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Bonjour [Charlie]

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Bonjour [Charlie] - Mar 30 Oct - 12:46

Solide dans ses bottes, ses belles bottes, qui tiennent bien les chevilles, qui tiennent bien chaud aussi. Et il le faut quand on reste longtemps dehors et qu’on marche beaucoup aussi. Mais il ne se plaint pas maintenant, jamais, d'ailleurs il se contente d’un sourire et du bonheur qu’il extirpe des petites choses et des grandes, des aventures qu’il commence après un premier pas. Et puis un autre. Il a les bras chargés de fleurs qu’il n'a même pas chipé pour une fois, ou pour jamais, elles composaient un bouquet un peu fané qu’une fleuriste conciliante a bien voulu lui donner. Ou pour ravir ses yeux, ses jolis yeux, parfois il ne sait plus trop, mais ça ne l'embête pas trop, il n'aime pas réellement les difficultés.

Il aperçoit beaucoup de commerces dans la rue où il se projette, alors il décide que ce sera la prochaine étape, celle qui composerait son aujourd’hui, peut-être même son demain. Et C=comme c’est le matin, que les gens bien se retrouvent dans des jolis cafés trop chers pour exister il décide de s'arrêter dans un beau. Un joli. Dont il ne comprend pas le nom sur la devanture, mais peu importe. Il enfile son plus beau sourire, glisse ses cheveux en arrière, il se fait beau vraiment, comme pour un rendez-vous galant ou enfin pas vraiment, juste pour impressionner ces bonnes gens.

Il pousse les lourdes portes d’un pas décidé et conquérant surtout, car c’est aussi ça Szymon, un roi du monde qui n'hésite pas à l’affirmer. Il se racle la gorge quand la clochette sonne pour annoncer son arrivée. Son regard balaye la salle presque tendrement pour voir sans voir. Cette façon de faire semblant de les observer tous pour n'oublier personne.

BONJOUR MADAME MONSIEUR. J'ESPÈRE VOUS ÊTRE BIEN…. Euh non. … Comment on dit déjà ? Quelques secondes de réflexion intense pour retrouver la bonne conjugaison. Ou la mauvaise. L’infinitif à cette sale manie de faire rigoler les autres et là il veut être sérieux et récolter de quoi manger un peu enfin, juste un peu. J'ESPÈRE QUE VOUS… ALLEZ BIEN. J'AI… DES ROSES. POUR UN DOLLAR C’EST PAS CHER ÇA FAIT PLAISIR. Son accent est mordant, mais il n'en a que faire. Il s'approche des clientes pour leur présenter habilement, il se traîne doucement auprès des gens. Il fait des petites remarques, en chantonnant délicatement.

Il récolte deux trois dollars sans doute pour qu’il leur fiche la paix. Mais ce n’est pas assez. Il se dit qu’il va attendre un peu, si les gens s’enfuient, d'autres reviendront sûrement. Szymon s’en va du côté du bar à café, c’est drôle un bar à café. Il regarde sans regarder les tableaux, les menus et les promotions.

Bonjour… je veux... Euh. Est-ce que… avec. Tout ça… Il sort de sa poche des pièces et des billets de un. Beaucoup de pièces. Acheter à manger et boire ? Joli sourire sur la face. Il voit sans voir, un jeune homme aux cernes marquées.
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Bonjour [Charlie] - Mar 30 Oct - 16:04

« Oh, non, pas encore... » Soupira Kenneth.
Charlie leva la tête aussitôt vers la porte d'entrée dont la cloche venait de signaler l'entrée d'un nouveau client. Ce n'était pas ses cheveux blonds hirsutes qui l'avaient frappé en premier lieu mais la profondeur du bleu de ses yeux qu'il devinait aisément, même à quelques mètres de lui. Maladroitement, l'individu s'esclaffa en lançant ses roses ici et là en échange de quelques sous.
Il avait l'accent d'ailleurs - des pays froids. Ses r muets rendaient peu compréhensible sa diction si bien que la plupart des clients prenaient une moue agacée. Encore un dalleux sifflait l'homme accoudé au comptoir qui attendait sa commande. Kenneth hocha la tête en guise de réponse avant de revenir vers Lovecraft, d'un ton exaspéré.

« Tu t'occuperas de le mettre dehors, hein ? Moi je vais en pause. » Il tapota machinalement l'épaule de Charlie qui déversait la crème dans le mug avec certaine habilité. Au contact, il sursauta, manquant de faire tomber quelques gouttes au sol et rater son motif écrémé. Il n'était pas spécialement à l'aise à l'idée d'aller directement au front, face à conflit, si bien qu'il se disait qu'il allait attendre le moment propice pour inviter le vendeur à la sauvette à déguerpir gentiment (ce qui est faux, en soit, il n'avait pas le courage de le faire mais il essayait de s'en convaincre jusqu'au retour d'un de ses collègues).

C'est le jeune homme qui vint finalement jusqu'à lui. Acheter à manger et à boire ?
Il y avait eu un instant de battement. La bouche entrouverte, il fallut à Charlie quelques secondes pour redescendre sur terre et braqué ses yeux sur le paquet de petites pièces qui s'accumulait devant lui. Il tendit la commande précédent au client avant de retourner vers celui-ci.

« Euh... Je pense que vous avez assez au moins pour un expresso et un pancake... » Charlie ne haussait jamais la voix si bien que la plupart des gens étaient obligés de tendre l'oreille pour mieux comprendre. Généralement, il se contentait d'un bonjour, d'un au revoir, d'un hochement de tête et fuyait les conversations interminables avec des clients trop bavards. Machinalement, il saisit l'un des gobelets à sa droite puis un feutre.

« Après ça j'aimerai que... que vous partiez. Enfin. On ne... » Il fuyait son regard. « Mes patrons ne veulent pas de vendeur à la sauvette ici. Désolé. » Il déposa la mine contre le plastique avant de, finalement, le regarder : « Votre nom ? »
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Bonjour [Charlie] - Mar 30 Oct - 18:02

Un expresso et un pancake, qu’il murmure, délicatement. C’est jour de fête, et c’est bien plus qu’il ne l'aurait espéré. Il aurait préféré un peu d’eau, mais il irait au toilette ensuite parce qu'après sa commande il aurait le droit. Et peut-être même qu’il pourrait s’y nettoyer un peu le visage. Il ne précise pas que ce sera peut-être le seul repas de sa journée. Parce qu’il ira se placer en embuscade le midi devant une boulangerie, la tête cachée dans sa capuche pour qu’on ne voit pas son visage, parce qu’il est plus aisé d'esquisser un visage qu’on trouve beau. Simple constatation.

Szymon se penche pour écouter les confidences et puis les mots que l’autre marmonne trop doucement. Et c’est très étrange pour lui, à contempler, le spectacle d’un homme qui a peur de respirer, de se manifester, presque d’exister. Le contraste avec sa propre personnalité le saisi un peu et le fait rire parce que ça fait rire ceux qui mènent leur monde par le bout du nez. Il penche la tête en avant soudainement pour pouvoir lire le prénom écrit sur le badge. Il dit les syllabes silencieusement pour être certain et se redresse soudainement.

Nooon. Pas t’inquiéter Charlie ! Avec le pancake et l’expresso je serai plus vendeur mais client ! Pas de problème pour toi ou le café promis. Parce qu’il tient à préciser qu’il n’en causera pas, parce que les gens ont la curieuse manie de penser qu’il est forcément un voleur ou une personne malfamé. Et pourtant il avait fait un effort pour dégager son visage et son t-shirt n’était même pas sale ou alors juste un peu. Il l’observe saisir un feutre, lui demander un nom. Il penche la tête, sans vraiment comprendre. Pourquoi tu veux savoir, Charlie ? Il tourne la tête a droite à gauche, s’approche du client qui venait de recevoir son gobelet. Il s’approche, sans gêne pour saisir son gobelet ou du moins essayer parce qu’il est vite chassé par un visage pincé.

