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Under pressure.

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Under pressure. - Mer 12 Sep - 10:30


 

under pressure
TORBEN & ÈLIAKIM

Pressure, pushing down on me,
pressing down on you, no man ask for.
Under pressure that burns a building down,
splits a family in two, puts people on streets.


Y’a eu les sirènes de police et celles des ambulances. Le stress ambiant entourant la ville, les éclairs dans le ciel et les tempêtes dans les silences. Ça disait rien, ça pétait de nulle part, chaque visage, chaque bouche était fermée, comme si… Comme si fallait rien laisser filtrer. Èliakim, pourtant tu sais faire causer. Tu sais faire avancer les gens là où tu veux, d’un mot bien placé, d’une question  pointilleuse, d’une remarque un peu trop gênante qui fait vriller les hommes alors qu’ils pensaient tout contrôler. Pas un mot au dessus de l’autre, jamais de colère ni de rage pour les visages fermés de ceux qui régissent la ville sans que personne ne le sache. Tu restes de marbre, tu piques avec des blagues qu’on n’comprend pas, tu fous ton nez là où où on ne l’attend pas. Et tu transformes les silences en des secrets inavouables. Car c’est ça ton job, Ezra, faire tomber ceux qui se pensent capable de garder la bouche fermée alors que leurs dieux ne demandent qu’à hurler.

Aucune difficulté à choper les noms de ceux qui étaient à cette soirée. Mafia italienne, la Camorra qui paye, tous invités, sous le drapeau blanc. Qui s’est vu paré de rouge bien plus vite qu’on ne le pensait. Tu es resté loin, pas besoin d’y être tant qu’à la conclusion, tu puisses planter tes pieds dans le plat et rester, le cul sur le gratin à attendre de trouver ce que tu recherches. Et tu n’es pas comme ça Ezra normalement, t’es pas cet homme au sourire goguenard, qui pinaille sur une virgule de trop, sur un zéro qui manque et une signature un peu fausse.

Tu veux aider, pas faire sombrer. Mais dans un sauvetage, y’a toujours des victimes. Car les héros sont des hommes, qui acceptent de faire tomber les anonymes. Et ce matin là, celui qui est sous la pointe de ton stylo, il s’appelle Torben Rawne.

Ancien légionnaire, les étoiles accrochées sur la veste du militaire, ça t’ennuie un peu, Ezra, d’aller faire chier quelqu’un qui a servi ton pays comme toi tu continues de lui obéir. Mais le coeur s’éteint quand l’agent prend le dessus sur l’homme, quand la rationalité accapare les choix. Torben Rawne, agent de sécurité indépendant, aux comptes florissant et pourtant aux clients un peu trop absents. Apport de 10 000$ au début de la carrière, venu d’on ne sait où, par on ne sait qui. Assez comme argument pour faire tiquer le fisc. Bien assez pour que tes pieds t’amènent à l’hosto, pour souligner un nom sur ta liste. Le drame de l’Eden Manor a foutu en l’air pas mal de plan et en a esquissé d’autres aussi. Des noms se sont accrochés à ta pensée Èliakim. Ces identités, ces nouvelles données ont ouvert des portes que tu pensais fermées.  Blessure par balle, balle non référencée, références introuvables, ça fait trop de blanc dans l’histoire de Rawne. Assez pour te permettre d’aller lui poser quelques questions. Pour te parer d’un énième masque et faire tomber ceux des monstres.

Tu toques à la porte, n’attend pas la réponse et t’engouffres dans la chambre en te fichant bien des conventions. Peut-être que t’as pas le droit d’être ici mais à vrai dire… Èliakim Reiss n’en a rien a foutre des conventions. La p’tite catre “agent des impôts” suffit à faire vriller les esprits sur le sol. Surtout quand on connait la réputation du Reiss, qui s’occupe des grands noms et des dossiers qu’on n'veut pas toucher tellement ils sont poisseux et plein de sang entre les pages.

“Mr Rawne, Èliakim Reiss...”

Que tu te présentes à l’homme allongé dans le lit, encore en sale état mais bien capable de connecter un ou deux neurone. Tu sais que ce que tu fais est mal, tu vas utiliser la faiblesse d’un gars pour lui foutre la tête au sol et le coeur en deçà. Mais y’a pas de règles, pour des hommes comme toi. Pas de règle dans un monde comme ça.

“...agent des impôts. Je suis envoyé ici par mes supérieurs suite à un contrôle des finances de votre entreprise qui s’est révélé….

Quelques pas, attraper une chaise, s’asseoir lentement dessus, le stylo bic déjà dans les doigts, qui clic et clac sous l’index.

“.... flou. J’espère que je ne vous dérange pas ?

Que tu finis par conclure, après une phrase trop longue, un air trop guindé et surtout...En te fichant totalement que l’homme en face à la guerre imprimée sur le visage.
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Under pressure. - Mer 12 Sep - 20:43

