Cela fait plusieurs jours que la soirée à Eden Manor a eu lieu. Pourtant, j'ai toujours ce même sentiment de terreur au fond de moi. J'ai toujours l'impression que ce cauchemar va ressurgir d'un moment à un autre. Se rendre compte qu'on a arraché pendant quelques instants le contrôle de mon propre corps, annihilant ma volonté pour me faire faire ça... C'est tout simplement effrayant. Régulièrement, la pensée que je puisse à nouveau faire de telles choses me paralyse de peur. Alors, par mesure de sécurité, j'ai choisi de ne pas sortir de chez moi. En restant chez moi, je n'ai pas à m'inquiéter de blesser quelqu'un par inadvertance. Et puis, quand bien même je viens à sortir sans subir une perte de contrôle, qui me dit que je ne subis pas le courroux de ses foutus dieux ? C'est vrai quoi ! Avant tout le bazar de l'Eden Manor, j'en avais déjà un qui me menace de me changer en pâté d'abeilles si je parle de quoique ce soit. Et j'ai pas le moindre doute qu'il sera capable de le faire alors que je voulais simplement l'aider. Alors, avec ce qui s'est passé à l'Eden Manor, d'ici à ce que je me fasse descendre à vue en mettant un pied en-dehors de mon appartement, ce serait crédible. Pour le moment, je m'estime plutôt contente de n'avoir eu qu'un énorme bleu suite à un projectile qu'on m'a lancé et qui m'a fait chuté. Donc c'est décidé, je reste dans cet appartement, ce sera plus sur. Surtout que je peux faire du télétravail : je ne mourrais pas d'inaction. Problème résolu pour payer le loyer. Et pour les légumes, je peux toujours m'arranger de faire pousser moi-même les plantes à partir des graines.
Vraiment rester chez moi ne représente que des avantages. Je ne ferais de mal à personne ET on n'abrègera pas ma vie parce que j'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais fait en temps normal.
En repensant aux évènements de l'autre jour, mon regard se porte sur l'anneau que j'y ai trouvé. Il est toujours sur ma main ou alors, quand il ne l'est pas, il se trouve sur une chaîne en or que je cache sous mes vêtements. Si la logique voudrait que je m'en débarrasse en raison de son lien avec ces évènements qui ont fait disjoncté ma vie, je ne parviens pas à m'en séparer en raison du sentiment de sécurité qu'il procure. Je sais, c'est dingue mais bon. Ma vie l'est déjà suffisamment pour ne pas que je ne m'en formalise davantage. Et puis, qu'est-ce que je risque à le porter ? C'est qu'un bijou, ça ne peut pas me faire de mal, non ? Au pire, si mon instinct est bon, j'aurais un talisman magique pour me protéger.
Soudainement, la sonnette de mon appartement retentit. Des nouveaux tremblements m'agitent alors que je recommence à imaginer le pire. Si je pense à faire comme si je n'étais pas là me traverse l'esprit, je me résous tout de même à aller ouvrir la porte. Seulement de quelques centimètres pour faire bonne mesure et je la refermerai aussi sec au nez de ce quelconque démarcheur. On peut toujours voir quelques mèches blondes et un bout de mes vêtements lorsque je demande :
-C'est qui et pourquoi ?
Pourtant, je ne parviens pas à cacher la peur dans ma voix. Je suis toujours terrorisée à la suite des évènements de l'autre jour.
Une nymphe et un jotun s'en allant... [PV Leif] - Mer 29 Aoû - 0:17
Une nymphe et un jötunn s'en allant...
Sa montre a pris un petit bain et depuis, elle s'est endormie. Au revoir les tic tac, la ronde des aiguilles et la marque de bronzage toute pourrie. En constatant la perte de son amie, Leif est d'abord resté interdit. C'était un modèle importé de Suède (comment ça, les Suédois ne sont pas connus pour leur talent d'horlogers ?)... Après l'avoir déposée au fond d'un tiroir, le jötunn s'octroie un petit déjeuner. Il feuillette un bouquin de méditation qui conseille de ne plus chronométrer son temps pour le vivre pleinement. Ce qui soulève cette grande question...
