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Will the sun ever rise (Jolene)

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Will the sun ever rise (Jolene) - Jeu 20 Sep - 20:14


Will the sun ever rise?
FT. JOLENE ϟ ARIEL

I'm trying to understand myself. I'm trying to overcome myself. Trying to fight through this hell. Are you living the dream? If you've seen what I've seen, nothing is clean. Just get outta my way at the end of the day, you've got nothing to say. See the look in my eyes, will the sun ever rise?

Juste un verre, pour se détendre. Rien qu’un, pour oublier ce qui dévore le corps. Dans le ventre qui se tord et se cabre, le palpitant qui sautille gaiment entre les côtes pour faire pulser le sang contre les tempes. Concerto de batterie directement dans la tête, il se la frapperait contre les murs pour que ça s’arrête. Même la musique un peu trop forte du bar ne parvient pas à camoufler le bruit. Juste un verre, pour s’embaumer les nerfs du coton d’une ivresse fragile. Même pas certain d’en ressentir encore les effets maintenant qu’il a soif d’un tout autre liquide. Ce regard intrigué qu’il pose sur la boisson intouchée trônant devant lui. Trop blanche, aux arômes de café et de vanille qui font pétiller les papilles. Russe blanc, le nom seul le fait sourire bêtement. C’est tendancieux, à tous les niveaux. J’ai faim putain. Mange ta main… Déviance de la pupille en direction de la dite main, aux doigts fins entourant le verre qui s’agitent brièvement. S’il se mange, ça compte ? Sourcil qui se hausse et tête qui se penche, la mimine devenant la chose la plus intéressante au monde. Secondes perdues, passées dans une contemplation bizarre qu’il efface d‘un battement de cils, papillon aux ailes fragiles sous les éclats changeants des lumières colorées. C’est beau, hypnotique. Presque autant que le joli fessier du barman, celui qui s’agite de l’autre côté du comptoir, en aller-retours incessants pour honorer les commandes lancées à pleine gueule pour se souler plus vite. Ariel s’en mord la lèvre, arrache sa rétine du sublime tableau pour remonter le long des reins, caresser l’échine et voleter sur la nuque. Capter le magnétisme oculaire de l’autre lorsqu’il lui fait face. Discussion silencieuse, l’esquisse d’un sourire à l’ambigüité qu’il saisit sans réfléchir. A lui piquer les joues d’une chaleur sale.

Tu devrais, profites-en, c’est presque trop facile une proie comme ça. Malaise sur le visage, crispation des traits comme s’il venait de croquer dans un citron trop fort. Sûrement pas. Le flirt passe encore, ça ne demande aucun effort, c’est l’instinct qui parle. Aller plus loin en revanche, corps et âme refusent, épuisés, vidés d’une journée sordide à se faire abîmer par d’autres. Ce n’est alors qu’un jeu pour lui, le besoin d’attirer, d’être le centre de nouveaux univers le temps d’une conversation, d’une danse, d’un baiser. Et disparaître avec le goût d’un autre sur ses lèvres, le frisson sur la peau, celui du risque et de l’inédit. Rentrer et se coucher en solitaire, sombrer dans les bras de Morphée sans plus de cérémonie, l’hyperactif épuisé. Considérer le barman comme une proie, c’est au-dessus de ses forces. Malgré le besoin hurlant qui lui dissèque les viscères, il refuse. Borné qui s’évertue à se croire humain, refoule la créature et ses lubies sanglantes, Ariel repousse l’échéance, s’aventure jusqu’aux frontières de sa patience au risque de tomber dans les méandres d’une frénésie douloureuse et dangereuse. Cette furie qui lui explose à la figure, le soumet sans difficulté et laisse un bien-être cruel dans la carcasse une fois sa sombre besogne accomplie. Goût du sang sur la langue, il en a des frissons d’envie sur la peau. S’oblige alors à enfin toucher son pauvre verre, un besoin compulsif de se raccrocher à quelqu’un chose d’humain, de banal. Mais le goût le dérange, n’a pas l’effet escompté. Renforce au contraire le manque, l’appel cruel de cette grenadine avariée souveraine de son royaume à moitié mort.

Pulse encore plus fort dans la poitrine, l’inconfort au bord des veines. Il serre les dents, tapote nerveusement sur le comptoir, même le barman ne parvient plus à faire frétiller ses envies. Broie du noir, comble pour un être de son genre. Elle est en train de le bouffer de l’intérieur, pour de bon, la bestiole. Tape sur les nerfs, les vrille, les torts et l’agenouille devant l’odieuse évidence : il a perdu. A se prétendre humain, à venir se mêler au reste de l’humanité pour s’oublier, il a fait une erreur. Se prend sa différence dans la figure avec une violence qui lui file le tournis. Pas habitué à picoler non plus, il en a le gosier qui brûle. S’accroche presque au bar pour se recomposer une attitude. Le monstre réagit en premier, pousse la pupille à lorgner sur le côté. D’un regard insistant, prédateur faussement naïf, les iris qui décortiquent la nouvelle arrivante. A portée de bras, il lui suffirait de le tendre pour toucher le caramel de sa peau. Porté par un nouveau souffle, le corps se redresse, grâce féline dans le geste, l’attention qui se reporte sur le verre et la mécanique qui s’emballe. L’appel du sang, à lui vriller la raison. Le sien, va savoir pourquoi ça tombe sur elle mais il le veut. Presque un effort pour ne pas lui sauter à la gorge et la siroter sur place. Soupire, froncement de sourcils dérangé. C’est dehors qu’il faut l’attirer, l’oupyr le sait. Et Ariel au cul entre deux chaises, l’envie d’agir, faire cesser la lutte pour ce soir. Le besoin de ne rien faire, rester planté là, à laisser son regard virevolter de son verre à la tentation à la peau caramel. Son sang aussi a le goût du caramel ?

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Will the sun ever rise (Jolene) - Mer 26 Sep - 20:19


do you feel the hunger, does it howl inside ?
La blouse est délaissée. Le chemin rebroussé dans les couloirs. Rude. Trop rude, la journée. A renouveler les tests. A museler l'anomalie - la déesse. A s'injecter de ce substitut sanguin d'Ismael, pour en éprouver les effets. Rien à voir. Rien de probant. Et si Jolene est patiente, les mois s'écoulent, les années défilent. Les trente ans sonnent le glas d'une existence en demi-teinte. Près d'une demi-vie à porter l'anomalie. Et qu'est-ce-qu'elle en a vu, de cette vie ? Si ce n'est celle salle, qu'elle connaît par coeur, dans les sous-sol d'Asriel & Warren. Rien. Elle n'a rien vu, Jolene. Et si c'est voué à s'arrêter, prématurément, comme l'existence de la génitrice, elle se battra pour l'empêcher. Motivation blindant davantage ses côtes glacées. Elle n'veut pas crever, Jo, pas comme ça. Pas d'une maladie qui la dépasse. Pas avant d'avoir compris ce qui l'a frappée. C'est ce qui anime le palpitant qui frappe fort dans sa poitrine, quand elle active le système de sécurité. Dernière à partir, l'acharnée. Dernière à verrouiller l'établissement familial, de plus en plus délicat de s'en détourner.

Les yeux se sont fermés. L'esprit, envolé. Anesthésié. Abandonnée devant les portes blindées, Jolene a été laissée de côté.

La musique la frappe, fait vibrer la carcasse, résonne jusqu'au fond du poitrail. Tissus d'une robe imprégnés à la peau, talons chaussés sans s'en souvenir, c'est le port de tête fier, le sourire assuré. Les pas qui tracent son trajet jusqu'au bar, la hissent délicatement sur un tabouret. Pas la première fois que ça arrive. Sûrement pas la dernière non plus. « Dry martini. » Qu'elle annonce, d'une voix suffisamment ferme pour couvrir le brouhaha. Ce qui fera virer son sang comme à chaque fois. Filera, si consommé à trop forte dose, une gueule de bois au matin à Jolene - qui elle, ne boit pas. C'est ce qui arrive, quand elle lutte trop. Quand à trop se débattre contre l'anomalie, cette dernière riposte pour lui coller la volée de sa vie. A s'y oublier. Disparaître. Douleur des souvenirs qui jamais n'émergent du néant. Et c'est en trempant ses lèvres dans le breuvage, qu'Oya la ressent. La mort. Dans les cellules, ça se resserre de plaisir, ça repart d'un rythme plus rapide encore. La carcasse suit les impulsions divines, maîtresses de l'âme endormie quand tonne l'hybris. Être nimbé des ténébreuses, s'incruste dans la pupille et le visage s'y immortalise. L'inconnu qui se tient à ses côtés gagne en intérêt, à mesure que les regards s'interceptent, de part en part. Et c'est la déesse qui la pousse à se détourner légèrement dans sa direction, croisant ses jambes nonchalamment, tâchant d'aligner leurs prunelles. De lui témoigner de son intérêt qui va en croissant. Y'a cette aura presque palpable qui attise la curiosité d'une Jolene inconsciente. Oeil noir qui ne joue pas de pudeur, qui a toujours su ce qu'il voulait, se donnant les moyens de l'obtenir. En cela, les personnalités convergent des antipodes les éloignant. Seul point commun, cependant. Là où la scientifique n'aurait jamais foutu le pied dans ce bar, préférant les ambiances épurées et moins bondées, la seconde jubile. Et là où la première se serait tue, le seconde se dévoile. Se penche dans sa direction pour se rendre plus audible. Effleurer un peu plus fort ce qu'elle perçoit de lui, sans parvenir à cerner ce dont il s'agit.