Je me livre à une expérience. Le goutte-à-goutte dans ma perf’ s’écoule. Rapidement. J’ai encore appuyé sur « + », suffisamment pour que la barre soit pleine et que le débit soit le plus rapide possible. On m’a expliqué de ne pas trop jouer avec ça, et que de toute façon « ce n’était pas de la drogue ». Mon cul c’est du poulet. La chimie avait permis aux médecins de transiger avec leur nature d’ex-shamans déchus, de nos jours, tout le monde pouvait savoir ce qui faisait leur boulot, leur richesse économique et sociale d’autrefois. Mais ils avaient encore un avantage comparatif sur doctissimo ou sur toutes les autres formes de médecine : le précieux sésame de leurs ordonnances. Un rien d’encre jetée sur un papier, avec une écriture de cochon. Ca suffisait pour vous faire planer pendant des heures. Pour vous donner l’impression que vous étiez sorti d’affaire. Mais là, rien, quedal. Pourtant, je me rendais bien compte que la dose « à n’utiliser en cas de besoin toutes les six heures », je l’avais sifflée en moins d’une dans sa totalité. Je fronce les sourcils, alors que le « bip » de poche vide résonnait dans la pièce. Je regarde ma montre, enfin récupérée. Cinquante deux minutes. Et je ne ressentais toujours rien. Je me rappelais de ce camé à Portland, chez mon pote Anders. Il avait quitté la légion avant moi, cet enculé. Il avait sa petite affaire. Qui m’avait permis de me refaire la main après avoir quitté l’armée. Je me rappelais de ce mec. Celui qui devait douze mille après ses mauvais paris en NHL. Et qui avait provoqué la mort d’une gamine au volant de sa bagnole. Ca avait été difficile de lui faire dire où il planquait son pognon, ce genre de mec trouve toujours des cachettes improbables. Ne pas laisser de traces. Facile, ensuite. Il avait juste fallu lui injecter la bonne dose. Et laisser faire le temps. J’avais fumé clope sur clope, m’interrogeant sur la vie et sur la mort pendant que le mec à côté se pissait dessus, et se mettait à trembler. Je savais pas trop si je devais me sentir libéré pour lui ou si je devais chialer devant mon absence totale de remords ou de retenue. J’avais pu dire à mon pote que c’était fait, qu’il pourrait regarder à nouveau dans les yeux son frère et sa belle-sœur, que le connard était mort et qu’il avait craché ce qu’il lui restait. J’avais pu en garder la moitié.


L’infirmière entre. Avec le médecin. Ils sont furax que je les ai encore pris pour des cons. Que je me mets en danger. Que je vais me tuer. Le toubib n’en croit pas ses oreilles quand il m’envoie la lumière de sa mini-lampe en plein dans l’œil. Connard ; je sais bien que mes pupilles se rétractent, et qu’elles ne sont pas dilatées. Il balbutie, il ne comprend pas. Je compatis. Personnellement, ça faisait longtemps que j’avais arrêté de vouloir comprendre.


Je suis devenu insensible à la drogue. Putain de merde.


J’espère que c’est pas pareil pour le whisky, sinon je suis foutu. Les toubibs se cassent, ils disent qu’ils vont faire des tests, qu’ils veulent savoir, que ce n’est sans doute pas normal du tout. Blablabla. Je suis encore en train de changer. Et je me demande quelle est la prochaine étape. Je finis par me rendre compte que si l’armée m’a pris mon innocence, je suis en train de perdre tout seul tout ce qui faisait de moi un humain.


On toque à nouveau. Un type entre. Presque instantanément, je suis mal à l’aise. Je fronce les sourcils. Le mec se présente, agent des impôts. Contrôle de mon entreprise. Ciel, un doute m’assaille.


Est-ce que j’avais bien tout nettoyé suite à ma grosse bagarre avec Bélénos ? Bordel ! Tu m’étonnes, si j’avais tout laissé en fouillis, que les flics devaient se poser des questions. Mais il n’était pas flic. Il était contrôleur. Un espèce de comptable. Je finis par mettre le doigt sur ce qui n’allait pas. Ce type ne ressentait rien.



| Non vous ne me dérangez pas du tout, Mr Reiss. J’étais justement en train de me dire que j’avais justement beaucoup de temps devant moi et c’est un réel plaisir que de voir que le fisc américain suit la bonne gestion de ses administrés. |


lâchais-je d’un ton neutre, qui ne laissait transparaître aucune ironie.


| Je ne me sens pas très bien, j’ai un trou dans la poitrine et je risque de mourir, vous savez. Je pense que vous devriez me laisser. Je vous renverrais une copie de toutes mes factures et vous verrez, tout a bien été déclaré. Je touche pas assez pour vous escamoter quoi que ce soit, de toute manière. |
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Under pressure. - Ven 14 Sep - 7:57


 

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TORBEN & ÈLIAKIM

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Alors que Rawne te regarde te mettre à l’aise, chaque détail accapare ton esprit. Les pansements autour de son poitrail - plaie thoracique par balle. S’il est encore capable de parler et de te regarder, c’est que cette dernière n’a pas du faire beaucoup de dégât.  Ou un thaumaturge est passé par là ? Ces personnes aux mains salvatrices dont Lakshan t’avait causé ? Maybe. Mais pas le temps de tergiverser que l’homme débute sa réponse. Mais tu ne lâches pas des yeux la scène qui se présente devant toi, trop de détails qui ont l'air importance. Le goutte à goutte de la morphine qui tourne à plein régime. Tu les vois les petites larmes médicinales qui coulent à vitesse grand v sans laisser Rawne dans un état second. Tu notes dans ton crâne de faire attention à lui, y’a que des dieux qui peuvent être capables de résister à ce type de traitement sans en montrer des défaillances. T’étais pas sûr de toi, maintenant si. Un homme ne serait déjà plus de ce monde avant une telle dose de folie au creux des veines.

Petit éclat sur le visage, épaules soulevées de quelques centimètres.  Feindre l’agacement amusé alors que le stylo continue sa ritournelle de clic et de clac. Calmer le coeur, encore et encore, le faire ralentir en se concentrant dessus. Spliter le cerveau, le scinder en plusieurs morceaux pour être efficace sans devoir rester ici éternellement. Car plus tu te montres Èlia, plus tu laisses un souvenir dans la tête des gens.