Oh. Pour écrire sur. Szymon hoche la tête et revient vers l'employé et s’accoude, le reste de ses fleurs calées sous son bras. Tu pourras pas écrire le prénom. Trop compliqué pour toi. Alors sans attendre il récupère le marqueur de ses mains, récupère même une de ses mains pour écrire au cœur de sa paume. S Z Y M O N. Il tapote son S de son index sale et lui rend sa main pour dire : Essaie de lire, pour voir. Impossible pour toi c’est parié. Il rit même de sa provocation, prend tout son temps pour rendre le marqueur. Comme s’ils étaient seuls, comme s’il n'y avait personne derrière lui et puis lui n'a pas réellement conscience des chuchotis, des hochement de tête agacés sans doute en train de plaindre le barrista et pourquoi ? Pour un peu de conversations ?   Est-ce que on met quelque chose sur le pancake ? Du sucre c’est bien ? Qu’il demande sur un ton enjoué, même si un pancake nature lui irait parfaitement aussi. Il se décale pour l'observer faire depuis la petite alcôve sur le côté, manipuler une machine trop complexe pour exister même dans ses rêves les plus curieux, parce que ça n’existe pas dans la rue. Juste cinq minutes et après il faudra arpenter la rue et continuer à vendre ses fleurs le reste de la journée.
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Bonjour [Charlie] - Mar 30 Oct - 22:45

Charlie n'avait pas à réussi à étouffer son hoquet de surprise lorsque le jeune homme avait saisi sa main pour y écrire son nom. Très vite, il l'avait rabattu contre sa poitrine, le toisant du regard, sans même porter son attention sur sa paume. Son coeur battait très fort et il peinait à déglutir. Pendant ce temps, ses ongles s'étaient enfoncés dans sa chaire si bien que l'encre s'était éparpillée entre les commissures de sa main. Essaie de lire, pour voir, avait-il dit.
C'est presque avec peur qu'il avait desserré ses griffes. Szymon. Il resta un instant lire les lettres, sans remuer les lèvres pour les prononcer. Zaimon, Simon ? C'est vrai que ce n'était pas simple.

La plupart des gens aurait fait une remarque, donné de quoi entamer une longue discussion. C'est un joli prénom. C'est original. De quelle origine êtes-vous ? Mais Charlie se taisait. À la place, il s'imposait un jeu de devinette. Par son accent, par son physique, par son nom, il lui reconnaissait des origines européennes.

« Je- »

Hésita-t-il avant de se remettre à la tâche. « Oui, oui... Il y a de la confiture. Ou du sirop d'érable. » Charlie mordait sa lèvre alors qu'il déposait le tout discrètement sur le plateau. On lui avait bien répété : soit la confiture, soit le sirop, jamais les deux ! Sans l'oeil aguerri de son collègue, il s'autorisait à faire preuve de bonté.

Lovecraft lui tendait sa commande, déposant les quelques sous dans la caisse. « Vous devriez vous mettre derrière la colonne, là-bas. » D'un geste de la tête, il lui indiquait la petite table ronde, à demi cachée.

Il ne lui précisait pas pourquoi, il estimait que c'était évident avec son collègue qui avait déjà fini de fumer sa cigarette et qui revenait, la fatigue calquée sur son visage, derrière le comptoir aux côtés de Charlie.
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Bonjour [Charlie] - Mar 30 Oct - 23:34

Mais Charlie n'essaya pas, non, les yeux de Charlie ont fuit et ont dit les premiers le refus qui ne passerait jamais sa bouche. Là encore c’est très étrange pour Szymon, parce que lui ne ferait pas ça il essaierait un peu au moins. Alors il se dit que Charlie n'est finalement pas un « d’accord tout ce que tu veux mais laisse moi tranquille » mais plutôt un « non, mais oui, changeons de sujet pour éviter une réponse direct ». Dommage qu’il se dit, les premiers sont bien plus facile à user. Mais les Charlie, eux, donnent l’impression d’être rudoyés par le monde entier. Sourire encourageant ou plus exactement un sourire qui n'est rien d’autre qu’un sourire et qui n’adresse rien de particulier, sur sa bouche. Pour donner le change. Faire croire à une blague tacite entre eux. Il se contorsionne un peu exagérément pour essayer de voir un peu de ces yeux-là, mais à la place il n'attrape que des cils et des paupières fuyantes elles aussi. Drôle de personnage , qu'il fini par baragouiner en polonais.

Pas plus découragé que ça il dépose ses deux mains sur le rebord du plateau, écoute le conseil qui parvient à franchir les lèvres du plus muets des interlocuteurs, parce que les mots ne disent rien ou presque jamais, toujours professionnel ou craintivement désintéressé. Szymon hausse les épaules et se tient droit, toujours dans ses bottes, même lorsque l’on essaie d’atteindre sa dignité.

Pourquoi tu veux je me cache. J’ai payé honnêtement, je suis client, comme ces gens assis sur leur derrière. Parce que c’était vrai et qu’il n'avait pas envie de s'isoler dans un coin, d’être mis sur le côté même quand il se comportait bien en société. Merci Charlie tu es très gentil mais tu dis des choses bêtes aussi. Qu’il rajoute même sur un ton plus complice qu'éclaté ou agacé, parce que ce genre de chose n'a pas d'importance. Il allait pouvoir manger et son estomac s'en manifestait d'impatience.

Il passe près de l'homme qui l'a chassé précédemment, esquivant une tentative de croche-pied évidente, sans se départir de son sourire. Rien n'est important pas même les soupirs. Une fois installé sur une table du milieu il regarde son assiette. Met un peu de temps à se décider entre la confiture et le sirop, mais il se dit que la confiture il pourra toujours la manger un soir quand il aurait faim et que les étoiles n'en seront que les seules témoins. Il enlève son sac à dos pour la ranger avec soin et il referme sa tirette pour le remettre sur son dos parce qu'il ne le quitte jamais très longtemps.

Sans plus se faire prier il boit un peu de café, c’est amer, mais ça lui fait du bien. Tout en arrosant son pancake avec bonne humeur. Parcimonie et lui n’ont jamais été bons amis. Puis il arrache des petits morceaux avec les doigts, pour pouvoir enfourner comme un affamé sa pitance. Et ça remue ses entrailles, désengourdit son palais. Alors il lève le pouce en l’air pour signaler :

C’est très bon Charlie ! Comme s’il lui était capital de le dire. Peut-être que oui. Peut-être que non. Il le dit peut-être pour les autres, les gens qui ont bien voulu lui acheter des roses. Oui, il en est vraiment très reconnaissant.


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Bonjour [Charlie] - Mer 31 Oct - 0:16

Kenneth semblait obnubilé par Szymon et sa présence. Dos à Charlie pour nettoyer les différents shakers et verres sales, il se pencha en arrière pour lui adresser un mot. « Je t'avais dit de le mettre dehors. Pourquoi tu l'as pas fait ? » Mollement, Lovecraft haussa les épaules, prétextant être trop occupé à ranger les pâtisseries à la perfection dans la vitrine. Il ne supportait pas quand les donuts étaient décalés ni quand les parts de gateaux étaient toujours mal présentées. Il n'avait pourtant jamais été un freak de la propreté mais depuis qu'il avait commencé ce job, il avait appris à tuer le temps comme il le pouvait entre deux clients. « La clientèle va pas être contente si on laisse ces gens là traîner ici. Ni le patron ! Bon allez, je m'occupe du rangement, tu peux partir et oublie surtout pas de le faire sortir ! »

Charlie aurait aimé lui répondre qu'il était à son tour devenu client avec son plateau en face de lui, que, de fait, il n'aurait aucune raison valable de le mettre à la porte. À la place, il pinça ses lèvres et acquiesça d'un mouvement de tête. Kenneth n'était pas une mauvaise personne - il était simplement bourré de préjugé, et il parlait beaucoup. Il avait le sang très chaud, aussi. C'est sans doute la raison pour laquelle il essayait de pousser Charlie à faire le sale travail à sa place, c'était sans doute plus raisonnable pour la réputation de l'enseigne.

