vivre avec la gorge en feu. La chasse a beau être particulière, cela reste un moment privilégié, j’aime en profiter, je me retrouve avec moi-même, je peux être moi-même. Le monstre qui sommeille en moi se réveille et je n’ai pas à me cacher, à réfléchir sur mes actes. Je n’aime pas spécialement être dérangée. Bien sûr cela arrive, et suivant la personne qui vient, j’accepte plus ou moins de mettre un terme à ma pratique barbare.

Alors que je goûte une biche, c’est Lyra qui arrive. J’ai bien du mal à reconnaître son odeur. Tout se mélange, mes sens sont en ébullition. Entre l’odeur du sang de l’animal, des odeurs du bois qui borde ma propriété et elle… je n’étais pas sûre. Elle me taquine d’ailleurs à ce sujet. Je me redresse pour délaisser la bête se remettre de la prise de sang. Elle ne mourra pas, elle va être faible quelques heures. Elle repartira vivre sa vie après. Cela aurait été un lapin ou un renard, là, je ne garantis pas la survie. Ils sont petit, nerveux, et généralement la dose de sang prélevée est trop grande pour qu’ils survivent. Peu importe. Lyra me notifie le sang sur mon visage, que j’essuis immédiatement du revers de ma manche. Il est également couvert de sang au niveau du col et de ma poitrine. Et bien, il faut que je pense à mettre du détachant. Je n’ai pas peur d’être moi-même avec Lyra. Le temps passe, je la vois évoluer dans la vie. J’ai l’impression que c’était hier que je la croisais sur le campus universitaire. En avançant vers mon amie, je précise que la bête n’est pas morte. Elle semble tenir le coup. Je sais que le spectacle n’est pas des plus agréables pour elle. Cela doit sembler bien étranger de croiser des personnes qui se ne se nourrissent que de sang. Le plus dur c’est quand on les voit faire, j’imagine.

En m’approchant je constate tout de même une chose. Son odeur est différente. Je ne me souviens pas l’avoir senti la dernière fois, mais je ne pense pas à tout sentir quand je suis en présence de sang chaud. Je comprends alors quelque chose. Ce n’est pas la première fois que je sens cette note plus sucrée dans l’odeur d’une personne. Ce n’est pas désagréable mais ce n’est pas ce que je préfère. Je sais de quoi il s’agit, j’ai pu croiser plusieurs centaines de femmes dans ce cas-là au court de ma vie. Alors je lui demande depuis quand elle est enceinte. Elle semble surprise que je puisse m’en rendre compte. Je lui fais un petit sourire taquin.

On rentre vers ma maison.  Je laisse Lyra retirer ses affaires et je file vers la buanderie. Je change de pull. J’essuie le reste du sang sur mon visage avant de revenir rapidement vers elle. Elle semble surprise que je puisse le sentir. Je lui fais un léger sourire. « - Enfaîte c’est ton odeur qui a changé. C’est assez étrange. Mais j’ai vu cela chez pas mal de femmes enceintes. Il y a un note sucrée asse caractéristique, sans doute les hormones » Je lui fais un petit sourire. Cela demanderait vérification mais j’avoue que ce n’est pas tellement le sujet pour le moment. J’apprends que cela fait quatre mois. Je fronce les sourcils, j’entends ses excuses. Elle l’a appris tardivement. Je soupire légèrement. « - Cela ne fait rien, je te sens nerveuse, c’est une bonne chose cette grossesse non ? Il est de Finn ? » Je la regarde dans le canapé. Je lui fais un petit sourire. « - Tu veux boire quelque chose ? Tu devrais tenter de te détendre, ton cœur bat plus vite que d’habitude. Je vais te préparer un peu de mélisse, ça aidera » Je passe dans la partie cuisine. Je hausse un peu la voix le temps de faire bouillir l’eau et de préparer le sachet de plantes. « - Dis-moi, tu accepterais que je te fasse une prise de sang, pour que je puisse vérifier si tout se passe bien ? » La question est délicate mais c’est purement pour m’assurer que tout va bien… Et c’est aussi un moyen de pouvoir regarder comment ce futur bébé pourrait devenir divin… lui aussi.

