Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Ven 3 Aoû - 16:49
les malheurs d'askja
Le smartphone (ou plutôt dumbphone) en main, Alcide quitte Little Italy. A bord de sa voiture, il se prend pour le roi d’Arcadia. C’est dimanche, les gens sortent moins. Le don grille les feux rouges comme s’il s’agissait d’un défi ou d’une après-midi bbq. Annalisa n’aimerait pas ça, si elle se trouvait à la place du mort. Mais puisqu’elle n’est pas là, il laisse libre court à sa folie de la vitesse. C’est loin d’être une attitude correcte, elle lui a déjà valu quelques accidents. Et ça a tué des gens… Il s’en souvient bien, du choc des bagnoles, des corps inertes. C’était pas beau à voir mais le couple était de la Bravta alors… c’était moins grave.
Une fois parvenu dans les beaux quartiers d’Elysium Heights, il fait gaffe aux feux de circulation. Manquerait plus d’écraser le gosse numéro quatre d’Annalisa… Il trouve rapidement une place où garer le bolide et paie le parcmètre comme un citoyen modèle. L’adresse est facile à débusquer, et il se présente à la porte d’entrée. Sous le bras, un paquet bien emballé par ses soins. Il ne sait pas s’il joue un rôle ou s’il est son propre personnage mais… ça lui plaît.
Il sonne et ce n’est pas le charmant visage qui l’accueille. C’est… un adolescent qui semble réticent à ouvrir la porte en grand. Les yeux très bleus et la tignasse bien noire. Clairement pas le combo préféré d’Alcide. Tandis qu’il fronce les sourcils, il remarque le petit que l’ado porte dans ses bras. Il a un petit air familier, dégourdi et toujours suspect. Bonjour et au revoir, l’ado bizarre se décharge du bébé. Et c’est enfin Anna qui débarque, accompagnée d’une vision miniature d’elle-même. « Entre vas y! » Alors il obtempère tout en observant la petite fille qui affiche une moue timide, peut-être honteuse, peut-être impressionnée. (Il préfèrerait la troisième option. Pour son ego, toujours son sale ego.) « Bonjour. Je m'appelle Askja. Il lui offre un vrai sourire. Bonjour toi. Je crois que j’avais deviné... Lole ! » En insistant bien sur le E de fin. Puis il fait une bise rapide à la maman de la bavarde.
Alcide entre et se met à l’aise, pose le paquet sur la table du salon. Passant une main sur sa nuque, il observe les lieux. C’est plutôt cosy. Et ça sent bon le petit plat. Chez lui, ça ne sent pas comme ça parce qu'il ne cuisine pas. Pas le temps et encore moins le talent.
« Je ne connais pas les dates d'anniversaire de tout le monde... alors j’ai apporté un petit quelque chose. Regardant Askja, il se dit que son cadeau tombe un peu l’eau. Quoique. Il pourrait plaire à l'ado et Sveinn... oh, il pourrait s’étouffer avec les dés. Tragédie domestique mais très ludique. Sur le ton de la blague, il demande à la petite ; Tu t’y connais en immobilier ? Si non, je t’apprendrai. »
Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Ven 3 Aoû - 23:24
les malheurs d'askja
Askja n’a pas l’air très réceptive au mot “immobilier”, ce qu’Alcide comprend moyennement. Quiconque sait envoyer des SMS devrait en connaître la définition… non ? En tout cas, ça ravit les autres enfants, débarqués d’il ne sait où. Un p’tit gars aux mains occupées par des justiciers et une fille qu’on pourrait confondre avec miss Texto. Ne sachant pas qui est Cyrus ou Fafnir (ou Paul, peut-être qu’on a invité Paul), Alcide se tait et s’efforce de sourire quand il se fait juger par les jeunes regards. Faudrait pas qu’un d’entre eux se mette à brailler “Maman ! Il fait peur le monsieur !”.
L’emballage est rapidement mis hors combat et la boîte est révélée aux yeux des quatre enfants. « J’ai trouvé ça près de chez moi, la boutique réédite tout ce qui se fait et l’adapte à la culture italienne. J’hésitais avec un Risk mais le Monopoly, ça forge au business. Puis, remarquant que les gamins sont en train de farfouiller dans la boîte, que Sveinn grignote le papier, et qu’Annalisa les observe sans rien faire, il ajoute, plus bas. J’avais prévu une bouteille sympa mais boire à 17H ferait de nous des alcooliques, pas vrai ? Alors je te la ramènerai une prochaine fois… » Pas le temps de penser à cette fameuse prochaine entrevue, car les enfants viennent le remercier poliment. Surtout Sveinn, qui débarque sur ses deux jambes, à la grande surprise d’Alcide. Il ne l’avait vu que bouclé dans une poussette ou dans les bras de sa mère. Mais y a rien d’attendri dans les yeux du don. Y aurait peut-être une lueur de rire si le petit avait trébuché sur son second pied.