Lovecraft se débarrassa de son tablier vert pour aller le déposer dans la salle réservée au personnel, récupéra son sac à dos et entama le pas jusqu'à la sortie.

« Charlie ! » Siffla Kenneth depuis le comptoir. Il se retourna pour le regarder. Ce dernier lui fit un geste de la tête pour lui rappeler la présence du client non désirable. Charlie faisait mine de s'en souvenir subitement et détourna son chemin pour croiser Szymon à sa table qui l'avait félicité un peu plus tôt sur le café et les pancakes - ce à quoi il n'avait tout simplement répondu que d'un sourire forcé, encore.

Planté devant sa table, il perdit soudainement tous ses moyens. On pouvait le deviner à la manière dont il triturait le bout des manches de sa veste. Certains pans en étaient même abîmés à force d'usage. Au même moment, il remarqua que les regards commençaient à se braquer sur eux. Non, sur lui. Ce n'était plus du dédain qui les habitait mais tout autre chose. Autre chose que Charlie ne saurait deviner. Une jeune femme aux cheveux bruns et la coupe carrée se tourna vers le fameux Szymon. Son sourire faisait ressortir ses pommettes roses et souleva ses épaisses lunettes vertes.
Il n'était pas l'épicentre de l'attention mais il ne s'en trouvait pas loin et cela suffisait à le mettre très, très mal à l'aise.

Plus loin, Kenneth commença à lui lancer son regard habituel : je te l'avais dit. Charlie serra son sac un peu plus fort.

« Je peux vous mettre ça dans un sac pour que vous... partiez. Si vous voulez. » Il se sentait coupable. « Les gens n'aiment pas trop être dérangés ici, ils... ils ont la rancune assez dure. » Lovecraft parlait tout bas pour que personne d'autre ne les entende - c'était volontaire, cette fois-ci. « Pourquoi... » Il osa lever la tête et, tout en fronçant les sourcils, balaya la salle du regard. « Pourquoi ils vous regardent tous ? Vous avez fait quelque chose qui m'aurait échappé ? »
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Bonjour [Charlie] - Mer 31 Oct - 1:32

Insouciant à la limite de l'indifférence soudaine. Désintérêt pour ce qui n’est pas son pancake et son café, qu’il avale vite comme s’il avait peur qu’on lui chipait. Peut-être que c’est le cas, vraiment, il a déjà dû se battre pour ça et quand l'estomac devient le cerveau alors la fureur prend rapidement le dessus. Il ignore aussi l'attraction qu'il génère ou dégénère. Au début c’est toujours comme ça. Au début ils contemplent. Et après tout s'empire inéluctablement, comme une prophétie écrite à l’avance. Un chant des dieux guerrier qui murmure soudain à leur tempe. Mais pour l'instant personne ne s'agite plus que ça, sauf peut-être le client qui le regarde d’un mauvais œil. Ou de l'autre tablier vert qui n'a pas de nom.

Puis Szymon relève la tête un peu pour faire un autre sourire encore et récupérer du sirop avec ses doigts. Pour ne pas gaspiller. Pour ne pas gâcher. Il ignore encore qu’il n'est plus le bienvenu, ou alors qu’il ne l’a jamais été. C’est pareil un peu dans l'absolu vérité. Il n'entend pas les pas de Charlie, n’entend pas la rumeur faiblir autour de lui. Parce qu’il n’avait d'yeux que pour son pancake. Alors il ne relèvera la tête que lorsqu'il entendit le murmure presque familier d’un Charlie devant lui en train d'essayer de communiquer.

Il essuie sa bouche, collante et lève les yeux vers lui pour dire, d’un  ton égal : Non je ne veux pas. C'est comme je veux tu dis. Pas encore du moins, pas encore. Pourquoi cherchaient-ils à le mettre dehors ? Il écoute distrait songeant qu’il avait décidément des idées bien étrange. L’idée même qu’il pouvait déranger ne lui venait pas à l’idée. Il colle son dos contre la chaise, le regarde depuis son trône, récupère un des derniers morceaux de son petit-déjeuner. Pourquoi ils le regardaient semblait-il lui demander, comme s’il n’avait jamais vu l’intérêt briller, même pas dans ses propres yeux.

Ils me regardent ou je les dérange ? Il faut décider. Il ironise un peu, pousse la chaise en face de lui avec son pied. Faut s’assoir Charlie. Qu’il propose maladroitement et pour qu’il le fasse il précise : Ils vont bientôt regarder que toi si tu restes debout à faire la perche. Il se redresse un peu pour parler aussi faiblement qu'un Charlie le ferait : Et pourquoi toi tu ne me regarde pas ? Tu regardes tes pieds, tes mains, le sol, mais jamais moi. Et ce n’est pas un reproche, juste une constatation, observé déjà chez d’autres ou alors plus sommairement. Mais quand je tourne la tête, tu me regardes. C’est parié. Pourquoi Charlie ? Ça l’intrigue plus que ça ne l’est, véritablement, intriguant. Lui a la franchise nécessaire pour ne pas retourner les yeux et même jamais. Ce qui lui cause parfois des problèmes, mais vite oublié dans sa petite tête écervelée.

Ils me regardent parce que je suis plaisant à regarder, même si je dérange. Ou que je sens mauvais. Ou que je parle fort. Ou que je mange et que je me lèche les doigts.  Ils regardent parce que je plais. C’est évident. C’est éreintant. Cette façon de ne pouvoir être anonyme, jamais vraiment. D’être à ce point épié et puis analysé et puis encore dénigré. Ou dévoré. Un des deux. Il n'y accorde plus vraiment d'importance.

Peut-être que c’est pour ça que tu ne regardes pas. Ou parce que tu as peur parce que mon tête plaît à tes yeux. Mais pas t’inquiéter pour ça, c’est juste comme ça. Même ton collègue là bas celui qui fait des éclairs avec ses yeux à lui. Et pour toute réponse il lui adresse un signe de la main, plus que désinvolte. Mais bientôt il faudra partir avant que ça aille très mal. Il parle de la foule. Il parle du sang qu’il fait bouillonner. Des tempes qu’il fait tambouriner.


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Bonjour [Charlie] - Mer 31 Oct - 1:58

Ses questions le prenaient de court, si bien qu'il avait fini par le regarder. Enfin, il fixait ses pommettes, le bout de son nez, ses mèches de cheveux, mais jamais ses yeux. Pas encore, pas tout de suite. Charlie avait du mal à tout assimiler parmi les discours qui paraissaient sans queue ni tête ni l'attention qu'un grand gaillard comme lui pouvait attirer en restant debout de la sorte. Très vite, il attrapa le dossier de la chaise en face pour s'y asseoir dans un geste qui semblait lourd mais ne fit étrangement aucun bruit. Les épaules rabattues vers l'avant, le visage bas, les cuisses serrées et les doigts entremêlés sur ses cuisses, c'était comme s'il cherchait à devenir plus petit. Dans son dos, il sentait encore les regards. Sa nuque le brûlait - c'était comme avant, comme pendant les vacances d'été où son père le dévisageait derrière lui, sans jamais rien dire. Ce n'était pas une faculté qui était née après l'éclipse, c'était simplement son instinct de survie qui s'éveillait en tout cas.