Morphine, pupilles qui te semblent normales, dieu, seul.
Pourquoi est-il à l’hôpital sans aucune protection vu le bastringue chez les mafias ? Tu notes dans un coin de ton crâne qu’il est surement dans aucune d’entre elle, sinon il ne serait pas dans cette chambre d'hopital.

Humour sans aucune trace de sarcasme.
Il y croit à ses conneries.  Ou il est con.

Beaucoup de mots pour dire peu de choses. Beaucoup d’adjectifs superlatifs, beaucoup, réel, très bien, tout.
Quelqu’un qui a le coeur facilement atteignable.


Tu notes tout Èliakim et puis tu réponds. Comme l’agent du fisc répondrait, avec un p’tit sourire goguenard sur la tronche et l’air d’en avoir strictement rien à foutre qu’il a un trou dans la poitrine. T’en as un depuis des mois, et pourtant, tu survis.

"Si vous êtes capables d’aligner autant de mots en si peu de temps, je pense que vous êtes capables de répondre à mes questions Monsieur Rawne. " Marquer un temps d’arrêt, croiser une jambe sur l’autre et laisser ton dos s’ancrer durablement dans la chaise. "Ou alors c’est le dernier sursaut avant la mort, quand le corps feint d'être guéri pendant quelques heures et puis…" Et puis la mort. "Dans ce cas là, faisons vite, histoire d’avoir mes réponses pour clore votre dossier ! "  Petit connard Èlia. "Alors…" Tu laisses tes yeux vagabonder sur les papiers, feint de relire quelques trucs alors qu’au fond, tu ne le laisses que patauger dans l’attente de savoir ce que le fisc lui veut. " Vous avez eu un apport d’un peu plus de 10 000$ au tout début de votre activité d’agent de sureté…" Les yeux qui continuent leurs lecture et s’arrêtent à l’évocation du métier "… visiblement, ça ne vous réussit pas comme taff." Double Connard Èlia " … le sujet n'est pas là… Aucune trace de l'origine de cet argent. Pas d’un héritage, pas d’un ancien job… " et enfin relever les yeux et les darder dans ceux de Rawne. "… On sait bien s’entourer visiblement Monsieur Rawne. 10 000$ qui tombe du ciel, une soirée à l’Eden Manor.... Pour y être invité, même en tant que simple agent de sécurité, c’est que vous devez toucher bien plus que vous me le dites."

Le clic et le clac du stylo s’est arrêté à l’instant même où tu as parlé de l’Eden Manor. Faire pulser le stylo au rythme de tes phrases et appuyer là où le cerveau doit se concentrer. Là où l’attention doit être portée.
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Under pressure. - Lun 17 Sep - 21:46

L’âme de l’homme est muette comme une tombe. C’est incroyable. J’ai l’impression que quelqu’un a recouvert d’une cloche ce mec pour en atténuer tout ce qui pourrait émaner de lui. C’était bizarre. Désagréable. J’avais l’impression désagréable d’être touché par une forme de handicap, par une blessure même. J’étais tellement accoutumé au bruit de fond des consciences qui m’entouraient que c’était comme prendre l’habitude de vivre avec le bruit de fond de la radio, et qu’on se la fasse couper d’un coup d’un seul. Ca me met mal à l’aise, en plus de la prise de conscience que ça me faisait perdre un avantage comparatif déterminant sur quiconque dans le cadre d’une conversation. Sentir ce que ressentait une personne permettait, sans jamais de certitudes mais avec malgré tout la force de l’expérience, de pouvoir prendre une certaine assise dans les échanges. Connaître le cœur de quelqu’un, c’est avoir une idée de ce qu’il voulait vraiment, de ce qui pouvait lui faire peur, ou éveiller n’importe quel type de sensation. En fait, c’était devenu si commode pour moi, si habituel, que j’avais totalement oublié ce que ça faisait de ne pas sentir grand-chose. Un léger bruit de fond. Rien de plus. Comme le grésillement d’une radio mal réglée, dont on percevait des brides mais si basses et si atténuées qu’il était difficile de comprendre quoi que ce soit.


Est-ce que mon pouvoir disparaissait en même temps que l’alcool et les médocs cessaient de faire de l’effet sur moi ? Putain de merde, je ne savais tellement pas ce qu’il se passait dans ma tête, je n’avais véritablement aucune connaissance de ce que j’étais vraiment et de la « normalité » de mon « développement ». Est-ce que mes pouvoirs disparaissaient ? Non, c’était quelque chose de différent à l’œuvre. Ce mec manifeste un calme véritablement olympien. Il vient me parler avec le même engouement que s’il avait simplement envie de pisser un trop plein de café. Le mec semble observateur. Il parle peu. Me regarde. Regarde la perfusion. Le reste de la chambre. Je ne sens rien, mais il a l’air neutre de quelqu’un qui sait ce qu’il vient chercher ; concentré sur son objectif. Est-ce que je dois croire à cette histoire de pognon ? Ca me semblait bizarre quand même que l’on m’emmerde avec une histoire de fric alors que j’étais sur un lit d’hôpital, et qu’aucun flic ne soit d’ailleurs venu m’interroger.


