AccueilAccueil  tumblr  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORUM FERME
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

When I'm wiser and I'm older

 :: terminés
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 21 Oct - 18:46



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Le musée d’Arcadia. C’est là-bas que vous vous êtes donnés rendez-vous. Ça aurait pu être un bar, un café, un parc mais non, le musée était le lieu idéal. On ne peut pas trop bavarder dans un lieu comme ça, faut choisir ses mots, ne pas s’énerver, laisser le coeur à la porte d’entrée pour éviter les éclats. Et puis c’est Irina. Irina et les cafés bondés, ce n’est pas trop son truc, Irina et les bavardages de comptoir non plus, Irina… Enfin, c’est ce que tu imagines Èlia, ça fait 20ans que tu ne l’as pas vu, qu’est ce que tu sais d’elle au final ? Rien. Rien dans toutes les langues, rien murmurés des dizaines de fois, rien du tout. Irina est un fantôme, un souvenir, un mensonge. Irina est la génitrice de ton enfant, rien d’autre. Alors pourquoi tu claques des doigts toutes les demi-secondes, TOC qui revient au galop quand tu es stressé Èlia ? Pourquoi tu as du mal à entrer dans le musée, toi qui sais si bien éteindre le coeur quand tu es en mission ? Pourquoi tu as passé trop de temps devant ce miroir, à te rendre compte que vingt ans ça change un homme et que la pression créé plus de rides que n’importe quelle situation ? Pourquoi, à 17h31, tu n’es toujours pas dans cette salle principale, à attendre, le coeur écrasé et la bouche prête à lui dire qu’elle ne doit pas s’approcher de Salomé ?
Pour une fois Ezra, t’as aucune réponse. Èliakim est aux oubliettes, l’agent est endormi, Daniel s’éveille et c’est Ezra qui prend tout dans la tête. Ezra qui préfère rebrousser chemin, abandon du rendez-vous sans oser envoyer un sms pour lui dire que ça ne sert à rien. Non, au contraire, tu réfléchis même à supprimer ce numéro que tu lui as demandé suite à la rencontre avec Salomé. Tu as envie de tout effacer, de jeter les derniers souvenirs dans la Baie. Oublier et écraser les odeurs de Mumbaï qui te reviennent par vagues, les souvenirs d’un soleil bouillant qui, au petit matin, illuminait son visage. Raturer, effacer, passer à autre chose. Ce n’était déjà pas ce que tu voulais, il y a 20ans, Ezra ? Visiblement, t’as encore foiré quelque chose.

Première bouche de métro, t’y engouffrer, le nez plissé et les mains qui tressautent un peu trop. Difficile de te calmer, encore une erreur, encore une faute, Arcadia te rend dingue, tu devrais arrêter tout ce bordel avant que ça t’explose à la gueule. Salomé et sa divinité, les soupçons, Rachel, et maintenant Irina. Il manquerait plus que ta couverture saute et se serait la fin de l’agent Vogh.  La tête dans les étoiles, le coeur dans les rues de Mumbaï, la rame démarre et tu ne remarques même pas de suite qu’on te regarde. Trop ailleurs, trop perdu, le coeur aveugle quand l’esprit ne suit plus. Et lever la tête lorsque le bip du métro éloigne les réflexion, et croiser les prunelles trop claires de la femme qui est à la fois un souvenir et un futur. Dans une rame quasi-vide, à deux mètre l’un de l’autre, c’est difficile de faire comme si tu ne l’avais pas vu. Surtout que t’es incapable de la lâcher des yeux, prunelles bleutées dans celles couleur émeraude d’Irina Buchenko.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 21 Oct - 21:14


You know the nearer your destination
The more you're slip slidin' away

Elle lui avait laissé son numéro. Griffonné à l'arrache sur un bout de papier déchiré, coloré par quelques larmes de café. Belle allégorie, satirique à en crever, de leur relation morte née. Elle avait hésité à lui filer ce contact, cette série de chiffres ridicules. Aussi mince soit-il, c'était un lien, une porte ouverte, un boulet au pied. Daniel était loin d'être con et il pourrait sans aucun mal la pister, la mettre sur écoute et toutes ces joyeusetés. Parce que oui, elle avait beau l'avoir aimé, elle n'avait pas oublié à quel point cet homme était redoutable. Dans ses mots, sa présence. Elle le sentait encore dans son regard, même vingt ans plus tard. Il y avait des choses qui demeuraient et brûlaient comme la toute première fois.

Mumbai, c'était pas du vent. C'était bien plus qu'une aventure à l'aveugle. C'était peut-être même l'épisode le plus réel de toute la série qu'était sa vie. Elle ne savait plus. Elle avait tenté d'oublier cela, sans pour autant sombrer dans l'alcoolisme - trop classique. Elle avait essayé de faire abstraction de l'absence mais le vide, c'était comme le silence, ça pouvait être assourdissant. Cela dit, Irina n'avait pas éprouvé de grands regrets. Ce qui était fait n'était plus à refaire et encore moins à affronter. C'était terminé. Le bébé, l'Inde, les nuits et les jours dans les bras de Keller. Y avait pas à tergiverser. On n'allait nulle part en invoquant les fantômes du passé.

Elle était restée silencieuse lors de leurs premières retrouvailles. Muette, elle qui savait pourtant renvoyer la balle sans état d'âme ! Et non. La balle, elle n'était bonne qu'à l'envoyer à l'ami à quatre pattes... La rencontre canine du parking était encore fraîche dans sa mémoire. Fraîche comme ce jus d'ananas qu'elle s'était offert en chemin pour le musée municipal. Elle avait besoin d'acidité, peut-être parce qu'elle s'attendait à en recevoir une fois Daniel retrouvé. Elle n'osait pas imaginer la scène. Elle n'osait pas préparer de grands discours. Elle n'osait pas croiser ses yeux, entendre le grain de sa voix, sentir son parfum. Mais ce n'était pas de la peur. C'était mille fois plus violent.

Au lieu de tourner à droite pour apercevoir la belle bâtisse historique, Irina avait préféré rebrousser chemin. S'enfuir avant le début de la partie, ça lui faisait honte et intérieurement, elle s'était détestée. La lâcheté était le crédo des escrocs... mais retrouver Daniel était au-dessus de ses forces. Tant pis, pensa-t-elle en terminant la boisson agrume. Et parce qu'elle ne supportait plus l'air frais et les bruits de klaxons, elle décida de s'enfouir sous terre.

- - - - - - - - - - - - - - - - -

Le métro n'est pas très fréquenté. Normal, quelle idée de s'enterrer par une si belle journée ? Il faut être fort démuni pour parvenir à une telle extrémité. Irina avance, se fiche bien des gens, des publicités collées aux murs sans angle. Elle veut monter dans la première voiture, qu'importe la destination, pourvu qu'elle l'éloigne du centre d'Arcadia.

Après avoir dévalé quelques marches, la rame apparaît. Peu de monde la peuple. Des hommes, des femmes. Elle se surprend à compter le nombre de chiens présents. Quatre, mais aucun ne possède le panache du spécimen anthracite. Elle sourit à cette pensée puis se fige. Son sang ne fait pas un tour mais six, et ses omoplates frémissent. Il est là. Son spectacle lui fait oublier le métro, les messages enregistrés qui disent qu'il y aura du retard sur la ligne B. Daniel Keller est là.