« Et toi, » il quitta le vouvoiement sans s'en rendre compte, « pourquoi tu me regardes moi au lieu de regarder tout autour ? » Charlie se surprenait à sourire un petit peu. Les gens le trouvaient bizarre - tout le temps. Mais parfois, il s'amusait à croire que les gens étaient bizarres, eux-mêmes.

Sans vraiment apporter de réponse à ses questions, il décida de s'intéresser au soudain intérêt que la clientèle sembler lui porter. Szymon paraissait incroyablement à l'aise à l'idée même que le monde entier le trouve magnifique - il le disait même avec certitude. Lovecraft s'accorda un moment pour le détailler davantage. Il aurait aimé le trouver immonde pour ne pas être comme tout le monde mais il ne trouvait pas un recoin qui puisse correspondre à quelque chose de tout sauf beau. Même s'il sentait mauvais, même s'il parlait fort. Il y avait des choses que Charlie ne pouvait pas remarquer à cause de ses barrières psychiques et physiques.

« Avant que ça aille très mal ? » La curiosité du jeune homme était piquée. Il crut devoir regarder ses poches et les ouvertures de sa veste pour essayer d'en devenir le relief d'une arme. Oui, machinalement, il s'imaginait toujours le pire. Il n'avait pas peur, bien au contraire. L'idée que quelque chose arrive l'intriguait, même s'il ne le souhaitait pas spécialement. Non, il n'appréciait pas qu'on chamboule sa routine aussi abruptement. Néanmoins, parfois, son avidité allait à l'encontre de ses aspirations.

« Enfin... Je dois y aller. » Conclut-il solennellement. Il ne fuyait pas vraiment. Il souhaitait vraiment partir, depuis le début. Son incapacité à dire non l'en avait simplement empêché.
Charlie empoigna son sac un peu plus fermement avant de le saluer d'un bref sourire sans saveur. On ne lui avait pas appris à plisser des yeux en faisait de faux sourires et c'est bien dommage, car cela leur donnait des airs inquiétants. Il quitta les lieux sans se retourner, ou presque.

En effet, à peine avait-il dépassé la devanture vitrée qu'il alla appuyer son dos contre un panneau publicitaire qui trônait au milieu du trottoir. Il l'attendait, sans pouvoir en expliquer la raison.
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Bonjour [Charlie] - Mer 31 Oct - 2:33

Ah. Oui vraiment, il a le don de poser des questions qui n'en sont pas vraiment. Pourquoi les gens regardent les autres, pourquoi ils s’inquiètent de ce que les autres peuvent penser ? Il ne sait pas réellement l'expliquer. C’est un mystère pour lui comme pour les autres. Il connaît simplement la vérité nue à son sujet.  La beauté s'exprime avec éloquence chez lui et parle à tous, mystérieusement. C’est uniquement pour ça qu’il est le centre d’une attention grandissante. Et superficiel. Tout est très superficiel. Parce que rien n'est plus vrai dans ce monde. Pas même sa beauté. Elle lui vient plus sûrement du ciel et de son âme cabossé.

Parce que tu es… comment ils disent ? Ah. Opportunité. Un mot bien compliqué à prononcer. Tu parles et eux ils gloussent bêtement. Distraction pour cinq minutes. Mais tu parles et les gens comme moi regardent ceux qui parlent à eux. Parce que bien souvent les autres font tout pour éviter son regard aussi et qu’il a appris que la meilleure façon de plus en être blessé c’est de les regarder eux aussi. Alors souvent ils se perdent dans ses yeux et se sentent bête. Mais Charlie ne regarde pas et ne se sent pas bête. Alors il décide de s’en souvenir comme l'ami de cette journée celui qui, parmi tant d’autres à réussi à lui accorder plus de cinq minutes d’attention. C’était gentil. Il se dit que les Charlie sont gentils.

Hochement de tête quand il se lève pour s’en aller, sans même avoir attendu la réponse à sa question. Sans doute que la réponse ne l’intéressait pas réellement. Après ça, Szymon s’est levé pour jeter ses déchets et se réfugier dans les toilettes avant que l’autre collègue ne le fasse déguerpir plus sèchement. Il n’aura sans doute pas la même patience que le précédent. Il passe aux toilettes, puis s’y enferme pour extirper de son sac une brosse à dents et un tube de dentifrice qu’il a dégoté dans une poubelle une fois alors qu’il en restait un peu. En moins de trois minutes il se les brosse, réussi à se laver les mains à humidifier son visage. Mais un bras l'a saisi au coude pour l'extirper de là. Presque furieusement. Tout ça pour le dégager du café et pour le plaisir de dire de ne plus jamais y remettre les pieds.

Szymon essuie encore son visage dégoulinant puis avance vers une autre boutique, en cherchant des roses fourragé maladroitement. Elles sont un peu abîmé, mais il se dit que ce n’est pas très grave. Que ce sont des jolies fleurs quand même et il commence inlassablement sa course à l’argent. À chaque fois il entre en conquérant, puis il finira par se faire jeter dehors. Encore et encore. Des sourires. Des refus. Des gens qui ne discutent pas, qui achètent parfois pour qu’il s’en aille, mais qui ne regardent pas trop son visage de peur d’être frappé par sa laideur de va-nu-pieds, alors que s’ils prenaient le temps, comme ces gens dans le café ils finiraient eux aussi par succomber. Mais il n'y a pas beaucoup de Charlie dans cet univers et il se dit que c’est aussi comme ça la vie. Et il recommence. Encore et encore et encore. Change d’avenue parfois. Jusqu’à la nuit tombée, sans jamais se plaindre des kilomètres parcourus, ou de la brusquerie des autres, ou le dédain. Il faudra recommencer demain et s’il s'énerve simplement pour une journée alors demain il sera mort agacé dans le fond d’une ruelle.


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Bonjour [Charlie] - Mer 31 Oct - 12:29

Et ainsi, Charlie viva une épopée qui n'était - ni ne sera - jamais la sienne.
Il foulait ses pas dans sa discretion naturelle, à quelques mètres de lui, du coin de l'oeil. Les mains fourrées dans son jean, il semblait particulièrement décontracté à l'idée de suivre quelqu'un jusqu'au bout de la nuit. Il faut dire qu'il y est habitué car toute personne qui attise sa curiosité se retrouvait malheureusement suivie. Bien entendu, Lovecraft n'avait jamais de mauvaises intentions en tête mais cela aurait été difficile à expliquer aux autorités s'il s'était déjà fait attrapé. Oui, difficile d'expliquer qu'il suivait par curiosité, pas par désir de violer, de voler, d'agresser, de tuer. À vrai dire, jusqu'à maintenant, il n'avait jamais fait la peau à qui que ce soit - il n'en avait pas le courage, ni l'envie.

Suivre, pour lui, c'était un moyen de vivre la vie d'un autre par extension. Sans grande surprise, aujourd'hui, le voilà à presque voir au travers des yeux d'un clochard. Les refus, les moues de dégoût, les regards inquiets, apeurés, moqueurs pour les plus arrogants.