« A voir votre tête, j'essayerais autre chose. » Allusion à ce verre qui semble difficile à consommer. Et c'est le sourire malin qui se dessine au coin de ses lèvres. L'humaine qui se débat. Plus puissante que d'ordinaire. plus décidée, aussi. L'hybris qui gronde. Malmenant l'être depuis trop longtemps pour persister infiniment. « Si on est partis pour se lorgner toute la soirée. Jolene. » Qu'elle énonce, une main se détachant du verre pour se tendre dans la direction de l'inconnu. Et les personnalités qui fusionnent, lentement. Les yeux de la scientifique qui percutent les siens. Le découvrent. Le trouvent étrange. Si étrange, qu'elle en a le ventre qui se contracte, comme à chaque fois qu'elle tombe sur une anomalie. Elle a toujours la main tendue. Les pensées perdues. L'ambiance qui lui parvient de plus en plus nettement. Prise de conscience brutale, découvrant le bar. Le goût alcoolisé sur ses papilles. Un regard se détachant pour se poser sur sa tenue, peiner à déglutir. Encore, ça recommence. Elle tombe des nues, l'air un peu conne avec sa poignée de main, sans savoir qui est ce type, d'où il sort, pour quelle raison elle se tient là, plantée à côté de lui. Seconde main qui fond à l'intérieur de son sac. Y cherche le paquet. La nicotine salvatrice, qu'elle ne trouve pas. Y'a qu'elle qui fume, sur les deux êtres qui la façonnent. Qu'elle qui pense à trimbaler ses clopes n'importe où. Et les yeux qui se reportent sur le mec, décontenancée. « Vous auriez une cigarette ? » Presque une supplique, quand le palpitant panique. Qu'est-ce-qu'elle fout là. Pourquoi. Pourquoi elle se tient là, à parler avec ce type sorti de nulle part. Ce type bizarre. Présence qui lui flanque un frisson à l'échine. Elle tâche de rationaliser. Elle est douée, pour rationaliser. Respire, regroupe son calme face à la fatalité. C'est déjà arrivé. Parfois, c'était pire. Parfois, elle est revenue trop tard de ses absences, à se réveiller dans des draps inconnus. Relativiser, pour ne pas sombrer. Ce qui la fait tenir, depuis des années. Pensées calculatrices, dans l'attente d'une réponse, obnubilée par l'addiction, le besoin de fumer. Tu sais pas comment, mais t'es arrivée là. T'es là. On s'calme. Accepte le fait d'être là. Et elle le détaille, quand tout se reconnecte dans son crâne. Elle le regarde, gênée par sa robe trop serrée, trop inconfortable, à se demander si elle a mis des sous-vêtements en dessous, franchement. Qu'est-ce-qu'elle fout là, ouais. Pourquoi son anomalie recommence à la pousser vers d'autres anomalies.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Dim 30 Sep - 16:10



Qu’est-ce que tu fais au juste ? Aucune idée, mais il le fait, c’est ça la beauté de la chose. Prédateur en chasse qui n’a aucune idée de ce qu’il est en train de faire. Ses victimes précédentes, il leur est tombé dessus sans réfléchir, en plein rush d’adrénaline à même les veines, tuer pour survivre, rien de plus. Mais elle, elle n’a rien demandé. Ne lui a rien fait, à part attiser la créature sous la peau. L’éveiller et la sortir de cette torpeur sanglante dans laquelle elle s’enferme lorsqu’Ariel s’efforce de garder le dessus. Lutte acharnée qui est en train de se jouer dans sa poitrine, abondance de bouffe sur pattes qui la provoque, l’invite à sortir au grand-jour. Plutôt à se faire sublime sous les lumières psychédélique du bar aux airs de discothèque. A se demander pourquoi il est venu là, dans cette latence entre sa journée de pute et sa nuit à faire vibrer sa voix sur les ondes. Programme de nuit, l’insomniaque s’y essaie pour quelques longues heures par semaine, accompagne les âmes dans son genre jusqu’aux brumes d’un nouveau jour. Dis leur que tu viendras pas, c’est avec elle que tu vas passer ta nuit. Eurk… Pas qu’elle soit moche, loin de là. Elle est belle la métisse, à s’en bousiller la rétine, celle qui s’attarde sur les courbes, la robe qui les souligne, presque trop pour son propre bien. S’il vibre, c’est pour une toute autre raison. Loin de sa petite tête l’appel du sexe, c’est le sang qui l’attire comme un moustique vers la lumière prête à le griller.

Son regard dérive jusqu’à son verre lorsque s’entame la conversation. Soulagement au cœur, elle lance les hostilités. On lui a souvent répété qu’il ne fallait pas fixer les gens, il n’a jamais réussi à ne pas le faire. Vilain réflexe, il scrute, insiste parfois un peu trop, sans le faire exprès. Sa pudeur qui le rattrape lorsqu’il est trop tard, à lui poignarder le cœur et se sentir misérable. Presque gêné qu’elle lui parle, se penche dans sa direction. Mal à l’aise, d’un mélange de tellement de choses qu’il ne sait pas laquelle le dérange le plus.
« - Je me sentais d’humeur aventurière, mais visiblement j’aurais dû m’abstenir. » Qu’il souffle finalement, mutin, un mouvement de tête en direction du fameux verre à en faire tinter sa boucle d’oreille. Bois pas, fume pas, drogué on dira, si tu baisais pas, y aurait de quoi s’inquiéter pour toi. Ce qu’elle l’emmerde cette petite voix dans sa tête, à lui tapoter la tempe de ses idées noires et ses paroles insolentes. Sa conscience qui se déchire, le petit ange et le démon aux culs posés sur ses deux épaules. Ta gueule qu’il aimerait bien lui dire parfois, mais qui peut dire à sa conscience de se la fermer et y arriver ? Personne. La main se tend entre eux et il la fixe, à en sentir la chaleur lui monter sur les pommettes. La toucher, c’est sceller sa perte. Accepter la victoire de la créature, et signer l’arrêt de mort de la jolie métisse. Jolene. « - Ariel. » Et les mains qui se touchent, se serrent. Frissons contre l’échine, la créature plantant ses griffes dans les entrailles sous l’impulsion odieuse d’un battement de plaisir. Parce qu’elle sent la rivière écarlate qui pulse sous la chair, cette attirance perverse qui pousse le contact à perdurer plus longtemps qu’il ne le faut. Les doigts qui se serrent presque avec une tendresse fauve contre ceux de la proie, et Ariel qui brise soudainement l’étreinte lorsqu’il réalise. Le geste, l’appétit sauvage dans la pupille braquée sur la gorge. Revenu sur la terre des mortels à l’entente de la question.

Merde. Il fume pas, et se sent presque con de ne pas le faire. Prompt à désespérer, agacer le monstre qui enrage déjà de perdre une occasion d’emmener la délicieuse dehors pour mieux lui saccager la trachée. Sans vraiment savoir pourquoi, ses mains tâtent les poches de son pantalon. Sourcils à la courbe enjouée qui se froncent, tiens donc. Sa main se glisse sous le tissu et bute contre un paquet de cigarettes. Missy qui lui sauve la vie. Prostituée en phase de sevrage, il s’improvise distributeur de clopes, garde le paquet relique pour être certain qu’elle ne fera pas de rechute. Presque trop beau pour être vrai, le saint graal qui sort de la poche et qu’il contemple un court instant. C’est le karma chéri, cherche pas. Sûrement oui. « - Coup de bol, m’en reste. » Sourire d’ange, à faire fondre les cœurs tant il irradie d’une sincérité à faire battre des cils. Fierté à la con d'un gamin venant de découvrir une merveilleuse trésor au fond de son jardin. Il se redresse sur son siège, poussé en avant par la découverte et les possibles qu’elle lui offre. Ses doigts se perdent dans une autre poche, en extirpe de quoi payer les consommations, la sienne et celle de Jolene. Il y en a sûrement trop mais il s’en moque éperdument, si ça peut faire plaisir au barman et à sa sublime chute de reins, tant mieux. Un dernier coup d’œil vers lesdits reins, juste un battement de cils et l’attention se repose sur la métisse, un pied déjà à terre. « - J’ai paumé mon briquet, si ça vous ennuie pas ? » Je m’invite que les mots dissimulent, le paquet tendu entre eux comme une invitation à se bouger et aller respirer un autre air. Le cœur battant à tout rompre contre les côtes, à faire vibrer toute la carcasse. Appel du carnage à même la peau, les crocs de la créatures serrés à lui bousiller la mâchoire, en attente d’une réponse qui le plonge dans un état de fébrilité avancée. Et si elle refuse ? Contrôle en peau de chagrin, le massacre ne sera plus très loin.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Sam 6 Oct - 16:46


do you feel the hunger, does it howl inside ?
L'inconnu doit avoir son âge, à peu de chose près. Ou p'tetre bien un peu plus jeune, elle ne sait pas trop, avec la lumière qui change, adoucit les contours du visage aux traits déjà fins. Elle lui trouverait de cette beauté qui touche, se fraye un chemin sous la peau, délicatesse des airs qui se réservent, des mots parcimonieux. Jolene est du genre silencieuse. A ne pas aimer les êtres se qualifiant de grande gueule, sous prétexte de s'exprimer dans une facilité déconcertante en beuglant leurs avis à tout bout de champ. Confondant honnêteté et manque d'un tact nécessaire, aux yeux de la scientifique. Pour tout dire, elle se moque éperdument de l'avis des gens, en général. Préfère les paroles réfléchies, de préférence brèves, efficaces à capter son attention. Palabres superficielles pour lesquelles elle n'éprouve guère d'intérêt. Comment ça va. Première question à rayer du vocabulaire. S'épancher sur son week-end, ses projets. Ce que ses collègues aiment à raconter les vendredi, comme aujourd'hui, présence qu'elle fuit. A se demander si certains se passionnent réellement pour les réponses, ou s'il ne s'agit là que de faire la conversation. Auquel cas, c'est inutile. Point. Opinion tranchée sur le sujet. Raison première pour laquelle elle ne traîne jamais les lieux comme celui-ci, et encore moins seule. Nulle envie de rencontrer des visages connus, et encore moins inconnus. Se faire tenir la jambe par le premier péquenaud qui traîne. Un peu comme ç'a pu arriver avec Malyen, sans doute, même si elle ne se souvient d'aucune des circonstances. Et si ça a plu à l'anomalie, celle-ci devient réellement une source de problème à résoudre urgemment. Raison de plus pour décupler le rythme des recherches. Et quand elle le regarde, le dénommé Ariel, que l'aura rencontre la sienne quand la poignée de main s'éternise, ça lui filerait presque des idées. De quoi se concentrer, dans la détresse qui l'étreint, propre à cet état qu'elle ne comprend pas.

