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reborn - Ven 3 Aoû - 17:10



REBORN
keep movin' forward


Entre la mer et l’asphalte, à l’ombre des arbres, il y a toutes ces femmes. Habillées ou presque nues, elles supportent le soleil et ses rayons qui traversent les branchages pour leur brûler l’épiderme. Des gamines s’amusent à se courir après puis rechignent quand les plus âgées les rappellent à l’ordre ou leur intiment de venir les voir, et vite !
Chaque dimanche, c’est le même rituel.
Les cheveux sont coiffés, soignés, tressés, lissés ou tissés. Les griffes sont aiguisées. Quand les plus jeunes comparent les perles qui ornent leurs cheveux, les autres discutent de la ville, de l’île, du clan et des affaires en cours.

C’est ici que la Mère des Enfants Terribles se retire.
Car c’est ici que les rumeurs se débattent et les informations s’échangent.

Sur le crâne tressé d’une adolescente, Savannah fixe des mèches de cheveux colorés. Son travail est lent, appliqué et s’adapte aux remarques de la fille qui surveille son avancée en scrutant son reflet dans un miroir. Tout ce temps, la cheffe laisse traîner ses oreilles sans jamais participer aux conversations. Les femmes partagent leurs dernières mésaventures et le nom des sales types qui ont croisé leurs routes. Elles le promettent à qui veut bien l’entendre : elles se vengeront.

Ici, elles ne craignent (plus) rien.
Elles sont tranquilles.

Plusieurs d’entre elles ont participé aux premières reconstructions de l’île. Parmi ces femmes, des déesses, des sorcières et des guérisseuses, des gamines abandonnées, des épouses abusées et des garçonnes rejetées.
On se plait tant à répéter aux femmes qu’elles sont belles et qu’on les aime.
Puis on les rabaisse. On les blesse.
Désormais, c’est l’air fier et le sourire gravé sur les lippes qu’elles parlent du sang qu’elles feront couler des gorges ennemies.  

Le temps passe et les plus petits se fatiguent, retrouvent les couvertures posées sous les arbres aux feuillages plus épais. Les adolescentes s’éloignent pour se rapprocher de la mer. Au fur et à mesure que l’après-midi file, les sujets deviennent plus légers. Elles rient, se taquinent et révèlent certains de leurs secrets sans jamais se méfier de la présence de leur Mère qui, de toute manière, ne les écoute plus. Son attention s’est focalisée ailleurs, sur cette femme plus discrète que les autres, cette autre réfugiée : Seyi.
Celle aux cheveux pastel comme l’appellent ceux qui n’ont pas encore retenu son nom.

Derrière sa discrétion, la force et la férocité.
Et pour la Mère, l’espoir de se découvrir un Enfant plus terrible que les autres.

La main qu’Ava pose sur son épaule est une invitation à s’éloigner du groupe. Juste quelques pas qui les rapprochent de la mer sans perdre de vue les femmes qui s’esclaffent derrière elles. « J’ai un cadeau pour toi. » Sa main plonge dans le panier en osier à la recherche d’une boîte rectangulaire et emballée dans un papier vermillon. A l’intérieur, un fétiche : le corps d’une femme taillé dans le bois noir et couvert de pigments colorés. Autour de son cou pend une petite bourse en cuir abimé. « Garde-la dans ta chambre, près de ton lit, conseille la Mère à son Enfant, elle éloignera les mauvais rêves et les mauvaises personnes. Elle rendra tes nuits plus agréables. » Son regard est plein de sous-entendu. Pour ne pas rendre ce moment plus gênant, ses deux billes claires fuient vers l’immense étendue d’eau qui miroite au soleil. Le bruit des vagues qui s’échouent sur le sable et le cri des mouettes viennent compléter ce paysage idyllique.
« Comment vas-tu ? » Demande finalement Savannah. Et avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre à sa question, Ava la répète sur un ton qui sous-entend qu’elle n’acceptera pas de réponse banale.
Rien n’arrivera jusqu’aux oreilles des commères. Alors elle aussi peut lui parler de l'île, du clan et de leurs rivaux.


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reborn - Jeu 30 Aoû - 0:05

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Cela fait des mois qu’elle a fui. Des mois qu’elle a abandonné derrière elle ceux qu’elle aimait, ceux qui l’ont élevée, qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Sans eux, elle ne serait rien. Rien qu’une coquille vide, dénuée de sentiments, de passion. Rien qu’une enveloppe creuse, au palpitant amorphe. Sans eux elle ne serait rien et pourtant, elle les a laissés derrière elle. Il le fallait, se répète-t-elle chaque jour. Il le fallait, pour protéger leurs vies et la sienne. Parce que la Bratva est un monstre destructeur, qui broie tous ceux qui tentent de lui échapper. Parce qu’elle a été assez stupide pour croire qu’elle pouvait lui échapper.

