AccueilAccueil  tumblr  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
FORUM FERME
Le Deal du moment : -34%
-34% LG OLED55B3 – TV OLED 4K 55″ 2023 ...
Voir le deal
919 €

Give me a million reasons

 :: terminés
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Ven 28 Sep - 12:31



Give me a million reasons
CARMEN & ALEJANDRO
Head stuck in a cycle, I look off and I stare
It's like that I've stopped breathing, but completely aware
'Cause you're giving me a million reasons
Give me a million reasons



Dis moi ce que ça fait d’être heureux ? Murmure moi des jolies choses, souffle moi des bonheurs au creux du cou et laisse moi les étreindre ardemment. Moi aussi j’ai envie de sentir ces papillons dans le ventre. Moi aussi j’ai envie d’ouvrir les yeux et de voir sa bouche s’étirer difficilement dans un sourire qui coupe le souffle tant il est un privilège. Moi aussi j’ai envie de me sentir comme un imbécile, les yeux qui se plissent et la gêne de ne pas trop avoir quoi en faire, de ce bonheur. Dis moi ce que ça fait d’être heureux, pour en profiter quelques instants. Ne pas laisser filer ces moments sans avoir pu les embrasser, même si c'est quelques secondes, laisse moi en profiter. Je n'suis pas bête tu sais, je suis conscient que dans ce monde, des moment de joie, ça se compte sur les doigts d’une main. Alors gardons les précieusement au creux de nos coeurs. Acceptons les et chérissons les tant qu’on peut, car tu sais, il en faut peu pour qu’ils disparaissent.

Alors dis moi ce que ça fait d'être heureux, même si ça ne dure que quelques secondes, dis moi, pour que je m'en souvienne.


Il était délicieux ce repas. Y’avait de tout, du salé et du sucré, de la joie et des rires. Et y’avait Carmen, qui se moquait surement de ton humour à deux balles Jan, mais qui rigolait tout de même. T’oublies un peu de manger depuis quelques temps, la faute au dieu qui s’éveille de plus en plus et t’a coupé de toute sensation humaine. Adios la morphine, adios, la faim, la soif et tout ce qui peut te rattacher au monde habituel. Maria te rappelle de manger, la djinn tente par tous les moyens de te nourrir à coups de tacos, de plat de riz et de viande grasse. Car ça se voit, Alejandro, que tu as perdu du poids. Les muscles sont encore là, le torse est bombé et les abdominaux ciselés mais… Pour ceux qui voient ta peau dénudée chaque jour sur le ring, y’a des signes qui ne trompent pas. Flores s’amincit, son dieu lui grignote la panse qu’on murmure. On ne s’inquiète pas trop, on te pense juste fatigué avec la guerre et les tensions dans Arcadia. Au final, y’a que lui pour savoir que son ami, il se meurt à petit feu, dévoré par le divin sans trop savoir comment arrêter le repas. Joaquin a du voir, ton ventre trop plat, tes côtes trop saillantes et tes joues creusées. Joaquin et Alejandro sont devenus trop proches pour que l’un ne remarque pas que l’autre se laisse bouffer le crâne par les crocs acérés du dieu Maya. Et s’il n’y avait que ça… S’il n’y avait que l’hybris qui lentement se décuple. S’il n’y avait pas l’ambroisie cachée et les drogues des Enfant Terribles qui te donnent l’impression d’être surpuissant Jan alors qu’au fond… T’es de plus en plus faible. Mais tu ne le vois pas ça. Personne ne le perçoit. Et si tu pouvais voir l’avenir, tu saurais aussi que dans quelques jours, ton coeur va être broyé par Joaquin et ton âme lacérée par une frontière que tu désires dépassée mais que tu devrais repousser pour garder votre amitié.

L’appartement est parfaitement propre, nettoyé, balayé, presque trop clean. La faute au Maya en toi qui ne supporte pas la saleté. Maria est sortie, tu lui as donné sa soirée. Vous êtes seuls ce soir, jolie Carmen, thaumaturge aux mains salvatrices et au sourire qui fait bourdonner ton coeur depuis quelques temps. Tu sais, Jan, à force, ton myocarde il va exploser. Il vibre déjà trop pour un homme qui a accepté de se laisser doucement aller quelques soirs par semaine. Pour ce frère, cet ami, ce quelque chose. Et y’a Carmen maintenant. Qui te regarde avec une tendresse que t’a jamais connu. Que tu aimes prendre dans tes bras et défaire les noeuds dans sa jolie tignasse. Qui t’aide à contrer la douleur et à ne pas fermer les yeux trop longtemps.

3 fois par semaine avec elle.
3 fois par semaine avec lui.
1 seule jour de repos pour le capitano qui s’y fait trop vite, à ce bonheur qui aura un jour, un goût amer.

Mai ça te suffit Alejandro, pour le moment ça te suffit. Le regard de Joaquin, les sourires de Carmen, les battements de coeur du premier et la tendresse de la seconde. Ça te suffit. Même si au fond, t’en demandes déjà trop.

« J’espère que tu aimes l’eau car… je n’ai que ça comme boisson. » que tu balances, deux verres à la main alors que tu échoues sur le canapé en rigolant. Le shot d’Ambroisie du matin t’a fait du bien et clairement Jan, tu brilles comme une jolie étoile ce soir. Et puis y’a aussi Carmen, qui te fait tellement de bien. T’en as parlé à Joaquin, tu l’as même présenté. Amie et thaumaturge, sans pour autant exposer ce que la jolie Carmen fait pulser en toi. Des idées et des envies, de peut-être et des histoires de famille. Sans lui dire à elle aussi que Joaquin est celui qui te coupe le souffle et te laisse sans voix, quand vous vous dites bonjour et que personne ne peut voir les deux hommes se rapprocher comme jamais ils n’ont osé le faire. « On refait ce restaurant quand tu veux, c’était vraiment trop bon  » Alejandro qui a le ventre rempli et presque rebondi ce soir là. Jan qui a rendu heureux le restaurateur en finissant les restes et en commandant les trois quarts de la carte. Le capitano qui sourit, le coude sur le haut du canapé, la main calée dans la paume, le regard qui pétille face à Carmen.  Jolie Carmen qui ne se doute pas que ces prunelles et ce sourire, ce sont les signatures du monstre de Delray.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Dim 30 Sep - 18:54

Des fois le bonheur nous échappe si longtemps qu'on s'arrange pour ne plus jamais le rater. Et c'est en le cherchant trop loin qu'on l'évite, qu'on le loupe, qu'on marche dessus sans un regard. On devrait se concentrer sur les petites attentions, un rayon de soleil qui vient nous réchauffer en une froide matinée, un sourire gratuit d'un passant qui attise le nôtre. La joie, l'excitation, le fait d'être entouré. Retrouver ses proches, un chat ou un chien, un ami ou son âme-sœur. S'observer sous un œil nouveau, savoir se faire plaisir, savoir se valoriser et se récompenser. Savoir apprécier, savoir se régaler des instants précieux. C'est ça le bonheur. Le bonheur est partout, suffit d'ouvrir les yeux, Alejandro.
Les pas hésitants, suivant les siens décidés mais parfois vacillants. Alors c'est comme ça, au bout de quelques rendez-vous et après-midis passés ensemble, qu'il te ramène chez lui. Comment ça va se passer, si seulement tu étais oracle tu en aurais la moindre idée. L'appréhension te noue la gorge, rend tes enjambées moins graciles qu'à l'ordinaire, tu traînerais presque des pieds. Pourtant, ce n'est pas l'envie de se retrouver seule avec lui qui te manque. Mais la peur de passer le pas qui était bien là, également au rendez-vous. Les signaux étaient plutôt clairs : il te semblait très clairement attiré. Se mouiller les lèvres, en se frottant la nuque tout en gonflant son biceps te paraissait clairement significatif d'un genre de drague ténu mais présent. Tu n'avais pas à te dégonfler, pas maintenant. Pas devant le château dans lequel Alejandro t'emmène. Il ne remarque pas ta bouche former un rond, t'étonnant du luxe de l'endroit. C'est beau, c'est grand, rien à voir avec la vétusté dans laquelle tu vis depuis quelques mois. L'endroit te transporte dans une transe fascinée. L'étalage de richesse est simple mais on le sent présent. Il est sommaire, comme le serait le latino pour quelqu'un qui le croiserait dans la rue sans s'y attarder. Sauf que tu n'es plus cette inconnue dans la rue. Ta perception le concernant est plus affinée que jamais pour l'avoir côtoyé plus que régulièrement ces derniers temps. Et ce n'est pas sans t'être rendue compte de deux choses : la première, tes sentiments à son encontre gonflaient et la deuxième, moins réjouissante, il n'allait pas bien. Ce n'est pas son visage creusé ou son teint pâle qui te l'affirmaient, mais bien des contacts discrets et récurrents. Quand il t'avait tendu un cornet de glace au chocolat dont tu t'étais saisis en effleurant ses doigts fins, lorsque tu lui avais frôlé la nuque en un geste anodin, quand tu avais fugacement frôlé ses doigts dans les rues de Delray. Ton être, tout tourné vers lui, poussait ton don à se manifester en sa présence et les contacts n'étaient pas devenus moins douloureux mais plus incisifs. Comme si tu le percevais mieux, comme si votre proximité t'aidait à mieux le cerner. A mieux délimiter ses zones d'ombres, à mieux suivre l'évolution de la maladie. Avec de la pratique, tu avais réussi à dissimuler ton trouble lorsque ta 'magie' s'imposait à toi. Tu avais même pu la réveiller pour commencer à la dompter. Pas à pas, petit à petit, tu progresses.