Alors, elle ne s'offusque pas de sentir les doigts s'attarder, même si c'est étrange. Elle ne serre que brièvement la main, d'ordinaire, d'un geste ferme, décidé. Ne laisse pas le loisir aux gens de s'attarder sur sa peau contre la leur, ci et là marquée de cicatrices que le temps s'est contenté d'estomper, sans daigner les dissiper d'entre les phalanges. Brûlures passées, gravées à jamais, discrètes sur la droite, plus franches sur la gauche. De celles qu'Ismael n'a pu effacer. Parce que cette fois-là, son père ne l'a pas appelé, pour la soigner. Et s'il les a sauvées à de très nombreuses reprises, tout n'a pas été capable de disparaître. Elle les hait, ses mains, Jolene. Rappel incessant de ce qui court dans ses veines. Alors, passées quelques longues secondes, elle se soulage du contact qui se rompt. « Enchantée, Ariel. » Violence qu'elle se fait, sourire qu'elle s'efforce de retrouver, plus léger que précédemment. L'iris ne parvient à se détacher de ce qui émane de lui. L'anomalie qu'elle aimerait toucher, presque obsédée par la nature de celui-ci. Elle en oublierait presque la colère de s'être perdue contre son gré. Suspendue à ses gestes, appel de la nicotine hurlant dans son crâne, elle se tient presque en apnée. Fou, comme l'anxiété peut la saisir, à se demander si elle ne jouerait pas sa vie dans l'attente d'une cigarette. Et ses prunelles s'illuminent en parfait miroir des siennes. Elle ne touche plus à son verre presque terminé. N'aime déjà pas la sensation qui bouscule légèrement ses pensées, peu adepte des boissons alcoolisées. Faut qu'elle garde l'esprit clair, qu'elle sache où elle va, persuadée de ne pas devoir le lâcher, celui-là. Et elle sourit de manière presque sincère, en réponse à celui qu'il lui offre, descendant à son tour de son perchoir. « Parfait. » Pour les clopes. Pour la rencontre. Elle ne sait pas trop. Tout ce qu'elle ressent, c'est l'enthousiasme presque euphorique qui s'installe dans son ventre. Passion scientifique la poussant à hocher la tête sans réfléchir. « Un échange de bon procédé. » Le ton est léger, quand elle extirpe son propre briquet de son sac, le braquant d'un air victorieux devant le dénommé Ariel. A voir ce qu'elle entend par là, même s'il ne s'agit visiblement que d'une coopération des plus basiques. Elle voit plus loin, Jolene. Elle voit toujours plus - trop ? - loin. Alors, elle prend les devants. Extirpe une cigarette du paquet. Se détourne, et prend la direction de la sortie, chaleur bousculant ses veines malgré la fraîcheur nocturne qui mord bientôt ses bras. Air qui emplit ses bronches, salvateur, à en faire oublier l'odeur d'alcool renversé. Quelques pas sur le trottoir, longeant le bar, avant de se retourner vers lui. « C'est gentil, pour le verre. » Gentil, oui. Elle n'a pas d'autre chose à dire que ça, que c'était gentil. Elle n'avait rien demandé, n'a pas l'habitude de se laisser inviter. Ce qu'elle aurait sûrement balancé au premier osant sortir ses billets. Mais y'a la diplomatie qui s'installe. L'esprit calculateur qui s'anime.

Cigarette qui s'embrase, dessine les flammes au fond de ses prunelles. Oya qui rôde, tapie contre les tempes. « Tenez. » Et le bras qui se tend, briquet au creux de la paume qui s'ouvre dans sa direction. « Il faut un peu s'acharner, mais il fonctionne. » Y'a pas plus banal, comme conversation. Elle aimerait être habile, dans ses approches. Laisser les mots couler avec la fluidité de ces séries télés qui occupent la plupart de ses soirées. D'ordinaire, elle s'en fout. Là, c'est différent. Elle aimerait l'intéresser, autant qu'il l'intrigue. Parvenir à creuser la similitude qui se dessine entre eux, pour assouvir sa curiosité. Ce besoin de comprendre. Pas la première fois qu'elle en croise un, qui lui ressemble. Elle n'a pourtant jamais osé. Jamais, jusqu'à aujourd'hui. Frisson mordant sa chair, à maudire l'anomalie de n'avoir songé à prendre une veste. « Vous attendiez quelqu'un ? » Allusion à sa présence au bar, fumée s'évadant de ses lèvres, pulsations cardiaques se rythmant sur un calme factice. Se faire une idée du temps dont elle dispose.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Mar 9 Oct - 20:01



Peine au ventre, l’humain souffre à en sentir l’anxiété lui nouer la gorge. Quand sous l’éclat des pupilles la métisse se lève, ce sourire qu’elle lui lance en retour au sien à lui faire chavirer le cœur. Mécanique fragile dont les aiguilles s’affolent, piquent la chair à la faire saigner. La créature, elle, ne fait plus semblant de sommeiller. L’attention est toute présente, focalisée sur la proie, la vie qui pulse dans les veines, à faire ricocher les cils contre les lignes suaves de ce cou qui se tend à chaque geste. S’offre presque à elle en une sublime provocation. Tressaille le corps presque gauche tout d’un coup, comme s’il ne lui appartenait plus. Arrête qu’il a envie de hurler à plein poumons dans la salle bondée, couvrir la musique de son cri de désespoir pour que se taise l’animal. Que sonne l’alarme du danger dans lequel Jolene est en train de tomber, victorieuse et son briquet. Inconsciente et ses talons qui claquent sur le sol, direction la sortie. En naufragée dans une mer écarlate, celle qui danse devant ses yeux en parfait accord avec la teinte prise par l’éclairage de ce décor appartenant déjà au passé de son monde abîmé. Allez, bouge-toi, suis-la. Sans un regard, Ariel délaisse son humanité, encore installée sur le tabouret, seule devant le Russe blanc auquel il n’aura presque pas touché.

Morsure de la fraîcheur sur la peau, en contraste avec la chaleur de l’intérieur. En réflexe, ses mains s’agitent contre ses bras dénudés pour les réchauffer, il a un massacre dans la poitrine. Aorte en bord de lèvres, à se contracter si fort qu’il a l’impression que des doigts s’y enfoncent à chaque battement. Un murmure dont les échos ne sont pas suffisamment forts pour faire taire la petite voix susurrant à son oreille, tue-la. Litanie presque attirante, à le charmer dans sa réalité où les secondes semblaient s’être arrêtées pour mieux se relancer au son de la voix de la proie. Gentil, le verre, Ariel ne comprend pas tout de suite, perdu dans les limbes de sa propre conscience. Le sourire qui revient sur les lèvres, rayon solaire d’un charme indécent, prunelles en éclat de ciel revenant se poser sur la métisse. « - Oh c’est rien… J’ai dû payer pour tous ceux qui étaient accrochés au bar en plus je pense, c’était ma tournée. » Une épaule se hausse, danse au rythme des notes sucrées d’une vague de rire. Argent sale récolté au gré de ces instants volés durant lesquels il ne s’appartient plus, à se moquer de le dilapider à l’excès, s’en débarrasser pour ne pas se sentir encore plus souillé qu’il ne l’est. Presque peur qu’elle puisse le voir, le deviner, ce qu’il est, derrière les sourires et la légèreté. Cet être abominable et détruit, utilisé, usé. Sempiternel dégoût au miel gâté de sa liberté saccagée caressant la langue, l’enfant des bas-fonds du monde hésite un bref instant devant cette paume qui s’offre à lui.

« - Merci. » Petit morceau de digue qui s’effondre, briquet en main, cigarette entre les lèvres. Première tentative. Seconde. A trahir son manque d’habitude, en remercier l’outil qui oblige à s’acharner pour faire du malaise un contretemps commun. Flammèche brûlant la rétine d’un éclat morbide, fumée qui s’élève enfin et lui qui inspire, s’abîme la trachée à en retenir une quinte de toux. C’est de l’herbe, t’es végétarien, ça devrait te plaire pourtant. Elle le secoue, la toux lorsque s’expulse la première bouffée de charbon de ses poumons. Dégueulasse, c’est tout ce qu’il en pense, de ce bâton de dynamite miniature qu’il tient entre ses doigts. Ca pue, le goût est ignoble, pas fait pour lui, il le savait déjà, maintenant il en est certain. « - Non, pas vraiment. C’était plus pour tuer le temps, avant de commencer le boulot… Mes horaires sont bizarres, et comme c’est pas loin du studio, je me suis dit que c’était pas une si mauvaise idée. Un petit verre pour se détendre, histoire de pas être une boule de nerfs. Enfin, peut-être qu’au fond j’espérais attendre quelqu’un, on le fait tous un peu dans ce genre d’endroit non ? » Il attendait le monde et personne à la fois. Un éphémère pour tromper sa solitude, un familier pour séduire et se laisser séduire dans la normalité d’une classique relation d’un instant. Une victime toute trouvée pour épancher la soif qui l’engloutit.