Et lorsqu'il relève les yeux et les pose sur elle, elle ignore ce qu'il se passe, si Mumbai recommence ou si l'Apocalypse s'offre un second round. Et comme pour se justifier, elle lâche, raide dans son manteau noir, ses cheveux défaits lui brûlant la nuque, les yeux de Keller perçant les siens. « Je voulais venir. » On entend son coeur dans sa voix. Boum boum boum. Tu es là.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 21 Oct - 21:44



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Mèches brunes qui lui dévorent le visage, regard si loin et pourtant bien là, tu ne sais pas quoi faire Èlia, tu hésites, tu sens qu’à nouveau, tes doigts claquent dans le vide. Et l’annonce du haut parleur ne fait qu’attiser ta panique. Le musée aurait été si simple, pourquoi tu n’y as pas été ? Pourquoi t’as contourné la réalité comme si au fond, tu ne voulais garder d’Irina que les souvenirs de cette année, où l’Inde a eu raison de vos identités.
Sa voix, que tu espérais froide, ne l’est pas. Trois mots qui claquent dans le silence du métro, murmure qui te semble crié, trois mots qui te tailladent le crâne et irradient au creux de ton poitrail. Trois mots et ça suffit pour te balancer vingts ans en arrière, quand tu lui en as murmuré trois autres, plus doux, plus vrai. Je t’aime. Tu lui as dis un jour, elle dormait. Elle ne l’a jamais su.
Silence, prendre le temps de respirer, de te mordre la joue, de te calmer. Silence dans le coeur, dans la voix, dans les yeux, oublier que la dernière image que tu as d’elle, c’est son ventre encore rebondi malgré la naissance de Salomé. Ton enfant. Le vôtre. Celui d’un amour un peu trop vrai, timide mais bien réel.  « Pas moi. » Aussi dur que furent tes poings sur son visage, aussi froid que furent tes mots balancés dans cette cave. Agent qui ment comme il respire, qui préfère l’ombre à la lumière d’un souvenir. Ezra est un menteur, Daniel est un menteur, Èliakim est un agent du gouvernement qui a horreur de ces russes aux allures de grandes gueules. Les deux premiers ont aimé Irina, le dernier l’a détesté.  « Mais il faut qu’on parle Irina. » Ici, dans ce métro, à la vue de tous, alors que les yeux couleur océan n’arrivent pas à se détacher de ceux de la bulgare. Mensonge à travers tes mots qu’elle croit peut-être Irina, mais c’est comme avec Salomé, quand y’a le coeur qui explose, c’est dans tes yeux que ça se voit.
L’abandon de ton poteau te coute beaucoup, mais tu oses faire un pas, t’avancer vers elle, le menton haut et les yeux toujours ancrés dans les siens. C’est ce que tu as remarqué en premier chez elle. Pas son sourire, pas la finesse de sa peau mais cet éclat d’intelligence, aussi rare chez l’être humain que la vérité dans l’identité d’Irina.  « …. Il faut vraiment qu’on parle. » Et en doublant la phrase, c’est la première erreur que tu fais Èliakim. En répétant ce que tu viens de dire, tu lui prouves à la bulgare, que tu avais réellement envie de venir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 21 Oct - 22:38


You know the nearer your destination
The more you're slip slidin' away

Enfoiré. Enfoiré de Daniel Keller. Regarde comme on se ressemble, à se poser des lapins et à se retrouver dans ce monstre souterrain. Paire de cons, couple difforme, sentiments handicapés. Rien ne va et toi, tu nous mens ouvertement. « Pas moi. » C'est froid et ça résonne dans tout le corps, creuse la cage thoracique, griffe les deux poumons. L'air reste piégé dans les ballons qui menacent d'imploser. Dans d'autres circonstances, ça ferait venir les larmes, comme lorsqu'on respire de trop près un piment mexicain. Pas toi. Tu mens. Tu mens. Regarde-toi, écoute-toi.

« Mais il faut qu’on parle Irina. Elle l'avait entendu des centaines de fois, son prénom dans sa bouche, aussi bien prononcé avec tendresse que dégoût. Elle n'avait jamais su quelle émotion avait remporté la palme de l'intensité. Plus de quatre-vingt-dix fois, elle s'était posée la question. Elle devinait sans mal sa déception à son égard mais plus important encore, l'avait-il aimée ? Avec sincérité ? Elle se plaisait à croire que oui. Qu'on ne pouvait causer tant de mal qu'en ayant accumulé une belle dose de ressentiment. Qu'il l'avait assez aimée pour repeindre son visage. De son côté, l'affection de Daniel lui avait réchauffé le coeur et plus encore, mais sa colère avait fait fondre les sourires comme de la neige au soleil saharien. Et à la toute fin, elle n'était plus sûre de rien. … Il faut vraiment qu’on parle. »

Il ne leur reste que leurs souvenirs. Des chimères, des antiquités, c'est difficile de nommer ces sentiments vieux comme leurs premières rides. Comme un vieil instrument à cordes, sa voix vibre. « Sinon quoi, Daniel ? Vingt ans ont passé et elle sait qu'elle n'est plus en mesure de s'enfuir de cette scène. Que cette fois, ce ne sera pas partie remise mais game over. Pour de vrai. Elle ne se laissera plus attacher à une chaise de cuisine. Fort heureusement, les sièges en ferraille du métro ne disposent pas de bras. Si Daniel doit la sermonner, ce sera ici. Entre deux crissements de rails, dans ces odeurs douteuses, sous ces néons crasseux. Le métro est une cave comme une autre. Nous parlerons. Je ne m'enfuirai pas. » Si tu retiens tes poings et moi mes larmes.

Daniel s'est avancé et elle ne songe pas à reculer. Ils ont beaucoup de choses à se raconter - ou peut-être que non, ils n'ont plus rien en commun, si ce n'est ce poupon qu'elle lui a jeté dans les bras comme une bombe à retardement. Qu'est-il devenu ? Elle a beau se dire qu'elle s'en branle, ce n'est pas vrai. Ça fait partie des questions qu'elle a longtemps cherché à esquiver. Daniel est devant elle, la domine et la nostalgie de son torse se fait sentir, rosir ses joues. Elle lui confie ; « Je ne pensais pas te revoir, surtout ici. Après toutes ces années. Tu n'as pas beaucoup changé... Elle aimerait saisir son visage comme une aveugle mais c'est impossible. Alors elle croise ses bras, verrouille sa poitrine, son coeur. Mais c'est trop tard, l'organe a déjà entamé son ascension. Il se plaît dans sa gorge et décide de s'y installer, cet enfoiré. Il existe des centaines de métropoles, pourquoi avoir choisi celle-ci ? Il y fait plus froid qu'à Mumbai. » Elle soupire. Ce soleil lui manque.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Mar 23 Oct - 13:06



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Daniel. Elle ne connait pas ton identité Irina, n’a jamais su qui réellement se cachait derrière ce visage. Pourtant, c’est avec Ezra qu’elle se réveillait. C’est Ezra qu’elle embrassait, Ezra dont elle est peut-être tombée amoureuse. Ezra a toujours été avec Irina, le prénom était peut-être factice mais le coeur, lui, était bel et bien vrai. C’est ce qui te fait le mal au final. De savoir qu’Irina fut la seule à te connaitre tel que tu étais, quand, novice, tu étais  bancal dans tes identités et tes façons d’agir. Irina qui t’a connu tel que tu étais, t’as accepté avec tes défauts et ce cerveau trop plein de lumière et Irina qui t’a trahit.  Ou est-ce le contraire ?
Tes yeux abandonnent les siens, c’est trop douloureux de se souvenir des coups donnés, des poings balancés sur son visage de poupée. La saveur de la honte qui se mêle à la rancoeur, frapper une femme n’a jamais été dans tes cordes Ezra. Mais Daniel et Èliakim ont du faire des choses qui font frémir le principal coupable. Et tu l’écoutes, le regard rivé sur la barre de métal à sa gauche, chaque mot qu’elle t’offre, tu les prends et les analyses comme des foutues données. Car c’est Irina. Irina qui était de la Bratva, Irina qui était une déesse, Irina qui a abandonné ta Salomé. Irina qui sait que tu héberges une jeune fille, vassal d’une divinité. A-t-elle compris ? Que Salomé était de son sang ? Le mensonge fourni, lui expliquer brièvement que tu as offert à la gamine ton hospitalité après quelques démêlés avec de mauvaises personnes, il tient la route mais… Potentiellement, il te fait aussi passer pour un homme que tu n’es pas. Mais qu’importe, Salomé et sa protection passent avant tout, tu n’en as rien a foutre de l’image que tu donnes à Irina. Elle n’est plus à toi, tu n’es plus à elle. Et la pensée fait manquer un battement à ton myocarde.  « Tu mens Irina… Toi tu n’as pas changé, moi j’ai pris des rides. » Et les yeux toujours ailleurs alors que le visage lui se pare d’un sourire. Léger mais bien là. La bulgare qui, sans jamais savoir comment, chassait les ombres dans tes prunelles Èliakim. Peut-être est ce sa déesse ? Peut-être simplement parce que tu l’aimais et que c’était elle qu’il te fallait ? Peut-être oui… Mais avec des peut-être on refait des vies et la vôtre s’est terminée au moment où les poings se sont occupés de son joli sourire.