A l’ombre des arbres, toutes les femmes se rassemblent. Elles ont en commun la peau sombre des esclaves et la rage des insurgées. Au milieu de cet océan de haine et de ressentiment, Seyi se tient à l’écart. Sa propre colère alimentée par celle des autres, elle ne se mêle pas aux conversations. Leurs histoires, elle les connaît déjà. Elle n’a pas besoin de les écouter pour cela, car seuls les hommes sont capables de provoquer autant de souffrances. Elle le sait, l’enragée. La balafre de son visage en est la preuve.

Elle ne se mélange pas aux autres, Seyi, mais quand Savannah vient la cueillir, elle la suit sans rechigner. On ne désobéit pas à la Mère, toute-puissante et protectrice.

La mer devant elle est un miroir étincelant, dont l’éclat l’aveugle un instant. Elle lève une main devant elle, abrite ses yeux du scintillement. La voix de la Mère lui fait cependant tourner la tête. L’Enfant rebelle baisse le nez vers la main tendue de Savannah, découvre la boîte rectangulaire et le fétiche.

« Merci. » Un murmure du bout des lèvres. C’est Taiwo, qui croit à tout cela. Elle se contente d’observer à distance l’héritage qui est le sien. Elle accepte pourtant le présent, effleure du doigt le bois sculpté. Elle doute du pouvoir de la petite poupée mais referme soigneusement le couvercle. Le don est précieux ; pour l’attention qu’il porte et pour l’identité de son émetteur.

La question de la Mère la déstabilise au premier abord, car elle l’a souvent entendue et ne sait jamais comment répondre. Elle ne va pas bien, de cela elle est sûre. Mais va-t-elle mieux depuis son arrivée sur l’île ? Difficile à dire. Elle songe un instant à esquiver la question, mais Savannah insiste. Elle ne la laissera pas s’en tirer si facilement. « Ca n’est pas facile tous les jours... - C’est la réponse la plus honnête qu’elle puisse faire pour l’instant. Car pour être sincère envers la Mère, il faudrait qu’elle le soit également envers elle-même. Et Seyi n’est pas prête à se livrer à une introspection trop profonde. Tout, plutôt que de revivre le cauchemar de l’été dernier. Et pourtant… il est si facile de se confier à Savannah. Si facile de laisser les mots couler, s’échapper.
- J’essaie de ne pas penser à ce qu’il s’est passé. » La main effleure la cicatrice de sa joue. Elle n’a pas besoin d’en dire plus. Même si elle n’y pense pas, son visage est là pour lui rappeler cette nuit d’horreur. Cet instant malade où tout a basculé, où l’homme a fait d’elle un monstre défiguré. Une bête curieuse que l’on observe à la dérobée, en se demandant ce qui a pu lui arriver. Mais en vérité, c’est plus tard qu’elle est devenue un monstre. Lorsque l’orage a frappé…
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reborn - Dim 7 Oct - 17:32


Les pupilles claires ne la quittent plus ; elles observent la bouche qui remue pour avouer et les phalanges passer sur le morceau de peau abimé. L’air de comprendre, Savannah hoche lentement la tête. Il y a déjà des mois que Seyi les a rejoints sur l’île et, pourtant, il lui semble qu’elle ne parvient toujours pas à se défaire complètement de cette ancienne vie, à s’ôter de la tête qu’ici, sur cette île, personne ne viendra la chercher. « Pourquoi ne pas vouloir y penser ? ose la Mère du clan. » Le corps se souvient. Et quand ce n’est pas le miroir, ce sont les regards de tous ceux qui se permettent de la dévisager qui lui renvoient la dure réalité à la face. Quand Taiwo l’a ramené, Savannah aussi s’est permise de la scruter, comme on le fait avec tous les nouveaux. Instinctivement, les yeux ont cherché les marques sur le corps, les cicatrices, les tatouages, tout ce qui permet d’en apprendre sur l’autre sans avoir à l’approcher. Elle n’a trouvé que ce corps parfait et cette marque au visage. Et comme les autres, elle a voulu savoir quel malheur avait forcé cette femme à venir se terrer sur Wild Island. Parce-que Savannah l’a demandé, Seyi a accepté de partager ses malheurs.

Rien que sur ce petit bout d’île, elles sont déjà trop nombreuses à le dire et le répéter : les hommes sont naturellement mauvais. Ils les aiment dociles, dépendantes et avenantes. Le plus souvent — et pour leur plus grand malheur —, les femmes ne sont rien de toutes ces choses. Elles sont libres ; leurs corps, leurs envies et leurs sexualités leur appartiennent ; mais chaque fois qu’un homme s’en rend compte, il s’applique à leur prouver le contraire.

Il se sert du feu pour marquer sa victime et lui rappeler la position que lui confère le simple fait d’être un homme — et client du Red Lantern.