« - Pour être franc, j’essaie d’arrêter, sûrement pour ça que j’ai paumé mon briquet, mon inconscient qui s’en mêle et me force à me sevrer. » La cigarette s’agite entre eux, balaie le vide nocturne de sa fumée aux arabesques bleutées. « - J’ai jamais vraiment compris pourquoi les gens sont tellement accros à ces trucs en plus... » Peut-être pour les mêmes raisons qui le pousse à garder à portée de doigts les boites de ces antidépresseurs illuminant son existence depuis près d’une décennie déjà. Temps qui file, précieuses secondes qu’il perd en paroles inutiles. « - Je parle trop, désolé, faut m’arrêter sinon je monopolise le silence. » Vrai, Ariel, trop ouvert, trop amical. Trop tout ce qu’on voudra. Le solaire pour dissimuler les ténèbres en bordure de sourire. Ces crocs assassins qui se dévoilent une nouvelle fois, en guise d’excuse pour avoir monopoliser la discussion sans se donner la peine de laisser la métisse prendre sa part de conversation. « - En solitaire aussi alors ? » Conclusion peut-être hâtive, à se persuader que les âmes esseulées étaient vouées à se trouver, s’enchaîner. « - Tu le serais pas restée longtemps, ça aurait été du gâchis... » Vraiment ? Œillade passagère sur la silhouette à ses côtés, celle dont il se rapproche d’un mouvement à la grâce féline. Du gâchis pour n’importe quel autre homme que lui. Du gâchis pour la créature, charmée, affolée, attirée par ce qui émane d’elle. Cet appel du sang, plus fort encore maintenant qu’il se tient si proche. A caresser du bout des cils le tracé de la gorge qui l’électrise. Et ce cœur qui frappe plus fort encore, susurre un vas-y à chaque heurt. Oui, peut-être, sûrement, il va le faire. Juste savourer encore un peu le calme, celui qui pèse sur leurs épaules avant la tempête qu’il s’apprête à invoquer. Tu crois qu’ils le sentent, qu’ils vont mourir ?

Et toi Ariel, tu l’as senti ?

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Will the sun ever rise (Jolene) - Dim 14 Oct - 13:45


do you feel the hunger, does it howl inside ?
Ce n'est que dans la rareté que les lippes s'élèvent, d'ordinaire, et peu peuvent se targuer d'en avoir été témoins. A croire qu'elle ne sourit jamais, Jolene, ou presque. Qu'elle est née avec cette expression d'indifférence un peu hautaine placardée à la gueule, et que ça ne l'a jamais quittée depuis. Cet air d'inaccessible, voué à éloigner, garantissant la solitude pour celle qui n'a jamais vraiment su y faire avec les autres. Pas qu'elle ne passe pas en public, habituée des réceptions mondaines depuis l'enfance, à faire bonne figure, à se comporter décemment. Juste qu'elle n'est pas intéressée par les dialogues futiles. Les échanges factices. Elle a besoin de concret, et n'est pas habituée à détendre ses traits pour que les autres se sentent moins mal à l'aise. Moins emmerdés d'avoir l'impression de l'offenser de leur seule présence, à en juger par ses prunelles verrouillées à double-tour et le faciès guindé. Resting bitch face, comme dirait son meilleur - et unique - ami, ce qu'elle pourrait offrir à Ariel comme à tous les autres, si elle n'était pas si déboussolée. Par Oya. Par l'hybris. Par cette familiarité qui la frappe dès qu'elle reporte son regard sur lui, dès que les peaux s'effleurent au don du briquet. Cette sensation qui lui pique le bout des doigts et qu'elle ne parvient à s'expliquer. Alors, elle sourit. Elle en a les zygomatiques grinçantes, pas vraiment sollicités d'ordinaire, mais elle sourit. Tout simplement parce qu'elle ne sait pas quoi lui répondre. Ni même si elle devrait dire quelque chose ? Trop tendue pour rire, pour rebondir sur ses mots, elle se contente d'arborer un air plus doux par peur de le faire fuir. Par chance, c'est en maniant sa cigarette qu'elle est encore la plus naturelle, contrairement à Ariel qui se met à tousser curieusement. D'un battement de cil, il se dessine au coin de son champ de vision. Elle ne va pas jusqu'à le dévisager, ne tenant pas à s'acharner sur un instant gênant. Elle pourrait lui faire remarquer que ça lui rappelle, vaguement, la première fois qu'elle a fumé, du haut de ses quatorze ans. Volée au paternel, la clope allumée et ayant manqué de lui faire claquer un poumon. C'est qu'à l'époque, ç'avait l'air d'être une solution à l'agacement, vu la manie qu'il avait d'en griller une dès que le ton menaçait de monter entre eux. Pour ça qu'elle s'est acharnée dessus, à rechercher ce semblant de réconfort éphémère. Qu'aujourd'hui c'est sans un souffle de travers que la fumée remplace son air.

Quand il reprend le dessus, elle se concentre. Retient ses paroles avec minutie pour mieux rebondir. Lancer la conversation lui est difficile, mais interroger l'est bien moins. « Le studio ? » Qu'elle s’enquiert, avant de cogiter sur ses remarques. « Sans doute, oui. » Le ton qui baisse, réponse tant à lui qu'à elle-même. Sans doute, que l'anomalie espérait bien trouver quelqu'un. Et elle ne peut s'empêcher de repenser aux mots d'Ismael, à cette manie de lancer des idées au vol, qu'elle repousse, qui ne la quittent pourtant pas après. Reviennent dans ce genre de moment, où elle se sent paumée. Une anomalie, ou une envie humaine, de rompre la solitude. Pensée qu'elle balaye, dérangeante, pour mieux se ré-intéresser à l'inconnu, justifiant tant bien que mal sa quinte de toux. « Vraiment ? » C'est spontané, quand ça sort, et heureusement qu'elle a encore son p'tit rictus au coin des lèvres pour trancher avec la perplexité qui l'étreint. Vraiment, il essaye d'arrêter ? Elle se le demande, Jo, s'il n'est pas en train d'essayer de la mener en bateau. Que s'il était accroc, comme il le prétend, et se sevrait, il ne se poserait pas la question de savoir pourquoi les gens s'y attachent, à ce prétendu bonheur attaché au tabac. S'il n'avait pas extirpé ce paquet de sa poche, elle irait jusqu'à se dire qu'il ne s'agissait là que d'une manière de la suivre à l'extérieur. Elle ne sait pas trop, à vrai dire, car c'est bien la première fois que ça lui arrive, ce genre de situation. « Ça fait donc de moi la personne diabolique qui remet le compteur des jours à zéro ? » Elle se fait plus douce, faussement emmerdée face à l'idée de l'avoir poussé à reprendre malgré ses résolutions. L'étincelle qui se devine au fond des pupilles témoigne parfaitement du fait que malgré ses airs contrits, elle s'en fout. Ne gobe qu'à moitié ce qu'il lui dit. Et c'est bien parce qu'Ariel a éveillé sa curiosité qu'elle déploie toute sa patience, contourne ce qu'elle en pense, et tâche d'être agréable. « D'expérience je dirais qu'il vaut mieux commencer par perdre le paquet. » Et elle ne peut s'empêcher de se faire moqueuse, dispersant les cendres au sol d'un petit geste du doigt, suffoquant dans ses efforts démesurés pour sembler un minimum sociable.

C'est sans compter sur la suite. Alors qu'elle songe prendre doucement le contrôle, à alterner les pauses, les petits sourires, les quelques paroles, voilà qu'il se lance dans une remarque qui lui écrase le thorax. Côtes qui se resserrent, rejettent en bloc l'allusion au prétendu gâchis. Il faut vraiment qu'elle se fasse violence pour ne pas réduire à néant toutes ses prouesses engageantes. Car là, ça ne passe pas. Clairement pas. Suffisant à la braquer intérieurement, là où l'apparence demeure imperturbable. Elle le sent, son regard sur elle, et comme à chaque fois que c'est le cas, elle n'aime pas ça. Tout comme la proximité qui la dérange. Un peu plus de véhémence sur la dernière bouffée de nicotine, jetant le mégot d'un geste machinal. « T'as sans doute raison. Au bout du compte, je ne suis pas restée seule très longtemps, si ? » Elle déglutit. Relève ses yeux noirs dans les siens, distille la provocation dans ce regard qu'elle lui lance. L'air de dire, c'est toi qui m'a décrochée à la solitude le premier. Est-ce-que ça lui tient tant à coeur, à Ariel, d'éviter ce gâchis, comme il le dit ? Gâchis de quoi ? Au juste ? Elle tait les questions qui lui lacèrent la gorge et se contente de se redresser, épaules abandonnant leur pause lascive contre la façade. « Toi, c'est avant le travail. Moi, c'est après. » Improvisation alors qu'elle ne perd rien des yeux d'Ariel qui se déplacent sur son cou, loin de s'imaginer ses desseins. Elle pourrait se barrer. Le laisser là. Cesser ce jeu étrange qui s'instaure, dont elle ne comprend pas les règles. Mais à se tenir proche, elle le ressent avec un peu plus d'intensité encore. Sa différence qui l'attire, la pousse à s'attarder. « Du gâchis. » Elle répète, regard qui virevolte le long de la silhouette de l'étranger, s'attarde, ne camoufle plus son très grand intérêt. Qu'il l'interprète comme il le voudra. Tant qu'il reste là. Et si elle ne se détend pas, que l'instinct charnel ne s'éveille guère, elle a envie de le toucher. De comprendre. De percevoir ce que l'anomalie lui murmure, poussant sa main à s'élever, à venir timidement se glisser sur l'avant-bras d'Ariel. Percevant la frilosité qui l'étreint depuis qu'ils sont sortis, n'osant qu'à moitié le toucher. « Toi, t'es pas comme les autres. » Tant et si bien fascinée, Jolene, qu'elle ne percute rien de ce qui pourrait se passer.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Jeu 18 Oct - 19:55



Le silence qui s’installe le rend mal à l’aise. Presque autant que la cigarette qu’il tient entre ses doigts et qu’il regarde son consumer sans oser la porter une nouvelle fois à ses lèvres. Menteur de talent, sauf quand son propre corps décide de le trahir. A lui faire plisser le nez d’inconfort face aux effluves embaumant l’air, la fumée qui les enveloppe doucement comme un voile pour les couper du monde. Gêné, l’humain, de se trouver dans un endroit autant découvert. Désert pour l’instant, mais un passant, ça arrive tellement vite. Nerveusement, Ariel pose les yeux sur sa gauche, bout de rue solitaire. A droite, même constat. Ils sont seuls avec les bourdonnements venant du bar, les vibrations du mur contre lequel il s’appuie. Nonchalance à fleur de peau, et la petite dynamite qu’il laisse glisser d’entre ses doigts. Elle est bien mieux par terre à s’épuiser dans sa combustion cancéreuse que dans sa main. « - Je charme les insomniaques de ma sublime voix. Je suis animateur radio, je vis la nuit. » Hibou qu’il aurait dit fut un autre temps. Vampire serait plus exact à présent. Douce ironie pour un gamin qui n’a jamais cru aux histoires de fantômes et de monstres. Les siens étaient réels, pas besoin d’en ajouter d’autres. Il tremblait bien assez face à l’ombre néfaste de son géniteur, de ses oppresseurs dans la cour d’école.  