Le mec me lance un sourire, mais sans pour autant que je sache si c’était le petit trait d’esprit l’amusait ou si c’était simplement le fait qu’il savait des choses que j’ignorais, qui lui donnaient une longueur d’avance. Déjà, c’était bizarre qu’on vienne me chercher des noises pour une histoire de pognon. Dans ce pays on aimait encore bien le liquide, non ? Et ca faisait tôt, juste après le manoir. Je ne savais pas qui venait vraiment m’interroger, mais je me doutais du coup fourré. Seize ans de Légion à l’étranger, seize ans de galère et de coups de couteau dans le dos de la hiérarchie ou de nos « alliés ». J’étais rompu à l’usage. Je rêve où le mec s’installe avec l’évidente intention de me questionner ? Et le pire, c’était qu’il se payait ma tête. Un prêté pour un rendu sans doute, mais j’aimais peu l’ironie, et l’attente née de la convalescence, plus la culpabilité et le sentiment d’échec et d’inutilité achevaient de me mettre les nerfs à vif.



| Bon, si vous croyez que c’est le moment pour de la paperasse, allons-y. |


J’avais eu envie de lui rétorquer que mon « dernier sursaut avant la mort » ce serait sa femme qui en profiterait, mais je pouvais pas prendre ce genre de risques ainsi alité, je pourrais me faire savater vite fait bien fait par un agent du fisc visiblement tâtillon sur les factures, et quelque chose me disait, dans son calme externe et interne, qu’il ne craignait ni de gêner ni de bousculer, au sens propre comme au sens figuré. Cloturons mon dossier, alors.


Et presque aussitôt, je me retiens de déglutir quand il parle des 10 000$ qui m’ont servi à lancer mon affaire, arriver à Arcadia, louer ma chambre pendant quelques semaines, acheter le mobilier pour occuper un bureau que j’avais dû payer avec une caution, héberger mon affaire en ligne et tout le toutim. Maintenant que je me sais surveillé, je quitte l’habitus du stupide garde du corps qui compte sur son talent avec ses poings ou avec un gun, pour reprendre celui qui me ressemblait plus. Ce mec cherchait à me coincer. Mais il ne savait rien, sinon il n’aurait sans doute pas commencé par me donner cette carte. Enfin, ce « rien », c’était déjà beaucoup. Et le mec me vanne. J’en crois pas mes yeux, mais je me contiens, je reste neutre. Juge des Morts. Juge toi toi-même, connard, et tiens bon, ce mec cherche à t’asticoter mais il n’est pas venu avec deux gars en bleu pour te menotter à ton putain de lit d’hôpital. Cet enfoiré me vanne, j’y crois pas. Je le laisse dérouler son jeu, les cartes qu’il avait en mains et qu’il acceptait visiblement bien volontiers de me dévoiler. Je n’avais été interrogé que trois fois dans toute ma vie. Après la KZ7, par des enquêteurs de l’état-major allié, et après cette affaire à Aubagne, des années plus tôt, par de simples gendarmes de campagne qui avaient bien dû reculer devant l’insistance de mon colonel. La troisième fois, c’était par des talebs, peu avant mon rapatriement et après la KZ7, eux aussi avaient cherché à savoir ce qu’il s’était passé cette nuit-là. Si j’avais pu tenir le temps que les secours arrivent, je pouvais bien essayer de tenir tête à ce mec au regard inquisiteur, même si je n’étais pas dans un grand jour. Oh merde. Il parle de l’Eden Manor.


Autant y aller en mode yolo.



| J’aimerais bien toucher plus, monsieur Reiss. Vous pourrez en toucher un mot à mes clients ? Ah non, vous ne pouvez pas. C’est emmerdant, ces contrats de confidentialité. Vu comment certains me paient au lance-pierres, ça m’aiderait bien qu’un type comme vous aille leur faire prendre conscience que c’est vraiment dangereux comme métier. Mais vous avez raison, ce n’est peut être pas pour moi. Parer les coups avec mon corps ça ne marche que quand les salauds n’utilisent pas de bonnes munitions. |


Je réajuste ma position sur le lit d’hôpital. J’abandonnais l’idée de le percer à jour, mais ma conscience restait aux aguets malgré tout.


| Ces 10 000$ c’est tout ce qu’il me restait de seize années de service dans l’armée française. Je les ai changés en France, en vidant mes comptes après ma démobilisation. Je devais avoir plus à l’époque, peut être 25k ? Je gagnais trois fois ma solde avec les primes de risques, en opérations extérieures. Et j’en ai fait un paquet. J’avais mis tout ça de côté. Et j’ai décidé de repartir sur le continent qui m’avait vu naître, mais pas à Montréal. Ce que j’avais a commencé à fondre comme neige au soleil et je n’ai trouvé que ce boulot était le plus proche de celui de soldat, dans le civil. Mais ça paie mal, vous avez vu où j’habite, et dans quoi je roule ? Je devrais peut être changer de voie… Devenir flic, peut être ? On prend les canadiens, chez vous ? |


Si ma mère m’avait écouté mentir comme ça, elle m’aurait sûrement retourné deux baffes. Mais finalement, il n’y avait meilleur camouflage pour les mensonges les plus éhontés qu’un enrobage de vérités vérifiables. Mais je ne pourrais pas tout expliquer pour autant. Alors si son jeu était vide, j’avais gagné la partie. Autrement, j’allais devoir me dépétrer entre le vrai et le faux.