Alors tu le suis, l'épaules sans qu'il ne puisse s'en rendre compte, en distillant un peu de bien-être pour palier son état qui s'annonce catastrophique. Tu n'es pas oracle, mais malheureusement , ça tu peux le prédire. Parfois, tu en pleures, seule chez toi. De savoir que vos escapades ne seront plus rien si aucun remède n'est trouvé. Une fin aléatoire, vengeresse, injuste. Une fin salope. Une fin dont tu ne souhaites pas pour cet homme. Pas pour lui. Alors tu sèches tes larmes, tu te secoues, tu reprends tes lectures et tu te tourmentes de trouver une solution. Les journées sont longues, les services au Kahuna encore plus. Persuadée de pouvoir l'aider, tu avais souhaité pousser Alejandro à garder la foi. Mais elle commençait à te déserter toi-même. Tu pleurais de ne pouvoir continuer à vivre ces quelques moments d'allégresse à ses côtés, mais tu chialais de ne pouvoir tenir une promesse que tu t'étais faite à toi-même.

Assise sur le canapé qui semble neuf, le verre d'eau proposé par ton gentleman de la soirée dans la main, tu lâches un sourire heureux. " Je pourrais de toute façon rien boire d'autre si je ne veux pas tout rendre ce que j'ai avalé ce soir. " Une gorgée fraîche pour rincer tes appréhensions et tes doutes. Ce soir, il est temps de se lancer. Tu regretterais de ne pas le faire alors que la situation y est pourtant propice. Il a toujours sa crinière noire, son sourire malicieux, ses pupilles brillantes. Sa façade qui te dit 'oui, tout va bien' alors que tu sais qu'il n'en est rien. Tu le sens à l'instant, alors qu'il saisit tes doigts, devant sûrement oublier que ce genre de lien est plus torsadé que ce qu'il ne croit. A chaque fois, tu le laisses te prendre un peu de tes forces, de tes moyens, de ta passion qui attise ton propre feu intérieur. Même s'il en ponctionnait toute la vitalité, il pourrait le rallumer d'un de ses sourires ravageurs dont il a le secret. " Sincèrement, je crois que te voir manger pour quarante-huit personnes m'a coupé l'appétit pour une semaine. ", glisses-tu d'un rire léger. Sa présence répare tellement de parties de toi, que tu croyais définitivement foutues. A croire que c'est lui, le thaumaturge, et non toi.  " Tu habites tout seul, ici, Alejandro ? Parce que c'est immense. " Préparer le terrain. Pas que tu crois qu'une femme se cache entre ces murs, armée d'un patronyme Flores, mais plutôt pour savoir si tu peux lui sauter dessus maintenant ou si mal en patience doit être pris.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Mer 3 Oct - 7:55



Give me a million reasons
CARMEN & ALEJANDRO
Head stuck in a cycle, I look off and I stare
It's like that I've stopped breathing, but completely aware
'Cause you're giving me a million reasons
Give me a million reasons



La remarque de Carmen sur ta façon de te nourrir, ou l’art de combler la fierté des restaurateurs en mal de clients d’Arcadia, te fait sourire. Un peu d’amertume et de malaise sur le visage, tant cet hybris devient un réel problème pour toi, ne pouvant contrôler ce dieu qui, littéralement, te dévore l’estomac. Oublier de manger, c’est sentir les crocs se refermer sur ta propre panse, c’est avoir l’impression de perdre kilos sur kilos sans rien pouvoir arrêter, c’est ressembler de jour en jour un peu plus aux images des livres qui représentent Ah Puch. C’est perdre lentement ton humanité. Ton corps est ton arme Alejandro, tu as confectionné chaque muscle comme un orfèvre ses bijoux, ciselant la peau, gonflant les abdominaux. Flores qui était chétif enfant, n’a plus rien du maigrelet qu’on s’amusait à choper par la taille pour le faire valdinguer dans l’air. On n’ose plus l’attraper par les hanches, on ne veut plus toucher au corps d’Alejandro qui pulse sous la puissance d’un dieu qui en demande toujours trop. Toujours fin Jan, toujours mince mais avec une carrure qui impressionne quand l’adrénaline s’éveille et transforme le corps en une carcasse animale. Le petit chat de Delray devient un jaguar tout en muscle et en force quand la guerre s’éveille. Alors perdre du poids et se sentir bouffer de l’intérieur, c’est une humiliation divine, l’impression de devoir inlassablement recommencer le travail mis en place depuis 30ans. L’impression de se faire insulter par son propre dieu, qui préfère la maigreur maladive à une silhouette sportive. C’est accepté de tomber dans la Mort alors qu’en ce moment, Jan, tu veux t’accrocher à la vie.
« J’ai du mal à… me contrôler face à de la nourritur.e » que tu murmure envers Carmen, cet inlassable sourire gamin accroché au visage. Elle ne sait pas que ce trait chez toi est un symbole de ton dieu et de ta maladie, une véritable tare que tu aimerais ne plus avoir. Mais si ça la fait rire, c’est le principal. Carmen n’a pas à avoir peur de cette faim grotesque, tu n’es pas cannibale.

Son petit rire dans le silence de l’appartement est adorable, il te rappelle un peu celui de Maria quand tu lui racontes des blagues. Au fond, elles sont souvent très nulles mais ta djinn ne pouvant que t’obéir, t’as qu’à lui demander de rire, qu’elle éclate de joie. Et clairement, ça fait du bien à la fierté de se sentir un peu plus important que tu ne l'es déjà. La question de Carmen te fait arquer un sourcil. Immense, non. Grand oui, mais la maison accueillait autrefois une famille, c’est normal qu’elle ne fasse pas la taille d’une des cavernes des lilliputiens d’An Riocht. « Si. » que tu lui réponds, apparition furtive de l’espagnol au creux des lèvres avant de répondre rapidement. « Ma cousine dort souvent ici »  Maria est  autant ta cousine que Joaquin ton frère. Parfois, Jan, tu te fais prendre à ton propre piège. «  Mais sinon… C’est chez moi. J’y suis bien. »   Comprendre, ta maison, ton héritage, ta propriété qui finira aux mains de la Calavera quand tu finiras par clamser. Et oui, tu y vis bien même si en ce moment, c’est plus chez un autre que tu termines la soirée, pour sentir ton coeur vibrer un peu plus fort et ton sourire, briller un peu plus longtemps.  « Tu aimes ? »  Que tu demandes à Carmen, les yeux plissés, curieux de savoir si la maison, la décoration, la simplicité lui plait. « … Enfin.. C’est tout simple mais…J’veux dire, tu t’y sens bien ? »  et les doigts qui tapotent sur le rebord du canapé, pas très loin de l’épaule de Carmen. Naïveté qui te perdra Alejandro, de ne pas te rendre compte que dans tes mots, ça pue la proposition cachée alors qu’au fond, tu veux simplement savoir si la jolie cubaine s’y sent assez bien pour s’imaginer rester plus d’une soirée. Car la thaumaturge a vrillé un peu plus que prévu dans ton myocarde et que tu t’imagines bien, un jour, lui demander d’habiter ici, se parer du patronyme qui est le tien et continuer de rire à tes blagues. Toujours trop rapide Alejandro, toujours trop passionné, les idées qui fourmillent dans le crâne avec un minuteur qui te somme de te dépêcher. Sauf que, Jan, tu vis dans ce quartier depuis tellement d’années que tu oublies parfois, qu’il n’y a pas le mot « homosexuel » écrit sur ton visage. Et que chaque geste, chaque oeillade, chaque promesse, suinte la séduction alors que tu ne fais qu’être toi. Qu'être le Flores qui crame toujours tout autour de lui, sans être capable d’éteindre l’incendie.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Mer 3 Oct - 15:14

