all the things lost (annalisa) - Mar 19 Juin - 10:52
all the things lost
annalisa & saturno
You can't take back the damage you've done. Oh, you can hide, but you can't run. No, you can't take back the damage you've done
Perdu dans ses rêves, le roi dort. Il y a longtemps qu’il n’a pas eu l’occasion de s’offrir au sommeil. Toujours trop occupé avec les affaires de la Nuova Camorra, avec les affaires de famille, Saturno néglige son corps. Les cernes s’inscrivent durablement sous son regard, marques noires qui subliment ses iris claires. Il ne l’ignore pas, ses yeux rougis, injectés de sang ont souvent tendance à impressionner, voire à effrayer. Il lui arrive d’en jouer, lorsqu’il est trop fatigué pour user réellement de son charisme. Néanmoins, il est aujourd’hui exténué, toute sa vitalité arrachée par le travail acharné qu’il fournit depuis des années. Il est rentré plus tôt, espérant trouver l’appartement vide de toute présence humaine. Pour son plus grand bonheur, Nicola est absente. Probablement occupée à se plaindre de lui, ou à dilapider son fric dans des œuvres caritatives. A choisir, il préfère encore la seconde solution. Il n’ignore pas que sans Leonida Bellandi, il aurait sûrement passé toute sa vie à dépendre de ces associations d’aide aux orphelins, aux héros de guerre et aux mères célibataires. Car après tout, c’est ce qu’il est. Une pièce rapportée, à laquelle on donne un nom par charité. Un nom et un toit, une vie dorée à laquelle il n’aurait pas pu rêver si ses parents biologiques n’avaient pas eu le bon goût de crever.
Un coup de sonnette le tire du sommeil. D’abord, Saturno n’ouvre qu’un œil. C’est déjà plus que ce que mérite ce visiteur importun. Un œil bien vite refermé, car il espère que son silence chassera le carillonneur. Un deuxième appel strident l’informe que non. Cette fois, il ouvre les deux yeux, brûlants du manque de sommeil. Une main épuisée vient les frotter, alors qu’il se lève péniblement. Sa veste de costume gît sur le canapé, là où il l’a abandonnée en arrivant. Avec une pointe d’amusement, il constate qu’il n’a même pas atteint sa chambre. Il s’est juste assis sur le sofa et a sombré sans s’en rendre compte. Une nouvelle fois, la sonnette fait entendre ses notes impérieuses. « J’arrive ! » Un rugissement plus qu’une réponse. Qui que soit l’inconnu à sa porte, il regrettera bien assez tôt de l’avoir dérangé. D’un pas rendu mal assuré par le sommeil, le dieu rejoint la porte d’entrée, qu’il ouvre à la volée. Et l’étonnement le saisit. Face à lui, un visage qu’il pensait perdu à jamais. Près de quinze ans se sont écoulés depuis la dernière fois qu’il a vu Annalisa. Pourtant, la belle n’a pas changé. Son visage, toujours aussi juvénile qu’à l’aube de ses vingts printemps, est encadré d’une épaisse masse de cheveux roux. Interdit, le roi se tourne pourtant, lui laissant toute la place voulue pour pénétrer dans l’appartement. « Entre, je t’en prie. » Il referme derrière elle la porte et la guide jusqu’au salon, une main flottant au-dessus de l’épaule de la jeune femme. Il n’ose pas la toucher, pas tout à fait certain de l’attitude à adopter. La relation qu’il entretenait avec Annalisa était tout à fait habituelle, pour des rapports tarifés. Pourtant le temps a passé et il n’est pas sûr des premiers mots à adresser à celle qu’il avait coutume de payer pour lui donner de l’amour. D’un geste, il l’invite à prendre place sur un canapé, tandis qu’il va se servir un verre au bar. « Tu veux quelque chose à boire ? » Sans attendre sa réponse, il sert un second whisky, juste au cas où. Il ne tarde pas à la rejoindre et s’installe sur un autre canapé, juste à côté du premier. Il porte son verre à ses lèvres, avant d’entamer la discussion. Il n'est toujours pas certain de savoir quoi faire ou dire. « Alors, comment vas-tu, depuis tout ce temps ? Que puis-je pour toi ? »
all the things lost (annalisa) - Dim 24 Juin - 23:33
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annalisa & saturno