« Ça fait partie de toi, désormais. » Elle ne peut l’ignorer ou prétendre que rien ne lui est jamais arrivé. C’est là, le souvenir bien logé quelque part dans son crâne et le stigmate toujours visible sur la joue. « Regarde-toi. » Savannah lui tend un miroir rond, de la taille d’une paume. Doucement, elle approche les doigts pour repousser les cheveux colorés. « Tu es belle, Seyi, et dangereuse, elle dit tout bas. Comme nos déesses. » Sur Wild Island, les femmes sont retournées à l’état sauvage. Elles ont tout oublié des codes imposés par la société ; elles sont vilaines, agressives, fières et ne respectent que leurs propres règles. Si des hommes ont pu leur faire du mal, aucune ne leur a laissé le pouvoir de les détruire complètement. Elles se sont relevées, ont comblé les gouffres et continué de s’épanouir. Seyi Akande suivra ce chemin ; la Mère s’en assurera. « Elles n’ont peur de rien, elles font tout ce qu’elles veulent. » Il y a de la fierté et un peu d’excitation dans son regard. « Alors, que veux-tu faire, maintenant ? »
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reborn - Lun 5 Nov - 16:06

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Les questions de Savannah amènent de nouvelles réflexions ; une nouvelle introspection. Ce n’est pas dans ses habitudes de revenir sur le passé. Qu’il reste là où il est, mort et enterré. Ses ongles noircis de son propre sang l’accrochent encore trop souvent pour qu’elle accepte de se retourner pour le contempler. Les souvenirs, trop vivaces, hantent déjà ses rêves. Inutile de s’infliger d’autres souffrances, éveillées celles-là. Alors, quand Savannah pointe du doigt son refus de se confronter au passé, la rebelle lève un sourcil ironique. « Parce qu’il est trop douloureux. » Le ton est dur, chargé d’acier et de larmes. Parce qu’elle a déjà trop sacrifié pour accepter de laisser partir d’autres morceaux d’elle-même.

Pourtant, peu importe les efforts qu’elle met à oublier tout cela, les regards des autres se chargent de déterrer pour elle les réminiscences de son passé. Chaque coup d’œil jeté sur son visage est un coup de scalpel supplémentaire appliqué sur son corps déjà mutilé. Elle n’y peut plus rien. Désormais victime et marionnette de ce passé qui la manipule, elle n’a plus aucun pouvoir sur lui. Les faits, immuables, demeurent inscrits dans sa chair et ne s’effaceront sans doute jamais. Vouloir prétendre le contraire est une perte de temps. Alors Seyi n’essaie même plus. Elle laisse derrière elle cette femme en morceaux, abandonnant aux autres le soin de la plaindre. Elle, a décidé d’avancer droit devant elle, sans se retourner. Quitte à foncer dans un mur.

Savannah a beau lui servir ses belles paroles, Seyi n’y croit pas. Seyi n’y croit plus. L’acceptation, elle n’y est jamais parvenue. Dans le long processus du deuil d’elle-même qu’elle a entamé depuis plusieurs mois, elle n’a pas su surmonter la colère. Elle accepte pourtant le miroir que lui tend la Mère, en signe de bonne volonté. Mais elle sait que cela n’aura aucun sens, aucun effet. Elle reste brisée ; les restes de celle qu’elle était jadis désormais éparpillés aux quatre vents.

La main de Savannah, qui dévoile l’infâme cicatrice, effleure les bourrelets de peau sur son visage. Dégoûtée, elle voudrait fuir, mais obéit tout de même à l’ordre donné. Son regard sombre croise son double et, comme d’habitude, le visage qui la contemple dans le miroir lui est étranger. L’image qu’elle garde d’elle-même avant l’homme ne correspond pas à celle qu’elle fixe aujourd’hui. Très vite, elle détourne le regard. Malgré les affirmations de la Mère, Seyi demeure sceptique. Elle ne voit qu’une fille malmenée, en colère, avide de revanche et de sang mais pas assez expérimentée pour représenter une réelle menace. Puis, elle repense à la sensation de la lame glissant sur la gorge de l’ennemi, au gargouillis qu’a produit le sang en s’échappant de son corps. Le bruit mat du cadavre s’écroulant au sol restera à jamais gravé dans sa mémoire. Peut-être est-elle dangereuse, quand on l’y pousse…

La question de Savannah la déstabilise un instant. Après sa fuite, elle n’a jamais réfléchi à la suite. Vivant au jour le jour, Seyi se laisse porter par la colère qui l’habite depuis plusieurs mois. C’est son moteur, sa raison de vivre. Sans elle, elle n’est qu’une coquille vide. Et elle ne compte pas s’en débarrasser. Néanmoins, elle peut la rendre productive. « Me mettre à ton service, Mère. » Le titre donne toute sa solennité à la situation. Si, ayant rejoint Taiwo et l’île depuis plusieurs mois, elle s’était placée sous la protection des Enfants Terribles, elle n’avait jamais rien fait pour eux. Il est désormais temps de rendre à Savannah ce qu’elle lui a donné. « Laisse-moi devenir ton bras armé, l’instrument de leur vengeance. » Le regard flamboie, la colère gronde. En silence, Seyi renouvelle son serment. Jamais elle ne se défera de cette colère destructrice qui l’habite. Mais les ravages qu’elle cause sont aussi internes et pour cette raison, elle doit se purger. Se laver des cauchemars de sang et d’acier, pour ne garder qu’une colère froide, implacable, telle une lame.
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