Arcadia revêtit son voile de nuit et ainsi, Charlie pouvait se fondre davantage dans le décor. Il en était arrivé au point où il ne se souvenait plus pourquoi il se trouvait là - c'était toujours une sorte d'amnésie qui le ramenait à la raison. Il fronça des sourcils avant de remuer vivement la tête. Retrouver la silhouette de Szymon dans son champ de vision le happa aussitôt, à nouveau. Discrètement - comme toujours - Lovecraft se rapprocha dans son dos et lui souffla quelques mots :

« Plus personne n'achète des fleurs, pourquoi tu essayes quand même ? » Disait-il, le plus naturellement du monde, triturant désormais l'intérieur de ses poches du bout des doigts.
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Bonjour [Charlie] - Mer 31 Oct - 16:04

La journée s’achève rapidement, alors qu’il y a peu elle battait encore son plein, les derniers passants profitant des températures douces d’un été qui se prolonge au-delà du raisonnable. Et dans son paquet il lui reste encore des fleurs, dans ses poches les quelques billets ne sont pas nombreux, mais ils sont là, néanmoins. C’est ce qu’il trouve de positif tout de même, il n’aura pas marché autant d’heures pour rien, ou peut-être, pour les observateurs ignorants, mais lui ne compte que les victoires.

Il se félicite également d’avoir pu discuter plus de quelques secondes avec quelqu’un, même si, eh bien, il s’agissait encore et toujours de défendre ce qui doit être défendu, c’est-à-dire les droits qu’il a lui aussi, comme tous les êtres humains. Mais l’humanité elle, se pense trop belle et trop bonne aussi pour tolérer ceux qui se retrouvent dans le dehors qui leur fait peur parfois et puis, ils restent coincés dans leur conception du convenable et de la réussite idéalisée. Quand les schémas sont différents alors ils rejettent, rejettent, méprisent, détruisent, fuient prennent en pitié, comme si ça faisait avancer le monde ou qu’en agissant ainsi les problèmes disparaîtraient. Comme des enfants apeurés qui se cachent des monstres du placard la nuit.

Szymon n’a pas de conception ou alors des contrefaçons dans sa tête, il ne comprend ce qu’il y a de dramatique, de triste, de désolant, d’affolant même, dans la vie qu’il mène, parce que celle là est bien meilleure qu’une vie passée dans des motels bon marchés. Alors il se résout à accepter la fin de la journée, se dit qu’il pourra toujours recommencer, demain, après-demain, et tous les jours d’après. C’est réconfortant cette idée. Peut-être pas avec des roses, mais des babioles il en a plein sa caverne d’Ali Baba.

Alors il entame le chemin de retour, sans plus s’émouvoir, sans rien entendre venir, la capuche remontée sur sa tête pour redevenir anonyme. Mais c’était sans compter l’apparition dans son dos d’un fantôme qu’il pensait déjà parti. Il sursaute en jurant en polonais, se retournant en un temps pour le voir bel et bien s’incarner devant lui, comme si les heures n’étaient pas passées ou qu’il les avait oublié, il ne sait plus très bien. Il pose sa main sur son cœur pour dire les yeux écarquiller :

Charlie ! Inutile de préciser qu’il a eu la trouille de sa vie, alors il expire tout son air qu’il a accumulé pendant son sursaut et se rassure dans un même temps. Tu marches comme les serpents dans la nuit, pas de bruit, et tu fais peur à surgir. Qu’il dit, un rire coincé entre ses mots, ses lèvres. Très pratique pour faire des farces. Bien qu’il envie un peu sa discrétion. D’un geste désinvolte il retire sa capuche pour dire Tu bien fait de revenir. J’ai encore des fleurs je te les donne pour un dollar. Qu’il propose avec aplomb, l’air habile des marchands de tapis dans les marchés.

Puis après quelques secondes il tapote son épaule Je rigole, c’est comme tu as dit. Personne achète plus les fleurs. Il hausse les épaules, parce que ce n’est pas la fin du monde, dans le fond. Il baisse la tête pour les regarder. Après toute une journée, elles sont encore plus maigrelettes, certaines ont même perdu des pétales. Puis il regarde Charlie et il dit : Tu peux les avoir, moi j’ai pas de pot pour les ranger. Il récupère l’un de ses bras engoncé dans sa poche, puis les lui coince entre le coude. Pas d’épines, pas t’en faire, la marchande de fleur les a enlevé. Viens on marche. Qu’il propose, parce que resté planté là ça ne va pas les faire rentrer plus vite.

Il est pas encore trop tard pour rentrer, ça va, je vais dans le magasin voir s’ils ont des produits qu’ils vendent plus pour manger. Et toi ? Fais des courses toi aussi ? Qu’il demande pour faire la conversation, sans s’inquiéter de ce qu’il faisait là, parce que, après tout ça ne le regarde pas.
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Bonjour [Charlie] - Jeu 1 Nov - 1:56

Charlie s'étonnait presque de ne voir qu'un peu de surprise se calquer sur le visage de Szymon. En temps normal, les autres s'abandonnent à des questions ponctuées par la panique : depuis combien de temps tu es là ? Pourquoi me suis-tu ? Qu'est-ce que tu fais ?

Il lui glissa même les roses sous le bras sans lui demander son dû, ou seulement en rigolant. Ce à quoi Lovecraft ne lui répondit que par un regard quelque peu embarrassé tandis que le regret de ne pas être directement rentré chez lui commençait à se manifester. Szymon était un personnage étrange mais peut-être que la rue avait détruit ses instincts primaires. Ou peut-être avait-il vu suffisamment d'horreur pour ne pas s'inquiéter qu'un homme le suive jusqu'au beau milieu de la nuit, sans raison apparente.

C'était presque tout naturellement qu'il l'invitait à faire quelques courses à ses côtés. Charlie se bloqua sur un place un court instant, la bouche entrouverte. « J'étais juste... en train de marcher. » Disait-il sans réussir à mentir davantage.
En essayant d'échapper à son attention, Charlie s'intéressa de plus près à l'une des roses logée contre lui. Il la regarda de plus près, sous toutes ses coutures : les épines arrachées, son rouge fade et son air fatigué ne poussait effectivement pas à l'achat. Il pinça un pétale entre son pouce et son index, l'arracha de sa racine avant de le glisser contre sa langue et son palais.

Une étrange manie pour certains, une nécessité pour lui qui avait perdu une grande partie de son odorat après l'éclipse. Il alla conclure : « Elle sent étrange. »

Charlie retira le pétale en question de sa bouche avant de le laisser tomber sous son talon. Il ne tentera pas la même expérience avec les autres. Les fleurs avaient bon goût, mais dès qu'elles fanaient, leur parfum devenait affreusement âcre. « Tu n'as pas peur ? » Un sourire creusa ses joues. « La nuit, comme ça, tout seul. Tu as sans doute l'habitude. » Charlie haussa les épaules. « Mais même les gens qui ont l'habitude peuvent avoir peur. »

Au prochain tournant, ils arrivèrent en face d'une petite supérette. Lovecraft pensa qu'il pourrait au moins acheter des éponges. Voilà déjà six jours que sa vaisselle s'accumulait dans son évier. Sans même se soucier de savoir que Szymon était à ses côtés ou non, il pénétra au sein de l'établissement et la clochette alerta le propriétaire derrière sa caisse de leur arrivée. Pas un bonsoir, juste un regard désintéressé de la part de ce dernier.
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Bonjour [Charlie] - Jeu 1 Nov - 3:36


L’explication qu’il donne n’est pas réellement excellente ou même bourrée de détails. Non. Charlie se contente du minimum, comme s’il avait peur que les autres devinent des choses ou se trompent sur d’autres. Et c’est cela qui n'étonne pas réellement Szymon, qui commence seulement à cerner les contours de sa personnalité. Ou peut-être que tout est faux. Que c’est un spectacle un peu fade orchestré dans le but d'éviter des questions ou bien même une tentative de tuer la conversation. Il ne sait pas vraiment et puis, parfois il se rend compte qu’il n'est vraiment pas doué pour deviner les attentions des gens.