You can't take back the damage you've done. Oh, you can hide, but you can't run. No, you can't take back the damage you've done
D’un geste de la main, Saturno balaie les excuses d’Annalisa. Il a certes été dérangé dans son repos, mais il n’en tient pas rigueur à la belle. Elle amène avec elle les souvenirs d’une jeunesse passée, aussi éphémère que l’instant écoulé. De moments qu’il avait oublié jusqu’à maintenant, soigneusement refoulés dans les tréfonds de sa mémoire. Réminiscence d’un temps où ses traits n’étaient pas aussi tirés, aussi marqués par la fatigue. Souvenir d’une époque où le ressentiment l’envahissait, où la haine l’habitait jour et nuit. Prétendant rejeté, ses yeux vides de larmes lorgnaient alors avec concupiscence sur un trône qu’il espère encore atteindre. La rousse s’était révélée une distraction bienvenue, un havre de paix au milieu du chaos qu’était son esprit. La guerre déclarée à Alcide occupait toutes ses journées, toutes ses nuits et toutes ses pensées. Nulle place pour l’amour ; pas celui du coeur en tout cas. A ses reins, il a laissé libre cours, leur autorisant maintes fois le chemin jusqu’au temple où officiait alors Anna. Aujourd’hui, alors que la belle occupe son salon de ses silences, il la contemple avec nostalgie. Et une pointe de curiosité. De toute évidence, elle est mal à l’aise. Est-ce le souvenir de l’intimité partagée jadis qui la dérange ? Ou y-a-t-il autre chose ? Patient, le roi la laisse se lancer tranquillement. Il ne veut pas la brusquer. Elle plonge plusieurs fois dans son verre, et il fait de même. L’alcool l’aide à se réveiller. A revenir parmi les vivants.
Finalement Anna se décide à lui parler, et il tombe de haut. Un enfant. De lui. Un enfant de lui. Un enfant de son sang, dont il ignorait tout jusqu’à… jusqu’à ce que sa mère ne fasse irruption chez lui pour lui annoncer la nouvelle. Quatorze ans après, si ses rapides calculs mentaux sont exacts. Un constat aussitôt confirmé par Annalisa. Son fils, aîné de cinq autres enfants. Sans un mot, Saturno se lève, attrape son paquet de cigarettes sur la table basse. En quelques enjambées il fait face à la baie vitrée, clope aux lèvres. Le bâton de tabac s’enflamme et il recrache très vite une première volute de fumée. Il a besoin d’un moment pour supporter l’annonce. Heureusement Anna lui fait grâce d’un moment de paix, de silence, pour réfléchir. Les sensations qu’il éprouvent sont étranges, inhabituelles. Lui qui pensait avoir sept longs mois pour se faire à l’idée d’être père, il découvre qu’il a en réalité quatorze ans de retard. Il ne connaît pas l’enfant déjà né, et ignore même s’il a envie de le rencontrer. Qu’était-il, après tout, pour Cyrus ? Certainement pas un père. Un père est un homme qui vous aime, qui vous élève, vous éduque. Lui n’avait été qu’un donneur, un géniteur. Tirant toujours sur sa cigarette, il fixe le vide qui s’étend sous ses pieds. « Qu’est-ce que tu attends de moi, Anna ? » Il est pragmatique. Surtout, il n’a pas envie de s’étendre sur le choc qu’apporte cette nouvelle inattendue. Pas envie de s’étendre sur les émotions mitigées qui le traversent. « C’est une question d’argent ? Il est malade ? » Il préférerait que ce soit une question d’argent, plutôt que de sentiments. Il n’est pas doué pour cela, n’a pas envie de le devenir. De toute evidence, Anna a su gérer cet aspect des choses pendant les quatorze années écoulées. Elle n’a pas besoin de lui pour cela. En revanche, il accepte d’aider la jeune mère financièrement, si c’est ce qu’elle est venue chercher. Sa main libre vient agiter sa chevelure, désordonnée par le sommeil. Un instant, il se demande si l’enfant lui ressemble. S’il a transmis un peu de sa pourriture à un être innocent. Il hésite un instant, puis se retourne finalement. Lentement, très lentement. Pour retarder un peu l'instant. « Tu as une photo ? » A qui ressemble-t-il le plus ? A la flamboyante jeune femme qui le fixe avec des yeux plein d’espoirs, ou à l’homme amer s’efforce d’accepter sa paternité ?