Tes doigts grappillent l’arrête de ton nez, léger malaise chez l’agent alors que l’arme coincé dans ton dos porte trop lourd après ces quelques mots.  « J’ai de la famille à Arcadia. » Tu as ta mère.  « …et un poste que je ne pouvais pas refuser. » Celui de contrôleur du fisc chez les friqués. Toujours les réponses, toujours savoir quoi dire même quand la tête a envie de se taire et le coeur, de crier. Le métro reprend sa route, tu vois derrière les vitres, la roche défiler. Mais à force, tu ne peux plus éviter ses yeux à Irina, alors tu t’y accroches une seconde fois. Et cette fois-ci , tu ne les lâches plus, comme si dans cet espace clos, froid et désagréable, Mumbaï était toujours là.  « Par contre, j’ai changé de prénom, j’ai eu quelques soucis avec la justice. Tu peux m’appeler Èlia. » Ou ne m’appelle pas tout court que tu as envie d’ajouter. Rame qui s’arrête, portes qui s’ouvrent, une nuée de personnes comme des fourmis débarquent et tu es obligé de t’approcher un peu plus d’Irina malgré le risque de vous faire bousculer.  « Tu as raison sur un point… On ne peut pas s’enfuir.» Murmuré, à toi, pas à elle. On et pas "tu". On et pas "je". On, ensemble, reliés à jamais par une petite fille qui a bien grandit et par votre faute, est en danger. « Et toi ? Trop froid en Bulgarie ? »  Et toi, le soleil te manque aussi ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Mar 23 Oct - 16:18


You know the nearer your destination
The more you're slip slidin' away

La voix de Daniel lui retourne l'estomac. Elle lui broie la raison et Irina ne sait plus avec quel organe penser. Le coeur semble trop abîmé alors quoi... le foie ? Les reins ? Quant à la langue, elle se souvient trop bien. Alors peut-être qu'il ne faut pas philosopher davantage et simplement... l'écouter ? Ah, bonne idée. Plus reposante. « Tu mens Irina… Toi tu n’as pas changé, moi j’ai pris des rides. » Elle a envie de répliquer qu'il n'est pas mal comme ça, qu'il est même à son goût, que les plis somnolant à la lisière de ses yeux sont tout à fait honorables. Qu'elle aimerait les voir apparaître en même temps qu'un sourire de sa part à son égard. Mais elle n'en fait rien. Elle le laisse dire. Dire tu mens. C'était vrai qu'elle n'avait pas joué franc-jeu dès leur premier échange mais de là à dire qu'elle était une menteuse, sous prétexte que les années l'avait épargnée... C'était un piètre poème qu'il lui offrait.

De la famille ici, dans cette cité rongée par le crime. Et bien sûr, le job à saisir, car que sommes-nous sans notre fiche de paie ? Pas le temps de répondre, le véhicule décide de les bringuebaler une énième fois dans sa galerie sans âme. « Les laboratoires ont plus de moyens qu'en Inde ? Hésitation. Tu t'y plais ? » Irina a toujours accordé une importance capitale au travail - au travail bien fait - à l'unique condition qu'on y trouve son compte.

Les yeux de Daniel reviennent se perdre dans les siens et elle ne se sent pas la force de résister. Elle scrute les iris bleus, cherche l'oeuvre du temps et ne la trouve pas. Probablement parce qu'elle ne le veut pas. On ne voit souvent que ce qu'on désire. « Avec la justice... Rien de grave ? » Elle ne répond que par des questions, ça ne va pas... D'instinct, elle se mord la lèvre inférieure comme pour empêcher les mots de lui échapper. Ce qui la blesse, en revanche, c'est son « Tu peux m’appeler Èlia. », auquel elle répond seulement « Il faudra être patient... Je ne sais pas si j'y suis prête. Ou si j'aurai à le faire. Et si on s'oubliait en sortant de cet enfer de crasse et de fer ? Y parviendrais-tu ? J'échouerais et je le sais. Tu seras toujours Daniel Keller pour moi. Car après toutes ces années, amputer cette identité rendrait le refrain moindre. Etranger. Je suis toujours Irina Buchenko, marmonne-t-elle inutilement. »

Mais il faut s'y faire. Vingt ans ça change les gens. Qu'est-ce qu'un prénom, au fond ? Pas grand-chose selon certains. Une fantaisie parentale qu'on a rarement idée de refuser. Comment l'as-tu appelée ? Notre enfant. L'as-tu élevée ? Sait-elle qui je suis, sous quel soleil elle est née ? Irina n'est pas certaine de vouloir savoir. Peut-être plus tard. « Je... Ça ne lui plaît pas de se retrouver face au mot Bulgarie. Contrairement à ses sentiments vifs et emmêlés, cette partie-là de sa vie est depuis longtemps enterrée. J'y suis retournée mais je ne pouvais plus envisager d'y rester. Ou d'y faire ma vie. C'était impensable. Le fantôme de son père planait encore et sa mère bien vivante s'amusait à l'imiter. Arcadia était une évidence. » Pour quelqu'un comme moi.

Après une inspiration, la quarantenaire observe la foule qui s'agglutine autour d'eux, regarde sans voir l'oxygène à partager, le souffle de (Daniel) Èlia désormais voisin du sien. « Je suis ici depuis presque quinze ans. Ne me dis pas que tu m'as évitée tout ce temps... Je crois que je le prendrais mal. » Avertissement ou confession, elle ne sait pas vraiment. Nouveau soupir. Et parce que le métro décide se trémousser, Irina passe son bras autour (de son bras à lui) de la barre de fer. Hors de question de la saisir à pleine main ! Et demande soudain : « Tu comptes descendre au terminus ? »