Quel jour sommes-nous ? Jeudi ? Lundi ? Ou peut-être dimanche... ça fait quatre jours que la fête des Italiens s'est terminée... enfin, qu'il l'a quittée. Avec... Avec... ? Célia ? Cécile ? ...Célestine ! Oh la la, elle était terrifiée. En se remémorant sa peur presque contagieuse, Leif se dit qu'il n'a jamais pédalé aussi vite. A travers tout Arcadia, sans lumière ni casque. Il se souvient que la nymphe habite vers le quartier étudiant... et qu'il lui avait promis de venir lui rendre visite. Pour l'aider ou lui faire voir du paysage. Ni une ni deux, Leif dépose la vaisselle dans l'évier et quitte son petit fief.
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La sonnette sonne parce que c'est son job. Personne ne répond et Leif craint d'avoir toqué à la mauvaise porte. Mais non, un petit visage apparaît. Pas en grande forme mais reconnaissable entre dix. « C'est qui et pourquoi ? » Leif ôte sa casquette beige-kaki explorateur, décide de répondre dans le bon ordre pour une fois. Sa voix est un peu tremblante mais dans le bon sens. Il ne veut pas la presser et encore moins l'intimider. « C'est Leif et c'est pour t'aider à hum... te détendre ? Tu te rappelles ? Du bout de l'index et du majeur, le jötunn pianote sur la porte entrouverte. Si tu es partante, si non c'est pas grave, on pourrait se balader. Il fait très beau et je connais un coin super sympa ! Puis il tapote la lanière de son sac à dos. Je nous ai fait des sandwichs ! » Allez s'te plaît !
Lorsque je reconnais mon chevalier servant de l'autre jour, j'ouvre suffisamment la porte pour qu'il puisse voir qu'il s'agit bien de moi. Cependant, je ne l'invite pas à rentrer et je suis prête à lui claquer violemment la porte au nez si besoin. Puis, lorsqu'il me propose de faire une promenade avec lui, je le regarde avec les yeux ronds. Non mais c'est quoi ce type qui a un fusible en moins ? D'ailleurs, pourquoi je dois me coltiner tous les types qui ont des fusibles en moins d'Arcadia ? Une fois que j'ai analysé sa proposition, je deviens un peu hystérique.
-Non, non, non.
Il n'est pas bien compliqué de comprendre au ton de ma voix que je suis toujours très inquiète suite aux évènements de l'autre jour.
-Je ne peux pas. Je veux dire... Et si je blessais quelqu'un ? Je te jure que je n'ai pas voulu le faire l'autre jour. Si... Si je n'avais pas vu cet homme blessé, je n'aurais jamais été au courant de ce que j'ai fait.
Je crois que c'est l'une des choses les plus terrifiantes que je n'ai jamais vécu. Ne pas savoir ce qu'on a fait pendant quelques instants alors qu'on fait des actes aussi funestes, c'est tout simplement effrayant. Même le fait de ne pas se souvenir de mon accident de voiture n'est pas aussi terrifiant. Et pourtant, j'ai failli perdre la vie au cours de l'évènement.
-Je ne veux pas te blesser. Je ne veux blesser personne.
Ma voix monte légèrement dans les aigus lorsque je finis mon argumentation.
-Et puis, si jamais je perds le contrôle et je commence à t'attaquer, tu pourras pas m'arrêter.
Oui, comment pourras-t-il m'arrêter ? Je ne suis pas une humaine mais une nymphe avec tous ce que cela implique. S'il peut éventuellement facilement m'arrêter sous ma forme d'abeille, je lui souhaite bien du plaisir pour essayer de m'arrêter si je commence à l'étrangler avec une plante.
-Ce sera plus sûr pour tout le monde si je reste ici.
Je préfère évidemment ne pas parler de tout le reste qui m'a déjà traversé l'esprit. Même si c'est la vérité, je n'ai pas envie de passer pour une paranoïaque.
Une fois exposé mon discours, j'ai eu la politesse de ne pas lui claquer la porte au nez. Mais c'est uniquement pour être certaine de le voir partir et me laisser tranquille.
Une nymphe et un jotun s'en allant... [PV Leif] - Sam 29 Sep - 1:13
Une nymphe et un jötunn s'en allant...