Extraverti sentant que sa compagne n’est pas du même acabit. A lutter pour maintenir la conversation, ce sourire qu’elle pose sur ses lèvres semble venir du fin fond de son être. Une mimique qu’elle répète sans vraiment savoir ce qu’elle peut signifier. Attitude presque coincée qui l’intrigue parce qu’il la douloureuse sensation de l’avoir déjà vu quelque part. De la connaitre sans pour autant parvenir à savoir d’où. Certitude qui tapote dans sa poitrine maintenant qu’ils sont seuls, environnés de silence, plus propice à découvrir l’autre et à l’écouter sans avoir besoin de s’efforcer à oublier les bruits alentours. Figure connue, très certainement, mais Ariel ne retient pas les visages et les noms. Ses journées sont jalonnées d’inconnus qu’il s’efforce d’oublier dès l’instant où leurs corps se séparent. Instinct de survie, le cerveau qui n’enregistre que ceux qui se font plus présents dans son univers, les habitués, les coutumiers. Ces êtres dont les orbites reviennent fracasser la sienne. Et il se perd dans le dédale de sa mémoire, à froncer les sourcils pour tenter de croiser le visage de sa proie. Foule de formes floues aux couleurs fanées, plus il tente d’y apposer du familier et plus les contours se brouillent. A sursauter bêtement lorsque la question lui chatouille les tympans. Elle ne le croit pas, ou qu’en partie, il le sent. Notes d’un rire piqué à un gosse pris en faute, trop doux, trop entêtant pour la créature qui racle plus fort encore la peau dans laquelle elle est enfermée. Epuisée d’attendre, de ce jeu de séduction bizarre qui perdure un peu trop à son goût.

« - Il semblerait oui. Mais bon, j’aurais sûrement fini par y revenir. J’ai toujours pensé que devenir accro en fait, c’était pour les autres, que je pourrais arrêter quand l’envie me prendrait. Faut croire que non. » Hausse une épaule en guise de conclusion. A moitié convaincu par sa propre réplique, mais il s’en moque. Ce n’est plus qu’une question de grains de sable dans le sablier avant que tout ne bascule. Il repousse l’inévitable, cet instant de grâce destructrice qu’il attend autant qu’il en a peur. Faire durer le plaisir, à se laisser charmer par le moment, aussi étrange soit-il. L’intérêt qu’elle lui porte, le solaire qui aime quand l’attention se pose sur lui. L’attraction de pôles pourtant voués à ne jamais se rencontrer. « - Logique. J’y penserais la prochaine fois, voir si c’est plus efficace. » C’est ça, et tu crois qu’elle va le gober ? Sa langue claque contre son palais, mirage d’exaspération, celle qu’il ne contrôle pas et qui est en train de lui broyer le ventre. A faire battre plus fort le cœur, lui qui cogne contre la poitrine comme s’il voulait en sortir. S’échapper pour ne pas être le témoin du carnage en devenir. Elle n’aurait jamais dû accepter qu’il l’accompagne. C’est la solitude qu’elle aurait dû choisir, le repousser comme l’aurait fait n’importe qui d’autre. C’est trop tard maintenant, il n’a rien fait pour la retenir, l’empêcher de creuser sa propre tombe. Trop faible, trop lâche peut-être. Prédateur affamé, avide et sans pitié. Dualité de l’être, entités vouées à se déchirer et se détruire tant elles ne parviennent pas à s’accorder.

« - C’est vrai que c’est plus habituel de venir là après le boulot cela dit, mais j’ai jamais vraiment fait comme tout le monde. » Les orbes noirs s’éclatent contre l’azur, les regard s’accrochent et se verrouillent. Presque électrique, à vibrer d’une tension étrange dévorant tout le corps. Celle qui le pousse à se redresser sous le regard qu’elle lui lance. Des frissons dégringolent le long de son échine, la main qui se pose contre son bras, il déglutit péniblement, s’efforce de conserver le rayonnement de son sourire sur ses lèvres mais quelque chose est en train de se casser la gueule sous la surface. « - Ca se voit à ce point ? On me le dit parfois, j’essaie pourtant d’avoir l’air normal. » Voix plus grave, rêche sur les rocs de la tension dévorant la moindre fibre. Il ferme alors les paupières, inspire à s’en abîmer la poitrine. Ce n’est plus le même éclat qui brille dans les prunelles lorsqu’il recouvre la vue. Plus sombre, plus dur. A l’instar des traits semblant gravés dans un roc tranchant, sombre, envolés en poussière de fée l’air juvénile et la délicatesse. Le prédateur a dévoré sa cage, et s’apprête à faire subir le même sort à sa proie. Lentement, sa main se lève, effleure du bout des doigts la peau de caramel, s’égare contre une clavicule pour remonter le long de la gorge. Se perdre dans la noirceur de la chevelure et s’y accrocher. Doucement, comme le ferait l’amant dans les prémices d’un baiser qu’il n’ose pas formuler.

« - Ne résiste pas… S’il te plait… » Murmure contre les lèvres, le pouvoir de la créature susurrant l’ordre dans un battement de cils. Mal maîtrisé, efficacité tremblante et aléatoire. Peu importe, c’est trop tard. Les doigts s’agrippent plus fort, brusques dans le geste forçant la tête à ployer sur le côté. Dégageant le cou, l’offre à lui sans résistance. Poigne de fer insoupçonnée, la créature fond sur sa proie, retrousse ses lèvres et les quenottes s’enfoncent dans la chair. Percent l’enveloppe fragile, éclatent une veine et roulent enfin les perles vermeilles sur sa langue. Il en frissonne, tressaille d’un contentement abject, s’agrippe plus fort à la tignasse quand son autre main s’accroche à l’épaule pour immobiliser le corps contre lequel il se presse. Baiser d’amants pour un œil mal avisé. Meurtre en cours de progression quand le voile du doute se lève.
Tu as raté l’artère, elle va mettre des plombes à crever. Saccage-la. Petite voix dans sa tête, tambourine au rythme des battements effrénés du palpitant à l’agonie. De ce flot carmin caressant sa trachée dont le goût de fer envahit tout son être. Son ventre se retourne sous l’injure, conteste l’offense, se crispe à lui donner la nausée. Envoûté par la chaleur douce émanant du corps, le suave entêtant de son parfum, Ariel, malgré son dégoût, est bien incapable de s’arrêter, renforce sa prise, les ongles dans la peau caramel. Pas tant que le cœur bat encore…
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Will the sun ever rise (Jolene) - Sam 3 Nov - 12:24


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Môme futée. Élève aux facilités certaines. Première de la classe. Intello. Rationnelle. L'esprit scientifique. Pourtant, y'a des choses qui la dépassent. Et lorsqu'elle songe disposer d'éléments décelés avec flair, c'est tout un monde dont elle ne saisit pourtant pas l'existence. Pas la moindre idée, la généticienne, de ce qu'elle est vraiment, si ce n'est celle implantée dans son crâne par le paternel des années auparavant. Aucune hypothèse non plus sur ce qu'est ce type qui lui semble si différent. La soif d'un mystère qui ne s'étanche pas. Un peu moins encore quand l'être qui lui fait la conversation, avec plus d'aisance qu'elle, sans doute, se rapproche insidieusement. Et la patience s'amenuise, quand l'obsession s'éveille, le coeur pourtant glacé, les pensées calculées. Sujet qui attise l'exaltation de celle qui y voue toute son existence, vie obnubilée par cette anomalie à contrer, à comprendre, et qui pourtant la ronge. Animateur radio, elle esquisse un air intéressé, faussement, en réalité. Elle s'en fout, Jolene, ce qu'il fait de ses nuits, ou même de ses journées. D'où il vient, ce à quoi il aspire. Dès que les peaux se sont touchées, dès qu'elle a repris ses esprits, ce n'est plus ce qui l'a intéressée. Parce qu'elle n'a sûrement jamais été réellement capable de creuser, de toute évidence. De prêter son attention au discours d'autrui, discussions l'ennuyant, l'agaçant même, plus qu'autre chose. Alors, si elle se tient toujours là, malgré sa peau piquetée par le froid nocturne, ce n'est pas qu'elle a envie d'en savoir plus, ni même de lui raconter quoique ce soit. Si ce n'est de savoir pour quelle raison ses nerfs s'animent dès qu'il fait un pas dans sa direction. Ce qui le rend si particulier. Question d'une importance cruciale en ces heures d'incertitudes, un peu plus encore après avoir dû prélever Ismaël en l'absence de leurs pères. L'épargner lui, c'est en trouver d'autres. Et comme une enfant prête à faire une bêtise dans le dos de son parent, c'est une crainte mêlée à l'excitation qui l'étreint, émotion bousculant ses glaces, la poussant à poursuivre. A s'adoucir, faisant mine de croire ce qu'il lui raconte. Donner à l'autre ce qu'il attend, pour celle qui n'a jamais su exister qu'égoïstement, c'est un effort qu'elle espère être payant. Forces rassemblées malgré l'alcool qui se disperse, malgré l'hybris qui gronde en sourdine, c'est l'énigme qui étire ses lèvres dans un nouveau sourire factice. « Courage avec ça, j'ai abandonné l'idée de réussir un jour, personnellement. » Banalité. Elle ne se rend qu'à peine compte de l'impression guindée qu'elle peut renvoyer, aux antipodes de l'aisance l'ayant menée à se hisser à ses côtés, au départ.