Les enfants filent comme ils sont arrivés (comme des comètes) et Anna profite de l’accalmie pour se poser dans le salon. « Askja a fait les gâteaux pour te demander pardon, c'est elle qui a eu l'idée, c'est elle qui les a fait ! » Alcide pratique une politique bien à lui, à laquelle il a rarement fait écart. Celle de refuser toute nourriture cuisinée par des enfants. Une pomme, ça peut passer, bien sûr. Mais des cookies, dont on triture la pâte, elle-même artisanale… C’est prendre de sacrés risques. On ne sait jamais ce qu’un gamin peut fourrer dans ses pâtisseries ; car après tout, certains cachent des cailloux dans leurs boules de neige. Il faut rester sur ses gardes. Mais comme la petiote n’a sûrement pas cuisiné sans surveillance, il accepte d’en goûter un, malgré sa couleur suspecte.
« Che ne suis pas très chucré mais… ch’est pas mal… commente-t-il. Achkja est toute pardonnée. » Pendant que le petit se sert de lui comme d’un porte-manteaux pour figurines, il écoute Anna exprimer son soulagement. C’est clair qu’Askja a bien choisi le contact avec qui papoter. Mauvais numéro et au revoir tout le monde. Elle n’est pas précise quant au sujet-danger et il décide de ne pas la cuisiner trop vite. C’est normal de ne pas tout confier. Ça viendra sûrement naturellement. Ecoutant son conseil, il pioche deux gâteaux et en craque un morceau pour le petit.
« Il vaudrait peut-être mieux ne pas mêler tes enfants à tes affaires d’adulte, suggère-t-il en observant Sveinn à la conquête du sofa. C’est facile à dire, c’est vrai. Il n’a pas idée de ce que signifie vivre avec six enfants dans son périmètre. Quelle trop d’idée, en même temps ! Il ne se risque qu’à une question à choix multiples. C’est en rapport avec ta santé ou à cause de cette histoire de fréquentations ? »
Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Mer 22 Aoû - 15:24
les malheurs d'askja
Le petit homme braille un remerciement à mi-syllabe. Secrètement, Alcide se demande s’il est capable de mâcher des aliments aussi consistants. Et si… Sveinn s’étranglait ?
Le rire d’Anna étouffe la pensée drastique d’Alcide. Elle le rassure quant à sa santé mais il se demande si la petite n’a pas raison, au fond. Les gamins de cet âge sont des créatures insouciantes. S’inquiéter pour autrui, c’est rarement leur trip. Et les parents à la tête trop occupée ont tendance à s’oublier. Exception faite pour lui. C’est pas en ayant Vito qu’il a cessé de vivre. Au contraire, ça l’a poussé à ne pas s’embourber dans un quotidien fait de couches et de bavoirs.
Panorama de vie peut-être plus reluisant que celui d’un gangster. C’est vrai. Et à regarder Anna, de loin comme de près, dans son habitat naturel, on ne dirait pas qu’elle est affilée à une mafia. Une femme comme elle n’a rien à faire dans une organisation comme la Bravta. A cette pensée, le coeur d’Alcide se barde de barbelés. « Oui, ce ne serait pas malin… S’il était à l’origine de la fin d’Anna, il s’en voudrait. Ce sentiment n’a pas lieu d’être et il le sait. Il ne le comprend pas vraiment, parce ce que ça n’a rien à voir avec de l’amour ou de la pitié. Il a très bien connu le premier et déteste la seconde. J’aurais mieux fait de ne pas répondre. » L’excuse est dissimulée sous le ton du constat.
Le bonhomme finalement debout, la bouche pleine, choisit finalement d’atterrir sur les cuisses d’Alcide. Sa bouche - non, son visage - se tord de surprise. Ses paupières oublient de cligner. C’est comme avoir un chat sur soi. On n’ose pas le chasser même si on en a assez. Sveinn se bidonne en montrant son gâteau plein de bave mais Alcide ne parvient pas à lui rendre son rire. Il est soucieux. « Atta… attation… » Le langage bébé, c’est pas son truc. Anna est prête à reprendre le petit clown mais Alcide lui fait signe que non, ça ira. La preuve, il tend ses cuisses et les remue pour secouer Sveinn qui gazouille toujours.