Tout mais pas la prison, putain, vous m’imaginez avec mes pouvoirs dans un endroit avec autant de salauds dont beaucoup pires que moi ?
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Under pressure. - Mer 19 Sep - 9:47


 

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TORBEN & ÈLIAKIM

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Le stylo entre les doigts, il commence à parler. Toujours autant de mots, autant de syllabes et de lettres qui se charcutent les unes après les autres. À trop vouloir en dire, on se noie et ça Èliakim, tu l’as bien compris. Pour ça que tu privilégies les phrases courtes et les mots uniques. Pour ça que tu réponds souvent oui et non sans aller plus loin dans les explications. La verbe trop facile trahit les émotions. Quand on parle, on laisse aller le coeur, il se déverse dans les mots. Et toi Ezra, tu vomirais tellement de choses si tu te laissais un peu trop aller. De la rage, de la colère, de la peur, de la panique, de la fierté et du stress. Tu serais une bombe atomique si un jour, quelqu’un débloquait le mécanisme que tu as mis plus de 25ans à confectionner.

Tu esquisses un sourire face aux arguments de Rawne sur le fait qu’il n’est pas assez payé. Il marque un point, mourir sous le feu des dieux, ça vaut 1million de dollars au minimum. Surtout quand ces derniers peuvent être capable de se protéger tout seul. En-est il un Rawne ? Vu la morphine qui coule à vitesse grand v, tu en es pratiquement sûr mais pourtant… Il a l’air plus humain. Plus à l’écoute, plus facile à manipuler aussi, comme si toi, l’être lambda pouvait le faire rugir en utilisant seulement un stylo bic et une verbe acérée.

" Hinhin… " que tu murmures, le sourcil un peu arqué, l’air qui signifie que t’en as rien a foutre de son p’tit boulot de merdeux de bas étage. Il n’avait qu’a devenir cuissot ! Au moins, tu bouffes à l’oeil et t’as pas trop de risque de te prendre une balle.
Et le stylo qui reprend sa cadence frénétique, le tic et le tac qui tintent au rythme de mots de Rawne. Qui se relève un peu dans son lit. Besoin de se sentir un peu supérieur ? De relever les épaules et de gonfler le poitrail ? Quelque chose à cacher ? Visiblement oui, vu qu’il reprend de plus belle et te sert tout un conte de fée sur un soldat dans l’armée française, qui a gardé ses p’tits sous sous son matelas pour ensuite les ramener au bercail. Et finir par une question ouverte sur une possible reconversion.

"  La flicaille ici, ça sert à quedal. Vous avez bien vu le bordel à l’Eden Manor. Si vraiment elle était utile, y’aurait pas eu autant de blessés ou de morts. " que tu lui réponds Èliakim, d’une traite sans vriller au delà de ce que ton coeur te permet de dire. Même si y’a une grosse part de vérité dans ce que tu balances, les mafias contrôlent tellement Arcadia que y’a plus d’armes non répertoriées que de flingues dans les réserves du commissariat. Plus de balles gros calibres que de billes de plombs. Plus de mort que de vie. Plus de dieux que d’humains.

Tu notes quelques trucs sur ta feuille, laisse Rawne mariner quelques instants avant de lever les yeux une seconde fois et recommencer la danse. "  Légion étrangère, je crois, c’est ça ? "  Question qui ne demande pas de réponse, juste lui signaler que tu connais son dossier, qu’au delà de l’agent du fisc, y’a un putain de connard qui a fourré son nez partout où il pouvait. Et passer du slow au tango brûlant, là où les mots vont brûler, que ce soit ta langue ou son esprit qui va se sentir un peu acculé. " Donc récapitulons ! Vous avez fait le bon samaritain, puis votre fourmi en gardant tout votre fric sur un compte français, vous avez arrêté l’armée, vous l ‘avez échangé, vous avez débarqué ici, vous avez hésité entre plombier et agent de sécurité et… Vous avez fini par choisir de protéger des p’tits cons qui se prennent pour des dieux." Un résumé à rallonge pour le perdre. Une phrase trop longue pour conclure par une métaphore qui devrait le faire réagir et peut-être même, le faire rajuster à nouveau sa position dans son lit.
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Under pressure. - Mar 25 Sep - 21:09

Je ne m’en sortirais pas d’une pirouette. Pas avec un gars pareil. Je le sentais. On ne pouvait pas être un tel monstre de pragmatisme pour se retrouver dans la mouise à se laisser bêtement mener en bateau. J’étais persuadé que je devais prendre grand soin à là où je mettais les pieds. Ce mec allait tout noter, tout analyser. Et s’il était vraiment agent du fisc je me doutais bien que c’était un bon enquêteur ; les indices qu’il devait lire dans la paperasse étaient abscons pour tout le monde et pourtant, il y arrivait. Mais je doutais quand même de son job. Ca puait le flic, ces questions qui tournaient autour du manoir. Cela dit j’avais été surpris de ne pas avoir été contacté par les flics pour mon témoignage ou pour quoi que ce soit d’autre. Inutile de dire que je mettais cette constatation sur la collusion évidente entre les mafias impliquées par ce qu’il s’était passé ce soir-là. Tout le monde était pourri dans cette ville. Je n’avais jamais traversé d’endroit autant corrompu dans ce qu’on pourrait appeler « monde civilisé ». Déjà, rien que le fait que les secours aient été si longs au manoir en disait long. Mais sur l’absence de répercussion aussi. Les grands pontes de ce monde de la nuit se baladaient librement, en plein jour, sans la moindre réserve.


Une leçon pour nous tous.


Si ce mec était un flic, il devait être fou à lier de se lancer sur la piste de tous ces psychopathes, ces tueurs, ces trafiquants de chairs ou de substances. J’avais ressenti tant de veulerie ce soir-là, d’envie et de jalousie, que j’aurais pu me vomir dessus de dégoût pour ce condensé d’humanité brute qui tranchait si bien avec la puanteur divine de l’endroit. Le mec ne se laisse pas démonter, ce qui n’est pas surprenant, et il n’acquiesce qu’avec un certain scepticisme, comme si ce que je lui racontais ne l’intéressait pas vraiment, comme si son intérêt était ailleurs. Il continue d’appuyer sur son stylo comme un forcené, et je me demande s’il ne produit pas ce bruit agaçant exprès pour tenter de nuire à ma concentration, pour me destabiliser.