Et parfois, le bonheur est traître. Il rend aveugle, s’évertue à nous pousser dans une voie qui ne nous a pas été destinée. Nous accule et nous met au pied de la lettre, là où seuls les choix sur le vif sont possibles. Irréel de penser pouvoir réfléchir, la seule option est de réagir. Et souvent, nos réactions sont les bonnes. Et quelques fois non. Et le mur s'écrase sur notre face en un douloureux craquement, laissant des séquelles pour des mois.
L'entendre parler dans votre langue maternelle te fait du bien. Son accent ne rappelant en rien le tien, pourtant liés par des consonances qui ne changeront jamais. Sa présence chaude te détend, chassant tes appréhensions. Tu envies le latino d'être autant entouré. Bien qu'avoir rencontré son 'frère' avait été plus froid que ce que tu pensais, tu souris à l'évocation de sa cousine. Il est vrai que tu ne sais rien de lui, de ses passe-temps à part retrouver des chats et s'empiffrer, de son métier, de ses fréquentations. Tu ne te demandes même pas s'il a quelqu'un d'autre dans sa vie tellement la conviction que tu lui plais est profondément ancrée en toi. Toi qui avais dû laisser ta famille derrière, tu rêvais de pouvoir retourner à Cuba pour les serrer dans tes bras. En plus de dix ans, tu n'avais pas échangé guère plus que quelques textos, des appels et parfois des lettres avec tes parents. La culpabilité t'agite, rend ton cœur plus fragile lors d'un instant fugace et repart comme elle était venue. Un jour tu y reviendrais pour y passer quelques semaines, retrouvant tes amis d'enfance et renouant avec le passé. En mal de liquidités, il te faudrait probablement plus de trois mois pour réunir assez d'argent afin d'y retourner. Sans parler de tous les événements qui secouaient la ville, que tu jugeais être provoqués par les divins au corps à corps avec des mafias. De suppositions en suppositions, tu en avais eu tellement mal au crâne que ton seul but à présent était de pouvoir retrouver d'autres prophètes et d'en apprendre plus sur ces dons. Et bien sûr, mission prioritaire et plus importante : trouver un moyen de retarder la maladie qui rongeait l'homme qui se tenait dans le canapé, à pas un mètre de toi. Tu ne doutes pas un instant de ses intentions mais redoutes les tiennes. Et s'il te repoussait ? Et si cela n'était pas parfait. Et avec des si on pourrait mettre tout le malheur qui suppurait dans les rues de cette ville gangrénée dans une bouteille. Dont tu te chargerais de mettre le feu toi-même et de la balancer à la flotte pour qu'elle se fasse engloutir par le fond.

Tes yeux se baladent sur les boiseries, le mobilier pratique et tu notes ne pas découvrir un seul centimètre carré de poussière. Tout est propre, comme neuf. Ça pourrait donner un côté impersonnel, pourtant quelques détails te font bien penser à Alejandro. Lui seul suffit à te mettre à l'aise, alors si tu aimes cet endroit ? " Beaucoup, oui. C'est joli. " A vrai dire, ne pas t'asseoir sur ton canapé moutarde à la housse éventrée ne te dérange pas. Chez toi, il y a des photos, des cartes postales, de la vaisselle, de la poussière sur quelques étagères dont tu devrais te motiver un peu pour les trier, les poils que Picho laisse sur son passage, des livres empilés sur un rebord de fenêtre. Un appartement d'une femme célibataire en instance de divorce, en fait. Du rhum brun et des bouteilles de rouge dans un placard et un chat noir pour toute compagnie. Être avec Alejandro c'est comme si tout était mis en pause, comme si les dix dernières années, la bague au doigt, faisaient partie d'un background foiré mais distant. Assez loin pour ne pas en distinguer les souffrances et les trahisons. Mais, dès qu'il tournait le dos et s'en allait, tout te retombait dessus avec un poids démultiplié par deux. Tes fines épaules demandant grâce, tu essayais de voir le latino au regard noir le plus de fois possible par semaine. C'en était presque navrant, cette peur d'être seule, face aux vestiges de ton passé. " J'ai vu les toilettes, avant. Je.. Je peux y aller ? " Ses doigts s'étaient approchés de ton épaule dénudée, faisant ressortir un désir trop mal contenu. Tu ne savais pas s'il jouait ou s'il ne faisait pas attention, ce dont tu étais certaine était que s'il t'avait emmené chez lui si tard le soir c'était pour une raison. Sans vraiment attendre son approbation - il ne dirait pas non de toute façon -, tu t'empresses de te lever et de te rendre dans la salle-de-bains un peu plus loin. Fermant la porte doucement derrière toi, tu plantes ton regard dans ton reflet dans le miroir. Si tu avais pu prendre ton sac à main, tu te serrais empressée de remettre en place ton maquillage discret. Tes pensées te rattrapent : était-il timide pour ne pas oser faire le premier pas ? Était-ce un test ? Alejandro était quelqu'un à qui il fallait quand même prouver beaucoup de choses, tu l'avais senti. Il n'était pas facile à convaincre ni homme à donner sa confiance facilement. Apprécierait-il si tu relevais le défi que tu croyais qu'il te tendait ? Les deux mains rivées au lavabo, tu souffles un instant en craignant rencontrer son regard interloqué quand tu retournerais au salon. A part une envie pressante, rien ne justifiait ta course rapide jusqu'aux WC. Et pour être invitée une première fois, tu ne pourrais pas assumer le fait qu'il croie que tu sois déjà bien trop à l'aise chez lui. Un murmure adressé à la fille dans la glace, qui te regarde avec un sourire amusé. " Ridicule, t'es ridicule. "

Le temps est écoulé, si tu n'as pas envie qu'il te pense en train de poser une pêche. Tu rigoles bêtement à cette idée, te demandant ce qui cloche chez toi. Tu connais la réponse : Alejandro éloigne les problèmes, mais il ajoute aussi un peu d'un on-ne-sait-quoi qui te rend différente. Moins coincée, moins froide. Plus souriante, plus insouciante. Cette réalité fait sourire ton reflet, t'insuffle un courage insoupçonné pour sortir de ces toilettes hors-normes. Ce genre d'élan qui vous porte quand vous écoutez September de Earth, Wild & Free, qui vous donne envie d'utiliser un peignoir pour une robe digne des tapis rouges et la serpillère pour un micro des Grammy Awards. Ce besoin de remuer les hanches et ce sentiment de pouvoir conquérir la terre, les joues qui font mal tellement le sourire est grand. Dans ton empressement de rejoindre le latino aux cheveux sombres comme la nuit, tu claques la porte de la salle-de-bain. " Oh excuse-moi. C'était.. Alejandro, je dois te dire quelque chose. " L'air crispé mais résolu, tu t'agenouilles sur le canapé à sa droite. Et, au lieu d'essayer de faire sortir des mots de ta bouche que tu sais ne pouvoir formuler sans devenir ridicule, tu préfères lui montrer. Lui transmettre ce qu'il éveille en toi depuis maintenant des semaines. Et ça peut paraître prématuré, ça peut être sur un coup de tête, mais tu as l'impression de tellement le connaître que c'est comme si c'était jouer une partie dont tu savais déjà le dénouement. Oh Carmen, oui sur le coup tu es ridicule. Tu te penches en avant, effleurant de tes doigts le bras de ton hôte, cherchant à trouver quelque chose à quoi s'accrocher. A quoi s’arrimer, puisqu'une tempête approche. Une main sur son avant-bras, une autre qui vient chercher la base de sa nuque alors que tu soudes ton regard embrumé au sien. Ses yeux ressemblent à deux lacs en pleine nuit sans lune, ils sont noirs et insondables. Sans plus attendre tu t’y plonges, fermant les paupières et poussant doucement tes lèvres contre les siennes, chaudes et charnues. Ton désir t'écrase, t'embrase et te procure un sentiment d'extase qui en est presque douloureux. Tes doigts se crispent sur sa nuque, ton autre main vient rallier la seconde et s'échouer sur le dos d'Alejandro. L’ardeur te grille les entrailles, tu te demandes depuis combien de temps votre étreinte dure. Ta langue ose même venir toucher de son bout la lippe inférieure du latino. Si étroitement liés que tu sens ton corps fusionner avec le sien, ton énergie venir ragaillardir l’homme que tu as entre les bras, en bonne thaumaturge que tu es. Tu profites de laisser couler un peu plus de ta force, sachant que tu ne t’effondrerais pas cette fois. Et c’est quand tu n’as plus de souffle que tu te décides à battre en retraite et affronter le regard de celui pour qui ton cœur bat si rapidement. Tu avais pu sentir pendant quelques secondes le sien taper contre ta poitrine et il te manquait déjà.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Mer 3 Oct - 19:48



Give me a million reasons
CARMEN & ALEJANDRO
Head stuck in a cycle, I look off and I stare
It's like that I've stopped breathing, but completely aware
'Cause you're giving me a million reasons
Give me a million reasons



C’est joli. Tu aimes ça, Jan, qu’on te fasse des compliments, sur toi, sur ta maison, ta gueule d’enfant, ton dernier combat, ton nouveau tatouage ou ton nouveau coquard. Tu aimes qu’on parle de ta petite personne, ça te donnerait presque l’impression de pouvoir exister même sans être là. À travers les souvenirs et les mots, juste ton prénom et ce qu’on disait de toi. Les sourcils se froncent quand Carmen demande à aller aux toilettes - elle n’a pourtant ni trop bu ni trop mangé que tu penses naïvement Alejandro - mais tu la laisses disparaitre, te retrouvant tout seul avec les verres d’eau et le silence de ta maison. Le portable est attrapé  instinctivement, les doigts qui crépitent sur le clavier rapidement.

