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watch the queens conquer - Lun 8 Oct - 21:01



WATCH THE QUEENS CONQUER
@fiona killough


Le quartier industriel d’Arcadia est un autre de ces coins oubliés et rongés par la pauvreté. Si la pierre résiste, tout le reste s’abime : l’intérieur des murs, les meubles et les hommes qui vivent encore là. Parce-qu’il n’y a plus de travail, leurs nouvelles occupations consistent principalement à mélanger les alcools et les drogues, à parier les derniers billets qui trainent dans le fond de poche et se battre à chaque fin de partie de cartes ou de dés pour récupérer leurs trésors perdus.

Et là où règnent la misère et le malheur, les gangsters s’invitent pour faire naître de l’espoir dans les cœurs. Ils rallient les isolés à leur cause, leur promettent de l’or et d’autres merveilles.

Les hauts gradés du Royaume ont été les premiers à investir les rues du quartier. Il a d’abord fallu se débarrasser des petites frappes qui ambitionnaient de s’approprier la zone et, rapidement, les poisons produits par les celtes ont commencé à s’écouler. Après l’alliance, des gamins de l’île se sont mis à attendre à chaque coin de rue, les poches pleines de drogues encore inconnues et prêts à chasser les plus téméraires. Et aux propriétaires d’échoppes encore ouvertes, on a fait quelques promesses pour s’offrir leur fidélité.

Les yeux scrutent la devanture recouverte d’une couche de peinture encore fraiche. L’orphelinat abandonné n’en est plus un. Désormais, ce sont des lettres néons qui éclairent l’entrée et elles affichent : King Child Hotel. Pour en arriver là, il a fallu se débarrasser de toute la vermine qui squattait les lieux, faire tomber les murs qui pourrissaient de l’intérieur et trouver comment attirer une clientèle. Tous ensemble, Sujets du Royaume et Enfants Terribles, ont retapé ce taudis pour en faire quelque chose d’habitable, d’attirant et, surtout, de rentable. « Ma reine, roucoule la Mère en se penchant pour la révérence, bienvenue dans notre nouveau palais. »


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watch the queens conquer - Mar 9 Oct - 17:58




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Octobre 2018, King Child Hotel

 


Elle observe, contemple. C'est la fierté et l'orgueil qui gonflent les ventricules, font valser le vermeil à travers veines et artères, pulsant l'émerveillement dans les moindres recoins de son petit corps. Fiona est immobile, droite devant la devanture magistrale qui la surplombe, caresse l'illusion d'y voir bientôt foule importante. Elle se souvient encore ce premier jour où elle a épié la devanture délabrée, les initiales effacées de l'orphelinat où ne résidaient plus désormais que poussière et vide béant. Elle ne se souvient pas un jour avoir vu le sourire candide d'un bambin sur ces trottoirs, et ainsi, elle a bien conscience de l'âge certain des fondations, de ces quelques frasques passées qui ont été préservées durant la construction. Travaux qu'elle a d'ailleurs suivi, malgré le manque de temps, d'un œil maître qui trouvait défaut dans tout. Perfectionniste, la Dame était redoutée parmi les ouvriers, tant son appétit pour le parfait semble insatiable. Mais il est là, désormais, le ventre béant de l'Enfant Roi, un rappel aux rapports primaires de l'établissement, mais surtout aux deux Clans alliés qui ont permis telle rénovation. Ce sont les Enfants Terribles et le Royaume qui se dressent désormais fièrement dans le Quartier Industriel, à surplomber la plèbe de leurs néons rouges. Mais elle a bien conscience, Fiona, que le combat n'est pas encore gagné pour autant. La main royale qui enserre ces rues n'est que bien trop faible, malgré la quelque quinzaine d'habitations déjà acquises ici-bas, et les trois petits commerces de proximité qui tentent maladroitement de leur rapporter monnaies insipides. Il en faudra encore, tourner le regard vers les grosses industries teintées de noir, afin de déjouer les plans de la Calavera, ces rats qu'elle voit déjà autour d'elle, d'un œil de ténèbres.

La grandiose Savannah la salue humblement, de cette voix si particulière ne refoulant guère puissance et sauvagerie. Effigie d'un monde qu'elle commence à convoiter malgré elle, Déesse sépulcrale qu'elle entrevoit comme lueur inconnue qu'elle se plaît déjà à pourchasser. Femme douée d'une grandeur particulière, peinte de sang et de poison que Fiona admire plus que jamais. A son tour, elle lui accorde révérence partielle, accompagnée d'un sourire flatté et satisfait. « Mère... C'est un plaisir, comme toujours. » Corruption de la déité qui se cache sous la peau et qui n'a aucune rancune à lui administrer quelques frasques de désir dans les synapses. « Je ne puis être plus satisfaite de notre entreprise. Entrons. » Proposition suivie de quelques pas en direction de la porte. Comme coffre refermant trésor somptueux, l'entrée finit de les gober, leur dévoilant le gigantesque accueil, coloré aussi chaudement que leurs alter-egos. « Les lieux sont à nous. » Aucun employé, lieux vidés dans l'unique but de se rencontrer dans le secret, d'observer l'hôtel sous tous ses jours, dans un silence qu'elle apprécie. « Voici preuve de notre amitié. » L'exemple devrait être pris en compte partout. Ou comment deux Mafias peuvent finalement s'entendre, s'apprécier, et même construire ensemble. Rares sont les cas connus de telles prouesses de par le monde. Mais elle estime davantage telle relation que toutes les autres connues. Alors elle l'invite, sourire au coin de la bouche, à entamer le premier couloir, menant directement aux chambres, tout à fait banales, du rez-de-chaussée. « Comme convenu, les chambres plus particulières se trouvent au second, le bar, au troisième, les suites, au quatrième, et la discothèque, au dernier. Je te propose de visiter nos locaux et, pourquoi pas, nous arrêter en chemin pour trinquer à notre réussite ? » Les mots sont doux, emplis d'une empreinte sensuelle qu'on connaît surtout à Eithne. Présence d'une Divinité similaire, liée à ce désir tant convoité, qui exacerbe drastiquement la présence sous-jacente. « Nos premiers clients arrivent dès demain, la quasi-totalité de nos suites sont réservées. L'attrait de la nouveauté. » Attrait qui demeurera, elle l'espère.

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watch the queens conquer - Dim 11 Nov - 21:32


Aux premiers abords, l’investissement pourrait sembler fou, complétement irréfléchi. Les rues sont puantes et les pierres, qui font les bâtiments, sépulcrales. Les miséreux qui habitent encore l’endroit les fixent toujours avec ce sale air, comme de vouloir les maudire sur plusieurs générations. Rentrez chez vous, crient les yeux, et laissez-nous. Vous n’obtiendrez rien. Obstinées, Fiona et Savannah sont restées et ont amené leurs armées. Autour d’elles, les vestiges témoignent d’une époque où le quartier n’avait pas si mauvaise réputation. Dressé devant elles, le bâtiment flambant neuf laisse présager un avenir meilleur pour le secteur. On peut toujours trouver du beau dans l’horreur, et tirer des bénéfices d’une situation désespérée. Qu’importent les guerres et les menaces, Ava s’imagine déjà l’argent et le pouvoir, leur influence qui s’étend et les pions qu’elles feront tomber sur l’échiquier. Qu’ils soient les plus dangereux, les plus puissants et à la tête d’un clan, les cheffes ne craignent aucun homme.

La tête acquiesce et Savannah gobe les paroles avec une satisfaction non dissimulée. Enfin, elles avancent pour découvrir ce nouveau temple qui appelle — elles le savent, c’était voulu — à la débauche. Quand les premiers clients arriveront, elles promettront que les secrets seront bien cachés entre ces murs — mais ils ont des yeux et des oreilles, des bouches qui crèvent d’envie de tout répéter et des poches à remplir. « Les lieux sont à nous, l’informe Fiona. » Silencieuse, Ava tourne sur elle-même pour jeter un œil à chaque recoin de cette immense entrée, comme une gueule monstrueuse prête à avaler tous ceux qui auront le malheur de s’aventurer jusqu’au King Child Hotel. « Voici preuve de notre amitié, précise la majestueuse. » Elle s’arrête, le sourire canaille, pour la reluquer avec cet air qu’ont les filles qui préfèrent les filles. « Puisse-t-elle durer toujours et perdurer bien après nous, roucoule la Mère aux manières roturières. » Erzulie Freda, sous la peau, s’amourache à chaque nouveau regard, à chaque nouveau mot qui s’échappe d’entre ces lèvres qui lui font envie. Elle s’imagine les mouvements de ses cheveux de feu au-dessus d’elle, le parfum sur sa peau et la saveur de... « Excellent programme ! Je te suis, qu’elle dit en même temps qu’elle se presse pour la rejoindre dans le premier couloir. »

Au fur et à mesure qu’elle lui donne de nouvelles informations, Savannah se figure le plan de l’établissement avec plus de précisions. Elle sait que Fiona n’aurait jamais autorisé la moindre erreur lors de la construction, ni même le mauvais goût pour habiller les lieux. Pourtant, l’Enfant Terrible joue le jeu et décide d’ouvrir une porte au hasard. Celle d’une chambre simple, avec tout ce qu’il faut pour y passer une nuit convenable. « La quasi-totalité des suites, tu dis ? » Ava ne cache pas son intérêt pour la nouvelle. Elle va vers la fenêtre et tire le rideau pour mieux apprécier la vue qui donne sur la rue et les soldats qui la sillonnent. « Réservées pour des clients intéressants ? » Les doigts s’attardent sur le linge de lit tandis que les yeux terminent d’examiner la pièce. « C’est parfait, Fiona. » Le sourire est grand et le regard complice. L’excitation divine contamine l’esprit humain, se mélange au contentement déjà présent et influence le corps en poussant au rapprochement. « Et si nous passions à l’étage suivant ? » Elles sont tout près l’une de l’autre quand Savannah le propose.


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watch the queens conquer - Lun 12 Nov - 9:41




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Octobre 2018, King Child Hotel

 


Elle entrevoit la bousculade morbide qui séjournera bientôt entre impasses déliquescentes, imagine foule inconnue faire vrombrir les murs sous jouissements compulsifs, désire plus encore visages passifs se faire agressifs par quelques coups sur le comptoir. ça sent l'effervescence des sens, le chaos des palpitants. ça pue le vice et les tares mis sous phares. Terrasser l'espace aux côtés de la Mère fait enfler la poitrine, côtes qui menacent un moment de perforer la chair, de faire séjour à l'extérieur pour prouver fierté et honneur. Orgueil divin qui gravite en sa carne, qui bouscule la viande de frasques honorifiques. Gargouillis d'arrogance qui les dépose sur trônes dorés en son sein. « Leurs noms n'ont aucune importance. Seuls comptent leurs porte-monnaies. Et leur satisfaction. » Riches ou manants, ils s'esquissent déjà entre les murs qu'elles arpentent, feront vivre et revivre les lieux. N'a de valeur que leurs murmures une fois l'épisode achevé, ou comment ils susurreront dans la ville les plaisirs ardents dissimulés ici. « La majorité s'est intéressée aux chambres plus singulières. Ils viendront satisfaire leurs pires turpitudes ici-même. » Et elles n'auront de cesse d'offrir plus encore, désir enchaîné sous les draps qu'elles ont signé leurs. Fidélité à l'Enfant Roi, ici même ou candeur se mêle à témérité, où limites disparaissent. Frontières qui s'effacent avant ouverture, sous le derme de Fiona, elle qui s'enorgueillit du compliment délaissé près de l'oreille, craché avec douceur pour saluer travail titanesque et beuglantes sempiternelles. « Je n'ai laissé aucun détail au hasard. » Ordres par milles fois prononcés, oeillades précises qui se sont faites maîtresses pendant la construction. Elle qui arpentait les fondations plusieurs fois par semaine, Chef incontesté qu'on ne pouvait se permettre d'ignorer. Et Eithne s'effrite, et Eithne s'agite, caresses déliquescentes à même les reins, poigne chaleureuse des organes, qui songe à draps défaits et baisers brûlants, qui assèche la gorge et qui serre les dents. Promiscuité qui penche. « Cet Hôtel n'a-t-il pas été fondé pour répondre à tous les désirs ? » Les iris frémissent, épient la barbaque brunâtre, ravive l'appétit lubrique. Amitié presque dangereuse de deux divinités jumelles, celles qui attisent la luxure dans les veines, reflets méphistophéliques qui joutent pour faire rougir l'autre. Rapprochement emprunté sans recul aucun, plus massif encore, comme Reine qu'elle est, droite et immobile, assèche les coeurs en frôlant l'indécence d'un sourire charmeur. « Allons-y. » Jambes fragiles qui réclament Savannah dans leur étreinte, Fiona s'éclipse, gangrène lascive qui ne génère que palpitations déraisonnées.

Ascenseur qui invite, qui referme portes sur elles, qui emporte réalité. Instants silencieux qui se font pourtant bruyants, au-delà des bouches serrées, les flammes crépitent et deviennent brasier. Frétillements indolores qui appellent à l'apogée des sens, au couronnement de l'étau promis. Celui qu'elle a déjà entrevu au coeur de nuits noires. Depuis longtemps, désormais, se font la cour sans dévoilement aucun, seuls les regards qui luttent et qui trahissent, seuls sourires qui invitent à l'halètement commun. « Chacune de ces chambres peut répondre à toute sorte de recherche, et à toute sorte de perversion. » C'est la chambre 63 qu'elle choisit d'ouvrir d'une main habile. Démarche effectuée instantanément dans la pièce, arpentant les paraphilies excessives qui dominent. Chambre sombre, sans fenêtre, toute vêtue de métaux, seuls matelas et draps qui font exception. Le contenu d'une gigantesque armoire, recelant d'ustensiles en tout genre dont description serait inutile, que la Reine ouvre avec précaution. « Cette chambre est réservée pour tout le mois à venir. » Clients qui préfèrent louer un hôtel, moins cher que l'achat complet de la panoplie violente. Dame Rouge qui fait courir les doigts sur plusieurs outils, choisit précisément sangles qui font frémir les poignets fébriles. Les épanche sous les yeux de la comparse, caresse le cuir sans retenue aucune, et ça lutte encore dans les ventricules, à valser avec l'inconvenance. « Quant à l'allure quelque peu étrange... » Gravitations effectuées auprès de la madone, soutien du regard avec force et insistance. « Je l'ai imaginée pour moi. » Et elle penche la tête, offre davantage la gorge pour mieux se la faire trancher. « Le feu peut être particulièrement indocile. » Incendie qui se répand dans les boyaux, qui festoie dans son caveau.

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