« Toi, une mère de famille, tu dois recruter pour ces barbares ? Ça lui échappe. Ils sont fous ces soviets. » Il attrape un cookie et le mâche, les yeux furieux rivés sur le récipient innocent.
« Je saisis… je connais ce genre d’avertissement. Il te faudra du courage si tu veux t’en soustraire… Et de l’aide, je peux t’en offrir, on en a déjà parlé l’autre soir. Soirée de merde dans un manoir de merde. On aurait mieux fait d’allumer la TV et de commander des pizzas végés. Tu es quelqu’un d’honnête, je sais que tu tiendras parole. » Alcide passe une main contre le ventre du petit, observe ses mèches claires, ses petites mains désormais vides. Il lui donne le reste de son cookie et reporte son attention sur Anna, la voix plus douce. « Tu n’as pas de famille ici ? » Ici, le Nouveau Monde où tout le monde est libre de réaliser son American Dream.
Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Jeu 23 Aoû - 0:01
les malheurs d'askja
« Merci Alcide, tu es gentil, j'ai de la chance de te connaître. » Il a rarement entendu pareille déclaration. Ça lui foutrait presque la larme à l’oeil s’il n’avait pas un gigot gigoteur sur ses jambes. Remarquant qu’elle apprécie l’alchimie qu’il partage avec le petit, Alcide saisit les petites mains et fait remuer Sveinn sur un rythme muet.
Pendant ce temps, il écoute Annalisa raconter son histoire, cherche à la représenter encore plus jeune et sans enfants. Le film est plutôt sympa. Il visualise les mecs de l’aéroport devant le passeport d’Annalisa Fjalarsdottir. C’était écrit sur la boîte aux lettres. Ce détail n’a pas échappé à Alcide mais il ne s’aventurera pas à le prononcer. Il projette la jeune femme débarquée pour étudier et finalement jetée dans un lit contre des dollars dont elle n’aura pas vu la couleur. « Oui je connais le Red Lantern de nom. » Mais il ne s’y est jamais rendu. Il trouve ça scabreux et n’a pas besoin de ça pour combler ses bras et ses draps.
C’est facile pour lui de croire à un récit aussi dramatique. Parce qu’il peut écarquiller des yeux de surprise, il ne peut pas se prétendre innocent. La Nuova Camorra possède ce luxe de ne pas tremper dans le trafic de corps humains - vivants ou non. Ils sont plus branchés produits délirants comme le nectar (dont il va falloir renflouer le stock). Bien sûr, Alcide sait menacer. N’a pas peur d’utiliser les enfants comme moyen de pression. Il l’a déjà fait et ne serait pas contre le fait de s’y remettre.
En effet, Anna ne porte pas d’alliance. Assez étonnant. L’annulaire d’Alcide est aussi vacant. Il a ôté sa bague quarante jours après l’enterrement de son ex. Paraît que c’est le délai d’un deuil. Et il ne saurait dire où l’alliance se trouve. « Et puis il y a Sveinn. » Elle mord sa lèvre au lieu du cookie. Il pose les yeux sur la petite tête qui s’agite sous son menton. Lorsqu’il relève les yeux sur Anna, il a la surprise de croiser les siens. Comme si elle attendait, se préparait. « Il te ressemble beaucoup. »
Son regard reste figé sur le visage d’Anna. Il sent sa tête et son torse pétiller, être parcourus de frissons gelés. Ça résonne à l’arrière de son crâne, se loge dans son dos. Comme lorsqu’on fait crisser une fourchette sur son assiette. Ce regard n’est pas très agréable, même venant d’Annalisa. Il pèse le poids d’un éléphanteau obèse. (Y a aussi son ventre vide malgré les gâteaux d'Askja, seuls quelques boyaux se nouent jusqu'au sang.) « Je sais qu'il sera aussi fort que toi. » En parlant de muscles, ils sont tous tendus. Même la mâchoire s’est serrée, comme si elle se préparait à essuyer une tempête. Elle se détend et la bouche demande sans que le cerveau ne l’ordonne. « Tu aurais de l’eau ? » S’il en avait eu dans la bouche, il l’aurait crachée sur Sveinn.