Lyra + Rebecca

« Basic Instincts »

Les deux amies de retour à l’intérieur, bien au chaud, là où la jordanienne peut se reposer, ou au moins souffler. Directement, Rebecca file se changer, prenant toujours soin à rester présentable, ou ne pas afficher la vie du sang inutilement. Loin d’être une petite nature, Lyra devait tout de même avouer qu’elle préférait ne pas penser à la manière dont se nourrissait son amie. « Enfaîte c’est ton odeur qui a changé. C’est assez étrange. Mais j’ai vu cela chez pas mal de femmes enceintes. Il y a un note sucrée asse caractéristique, sans doute les hormones » Lyra se retient de ne pas rire à l’explication de son amie. C’était quelque chose qui la dépassait complètement. A croire qu’il n’y avait qu’elle qui n’avait pas été fichue de remarquer sa propre grossesse. « Je sais pas si je m’habituerais un jour à toutes tes….  Capacités. J’espère que je sens bon au moins. » qu’elle lache, un léger sourire sur le coin des lèvres. Rebecca avait toujours eu le don de la faire sourire et de la détendre en un temps record. Rien que voir la douceur de ses traits avait tendance à la relaxer. « Cela ne fait rien, je te sens nerveuse, c’est une bonne chose cette grossesse non ? Il est de Finn ? » elle hausse les épaules, sourire contrit sur les lippes. « Tu veux boire quelque chose ? Tu devrais tenter de te détendre, ton cœur bat plus vite que d’habitude. Je vais te préparer un peu de mélisse, ça aidera » « Je veux bien, merci. » Sitôt dit que la blonde lève ses fesses, en direction de la cuisine. Elle soupire, et tente, comme Becca vient de lui dire, de se détendre un peu, sans pour autant oublier la question qu’elle venait juste de lui poser. « Dis-moi, tu accepterais que je te fasse une prise de sang, pour que je puisse vérifier si tout se passe bien ? » « Evidemment. Tu veux étudier quoi d’autre ? » Impossible de manquer l’amusement dans la voix de la jordanienne. Elle a toujours été intéressée et subjuguer par les recherches et analyses de sa meilleure amie. Etudier le patrimoine génétique des différentes espèces autour d’eux, la sienne aussi… Tout pour tenter de comprendre le pourquoi du comment. « Tu sais bien que ça me gêne pas, Becca. » Mais elle n’a aucun doute sur le futur caractère divin de ce bébé. Elle-même est née de deux parents divins. Ca restait une génétique basique. Mais pourquoi certaines familles plus que d’autres, quel gêne… Encore tant de questions.

Rebecca qui revient, une tasse fumante dans les mains qu’elle dépose entre ses mains. « Merci. » elle souffle sur la boisson chaude, tourne ses opales sur la blonde à ses côtés. « pour ta question de tout à l’heure… Il est bien de Finn. » le sourire est presque amusé. Elle sait que beaucoup iront s’imaginer que Saturno est le père. Et peut-être qu’à quelques mois près, ça aurait pu être le cas. Un accident aussi, sans aucun doute. Mais Finn était bel et bien le père, elle n’en avait aucun doute. Elle avait même été un peu bête de ne pas avoir pensé à ce scénario avant. Aucune précaution. Jamais. Et autant dire que leur rythme avait été… intense. « Une bonne chose… par contre. J’en sais rien. Je me sens pas prête. Et… il le savait. Je sais pas exactement comment ça fonctionne pour lui, mais il sent la vie, ou quelque chose comme ça. Il le savait et il a rien dit. J’ai… » elle déglutit, ferme les yeux un bref instant, fatiguée. De tout ça. De la grossesse en elle-même, mais surtout de tout ce qui est venu autour. « J’ai dit que j’avais besoin d’un break. Enfin on n’est plus ensemble quoi. J’arrivais pas à être comme avant. » un peu gênée, elle baisse la tête. Elle aurait voulu qu’il en soit autrement. Elle aurait voulu être de ces personnes qui pardonnent plus vite. On dit que c’est une force. A croire qu’elle ne l’a pas. Et ça lui brise le cœur, parce que Finn, elle l’aime toujours. Elle l’aime et n’est pas foutue d’agir normalement avec lui, de juste mettre tout ça derrière eux. Alors l’avenir, il lui parait bien incertain. « Dis moi que t’as un truc miracle pour ça… des plantes, un conseil, peu importe. J’veux juste retrouver ma vie. Me retrouver … moi. »