Il n’avait pas l’air d’un flic vu comment il parlait d’eux, finalement, mais allez savoir.



| J’ai pas vu grand-chose, à dire vrai. A un moment, je sifflais une coupe de champagne, à un autre, je me prenais une balle dans le dos sortie de nulle part. |


Rien vu, rien entendu. Il devait connaître la chanson, un agent des impôts ne devait sans doute pas avoir en face de lui des témoins beaucoup plus conciliants que ce que ses collègues en bleu devaient avoir en face d’eux. J’attends qu’il poursuive. S’il voulait que je lui parle, il fallait sans doute qu’il m’en dise un peu plus. Et il me confirme l’arme à laquelle j’appartenais dans l’armée. Bordel de merde, l’administration américaine était d’une efficacité redoutable. Mais je joue le jeu, même si je sens qu’il ne proposerait pas un nom au hasard, à l’emporte-pièce…


| Sergent-chef dans la section de reconnaissance du 1er bataillon du 2e REP. J’étais parachutiste, dans une unité de choc beaucoup déployée à l’étranger. |


Et c’est ce qu’il remet en doute juste après ; la provenance de l’argent. Je doute qu’il sache réellement d’où vient le fric, mais je revoyais encore très nettement enjamber le corps du junkie. Mais surtout, le mec évoque des dieux. Une plaque de plomb me tombe sur le bide. Le mec sait donc. Mais je ne ressens toujours rien chez lui. Je ne bouge pas. Maintenant, j’ai conscience de l’enjeu. De son niveau plus que son déterminant.


| Oh des dieux, je ne sais pas, mais c’est clair que c’est rempli de m’as-tu-vu. Je ne dois rien à ces gens et je sais bien que l’essentiel d’entre eux trempe dans l’illégalité plus ou moins totale. J’ai pas de contrat de confidentialité avec ces gens-là. Il se trouve que je m’y trouvais pour un contrat qui se trouvait sans nul doute être infiniment plus blanc et plus propre que le genre de rebut qu’on y a croisé pour l’essentiel. Il y avait d’autres gens bien. Mais il y avait aussi de vraies saloperies. En tout cas vous avez raison. Militaire d’unité de déploiement, je gagnais trois fois mon salaire à l’étranger. Plus les primes. En France, je vivais de peu. J’ai donc fait une énorme fête à ma sortie de l’armée avec les copains qu’il me restait, gardé 10k pour ma reconversion, et je vous cache pas que j’avais aucune envie de retourner au Canada. Un ancien camarade de la Legion, un américain de Portland, m’a proposé quelques remplacements dans sa boîte de sécurité privée. Mais j’en ai vite eu assez et j’ai eu envie de me mettre à mon compte. Donc me voilà. Et même si je roule pas sur l’or, je sais au moins qu’ici je serais jamais au chômage. |
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Under pressure. - Mer 26 Sep - 11:15


 

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Le stylo entre les doigts, il commence à parler. Toujours autant de mots, autant Il en dit trop. Il parle trop. Des syllabes par dizaines, des lettres par des centaines. Un mensonge qui s’égrène lentement, caché par une verbe trop bouillante. Il est calme Rawne mais malgré tout, y’a dans sa façon de parler une tension qui te somme de faire gaffe Èlia. Ce gars pue le divin à plein nez. Ce gars a compris que tu les connais, sinon il n’aurait pas réagit sur le terme que tu as utilisé.  Ils sont partout ces salauds, ils pullulent comme la peste et ça t’ennuie de plus en plus d’être aussi faible face à des hommes qui n’ont besoin que d’un claquement de doigt pour te foutre à terre. Les mafias, ça se contrôle, on peut les foutre en taule si les arrestations sont bien gérées, mais les dieux… les dieux ça devient difficile tant leurs pouvoirs peuvent détruire l’humanité. Tu en as vu des choses, des corps tordus par la pensée, des objets bougés, des tempêtes qui ont explosé. Tu as vu ce qu’Irina pouvait faire aussi, guérir le derme d’un simple toucher. Et Laki, dont esprit est manipulé à foison pour pouvoir apprendre à vitesse grand v. À côté, Èlia, t’es quedal. T’as peut-être des facilités et un esprit ciselé mais t’es rien. Contre les dieux, tu ne peux que courber. Et te faufiler. Y’a que par derrière que tu peux les frapper et ça t’ennuie Èliakim, de devoir jouer les rats des rues.

 "Je note… "

Que tu balances dans un murmure, écrivant quelques mots sur ta feuille blanche.  Ce gars est un militaire, tu as fouillé dans son dossier, tu sais qu’il n’était pas de ceux qui pulsent de plaisir sous le sang et la guerre. Tout le monde fait des choses merdiques dans sa vie mais lui, Rawne, il a eu un sacré rôle dans son équipe. Et Èlia, ça fait briller le coeur de l’agent de se retrouver face à un confrère. Et tu le sais bien. Bizarrement, tu le sens positivement ce gars. Il parle trop et essaye de dissimuler un truc mais il ne parlerait pas comme ça des grosses têtes des mafias s’il en faisait parti. Il ne balancerait pas autant de merdier sur leur tronche s’il était des leurs. Il ne serait pas seul, dans cette chambre, sans protection, s’il avait les mains rouges du sang de leurs victimes.