Une fois le verre en main, il l’avale cul sec. C’est pas de l’alcool et tant mieux car l’effet est déjà là. Il souffle. Se demande dans quel pétrin il s’est fourré. Anna compte déjà sur sa fuite mais elle demeure un pion des Russes. Ça sent pas bon.
« Tu l’as toujours su ? » Pas une critique. Ce n’est pas un aboiement incrédule. C’est un peu penaud. Il se prend une nouvelle fois au jeu de détailler l’enfant, vue aérienne. Et puisque ça ne le satisfait pas, il place ses deux mains sur ses côtes, le soulève et le fait pivoter dans tous les sens. Pour l’observer. Comme un petit paquet de farine percé dont on cherche le foutu trou. Sveinn sourit de sa petite bouche édentée. Il croit sans doute que le monsieur lui fait faire le parachutiste. Il ne comprend pas que le monsieur est pris de vertige.
« Tu… Anna, tu... je, tu crois ? Il repose l’enfant à côté de lui cette fois-ci, au fond du sofa, contre les coussins. Ça l’accable un peu, il croyait ce cirque terminé. S’était douté de quelque chose, l’autre jour, le jour du brunch. Sveinn avait l’air très suspect dans sa poussette. Tu en es sûre ? C’est possible, je m’étais pas… Protégé. Il ne le fait jamais. Il devrait peut-être. Voix plus grave. Il ne demande pas à lire l’acte de naissance et les résultats médicaux. Il serait pas foutu de comprendre quelle portion d’ADN il a pu refiler au bambin. Sûrement son sourire ravageur et son sens du spectacle. Tu es certaine qu’il n’y a eu personne d’autre que moi ? Les dates ? » Anna est honnête mais à cet instant précis, Alcide rêve de l’entendre mentir.
Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Ven 24 Aoû - 0:08
les malheurs d'askja
Alcide braque ses yeux sur Sveinn comme s’il cherchait l’étiquette Made by Bellandi. Il ne la trouve pas. Ce sont les mots d’Anna qui viennent se loger dans ses tympans rendus sourds par la révélation. Elle ne va pas chercher à lui pomper son fric (heureusement, parce qu’après l’épisode Eden Manor, c’est pas dans les caisses de la NC qu’il pourra piocher. Discrètement.). Il hoche la tête sans mot dire. Pas de poursuites de ce côté-là. Enregistré. Grazie. Si Anna grimace et sonne désolée-résolue, lui est toujours bouche bée. Il ne s’y attendait pas et il y a une raison à cela.
Ses enfants illégitimes sont adultes maintenant. Il se souvient plus ou moins bien du parcours de chacun. Leurs mères aussi, lorsqu’elles ont causé des problèmes. Y a eu l’oracle de la mafia, la mère de Calliope, qu’il a aidée à s’installer à Boston. Quelle drôle d’idée d’aimer le don, en même temps ! Le don qui n’aime pas, le don qui préfère une nuit à une vie. Et y en a eu d’autres. C’est vrai qu’Anna a été spéciale. Douce et fougueuse, une belle dualité. Alcide avait zappé son explication sur sa divinité de cigogne chronopost.
« Ça faisait longtemps… très longtemps, que ça ne m’était pas arrivé. On dirait qu’il parle d’une crise d’urticaire mal située. Trente ans pour certains… Et là, il se dit qu’elle doit avoisiner cet âge. C’est pas vraiment un critère pour Zeus, alors pour une déesse de la fertilité… Et puisqu’elle n’a pas fait de chichi cette nuit, il met cette pensée de côté et se permet de continuer. A lui de raconter. Ma femme ne supportait pas ce genre d’histoire. Je comprends, mais bon, c’était mes affaires. De toute façon, j’ai pas la fibre paternelle. J’ai qu’un fils et on ne se connaît pas. J’étais à l’armée, avant. Je ne passais qu’en coup de vent. »
Et la nouvelle est pareille à une tempête de neige. Le fait accompli le prend au dépourvu et il se demande ce qu’il adviendra d’Annalisa et de lui. Les relations se compliquent toujours une fois le paquet déballé. Ni repris ni échangé. « En général, je m’arrange pour couper les ponts avec la mère. Pour éviter les... débordements. » Ça sonne clean mais il ne l’est pas. Il se rappelle de celle qu’il lui a fini par intimider au téléphone pour qu’elle lui lâche les basques.