Toujours est-il qu’il marche à ses côtés, et c’est un point encourageant, il se dit, peut-être qu’il ne sait juste pas discuter. Ce qui ne dérange pas réellement le polonais, au contraire, il pourrait parler pour cinq s’il le pouvait et le fallait, malgré les difficultés, les virages étatiques que prennent ses phrases. Il se tait pourtant et observe le barrista du coin de l’œil, sans réellement comprendre. Pourquoi avait-il besoin de porter le pétale à sa bouche si c’était pour le sentir ? Peut-être était-ce une coutume qui lui était encore inconnue. Et au lieu de demander pourquoi il se contente de tendre la main pour découvrir un peu plus une rose et y déposer la point de sa langue avec méfiance. Parce qu’il n'est pas réellement du genre à se poser des questions ou à être tourmenté par l’absence de compréhension ou de réponse. Peut-être que les pourquoi ne lui viennent pas parce qu’il préfère raconter que demander, rassurer que s'inquiéter. Alors il se lance sans réellement réfléchir. Et il doit bien avouer, même piteusement, qu'au début il ne parvenait pas à décrire ce qu'il pouvait bien goûter. De ce fait il se demandait comment Charlie avait pu en tirer quoi que ce soit. Il laisse tomber le petit morceau écarlate à son tour et se contente de sa réponse à lui. Peut-être pour ça qu’ils achètent pas les roses.


Ce n'est seulement qu'en rétractant sa langue qu'il se rendit compte que finalement elle avait un goût plutôt bizarre. Alors quand Charlie lui demande s’il n'a pas peur il est en train d’essuyer salement l'apex sur sa manche comme pour effacer l'amertume. Nullement gêné, Szymon secoue la tête, silencieusement. Pourquoi devrait-il avoir peur ? La nuit n’était pas avancée. Et la lune très claire il saurait se repérer, il en était certain. Il est sur le point de demander quelque chose quand, plutôt brusquement il s’arrête pour pousser la porte d’un magasin. Il entre à sa suite et s'arrête devant le caissier pour l'observer.

Il semblait s’ennuyer terriblement, ou du moins, c'était ce qu'indiquait son corps avachi sur le comptoir. Szymon extirpa de sa poche un billet d’un dollar pour le poser sur la table, avec assurance.


- Bonjour monsieur ! Son nouvel interlocuteur ne semblait pas s’inquiéter plus que cela de la formule de politesse inadaptée. Peut-être était-ce le cadet de ses soucis. Szymon poussa le billet en direction de son regard puisque l'homme semblait bien décidé à ne pas le lever vers lui. Encore toi. soupirait-il entre ses dents. Ce n’était évidemment pas la première fois qu’il venait dans cet établissement et la dernière il se souvient qu’un regard appuyé lui avait donné envie de lui donner jusqu’au contenu de son tiroir caisse. Sans doute pour cette raison qu’il semblait désespérément refuser de le regarder. Je n'ai rien pour toi. Ni pour tes potes. Szymon fit la moue, s'approcha encore du comptoir pour s'y pencher lui aussi et aller passer sa main sous ses yeux, plus agacé qu’il n'y paraît.

Juste une chose, toute petite. Juste pour manger. Tu jettes à la poubelle toi après. Il insiste encore. Je te donne un billet pour dédommager ! Mais le caissier repousse le dollar. Reprends-le. Si je te donne encore quelque chose les autres clodos du quartier vont se pointer à plusieurs et me dévaliser si je leur donne rien. C'est dur pour tout le monde, petit et le favoritisme ça a jamais aidé personne. Szymon reprend le billet et finit par hausser les épaules. Très bien alors je vais acheter. Nouveau soupir. Tu devrais rentrer chez toi, où que ça puisse être. Alors un instant il est tenté, d’insister, de récupérer son col pour le faire regarder son visage, pour qu’il cède ou pour le secouer jusqu’à oublier la vexation. Mais au lieu de ça il récupère son billet avec dignité et esquisse un sourire qui dit que ce n’est pas très grave. J’ai bien petit-déjeuner de toute façon. Au-revoir monsieur passe une bonne soirée. Il pousse la porte en rangeant le bout de papier pour aller attendre Charlie dehors, les mains vides.




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Bonjour [Charlie] - Jeu 1 Nov - 18:56

Silencieusement, Charlie observait la scène de loin. Il faisait mine d'être obnubilé par le plastique entourant les trois éponges pour mieux écouter, sans en perdre une miette. Il y a des encore, des soupires puis des avertissements. C'était la même rengaine depuis le début de la journée et Lovecraft finissait presque exaspéré par la monotonie des événements - un comble, lorsqu'on savait que son plus grand passe temps était de regarder les gens passer sous son nez, assis sur un banc.

Lorsque Szymon quitta la supérette, il fut quelque peu surpris de le voir dehors, à l'attendre. Enfin, il supposait qu'il l'attendait puisqu'il restait planté devant les portes automatiques, sous la lumière d'un lampadaire. Charlie avait pris au passage un sandwich bas de gamme qu'il avait vu exposé dans l'un des frigidaires à disposition et paya l'entièreté de ses achats. Quelques secondes plus tard, sans même saluer l'homme derrière son comptoir, il se planta devant l'autre garçon et lui tendit la nourriture.

C'était assez surprenant, venant de lui, qui ne pensait à rien d'autre que son propre nombril - ou tout du moins, il n'avait pas la notion de partage ni de bonté. Il considérait cela comme sa bonne action du mois, en espérant que cela le fasse mieux dormir cette nuit.

Charlie plaqua le paquet contre la poitrine de Szymon sans dire mot à ce propos et lâcha le tout aussitôt pour ranger ses éponges dans son sac.

« Mh... » Il entrouvrit la bouche et se ravisa aussi vite. Il trouvait ce silence embarrassant parce qu'il savait qu'il était supposé parler. « Tu... » Charlie fronça les sourcils visiblement agacé à l'idée de devoir faire la conversation et d'avoir l'air d'un bon ami. « Tu rentres par où ? Moi je dois descendre jusqu'à Cornucopia District alors... »

Alors quoi, Charlie ?
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Bonjour [Charlie] - Jeu 1 Nov - 19:29

Il tourne la tête pour le regarder du coin de l’œil, de précieux achats entre ses mains. Il s’attend un peu à ce qu’il lui demande de rentrer chez lui, lui aussi, ça ne l’offusquerait pas tellement. Alors il attend, puisqu’il se plante devant lui, avec patience, car il a fini par comprendre que les Charlie ne parlaient que très peu et que lorsqu’ils le faisaient ils avaient toujours l’impression de déranger le silence s’ils osaient. Et il mit un peu de temps à y arriver, d’ailleurs, la première chose qu’il réussit à faire c’est plaquer son achat contre son torse. Szymon baissa la tête sans réellement comprendre, pour découvrir l’offrande, un sandwich. Il pince un peu les lèvres, parce qu’il n’est pas comme ça, lui, il ne demande pas la charité, il ne veut pas non plus que dépendre des autres, surtout que ce n’est pas pour ça qu’il l’a accompagné jusqu’ici.

Alors il le regarde, une nouvelle fois, un peu irrité, Szymon cherche ses mots quand son bienfaiteur trouve les siens. Des balbutiement d’abords, puis une phrase plus claire, qui ne trouvera jamais de fin. Peut-être qu’elle s’est perdue dans ses yeux, ou dans sa bouche, qu’il n’avait plus trop d’air pour le dire ou plus de courage, parce qu’il semble avoir besoin de beaucoup de courage pour parler. Ou exister. Oui, quelque chose comme ça. Peut-être pour cela qu’il insinuait que parfois, rentrer chez soi pouvait être effrayant même quand on y était habitué. Ou alors ce n’était pas exactement ça, il ne se souvient plus très bien. Les gens ça vous désarme parfois.