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Mer 24 Oct - 0:07



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Les laboratoires. Tout à refaire et à reexpliquer, deux vies qui s’entrechoquent, trois coeurs accrochés, c’est plus compliqué que tu l’imaginais Èliakim. Et les questions qui continuent, toujours elles, ces demandes qui ont le goût du soleil et la saveur du passé. Vous passiez des heures à discuter sur des sujets importants, tous plus diverses les uns que les autres. Pas de bavardage de quartier, non, mais des discussions  qui illuminaient la tête et embrasaient le coeur. Surtout le tien Ezra, qui appréciait autant le silence des mots que les effusions de réflexions.
Et tu le sens, le malaise quant à ton prénom. Tu comprends que tu aurais du ajouter ce que tu avais pensé tout bas, qu’elle n’était pas obligé de t’appeler comme ça, que ça t’était égal, que… Pourquoi as tu proposé ce rendez-vous ? Bordel pourquoi foutre un peu plus en l’air ta vie qui est déjà à un point de non retour ?  Elle attrape la barre de métal Irina, tu t’en rapproches, poussé par derrière, alors que le flingue est de plus en plus lourd dans le creux de tes reins. Il faut que tu sortes de là, l’espace est trop petit, l’air est lourd, tu n’aimes pas ça, tu… Et te concentrer sur ce que tu connais pour calmer le coeur qui bourdonne trop vite. Sa peau, trop proche, son souffle, trop proche, ses yeux, trop proches. Irina est trop proche. Et pourtant, c’est bien ça qui t’apporte une seconde de quiétude et qui éteint la panique qui commençait à empoisonner ton palpitant. L’oreille attentive, les yeux qui s’ancrent dans les siens, tu écoutes chaque mot et retiens chaque question. Arcadia l’Évidente, pour quoi ? Les dieux ? Les mafias ? Elle n’a donc pas changé Irina…  « J’ai arrêté la recherche, je bosse pour l’état….Le fisc… d’où le changement de prénom suite à des clients mécontents.» Vomir la vérité, déblatérer encore et toujours cette même identité alors qu’une nuit, tu lui as tout révélé. Mais elle ne t’a pas cru, comme toi tu ne l’as pas écouté. Est ce que ça changerait quelque chose si vous vous étiez tût et regardé dans cette cave ? Si le coeur avait été plus fort que l’esprit ? Non, vos vies auraient été similaires Èliakim, toi et Irina, vous êtes bien trop droits pour vriller dans le sillon d’à côté. C’est comme ça, faut pas le regretter, vous ne vous seriez pas aimé sans cette façon de marcher.  « … je suis arrivé y’a 6ans, avec Salo… » Déclaration qui s’arrête, métro qui vacille un peu trop, les prunelles descendent un peu plus bas, sur cette gorge qui est redevenue d’opale. Normale après 20ans, les hématomes ça disparait, les coups au coeur par contre, ça reste.  « ..avec Salomé, la gamine que tu as ramené. Elle va mieux, si ça t’intéresse. » Car Irina, elle n’a rien demandé sur l’état de la jeune fille. Et Èlia, tu es coincé entre cette envie de lui balancer à la gueule que cet enfant, c’est toi qui l’a élevé et nourri, toi qui l’a soigné quand elle s’est pété la cheville, toi qui… Toi qui a tout fait. Mais lui parler de Salomé, à Irina, c’est aussi lui rappeler qu’elle est une déesse, qu’elle est une proie à attraper et à soumettre. Bratva de merde. «… Enfait si, tu as changé Irina. » Changer de discussion, oublier Salomé, braquer tes prunelles dans les siennes, la faire vriller de la route sur laquelle tu l’emmenais.  « Tu as perdu un peu de ta lumière. » A cause de qui Ezra? À cause de quoi ? « J’vis de l’autre côté. Ça te va de sortir à la prochaine ? Ça sera plus simple… » …Pour te regarder comme une étrangère, pas comme un souvenir. Pas comme sa mère.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Ven 26 Oct - 19:41


You know the nearer your destination
The more you're slip slidin' away

« J’ai arrêté la recherche, je bosse pour l’état… » Il avait pourtant l’air si passionné lorsqu’il en parlait... Elle l'écoute et se mordille la joue gauche. Irina n’a rien contre l’Etat - elle paye ses impôts dans le temps imparti, déclare ce qu’elle gagne et se stationne comme il faut. Mais voilà... Elle ne s'attendait pas à une reconversion de ce type-là. C'est ça de maintenir un souvenir en vie, dans un coin de sa tête et de son coeur. On finit toujours par être surpris. « Tu n'as pas dit si ça te plaisait. »

Elle voit bien qu’il la contemple. Elle n'est pas aveugle. Elle connaît son regard. Paupières closes ou non, elle sent les billes océaniques la parcourir (la caresser). Elle choisit de ne pas grogner. Le laisser explorer. Ce qu’il voit ne la regarde pas. Plus. C'est terrible de raisonner au passé. Elle a envie de l'imiter. De redécouvrir son souvenir. Elle s'en empêche, braque ses yeux dans les siens comme un revolver chargé, attend qu'il se détourne en premier.

Il y a six ans avec Salome. Elle tend une oreille et fronce un sourcil. Un paquet d'années. Peut-être qu'ils se sont déjà croisés dans la rue. Peut-être que la dénommée Salome a garé sa voiture à côté de la sienne, un jour, sur le parking universitaire. Et si c'était elle, l'aveugle ? « Elle va mieux, si ça t’intéresse. » Coup d'oeil aux autres passagers du wagon. Ils sont tous occupés à tapoter sur leurs écrans. Elle se reconcentre. La gamine que j'ai ramenée. La gamine que j'ai ramenée. Elle visualise le canidé réclamant un tour de voiture et répond avec un faible sourire. (Se demande si Daniel lui aurait collé un procès au derrière si elle lui avait rendu la gamine abîmée.) « C'est bien... Contente de l'apprendre. J'ai vraiment eu peur pour elle. ...Ça ne doit pas être évident au quotidien. » Plus jamais elle n'approchera de cabot solitaire. Ça ouvre trop de portes, ça rappelle trop de monde. Car après tout, chaque personne abrite un monde. Et parfois ils entrent en collision.

«… Enfait si, tu as changé Irina. Tu as perdu un peu de ta lumière. » Elle déglutit, le corps raide comme la barre de fer. Sans doute qu'elle en a perdu, de son éclat. Les roses fanent toujours. Et il ignore bien ce qu'elle a pu ou non vivre sans lui. Il est injuste. Daniel est injuste. « A quoi tu t'attendais ? On n'a plus vingt ans. Elle le sent dans son corps chaque matin, le lit sur les bilans médicaux qui s'entassent dans son sac. Et plus bas. Tu travailles pour le fisc, je pourrais te dire la même chose. »

Il est peut-être temps de décliner son offre. De se réfugier derrière une politesse d’inconnu à anonyme et dire « Non, je ne veux pas abuser de ton temps ». Ce serait lâche et commode. Mais ce serait se trahir. Elle a besoin d’en apprendre davantage, ne se satisfera pas d’une dernière entrevue en pointillés. « J'ai tout mon temps, répond-elle poliment. »

Leurs deux silhouettes s'extirpent non sans difficulté du wagon. Quittent la mer de corps, les odeurs de sueur et pire encore. Une fois à l'air libre, sans spécialement reconnaître les panneaux et les enseignes voisines, elle avance de quelques pas, croise ses bras une nouvelle fois. « Eh bien ! Guide-moi. » Parce que je suis aveugle tu vois.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 28 Oct - 10:51



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Les mots ont été durs, tu en es conscient Eliakim. Dire à quelqu’un qu’il a perdu de sa lumière, c’est comme lui balancé à la tronche qu’il a pris 20ans et que ça se ressent. Que les rides sont là, que la peau est moins élastique, que les cernes sont plus creusés. Mais ce n’est pas ça. Pas pour Irina en tout cas. Tu as juste l’impression que sous la grisaille d’Arcadia et l’air vicié, ton ancien amour est resté en Inde. Sourire absent, fossettes discrètes, elle est belle mais pas comme tu t’en souviens. Est-ce parce que tes sentiments ont changé ou parce que toi aussi, tu as eu le coeur piétiné ? Tu n’en sais rien et tu te mords la joue en comprenant que tu aurais du te taire cette fois-ci. Avec elle, tu as toujours été trop vrai, tu as toujours osé te montrer tel que tu étais. Daniel était peut-être le prénom utilisé mais c’est Ezra qu’Irina a aimé. Mais aujourd’hui, dans ce métro, avec l’épisode Salomé, tu ne peux être ni l’un ni l’autre. Ton coeur n’a plus le droit de bourdonner, tes yeux, de pétiller. Tu ne peux plus Ezra, faire d’Irina, ce miroir que tu as tant aimé regarder.