Alors tu tentes, de toute façon t’as rien à perdre. T’as tellement de noms sur cette liste que celui de Rawne n’est qu’une fourmi parmi d’autre. Toi, tu veux les reines Èlialim. Ouais, au pluriel, les reines et leurs jolies couronnes ensanglantées.

Alors tu te lèves, déplies la colonne douloureuse et commence à faire le tour de la propriété. Pas de caméra. Le stylo en main, tu continues d’appuyer sur le clic, brouilleur de micro que tu utilises sans cesse. Vous êtes en paix. Alors tu te tournes vers Rawne et comme si un masque était retiré, y’a ton visage qui se détend. Toujours pas celui d’Ezra, mais ça te coute cher, de faire un effort là-dessus. Tu te mets en danger mais au point où t’en es, un pied en plus dans la merde…

"Si j’vous disais que j’en ai rien à foutre de vos 10 000$ ? " Voix qui claque, verbe tranchante. Les yeux d’azur qui se dardent dans ceux fatigués de Rawne. Il en vécu l’homme… Autant que toi Èlia alors calme le jeu et ne va pas trop loin.  "… que j’ui là pour ces saloperies, comme vous dites…" Y’a pas qu’un pied de mis là, Èlia. Y’a les deux, joints et prêts à sauter dans les autres flaques.  "… et que j’veux les faire tomber."

Et les prunelles qui brûlent. Et le coeur qui pulse.
Et les émotions qui cette fois-ci, se laissent aller.
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Under pressure. - Jeu 27 Sep - 21:30

Je m’amuse une seconde à penser que le gouvernement savait peut être tout de nous. Qu’il nous espionnait depuis des années. Nous surveillait et nous étudiait pour mieux nous contrôler ou nous détruire. C’était ce que je ferais, si ces mortels avaient conscience d’avoir des Dieux qui marchaient au milieu de leurs allées. Le savaient-ils ? Je ne savais pas. Plus j’avais le sentiment de m’améliorer, de progresser en savoir sur ce que j’étais et sur qui j’étais, et plus je me rendais compte qu’un nouvel horizon apparaissait derrière le précédent. Ce monde n’avait pas de fin. Et la seule véritable monnaie qu’il connaissait était le sang. Ca au moins, ça faisait bien longtemps que je l’avais compris. Je n’étais peut être pas bon à grand-chose mais il était quand même clair qu’avec tout ce que j’avais mangé dans la tête au cours de l’existence, soutenir que le monde était tout beau tout rose c’était comme essayer de chier son propre bras.


Tiens, j’aimerais bien voir ça un jour. Totalement loufoque. J’avais déjà vu des mecs se vider de leurs boyaux après un tir de mortier, ou après un feu en continu d’une SAW jusqu’à épuisement des munitions. Mais de façon « naturelle », ça devait être bien chelou.


Je devais virer complètement à l’ouest. La faute à ces foutus médocs qui ne font plus effet. A ce goutte-à-goutte qui ne traduit plus que mon inhumanité, ma spécificité qui n’a plus rien d’unique dans un lieu comme Arcadia. Je ne suis plus qu’une chose, que l’Humanité essaie de comprendre depuis sa naissance. Comment l’aider à rayonner, quand je ne savais pas moi-même ce que j’étais réellement, pourquoi « moi » et tout le tintouin ? Vous savez à quoi notre situation me fait penser ? A ce film-là, où tout le monde a oublié qui il est. Et tu te rends compte que le super mec qui défend tout le monde est en fait un salopard de violeur et de psychopathe. Si ça se trouve, j’allais finir par me rappeler de tout, et je vomirais. Peut être. Ce n’était pas dit.


A force de brûler la chandelle par les deux bouts, le petit Torben risque de finir en flaque au coin d’une rue mal famée. Le mec me dit qu’il « note ». Grand bien lui fasse. Je n’ai pas envie d’en dire plus. Je risquerais autrement de trahir mes mains pleines de sang, et de lui montrer cette gueule d’assassin. Ma moustache était mon masque de super-connard, mais ici, sans rasoir, elle ne ressemblait plus à rien. Dans la glace ce matin, j’avais l’impression d’être revenu en Afgha près de Darourkh, dans le poste 137. Ne manquait que la poussière. Le froid était déjà partout, dans ce putain d’hôpital. Je sens un peu plus d’émotions. Positives. Je n’irais pas jusqu’à dire du respect, et le mec ne se détend pas. Mais ce que je lui dis lui plaît. Je ne saurais en jurer, mais j’en avais l’impression. Je ne criais pas victoire. C’était trop tôt.


Il finit par se lever. S’étendre. Faire le tour. Il cherche quelque chose, je le vois dans sa concentration. Quoi ? Un indice qui pourrait me trahir ? Peut être. Il ménage son effet. Et me dit qu’il se fiche de moi. Ce que je commençais à comprendre ; il avait de quoi me faire peur, de quoi creuser s’il avait du temps à y consacrer, mais aucune preuve. Il veut du plus gros poisson. Il les veut eux. Je le dévisage un moment, sans réagir, sans déglutir, rien. Je lui sonde l’âme. Il a l’air honnête, mais chez lui mon sentiment vaut infiniment moins que pour beaucoup d’autres. J’ai envie de lui répondre que j’en suis au tac au tac. Mais dans la liste, il y a Aislinn. Il y a Ned, à qui je dois mon boulot, et une bonne part de ma nouvelle vocation. Et il y a Fiona, qui m’a sorti de l’indigence qui aurait pu me guetter à cour terme. Il y a Calliope. Et il y a Sinead. Pourtant, je me remmémore le vice, l’envie et la mort dans le cœur de tous ces gens.


