Maitriser. Contrôler. Comprendre. Accepter. Quatre mots que tu commences à connaitre par coeur Romàn, tant ils te sont murmurés. Que ce soit de la bouche des membres du Royaume ou d'autres connaissances en lien avec le divin, on te le répète sans cesse, tu dois maitriser, tu dois contrôler, tu dois comprendre que tu dois accepter. Alors tu essayes, Août t'a permis de mettre des réalités là où il n'y avait que des cauchemars, l'été t'a ouvert les yeux sur un mal qui te rongeait le myocarde. Tu es un dieu, la foudre t'a brisé et l'a réveillé lui, cette entité que tu ne connais pas mais qui fait parti de toi.  Tu ne sais rien de ce divin qui t'habite, à part que c'est un être masculin et qui frappe contre ton poitrail dès que ton énergie est un peu trop basse. Tu entends des murmures dans ton crâne, c'est ton esprit qui les créé mais c'est lui qui les infuse.  Tu n'sais pas ce qu'il est mais au fond de ta carcasse, tu sens sa rage, sa colère, son besoin de chercher quelque chose ou quelqu'un que t'as pas envie de voir. Y'a toujours le visage de Camille dans tes rêves et pourtant, la blondinette, t'en as marre d'elle. Elle est toxique, elle n'est pas pour toi alors pourquoi quand tu dors, c'est à elle que tu penses ? Pourquoi quand le dieu prend trop d'importance, c'est son odeur, son regard et son sourire qui t'apparait ?

Tu ne sais pas Romàn et à vrai dire, tu ne veux pas savoir. T'as trop de choses en tête pour penser à sa bouille, à Camille. Et ton coeur est fermé à son charme, y'a que ton esprit qui divague.

Salle de sport, un matin un peu frais, qui oblige à foutre une veste pour courir alors que l'été n'est pas encore terminé. Romàn qui vrille sur l'asphalte, les pieds qui claquent, le souffle saccadé et le coeur qui butte contre la carcasse à force de bourdonner. Courir ennuie la chose en toi, car ça la fatigue, car tu ne vas jamais là où lui veut que tu ailles. Courir l'exaspère, l'endort, l'écrase et t'aimes ça, Romàn, reprendre le contrôle là où tu croyais l'avoir perdu à jamais. T'aimes ça, sentir que y'a que toi, tes pensées, ton coeur, ton souffle, rien que toi et pas ce dieu qui demande quelque chose que tu ne lui laisseras jamais. Le pouvoir qu'il t'a offert t'agace mais tu t'y fais. Par contre, l'idée même d'abandonner ton existence pour que lui vive entièrement, c'est non. Catégoriquement non. Tu es Romàn Falco, et chez les Falco, on n'abandonne pas avant de mourir. Et il devra te tuer pour avoir ce corps et cet esprit. Dommage, sans le vassal, il n'peut pas vivre. Et ça, ça te fait rire.

Échauffement rapide, tu attends Torben Rawne, héro de guerre devenu connaissance, connaissance devenu ami. Depuis sa sortie de l'hopital, il t'apprend tout ce qu'il sait sur les Dieux, ça t'apporte un nouveau regard  sur ce que le Royaume te fout dans le crâne. Il t'apprend aussi à te contrôler, comme  Fiona essaye de te l'enseigner. Et toi... Toi tu lui sers de punching-ball vivant pour qu'il reprenne ses réflexes et redevienne capable de frapper sans avoir mal quelque part. Petite nature que tu lui balances parfois, un sourire de connard sur la tronche alors qu'au fond, Rawne, tu le trouves plus capable que le plus fort des soldats du Royaume. Lui ne s'abaisse pas à baiser les pieds des mafias, lui reste neutre, lui fait tout pour vivre et aider les siens. Comme Aislinn. Aislinn qui dans ton coeur, prend un peu plus de place de jour en jour, t'apportant du réconfort là où chez les autres femmes, ce n'était que des soupirs de contentement et des yeux clos que tu demandais. 
Les pupilles bleues qui virevoltent de droite à gauche, corde à sauter en main qui fouette le sol en rythme, il ne devrait pas tarder le légionnaire, avec sa moustache légendaire et son empathie qui toi, Romàn, t'oblige à calmer ce coeur qui tambourine bien trop vite sous le besoin de comprendre. Calme toi, Falco. C'est en respirant et en apaisant ce feu qui rugit ,que tu comprendras, que plus qu'un soldat, tu es un être divin qui peut être un poids dans la balance et faire vriller le destin.