Le métro s’arrête, les portes s’ouvrent et vous abandonnez le malaise de la foule. Être englué dans une marée humaine, tu n’as jamais aimé ça. Et quand Irina s’arrête après quelques pas, ses bras se croisant sur sa frêle poitrine, tu comprends que tu as fais une erreur en lui proposant de sortir. Au moins, dans cette rame, vous étiez obligés de vous parler. Là, tu n’as qu’une envie : fuir.  « Marchons » Pas une question, pas une proposition, une putain d’affirmation à laquelle tu n’attends même pas de validation. Un pied devant l’autre, monter les escaliers et abandonner les sous-sols du métro, tu as failli attraper son coude d’un geste venu d’ailleurs. Peut-être même qu’elle a vu le geste, senti l’effleurement. Tu t’en veux mais qu’importe, raturer une histoire c’est facile, oublier son premier amour, c’est impossible.  « Et pour te répondre, mon travail me plait. C’est…» Dangereux ?  »… Ça me plait. » Perdre contenance face à elle, ça a toujours été le cas. Irina et ses grands yeux, Irina et ses phrases courtes, Irina et sa mine curieuse, Irina et…  « Merci de l’avoir ramené en tout cas… de t’en être occupé.» Le prénom Salomé pas à la trape mais elle doit comprendre, elle… devrait savoir que c’est son enfant don tu parles. « Elle.. Je crois qu’elle t’a apprécié… En ce moment, elle est petit peu…. Sauvage on va dire.» Et ne pas réussi à contenir le sourire amusé, qui cette fois, est bien là.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Mer 31 Oct - 0:33


You know the nearer your destination
The more you're slip slidin' away

Eh bien ! Marchons mon cher. Où vous irez j'irai. Irina emboîte le pas à Daniel sans un indice de l'endroit où il les fera atterrir. Elle le suit sans poser de question, en partie parce qu'elle n'est pas certaine de recevoir de réponse. Il veut causer mais la remballe alors par défense, par réflexe, par on ne sait quoi, elle se froisse et tente de faire de même. Elle réagit sans réfléchir et ça lui déplaît. Elle aimerait mieux choisir ses mots, ses intonations. Ne pas autant le regarder (dévorer). Mais la vie n'est pas truquée et elle doit le reconnaître, lorsque son intellect s'attarde sur la question Daniel Keller, il mêle faux et vrai. C'était à ce jeu qu'ils s'étaient adonnés, sous un soleil plus doré. Irina n'avait pas démenti les croyances de Daniel et en retour, elle l'avait pris tel qu'il se présentait : un ingénieur en chimie comme il y en a mille. Bien sûr elle aurait mieux fait d'être honnête. Mais les conditions ne le permettaient pas et puis merde, c'était comme  ça !

« Et pour te répondre, mon travail me plait. C’est… Elle lui lance un regard inquisiteur. Soulagée qu'il lui réponde et qu'il apprécie son job mais... pour de vrai, Daniel ? …Ça me plait. » C'est le principal, lui répond-elle en faisant disparaître ses mains dans ses poches. Et il embraye sur la jeune femme un peu bizarre. L'image et les odeurs qui l'ont saisie lors de la métamorphose s'imposent à son souvenir et envahissent ses narines. « Elle.. Je crois qu’elle t’a apprécié… En ce moment, elle est petit peu…. Sauvage on va dire. » Oeillade à son compagnon de route. Il sourit... Ce qu'elle aime le voir ainsi. Il doit vraiment l'aimer cette petite. Enfin petite, tout est relatif... A son âge, Irina avait déjà quitté la Bulgarie. Avait-elle raconté ce pan de vie à Daniel, entre deux après-midis, ou juste avant de s'endormir ? Probablement.

« Tu le penses vraiment ? Ça lui fait plaisir, au fond, qu'il apporte un peu de positif à leurs retrouvailles. Irina murmure. C'est toujours ça... Se reverront-elles ? Grande question. Elle a laissé tant de monde derrière elle. C'était brutal mais elle n'a pas été si sauvage avec moi... Enfin, on a fini par s'en sortir et elle t'a retrouvée, observe-t-elle d'un ton plus pondéré. Oui, le cabot lui avait offert la patte et jappait sans menace. Quant à l'humaine... Ou déesse ? Elle est spéciale, ...Èlia. Comme beaucoup de monde dans cette ville. Tu y crois maintenant, à tout ça ? » Tu me crois ? Elle ne peut pas s'empêcher de faire allusion à la vérité qu'elle lui avait craché à la figure, ce jour-là, dans cette cave. Car tout la ramène à Mumbai. Le sourire furtif de Daniel. Marcher côte à côte, avec une main qui la démange de saisir la sienne. Irina se demande si aujourd'hui, un voyou le poignardera, et si elle le sauvera. « Enfin... Garde-la bien à l'abri. La prochaine fois elle tombera peut-être sur pire que moi. C'est supposé sans humour, peut-être un peu tristement. On ne plaisante pas avec les ombres d'Arcadia. Tu dois être comme un père pour elle. » Et soudain, elle croit comprendre.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Jeu 1 Nov - 9:14



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Comment pourrait-elle savoir que Salomé est ta fille ? L’âge correspond mais la bouille, elle… Salomé est un savant mélange de deux mondes, ayant pris assez de l’un et de l’autre pour être à part et unique. Les cheveux bruns d’Irina se parant de mèches plus claires des tiennes Ezra. Les yeux sombres, qui viennent d’un parent éloigné, la peau laiteuse de la bulgare avec des taches de rousseurs qui n’appartiennent qu’au visage d’un italien. Salomé est l’union de deux esprits, de deux univers, de deux patries. Rien que pour ça, il serait difficile à Irina de trouver une quelconque ressemblance avec sa fille.

Le pas est vif, pour l’un comme pour l’autre, les bras contre les cuisses, le poitrail, dans les poches, mais jamais s’effleurant. Et quand Irina te répond, tu as mal à contrôler ta tête qui veut se retourner et la regarder. Chaque mot balancé est comme une verre d’essence sur le feu bouillant. Tu n’aurais pas du reparler de Salomé. Pourquoi l’as-tu fait ? Maintenant elle ne parle que d’elle, te raconte son aventure rocambolesque, le cauchemar qui chaque jour, te pèse de plus en plus. Ta fille est une déesse, tu le sais, et pour ça, tu détestes encore plus ce monde qui continue de tout te voler. De l’amour d’une vie à l’amour de toutes les autres.
Tu ne réponds rien, l’écoutes, chaque mot est retenu, chaque… Le visage se tourne brutalement. Irina t’a appelé Èlia. Première fois. Ça palpite dans ton crâne, ça bourdonne dans ton myocarde. Entendre ta nouvelle identité dans sa bouche, c’est comme posé une réalité sur quelque chose que tu n’aurais jamais imaginé. Elle est là. Elle est dans cette vie, dans cette nouvelle existence. Irina est revenue et ça t’en coute de l’avouer.