Il ne parvient pas à se gorger d’orgueil lorsqu’Anna lui explique sa confiance et son désir de vérité. Est-il fâché ? Bonne question… Non. Il est surpris, très surpris, et un peu inquiet. Et si, comme Anna semble l’espérer, Sveinn devenait son portrait craché ? Ça ne passera pas du côté de la Bravta. Ils verront ça comme une trahison et auront sûrement raison. Bye bye Anna. Si malheur il devait arriver, il serait autant père de Sveinn qu’assassin de sa mère. « Il te met en danger. Quoique tu fasses, le mensonge ne tiendra pas longtemps. Quelques années si tu es chanceuse, il a déjà... Un petit air. J’espère que tes valises sont prêtes. » Alcide se ressert un verre d’eau, son regard rencontre celui de Sveinn, perché comme un koala. Le don fronce les sourcils. Ouais c’est ça p’tit mec, souris à ton père.
Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Mar 28 Aoû - 17:23
les malheurs d'Askja
Clarence & Annalisa & Alcide
>
«Happiness is anyone and anything that's loved by you.»
Les gens diront ce qu’ils voudront de bonheur d’été et de la déprime d’hiver. Mais toi, c’était toujours la morosité d’Août. Le mois où l’été commençait à mourir, annonçant le retour en classe pour tes enfants, mais s’écoulant sous le signe d’une période un peu morte pour l’industrie dans laquelle t’évolues. Alors que tes enfants s’épuisent encore dans un daycamp artistique-sportif que tu paies la peau du cul, toi t’endures les journées qui passent trop lentement. Il y a la clim’ au bureau, oui, mais c’est tout ce qu’il y a pour illuminer les journées de travail de ce mois d’enfer. Le nez fourré dans la paperasse, le travail de terrain te manque trop. Au moins, tu sais qu’en rentrant du boulot, tu reverras Anna et tes enfants (tu ne fais plus de distinction entre les tiens et les siens). Devant la porte de cette maison qui s’oppose à la monotonie de la ville, tes enfants sautillent dans l’attente que la porte s’ouvre. Au moment fatidique, ils entrent en tornade pour aller saluer Anna qui, mine de rien, leur a beaucoup manquée dans la journée. Avant de les suivre, tu prends le temps de ramasser leurs sacs à dos qu’ils ont laissés tomber et leurs chaussures pêle-mêle.
Au moment où tu mets le pied dans le salon, Anna est déjà en train de présenter tes enfants à l’invité. Si les autres sont polis et attendent, un peu gênés, que les formalités soient faites avant d’aller rejoindre leur nouvelle fratrie, Timo se contente d’un bref salut avant de filer par la cuisine rejoindre la cour de la maison. Ça t’amuse de les voir un peu gênés devant cet inconnu ; ribambelle de petites têtes brunes qui se retiennent pour grignoter leurs cookies. Enfin, la tête la plus pâle, Heath, est probablement la moins timide puisqu’elle se permet de faire un brofist à l’épaule d’Alcide. Et bientôt, ton attention est volée par le petit Sveinn qui court vers toi, les bras tendus, en criant « papa ». L’enfant s’accroche à ton pantalon, mais tu te penches pour le soulever dans tes bras. Ça t’attendrit de le voir essayer d’attraper ton nez et de l’entendre gazouiller alors que tu déposes un bisou sur sa joue dodue. Gentiment, tu presses un de ses petits pieds. « Elles te font courir vite les chaussures que papa t’a achetées, mon bonhomme ! On ira les tester au parc, demain.», ris-tu avant de rendre à la mère le baiser qu’elle a posé sur tes lèvres.
Avant de t’asseoir à côté d’Anna, tu te permets de voler deux cookies. Un pour toi, et un autre pour Sveinn qui agitait la main vers le plateau en s’exclamant « icuit, icuit ! ». Une fois calé dans le canapé, l’épaule contre celle d’Anna, tu coinces le tien entre tes lèvres et fend celui de Sveinn en deux pour ne lui en donner qu’une moitié. Le petit s’assied sur tes genoux en grignotant la douceur sucrée. Tu croques ton biscuit tout en zyeutant l’invité. « Vu la soirée de l’autre fois, je ne lui en voudrais même pas de ne pas se souvenir. », affirmes-tu d’un ton tout à fait moqueur. Toi, tu te souviens bien de ce type et tu trouves qu’il a meilleure allure en ce moment – et ça doit être ton cas, aussi. Cette soirée, tout-à-fait désastreuse, t’avait convaincu que la prochaine fois qu’un truc inter-mafias était organisé, toi et Anna passeriez votre tour, vous contentant d’une soirée tranquille à la maison. Lorsque Sveinn termine la moitié de son cookie, il ne réclame pas l’autre (heureusement, parce que tu l’as mangée), il s’attarde plutôt à tes mains qui semblent être devenues son jouet du moment.