all the things lost (annalisa) - Mer 29 Aoû - 23:55
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annalisa & saturno
You can't take back the damage you've done. Oh, you can hide, but you can't run. No, you can't take back the damage you've done
Il n’en voulait pas à Annalisa. De toute évidence, elle n’avait pas eu le choix dans cette histoire. Pas plus que lui. Mais au moins a-t-il l’avantage de découvrir l’existence de cet enfant longtemps après sa naissance. Tandis que la rousse s’occupait de lui donner le jour, de l’élever, lui profitait de sa liberté. Il n’arrive pas à se sentir coupable de l’avoir laissée seule face à la situation. Principalement parce qu’il ignorait tout jusqu’à maintenant. Et ensuite parce qu’il est ainsi. Il ne parvient pas à s’impliquer émotionnellement. Il ne parvient pas à s’imaginer père d’un adolescent de quatorze ans. Probablement parce que lui-même n’a jamais pu bénéficier de la présence d’une figure paternelle. Difficile, dans ces conditions, de s’improviser géniteur. Quelque part, il est soulagé qu’Annalisa ne réclame pas cela de lui. Soulagé aussi d’apprendre que ce n’est pas une question d’argent, que l’enfant n’a rien. Cela veut dire qu’au moins une petite partie de lui, même si elle vit en dehors des limites de son corps, n’est pas pourrie. Lorsque la mère lui remet la photo qu’il a réclamée, il ne retient pas une exclamation surprise. Le juron lui échappe, débordant de dégoût et de haine. Pas contre cet enfant qui pose, batte sur l’épaule et casquette vissée à la tête. Non, c’est contre lui qu’il peste. Lui et les souvenirs que remontent à la surface le visage qui le fixe sur papier glacé. Car Cyrus lui ressemble trait pour trait. Le gamin n’est rien d’autre qu’une copie de l’infernal au même âge. La seule différence notable réside cependant dans leurs regards. Ils partagent bien cette teinte glacier ; glaciale ; glacée. Mais Cyrus, au contraire de son géniteur, a l’air heureux. Aimé, entouré d’une famille chaleureuse et joyeuse. Avec Annalisa pour mère, il ne pouvait en être autrement. Un bref pincement de jalousie plus tard, Saturno retourne la photographie à la rousse. Il ne tient pas à la garder chez lui, avec lui. C’est à Annalisa qu’appartient cet enfant. Lui n’a aucun droit dessus, et n’en veut pas quoi qu’il arrive. D’un hochement de tête, il acquiesce aux paroles de la jeune femme. « C’est compréhensible. » C’est une réaction normale à cet âge, qu’il a lui-même ressentie. Mais contrairement à Cyrus, il n’avait rencontré qu’un mur de mépris. Car Scipio Bellandi n’avait assez d’amour que pour un garçon, et Alcide était déjà passé par là. Il ne restait rien pour lui, l’adopté. Des décennies après, le ressentiment est toujours là.
Dieux et mortels, réunis dans un même corps. Des années après son éveil, il ne cesse de se torturer sur leur nature. Savoir qu’il peut avoir engendré un enfant à son image, porteur d’une âme millénaire, le met mal à l’aise. Sa propre essence lui est familière. Il est habitué à vivre avec lui-même. Mais qu’il ait offert ce cadeau empoisonné à une âme jeune, pure… Le roi est perturbé. Alors lorsqu’arrive la fatidique question, il tourne le dos à la jeune femme. Il ne peut pas lui répondre immédiatement. Il a besoin de réfléchir. Besoin de savoir s’il souhaite se confronter à sa progéniture. Un instant passe, puis il se tourne à nouveau, pour fixer Annalisa. « Dis-lui ce que tu voudras. » Après tout, cela lui importe peu. Il doute que l’enfant tienne à le rencontrer. Car qui voudrait de lui pour père ? Qui voudrait du maître des enfers pour géniteur ? « Dis-lui ce qu’il a besoin d’entendre, mais n’enjolive pas la vérité. Qu’il sache qui je suis, pour pouvoir décider s’il souhaite me rencontrer ou non. » Il porte une dernière fois sa cigarette à ses lèvres, avant de l’écraser dans le cendrier du bar. « Je ne m’y opposerais pas. » S’il le veut, l’adolescent aura la possibilité de le connaître. Il ne peut rien garantir. Il ne peut ni ne veut faire de promesses mirobolantes à la jeune femme. Il refuse de lui mentir en lui disant qu’il aimera ce garçon comme s’il l’avait toujours connu. Car il n’est sûr de rien, le roi.
all the things lost (annalisa) - Ven 21 Sep - 14:31
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annalisa & saturno
You can't take back the damage you've done. Oh, you can hide, but you can't run. No, you can't take back the damage you've done
L’enfant ne posera pas de problème. L’affirmation de la mère confirme ce qu’il avait déjà deviné en filigrane. Les petits riens, cachés derrière les mots d’Annalisa, laissent entrapercevoir grave, mesuré. Certainement heureux, mais au caractère déjà très mature. Sûrement, il est en décalage par rapport aux autres enfants de son âge. Le nez dans les livres, plutôt qu’à jouer dehors. Le base-ball est probablement la seule exception ; une passion instillée par un beau-père de passage ? Saturno se moque d’imaginer un autre homme que lui élever son fils. Il ne s’intéresse pas à l’éducation de l’enfant. Il ne s’intéresse pas réellement à l’enfant lui-même. A peine curieux de rencontrer sa descendance, l’infernal acquiesce par avance à toutes les décisions que prendra Annalisa. Elle seule connaît son fils, elle seule sait ce qui est bon pour lui. Lui n’a rencontré qu’une image de papier glacé et des interrogations en transit, transmises par une mère conciliante et désireuse de satisfaire aux besoins de son enfant. Un désir compréhensible auquel il est prêt à répondre, tant qu’on ne lui demande pas de venir aux matchs du dimanche après-midi. « Je suis persuadé que tu as été une excellente mère. » Pour Cyrus comme pour les cinq autres. Vaguement, il se demande qui sont les pères de ces enfants. Combien d’hommes a-t-elle connus, avec combien d’entre eux a-t-elle conçu un bébé ? Combien sont nés parce qu’elle le désirait, combien par accident ? Autant de questions qui se télescopent et auxquelles il n’est pas pressé de répondre. Tout cela regarde Annalisa, il n’a aucune raison de s’immiscer dans ses affaires. Pas plus qu’il ne réclame de savoir qui elle est. Car dès les premiers instants, il a senti son essence divine. Qu’elle le lui dise maintenant, de son plein gré, est une marque de confiance. Et, il n’en doute pas, elle lui demandera bientôt la même chose. Malgré ses connaissances limitées sur le panthéon nordique, il n’ignore pas qui est Nerthus et s’en amuse. « J’imagine que ceci explique cela. »
La question qu’il redoutait ne tarde pas à venir et son sourire s’efface. Il n’a pas honte de qui il est. Seulement fatigué d’être associé au méchant ridicule d’un film pour enfants. Alors il hésite toujours à révéler son identité. Il préfère laisser planer le doute. Le mystère qui l’entoure contribue ainsi à sa sombre réputation. On imagine un dieu sanguinaire, farouche guerrier avide de victoires militaires, assoiffé de domination. Personne ne songerait au roi sous l’Olympe. C’est pourtant bien son titre. « Hadès, dieu des morts et souverain des Enfers. » Rictus infernal qui se peint sur son visage escarpé. Il attend toujours, avec un certain cynisme, la réaction de ses interlocuteurs. Quelques-uns, à l’image de Sinead Reed, s’amusent immédiatement de cette réincarnation. D’autres sont effrayés, inquiets de se trouver face à la Mort en personne. Mais lui se contente de gouverner les trépassés. Jamais il n’a mis un terme à une vie – du moins pas en qualité de dieu de la Mort. Le rôle échoit à Thanatos, fidèle lieutenant enchaîné aux portes de son domaine. Cette fois encore, Saturno guette la réaction de la jeune femme. Sera-t-elle horrifiée de découvrir l’identité de l’homme avec qui elle a couché ? Décidera-t-elle de laisser son fils l’approcher ? Quelque part, il se délecte de ces interrogations. Il est curieux de savoir si sa réputation, tant mortelle que divine, fera une nouvelle fois le vide autour de lui. « Je comprendrais si tu ne souhaitais pas que Cyrus me rencontre. » Il laisse planer entre eux la suggestion. Qu’elle ne se sente pas obligée de présenter son premier-né au maître des trépassés. Les superstitieux verraient là un mauvais présage, une prophétie malheureuse à laquelle personne ne voudrait soumettre son enfant. Mais, si comme il le croit Annalisa est plus intelligente que cela, elle laissera le petit rencontrer son géniteur. Il tient néanmoins à lui offrir une porte de sortie acceptable. Libre à elle de la prendre, ou non. « Si tu ne le souhaites pas, tu peux lui dire que je suis mort il y a longtemps. Ça ne dénoterait pas. » Humour aussi noir que son âme.
all the things lost (annalisa) - Ven 5 Oct - 19:23
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annalisa & saturno
You can't take back the damage you've done. Oh, you can hide, but you can't run. No, you can't take back the damage you've done
Comme prévu, Annalisa est l’image même de la tolérance. Non pas que cela lui déplaise, elle aurait même tendance à contrebalancer son cynisme et ses humeurs macabres. Mais ses paroles déclenchent finalement bien plus qu’un vague sourire ironique. Loin, très loin, enfoui au fond de l’esprit, se cache une idée toute simple. Plus qu’une idée, une requête. Plus qu’une requête, un rêve d’enfant. Celui d’être un jour aimé pour lui, et non pas haï pour la divinité qu’il abrite. Car, avec les regards chargés de mépris, est venu une sale habitude. Celle de dessiner au couteau des sourires sur le visage des impudents. Pour que plus jamais Hadès ne prenne le pas sur Saturno. Pour que plus jamais, on craigne plus sa colère divine que mortelle. « Disons que ma… sa réputation nous précède souvent. » Sourire amer, alors qu’il pense au nombre de fois où le nom d’Hadès lui a joué des tours. Regard triste, alors qu’il pense à tout ce qu’il a perdu depuis son éveil. Il lui arrive de croire, d’espérer, qu’il aurait été un autre, s’il n’y avait eu cette réincarnation. Las, l’infernal se dirige vers le canapé et s’y laisse tomber. D’un geste, il invite Annalisa à le rejoindre. Ses aveux, chargés de peine et de regrets, lui font lever les yeux sur le visage encore jeune de la rousse. Il sait que la vie n’a pas été tendre avec elle. La preuve en est, son affiliation au Red Lantern et par extension, à la Bratva. Hydre à plusieurs têtes, la mafia est particulièrement vicieuse et il est quasiment impossible de s’en sortir. « Tu ne me déranges pas, Anna. » Ton sérieux, regard chargé de sincérité. Il ne dit pas cela par simple politesse. Il a été heureux de la découvrir à sa porte, même si sa visite était loin d’être par pure courtoisie. Un court instant il hésite, avant de tendre la main pour saisir entre ses doigts ceux de la jeune femme. « Si jamais tu as un jour besoin d’aide, pour quoi que ce soit – le regard se fait insistant, lourd de sens – n’hésites pas à faire appel à moi. Je serais là. » Il ne ment pas. Il ne peut pas promettre d’être un père exemplaire pour Cyrus. Pas promettre d’être un père tout court. Mais pour la jeune mère, à qui il doit bien cela, il sera là.