« Tu penses être chez toi pour minuit ? »

Le sms part, la lippe est mordillée et le sourire a du mal a ne pas se dévoiler. L’envie de l’aguicher par écrit est là, dans le crâne, faisant crépiter le bas ventre, échauffant le coeur qui ne demande que ça. Car c’est amusant, de séduire un homme après des années à l’aimer. D’y aller lentement, de progresser, d’agir réellement alors que pendant longtemps, tu étais statique Alejandro, bloqué dans un carcan que tu ne pensais jamais pouvoir exploser. Les règles sont bien ancrées dans ton crâne, que ça n’ait aucun impact sur la Calavera, que ça ne se voit pas, qu’il n’y est que vous deux dans la danse. Et ça te va Jan, tant que lors de ces trois soirées, vous êtes ensembles, à vous approcher sans qu’aucune mafia et qu’aucune guerre n’entre en jeu. À part celle qui bombarde vos myocardes et échauffe vos dieux.

Carmen qui réapparait, le visage un peu rougi alors qu’elle s’excuse sans que tu puisses comprendre pourquoi. L’envie de lui demander si elle a cassé quelque chose dans la salle de bain te taraude l’esprit mais déjà la thaumaturge se rassoit avec un air plus grave qui te met un peu mal à l’aise Alejandro. Lui dire quelque chose ? Le capitano qui arque un sourcil, l’air agacé de ne rien comprendre de ce qu’elle veut dire. Elle sait pour la Calavera ? A compris ? Ou alors c’est autre chose ? Elle fait parti du Royaume ? Elle ne sent pas la vodka, ton cerveau élimine directement les Bratvaboys. Et alors que tu es prêts à lui balancer un " mais quoi ?! " presque brutal, y’a sa main qui palpite sur ton avant-bras, tes prunelles suivent le mouvement puis à nouveau, tu la regardes. Cerveau éteint qui s’allume, un peu, qui ne comprend pas. Et sa paume qui crépite jusqu’à la nuque, qui fait trembler le capitano tant cette zone est érogène et interdite. Les cicatrices béantes encore sensibles sous les doigts de Carmen qui ne te lâche pas des yeux et te perd encore plus Alejandro. Qu’est ce qui lui prend que tu penses Jan, l’envie de reculer immédiatement car on ne touche pas Flores sans son accord, on ne caresse pas son cou alors qu’il appartient a une seule et unique personne, on ne…

La bouche qui s’écrase sur tes lèvres.
Un contact que tu connais et qui pourtant, t’es totalement inconnu.
Ça manque de force, de barbe mal rasée, de la saveur du whisky.
Ça manque de puissance dans les mains, de paume écrasante, de souffle rauque et d’espagnol murmuré.
Ça manque de ce que tu connais Jan, car jamais tu n’as embrassé de femme.

Et la langue de Carmen qui effleure tes lèvres restées closes sans trop savoir comment réagir. Les yeux qui se ferment malgré tout, les sourcil froncés, le corps qui tremble sous les doigt papillonnant sur les cicatrices. Et ne pas savoir comment réagir. Accepter mais ne pas savoir comment agir. Et elle recule un peu Carmen alors que toi, Jan, tu restes inlassablement immobile, les prunelles abyssales dardées dans les siennes et les phalanges qui blanchissent sous tes poings serrés.
C’est le silence qui prend place dans l’appartement alors que le souffle est un peu court, saccadé, par la panique qui ébranle  le coeur du second de la Calavera.  Depuis quand… As-tu lancé des signaux Jan ? N’a-t-elle pas entendu les rumeurs Carmen ? Que Flores est aussi gay que le soleil est brûlant ? Ou alors, Delray se tait depuis que tu as ouvert en deux ton dernier amant ? Et le goût de la bouche de la thaumaturge encore sur la tienne et l’impression de voguer dans une étrange sensation de bien-être. Car elle t’a soigné en même temp qu’elle t’a paumé Carmen. Elle a usé de son don quand sa poitrine s’est écrasée contre ton torse, que sa langue a…. Jan qui secoue un peu la tête, légèrement, tic du gosse qui doit prendre une décision mais qui a envie de la noyer dessus pour ne pas avoir à le faire.

« Fais ce que tu veux de ton cul Alejandro, mais tu auras un héritier. Tu te marieras et tu auras un enfant, point barre»

Le capitano dont l’esprit se trouve noyé sous les souvenirs et les promesses faites. Adolescent qui n’avait d’yeux que pour les muscles bandés sous la rage, les pectoraux broyés sous les poings et les cambrures marbrées d’hématomes. Adulte qui ne rêvait que de ça, vibrait uniquement pour ça et jouissait uniquement de ça. Homme qui aime les hommes et… non. Homme qui n’en aime qu’un. Héritier qui choisit d’essayer, quitte à étouffer la honte qu’il ressent envers lui et le mépris contre une famille qui lui a réellement tout pris.

Ton visage qui s’avance Alejandro alors que les mains restent inexorablement sur le canapé, incapables d’apporter plus que ce que tu vas donner. Tes lèvres qui accrochent celles de Carmen, curieuses sans trop s’aventurer. Y’a le Dieu et l’homme en toi qui ne savent pas trop sur quel pied danser, animés par l’intérêt de la nouveauté et l’impression de trahir leur commandante.  Et l’esprit qui imagine que cette bouche n’appartient pas à Carmen mais à quelqu’un d’autre alors que la langue s’immisce au creux de ses lèvres timidement. La honte qui frappe dans le coeur, de mentir à la thaumaturge, à cette amie , à cette femme pour qui tu as du respect et des sentiments que tu pensais partagés (mais pas de cette façon). La honte de se mettre à genoux et de réfuter ce à quoi tu crois Jan, pour la volonté d’une famille qui ne peut imaginer disparaitre parce que le petit dernier n’avait d’yeux que pour des lèvres charnues et des courbes anguleuses. La honte d’essayer, d’être curieux, de vouloir comprendre ce que ça fait, de toucher à un corps qui n’a jamais eu ta préférence. Et la honte bouillante, de trahir des sentiments qui échauffent le coeur depuis tant d’années et qui peinent à être acceptés par le seul à pouvoir les embraser.

C’est tout ça qui te fait reculer Jan. Ainsi que le visage de Joaquin qui s’immisce dans ton crâne, suivi des prunelles de Carmen qui, quand elle comprendra, te détestera alors qu’elle, elle ne t'a jamais menti. Elle t’a donné de sa vie, pour que la tienne ne soit pas entièrement en charpie.

« Je… »

Le visage reculé, le souffle un peu court et le malaise tangible dans la voix du capitano. On fait quoi quand on se rend compte qu’on a mis un pied dans un foutu merdier et qu’on sait qu’on ne peut pas en sortir sans perdre l’autre ?