Tout en sirotant son verre d'eau plate, Alcide regarde le bambino s'écarter du cocon maternel. Il fait sa vie et retrouve ses jouets. Sa vie semble facile mais ce ne sera pas de courte durée, à moins qu'il ne déménage dès ses cinq ans. Mais on n'envoie pas un gosse dans un colis chronopost... Il restera sûrement auprès d'Anna. « Tu me tiendras au courant... » Anna qui lui assure qu'elle n'agira pas contre lui, qu'elle cherche activement un moyen de s'échapper. C'est une parole qu'il enregistre mais il le sait, lorsqu'on a les deux pieds dans la Bratva, on n'en ressort pas. Ou alors si, mais sans jambes, ce qui est aussi discret qu'handicapant.
Sveinn râle tout seul, abandonne ses jouets et vient les retrouver. Coucou, dit sa petite main levée. Et puis soudain, des bruits. Un troupeau d'enfants débarque mais ce n'est pas le même qu'à son arrivée. Ils ne sont pas roux, ceux-là ! Après la tempête, un homme débarque dans le salon. Et que crie le faux Bellandi ? « Papaaaaaaa ! » L'original se fige une nouvelle fois.
Il ne voit pas les enfants piocher les cookies, il n'a d'yeux que pour le Papa, dont la jambe est prise d'assaut par Sveinn. Bisous, bonjours, Alcide n'en tient pas compte. Et à mesure qu'il comprend, il reconnaît l'homme qui embrasse Anna. C'est l'ami. Joli euphémisme ! « Vu la soirée de l’autre fois, je ne lui en voudrais même pas de ne pas se souvenir, dit-il goguenard, tout calé contre Anna. » Pendant deux secondes, Alcide voit rouge. Il remue le couteau dans la plaie... Et il a l'impression que l'ami papa lui a volé quelque chose.
Quelque chose qu'il n'a jamais soupçonné ou désiré. Et maintenant que la vérité éclate au grand jour, il se sent un peu stupide. « Si, ça me revient. Vous m'avez reconduit chez moi. Il grince un peu à l'idée qu'il doit une fière chandelle à cet inconnu éleveur d'enfants. Ma fille a pris le relais le lendemain. Ça s'est rapidement arrangé. Il a quand même douillé mais ne tient pas à jouer la larme en sa présence. Ego ego ego. Alors comme ça, c'est le vôtre ? hasarde-t-il, un peu vexé. »
Les malheurs d'Askja (Alcide & Annalisa) - Dim 30 Sep - 3:11
les malheurs d'Askja
Clarence & Annalisa & Alcide
>
«Happiness is anyone and anything that's loved by you.»
Cette attaque d’orgueil te fait sourire, mais pas ce genre de sourire qui se remarque. Celui caché dans ton regard malgré l’air calme et les sourcils légèrement froncés. C’est le tien, d’ego, qui fait surface au moment où l’homme te pose cette fameuse question. Enfin. Quelques secondes avant d’être emplit d’une certaine fierté, t’as jeté à Anna un de ces regards qui voulait dire « on aurait peut-être pas dû lui rendre ce service-là, de le raccompagner ? » Parce qu’ego brimé ou pas, ce petit détour avait quand même été a pain in the ass, selon ta perspective des choses. Quand Anna répond avant toi, t’hoches un peu la tête en serrant le bébé un peu plus contre toi, mais il se redresse sur ses deux pattes et vient bavouiller sur ta joue. Il essaie de te raconter quelque chose dans son langage de bébé auquel tu ne comprends rien, même si tu fais semblant.