Les pas se font encore plus rapides, si ça continue tu vas la perdre (peut-être est ce le but ?) Car la bulgare, elle continue de parler, c’est même étonnant pour quelqu’un d’aussi silencieux en habitude. Elle va y perdre un poumon à force. Et lorsque les dernières syllabes sont murmurées, tu butes brutalement devant un passage piéton alors que ton bras se lève et barre la route d’Irina, effleurant son ventre par la même occasion. Un camion vous passe à quelques centimètres du nez, si elle avait continué de parler et toi d’avoir le nez baissé…Les retrouvailles auraient été rapidement stoppé. « J’y crois, ça ne veut pas dire que je t’ai pardonné. » Le mensonge. L’appel, l’enfant abandonné. Comme toi tu ne t’aies pas pardonné de l’avoir frapper cette nuit, dans le sous sol de l’appartement.  « Je suis capable de protéger Salomé, Irina. Elle était mal en point quand j’l’ai récupéré, y’a 15ans. Regarde maintenant… Elle est plutôt en forme, non ? » Et planter tes yeux dans les siens, alors que le coeur bat la chamade et que le bras es toujours à sa place, pour la protéger d’un quelconque danger. « Oui, j’la considère comme ma fille… J’essaye simplement de rattraper l’erreur que j’ai fais ya 20ans. » Singulier, pas pluriel. L’erreur d’avoir laissé votre véritable gamine quelque part Irina. L’erreur qui est un mensonge mais que tu espères, suffira pour lui faire abandonner la bataille. Mais pourquoi le bras reste là ? Pourquoi tu continues de la protéger alors qu’aucune voiture n’est prête à vous écraser ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Jeu 1 Nov - 16:11


You know the nearer your destination
The more you're slip slidin' away

Elle parle beaucoup, elle qui d'habitude écoute. Les mots et les pensées la dépassent comme Daniel qui marche à trop grands pas. Irina apprécie les esprits éveillés, un peu moins de leur courir après. Suivre la cadence tout en parlant n'est pas chose aisée. Elle ferait mieux de la fermer. Elle s'expose mais bizarrement, le danger ne l'effraie pas : Daniel lui a déjà fait mal. Peut-il recommencer ? Sûrement, mais il n'y a plus grand-chose à briser. Rien que des petits éclats de verre à piétiner. Elle parle beaucoup comme si faire jouer les sons les ramèneraient vingt ans auparavant.

La tête de Daniel pivote, comme invoquée par ce Èlia terriblement hésitant. Les lèvres d'Irina regrettent d'avoir prononcé ce prénom trop étranger. C'était plus facile de parler à un dos plutôt qu'à un visage... Puis soudain, alors que le mot "père" résonne encore dans sa tête, Daniel s'arrête, abaisse son bras comme une barrière de passage à niveau. Implacable, un peu brutal, il frôle le ventre d'Irina. Les papillons y sont morts depuis longtemps. Ce sont les omoplates qui pétillent, et une seconde plus tard, un camion débarque. Sa vitesse souffle les visages et fait virevolter quelques mèches qu'elle s'empresse de remettre à leur place. « J’y crois, ça ne veut pas dire que je t’ai pardonné. » Nous voilà à armes égales. De toute façon, Irina n'est pas du genre à courir après les expiations. Elle laisse les gens en plan, les abandonne ou les rejette, pourvu que le malaise cesse. Sa mère, Daniel, la Bulgarie... tout le monde finit par en faire les frais.

« Oui, elle est en forme. J'doute pas que tu t'en occupes bien. Tu es sûrement meilleur que moi à ce jeu-là. Ce n'est un secret pour personne et elle en rirait presque si Daniel n'était pas si solennel. Si y avait pas ses yeux dans les siens. Encore. Comme un sale running gag. Irina enfile sa casquette de Sherlock et ajoute plus bas, sans hargne. Mais elle n'a que toi. » Et tu ne seras pas toujours là.

Le bras, lui, ne bouge pas. Plaqué pour ne pas avancer. Ils font du surplace, les automobilistes leur jettent des coups d'oeil agacés. Vingt ans. Ils se reperdent à Mumbai. « Rattraper ? Elle n'a jamais été très bonne en devinettes, préférant les grandes thèses aux petits mystères. Ses yeux quittent ceux de Daniel. Elle ne peut pas le regarder en répondant : Ce genre d'erreur se commet à deux, je te rappelle. C'est affreux. Une vie ne devrait jamais être appelée accident. Et pourtant... Irina le fait et Jiva s'en mord les lèvres. Les yeux toujours ailleurs : Tu ne l'as pas gardée ? Elle ne pourrait pas le blâmer de l'avoir imitée. En revanche, adopter une gamine en guise de rédemption, c'est un trip d'un autre genre... Les yeux au sol : Je n'aurais pas dû te faire ça. Mais je n'avais pas d'autre choix. Jiva avait surpassé son hôte de chair. Elle avait voulu la vie entre ses tripes et dans ses bras. Irina soupire. Tu peux le comprendre, de ne pas avoir le choix. »



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Sam 10 Nov - 21:56



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Il y a des excuses dans le ton d’Irina, tu les entends même si aucun terme ne soit explicitement utilisé. Pas de pardonne moi, pas d’excuse moi, simplement une façon de prononcer les mots qui ébranle encore un peu plus la carapace de l’agent. Irina a toujours su comment te mettre à terre Ezra, elle a toujours réussi à t’atteindre toi, l’homme et non le menteur. C’est de toi qu’elle est tombée amoureuse, de toi qu’elle a eu peur dans cette cave, toi qu’elle a sauvé cette nuit-là dans les rues de Mumbaï. Toi. Pas Daniel, pas Èlia, toi Ezra. Et c’est bien ça le plus difficile à accepter, de savoir que l’homme est toujours bien là et que, malgré les nombreuses identités, il continue de vibrer sous les sentiments qu’Irina a fait naitre il y a des années de cela.
Le coeur est un peu plus serré quand la bulgare parle de Salomé. Du moins, de leur enfant que tu viens d’annoncer avoir abandonné. Le bras se retire du ventre d’Irina, le corps pivote un peu et devant ce passage clouté, vous restez comme deux imbéciles, presque face à face. Du moins tes eux dardés sur elle mais les siens, inexorablement plaqués au sol. Le choix. Tu l’as eu Èlia. Tu aurais pu dire non, refuser cette gamine qui était la tienne sans que tu en sois certain. Tu aurais pu dire non au téléphone, refuser les mots d’Irina mais tu n’as rien fait. Tu aurais pu dire non à tout. Mais tu as pris les devant, accepté ta responsabilité et accueilli cet enfant qui était la tienne sans te poser la moindre question. Divine ou non, rien à faire des suppositions d’Irina, elle était à toi, de ton sang et son coeur allait faire vibrer le tien comme celui de sa mère quelques mois auparavant.  « Je…» Ça te convenait, oui, mais tu ne pensais pas revoir Irina Buchenko. Tu ne pensais pas qu’elle te ramènerait ta gamine après une énième transformation divine. Tu ne pensais pas qu’elle serait là, dans cette ville, peut-être même au sein de cette mafia que tu combats depuis tant d’années. Appartient-elle encore à la Bratva ? Ou s’est-elle retirée ? Incapacité de parler ici, en pleine rue, au milieu e la foule. Le stress qui ébranle l’homme, l’homme qui se sent submergé par le poids des mensonges, des identités, des erreurs, du glock dans son dos, des mots de son ancienne compagne. Se noyer, là est la définition parfaite de ce que tu fais depuis quelques mois Èlia. Tu te noies dans ta propre vie.