Trois fois non. La jeune femme ne veut pas de leur balade. De leur après-midi. De lui. Il hausse les sourcils déjà bien hauts. Non, c'est faux. Elle a peur. Ah, c'est autre chose... Les sourcils se froncent doucement. Il a envie de dire que ça arrive, que c'est pas grave, qu'il comprend... mais son ton transpire l'angoisse. Elle ne s'en remettra pas. Pas tout de suite... Il lui faudra du temps pour tourner la page.
Et elle lui assure qu'elle ne veut pas le mettre en danger, ce qui sonne une drôle d'idée. Elle n'est pas petite mais de là à le mettre à terre ! Dans sa détresse, Célestine a oublié à qui elle a affaire ! Le géant lui offre un petit sourire. « Je comprends ! Mais ce n'est pas la solution. Si tu restes trop longtemps chez toi, tu sentiras comme les vieux livres. » Ce qui n'est pas un mauvais parfum en soi. Il ne veut pas songer à la stopper, l'imaginer comme une arme. C'est tout bonnement inconcevable. C'est comme s'il jouait le rôle du Père Fouettard.
« Ne t'inquiète pas, poursuit-il en poussant légèrement le battant de la porte. Si tu as besoin de te préparer, c'est le moment. En partant dans quinze minutes, on terminerait l'aller vers onze heures... » La randonnée est tout à fait accessible aux petits comme grands marcheurs. Il faut juste veiller à ne pas s'y aventurer en tongs et éviter le soleil de midi.
Et puis... « Je ferai attention à nous, promet-il à mi voix. » Leif fait partie de ces gens qui prennent les serments à coeur. Jamais il ne se défilera. Sauf qu'il n'a jamais été très pragmatique. Il y va par quatre chemins au lieu d'un, se perd parfois mais au fond, tout ce qui compte, c'est d'arriver à destination.
Sa remarque concernant l'odeur des vieux livres me fait plisser les yeux. Ma peur de faire du mal aux autres est soudainement remplacé par une furieuse envie de l'étrangler très doucement avec mes plantes. Certes, l'odeur des livres a une senteur particulière. Mais, vu comment il l'a formulé, je ne peux m'empêcher d'y voir un sous-entendu peu flatteur.
Est-ce qu'il est en train de me dire que je pue à rester renfermée chez moi ?
Si j'ai décidé de vivre en ermite, j'ai pas décidé de cocher en plus la case : "abandonnez tous types d'hygiène" ! Je me lave tous les jours, j'aère mon appartement tous les jours, je vis quasiment littéralement dans une serre où même certains fleuristes seraient jaloux... ET IL OSE SOUS-ENTENDRE QUE JE PUE ? Retenez-moi avant que je l'étrangle.
Sans même entendre ce qu'il ajoute, je lui claque violemment la porte au nez. Il veut que je sorte ? Et bah je vais sortir ! Et si je viens à le tuer dans la manœuvre, je ne plaiderai non coupable. Je l'ai prévenu, il est conscient des risques encourus !
Moins de cinq minutes plus tard, je rouvre la porte entièrement parée pour une randonnée : short de randonneur avec le chapeau assorti et une chemise à carreau. Il veut faire de la randonnée ? Il va être servi ! Et on verra bien qui sent le plus mauvais à la fin de la journée.
Vêtue de mon sac à dos avec une boisson et le premier truc de nourriture de mon frigo que j'ai pu trouvé, je pars déterminée après avoir verrouillée mon chez moi. Le voyant avec un temps de retard, je me retourne vers lui :
-Alors, on y va ?
C'est pas comme si j'avais toute la journée non plus. Quoique, c'est peut-être le cas. Bref. J'avance d'un pas énergique en ajoutant :
-Par où ?
Si Maman Beauchamp était dans les parages, elle m'interpellerait en me disant que je n'ai pas pensé à prendre une carte et une boussole au cas où. Mais ma mère n'étant pas dans les parages, je n'ai donc pas ce au cas où. Et elle me sermonnerait aussi sur le fait que je pense plus que fortement à ce qu'il y ait un "oh zut ! Une racine ! Vous l'aviez pas vu ? Comme c'est dommage qu'elle vous ait fait tomber pile dans la flaque de boue. Oh bah zut alors."