« Je ne suis pas son géniteur, mais son père tout de même. J’ai accompagné Anna tout au long de sa grossesse, c'est même moi qui l'ait conduit à l'hôpital, et je l’aide à élever Sveinn. », commences-tu d’un ton loin de l’arrogance que témoignent tes iris trop fières. Quand il entend son nom, le petit te regarde avec de grands yeux interrogateurs. Amusé, t’appuies gentiment ton index sur le nez de l’enfant qui vient de blottir sur ton torse. Tu fixes le Bellandi. « Être un père – ou une mère, même – n’a rien à voir avec les gènes de l’enfant. Certes, tu peux être fier d’avoir des mômes, même les pires géniteurs le sont, mais quant à moi tu ne peux pas t’appeler un « père » ou une « mère » si tu ne fais rien pour l’être – il y a des exceptions bien entendu, Eleanor ne pouvait prendre soin des enfants dans l’état où elle était à la fin... Il faut aimer et protéger l’enfant, l’aider à grandir. Et c’est ce que je fais tous les jours. » Subtilement, tu jettes un regard désolé à Anna. Tu n’as pas à l’être, mais tu t’emportes trop facilement quand on parle de parentalité. C’est que ça te tien à cœur.
Un soupire. « Je sais qui tu es par rapport à Sveinn. Est-ce que ça me dérange pour autant ? Pas tellement, je te dirais. Comme dit Anna, si tu veux voir le petit de temps en temps, c’est ton droit. », lances-tu d’un ton lourd qui sous-entend que l’idée ne te plaît pas tellement. Pas parce que tu te sens menacé ou quoi que ce soit. Plutôt, tu ne lui fais pas confiance : tu sais son rôle dans cette guerre de mafias et ce n’est pas détail qui doit être négligé. Déjà que de penser au fait qu’il se soit retrouvé seul avec Anna et les mômes durant ton absence ne t’enchante pas spécialement… Elle est trop gentille et parfois ça t’inquiète. « De toute manière, il finira par vouloir savoir d’où viennent ses gènes, quand il sera plus vieux. Aussi bien briser la glace le plus tôt possible. » Prendre sur toi est probablement plus douloureux que ce que tu supposes à chaque fois. Mais pour le bien de tous, il le faut.
Le spectacle du petit couple lui plaît moyennement. Peut-être parce que cela lui rappelle trop le sien, mort il y a quinze ans. Il a tout raté sur toute la ligne et il le sait. Il sait qu'il n'est pas fait pour ça, maison gamins jardin chien et tout le tintouin... Mais ça le hérisse de voir que d'autres s'épanouissent dans cet univers. Parce que ce gosse, aussi baveux et gazouillant soit-il, c'est le sien.
« Clarence s'occupe de lui depuis sa naissance. » Le fameux Clarence renchérit en faisant l'historique de ses bonnes actions. Ah, et maintenant, il lui fait le speech du bon papa. Ses intonations ne sont pas pédantes mais du fond de ce sofa, avec des cookies d'enfant dans l'estomac, Alcide éprouve bien des difficultés à émettre des ondes positives. Il décide de ne pas se forcer : on n'est pas au cinéma.
« (…) Il faut aimer et protéger l’enfant, l’aider à grandir. Et c’est ce que je fais tous les jours. » Comme Super Daddy auparavant, Alcide soupire. « Bravo à vous. » La situation est inconfortable, l'envie de quitter les lieux le chatouille. Mais parce qu'Anna l'a invité, il décide de ne pas prendre congé trop rapidement, sauf si elle lui suggère poliment. Il sait aussi bien se comporter que communiquer ses humeurs noires - des éclairs qui ne ciblent que le père. Alcide a peut-être du mal à imaginer qu'on puisse bâtir une vie sans lui, ou pire, après lui. Le jour où il admettra cela, il pleuvra des vaches.
« Comme dit Anna, si tu veux voir le petit de temps en temps, c’est ton droit. » Le cinquantenaire arque un sourcil. Il a compris les sous titres et n'apprécie pas que Clarence dévie les beaux espoirs d'Anna. Parce que c'est ce qu'il fait, n'est-ce pas ? Il retourne la situation selon son opinion ! Il travestit Apporter beaucoup de bonnes choses par ce qui s'apparente à un droit de parloir. « Je serai là s'il me réclame, et nous serons prêts à agir au premier appel, comme convenu avec Anna. Je suppose que ça ne vous pose pas de problème ? »
Il conclut sans chaleur, les yeux posés sur le principal intéressé, qui n'a pas l'air de comprendre les soucis qu'il incombe. « Nous rediscuterons de tout ça en temps voulu. Quand nous aurons une idée de qui il tient vraiment. A quatre bien sûr. » Avoir une famille patchwork est une chose, abriter un dieu en est assurément une autre.