« …Je ne sais pas quoi dire. »

On dit la vérité. La seule de la soirée.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Jeu 4 Oct - 11:02

Le silence est d'or, mais lorsqu'il dure tu penses t'enfuir en courant devant l'absence de réaction d'Alejandro. Tu te concentres sur ses cheveux noirs, dans lesquels tu aurais voulu profiter d'enfin pouvoir y passer les doigts. Ou les muscles déliés de ses bras, sa posture crispée et les signaux contradictoires qui emplissent l'air. La maison du latino est brusquement plus froide qu'avant, moins accueillante et tu perds un peu de ton propre éclat. Toute ta superbe s'en va en même temps que tes espoirs. C'est étrange comme tout va et tout vient. Tu t'étais peut-être trompée, tu n'avais pas bien lu ce qu'il te renvoyait comme impressions, ce qu'il éveillait chez toi n'étaient en rien des sentiments partagés ? Tu avais souris en quittant ses lèvres pour refréner tes envies et reprendre un peu d'air. A présent, ta face se composait d'un froncement de sourcils et d'un rictus contrit. Tu t'étais humecté les lèvres, plus par nervosité que pour goûter un peu plus le goût de votre baiser. Tu étais certaine d'avoir transmis suffisamment d'émotions lorsque tu avais accroché son regard, pensant y voir un semblant d'approbation tu t'étais doucement penchée sur sa bouche pour sceller quelque chose que tu souhaitais faire depuis des jours - voire quelques semaines. Ton sac n'était pas très loin, tu pouvais tendre le bras pour t'en saisir et courir jusqu'à la grande porte. Retrouver le chemin pour ton appartement dans Delray ne serait pas compliqué, tu avais fait pire comme trajet. Rassemblant les dernières miettes de courage qui subsistent après ton échec cuisant, tu es retenue par la vision des yeux sombres se plongeant dans ton regard, avant que ta bouche soit de nouveau prise entre deux feux. D'abord surprise, avec une furieuse envie de crier victoire et de secouer le latino pour lui dire que c'est pas trop tôt, j'ai failli attendre, tu oses pleinement accueillir le retour que tu attendais sans plus trop espérer. Les secondes t'avaient paru bien longues, pourtant le baiser en valait largement la peine. Le point de non retour passé, tu te laisses doucement mener au rythme de ton partenaire, patiente. Un énorme sourire plaqué sur le visage alors que tu laisses imploser ce brasier qui commençait à te dévorer de l'intérieur. Cet échange est plus timide, moins passionné, mais il te convient. Alejandro sent, comme à son habitude, bon. D'aussi loin que tu te souviennes, du soir de votre rencontre, il a toujours senti pareil. Cette odeur devenue familière que tu peux inspirer pleinement maintenant, sans avoir peur d'être prise sur le fait. Sans que cela ne paraisse incongru.

Tu baignes un instant dans la quiétude, l'affection et la douceur. Malgré sa barbe de trois jours qui fait tout son charme, cet échange te semble si douceâtre que tu as l'impression de flotter. Ou de rêver. Et si cet amour naissant n'existait uniquement dans tes songes, tu aurais préféré que l'on ne te réveille pas. Mais un moment, il faut bien redescendre sur terre. Les yeux papillonnent, l'esprit se remet doucement de son voyage vers un pays qui semblait merveilleux. L'atterrissage n'est pas aussi brutal, Alejandro y veille. Pourtant, lorsque tu connaîtras la source de sa confusion, tout deviendra clair et plus cruel que jamais. Mais, pour l'instant, tu attends. Le don thaumaturgique semble faire effet, il comble un peu son visage émacié, assombrit son teint qui était devenu anormalement clair. Mais c'est temporaire, tout comme la réjouissance qui t'habite à présent. " Je... Je ne sais pas quoi dire. " Et tes yeux s'écarquillent devant ses mots. Ces mots-là qui te transportent à une soirée que tu aurais préféré rester enfouie dans les méandres de tes souvenirs douloureux. Une soirée qui est la raison de ton départ de Floride pour Arcadia.

Un verre de rhum brun à la main, une cigarette dans l'autre, le salon baigne dans la fumée et une playlist Youtube partie du titre Broken Hearted Girl de la plantureuse Beyoncé qui vous berce d'une douce souffrance et d'un brin de rébellion. Un morceau inspirant et totalement cliché que tu peines à croire l'écouter alors que tu as trente-quatre ans cette année. Deux points en commun que tu as avec Queen B : les cheveux bruns et un mariage dans l'abîme à cause d'un mari volage. A cette pensée, une larme dévale de tes cils à ta joue pour s'écraser au sol et tu ouvres la bouche pour chanter plus fort, le refrain, en chœur avec Honey Bee. Une inspiration directement prise au filtre, une grosse gorgée du liquide ambré, et tu tournoies encore un peu au milieu de la pièce pour finalement aller t'écraser sur le divan, expulsant la fumée de tes poumons. La trahison te fait ployer, le cœur et les rêves d'avenir brisés à l’image de la si jolie vaisselle en porcelaine étalée au sol en mille éclats, que sa mère vous avait offert Noël passé. Tu t’es même entaillé le pied avec un morceau, mais plutôt que laisser faire tes mains réparatrices, tu profites de la plaie pour égayer la pièce et le tapis d’Orient de taches sombres, que tu sais si difficile à nettoyer. " I don't want a broken heart, I don't want to play the broken-hearted girl.. no.. no." Les quelques dernières paroles murmurées, étranglées d’un sanglot trop gros pour ta poitrine. Le mascara coule, ravage ton teint faussement parfait. Youtube continue dans ses chansons mélodrames avec un Because of you si bien choisi. Tu te relèves, décidée à remplir une énième fois le verre favori de celui qui t’a juré de rester à tes côtés devant l’autel. Lourd, en cristal et facile à lui lancer dessus, dès qu’il aura passé le pas de la porte. Le liquide salvateur, te rappelant tes origines, se déverse de la bouteille au verre, du verre à ta gorge. Des feux de voitures éclairent brièvement la pièce, ton ‘homme’ est rentré de son escapade nocturne. La porte s’ouvre, la musique s’arrête, il entre furibond, sûrement à cause de l’odeur de la cigarette, ses pas crissant sur les vestiges de la vaisselle. Il te saisit le poignet, ne remarque pas tout de suite tes larmes, te retire la clope du bec en te demandant ce qu’il te prend. Les pleurs remplacés par un rire jaune, cruel et cynique. C’est la seule réponse que tu donnes à sa question idiote. Tu te défais brusquement de sa poigne, son air contrarié te forçant à rigoler plus fort. A t’en enflammer la gorge, que tu rafraîchis d’une rasade de rhum brun, finie en cul sec. Ta robe crème ample virevolte à tes pas, te donnant connement l’impression de voler. Ne pouvant tenir plus longtemps ta langue, tu lui avoues avec hargne que tu sais tout. Que son infidélité te déçoit, te ramène plus bas que terre et que si au début tu avais eu de la peine à y croire, les preuves, incontestables, t’étaient parvenues cet après-midi même et que tu t’en étais fait une raison. Tu lui dis aussi qu’ils n’ont qu’à brûler, lui et sa petite pute. Un discours plein de ressentiments, débordant de rage et de douleur, ponctué par des insultes venant tout droit de La Havane. Tu mens en disant que tu t’y étais fait. Tu attends des explications. Il a perdu son air courroucé, tes paroles mettant à nu le lâche qu’il est. Presque dix ans de mariage troqué contre des fesses plus fermes, des cuisses plus ouvertes. Lâche, puta de lâche. Sa bouche s’ouvre enfin pour en laisser filtrer quelques mots. " Je ne sais pas quoi dire. " Et c’en est trop, tes derniers espoirs s'effondrent, te faisant perdre toute raison. Tu n’as pas encore fait tes valises, mais, tout en lançant le verre de cristal à ses pieds pour le faire exploser en morceaux, tu t’envoles vers les escaliers pour faire tes bagages. La bague toujours à l’annulaire, tu penses qu’il est encore trop tôt pour l’ôter. Tu quittes ta grande demeure de princesse, ton rêve américain et tu dégages de l’État, tes bagages sous les bras.