D’un autre côté, il y a le fait qu’en faisant partie de cette chasse qui commence visiblement, je pourrais avertir Aislinn. Lui éviter des problèmes. Orienter l’enquête dans une autre direction. Sauver mon employeuse, et les gens qui ne me semblaient pas condamnables. J’avais plus confiance en moi qu’en lui pour exercer la justice, mais c’était un job trop vaste pour que je l’entreprenne sans soutien. Et ce mec avait quelque chose pour lui. Cette neutralité. Cette maîtrise. J’avais une certaine confiance naturelle pour un mec qui n’avait rien d’un idiot qui portait son cœur et ses émotions en bandoulière. Refuser de l’aider et me faire surveiller, et inquiéter Aislinn et mes « proches ». Ou accepter et essayer de faire ce que je pouvais pour éviter que l’enquête ne les éclabousse.


Je devais choisir.



| J’en suis. |


Je méditais un instant.


| Mais il va falloir être plus précis sur qui vous voulez. Il y avait du monde, à cette soirée. Et je ne connaissais que peu des invités présents, la plupart de mes connaissances ne vous intéresseraient sans doute pas, d’ailleurs. Je m’en porte garant, si ça compte pour quelque chose. |

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Under pressure. - Sam 13 Oct - 10:03




under pressure
TORBEN & ÈLIAKIM

Pressure, pushing down on me,
pressing down on you, no man ask for.
Under pressure that burns a building down,
splits a family in two, puts people on streets.


Il y a un temps de latence, une pause dans la révélation qui te permet de souffler Èlia. Tu le sens, ton coeur qui bourdonne et qui te rend malade. Ces émotions, cette envie, ce feu qui te consume quand l'idée d'un monde sans dieu effleure ton esprit. Tu le sais, que c'est impossible, tu n'es pas fou Èliakim, tu es juste passionné par l'humanité. La vraie, celle où les corps flétrissent et les myocardes s'arrêtent. Celle où la rationalité a ses limites mais reste malgré tout, rationnelle. Celle où tu n'as pas peur pour ton enfant, qui, disparue, ne reviendra surement jamais comme elle était avant. Ce monde, tu y crois dur comme fer et tu sais pertinemment qu'il peut exister, que ces monstres peuvent être détruits. Il faut simplement utiliser les mêmes armes qu'eux, prendre les dons que leurs homologue ont, faire des autres dieux, leur propre canon
La réponse de Rawne qui tombe, battement en trop dans la carcasse de Reiss. Toujours là, à le regarder, à écouter chaque mot, à ne jamais hausser le ton. Toi qui est maitre de tes émotions, pourquoi n'arrives tu pas à protéger ton existence ? Tu gagnes quelques chose Èlia, avec cet homme, mais tu en perds tellement. Un petit sourire illumine ton visage quant à la dernière remarque du patient. C'est rare, de voir un éclat de joie sur ta face, y'a que dans le chalet, qu'à la maison, avec Salomé, que tu acceptes de te montrer tel que tu es. Il y avait aussi avec elle, dans des contrées lointaines, dans une Inde bouillante et sous une chaleur écrasante. Avec Irina tu souriais. Avec son enfant, tu fais pareil.

"Vous vous trompez sur un point Monsieur Rawne..."

Tu te rapproches un peu du lit, pas de main sur ls draps, pas de cul posé sur le matelas, que tes mots comme réponse. Que tes mots pour te battre.

"Nous n'en voulons pas un, nous nous n'en voulons pas deux. Nous les voulons tous."

Et enfin, accepter que derrière toi, y'a une équipe, y'a une agence, y'a un gouvernement qui, si tu lui apportes assez de preuves, te suivra. Mais pourquoi au fond de toi, Èlia, tu sais parfaitement qu'ils ne feront rien ? Et que t'seras le seul à te battre, à darder tes poings et à finir sur le trottoir pour une guerre dont le monde n'a même pas connaissance ? Pourquoi as tu cette infime conviction que dans tous les cas, c'est toi qui perds et eux qui gagnent ?
Carte de visite de sortie, numéro réel mais qui ne ramène pas à toi, le vrai Ezra, celui qui sous la carne rugit à l'idée d'avoir enfin un allié. Déposée sur la table de chevet, regard bleuté qui abandonne les cernes de Rawne, les pupilles s'abandonnent sur la morphine. Celle qui coule à vive allure sans aucune emprise sur ton nouvel allié.

"D'accord pour vos connaissances, je devrais tout de même y jeter un coup d'oeil.

Voix calme, pupilles qui glissent sur Rawne, tu sais parfaitement ce qu'il est. Un dieu amoché, au regard lucide alors que la drogue pulse dans ses veines et est rejeté sans avoir été utile.

"Contactez moi dès que vous pouvez, nous discuterons de vos impôts à ce moment là...

Petit coup de menton, amusement léger au creux des lèvres, te reculer, te retourner et...

"Pour la morphine, gardez un rythme normal, sinon ça se voit que y'a un soucis et vous allez faire débarquer tout l'hopital. Et il existe des produits spécialement faits pour...les gens comme vous... Si besoin, je vous en trouverais."

Et lui offrir ton aide alors qu'il est eux. Alors qu'il est l'ennemi. Tu es humain Èliakim, là est ton principal soucis, tu es humain et c'est cette humanité qui te perdras. Tu ne peux pas sauver tout le monde, d'abord protège toi, après, tu joueras les héros.
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