Prendre sur elle. La fermer. Adoucir la condescendance et faire mine de minauder. Elle s'horripile, à se la jouer réceptive, là où chaque parcelle de son corps n'aspire qu'à s'éloigner. Pas douée pour ça. Jamais. Pourtant il parle, Ariel, avoue qu'il ne fait pas comme tout le monde. Elle ne peut que le croire, à étouffer à la proximité, posant ses doigts sur son bras comme pour s'assurer de son existence. Elle ne sait jamais trop, quand elle sort de ces états de pseudo-transe, d'inexplicable, si elle divague. Mais elle perçoit la chair, s'imagine la sensation étrange, différente. Auras qui se rencontrent et qui lui arrachent un frisson, derme s'hérissant quand elle précise l'évidence. Pas comme les autres. Mais comme elle ? Elle en oublierait presque le déplaisir de cette mise en scène, la contrariété de le laisser s'approcher de la sorte. Elle n'anticiperait même plus les intentions de l'inconnu, trop décontenancée par ce qui est en train de se produire. « L'air normal. » Elle répète, dans un murmure, poitrine prise en étau dans une appréhension qu'elle met sur le compte de cet aboutissement qu'elle effleure, le long de la chair d'Ariel. Rare qu'elle soit émue, la prétendue insensible, pourtant la gorge se noue et au-delà de la fièvre enthousiaste, c'est un brin de soulagement qui se tisse derrière ses côtes. « Et pourtant si différents. » Pluriel qui se tait, paroles se livrant à haute voix sans pourtant ne concerner qu'elle. Elle en a la certitude, Jolene, qu'ils se ressemblent, bien plus qu'il n'y paraît. Réconfort sourd mêlé à la terreur des chiffres, à se demander combien d'entre eux foulent les ruelles, mènent leur existence à l'insu des personnes saines. Et malgré la tension latente qu'elle oublie, l'instinct surnaturel qui la bouscule de méfiance, y'a rien qui surpasse cette idée fixe. Celle de l'avoir trouvée, sa solution. Et quand il la colonise de ses caresses, cette peau qui jamais ne se laisse envahir, Jolene se laisse faire. Au nom de la science. Au nom d'une recherche nécessaire. Elle ne bronche pas, même lorsque l'échine se tend par réflexe. Que ses doigts dans son cou semblent carboniser sa chair. Supplice qui resserre ses mâchoires sur l'envie de le sommer d'arrêter. De ne pas s'attarder ainsi le long de sa gorge et dans ses cheveux. Pas faite pour ça non plus. Pas intéressée. Il la touche, et elle étouffe, accrochée à l'envie d'en faire son nouveau sujet d'étude. Tout ce à quoi elle aspire, concrétisation pourtant impossible à jeter dans l'instant, évocation vouée à le faire fuir. Elle se tait. C'est lui qui parle. Son coeur qui manque un battement, influencé par cette demande qui résonne comme un ordre. Un ordre séduisant. La déesse rue, l'humaine demeure immobile. Paupières qui s'abaissent, rêves d'expérimentations défilant au gré des calculs et des planifications. Nuque qui s'incline et pensées qui se bousculent. « Ariel. » Le prénom qu'elle formule, qui meurt sur ses lèvres en sentant celles de l'inconnu contre sa peau, esprit qui s'affole en se méprenant sur la suite. Les nerfs s'hérissent, s'imaginent un baiser, la pression marquée la laissant s'imaginer que c'est à cela que peut ressembler un suçon. De ceux brandis fièrement le long de la nuque d'Isma, qui lui ont toujours donné froid dans le dos. Mais ce n'est pas une ecchymose qu'Ariel lui laisse en souvenir. Et elle s'accroche à son avant-bras. Perd sa seconde main contre ses vêtements, s'y agrippe, prunelles de nouveau exposées à la nuit dans la recherche d'une réponse qui ne vient pas. Pas comme les autres. Instinct prédateur qui s'égosille dans le néant d'un esprit fermé à l'évidence. Et la douleur s'éteint sur sa langue sans s'extérioriser. Cela fait longtemps, maintenant, que cette dernière ne parvient plus à la faire crier.

Secondes écoulées. Bras qui se débattent contre une force invisible, ne résiste pas, qu'il lui a dit. « A-rrête. » Mécaniquement, ça s'évade dans la nuit silencieuse. « S'il-te.. » S'il-te-plaît, arrête. Arrête. Arrête, s'il-te-plaît. Les yeux écarquillés qui s'horrifient, les forces qui s'échappent, se glissent d'un être à un autre. Elle la sent, Jolene. Qui s'installe. Qui se glisse le long des phalanges. Et ça la tétanise un peu plus encore. Parce que ça fait longtemps que ça ne s'est pas produit. Que la sensation s'étouffe dans un bol de glaçons ou sous le jet d'une eau glacée, d'ordinaire. Mais là, y'a que sa peau à lui sous ses mains à elle. Le tissu qui lui couvre l'abdomen qui s'échauffe de plus belle. « S'il-te-plaît... » Et son derme rougit en miroir de ses paumes brûlantes. Et sa poigne se resserre à son tour, laisse son empreinte écarlate sur le bras d'Ariel, à lui en cramer la carne quand les larmes éclatent le long des cils de Jolene. « Lâche-moi. » Le ton qui s'écorche de l'influence de la déesse, qui exige plus qu'il ne le demande. Et y'a une odeur de brûlé qui s'installe quand les fibres se mettent à fumer entre ses doigts qui s'enflamment. T-shirt qui prend feu lentement mais sûrement, second bras qui proteste, frappe, de cette force incertaine, genoux qui se tortillent et manquent de se dérober. Elle a la tête qui tourne, l'instinct de survie qui la pousse à se défendre, paumes qui s'abattent fort contre le torse d'Ariel, tatouant le tissu de leurs cendres. Et elle tombe, Jolene, paumes contre terre, à soutenir sa carcasse comme elle le peut. Vision éclatant d'étoiles qu'elle ne peut rejoindre, pas maintenant, pas quand d'un regard elle distingue les flammes qui crépitent enfin sur les vestiges de ses brûlures. Les paumes s'empoignent, tremblantes, à murmurer toute seule, à les supplier de cesser, quand la douleur se met à lui marteler les nerfs. Vingt-sept secondes, et c'est l'érythème. Une minute et trente-six secondes, et les premières bulles éclatent sa peau. Si elle ne parvient à s'en défaire, c'est le troisième degré qui lui brûle les nerfs. Elle les connaît par coeur, les compte-rendus du père. Trop certaine des risques, quand les secondes se dispersent. Et elle les secoue, ses phalanges, étouffe le feu contre le bitume, relève un oeil incertain vers Ariel. Horreur de ses lèvres carmines qui pourrait lui arracher un hurlement, à percevoir la caresse de son propre sang glisser dans son cou, tâcher sa robe. « Qu'est-ce-que tu as fait. Pourquoi tu l'as fait. » Interrogations sorties de nulle part, c'est plus fort qu'elle, sans se soucier une seconde des dommages qu'elle a pu lui causer en retour, ni de sa capacité à se débattre avec le feu qu'elle lui a délivré.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Jeu 8 Nov - 20:27



Dégoût et révulsion se partagent la chair. Tambourine le pauvre cœur contre la poitrine, lui qui s’affole, battant plus fort, plus lourd, résonne dans sa cage d’os et de bidoche, à faire trembler tout le corps qui se presse plus fort contre celui de la jolie métisse. Ses doigts meurtrissent l’épaule, les paupières closes sur un écran écarlate pour savourer l’instant. L’éternel paradoxe de sa nouvelle existence, se sentir mourir à chaque gorgée, ce sang étranger caressant sa langue et glissant joyeusement dans sa gorge. Fluide amer, au goût à faire se retourner les entrailles et tressauter les veines. Il le déteste. En veut plus. Toujours. Pleurer son humanité déchue, perdue, celle qu’il souille à chaque nouvelle attaque. Celle qu’il enterre lorsque la bête prend le contrôle. Sa voix qui devient plus forte dans sa tête, de grinçante elle devient enivrante, délicate, s’enrobe de notes de son propre timbre pour résonner comme si elle venait de lui. De sa propre psyché et non d’une volonté qui lui déchire le corps et l’âme. Il n’y a que dans le meurtre que les entités si diamétralement opposées se retrouvent et semblent s’accorder. Jamais au début, la lutte est plus féroce que jamais. Toujours après ces quelques secondes de flottement, passé le rejet, le haut-le-cœur suivant la première gorgée, le végétarien qui rue et s’insurge, lui qui n’a plus touché à de la viande depuis tellement longtemps qu’il aurait été incapable de dire quel goût peut avoir un steak. A peu près comme ça, ferreux, texture de velours poisseux. Des frissons lui cavalent le long de l’échine, chair de poule sur les bras dénudés, là où la main de Jolène se cramponne. Trop focalisé sur la gorge qu’il abîme, embrasse de toute sa morbide dévotion, Ariel en a presque oublié le corps qui l’accompagne.

Prénom en murmure qu’il n’a pas perçu, comme ces souffles fragiles d’amants effleurant la peau dans les moments de tendresse voilée. Arrête. Certainement pas, et l’oupyr n’en devient que plus vorace. S’accroche plus violemment à la silhouette malmenée, quenottes perçant plus loin, nouvelle giclée de grenadine à l'arôme passé contre la langue, et il en soupire d’un immonde plaisir. Ses paupières se soulèvent, à peine, regard voilé des brumes de son inhumanité, pétillant d’une vie qu’il est en train de voler sans pudeur. Elle se débat, comme ils le font tous. Hypnose au niveau zéro, capacité à développer s’il veut s’éviter ce genre de problème, la résistance. Celle qui lui explose à la gueule au début, avant de disparaître lorsque l’étreinte perdure un peu trop. Peau rendue brûlante par l’adrénaline, montée de passion folle, il ne remarque pas immédiatement ce qui se trame. La chaleur glissant contre son bras, distillée par les phalanges qui s’y agrippent soudainement plus fort. Nouveau soupir, de douleur cette fois, lorsqu’éclate la gêne. La brûlure à même la chair, celle qui dérange mais le cerveau reste figé sur l’instant. Refus de lâcher prise, pas encore, malgré l’urgence, les effluves de cramés qui lui envahissent les narines, les picotements qui lui ravagent le derme, sur le bras et le torse. Pas le choix, la créature abandonne sous la dernière impulsion de sa victime. Feule sa rage, sa frustration et recule d’un pas fébrile. Un autre encore lorsque la poupée de sang tombe à genoux sur l’asphalte. Souffle court d’un type qui aurait couru un marathon, il a mal dans le cœur tant il rue contre ses côtes. Hémoglobine au bord des lèvres, glisse sur le menton qu’il efface d’un revers de main, les pupilles braquées sur Jolène. Et ça recommence à gueuler dans sa tête. Arrête, attaque, tire-toi, achève-là… La paix est éphémère, seulement lorsque le voile rouge recouvre ses pupilles. Jamais plus longtemps, une fois le charme envolé, tout recommence.