Le retour à la réalité est bénéfique, salutaire. Rien que d’y repenser, à cette soirée-là, tes dents se serrent et les poings se crispent. Tu désespères tomber un jour sur un homme qui aura d’autres mots à la bouche. Ta rancœur menace de prendre le dessus, une déception qui peine à être dissimulée déborde par ton regard. Pourquoi la vie donnait et reprenait ? Les gens jouaient, plaçant leurs proches comme des pions et leurs désirs comme objectifs. Sans prendre gare aux conséquences cataclysmiques que cela aurait sur les autres. Les épaules s’affaissent, le dos également, laissant transparaître ta contrariété. Tu fixes un instant tes mains, tellement fragile alors que les souvenirs t’assaillent et te tourmentent. Le passé n’est pas différent du présent et semble pourrir ton futur. Tu oses demander, sans croiser le regard sombre d’Alejandro : " Tu pourrais peut-être me dire si je me suis trompée ? Ou peut-être que tu es déjà pris.. " La phrase terminée en confrontant ses yeux, une nette pointe d’hostilité dans la voix. Toi qui avais vécu comme étant la femme cocue, tu ne souhaitais infliger ce malheur à aucune autre. " C’est ça hein ? Tu es avec une autre femme. " La paranoïa qui t’avait suivi jusqu’à Delray Hollow mais que tu avais réussi à repousser te frappe de plein fouet. " Réponds-moi, tout de suite, Alejandro. " Et dans ta tête, les paroles d’un des couplets de la célèbre chanteuse te reviennent en tête.
Don't wanna take a breath without you, baby
I don't want to play that part
Et si tu n’étais pas si désemparée, tu en rigolerais tellement la situation est tragique. Les dents enfoncées dans les joues, le seul rempart qui retient tes larmes au creux de ta poitrine, attendant sagement la sentence, prête à entendre le pire. Les jambes en tailleur, toujours aussi proche de lui mais pourtant si loin, l’air est lourd. Non plus chargé de désir, mais d'amertume et de non-dits.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Jeu 4 Oct - 14:03



Give me a million reasons
CARMEN & ALEJANDRO
Head stuck in a cycle, I look off and I stare
It's like that I've stopped breathing, but completely aware
'Cause you're giving me a million reasons
Give me a million reasons



Et tu restes stoïque Alejandro, incapable d’en dire plus, de mettre des mots, d’expliquer, car même toi, tu ne sais pas. Ce qui chahute dans ton coeur, ce qui broie ton ventre, ce qui explose dans ton crâne. Tu sais pas Jan car on t’a appris que l’amour n’existe pas. Qu’il est là pour créer des alliances, pour que l’héritage subsiste, qu’il ne doit jamais faire mal sauf dans les autres myocardes. On t’a hurlé à la gueule qu’aimer c’est perdre, qu’aimer, c’est tomber, qu’aimer c’est être bon dernier. Et regarde toi maintenant Alejandro, c’est qui le second ? C’est qui qui perd la boule à force de trop donner et d’aimer à en chouiner la nuit quand la peur de les perdre te déchire le coeur et fait exploser la maladie ? C’est qui qui plie, qui accepte les règles, qui continue de sourire, de se prendre des coups dans la tronche, de revenir, d’embrasser, de vouloir mourir à leur côtes ? C’est qui Jan, hein ?! On t’a appris à tenir debout, les poings dardés, pas le coeur en feu, encore moins les yeux fermés.

Alors relève toi Alejandro. Sois le fils Flores, soit l’homme qu’on t’a appris à être. Pas le gosse, pas le dieu. Pas ce putain d’amoureux.
Relève toi et arrête de te briser. C’est les autres qui doivent plier sous tes lames, pas ton coeur qui, de toute façon, n’a jamais eu le droit d’exister.

Et les questions de Carmen, qui s’accentuent, tu fronces un peu les sourcils sous la suite de demandes, si tu as déjà quelqu’un, si elle s’est trompé, si tu es avec une autre femme. Et l’infime colère que tu sens dans ses mots, c’est aussi douloureux que le goût de ses lèvres sur les tiennes.  Et tu te détestes de penser ça Alejandro car au fond, ce n’était pas mauvais. C’était un joli baiser, doux, tendre, qui en veut plus, qui est gourmand.  Mais ça n'taillade pas le bide, ça n’explose pas en des milliers d’éclats, ça n’échauffe rien, ça ne fait pas soupirer de plaisir, ni murmurer un prénom que tu fais tien trois fois par semaines, ça ne…  Ça n’est rien pour toi alors que pour elle, c’est un vrai partage. C’est une preuve qu’elle te voit comme quelqu’un que tu n’es pas.

Jan qui se relève sous les souvenirs et les envies d’une famille, qui retombe une seconde après, qui a la tête qui explose et le dieu qui fulmine. Jan qui ne sait plus quoi faire, écouter, refuser, accepter, aimer, détester, détruire, tuer, écraser, saigner, crever. Jan paumé, qui a du mal à respirer, les poumons écrasés, les yeux qui cherchent où s’amarrer. Jan dont le portable vibre dans la poche, qui veut regarder et en même temps oublier. Jan qui se lève physiquement, mais ne se relève pas intérieurement. On lui a hurlé de ne pas plier, l'héritier accepte mais pas comme on lui a demandé.

« No, no… » que tu murmures Alejandro, alors que tu abandonnes le canapé et commences à vriller de droite à gauche, hyper activité qui pointe le bout de son nez, maladie qui suinte de tes pores et pétille dans tes synapses. Les émotions violentes qui ne font qu’accentuer les symptômes, tu le sais et pourtant, t’arrêtes pas la danse Jan. Jamais t’arrêteras de brûler. T’aimes trop ça, briller comme une comète, entrer dans la vie des gens, leur offrir ta lumière et puis disparaitre, en les laisser dans l’obscurité. « … t’es la première femme que j’embrasse. » Et arrêter de bouger, les yeux dardés sur Carmen, le souffle un peu saccadé et l’air perdu, de celui qui dit vrai sans trop savoir comment s’y prendre. « …y’a… tu t’aies pas trompé, j’ai… » avoir les mots perdus, au creux de la gorge, alors que les poings continuent de se serrer, que les phalanges blanchissent, que l’air manque mais obstrue toutes pensées. « … J’aime ce que tu fais pour moi…. » Égoïste que tu entends dans ton crâne Jan. « … J’aime ta présence, j’aime ta voix, ton rire… ton odeur » Flippant que tu entends dans ton crâne Jan. « … J’aime être avec toi, j'aime quand tu as les cheveux un peu gras après ton service, j'aime quand tu sers ton carnet de note dans tes bras, j’aime l’idée que peut-être, je pourrais t’aider aussi, un jour, j’aime… » Incapable que tu entends dans ton crâne Jan. «… j’aime les hommes. » Fils indigne qu'on te hurle dans le crâne Jan. « … j’en aime un. » Mauvais frère quand tu te rappelles la douleur de son don dans ton myocarde « … j’t’ai pas menti Carmen, j’ai… juste que ça à t’offrir…que … » et enfin les yeux qui vrillent sur le sol, la lippe mordillée, l’enfant à l’ouest, au sol, les mains contre le crâne qui hurle d’arrêter. « … Moi…. Et ça peut pas te convenir, je sais… J’peux pas te convenir, j’donne déjà tout à une famille… »  La vraie, pas celle du sang, qui vit sous un patronyme. Celle du coeur, qui s’éteindra dans un soupir «  …J’donne déjà tout à quelqu’un et il reste pas grand chose… Il reste juste… ce que je t’ai montré quand on s’est baladé, au restaurant et… j’ai que ça pour toi.... » Et ne pas relever la tête alors que les doigts remontent et se dardent sur la nuque, caressant instinctivement les cicatrices. Ça calme ton myocarde Jan, qui pulse tellement vite qu’il va bondir hors de ta poitrine. Ça calme ton souffle aussi, que Carmen doit entendre même assise. Mais ça calme pas ta verbe, que l’enfant a gardé précieusement au creux de sa carcasse en espérant un jour pouvoir la hurler à ceux qui accepteraient d’entendre ce qu’il n’a jamais osé murmurer. « … J’ai pas grand chose à te donner… Pas ce que tu imaginais en tout cas mais… C’est déjà quelque chose, non ? L’amour ça n'se maitrise pas, ça se compte pas non plus, mais… j’aime être avec toi. Ça peut te suffire… » et relever les prunelles, au bord du précipice, sans savoir réellement ce que tu viens de dire ni ce qu’elle va comprendre par là «… tu crois ?»



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Jeu 4 Oct - 22:50

Une soirée si bien entamée, se terminant en pur fiasco. Tu sens les dernières briques servant à te protéger du monde extérieur s'effriter. Comme si, sous le poids colossal de la révélation d'Alejandro, une pluie acide s'était abattue sans discontinuer pour réduire à néant ce que tu avais réussis à sauvegarder de ta précédente relation. Pas de chance avec les hommes, peut-être. Tous les artifices qu'ajoute le latino à son discours ne sont que fioritures pour mieux te faire avaler la pilule. La révélation est lâchée, trop tard pour l'éviter. Revenir en arrière serait si simple, replonger dans le passé pour t'éviter le pire. Être une récurrence du temps aurait pu te servir, ce soir. Tu manques de rigoler, en repensant à la mise en garde concernant les hommes : ils sont profiteurs. Ne fais confiance qu'à ton père. Lui ne te fera jamais de mal. Et tu te rends compte à présent à quel point elle avait raison. Tu aimerais tant rentrer, retrouver mère et père et laisser tes pleurs résonner dans leur cuisine. Redevenir gamine, ne plus être confrontée aux puteries dont la vie s'amuse à paver ton chemin. Tu ne sais pas ce qui te compresse le plus la poitrine. Savoir qu'il a essayé de continuer à t'embrasser, par pitié ou simplement par curiosité, ou la réalité que jamais tu ne pourrais, toi, lui apporter ce qu'il quémande. Avoir décidé de sauter le pas, s'être jeté à l'eau, pour mieux se faire rembarrer par la suite. Ou encore, avoir pu croire que tu lui plaisais comme il t'attirait. Le désavantage crucial, cette impression d'infériorité, cette fragilité que tu as toi-même instauré entre vous. Tu avais décidé d'ouvrir une brèche fraîchement refermée, croyant naïvement qu'il se précipiterait pour la combler. Tu avais fait confiance, tu avais répudié tes appréhensions, tu avais accepté à bras ouverts ce qu'il te servait comme paroles, tu avais pensé avoir établi un lien. Une passerelle. Tu t'étais acharnée pour trouver un sens à ton attirance pour lui, tu aurais dû faire plus attention. Te méfier, te dire que la vie n'est ni rose, tout comme les gens ne sont pas tous bons. Le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions. Son téléphone vibre, tu oses te demander si ce n’est pas ton rival. Rival ? Pour cela il faudrait déjà être dans la course et il semble clairement que tu n’y es même pas.