Alors le poignet est attrapé, pas la main, pas les doigts, ce serait trop intime. La paume est pourtant délicate sur le derme d’Irina. Tu la tires en arrière, l’oblige à te suivre, à rebrousser chemin pour trouver un coin plus calme. Le silence entre vous deux dure quelques secondes, vingt tout au plus, le temps de se mettre à l’écart de la foule. Un café aurait été plus simple. Mais qui dit café dit impossibilité de fuir.  « Me faire quoi Irina ? M’appeler ? Me laisser cet enfant ? » Cet enfant, le tien, le vôtre. Ta Salomé qui a cet instant, doit être entrain de dormir sur ses cahiers.  « Ou… Me mentir sur ton identité ? » Et toi Èlia, n’as tu jamais menti à Irina ? Tout ton être n’est que fausseté et machination, elle ne sait rien de toi, pas même ton véritable prénom. Et alors que les yeux étaient ancrés dans ceux de la bulgare, tornade sur le point de tout balayer, ils glissent vers le sol, incapable de la regarder face à ce que tu vas lui avouer.  « J’ai…. J’ai eu le choix, moi. J’ai… » Ce n’’est pas Daniel ni Èlia qui parlent. C’est le père, paumé depuis que son enfant le rejette, appelant à l’aide le seul être capable de comprendre ce qui peut bien se passer.  « Je l’ai gardé… Elle s’appelle Salomé. » Comme la jeune adolescente que tu as avoué éduqué, passant d’une inconnue recueillie à votre enfant que tu as tout seul accepté.  « Dis moi… Qu’est ce que tu n’aurais pas du me faire Irina ? » Et les yeux se relèvent, incapable d’être plus sincère. Incapable d’être plus près de cet homme qu’elle a tant aimé Irina.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 11 Nov - 21:46


I've been cruel but I've been true
(hard times it messes my mind)

« Je... » Tu quoi ? Dis-moi !
Elle ne lancera pas les paris. Autrefois peut-être, lorsqu'un sourire matinal valait tous les mots de la Terre. Aujourd'hui c'est drôlement impossible. Les paupières fermées, pressées, comme pour capturer l'essence du moment. Les couleurs défilent : offensives, froides et électriques. Le sentiment d'inconnu l'envahit, se greffe à son dos trop raide. Elle ne sait pas ce que Daniel ajoutera, elle ne peut plus le deviner ni saisir sa logique, ayant perdu la sienne depuis ce premier regard.

Il n'y a peut-être rien à comprendre, songe-t-elle lorsqu'il l'empoigne sans la brusquer. Lorsqu'il l'entraîne loin de la foule déchaînée. Au calme, pour mieux entendre son coeur battre dans ses tempes, pour mieux affronter ses yeux bleus et sa voix d'acier fatiguée. « Me faire quoi Irina ? M’appeler ? Me laisser cet enfant ? Ou… Me mentir sur ton identité ? » Une réplique acerbe la traverse sans franchir la barrière de ses lèvres. Tant mieux. C'était sans doute une connerie. Elle soupire, veille à ce que personne n'approche, qu'aucune oreille ne traîne. Il lui faut rassembler ses pensées, ses souvenirs, ses sentiments, pour trouver les mots justes. Mais Daniel la devance. Daniel dont la voix s'égare et frappe droit au coeur de la Bulgare.

« J’ai…. J’ai eu le choix, moi. J’ai… Je l’ai gardé… Elle s’appelle Salomé. Le prénom. Le prénom. Dis moi… Qu’est ce que tu n’aurais pas du me faire Irina ? » Et le voilà qui braque sur elle ses deux océans. Les flots tumultueux la font reculer d'un pas, rompt le contact paume-poignet. Elle perçoit toute l'honnêteté, l'émotion, la vérité. Mais, crispée par ses dires, elle ne peut s'empêcher d'hocher la tête et de sourire, les lèvres cruellement closes. « Et c'est moi la menteuse. » Tu l'as gardée. Ta fille. Notre fille. Tu l'as gardée. Irina est restée tranquille jusqu'alors, tendant vers la confession et le regret mais lorsqu'on aime, on finit toujours par blesser (puis pardonner). Plus incisive, plus meurtrie, sans crier : « Tu t'écoutes, Èlia ? A quoi tu joues ? Salome est ta fille quand ça t'arrange ? Si je n'avais pas demandé, tu me l'aurais avoué ? Et qu'est-ce que tu lui as raconté, que je sache si je dois me faire passer pour morte ! »

Irina aurait pu faire le rapprochement en songeant à l'âge de la jeune femme, au fait qu'elle vive avec lui... mais à première vue, le chien gris n'avait en commun avec leur petite fille. Plus calme, parlant vite : « J'aurais dû t'avertir dès le début de la grossesse, au lieu de m'enfuir, peut-être que tu aurais réussi à la raisonner. Moi je n'ai pas pu. Je l'ai laissée faire, j'ai porté l'enfant. Jiva était incontrôlable – je ne savais pas, à l'époque. Et si Daniel avait souhaité un avenir à trois ? Egoïstement, elle n'y avait songé. Enfantement rimait avec inconvénient. Je t'ai appelé parce que tu étais le seul à pouvoir t'en occuper. J'avais déjà merdé, conclut-elle dans sa langue maternelle. »



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 25 Nov - 14:41



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


Et la tempête fuse alors que tu n’y attendais pas. Tu l’as aimé Irina, pour son calme, sa lumière, sa tendresse et son silence. Mais tu t’es passionné aussi pour sa fougue quand elle te la montrait. Tu aimais l’entendre jurer en russe, s’énerver quand elle travaillait ou parfois, te murmurer dans sa langue natale à quel point elle était bien à tes côtés. Jamais le mot « aimer » n’est sorti de vos lèvres et pourtant, il était bel et bien là, présent à chaque sourire, dans chaque étreinte et chaque baiser. Vous vous aimiez, comme deux coeurs bouillants qui n’osaient se réveiller et laisser la tempête tout briser. Et puis il y a eu la réalité et la tornade a cassé ce que vous aviez construit et aujourd’hui, elle recommence. Mais cette fois-ci, c’est toi, Èlia, la victime.

Tu recules d’un pas, essaye de faire du vide entre vous deux alors qu’au fond, tu sais que la verbe assassine d’Irina t’atteindrait même si elle était à cent mètres de toi. Tu n’as jamais vraiment parlé de sa mère à Salomé, lui a juste dit qu’elle n’était pas là mais n’a jamais cherché à aller plus loin. Au fond, tu ne savais même pas si elle était en vie, si la femme que tu avais aimé et dont l’enfant était la finalité, était encore de ce monde. La soldate d’une mafia violente oui, mais la jeune femme peut-être pas. Alors ce que tu te reçois en pleine face, tu t’y attendais mais pas ici, dans la rue, alors que vous vous étiez donnés rendez vous pour parler de ces retrouvailles illogiques sur le perron de ta maison. Et puis elle continue Irina, alors que tu t’enfermes dans le silence, les épaules qui s’abaissent un peu, le coeur qui se retrouve ce carcan que tu gardes depuis vingts ans. Elle continue encore et encore, les mots glissent et ce ne sont que les derniers qui te font relever la tête Èlia. Pas les yeux, ils étaient toujours hauts eux, tu n’as pas lâché ses prunelles à Irina, tu ne pouvais te le permettre. Tu n’as pas honte de ce que tu as dis ou de ce que tu as fais, tu as honte de continuer à l’aimer malgré tout ce qui s’est passé.
Il y a quelques secondes de silence, le cerveau qui tourne à mille l’heure, l’information du nom de la divinité d’Irina, de sa puissance quand elle était jeune. Il y a beaucoup de choses que l’agent doit prendre en compte mais c’est le coeur qui est plus fort et c’est lui qui prend l’ascendance.  « L’idée de porter notre enfant te dégoutait tant que ça Irina ? »   Et ça tombe comme un couperet, avec la même fougue que la colère d’Irina sauf que toi Èlia, ta voix est plus calme qu’elle l’était quelques secondes auparavant.  « Et ne me parle pas en russe s’il te plait. J’ai au moins le droit de savoir si cet enfant, tu l’as abandonné car tu ne pouvais pas t’en occuper à cause de ce que je t’avais fais ou de tes obligations ou… » Tu buttes sur les derniers mots, hésites et cette fois-ci, tu baisses les yeux Èlia.  « Parce que tu ne m’as jamais réellement aimé. » Et rester là, les prunelles face au trottoir, le coeur qui dégueule et Ezra qui parle.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Lun 26 Nov - 1:22


Did we build all those bridges
To watch them thin down to dust

Le pire dans l'histoire, c'est qu'il peut encore la regarder. Elle préférerait ne pas croiser ses yeux qui en disent plus, qui en disent trop, qu'il le veuille ou non. Les siens ne lancent pas d'éclairs, sa voix ne souhaite pas le blesser. C'est une tempête discrète, intime. Irina préférerait qu'il la gifle ou s'époumone comme un ivrogne. Ce serait mieux, mieux que cette volée de silex qui lui râpent la langue et le coeur.

« L’idée de porter notre enfant te dégoutait tant que ça Irina ? » Elle pâlit. Se demande si un trottoir est le bon endroit pour déballer vingt ans de non-dits. Si elle est en état de penser à de telles questions. Suppose que non. La voix est si posée qu'elle la fait frissonner. Elle n'a jamais réfléchi dans ce sens, ou dans le bon sens, s'il existe. Il n'était question que d'elle et de son ventre qui allait endurer ces neuf mois. Elle a songé Jiva qui lui interdisait d'abandonner ce job millénaire, à l'opportunité de faire naître une déesse. Elle n'a pas pensé au père et ce faisant, a oublié l'enfant.

« Non Dani-... Non, non. Pas bien certaine d'elle, elle répète parce qu'elle ne s'est pas entendue. La question l'a rendue sourde. Le dégoût. Sourcils froncés, lèvres tordues. Elle l'écoute, perdue. C'est comme retourner vivre dans sa maison d'enfance après trente ans d'absence. On met du temps à retrouver les interrupteurs pour y voir plus clair. Elle pivote, fait dos à la rue, joint ses mains, entrelace ses doigts. Pas du dégoût, je ne - pas prête, pas le choix. Pas faite pour ça. Elle en perd son Anglais. J'étais piégée. Tu n'avais jamais parlé d'enfant et je ne pouvais pas... Te contacter. Te revoir après ça. Les bleus, comme l'encre des lettres jamais envoyées, n'avaient pas encore séché.

« Tu as tous les droits, reconnaît-elle finalement. De lui en vouloir, de la mépriser. Dans ce chapitre, c'est elle qui a fauté la première et qui s'en aperçoit à peine. Mais pas celui de douter de ça. Avec un regain d'aplomb, elle ajoute, comme pour invoquer son regard : qu'il l'écoute autant que ses oreilles. Je te l'interdis. » Les dieux savaient. Ils savaient qu'elle l'avait aimé, cet homme, cet esprit, ce corps. Ce tout. Elle avait succombé à son électricité, ses humeurs, ses joues rêches contre les siennes.

Elle déglutit à ce souvenir. « Mes obligations n'auraient voulu d'elle qu'en tant que fille de... Elle préfère le laisser deviner. Je n'aurais pas pu la protéger. Qu'aurait fabriqué leur enfant dans les pattes de la Bratva ? Certainement pas des colliers de pâtes. Quant à elle, avait-elle une tête à poser un congé parental, à se lever à trois du mat parce que la petite avait fait un mauvais rêve ? Non. La Bratva n'aurait pas accepté ce poids et Irina possédait déjà ses propres cauchemars. Elle était comme toi. C'était plus juste qu'elle soit confiée à quelqu'un comme elle. Plus simple. Mais maintenant... tout est différent. Un nouveau plateau de jeu dont les dés s'apprêtent à être jetés. Maintenant, je crois... je crois qu'elle est comme moi. Silence. Tu dois me détester pour ça. » Ordre ou remords ?



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
When I'm wiser and I'm older Empty
When I'm wiser and I'm older - Dim 2 Déc - 14:34



Irina & Èliakim

So wake me up when it's all over
When I'm wiser and I'm older
All this time I was finding myself
And I didn't know I was lost


La première fois que tu as compris que tu aimais Irina, elle dormait profondément. Tu la regardais, voyais sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration, son ventre se gonfler. Elle était belle mais plus que belle, elle était forte. Forte et intelligente, capable de te tenir tête, de comprendre ce que tu voulais dire quand tu réfléchissais trop vite. Elle ne se moquait jamais de tes silences, ne te demandait pas plus que ce que tu pouvais lui offrir, bien trop occupée à vivre sa vie de manière indépendante. Elle était parfaite, de ses qualités à ses défauts, de ses tatouages à son visage délicat. Elle était parfaite et vous avez tout brisé. A cause de la vie, de vos mensonges, de vos désirs les plus enfouis, de votre façon de concevoir le monde. Vous aviez brisé le lien le plus pur et le plus délicat qui aurait pu exister entre deux personnes telles que vous. Et il était trop tard pour réparer les dégâts.
Tu acquiesces du menton, habitude sans être certitude que ce qu’elle te raconte est réel. Tu ne peux douter de ses anciens sentiments qu’elle te dit. Tu doutes déjà de toi Ezra, de tes propres émotions, de tes propres choix, de la raison de la réapparition de ce visage tant aimé quelques jours plus tard. Tu ne comprends pas à quoi joue le destin avec toi mais putain, t’aimerais bien l’avoir en face pour lui refaire le portrait. «  Tes obligations…» que tu murmures, trop proche d’elle pour qu’elle n’ait pas entendu. Tes yeux toujours sur le sol, Irina embraye sur un terrain qui ne te plait guère. Tu as envie de la faire taire, de plaquer ta main sur sa bouche quitte à l’étouffer. Qu’elle ne parle pas de dieu, d’elle, de Salomé. Qu’elle n’ose pas penser une seconde que ta fille lui ressemble. Pour elle, tu tuerais quiconque l’approcherait, pour elle, tu recommencerais ce que tu as fais subir à Irina. Pour elle, tu perdrais une seconde fois l’amour de ta vie s’il le fallait. Alors ne parle pas de ça Irina, ne continue pas sur cette route alors qu’il arrive enfin a mettre des mots ce qu’il ressent… Ne fais pas ça. «  Elle n’est pas comme toi. » Les yeux sont relevés, prunelles océans tempétueuses fondant dans celles de la Buchenko. « Elle n’est pas comme moi non plus.»  Salomé n’est pas une tueuse. Tu as envie de t’éloigner de la bulgare, de lâcher ses yeux froids, d’oublier son odeur, vos souvenirs, ce jour où tu l’as vu pour la première fois. Tu préférais ne jamais l’avoir connu à vrai dire, avoir toujours le coeur froid et l’esprit dardé sur ta carrière. Sans elle, il n’y aurait pas eu d’amour. Sans amour, tu n’aurais pas fair d’erreur, sans erreur, tu n’aurais pas connu les dieux, sans les dieux, tu serais resté le même et en restant le même, tu ne serais pas là, sur ce trottoir, le coeur qui dégueule et les yeux prêts à pleurer. Sans elle, il n’y aurait pas eu Salomé. Sans elle, tu n’aurais certainement jamais connu l’amour, celui où on reste des heures à regarder le ventre de l’autre se soulever au rythme d’une respiration apaisée. Sans elle, tu n’aurais pas su ce que c’était, d’être père et de donner sa vie pour l’enfant tant aimé. Sans elle… Tu ne serais pas toi. « J’ai du boulot, je… J’peux pas…J’ui désolé Irina.»  Et sur ces derniers mots, sans attendre de réponse et surtout sans lui laisser le temps de te demander "de quoi ?", tu recules et disparais d’un pas vif et agacé. Tu es désolé Ezra, de l’avoir frappé, abandonné. De l’avoir aimer. De l’aimer encore comme autrefois.
Revenir en haut Aller en bas
When I'm wiser and I'm older -

Revenir en haut Aller en bas

When I'm wiser and I'm older

 :: terminés
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Sauter vers: