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vagabond - Ven 2 Nov - 14:16


SZYMON & LULU
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C’est à la marelle que tu joues Lulu, sur le trottoir en face du petit cinéma ou Szy’ a proposé de t’emmener. Tu sautilles comme une enfant, de dalle en dalle, en te fichant bien que les traits soient imaginaires. Toi, tu le vois bien, le mot « ciel » gravé tout en haut de la marelle. Gamine de 24ans parfois, adulte au visage trop poupin, qu’on te regarde ou te juge, tu n’en as rien à faire. Tu es toi, aussi délurée que brillante, aussi sérieuse qu’indépendante. Tu ne vas pas attendre qu’on te donne l’autorisation de continuer à être une enfant si c’est ce dont tu as envie cet après-midi. Qu’importe les regards des passants, tu es toi, Lulu Gold et ça suffit comme argument. Tu maitrises l’art de la gaminerie comme personne et pourtant, tu es d’une maturité effarante. C’est rare, de continuer à crépiter sous le bonheur alors que la guerre est à vos portes. C’est ce qu’ils devraient retenir, toutes ces femmes et tous ces hommes. Ce n’est pas en courbant l’échine et en se taisant qu’on devient grand. C’est en hurlant à pleins poumons qu’on prouve qu’on est vivant.

Les bouclettes qui sautillent, les pieds qui passent d’une dalle à l’autre, l’heure du rendez-vous approche et tu ne sais pas si Szy’ sortira du petit cinéma ou de la rue d’en face. Ton ami d’un monde différent, petit homme perdu à l’accent délirant, tu l’aimes beaucoup Szy’, même si tu apprécierais qu’il se lave plus souvent. Ce n’est pas faute de lui avoir laissé la clé de ton appartement, il peut même débarquer quand il veut pour emprunter ta douche. Mais on n’appâte pas les animaux sauvages avec de l’eau gratuite, toi-même Lulu, tu serais la première a ne pas te laisser faire. Concentrée sur ta tâche, tu manques de te casser la figure quand un homme pressé te bouscule - aucun respect pour les jeux d’enfants . Et c’est avec les sourcils froncés que tu relèves la tête, prête à dégainer pour engueuler la haute silhouette.
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vagabond - Ven 2 Nov - 20:05

Les heures et les minutes défilent avec imprudence dans la rue, parfois même on pouvait croire que le temps s’envole et que dans le ciel s’égarent des milliards de retard et de oops encore un peu et on oubliait. Dans la rue, les poignets de ceux qui s'y vautrent sont délaissés, on y trouve guère de bracelet, d’écrin d’argent, de sacro-sainte aiguilles du temps qui défilent sur le cadran d’un monde parfaitement circulaire, qui égrainent au vent ces tics et ces tacs, inlassablement. Les hommes ne se repèrent pas, pas plus que les femmes, d’ailleurs, pas de lundi, de mardi, de mercredi, de jeudi ou de vendredi, ni même de samedi et de dimanche. Juste des jours hasardeux, comme le jour du marché, le jour d’aller se promener, le jour d’aller se laver, celui d’aller gagner un peu d’argent, ou même parfois, des jours pour ne rien faire d’autre que ce que le cœur désir. Drôle de monde que celui des ruelles, Chronos en serait malade d’incompréhension, s’il savait.

Alors Szymon ne se rappelle que péniblement de l’instant, du jour promis, il a compté sur ses doigts sept depuis qu’il lui a donné rendez-vous, mais les heures dans sa tête ne sont pas claires, alors sans doute qu’il s’est contenté de dire «l’heure d’après-manger » et qu’il a oublié un peu ou alors qu’il a mangé bien tard. Un des deux, de toute façon, le résultat est le même et le voilà à courir après le temps perdu, celui qui file toujours entre ses doigts même quand il essaie de le retenir de toute ses forces. Peut-être auraient-ils dû se rejoindre quelque part, chez elle, devant un restaurant, une boutique, la poste ou même n’importe quelle place aurait fait l’affaire. Mais peut-être que là il est déjà trop tard que la bobine a commencé à tourner et que le film est déjà commencé.

Et lorsqu’il arrive par la rue d’en face, il lui faut s’arrêter quelques secondes pour reprendre son souffle, courir à vive allure pour parcourir autant de distance n’était peut-être pas une bonne idée. Pourtant il se redresse, essaie de sourire malgré le point de côté. Et là, devant ses yeux il semble la reconnaître, même de dos, ou en tout cas, il semble que ce soit elle. En s’approchant il la voit au prise – ou presque,  avec un homme alors il la hèle d’un peu trop fort :

BONJOUR LULU ! Son accent transforme les u en ou, ce qui fait un peu rire les passants, une fille qui s’appelle Loulou, des paillettes d’or dans les cheveux ou pas vraiment, mais c’est tout comme parce qu’elle rayonne un peu Lulu. Elle fait partie de ces autres qui n’attendent pas le soleil pour faire le beau temps des gens. Désolé, pas vu l’heure. Qu’il baragouine, la main sur son propre front pour éloigner une mèche de cheveux collée dessus. Il se rapproche alors, pour la saluer d’un peut plus près et lui demander si le film avait déjà commencé. Aujourd’hui ils repassaient My fair Lady, l’un de ses films préférés. Mais le  trottoir recouvert de craie attire son œil alors au lieu de lui parler de la séance il demande : Oh tu jouais. À quoi ? Il repère les cases, estime qu’il faut aller vers le mot ciel. Comment tu fais ? Montre ! Parce que s’il y avait  bien quelqu’un capable de le lui demander c’était bien lui.
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vagabond - Dim 4 Nov - 11:00


SZYMON & LULU
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Szymon est beau. Lulu n’est pas du genre à remarquer ça normalement, sauf quand les gens sont maquillés et qu’ils portent des costumes pailletés. Mais Szymon, c’est différent. Il a cette douceur dans le visage, ce regard clair qui laisse rêveur, ses mèches de cheveux qui lui tombent sur le front et lui donnant un petit côté rebel.  Et puis surtout, il a sa voix, qui, sous son accent venu d’un continent que Lulu ne connait pas, est délicate et emprunt d’exotisme. Quelque chose dans sa façon de rouler les r et de prononcer les  u, une façon unique, bien à lui, d’oublier les verbes et les pronoms au profit de phrases simples et souvent décousues. Szymon est beau dans sa maladresse et dans sa simplicité, et c’est bien ça qui a toujours plu à Lulu.
Alors lorsque le gosse des rues débarquent en courant, le souffle court et les mots trop forts, elle ne peut pas s’empêcher de rire la leprechaun, bousculant d’un coup d’épaule l’homme qui avait osé l’importuner quelques instants avant. Lulu est gracile, toute fine et on pourrait croire qu’elle tomberait d’une pichenette. Mais Lulu est grande aussi, pratiquement 1m80. Pour une femme, c’est rare. Rajoutez y 10cm de cheveux sur le haut du crâne et vous vous demanderez si elle n’est pas une jotuun à la place d’une leprechaun.  « Aucun soucis Szy’! J’adore attendre, j’ai le temps de m’amuser comme ça ! » Clin d’oeil accompagnant le sourire, la boule à facette est de sortie.

Prête à déguerpir la gamine, c’est un nouvel éclat de lumière qui débarque au creux de ses yeux quand Szymon lui parle de son jeu. Le film ? Quel film ? Y’a plus important que de s’enfermer dans une salle de cinéma ! Même si Lulu adore ça, les images qui bougent, surtout celles venant d’une autre époque, elle préfère encore plus sautiller sur le trottoir pour montrer aux autres que le monde ne tourne pas uniquement autour du travail et de la dépression.  « Tu ne connais pas la marelle Szy’ ?» Ce n’est pas de la moquerie dans sa voix, juste un soupçon de curiosité doublé d’une tendresse infinie. Oui Szy est beau et Szy est adorable. Et rien que pour ça, elle aurait bien envie de lui faire un bisou Lulu, d’abandonner sur sa joue des dizaines de bisous tous plus tendres les uns que les autres.  Mais non, à la place, elle attrape la main de son ami et le positionne au chiffre 1 invisible.  « Alors faut imaginer par contre….La première dalle c’est le 1. Celle d’après le 2. Ensuite…» En même temps qu’elle explique, elle se balade Lulu, lu montre du bout des doigts les cases dont les lignes sont dans la tête mais l’amusement futur, bien sur terre. «… tu as le 3. Alors attention, le 4 et le 5 sont sur les côtés ici et ici. Enfin le 6 et…. LÀ C’EST LE CIEL ! »   Trop fort, les bras écartés, les jambes autour de deux dalles pour illustrer l’immensité du ciel.  « Je te montre, tu me suis et après… tu fais tout seul, okay ? Le but c’est de sauter de case en case sans poser un pied au sol et sans tomber… Tu penses y arriver, jeune padawan ? » En se rapprochant, le sourcil est arqué, la voix devient mystérieuse et elle se demande même s’il comprend l’évocation cinématographique… Surement, il bosse dans un cinéma !  « On essaye ?»
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vagabond - Mar 6 Nov - 23:55

Une marelle, qu’est-ce que c'est une marelle ? Un oiseau ? Une plante ? Une personne ? Une planète ? Il y a connaître et connaître, un oui ou un non, peu de complexité dans la façon de comprendre la subtilité. Dans la rue il en connaît une qui se fait appeler La Marelle, mais c’est un tout petit cœur vicié qui traque ceux qui lui doivent de l’argent, du temps, des embêtements. Qui n'hésite pas à jouer les gros bras et à poursuivre ceux qui osent un jour insinuer qu'elle n'est pas une reine, la reine tant espérée des clochards et des paumés. Alors non, Szymon ne connait pas réellement la marelle ou la Marelle. Et peut-être qu’il n’aurait pas demandé s’il avait su qu'avec les deux on finissait par terminer dans le ciel. Mais il y a toujours beaucoup de curiosité dans ses deux iris, une certaine appétence pour l'inconnu et puis, le savoir, celui qui se cache dans les mots et les cœurs les plus éclectiques. Alors il s'intéresse, se questionne comme il questionne pour décortiquer tous les sens des mots cachés.

Avec un peu retard il finit par comprendre qu'elle lui donnait substanciellement la réponse à sa précèdente question : « à quoi tu jouais » ; « à la marelle » tout simplement. Alors Szymon hausse les épaules avec désinvolture, lui ne connait que le cache-cache et à ça il est bien imbattable.

Imperturbable, Lulu entreprend de lui montrer comment jouer, la mine concentrée comme si c'était de la plus haute importance. Et ça l’était, pour eux, bien sûr, parce que par le jeu ils arrivaient à partager beaucoup, des rires, des mots encourageants et simples, un peu d'amusement même quand le monde ne s’y prête pas et que la vie s’éclate avec eux comme si l'univers souhaitait être le témoin de cette complicité.

Alors scolaire il hoche la tête, la paume dans la sienne. Semble comprendre, instinctivement, il suit les indications, comme si elle lui parlait d’un chemin secret et puis, il compte en même temps, de un jusqu’à six, puis soudain Lulu lui lâche la main pour éclater d'enthousiasme, en déraison. Parler du ciel avec l'assurance de ceux qui en admirent l'immensité. Qui ne peuvent qu’en rêver. Szymon a un mouvement de recule. S’éloigne des traces imaginaires. Recompte de un jusqu’à six, de un jusqu’à sept. Sept ciel.

Il fixe le sol avec une angoisse un peu sourde qui tape dans ses tempes. Il la voit esquisser le mouvement, lui demandant de la suivre, une fois. Mais Szymon secoue la tête vigoureusement, des images terrifiantes plein l'esprit, le corps qui cherche à se raccrocher, comme si soudainement le sol pouvait s'écarter, devenir du vide. Devenir du ciel. Devenir une chute mortelle.

Il tend ses deux mains crasseuses et tremblantes, attrape son bras pour l'attirer à lui et dire : NON. Il faut pas le ciel ! Lulu ! Dangereux ! Très dangereux ! Il y a de la détresse dans ses yeux, sa voix, il s'emmêle un peu, anglais, polonais. Ses doigts viennent récupérer son visage, d’une main, l’autre toujours sur son poignet. Si tu vas dans le ciel tu tombes ! Très effrayant tomber tomber tomber et le vide. IL faut pas, le ciel, non. Il secoue la tête, relâche ses joues, recule pour expirer encore un peu, en marmonnant que le sol et solide et que tout va bien, que personne ne va tomber surtout pas lui. Surtout pas eux, en polonais encore, parce que c’est tout ce qui lui vient en tête parfois. Il faut pas le ciel, Lulu. Et c'est tout ce qu’il est capable de baragouiner. Il l'emmène avec lui sans rien entendre de protestation, juste pour s'éloigner du jeu et du ciel. Rester tous les deux en sécurité. Pas le ciel. Non.


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vagabond - Sam 10 Nov - 21:55


SZYMON & LULU
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La tempête explose avant même que Lulu ne puisse comprendre quand elle est apparue. Dans les yeux de Szymon, elle la voit, la panique, elle la sent aussi dans ses mots, les langues qui se mélangent la perdant un peu plus qu’elle ne l’est déjà. Tout se passait bien, elle avait le sourire et lui, il la regardait avec cet air d’enfant prêt à tout apprendre. Il l’avait même suivi dans ses premiers pas, son visage sérieux contrastant avec celui amusé de la jeune leprechaun et puis… Et puis tout avait dérapé.
Lulu dont le poignet est attrapé perd un peu pied, pas habituée à sentir autant de détresse chez quelqu’un. Même dans sa famille d’accueil, où les enfants n’étaient pas les plus heureux, elle arrivait toujours à les calmer, à leur rendre le sourire. Grande soeur qui n’avait pourtant jamais connu la chaleur d’une véritable famille, elle avait tellement d’amour à donner que personne ne lui avait jamais résisté. Et face aux mots de Szymon, face à la peur qui naissait au creux de ses prunelles, Lulu comprit qu’elle avait fait une bêtise en évoquant le ciel. Le mot avait débloqué quelque chose chez son ami et elle s’en voulait, d’avoir été trop joueuse là où elle aurait simplement dû le suivre au cinéma.  « Szymon… » Le murmure arrive trop tard, le visage féminin est abandonné, les paumes brûlantes du jeune homme l’abandonnent pour qu’il puisse reculer et éviter les lignes invisibles. Elle ne panique pas Lulu, elle est juste paumée, le stress de son ami lui picorant les muscles et l’empêchant de bouger. Ça ressemble à une crise de panique, elle sait comment les gérer, elle… Et déjà la main est attrapée à nouveau, petite chose tirée à l’extérieur de la marelle et mise à l’écart. Szymon qui continue de baragouiner dans toutes les langues, Lulu qui a du mal à le suivre et sent son coeur bourdonner un peu trop fort. Et la jeune fille, elle sait ce qui se passe quand les émotions la contrôlent plus qu’elle ne les maitrise. Elle voit les tremblements des bouches d’égout au sol, perçoit aussi celui des tôles de voitures. Dans ses doigts, dans sa tête et sous son derme, ça crépite de plus en plus. Le métal répond à son coeur en panique et elle ne sait comment faire taire le cri du leprechaun qui réveille tout objet brillant autour d’eux.  « SZYMON ! » Le bras est brutalement tiré en arrière, se détachant des doigts de son ami et la fuite arrêtée. La voix, clair et trop forte alerte quelques passants qui arquent un sourcil. Surement pensent-ils à une querelle entre amoureux et jamais ils ne sauront la vérité.  « Il… Il faut que tu te calmes, s’il te plait. Regarde moi. » Il doit se calmer pour que Lulu se calme à son tour. Pour que son coeur arrête de palpiter, que ses doigts arrêtent de pétiller et que le métal arrête de lui répondre comme si elle était attaquée.  « Pas de ciel okay, on… Tu ne vas pas tomber, d’accord Szymon ?  » les paumes qui agrippent les joues du jeune homme, les billes sombres dans celles claires de Szymon, la voix de Lulu, si enfantine quelques minutes auparavant, se pare d’une maturité qu’elle cache habituellement.  « …Je te rattraperais toujours, j’te laisserais pas tomber tu m’entends ? Alors tu respires…. Fais comme moi.» Et une inspiration longue , bouche ouverte est prise suivie d’une expiration aussi visible. Qu’il calque sa respiration sur celle de Lulu Szymon, pour que leurs coeurs s’apaisent au même moment et que la rue retrouve son calme tout comme les deux enfants.
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vagabond - Lun 12 Nov - 19:28

Et il est prêt à partir, loin, il pense déjà aux cachettes qui existent, celles qu’il connait sur le bout de ses doigts, même si souvent c’est vain car le ciel est partout et qu’il menace toujours de les y engouffrer pour les faire tomber après leur être tombé sur la tête. Ou alors c’est dans le sol qui pourrait s'écarter pas devenir du ciel mais un abysse sans fond et puis c'est compliqué, ou pas vraiment, c'est juste une certitude ancrée dans son âme.

Dans sa fuite désespérée il n’entend d’abord rien, sourd de détresse et du courage qui manque à ceux qui s'éloignent du danger. Puis finalement quand le murmure à l’arrière devient un cri il s’arrête et est forcé de relâcher sa menotte qu'il a serré si fort, si fort qu’il aurait pu les lui tordre. Quand ils se font face, il le défi du regard, en inspirant toujours trop fort. Bien sûr la peur est encore là, mais le visage de Lulu est plus proche du sien, ses doigts contre son visage. Alors il écoute elle plutôt que l’autre réminiscence dans son crâne. Elle lui promet, pas de ciel, plus de ciel, il acquiesce. Ils n'y retourneront pas, il n'y tombera pas. Pas aujourd’hui. Il expire, lentement cesse de se tordre les mains, fixe ses deux iris.

Lulu promet qu'il ne tombera jamais, qu’elle le rattrapera toujours. Alors peut-être, peut-être que ça fonctionne avec les enfants et les autres gens, ceux qui connaissent rien de la vie ou alors que les bons côtés. Peut-être aussi parce qu’il a appris trop de fois des leçons inverses, peut-être qu’il n’est pas aussi crédule qu’il le laisse croire, que la naïveté se superpose toujours facilement sur son visage. Alors s’il se retient de rire, s’il se contente d’esquisser avec lassitude pour la première fois de l’année c’est pour mieux souligner :

Toujours seul quand on tombe, Lulu. Toujours. Il retire les deux mains de son propre visage pour attraper le poignet rudoyé, passer un pouce tremblotant avec délicatesse dessus comme pour s’excuser du mal qu’il a pu faire en essayant de se sauver. Mais il respire quand même, au même rythme, s’impose cette pause, accorde à son estomac un sursit, non aujourd’hui il ne dégobillerait pas de terreur. Il inspire et expire, lentement, mais sûrement, en oubliant le ciel au-dessus de leur tête, les yeux fermés et la main toujours occuper à rattraper la peine.

Après quelques temps, des minutes, des secondes, peu importe, il rouvre les yeux, relâche son poignet pour dire : Personne va venir ton secours, comptes pas sur les autres. Parce que malgré leur amitié, il sait qu’il l’abandonnerait pour survivre. Ou peut-être qu’il ne comprend pas juste pas, que pour lui, les amis, c’est surtout pour passer de bons moments, que ça n’a d’ami que le nom et puis c’est tout. Puis après quelques secondes sérieuses, il finit par hausser les épaules On a raté le film je crois.
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vagabond - Lun 19 Nov - 15:15


SZYMON & LULU
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Dans les prunelles de Szymon, y’a quelque chose que tu ne connais pas Lulu. Pourtant, tu en as vu, des vilaines choses et des vilaines personnes mais tu as toujours su garder le sourire. Qu’importe que le ciel explose, que les orages grondent et que les corps s’empilent, ta tête était toujours haute, ton menton fier et ton sourire, éblouissant.  Ton existence est loin d’être un long fleuve tranquile et tu sais pertinemment qu’un jour, quelque chose te tombera sur le bout du nez et que ta jolie bouille ne pourra pas te protéger. Mais tu préfères ne pas y penser, oublier les peut-être et vivre dans le présent. La douleur future n’est qu’imaginaire quand on se restreint à l’instant. Puis il clôt ses yeux Szymon, attrape tes menottes et en caresse le poignet. Un peu douloureux, la poigne du jeune homme contre tes frêles mains y a laissé quelques rougeurs, mais comme toute blessure, elles vont disparaitre aussi vite qu’elles sont apparues ! Tu y crois ferme à cette idée, que rien ne peut rester, que les plaies se referment toujours. Mais Lulu, à force de ne pas t’arrêter, de vriller dans le monde avec la puissance d’un bolide sans regarder en arrière, sans freiner, tu vas te prendre un mur. Et il sera douloureux, brutal contre ton joli visage et douloureux contre ton joli coeur. Tu fonces vers ta perte Lulu Gold, à mettre de côté le danger et la douleur, mais ça… Tu n’y fais pas attention, le myocarde de Szymon est bien plus important que ton propre palpitant.

Les paroles sont douloureuses mais tu comprends. Ton ami n’a pas une vie facile et son quotidien vogue entre la rue et les petites Tour Eiffel qu’il essaye de refourger. Tu les aimes bien, ses babioles, tu lui en as même acheté des dizaines tant elles brillent et te rendent heureuses. Et puis, acheter des choses à Szymon, ça lui rempli les poches et l’estomac, alors tu continues Lulu, te fichant bien que ton appartement se retrouve sous l’amas de tour Eiffel en toc. Ton poignet libéré, les mots piquants comme des lames acérées, tu restes silencieuse, incapable de lui répondre. Qu’est ce que tu pourrais dire à ça Lulu ?   Toi qui n’a pas beaucoup d’ami et aucune famille, tu sais que tu es toute seule et que de toute façon, quand tu tomberas, personne ne viendra te chercher. Il a raison Szymon mais à ta différence, ça le rend plus gris que blanc. Tu as accepté Lulu, ça ne te dérange pas. Au fond, tu as toujours été seule, depuis petite, des Rues de New York à celle d’Arcadia, tu es toute seule. Et tu es devenue qui tu es toute seule. Tomber sans coussin pour te rattraper, ce n’est pas bien grave. Au pire, tu auras le coeur cassé et tu y mettras un coup de scotch pour le rapiécer.  « Oui… On peut aller manger des gaufres à la place ? Ou des crêpes ? J’connais un petit restaurant à dix minutes d’ici qui sert la meilleur crêpe de toute la ville !  »Le sourire est là, brillant comme une boule à facettes et pourtant… Pourtant voir Szymon a la mine grisée, ça t’ennuie Lulu. Tu ne sais pas trop comment faire, ton arme c’est ton sourire et ta bonne humeur mais ça ne suffit pas à éclairer les prunelles de Szymon. C’est donc ça, avoir des amis ? Accepter de les voir tristes sans pouvoir les aider ? Si c’est le cas…. Tu n’aimes pas trop ça. Avec Majken, tu réussis toujours à la faire rigoler, tout comme avec Aya. Mais Szy… Szy est un nuage. Il change de jour en jour, disparait pour réapparaitre quelques heures plus tard. Parfois brumeux, parfois tout doux, Szymon est un nuage qui entrave ton soleil Lulu.  « Ils ont même un coulis de caramel à s’en damner ! » Tu lui murmures ça comme un secret à ne jamais partager.  Oui, Szy est un nuage et toi un soleil et les deux continuent de co-exister qu’importe le temps qu’il fait.
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