Obnubilé par les paumes fumantes de la métisse, s’accrocher à la vision puis venir contempler les dégâts sur sa propre chair. Rougie, cloquée en certains endroits, c’est moche, petit cochon grillé qui n’a pas eu le temps de bien cuire pour être bouffé. Dommage. T-shirt bon à foutre à la poubelle, il l’aimait bien mais tant pis. La blessure sur le bras est gênante, élance et fait serrer les dents pour ne pas gratter, toucher. Elle va disparaître, il le sait. L’a senti dans les remous du sang qu’il a volé, sa jolie métisse n’est pas humaine. Divine. Petit mortel ayant déjà goûté au breuvage divin, il le reconnaitrait entre mille. Sa délicieuse addiction, celle qui crépite à nouveau dans le fond du ventre, le pousse à avancer d’un pas. Le dernier élan de l’oupyr avant de se faire décimer par le regard qu’elle lui lance. Faire fondre le cœur monstrueux pour n’en laisser que la couche tendre. Première à briser le silence, ces questions qui dérangent et auxquelles il va devoir répondre. « - Je sais pas, je devais le faire, tu… » Petit murmure coincé dans sa trachée, rendu un brin plus aigüe que la normale par la tension encore emmagasinée sous la peau. Racle la gorge pour détendre les muscles, agite les doigts pour faire dégager les fourmillements qui les dérangent.

« - C’est cette chose, cet autre qui me bouffe, il me rend dingue, totalement  obsédé par le sang, ton sang, et je contrôle plus rien quand elle prend le dessus… » Bancal mais il ne sait pas vraiment comment expliquer ce qu’il est. Il a fait ses devoirs, comme tous ceux dans son cas très certainement. Pour tomber sur l’option la plus probable, vampire. Ou une autre forme du mythe, il n’en sait rien, mais dans l’ensemble, c’est la bonne option pour le définir. Moitié humain, moitié monstrueux. Papa serait fier, sa lopette de fiston est devenue un tueur. Tu parles. « - La faim, qui me tord le bide et me murmure des trucs à l’oreille, et quand tu es arrivée, si près, elle a gueulé encore plus fort. Toi ou n’importe qui d’autre, j’en avais besoin, fallait que je le fasse sinon ça allait empirer. Il n’y a que comme ça que ça se calme, cette douleur qui me démolie de l’intérieur parce qu’elle veut prendre toute la place là-dedans… » Et sa paume vient heurter le torse, juste là où se trouve le cœur. Comme si la source du problème venait de là, se planquait là-dedans, bien au chaud dans les fibres vitales, protégées par les os dans sa cage dorée. « - Un monstre, je suis un putain de monstre. Quelle horreur, je suis désolé, Jolene… » Cahots dans la voix, sincérité à fleur de lèvres faisant trembler tout l’édifice, Ariel recule. Fait volte-face puis revient à sa position de départ, la danse du monstre perdu. Celui qui ne sait pas quoi faire, quoi dire parce qu’il ne s’est jamais retrouvé dans ce genre de situation. Toujours des inconnus, des pauvres types qui l’ont mérité. Jamais prendre le temps de leur faire la conversation, se tirer avant la fin et les laisser crever la gorge ouverte dans un coin où personne ne les trouvera avant qu’ils ne soient froids. Ca devait se passer comme ça avec Jolene. Sauf que c’est pas une inconnue, pas vrai ?

Non, et il ne s’en rend compte que maintenant. Mémoire sélective ayant rayé de son existence les connaissances partagées, ces âmes susceptibles de le relier à ses amants passés, à un seul en particulier. « - Merde… » Expulse le malaise, main sur la nuque pour tenter d’apaiser la tension qui lui bousille les muscles. Le regard fuyant se repose alors sur le bras mutilé par le toucher flamboyant de la métisse. « - Tu m’as cramé le bras… T’es la réincarnation de qui pour pouvoir faire un truc pareil ? Parce que toi non plus, t'es pas comme les autres. » Murmure fébrile jeté entre eux, Ariel qui se penche doucement en avant ses mains en appui contre ses genoux, histoire de réduire la distance entre eux sans pour autant trop s’en rapprocher, pupille pétillante d’une curiosité étrange. Camouflage fébrile pour dissimuler le capharnaüm qui est en train de s’agiter sous sa peau.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Ven 23 Nov - 18:52


do you feel the hunger, does it howl inside ?
Dans le crâne, ça gronde, ça grogne, déesse muselée qui n'a de cesse d'affleurer à la surface de ses prunelles sombres. Celle qui la sauve, sans doute, de ce don aux airs de malédiction projeté contre ses paumes. Elle peine à assimiler ce qui vient de se produire, Jolene, sonnée par le contre-coup. Les muscles affaiblis qui peinent à la maintenir si ce n'est debout, au moins à genoux. Elle ne peut pas s'effondrer quand Ariel a encore le coin des lèvres écarlates de son propre sang. La pensée lui hérisse l'échine et les doigts viennent, un peu instinctivement, se plaquer contre son cou sanguinolent. Grimace qui froisse ses traits plus pâles soudainement, au contact brûlant sur sa nuque, peau à peau nécessaire pour taire l'hémorragie. Se cautériser à même ses phalanges, ça lui laissera probablement une trace de plus, rencontre tatouée à même sa chair à jamais. Elle pourrait appeler Isma, lui demander d'effacer le tout d'un claquement de doigt, mais elle n'y songe même pas à cet instant précis. Peinant à formuler des idées concrètes dans le bordel qui lui déchire les tempes, c'est la douleur qui s'efface rapidement, cellules habituées à s'anesthésier pour se protéger. Sans doute que les nerfs ont connu bien pire pour s'y attarder davantage, que c'est surtout sa vision trouble qui la préoccupe. Qu'on risque de surprendre le tableau surréaliste qu'ils ont façonné ne l'inquiète guère, ne vient même pas l'effleurer. Pas raisonnée, Jo, qui se hâte plutôt d'interpeller l'homme qui vient plus ou moins de... de quoi, au juste ? De la saigner ? Les épaules roulent pour redresser les vertèbres, assurant une posture plus droite à celle qui peine à ne pas vaciller. Prestance vaguement retrouvée, de quoi faire face à celui qui semble s'être ravisé après un ultime pas dans sa direction. Approche, c'est le murmure d'Oya qui n'a jamais été si proche, n'a jamais tant fait corps avec l'humaine qu'elle tente d'envahir en vain depuis une paire d'années. Y'a que quand l'instinct tremble qu'elle se dresse pour l'affirmer. Que quand les émotions heurtent les côtes insensibles qu'elle s'impose en défense salvatrice. Désir d'une guerre que la métisse repousse devant l'étranger. Réponse qu'elle a voulu depuis le premier contact, à laquelle elle ne s'est pas attendue, c'en est pourtant une qu'Ariel formule.

Alors, elle écoute. Rassemble ses forces, sans perdre le moindre détail de ce qu'il lui raconte. Besoin de savoir, de comprendre. Pas un fétichiste étrange, comme ceux dont Isma a pu lui parler, comme cette conquête qui aimait un peu trop les pieds. L'idée qu'Ariel soit fétichiste du sang, ou des jeux de rôles qui le pousseraient à charmer ses proies en se prenant pour un vampire, s'efface lentement. Même si c'est ce qu'elle se dit sur l'instant, que son comportement lui rappelle les épisodes de true blood qu'elle a regardé y'a quelques années. A s'demander s'il n'en a pas un peu trop abusé, des histoires du genre, pour mordre la première venue avant d'aller se lâcher sur les ondes. Elle pourrait l'interrompre, mais n'en fait rien. Elle en a pourtant, des questions qui la traversent, à vouloir approfondir les explications qu'il lui livre, non sans difficulté visiblement. Et l'Asriel a beau être d'un naturel sceptique, y'a dans la manière dont il déambule quelque chose qui lui semble familier. Ces détours empruntés pour mieux revenir au point de départ, confronté aux faits. Un peu ce à quoi elle devait ressembler, la première fois que ça lui est arrivé. A faire les cents pas dans les vestiaires déserts de son cours de danse. La solitude dans l'incertain, ça la frappe parce qu'elle connaît, trop bien. Et derrière l'expression implacable, ça s'anime. Dès que ça franchit les lèvres d'Ariel, et que ça vient chatouiller la corde sensible. Monstre, qu'il dit. Et elle la voit son aura, se demande s'il voit la sienne en retour. Celle qui fait d'eux ce qu'ils sont, ce mystère auquel elle voue sa vie. Il s'excuse, et quelque part, elle le croit. Elle le croit comme elle l'a cru durant tout ce petit discours qu'il a tenu, maladroitement, à décrire une force qui le dépasse. Et y'a cette compassion muette qui prend naissance dans un recoin de sa poitrine. Persuadée de le savoir malade, tout comme elle. Et elle se l'demande, si son anomalie à lui lui ronge l'esprit depuis longtemps.

Et elle aimerait parler, mais le vide lui dévore le bide. Garder les yeux ouverts et laisser cette force surnaturelle maintenir ses sens alertes quand il s'approche. Elle ne recule pas, ne frémit pas, pourtant là-dedans, ça rate un battement. Elle n'a pas peur parce qu'il se penche. Elle a peur parce qu'il le dit. Et elle doit se faire violence pour ramener ses pupilles dans les siennes, après un détour sur sa chair abîmée. Très longtemps, que ce n'est pas arrivé. Et si elle le prend à la légère, songeant à une tentative d'humour au terme réincarnation, elle ne peut s'empêcher de lui répondre, d'une voix plus basse que d'ordinaire. « Je suis anormale, comme toi. » Murmure qui s'évapore entre ses lèvres asséchées, destiné à ne trouver que lui dans la nuit. « Mon organisme fonctionne différemment de celui des autres. Comme le tien. » Des mots simples sur des faits insoutenables. C'est ce qu'elle a appris à faire, pour ne pas sombrer. Tâcher d'expliquer le phénomène pour oublier à quel point l'explication la dépasse. Et elle le regarde, Jolene, comme elle n'a jamais regardé personne hormis Ismaël. Avec cette familiarité née de la curiosité de savoir qu'elle n'est pas seule. « Et moi non plus, je n'y peux rien. » Douceur des mots qui visent à l'amadouer, pardon qui se formule en silence pour ce qu'il lui a fait. Intérêt qu'elle cherche à maintenir pour ne pas le voir s'éloigner. « Si ton corps te force à la monstruosité, cela ne fait pas de toi un monstre pour autant, Ariel. » Paroles qui envoûtent pour mieux le garder à proximité, c'est le coeur égoïste qui pulse de plus belle quand elle voudrait essayer de se relever, marque une pause quand la tête se remet à tourner. « J'ai appris il y a longtemps à ne pas être désolée de porter en moi cette défaillance là... » Elle continue, malgré les genoux qui reviennent se clouer au sol et les paupières qui s'abaissent pour ne plus voir les alentours osciller. « Je cherche une solution, Ariel. »

Et les secondes défilent, à en perdre la notion du temps avant que sa vue ne se stabilise à nouveau sur lui. « Pour moi. Pour mon anomalie. Je fais des recherches scientifiques, j'veux comprendre d'où vient le problème, et le régler. Comme une maladie génétique lambda. » Adoucir le trait, tendre sa main vers lui, espérer se relever sans tomber, avant que quelqu'un n'arrive. « Je peux chercher pour toi, aussi, si tu le veux. » Et c'est lancé. C'est lancé sans plus y réfléchir. Et elle le contemple, à s'imaginer ce qu'elle pourrait faire de son sang, de ces nouvelles expérimentations. Elle le regarde comme l'anomalie qu'il est, les côtes barricadées de leur égoïsme habituel, derrière ces semblants de promesses.
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Will the sun ever rise (Jolene) - Dim 2 Déc - 14:58



Il y a le cœur, qui frappe à l’agonie. Le sang qui pulse entre les fibres de veines pourries, sien et étranger en union macabre sous la chair pâle. Il y a la folie, celle qui s’étend à ses pieds, suinte de la plaie ouverte sur la gorge de la métisse à genoux. La peur, dévorante créature bouffant tout sur son passage. Par-dessus le ragnarök de sa destruction il y a le goût amer du dégoût. Cette rage sourde qu’il a envers lui-même, l’horreur qu’il abrite en son sein, un cancer au stade terminal que rien ne parviendra à enlever. Vivre avec, et à terme se laisser mourir pour lui offrir toute la place qu’il quémande. Il explique Ariel, mais ses mots sont fébriles, comme lui. Tremblants, hésitants, virulents d’un ramassis de tout ce qui l’enveloppe dans un cocon de contradictions. Son bras qui brûle, la marque des doigts qu’elle a laissée, gravée dans la carne. Nouvelle cicatrice éphémère, la certitude inscrite dans le cruor ingéré, ce divin perforant les veines. Sa tirade est terminée mais il n’obtient que le silence. Elle me prend pour un fou, elle va appeler les flics. Merde, je fais quoi ? Dégage de là et plante là dans cette foutue rue, c’est certainement la chose la plus censée qu’il pourrait faire. Avec son t-shirt brûlé, pas possible d’aller au studio comme ça. T’arriveras en retard, c’est pas grave. Pas son genre à l’argentin, de ne pas respecter ses engagements et d’arriver à la bourre. Ponctualité aux airs d’horloge qu’il aurait avalée étant môme. Aux regards qui s’enchaînent à nouveau, les mots de Jolene pour faire baisser d’un cran son niveau affreusement élevé de panique.

Ces billes noires qui le transpercent, le mettent presque mal à l’aise. A lui piquer les joues d’un afflux trop soudain de sang, trop familier, trop flamboyant. Trop plein d’un intérêt qu’il ne mérite pas. Ne pense pas mériter, les vampires c’est passés de mode depuis longtemps. Elle explique et lui garde le silence. Appose les théories sur ce qu’il connait déjà. Famille de réincarnés, lui en unique erreur à ce merveilleux tableau, divin même. Lars ne se considérait pas comme une anomalie, fier d’être ce qu’il était et de refiler sa tare à sa descendance. Génétique, comme un loto bizarre auquel il aurait tiré le mauvais numéro mais qui s’inscrit pourtant dans les gênes de ceux jugés suffisamment nobles pour l’obtenir. Peut-être que si sa mère en avait été une, de déesse, il l’aurait été lui aussi. Peut-être. Ricane le pauvre gosse, d’un rire amer plein d’une douleur qu’il ne peut pas laisser paraître comme il l’entendrait. « - Dans mon cas, je doute que ce soit aussi simple… » Souffle fébrile, sourire amène, si ce n’est pas l’oupyr qui le rend monstrueux, c’est tout le reste. Les fils pourris de son existence suintante des immondices de son univers. Planètes mal alignées juste bonnes à se rentrer dedans pour semer les météorites de leurs déchéances dans les rayons de leurs orbites bousillés. « - Ta défaillance est divine, la mienne est un déchet de cimetière, longtemps ou pas, ça changera pas grand-chose. » Il appose des brides d’amusement dans son timbre, mais les traits restent figés. Tirés dans les ravins d’une désolation qu’il ne pourra pas s’empêcher d’éprouver. Pour qu’elle masque ce plaisir assassin qu’il ressent à chaque morsure. Fétichiste masochiste, adepte de la souffrance des autres, plus il y goutte et plus il en veut. Comme une drogue dont il ne pourrait plus se passer tant elle lui est vitale. Et la bestiole le sent, cette brèche qu’elle creuse à chaque perte de contrôle. La tombe toute fraiche qui se fait plus profonde pour y enterrer l’humain, reboucher et sauter dessus à pieds joints pour changer la terre meuble en stèle inviolable.

Une solution. Ca le frappe comme un coup dans la gueule. Le laisse interdit le temps de quelques battements de cœur totalement paumés. Autant que lui. Solution, à part crever, une nouvelle fois, il ne voit pas ce qui peut être fait pour les erreurs dans son genre. Immobile encore un peu, le temps d’encaisser les mots, de mettre de l’ordre dans le bordel qui envahit son cerveau. Ariel qui finit par tendre la main, mécaniquement pour cueillir délicatement celle de la métisse et la tirer vers le haut avec lui. Se relever et s’accrocher l’un à l’autre, corps fébriles, bancals dans un monde fait de tourbillon. En gouttes de sang devant ses rétines, l’animal qui s’agrippe un peu plus fort aux petits doigts qu’il tient entre les siens. Une pulsation d’espoir dans l’organisme mort. Pour la beauté de la science, s’ouvrir les veines et admirer ce qu’il en sort. De la noirceur, de la violence, des envies perverses et inavouables. Se dévoiler sur une table d’examen comme il se déshabille devant les dollars tout puissants.

« - T’es la Frankenstein d’Arcadia en fait c’est ça ? » Ce qui fera de lui sa créature, logique. Les lippes s’ourlent d’un sourire plus franc, éclats de rire muet qui viennent s’y accrocher, l’image l’amuse. « - Tu pourrais ? » Quoi ? Nous soigner ? Me tuer ? Te faire redevenir humain ? Un peu de tout ça sûrement. Des utopies folles auxquelles il a bien envie de croire. Charmeuses aux notes de berceuses. « - Il y a pas plusieurs remèdes pour soigner un vampire, on a tous vu les films. Mon cas est bien différent du tiens… Mais si tu penses pouvoir faire quelque chose pour que ça se calme, je me porte volontaire pour te servir de cobaye. » Fou à l’espoir incertain, cette petite bride à laquelle il se raccroche en se disant pourquoi pas. Il ne sait pas pourtant, Ariel, s’il a envie de redevenir humain, de perdre ce petit truc qui le rend parfaitement bizarre. Qui le bouffe, le dérange presque autant qu’il l’apaise. « - Vaudrait mieux pas trop traîner dans le coin, on doit avoir l’air suspect tous les deux. » Eclat de rire en morceaux de verre fragile, les doigts qui s’agitent en direction de la métisse puis de lui. Etrange tableaux de deux êtres voués à se croiser, les orbites faites pour entrer en collision et tout exploser. Il tend sa main, se ravise et la fourre avec sa jumelle dans les poches de son pantalon. Petite trouille de cramer à nouveau, de la blesser sans le vouloir encore une fois.

« - Tu me feras parvenir le contrat, que je le signe avant de débarquer à ton labo. »
Des scientifiques fous, même dans cette ville, ça courent pas les rues. Il sait déjà où la trouver, inconsciemment, son nom fait la boule de flipper dans son crâne. « - Je désolé, de t’avoir fait ça, vraiment… » Prends soin de toi, à la prochaine, bye. Les non-dits d’une phrase banale. Petit sourire ourlant les lippes, sincérité à fleur de lèvres, le gamin presque timide dont le regard se fait la malle alors qu’il tourne des talons et s’éloigne de la jolie métisse. Tête rentrée dans les épaules comme pour se planquer du froid, des yeux aveugles des façades, des autres âmes qu’il croise. Le morceau de bidoche entre les côtes battant au rythme d’une allégresse utopique. L’humanité au bout des doigts, douce et délicate chimère qui l’attire. Qui l’effraie.
On est bien tous les deux, tu t’en rendras vite compte, tu verras…


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