Charlie. Qu’il commence, en essayant de garder les yeux froncés. Tu es gentil, je peux pas accepter charité. Il essaie de le dire avec plus d’assurance qu’il n’en a, à l’idée de refuser son aide. T’as entendu comme moi, dur pour tout le monde et favoritisme jamais aidé personne. Et par dessus tout il ne veut pas donne l’impression de l’avoir suivi pour ça. Ou alors pas tellement, il ne sait plus. C’est compliqué pour lui d’expliquer, de dire qu’il n’a pas envie d’être la bonne action des autres, même si c’est souvent ce qu’il est. Alors il essaie. Peut-être demain, pas de Charlie et ce sera pareil. Pas de nourriture. Mais pas la fin du monde. C’est compris. Il observe le sandwich, son ventre agonisant un peu à l’idée de lui remettre, mais il réussi à s’en défaire. Il se décale du mur, décroise les bras, adopte en réalité une posture plus décontractée, parce qu’il s’est fait un peu violence. Mais je peux accompagner jusqu’à chez toi si tu as peur. Je suis fort et je cours vite. Qu’il réussit à articuler, tout en lui montrant l’un de ses bras pliés. Et je rentre partout, je dors partout, pas de contrainte. Alors pas de détour pour moi.

Et peut-être qu’il finira par regretter son refus, mais pour l’instant il est convaincu que c’est la chose à faire.

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Bonjour [Charlie] - Ven 2 Nov - 9:51

Charlie n'avait jamais su comment réagir au refus. Encore une fois, le voilà planté comme un imbécile en reprenant le paquet de sandwich dans ses mains. Il aurait pu insister ou le forcer à gober la nourriture sous ses yeux pour s'assurer qu'il n'avait pas fait preuve de bonté pour rien, mais il n'en trouvait pas l'audace. Lovecraft était plutôt du genre à courber l'échine. Il n'aimait vraiment, vraiment pas le conflit. Tenir tête à qui que ce soit lui semblait démesurément dangereux malgré son mètre quatre-vingt-douze, malgré ses faux airs d'assassin, malgré son inquiétante aura - peut-être pas si inquiétante, au vu des réactions plutôt amicales de Szymon...

Ce dernier lui proposa une dernière balade nocturne. Charlie était tenté de lui répondre non, merci, mais pour la énième fois, il ne fut pas capable d'exprimer ses pensées profondes. À la place, il haussa les épaules et laissa le geste libre d'interprétation.

Il entama alors son chemin jusqu'à son appartement. Prendre les transports en commun lui aurait été beaucoup plus aisé au vu de la distance qui le séparait du centre-ville mais il avait toujours trouvé Arcadia plus séduisante ainsi qu'en pleine journée. Alors, il s'abandonnait à des contemplations astrales, essayant de deviner quelques étoiles derrière les nuages éparses de pollution.
Il en oublierait presque Szymon.

« Pourquoi tu es à la rue ? » Demanda-t-il le plus naturellement du monde.
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Bonjour [Charlie] - Ven 2 Nov - 13:04

Sans accepter ou même refuser son offre, son Charlie reprend sa route, après un haussement d’épaule. Difficile à suivre, difficile de comprendre aussi quand tout se passe à l’intérieur de sa tête et qu’il ne dit rien d’autre que le strict minimum, même pas le nécessaire. Szymon reste planté là, un petit moment, le regarde s’en aller, sans trop savoir. Devrait-il le suivre, ou bien rester ? Et devant lui, son nouvel ami ne semblait même pas s’inquiéter qu’il ne fasse pas le chemin avec lui, alors, il s’avança dans sa direction, en accélérant le pas pour le rattraper. Cependant, même arrivé à côté, il se contentait de marcher sans un regard ou presque, comme si tout ça n’avait pas d’importance. Ou peut-être que ça en avait, il ne comprenait pas réellement. Encore plus étrange murmurait-il, silencieux à l’extrême, le regard vers l’horizon – par défaut. Le regardait-il ou le dérangeait-il ? Toujours la même question, contexte différent.

Les secondes défilèrent, toujours silencieux, peut-être parce qu’il n’y avait plus rien à dire, ou du moins, que Szymon n’y trouvait pas grand-chose à redire. Ce qui n’arrivait pas très souvent, il fallait le souligner. Ce n’est même pas lui qui réussi à briser le silence que la nuit avait tendance à exagérer. Il s’arrêta quelques instant en entendant la nouvelle question, qui, encore, n’était pas inédite. Ça arrivait parfois aux gens de lui demander, pourquoi il était à la rue, ce qui ne l’agaçait pas réellement, il trouvait que c’était une question étrange. Et pourquoi tu habites dans la maison, toi, Charlie ? Enfin ce n’était peut-être pas une maison, mais il avait du mal à faire la différence entre chez soi et maison.


Alors Szymon le rattrape une nouvelle fois, le dépasse pour marcher devant lui, en reculant : Parce que c’est beau dans la rue. Il désigne les devantures, les gens, puis les néons. Plus coloré. Plus moins petit qu’une chambre de motel. Différentes mais semblable, toujours. Parce que c’est jamais vraiment seule une rue. Les autres sdfs pas tous horribles gens comme vous pensez. Et puis il n’aime pas la solitude, ce qui ne surprend pas quand on constate à quel point il est volubile. C’est aventure chaque jour ! Des bonnes, des mauvaises, mais il trouve toujours quelque chose à faire ou dire. Différentes, mais parfois elles en valent la peine. Il se retourne, après avoir heurté un poteau en ricanant : C’est pratique, plein de recoin pour se cacher aussi. Pour courir.  

Et progressivement, il en revient à des choses plus terre à terre : C’est pas toujours drôle. Jamais facile, c’est vrai. Oh, il n’aime pas avouer ses difficultés, mais elles existent, elles parsèment son quotidien, même si souvent, ce sont les gens qui vivent bien confortablement qui en sont les instigateurs. Parfois il pleut. Ou il fait très froid. Trouver abri c’est difficile pour les gens comme moi. Oh, ça il en a déjà vécu l’amère expérience. Sous-estimer la rue c’est aussi le meilleur moyen d’en mourir sans jamais pouvoir profiter des couchers de soleils et du ciel qui perce parfois les nuages, de nuit. Difficile de pas avoir des problèmes à cause des territoires. Tellement de mafias ici, il se demande comment ils font pour ne pas empiéter les uns sur les autres. Mauvaises rencontres aussi, comme les gens qui kidnappent les autres pour prendre cœur, foie, reins, trucs comme ça. Il grimace, en se tenant les côtes, en souhaitant très fort que ça n’arrive jamais. Faut rester prudent. Il hoche la tête pour lui-même, même si la prudence n’est pas sa qualité première. Il marque une pause, le temps de tourner à un angle de rue.

- Mais je suis fort et je cours vite. Qu’il répète et c’est vrai que ça l’a déjà sorti de pas mal de situation, depuis l’éclipse, au moins. Puis toute façon j’ai pas des papiers pour faire un travail bien. Deux choix pour moi. Clochard ou pute. Je préfère clochard. C’est liberté. Jamais enfermé, libre de parler avec qui je veux, de faire quoi j’ai envie. Et il y tient beaucoup. Mais je fais pas la manche, accepte pas charité, je fais commerce dans la rue pour acheter de quoi manger. Et ça aussi, ça lui tient à cœur, peut-être que c’est la seule chose qui l’empêche de se laisser aller, de se reposer sur les autres. Il en a connu beaucoup des gens comme ça et il les a souvent retrouvé au petit matin mort ou pire. Puis comme il se souvient qu’il n’a pas laissé trop de temps de réponse avant sa longue tirade il redemande Et toi Charlie ? Pourquoi tu habites dans la maison ? Il n’a jamais compris ce qu’il y avait de bien à rester au même endroit, à contempler les mêmes murs. Oui ce doit être ennuyeux à crever.
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Bonjour [Charlie] - Ven 9 Nov - 13:07

Szymon lui conta alors la merveilleuse aventure de la rue. En accord parfait avec ses paroles, Charlie aventura son regard tantôt dans les rues adjacentes, tantôt dans le ciel, tantôt derrière les vitrines des bars et cafés qui n'avaient pas envie de fermer boutique pour l'heure. Il n'avait jamais été doté d'une grande empathie mais il pouvait un ressentir - ou tout du moins, c'est ce qu'il pensait - l'attachement qu'il éprouvait à l'égard de la ville. Lui, de son côté, ne voyait que la rue comme une étape de passage d'un point A à un point B. Il n'était pas très créatif non plus. Ni poète, ni romancier, ni peintre. Il savait apprécier les belles choses mais il n'avait jamais appris à les contempler longuement pour en cerner les détails les plus timides. Par exemple, et cela pourra sembler fou, mais il n'avait jamais réalisé que la rue était plus grande qu'une chambre dans un motel. Peut-être que son avis était biaisé au vu de son passé de captif et qu'il trouvait dans l'enfermement une sorte de sécurité qu'il ne retrouvera jamais dans la nature.

Et bien que Charlie avait toujours eu très peu de qualités sociales, il trouva Szymon juste et courageux mais aussi qu'il n'était pas comme tous les clochards. Dans les pensées communes, ceux de la rue le regrettent toujours et n'ont pas eu de choix, si bien qu'ils n'avaient jamais de cesse de s'en plaindre, assis sur leur petite couverture en tenant fermement un gobelet rempli de petites pièces qu'ils secouaient à chaque passage. Mais lui, lui était différent et c'était sans doute pour cette raison que Lovecraft s'intéressait à lui.

« Fort ? » Charlie haussa les sourcils machinalement en jaugeant son interlocuteur de la tête aux pieds. Il avait du mal à concevoir que qui que ce soit pouvait être plus fort en étant plus petit. Mais pour lui, tout le monde était forcément plus petit. Il ne doutait pas que pour Szymon, c'était facile de fuir. Il pouvait se faufiler n'importe où, tellement il était mince.

Il n'ajouta rien de plus, il s'était plongé dans un mutisme quelques longues secondes pendant qu'il réfléchissait à sa question. Pourquoi habiter dans une maison ?

« Parce que c'est normal. » Concluait-il sobrement. « Oui, c'est ce que les gens normaux font... Je crois. » Il n'était pas tout à fait certain de cela, mais il s'efforçait de le croire. « J'aime être entre quatre murs. » Charlie avala sa salive. « C'est tout ce que j'ai connu. »

À l'exception de son voyage depuis l'Angleterre pour rejoindre les Etats-Unis, Lovecraft n'avait jamais exploré le monde. Depuis qu'il était à Arcadia, cela ne lui était jamais venu à l'esprit d'aller au-delà de ses limites pour découvrir de nouvelles horizons. Il se contentait de cette situation avec grand plaisir.

Au prochain tournant, ils arrivèrent au pied de son appartement. La bâtisse était bien évidemment tout ce qu'il y a de plus banale. Blanche, aux fenêtres et aux volets incolores. Aucune prouesses architecturales, pas d'animation dans les alentours, c'étaient tout ce que Charlie aimait.

Il s'arrêta face à la forte, mains dans les poches, le regard toujours autant fuyant. Il savait très bien que c'était le moment pour lui de dire au revoir mais, comme toujours, il ne savait pas comment s'y prendre. Il hésita, releva le bout du nez vers lui comme le ferait une timide adolescente - cette image de lui-même le fit tiquer d'agacement.

« Eh bien... Voilà. »

Dans un mouvement incroyablement saccadé, il pointa du doigt la porte d'entrée dans son dos. Il s'était alors dit que les gens normaux auraient invités Szymon à monter mais il ne pouvait s'y résoudre.
Charlie continua, sur un ton malheureusement très simplet :

« Ne te fais pas voler d'organe ce soir. » Il haussa les épaules. « Ce serait dommage. »

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Bonjour [Charlie] - Ven 9 Nov - 19:55

Lorsque l’on s’appelle Szymon, qu’on peine tant à s’exprimer et qu’on a trop peu connu l’univers pour se contenter de l’explorer entre quatre murs on ne sait pas réellement ce que c’est que c’est la normalité. Ou peut-être, mais tout ce qu’il connaît lui c’est une normalité viciée, le pire de l’humanité, les pires recoins et les plus mauvaises habitudes. Alors il reste pensif, quand il essaie de s’imaginer le quotidien des vrais gens sans histoires, banal,s que tout étonne et puis, rien dans une même mesure. Des gens qui rêves de l’extraordinaire et qui ignorent qu’il se trouve juste en face de soi. Si tu connais pas la rue je te montrerai, un jour. Qu’il déclare avec aplomb, n’écoutant pas les protestations s’il y en a et puis, de toute façon, ça n’existe pas réellement les autres jours avec lui. Ou alors avec le monde. Comme si tous n’étaient destinés qu’à se télescoper une fois et à ne plus jamais se croiser. Peut-être parce que c’était plus difficile de le faire quand on ne savait pas où se retrouver ou comment se contacter.


Szymon fourrage ses mains dans ses poches et continue d’agrémenter leur balade de quelques commentaires, sur les gens, les voitures ou la vie, en général, un peu de babillage qui n’a pas réellement de but. Qui n’engage pas réellement la conversation, ou peut-être un peu, simplement pour ne pas la terminer. Jusqu’à destination. Et alors que Charlie ralenti l’allure et qu’il désigne la porte, Szymon fait de même, les yeux sur la bâtisse, le menton vers le ciel. C’est grande et haute pour une seule maison ! Qu’il déclare, avant de se dire qu’il habitait peut-être juste une fenêtre et son balcon.

Et ça devait être petit, oui très petit. Mais c’est comme ça qu’il imaginait les maisons des autres. Étroites et contiguës, à peine assez grandes pour y vivre sans s’y sentir oppressé. Alors il revient vers Charlie, l’intention de le lui signifier, quand c’est lui qui commence le premier, pour dire au-revoir et tout ça, à la prochaine etc. Mais Charlie ne dit rien de tout ça, il se contente de lui dire de ne pas se laisser faire voler ses organes, ce qui agrandit le sourire de Szymon, encore, parce que ce devait être le meilleur conseil de la soirée. Il hocha la tête, vigoureusement :

Pas t’inquiéter Charlie, je laisserai pas faire. Et puis, ça n’arrive pas réellement souvent d’en croiser, des kidnappeurs associés aux mafias, ou peut-être parce qu’il est très doué pour leur échapper. Mais c’est comme le croque-mitaine, ça reste dans le placard ou dans l’imaginaire et puis voilà. Alors Szymon tourne les talons, pour s’en aller, avant de se rappeler : Oh. Et puis je voulais dire… Qu’il commence, avant de lui faire de nouveau face : Tu étais pas juste opportunité. Ton tête me plaisait bien aussi.

Et sans attendre son reste il remonte la rue, à bonne allure, sans trop savoir où il allait atterrir cette fois, mais de toute façon ça n’avait pas réellement d’importance. C’était comme ça que chacune de ses aventures commençaient. Ou recommençaient.
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