Plongée dans tes propres eaux sombres, tu ne remarques pas l'étrange danse dans laquelle Alejandro s'est plongé. A vrai dire, tu t'en moquerais certainement. Le cheval de Troie, c'était lui. Cadeau insoupçonné, secours arrivé dans un moment crucial, avec sa gueule de gamin et ses larges sourires charmeurs. De l'extérieur, on ne douterait pas que ton temple intérieur tombe en ruines. Seule ta respiration saccadée témoigne de ta douleur. Tu avais laissé la chance à l'homme pour rebâtir un peu de ton autel personnel, le laissant s’immiscer plus que de raison, plus qu'il ne l'aurait fallu. Tu lui avais ouvert les portes pour qu'il attise les dernières flammes qui t'animaient encore. Tu lui avais laissé tellement de place que le foyer était devenu incendie. Brûlant, insaisissable et ravageur. Il débarquait d'un rien, d'un malentendu, d'une petite braise. Charmeur et rassurant, on l'attisait pour en avoir plus. Toujours plus. On lui donnait quelque chose à dévorer, sinon son influence ne grandissait pas. Alors on sacrifie, on octroie, on apporte, on fournit, on concède et on cède. Et que c'était beau de le voir prendre plus de place, de le sentir réchauffer vos entrailles. Tes entrailles. Et puis, un jour, on le laisse déborder un peu. Et il échappe au contrôle. Il prend, il s'approprie, il chasse continuellement mais n'en est pas rassasié pour autant. Et il finit par tout engloutir. A tellement briller, on croirait qu'il possède la même attraction que le soleil. Ou un trou noir.
Voilà l'effet de "Jan", surnom que tu n'avais d'ailleurs jamais utilisé. Alejandro était si beau à prononcer, s'enroulant sur la langue en laissant un arrière-goût indéfini. Si indéfini qu'on aimerait le dire jusqu'à en saisir le sens. Mais il reste fidèle à lui-même. Il ne se laisse pas prendre, il glisse et retombe sur ses pattes pour s'en aller plus loin, comme le chat qu'il est. S'échappant en disparaissant à l'horizon, traînant un cœur en charpie, le tien. La tête dans les mains, dissimulant les quelques larmes qui ont fini par s'échapper. Malheureusement, thaumaturge ne peut soigner les maux du cœur ou de l'âme, ne réparant uniquement le physique. Le désespoir en musique de fond, tu déglutis difficilement en tentant de ne pas ponctuer tes pensées de reniflements disgracieux. A quoi bon, de toute manière vous êtes du même bord ? Te comporter comme une crasseuse ne le freinera pas moins, ne l'attirera pas plus. La cruelle indifférence que tu penses lui inspirer broute un peu plus ta résistance. Ton for intérieur, qui n'en est plus vraiment, n'abrite plus que dégoût, honte et rage. Dégoûtée de ta naïveté navrante, de tes espoirs utopiques, de ces faux-espoirs. Honteuse de ne pas avoir su voir l'évidence, d'avoir osé croire à un avenir avec lui, de t'être jetée comme une crève-la-faim sur sa bouche. Enragée par son manque de délicatesse, cette injustice cuisante et ce lendemain que tu ne vois pas sans lui mais qu'il faudra affronter quand même.

Tu crains pouvoir t'en remettre un jour. Lui pardonner t'est impensable, te contenter de ce qu'il te propose te répugne. Tu te refuses à être le second choix, tu répugnes à partager. Tu ne lèves pas la tête pour autant, trop blessée pour surmonter un regard de pitié ou d'excuse. La situation t'avait totalement échappé, mais tu doutes l'avoir maîtrisée un jour de toute façon. Les ongles s'enfoncent dans ton cuir chevelu, jugulant la montée de sanglots qui menace. La souffrance n'est de loin pas la même que tu avais vécue il y a quelques mois, en Floride. La situation est différente, mais le résultat reste le même : cette facilité avec laquelle on peut accéder à ton cœur te fait souffrir. Inévitablement victime de ta compassion, ton regard différent et tes impressions chimériques. Tu finiras disséquée par tes propres mégardes, mise en charpie par ton inattention et tes étoiles dans les yeux. On t'avait dit Carmen, qu'à force de voir le bon chez tout le monde, on finirait par te la mettre à l'envers. Encore. Une. Fois. Toi qui, quelques instants avant, tu avais cru prendre de la hauteur au contact du latino à la crinière sombre et rarement disciplinée, le boulet accroché à ta cheville t'avait brusquement renvoyée non pas sur terre mais sous terre. L'ascension avait été belle, mais tu savais qu'elle n'en avait pas valu la peine pour te retrouver dans un état pareil. Tu le savais déjà que seul le temps guérirait tes blessures, en y laissant une cicatrice invisible mais présente. Que tu pourras sentir, qui te rappelleront de ne pas succomber trop vite. Surtout lorsque la lumière est forte et apaisante. Se griller les ailes comme l'aurait fait un stupide papillon de nuit, attiré par un lampadaire qui sera toujours à sa place alors que le papillon dévalerait de si haut que jamais il ne pourrait espérer s'envoler à nouveau.

Il te faut sortir d'ici, partir loin de lui. Fuir les grandes baraques c'est ce que tu fais de mieux décidément. Te faire du mal en enfonçant tes ongles dans la peau n'arrangerait rien, tu ne vivrais pas mieux la situation. Cela ne ferait que te distraire le temps que la douleur physique soit chassée par le tourbillon de ressentiments qui commence doucement à t'étouffer. Première tentative pour se défaire de l'emprise du canapé, sur lequel tu te voyais déjà passer quelques nuits avec lui, est un échec. Tu manques d'éclater réellement en pleurs tellement tu te trouves pathétique. Le second essai réussi, un pied par terre, puis l'autre. L'impression de devoir tout réapprendre, de repartir depuis le début. Le choc remettant les compteurs à zéro. Si concentrée sur toi, tu n'as pas levé les yeux ou prêté un brin d'attention à Alejandro. Que tu t'amuseras certainement à appeler Monsieur Flores dès à présent. " Tu m'en diras tant. Merci pour le restaurant. Je crois qu'il est inutile de te dire que je ne veux plus te voir ? Sincèrement, ça ne me fait rien. " Tu mens si mal Carmen, ça pourrait presque être attachant. Trop fière de pouvoir tenter de lui faire du mal alors que ta gorge nouée témoigne de l’effort qu’il t’en coûte pour parler sans verser une larme, tu veux tenter de lui tenir tête. Confronter son regard, qu’il contemple toute la haine qu’il t’inspire et le dégoût qu’il a distillé en toi. Les griffes dehors, tu t’apprêtes à tenter un coup de grâce dont seuls les idiots naïfs comme toi sont capables lorsqu’on les blesse. Mais ta tentative d’atteinte reste bloquée, ne voulant pas sortir face aux tremblements du latino qui a changé de couleur. Sa façon de respirer, sa peine à rester en place et ses sursauts t’indiquent un sérieux problème. Mâchoire serrée, te hurlant intérieurement de ne pas céder, tu ne peux résister au besoin de lui porter secours. De le savoir bien, en sécurité et en bonne santé. La thaumaturge en toi s’éveille, chassant un instant le reste, rejetant en arrière-plan les émotions douloureuses pour se concentrer sur lui. Tout revient toujours à lui, de toute manière. La force d’attraction d’un soleil. Ou d’un trou noir. Un pas vers lui, le papillon veut à nouveau sacrifier ses ailes pour pouvoir s’en approcher. C’est ta main qui prend la sienne, la serrant fort pour tenter de juguler les soubresauts qui agitent celui pour qui tu aurais pu donner un bout de toi. Ton énergie touche, tâtonne, avant de définir que le problème est plus épineux que tu ne l’avais d’abord pensé. Tu peux t’entendre lui souffler quelques mots rassurants sans pour autant les penser. Essayer de le détendre pour le ramener au canapé, tenter de le calmer tout en distillant un peu de ton don en lui. Le rassurer, tout en voulant le voir brûlé vif. Lui répéter que tu es là, tout en rêvant d’être ailleurs. Le soigner, tout en te demandant si le laisser ainsi ne serait pas une punition nécessaire. Le dilemme est grand, énorme. Mais tu te refuses à tourner les talons en sachant que tu aurais pu le soulager. Les mains serrées si fort à ses poignets, les sourcils froncés et les yeux qui veulent se poser partout sauf sur son visage. Tu le sens t’observer, tu le remercies de ne pas reprendre la parole. Il a déjà suffisamment bavassé pour ce soir et la tâche est assez rude pour ne pas avoir à jongler entre joutes verbales et morphine mystique. Tes mains chauffent, tu te demandes si ce n’est pas lui qui s’enflamme, tu n’as plus le contrôle sur rien. Une larme roule, finit par tomber sur ton bras et tu serres les dents en priant pour qu’il ne l’ait pas remarqué. Ta rage comme moteur, ta hargne comme motivation, tu réussis à calmer ses tremblements et lui libérer les poumons. Morte d’inquiétude, pourtant certaine qu’il s’en sortira bien sans toi, tu ne lui permets pas un regard et te relève. Toute envie de le blesser t’a déserté : tu ne fais pas de mal, tu répares ce qui peut l’être et t’en contente. Tu te saisis de ton sac en un geste sec et sors de la pièce, de chez lui, de sa vie. L’air frais au-dehors est revigorant, le sel sur tes joues dérangeant. Dans la nuit tu t’enfuis sans te retourner. Parce que pour cet homme tu aurais probablement tout donné. Tu aurais tout donné pour rester, pour l’entendre prononcer ton nom que son accent embelli. Le cœur en miettes, tu essaies de ne pas en perdre une sur le chemin de ton appartement. Tu avais attendu pour mieux qu’on t’achève. Tu lui avais toi-même donné les moyens, la possibilité de le faire. Tu ne pouvais t’en prendre qu’à toi-même, mais te haïr ne rendrait pas les choses plus faciles. Le haïr lui, par contre, tu voyais ça comme une solution.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Give me a million reasons Empty
Give me a million reasons - Ven 5 Oct - 13:15



Give me a million reasons
CARMEN & ALEJANDRO
Head stuck in a cycle, I look off and I stare
It's like that I've stopped breathing, but completely aware
'Cause you're giving me a million reasons
Give me a million reasons



Tu n’aimes pas attendre Alejandro. Tu déteste ça, rester comme un con, le regards paumé sur un visage qui ne se lève pas, sur un tignasse brune qui reste immobile, sur des mains closes, sur… Un coeur qui a mal. Car enfin, tu les vois, les tressauts légers dans le corps de Carmen. Tu la vois, en difficulté, plombée par tes mots et ce que tu lui as balancé.  T’es pas habitué à ça Jan, tu ne sais pas comment réagir, quoi faire, quoi dire devant une détresse palpable dont tu es l’unique responsable. Alejandro qui brûle tout, oui, c’est bien ça. Petite grenade qui explose à tout va, petite comète qui laisse un souvenir dans la caboche mais ne reste jamais au creux des bras. Petit con qui se joue des autres sans se rendre compte qu’il les blesse. T’es bien un capitano Alejandro, conseiller à la verbe douloureuse, aux mots empoisonnés et aux actes douloureux. T’es bien le second d’une mafia qui explose tout et déchire ses victimes en deux. T’es bien ce dieu de la mort que les mamàs craignent de voir ronronner auprès des leurs. Car Jan, t’as peut-être le visage d’un gamin et le sourire lumineux mais t’es fait que de noir. Y’a que  les cendres et la mort en toi. Que la détresse, la violence et la fin.

Et les mots ne viennent pas. Et Carmen se lève, vacille, réessaye et toi… Tu fais quedal. Les mots ne sont pas plus douloureux que sa façon d’agir. Ils te font mal, oui, mais c’est de ne pas réussir à capter ses prunelles qui te blesse. C’est de comprendre que malgré tes mots et la vérité balancée, tu ne l’as pas touché. Que tu te prends un revers sans réellement t’y attendre. Car pour la première fois, malgré tous tes combats, malgré toutes tes guerres, Jan, c’est la confiance que tu perds.Tu te pensais invincible sur ce plan, capable de briller jusqu’au firmament, de toucher tout le monde, de faire plier les esprits les plus farouches, les plus délicats, les plus indomptables. Un regard, un sourire, et ils acceptaient tout de toi. C’était ta plus grande force Jan, car on ne s’attend jamais à ce qu’un chaton plante ses griffes là où ça fait mal. Mais cette fois Alejandro, c’est ton propre coeur qui vient de se prendre un coup de crocs et qui commence à saigner sans savoir trop quoi faire pour endiguer l’hémorragie.

T’es pas irrésistible Jan. T’es nocif.

Carmen qui attrape ta main, caresse qui te brûle à ton tour, toi qui déjà crame sous la fièvre, tu as mal au moindre contact. Et le coeur qui se calme sous l’afflux massif d’énergie de la thaumaturge. Et la trachée qui se détend et les poumons qui suivent et le souffle qui revient. Elle te guérit, encore. T’offre sa vie, encore. Alors que toi, tu la blesses, encore. Le Dieu maya a fait du bon boulot avec toi, tout comme la maladie. Il ne reste plus grand chose d’Alejandro Flores depuis quelques temps et c’est que ce soir que tu le remarques. Et personne ne le voit, tu sais Jan, que tu te fais bouffer de toute part. Personne voit que le Capitano de la calavera est déjà fini. Personne ne sait que le second de Costilla est à deux doigts de partir.

Personne ne sait car… tu es fait pour devenir ça Alejandro. Tu as été élevé pour ça, ton esprit dompté pour ça, ton corps a été musclé pour ça. Tes mains sont faites de lames pour ça.
Ce n’est pas Alejandro qui devient Ah Puch. C’est Ah Puch qui reprend ses droits.

Plus de sac, plus d’odeur savoureuse, plus de cheveux sauvages, plus de Carmenita. Tu ne bouges pas, comprenant que tu as fais quelque chose de mal envers quelqu’un qui ne le méritait pas. Tu en as détruit des vies en te foutant bien de tout ce que ça implique. Tu en cisailler des dermes, ouverts des crânes, rigoler au sein des entrailles. T’as fais tout ça Jan, et tu continueras car tu aimes vivre dans le sang et les larmes mais… Pas ceux qui te touchent et te soignent. Pas ceux qui sont des pansements sur l’âme. Pas ceux qui te voient et non te regardent.

Pas eux.
Pas elles.
Pas lui.

Les yeux qui se ferment, le corps qui tremble, le doute et la peur de faire pareil avec ceux qui restent. Et le téléphone qui se rappelle à toi. Attrapé dans la poche, l’air hagard, lire le message et… Ne pas savoir quoi faire. L’envie bouillante de se rendre chez lui, de passer ta main sur sa peau, de te sentir à lui, de le croire à toi. Mais la panique qui te fait encore trembler. Tu peux pas faire pareil avec lui. Tu peux pas, Jan, être à la fois la pièce manquante et la poussière qui fait péter le mécanisme.
Pas de réponse au sms, pas de « j’arrive » écrit, rien, pas même une connerie. Le silence sur la conversation, le portable abandonné dans le salon et le capitano qui se réfugie là où personne ne peut le voir ni l’entendre crier.  L’eau glaciale qui frappe les cicatrices, le jet douloureux sur les plaies à peine refermées. L’eau qui te fait si peur Jan, les souvenirs brûlants, la peur tangible de ne pas réussir à respirer cette fois-ci. C’est sous l’eau que tu hurles Jan, de peur, de honte et de rage.

Sous l’eau, que tu te noies, toi, pour que lui prenne encore un peu plus de place.




Revenir en haut Aller en bas
Give me a million reasons -

Revenir en haut Aller en bas

Give me a million reasons

 :: terminés
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» you got your reasons and i got my wants ( vassili )
» I am a nation, I am a million faces (Celo)
» this heaviness in my chest, I wanted to give this ache a name (lise)
» I give you all of me † (Ezael)
» Preetyan - You give me Something...

Sauter vers: