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Attrape la fureur à pleines mains.

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Attrape la fureur à pleines mains. - Lun 14 Jan - 15:22


ÉAMONN & ALEJANDRO
 
Tête en avant, oublie tout
Lâche tes chevaux, rends-les fous
Attrape la fureur à pleines mains.
Que la fièvre marche avec nous
Sous les arcades et sous les coups
Pied au plancher, sourire en coin.



Killough est morte. Cramée dans les cendres de son immeuble. Rien que ça, ça l’a fait sourire le capitano, de savoir que la Reine est morte brûlée par le feu qu’elle pensait maitriser. Si le Destin existe, c’est un sacré petit con quand même, vu le bordel qui sévit dans les rues d’Arcadia. Mais un petit con qui sait s’amuser, et Killough en est la preuve. Alors ce soir-là, Jan, il a envie de fêter la nouvelle. Savoir que le Royaume est au sol, et les spéculations de trahison remontées aux oreilles de tout ceux attentifs aux ouï-dires n’ont fait qu’agrandir son sourire. La Reine est morte, vive le Roi qu’on murmure. Un roi aux allures de gringalet qui n’a de royal que la couronne que son dentiste lui mettra, quand Flores lui remettra la gueule en place.

Malgré les enquêtes de police qui augmentent depuis la fin décembre, l’heure est au plaisir et au relâchement, juste le temps d’une soirée. Il est 22h quand les combats débutent en plein Industrial District. Le lieu a du être changé, les flics sont aux aguets, crocs de sortis, prêts à chiquer tout ce qui passe pour faire plaisir à leurs chefs. Entrepôt désaffecté dans la zone industrielle, l’organisation a été rapide pour une fois. Quelques coups de fils, des rencontres, éviter les sms en cas nouveau leak. Les habitués ont répondu présents, les autres ont suivi comme des chiens attirés par la vue d’un os à mordre. Le sang appelle le sang, la police peut tenter d’arrêter la déferlante, la ville continuera d’être gangrenée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à sauver.
En charge de quelques combattants de Delray, la Calavera est prête à faire briller ses couleurs ce soir. Ils se savent en position de force, les Mexicains, aucune attaque subit depuis quelques mois, quelques suspicions de trahison apparement mais rien de concret. En tout cas rien en comparaison aux autres mafias. Sacré Esposito, Don et traitre, joli CV qu’il est entrain de se faire le rital.

Le bruit, la fureur, les coups donnés, les paris perdus et ceux gagnés, l’entrepôt prend des allures d’arène de gladiateurs au fur et à mesure de la soirée. Flores est fier des siens, Flores se montre, Flores pavane, Flores combat aussi. Flores gagne. Et Flores ne fait pas gaffe. Il se sait protégé par une équipe de sicarios et à chaque pas, trois autres paires de pieds le suivent. C’est énervant mais Jan est tête brûlée, pas con, il sait que depuis la fusillade, il ne peut se permettre de jouer avec sa vie comme on joue au poker. Même si en ce moment, le bon jeu, c’est lui qui l’a en main avec ce qui a filtré sur sa santé. On le pense malade, on le dit en danger, il est bon acteur Jan, il ne passe qu’une fois sur le ring et prétexte ne plus pouvoir continuer. Ça lui permet de se concentrer sur les siens qui combattent comme des lions affamés. Sans se douter qu’un autre, plus sauvage et en colère, se cache, prêt à chiquer.

Le sac de sport balancé dans le coffre de la voiture, il est près de 02h du matin quand le tournoi se finit. La fatigue pointe le bout de son nez, les combats se sont bien passés, quelques perdant du côté de Delray mais de beaux résultats quand même. Il a vu aussi de sacrés coups donnés par ceux du Royaume. Facile de les reconnaitre, ils sont souvent plus massifs de corps et ont un joli accent quand ils parlent. Ça chantait quand ils criaient de réussite ou de douleur. La chanson, il l’a encore en tête Jan, il aime entendre les gens  hurler. « On se rejoint à l’agence. » d’un coup de tête, les sicarios rentrent dans leur voiture respective et démarrent au même moment où Jan s’engouffre dans la sienne. Les yeux sont frottés sous la fatigue mais il est heureux ce soir, il a pu combattre sans trop s’inquiéter du reste. Un tour au QG, histoire de débriefer rapidement et il rentrera chez lui. Enfin, chez Joaquin, ce qui est du pareil au même.
Le pied sur la pédale, la voiture démarre et cale une seconde plus tard. Le nez est plissé, l’agacement se lit sur le visage du capitano. Il veut juste rentrer, pas jouer au mécano sur un parking désafecté. Deuxième essai, ronronnement de la bagnole et à nouveau, impossible de démarrer correctement. « Fait chier ! » Il sort, ne ferme pas la porte et fait le tour de la voiture pour vérifier ce qui ne va pas. Ce n’est pas le moment, pas alors que la lune se fait reine dans une nuit où les ombres peuvent attaquer.


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Attrape la fureur à pleines mains. - Ven 18 Jan - 20:03


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alejandro & éamonn
Ever since I could remember, everything inside of me just wanted to fit in. I was never one for pretenders, everything I tried to be just wouldn't settle in. If I told you what I was, would you turn your back on me? And if I seem dangerous, would you be scared? I get the feeling just because everything I touch isn't dark enough, if this problem lies in me.



La reine est morte, mais la vie continue. Il le faut. Il y va de la survie du Royaume, de prétendre que les choses continuent, paisiblement, sans donner le moindre signe aux hyènes qui ne demandent qu’à briser nos os à force de les ronger. Les circonstances sont floues, encore, trop floues. Et l’enterrement a enfin eu lieu, lui laissant l’opportunité de reposer en paix. Mais il y a ces regards, prompts à la guerre civile, prompts à ce que ma famille se déchire. Traitre, le sénéchal. Traitre, le duc. Traitre, la courtisane. Une nouvelle trinité, unie dans de sombres desseins, qu’ils s’imaginent. Et je ferais tout pour que ces voix se taisent enfin. Fils de l’ennemi, qu’on m’appelle maintenant. Parce qu’ils ne savent qu’une partie de l’histoire, eux aussi, et qu’ils se satisfont du peu qu’ils savent. Soit. L’heure était à la besogne habituelle, les combats à Industrial District. 22 heures sonne, il est temps que les dents volent. Et même si ce n’était plus ma place sur le ring, les combats me manquaient. Je voulais y retourner, autant que la simple idée de redevenir « l’irish wolfhound » me débectait. Alors, je guette la concurrence, discrètement.

Flores. La mâchoire s’écrase et le poing se serre. Je dois faire quelque chose. Il doit payer. Il le doit. Sa dette est arrivée à échéance, et il n’y aura que le sang versé qui sera accepté. Parce qu’il le faut, parce que je le dois, pour Mairead, et tout le sang qu’il a pu aider à faire souiller. Ennemi éternel du Royaume, gradé de la Calavera, il n’y avait pas d’autre choix. Aucun plaisir ne sera pris, ce soir. Il n’y aura que le devoir. Je profite qu’il continue de se pavaner pour sortir un instant, cigarette aux lippes. « C’est la voiture de Flores, j’vais pisser, tu la quittes pas des yeux. » Je profite de ce moment pour intervenir et demander du feu, pour une cigarette déjà allumée. Et il cherche, le bougre esseulé. Proie facile. Coup de tête en plein dans son nez, il s’effondre et j’en profite pour le saisir par la gorge et le baillonner dans le coffre de la voiture de Flores. Attaché et ruban sur ses lèvres, au cas où il se réveillerait un peu trop tôt. Mollusque. Je roule des yeux et profite de la pause de l’autre pour crever les pneus du véhicule du Capitano. La lame de rasoir dans ma manche sortie, j’ouvre la portière avant sans déclencher d’alarme et sectionne tous les câbles. Il pourra même pas démarrer. Les mains sales, je retourne à l’intérieur, avec une légère bosse sur le front.

J’attends, patiemment, que la justice ne sonne pour le Capitano. Je le laisse profiter de son instant de gloire, et je dois avouer qu’il sait se battre, et qu’il mériterait presque les éloges qui lui sont rendues. Presque. Je pense, à la Reine, au Royaume mais lorsque les combats cessent, tout s’efface. Je ne pense qu’à lui, cet adversaire d’un soir, ou d’une vie maudite. Je me lève, rejoins les combattants du Royaume pour les féliciter, car tous ont donné le meilleur d’eux-mêmes, et c’est tout ce qui comptait, pour ce soir. Il fallait garder la tête haute, inutile de trop en faire. Mais il fallait veiller à éviter de ne pas faire assez. Et c’était le danger. Car tous, savaient. Et je voyais dans certains regards que le reflet qu’ils me renvoyaient était celui d’un traitre. Je déglutis, tapote l’épaule d’un des combattants et entends juste à temps le juron du Capitano. Il sort, s’énerve, s’impatiente. Tant mieux. « Besoin d’aide, Flores ? » La voix est grave, le regard sombre. Aussitôt qu’il prend conscience de ma présence, mon poing s’écrase sur sa mâchoire. Le geste est précis, rapide. Quitte à commencer les festivités, je préférais être le premier à sabrer le champagne.

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Attrape la fureur à pleines mains. - Mar 22 Jan - 23:14


ÉAMONN & ALEJANDRO
 
Tête en avant, oublie tout
Lâche tes chevaux, rends-les fous
Attrape la fureur à pleines mains.
Que la fièvre marche avec nous
Sous les arcades et sous les coups
Pied au plancher, sourire en coin.



Il entend la voix et reconnait le ton comme s’il le connaissait par coeur. On se souvient toujours de ceux qu’on a dans l’viseur. Ennemis et égaux, leur place dans leur mafia est leur seul point commun. Enfin non, il y a aussi la colère et la rage qui pulsent en eux depuis le Trianon. Jan a encore la saveur du sang de la duchesse sous la langue, Eamonn, encore le cri de la défaite dans le coeur. C’est donc ici et ce soir que ça se réglera. Qu’on saura enfin qui mérite sa place dans les jeux de guerre d’Arcadia.

Le poing du sénéchal s’écrase contre sa mâchoire, le corps tombe en arrière et le dos se fracasse contre l’asphalte. Une seconde qu’il lui faut au capitano pour réagir, deux pour se relever, la lèvre ouverte, les crocs prêts à chiquer. Un pas en arrière, les yeux qui regardent sur les côtés. Personne, ni pour lui, ni pour McNamara. Seuls ce soir, seuls pour se cogner, seuls pour s’venger, seuls pour se tuer. Le coeur bat la chamade, Jan se sait en position de faiblesse, lui a déjà combattu sur le ring et la fatigue est là, présente sous les yeux comme dans les gestes. Besoin de courage McNamara ? Frapper un homme sans qu’il s’y prépare, c’est ça ton truc ? Il sait, Jan, qu’il provoque, qu’Éamonn fait deux fois son poids et qu’il pourrait l’envoyer valser par dessus la bagnole s’il le chopait par les hanches. Mais il est conscient aussi de ses avantages, qu’il est rapide, futé, capable de tenir sur la distance. Et aussi de frapper là où ça fait mal. McNamara est peut-être puissant, mais Jan l’est tout autant, d’une autre manière et surtout, que ce n'est pas un putain d'irish qui le fera se taire.
Les yeux ne quittent pas le corps du Sénéchal, les prunelles glissent, cherchent le parfait angle pour créer le plus d’impact. Pas le ventre, trop puissant. La tête peut-être, surement vide vu ce qu’on raconte sur son intelligence. Le second de la Calavera sourit a cette pensée alors que les pieds glissent sur le sol, que le corps se prépare à frapper. Vous avez fait un barbecue qu’a dérapé avec Killough ? Mettre de l’essence sur le feu, là est l’adage du capitano. Et une seconde plus tard, le corps s’élance et le poing droit simule un coup sur le haut du corps, alors que le second prend à revers et frappe les parties génitales. Il se baisse immédiatement pour éviter les paluches du Sénéchal, sans honte ni gêne d’avoir peut-être castré Éamonn McNamara. Pas une grande perte, ma foi.  Qu’il crève ce soir Jan, il n’en a rien à faire s’il emporte avec lui le second d’un Royaume sur le déclin. Après ça, y’aura plus personne pour l’empêcher de s’effondrer. Y'aura plus personne pour empêcher sa famille de s'élever.

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Attrape la fureur à pleines mains. - Dim 10 Fév - 11:26


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alejandro & éamonn
Ever since I could remember, everything inside of me just wanted to fit in. I was never one for pretenders, everything I tried to be just wouldn't settle in. If I told you what I was, would you turn your back on me? And if I seem dangerous, would you be scared? I get the feeling just because everything I touch isn't dark enough, if this problem lies in me.



Dans ces jeux maudits, où même les rois étaient des pions de desseins qui les transcendaient, qu’est-ce que pouvaient faire deux minables ? Si ce n’est, faire du bruit, avec les souffles qui se coupent, les os qui se brisent, et les rires, forcés ou spontanés. Et c’était une belle nuit, pour livrer un dernier combat. Nulle vénération morbide à l’idée saugrenue de rejoindre la souveraine souterraine, juste, la lassitude et l’épuisement. Je n’avais pas combattu, dans l’arène, et j’enviais Flores pour cet exutoire rêvé d’un passé qui me semblait lointain. Mais tous, nous avions nos combats à honorer et dans un Royaume dont les épaisses murailles s’effritent au son des rumeurs plus abjectes les unes que les autres, s’ajoute le poids de ma propre culpabilité. Le coup part, trouve sa cible, embrasse sa mâche avec vigueur, et c’est le corps qui tombe. A deux temps, que la valse commence. Lèvre fendue, l’appétit du capitano s’éveille, et c’est son regard qui hurle son appétance. Et il cherche à éveiller la même lueur dans mon regard. Une seule joute, et les ronces s’enfoncent dans ma chair. J’inspire, daudeline lentement de la tête et lui refais face, affichant un sourire carnassier. Le brasier prend possession de mes entrailles. « S’il y a une prochaine fois, j’t’envoie une pinata, sac d’os. » Parce que je ne voyais pas d’homme, et encore moins de courage. Seulement une enveloppe corporelle, qui brillait. Un hôte, lui aussi, en mal d’ego et d’amour, comme beaucoup, et je ne le jugeais pas. C’était proablement ce qui me retenait d’en finir dès maintenant, avec.

Je sens le regard du squelette sur moi, il guette, piste, épie, même. Il cherche le meilleur angle, pour me faire le plus mal. Qu’il cherche, il finira bien par trouver. Et il prendra la facilité. Parce qu’il semble avoir un goût prononcé pour la gloire facile, sinon pourquoi serait-il devenu mafieux ? Je ne cille pas, l’observe lentement en faire de même, semant les fausses pistes, sur un ventre trop puissant, alors qu’il y a encore quelques mois, des trous béants m’avaient presque poussé au bord du précipisse. Mais lorsqu’il évoque la Reine, je perds pied et la feinte fonctionne. De justesse, je lève les bras pour une garde de secours, mais le coup se porte ailleurs. Coup bas. Je ploie le genou devant lui, les boyaux se tordent, les veines se gonflent. Vivifiant est un adjectif trop tôt, encore, pour être utilisé. Je le fixe, l’air mauvais, quelque part déçu de le voir user de tactiques aussi douteuses. Quoi de plus étonnant pour des mexicains, bons qu’à creuser des tunnels pour s’y perdre quelques temps après. Mais c’est sa phrase qui tourne en boucle dans ma tête. Et je comprenais que la Calavera n’y était visiblement pour rien, ignorant la résistance au feu de la Souveraine. Information placée soigneusement dans un coin de ma tête, je lui fonce dessus et le porte sur le capot de la voiture. Dans la colère, je manque son visage et la main hideuse déforme la taule. Qu’il envoie la facture, une fois qu’il aura toutes les autres.

Je perds de vue un instant l’ennemi, ce reflet de miroir que j’ignore encore, pour finalement le retrouver et attraper son col. Mon regard dans le sien, je vois son ardeur et lui laisse découvrir la mienne avant de lui asséner un violent coup de tête en plein nez. Il est temps qu’il paie. Il faut qu’il paie. L’offense doit être réparée. Il le faut, je le dois. Je le jette au sol, profitant de l’instant pour m’installer sur lui, bloquant ses bras avec une de mes cuisses, plaçant l’autre sous sa gorge. Les mains ne tremblent pas, mais il faudra faire vite. L’arme secrète dévoilée de la manche gauche, elle scintille au clair de Lune. La lame de rasoir. Entre mes doigts, mes lèvres décident enfin à s’animer. « Et charcuter une femme ? Tu penses p’t’être avoir du courage, Flores, mais c’est l’honneur qui t’manque. » Les sourcils froncés, le spectacle commence. Et il n’y a ni applaudissement, ni ferveur. Juste le devoir, celui de venger une sœur, Mairead. La lame découd la commissure gauche de ses lèvres et s’enfonce, suffisamment pour laisser une marque qui mettra du temps à s’effacer, mais sans le sadisme au point de lui ouvrir la joue. Parce qu’il n’y avait pas de plaisir offert, je n’y prenais pas plaisir, et ce sang qui salit mes mains, j’aurais préféré ne jamais l’avoir sur moi. « C’pas personnel, amigo. » L’autre main maintient sa mâchoire et je continue. Je me souviens de ce sourire, à l’Eden Manor, et de ce sourire, ce soir. Au moins sera-t-il permanent désormais. Et j’écrase le Capitano, encore. L’acte n’est pas terminé. A la commissure droite, le mimétisme devient tropisme, d’un geste naturel et efficace, comme si les doigts étaient habiles dans une entreprise aussi sordide. La chair se fend, sans jamais se rompre. Mais il n’était pas question d’art, et c’était le myocarde serré que je m’exécutais. Les entailles faites, l’ichor coule et je relâche lentement son cou et mon emprise, persuadé que la cloche venait de sonner au son des cris du divin. Naïf, ou volontairement négligeant, je me relève, lui tends une main, l’hideuse en prime, pour finalement lui tourner le dos et commencer à partir. La scène exécutée, je pouvais me retirer. Le rôle avait été accompli.


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Attrape la fureur à pleines mains. - Dim 10 Fév - 19:00


ÉAMONN & ALEJANDRO
 
Tête en avant, oublie tout
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Attrape la fureur à pleines mains.
Que la fièvre marche avec nous
Sous les arcades et sous les coups
Pied au plancher, sourire en coin.



Ça tambourine dans le coeur comme dans la tête, un goût amer entre les lèvres, celui du sang et de la colère. De se retrouver seul sur ce parking, sans arme à part ses poings et ses lames, sans explication, pris au dépourvu, incapable de réagir autrement que sous l’adrénaline. Jan n’est pas connu pour être le plus intelligent des combattants mais il a toujours une stratégie en tête. Il sait reconnaitre ses ennemis et leurs faiblesses, sait trouver les points à toucher, outre les habituels. Mais devant McNamara, armoire à glace qu’il connait seulement de réputation, il est aveugle, incapable de réellement comprendre pourquoi la raison de cette attaque, pourquoi maintenant, ici, alors que les guerres de gang se sont un peu calmées depuis la nuit du réveillon. Ils sont affaiblis, le Royaume, tout comme les ritals et venir ici, s’en prendre au gradé de la Calavera, c’est une très mauvaise idée. C’est une annonce de guerre en bon et due forme et pour cette unique raison, Alejandro refusera de plier. Devant l’homologue, il ne peut que répliquer, les poings attaquant, symboles d’une mafia toute entière qui exècre les irlandais avec autant de ferveur que les autres nationalités.
L’insulte le fait sourire, il a presque envie de lui répondre que le sac d’os est toujours mieux gaulé que le gros lard qui se pense capable de gagner. Mais perdre son souffle pour des insultes serait dommage alors les pieds continuent de fouler le sol, les yeux captivés par les muscles bandés du Sénéchal. Et il sait, Jan, qu’il est foutu quand il se rue sur lui, sachant pertinemment que contre les paluches de l’irlandais, sa souplesse n’aura aucune utilité. Alors il se laisse porter, plaqué contre le capot, évitant de justesse un coup qui aurait pu lui exploser le nez s’il n’avait pas frappé la taule. Le sourire sur le visage du mexicain est mauvais, à la fois amusé et agacé de voir sa bagnole abimée de la sorte. Le corps se cabre comme un cheval sauvage, tente de s’échapper de la poigne de l’homme qui le maintient fortement. Liberté retrouvée, pieds sur le sol, poings prêts à frapper. Coups qui n’arrivent pourtant pas, fatigue qui débarque au mauvais moment tout comme  la colère grondante de l’animal au fond du poitrail. Il perd sa maitrise le capitano, sait qu’avoir combattu avant le fout en deçà de ses capacités. Il a conscience aussi que McNamara est doué et que lui n'est pas épuisé. Et le second de la Calavera a aussi appris au fils des années, que la tête du Sénéchal est aussi dure que sa stupidité est brillante.
Alors le nez craque sous le coup, la nuque part en arrière, la douleur est cuisante, éteint l’homme alors que l'animal lentement s'éveille. Le Dieu ne supporte pas de se sentir inutile et voir son vassal plier, épuisé, à bout de souffle et de nerf devant ce combat qu’il savait perdu d’avance. Épuisement qui n’a pas eu raison de la volonté de massacrer l’irlandais, épuisement qui lui tord les boyaux  et qui le mène à terre. Le jaguar grogne, griffe, lacère la carcasse humaine et l’esprit perd pied au moment où le Sénéchal s’assoit sur ses bras pour l’empêcher de le frapper.
Et il écoute les mots, Jan, les comprends à peine alors que la tête tinte encore un peu sous le coup précédemment donné. Mais les lames qui sortent des manchettes du Sénéchal, elle, il les distingue sans problème. Il comprend avant même que le discours ne s’achève.

Le coeur explose dans la poitrine, la tête vrille, les yeux se ferment, les jambes tremblent et les lames s’éveillent contre ses propres paumes. La douleur est telle que les larmes coulent sans qu’il se maitrise et le premier cri de douleur ne fait qu’accentuer la pression contre ses lèvres qui s’ouvrent sous l’artiste en herbe. La sueur se mêle au sang, les larmes s’accrochent aux plaies et ça pique encore plus et ça le fait gémir encore plus. Il n’entend plus rien Jan, seul le myocarde qui bat la chamade et le calvaire qu’il subit lui prouve qu’il est encore en vie. Et que ce n’est que le début, que le Sénéchal a encore un autre côté à ouvrir pour le faire totalement sourire.

Et c’est le silence alors que les larmes dégoulinent toujours dans la mixture macabre. Il perd pied en même temps qu’il perd conscience, douleur incommensurable que son esprit préfère noyer pour éviter de la ressentir une seconde fois. Ce sont les étoiles qui embrasent son rêve et illuminent ses pensées. Elles le regardent, elles l’apaisent et Jan reste là, à les regarder. C’est un souvenir qu’il revit, d’une nuit claire alors qu’il n’avait que 9ans et que Martel tentait de lui faire apprendre ses leçons. Il n’écoutait rien, l’enfant, captivé par les éclats dans le ciel qu’on disait éternels. " Pourquoi les étoiles ne meurent pas Martel ? " L’homme l’avait regardé et lui avait répondu simplement qu’elles mouraient un jour mais que personne ne vivait assez longtemps pour en être témoin. Et le gamin savait, qu’un jour, en lui pulserait une âme divine qui pourrait le mener à l’éternel. Alors il s’est mis en tête de ressembler à une étoile, de briller aussi fort qu’elles, d’illuminer tout sur son passage, quitte à brûler quelques âmes qui se seraient trop approcher de sa lumière. Il serait une étoile, Jan, il deviendrait éternel. Il serait une étoile qu’on regarderait et qu’on prierait. Alors ce n’était pas maintenant qu’il disparaitrait.

Les yeux s’ouvrent difficilement, la vue est trouble. Les paupières se referment, se rouvrent. Toujours aussi trouble. Les mains n’osent pas bouger, tout comme le corps, trop lourd, groggy. Endormi. Anesthésié. Quelque chose est devant lui, il ne discerne par la forme qui disparait aussi vite. Et seule une inspiration le rappelle a la réalité, lorsque la gorge avale l’ichor coulé. Et tousser, gémir sous la douleur des plaies qui s’ouvrent à mesure qu’il régurgite ce qu’il vient d’aspirer. Il se rappelle, l’esprit se réveille au même moment de l’affliction ressentie. Et la vue ne s’arrange pas, tout comme les phalanges qui font souffrir alors que les craquements s’entendent déjà. Le corps roule légèrement sur le côté, l’humain est ailleurs quand la silhouette se met en position foetale. Instinct de protection qui est vite remplacé par l’instinct de survie. C’est un accord tacite qui se déroule en quelques secondes. L’humain réclame le silence et le dieu réclame vengeance.
Craquements qui s’entendent de plus en plus fort, dos qui se cambre sous l’impulsion animale qui lui arrache des tremblements encore plus forts. La transformation est toujours aussi douloureuse, articulations qui se brisent pour se ressouder, esprit malléable et corps pâte à modeler. Jan est absorbé par les étoiles, l’esprit protégé par celui de l’animal qui prend sa place. Et sous la lune et les constellations, le jaguar prend forme, remplace l’homme à la mâchoire ouverte de part en part.

Silhouette qui se relève, pelage sombre moucheté, douleur qui éveille la rage à défaut de la calmer. Quelques secondes, c’est uniquement ce qui lui faut, au jaguar, pour faire fi des plaies qui le font souffrir lui aussi, baignant ses pattes dans un ichor qui se cesse de goutter. Quelques secondes, c’est ce qui lui faut, pour se retourner et prendre son élan et chasser la proie qui aurait du courir au lieu de se pavaner.
Qu’importe les armes de McNamara, la mâchoire qui est capable de briser un crâne, dévore la cuisse et arrache la peau qui a la saveur de la victoire. La morsure est douloureuse aussi pour l'animal et la tête part sur le côté dans un rugissement qui vaut toutes les plaintes humaines si on l'écoutait attentivement. Il a mal. Ils ont mal. La peau arrachée est balancée sur le côté. Il a mal. Ils ont tellement mal. Il faut que tout s'arrête mais sous l’adrénaline et le goût du sang, un second coup est donné sans attente. Sénéchal au sol sous les crocs, ce sont les griffes qui emportent avec elle la peau du dos, labourant le tissu et la chair dans un grognement animal. Et puis le silence qui vient, la fatigue et le mal qui ont raison de la puissance du jaguar. S’en est trop, pour lui, pour Jan, pour McNamara. Et malgré le combat et le Sénéchal attaqué, aucune victoire ne peut exister quand c’est la vengeance qui pulse dans les veines. Egalité parfaite entre les deux hommes, corps en miettes, esprits annihilés.

L’animal recule, tremble, se sent partir à nouveau. Le corps s’écroule alors que les prunelles dorées retrouvent le ciel et les constellations. Ils ne sont pas éternels et dans les flaques de l’ichor de deux panthéons, la réalité les frappe au même instant. Eux ne sont pas des étoiles, eux ne sont que des hommes.

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Attrape la fureur à pleines mains. - Dim 10 Fév - 20:19


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Ever since I could remember, everything inside of me just wanted to fit in. I was never one for pretenders, everything I tried to be just wouldn't settle in. If I told you what I was, would you turn your back on me? And if I seem dangerous, would you be scared? I get the feeling just because everything I touch isn't dark enough, if this problem lies in me.




Reflet l’un de l’autre, la vérité frappe sous les éclats joueurs de la Lune. Il n’était pas question d’être tous deux seconds, mais d’être tous deux, comme nous étions, jusque dans nos schémas imperceptibles et secrets. En terrain neutre, que certains qualifient volontiers de parking du Royaume, la victoire aurait pu être immédiate, acquise, sans même avoir eu le temps déployer le mondre stratagème belliqueux. Mais il n’en était rien. Rien n’aurait du se dérouler comme ce soir-là. Non, Alejandro aurait du fêter sa victoire, et sous quelques applaudissements mutins, j’aurais salué sa performance. Mais à la place, il y avait eu l’appel du sang. Une mutilation pour une autre, un prix à payer pour une sœur de cette famille. J’ignorais encore, que le prix viendrait à s’alourdir, encore un peu plus. Et je ne préférais pas compter. Non pas parce que je ne savais pas, mais parce que si j’y proécédais, je me rendrais compte de ma stupidité. Et il n’y avait rien de pire que d’être face à ses propres démons. Les cicatrices pour médailles, mais les cadavres, eux, grandissaient cette ombre pesant des murs d’An Riocht. J’étais fatigué. Et pour une fois, je le reconnaissais. Alors, les bourdes s’accumulent, et la suite devient logique. J’essuie les mains dans un mouchoir, alors que les cris de l’homme, eux, resteront à jamais gravés. J’ai torturé, pour cette sœur. J’ai tué, pour cet ancien sénéchal. J’ai crevé, pour ce Royaume et cette reine. Le myocarde éteint, prompt à la survie, les questions et les doutes arriment.

Les cris, encore ses cris. Je déglutis, et les mains se mettent à trembler. Je ne regrette pas, ile ne faut pas que je regrette. L’équilibre est atteint, les jeux sont faits. Maintenant, le Royaume et la Calavera seront sur un pied d’égalité, il n’y a plus de dette, plus de vengence. C’est ce que je crois, imbécile que je suis. Je renifle bruyamment, déambulant de manière hasardeuse, j’erre sur ce parking. L’eau, il me faut l’eau. J’en ai besoin. Je revois les larmes de l’homme, l’eau saline qui se mêle à l’ichor, et ces cris, encore plus forts. Je finis par hurler à m’en briser la voix, tête fermement tenue entre mes mains. J’hésite à appeler quelqu’un, pour lui. L’aurait-il fait pour moi ? La question n’est pas là, après tout. L’ennemi était devenu l’égal. Accroupi, je me relève, sors mon téléphone. Calavera. Gabriela ? Elle ne devait pas voir un tel spectacle. N’était-il pas ami avec la rousse d’antan ? Siobhàn ? L’idée m’effleure. Trop lent, trop con, pour ces quelques dernières secondes de répit, le téléphone est projeté au loin. La peau est arrachée, mon corps devient de vulgaires morceaux de chairs, bientôt éparses. L’animal rugit, lui aussi, il semble souffrir. Et c’est la cuisse gauche qui est arrachée et mes cordes vocales qui se brisent. Les spasmes sont violents et l’ichor se déverse sur le goudron dans une épaisse flaque. La créature se débarrasse de la peau. La géhenne hurlée, la peau balancée, je fixe l’aura qui se dégage du félin. En quelques secondes, j’entends ses rugissements, et j’entends et vois l’homme derrière. Le regard trouble, je le fixe, la tête vissée au sol dans le choc. Mais la bête dispose avant qu’elle ne propose, s’approprie et conquiert la carcasse un peu plus. Ses crocs s’enfoncent un peu plus sur le flanc puis les griffes viennent parfaire son œuvre. Elles arrachent les vêtements, et le derme, scalpent sans retenue et sans gêne. Je reconnais la douleur et je l’accepte. Trainé sous sa force, les pierres écorchent ma joue sous sa force irrésistible. Le sang se déverse un peu plus et je sens le vent sur la chair détroussée. Dans le choc, il n’y a aucune pensée. Dans le choc, il n’y aucune chaleur. Il y a seulement ce froid, terrassant. Une larme vient, pour les regrets qui deviennent remords, mais rien ne perdure. Dans le choc, c’est le carmin qui se tousse. Immobile, le moindre spasme devient une torture. Je ne sens plus ma cuisse, je me demande un instant si ma jambe est toujours là. Je me demande même si, je suis toujours là.

Puis le fauve se retire, me délaisse. Il a pris, s’est servi. A croire son appétit sustenté, je me tourne brusquement, et c’est un autre cri de douleur qui s’élève. Dans les constellations, c’est une vérité qui se dessine, et qui se moque nos réalités. Nous ne sommes rien, nous ne le serons jamais. Pauvres pions, condamnés à une peine dont nous ignorons les modalités et règles, quelle pitrerie. Quelle connerie. Le sang continue de salir un peu plus le sol, ruisselle, alors que je fixe ce bout de chair au loin, et les morceaux de peau disséminés autour. Quel massacre. Une belle scène, digne de Tarantino. Encore un italien. Merde. Je délire, je m'évade, je me perds. Le sang contamine la toux, le rire aussi.

« Flores. » Que j’étouffe dans ce goût métallique. « Flo, Flores. » Que j’implore. « C’pas personnel. » Que je martele, que je répète, dans une voix rauque et faiblarde. « Leur, leur dis rien. J’veux pas, j’veux pas.. servir d’excuse pour une guerre. » Le froid s’empare un peu plus, le vide devient le maître. « J’suis fatigué, Flores. » C’est le gamin qui s’exprime, le trentenaire égaré. Et je commence à rire, bon sens relatif altéré par la perte du sang et les forces qui m’échappent. Autant rire, à s’en décrocher la mâchoire. Ces rouages que j’ignore, et pourtant, dont l’inertie est irresistible. On vit, on meurt. Lir, lui, continuerait à avancer, vers de nouveaux horizons. Parce que nous n’étions que des hôtes, de vulgaires enveloppes, plus crasseuses les unes que les autres. Match nul, au moins je ne partirais pas sur une défaite. Et je souris, comme je n’ai jamais souri, l’hideuse se tend, cherche son homologue. J’veux pas crever seul, j’veux pas crever seul. Pensées tues à jamais, alors que le souffle se fait plus lent, et que je m’apaise. Je ne suis pas seul. Non, jamais.


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Attrape la fureur à pleines mains. - Dim 10 Fév - 22:39


ÉAMONN & ALEJANDRO
 
Tête en avant, oublie tout
Lâche tes chevaux, rends-les fous
Attrape la fureur à pleines mains.
Que la fièvre marche avec nous
Sous les arcades et sous les coups
Pied au plancher, sourire en coin.



Le corps a mal mais l’esprit, lui,  n’est plus capable de ressentir. Anesthésie totale, l’animal  retrouve son enveloppe humaine à mesure que les secondes défilent. Le corps est nu, souillé de poussière et de sang versé à la force des crocs et des griffes. Le capitano ne bouge plus, pas même un tremblement prouve qu’il est encore en vie, qu’il respire encore un peu. Le moindre mouvement est douloureux et il ne veut plus hurler ou pleurer Jan, il veut simplement s’endormir et ne penser à rien d’autres qu'aux étoiles. Mais c’est le froid qui lui taillade le corps et l’oblige à se remuer, le froid qui l’assaille comme à chaque fois que l’animal se fait roi dans sa carcasse. Lui dont les enfers crament son corps depuis sa réincarnation, lui qu’on dit solaire, brûlant, indomptable, le jaguar dévore toute cette lumière quand il se décide à montrer les crocs. Alors le corps se replie, les cuisses se rapprochent du ventre, le combattant redevient l’enfant, dérobe son intimité et tente de se réchauffer comme il peut alors que l’esprit s’endort.

Et il entend les mots, Jan, voix lointaine mais qu’il perçoit bien trop proche pour être imaginaire. Il comprend les phrases, elles s’impriment en lui mais avec en différées. C’est plus lent, le cerveau est comprimé par d’autres choses, d’autres émotions, d’autres rêves engloutis par l’impression de crever. McNamara ne veut pas de guerre, McNamara est fatigué. Il n’est pas mort lui non plus. Il a aussi résisté. Deux combattants hors pairs, deux imbéciles lancés à vive allure l’un contre l’autre, sans faire attention aux désastres qu’ils vont créés si ça se sait. Les paupières clignent, la déglutition est de plus en plus difficile sous l’ichor qui glisse dans sa trachée. Il n’ose plus tousser Jan, de peur d’ouvrir un peu plus les plaies. Et il la voit, la main qui approche, les doigts qui se lancent à la recherche de leurs homologues. Et en réponse au rire guttural du sénéchal, le capitano élève la voix avec difficulté. Mots brouillons qui ont des allures de plaintes dans sa tête. Même pas en rêve… Et la remarque qui aurait pu allumer les braises une seconde fois est ponctuée d’un rire étouffé, amusement qu’il garde sur les lèvres bien que déchirées. On est qui… on est quittes Éamonn. Et le prénom, pour la première fois murmuré, signe la fin d’une vengeance à double tranchant. La duchesse est vengée, le Royaume et la Calavera devront peut-être se calmer après un tel combat qui a failli tuer leurs principaux gradés.

Le capitano glisse sur le flanc, tente de se relever mais n'y arrive pas. Alors le jean déchiré est attrapé en restant allongé. Main qui agrippe le téléphone, les spasmes qui secouent ses membres rendent l’envoie du sms difficile. Le téléphone tombe sur l’asphalte dans un bruit sourd, Jan est incapable de faire plus. Ça suffira pour les prévenir. Ça suffira pour peut-être ne pas mourir. Si tu veux… pas crever...A-appelle tes amig….Les miens… Gémissement de douleur, plainte d’un enfant qui briserait un coeur s’il y en avait encore un dans les parages. ...les miens vont arriver… Joaquin va arriver…. Joaquin… Et se laisser happer par le silence, détendre par les étoiles, calmer par les visages. Et se dire que mourir après un tel combat, sans public ni victoire, y’a qu’eux pour faire ça.

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Attrape la fureur à pleines mains. - Dim 3 Mar - 10:51


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alejandro & éamonn
Ever since I could remember, everything inside of me just wanted to fit in. I was never one for pretenders, everything I tried to be just wouldn't settle in. If I told you what I was, would you turn your back on me? And if I seem dangerous, would you be scared? I get the feeling just because everything I touch isn't dark enough, if this problem lies in me.



Grand frère pour le temps d'une nuit, pour une valse, il mène la danse. Professeur, il donne les conseils. Appeler ses amis, appeler les siens. Mais l'objet qui pourrait mettre fin à ces pensées sordides est introuvable, et le moindre mouvement, lui, est exténuant. La douleur du muscle arraché encore vive, je sens le froid qui consume, s'installe et ronge le reste de la carcasse. Joaquin. Je ris, plus fort encore. Comme si cette histoire ne pouvait pas être encore plus mal-barrée. Le visage défiguré du capitano pousse les murmures de la culpabilité à s'éveiller un court instant. L'escalade n'était pas la bonne solution, et je m'en rendais compte maintenant que mon corps était en lambeaux. Mais c'est la voix de Sinead qui me donne l'impression d'être mort. Je le suis probablement. Alors je réponds, comme si je vivais mon dernier rêve. Je lui parle, des mots sortent aux cadavres qui jonchent le bitume.



Et ça sent la fin qui approche, et les lippes qui s'étirent. La rousseur aperçue, les traits vagues, et pourtant, c'est son odeur que je sens, et le vert de ses pupilles que je retrouve dans son aura. Vision apaisante, le soupir est heureux. « Sinead. » Auteur de mon propre écho, je revois nos vies qui s'entremêlent, l'hideuse capture son visage, la salit et la marque. L'oeillade désolée de lui offrir un tel spectacle, l'ego aussi, s'en veut, de ne pas être capable de se sauver seul, jamais.


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Attrape la fureur à pleines mains. - Lun 4 Mar - 20:35



Adios Delray, et la chaleur née de la friction des ennemies de toujours. Tension arrachée aux corps, projetée sur deux noms, un lieu. Si elle n'a certainement pas tout suivi, c'est au nom de Flores que s'animent les nerfs, extirpée des lèvres de sa comparse. De là, ça part en vrille, s'organise à grand renfort de gueulante et de précipitation. Jeter un sicario de sa moto, sans plus de cérémonie, et faire grimper Reed derrière elle. Dans les méninges, ça s'active, de l'adresse balancée sur son téléphone par Costilla, aux paroles de Sinead. No, Selda n'a foutrement aucune idée de ce que Jan fout là-bas. Ne peut que s'imaginer la gravité, pour que les sicarios s'mettent à foncer dans une seule direction : celle du récemment promu commandante. Dès lors, c'est arriver la première qui hante l'esprit de la cadette, préoccupation à la con, juste suffisante à guider leur périple endiablé sans accroc. Pas la première fois qu'elle sillonne la ville à en graver le bitume de ces pneus brûlants, muscles tendus à manquer de se rompre les os à chaque virage trop brutal. Elle a sûrement jamais conduit comme ça, pourtant, comme si sa vie en dépendait. Un peu le cas, certainement, car celle de Jan ou la sienne, pour elle, ç'a toujours été du pareil au même.

Dans la nuit, ça dérape, ça crisse et vrombit avant de s'immobiliser. Le battant lui crame le poitrail à s'animer comme un cinglé, scène qui s'offre à elles au détour d'une ruelle. Pied à terre, c'est la claque qu'elle se mange en pleine gueule. Informations mémorisées avec la méticulosité d'une tueuse trop souvent décoratrice de scène de crime. Corps gisant au sol, marée carmine sur le pavé, sales états respectifs et c'est bientôt sur l'un d'entre eux qu'elle se concentre. Elle abandonne l'engin, stabilisé, à moitié à se bousculer avec Sinead, quand elle essaye de quitter sa monture à la hâte. Et ça frappe, comme un décompte, contre les côtes qui se recroquevillent à chaque pas, à s'mettre à courir en ôtant son sweat, ralentir le rythme quand elle arrive près de Jan. Elle voit plus que lui, sur le moment, n'entend rien des autres sicarios qui ne tarderont pas à rappliquer à leur tour. Prunelles écarquillées sur le visage, à couvrir la chair comme elle le peut, préserver la dignité par le vêtement, encore moite de l'entraînement duquel la duchesse l'a extirpée. S'occuper, sentir pourtant l'effroi hanter ses traits crispés, image du minois défiguré, du sourire béant placardé sur sa tronche. Ce qui se grave si profondément derrière ses tempes qu'elle l'oubliera sûrement jamais. Et elle s'met à jurer en espagnol, les doigts qui tremblent, le désarroi flanqué aux entrailles. Bientôt, ce sont ses genoux nus sur le béton, juste devant sa tête, les mèches folles qui se battent devant ses yeux mais l'état de Jan qui reste imprimé dans sa rétine. « J'suis là. Jan, j'suis là, c'est moi. » A se racler la gorge et se tourner sur le côté pour cracher un coup, tâcher de dégager sa voix qui perd au moins dix ans avec le choc. Pire encore vu à l'envers, ce sourire inversé qui lui gobe les joues. « Faut qu'tu te réveilles. Réveille-toi, puta. » Elle aimerait le secouer, lui en coller une pour le forcer à ouvrir les yeux, mais elle sait même pas où foutre ses mains sans l'abîmer encore plus. Les gestes sont un peu maladroits, à s'emparer de sa nuque pour soulever sa tête et la déposer sur ses cuisses. « Jan tout l'monde débarque, t'en fais pas. » Et c'est dans le désordre que ça sort. Parce qu'elle a la chair qui s'hérisse à la seule idée d'le toucher, son sang, de se prendre une vision en pleine gueule dès que ç'aura coloré la pulpe de ses doigts. Mais ça coule, ça ruisselle, dégouline sur les joues, dans le cou, et s'achève sur ses jambes à elle. Elle doit se faire violence mais elle finit par les poser, ses paumes, de part et d'autre des lèvres du frère, vient comprimer les plaies pour tarir le saignement, et tant pis si sur le coup c'est plus douloureux encore. « Reste avec moi, là. Ouvre-les, tes yeux, t'es pas con au point d'les fermer, c'est le pire truc à faire, là c'est complètement débile putain. » Et lever les siens juste une seconde, distinguer vaguement Sinead auprès de celui qu'elle l'a entendu appeler Liam au téléphone, pas chercher à comprendre, sang déjà trop chaud, trop agité. Sicarios prêts à dégainer, ceux qu'elle hèle subitement de prévenir leurs chirurgiens, tous leurs chirurgiens, de se préparer à leur arrivée, le tout dans un espagnol vociférant les ordres, les débiter sans les lâcher de ses yeux noirs, jusqu'à ce que le souffle vienne à manquer. Et sur Jan qu'elle abaisse les yeux, sur Jan qu'elle reste concentrée. « Jan, mi corazon. » Y'a que lui qui compte, sur le moment, et son état de merde. La cause, le contexte, la colère sourde qu'elle ravale, ce sera pour après.
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Attrape la fureur à pleines mains. - Lun 4 Mar - 22:51


les super-nanas à la rescousse


Spectatrice du trajet emprunté par la Sicaria, elle guette d’éventuels obstacles, dangers, problèmes sur la route. En fin de compte, elle ne sert pas à grand chose, à part à faire contrepoids dans certains virages serrés. Une chance qu’elle ait fait de la moto aussi, sinon elle n’aurait pas conscience des réflexes nécessaires, contre-intuitifs pour certains. La route lui semble interminable tandis que résonnent encore les derniers mots de McNamara, la voix fuyante, le souffle court. Si elle avait pu avoir n’importe quel pouvoir à la place de tous ceux dont elle dispose déjà, elle les aurait tous échangés sans hésiter contre la téléportation, quitte à vomir autant de fois qu’il aurait fallu.

C’est presque groggy qu’elle distingue l’emplacement indiqué et qu’elle sent avant d’y être, probablement parce que Nemhain est aux abois depuis l’appel, que le sang a coulé. Odeur ferrique qui embaume le bitume froid, elle quitte le destrier métallique fumant et, non sans un regard à la silhouette nue -nue ? que s’est-il passé ici ?- de son cousin que déjà Miralles entoure de ses affections, elle rejoint dans de longues enjambées le Sénéchal ensanglanté, qui l’accueille en la reconnaissant. Presque tétanisée, elle est terrorisée de le voir ainsi, et la voilà paniquant sans vraiment savoir quoi faire, face à tout ce sang, qui macule désormais aussi sa joue sans que vraiment elle ne pense à l’essuyer. Le contact de la main du blessé sur sa peau fait briller ses yeux, trembler ses lèvres, et elle sait, elle sait qu’elle n’a pas le choix, qu’elle ne doit pas lui montrer l’état de terreur extrême dans lequel elle est actuellement, les entrailles tordues déjà par l’appréhension et désormais broyées par le spectacle, et elle sait encore qu’elle ne peut pas lui laisser comprendre qu’elle est venue mais qu’elle n’a aucune putain d’idée de comment le sauver... Alors elle essaie de sourire de façon rassurante, un peu complice, et raille mal, la respiration un rien inégale, mais le ton qui laisse entendre qu’elle charrie : « Tu fais chier, Liam, j’étais en train de choper. » C’est vrai, mais ça n’a pas d’importance, pas à côté de lui. L’évidence est tue, par pudeur, parce que le reconnaître verbalement maintenant, c’est se noyer pour de bon sous les flots de l’horreur anxiogène. La seule chose qu’elle peut faire, pour l’heure, c’est recouvrir la main du brun de la sienne, tandis qu’elle commence déjà à défaire sa propre ceinture avec sa seule main de libre. « Tu restes avec moi, hein ? J’ai pas fait tout ce chemin pour rien, t’entends ? Bon le problème, c’est que j’ai aucune idée de si les druides vont être dispos assez vite. Alors, faut que tu m’aides un peu en attendant. »

Étape un, un garrot. Des bribes de souvenirs des vies de Nemhain lui reviennent en tête, l’infirmière de la Somme avait été formée correctement, même si très rapidement. Elle pouvait le faire : un morceau de cuisse en moins, elle avait déjà vu dans les tranchées, pas vrai ? Mais les émotions guerrières autour d’elle la tirent de son opération foireuse, et elle lâche ce qu’elle faisait pour remettre sa main dans la poche de son manteau, saisir la pierre d’autorité et beugler dans un espagnol ponctué de jurons andins qu’ils ont interdiction, tous ces sicarios de merde qui sont arrivés sans qu’elle ne les surveille vraiment, trop focalisée sur McNamara, interdiction de lever leur arme sur eux -alors que très clairement, ils commençaient à en avoir l’envie, identifiant le colosse celte mal en point comme le responsable de l’état de leur supérieur. Et la rousse d’hurler encore, en écho aux rugissements de Miralles, au chevet de Flores, pour qu’un de ces calavauriens aille lui trouver un taxi. Le tout en ôtant son manteau rageusement, pour le rouler en boule une fois le caillou chantant fourré dans sa poche de pantalon, et comprimer la plaie qui suinte d’un liquide poisseux et sombre. « Liam ? Eh, oh, joue pas à la belle au bois dormant, c’est pas l’heure. Tu penses que tu peux appuyer pour moi ? J’ai besoin de mes deux mains pour serrer le garrot, tu veux bien m’aider ? » Tu veux bien, comme s’il avait vraiment le choix. Comme si elle le lui laissait.


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Attrape la fureur à pleines mains. - Mar 5 Mar - 16:17


ÉAMONN & ALEJANDRO
 
Tête en avant, oublie tout
Lâche tes chevaux, rends-les fous
Attrape la fureur à pleines mains.
Que la fièvre marche avec nous
Sous les arcades et sous les coups
Pied au plancher, sourire en coin.



Jamais il n’avait remarqué que le bitume pouvait être aussi froid. Jamais il n’est resté aussi longtemps couché dessus, jamais il ne s’est retrouvé nu dans pareille situation. Pourtant,  il s’en est pris des droites, n’a jamais cessé de répliquer même quand c’était le père qui frappait, pour le transformer en animal.  Jan, il connait la saveur du sable et de la terre, ce que ça fait aussi, d’avoir la gueule éraflée contre le bitume. Mais le sol froid, ça,  jamais il ne l’avait senti.  Du moins, pas au point d’en trembler et de s’imaginer qu’il va crever dans cette position. Il n’pensait jamais la vivre, cette émotion glaciale qui s’immisce sous la carne et réussit même à refroidir son brûlant organisme. Putain, si c’est ça mourir, il aurait préféré crever en jean.

Le sol tremble, il reconnaitrait presque le vrombissement d’une moto.  Ou de plusieurs, incapable d’en être sûr, de relever la tête, d’ouvrir les yeux. Les mots, Jan les entend sans les comprendre. Étouffés par le silence, y’a que la douleur qui pulse au fond de sa tête. Rien que ça qu’il entend hurler, rien que cette sensation de se laisser glisser vers un endroit qu’il n’pensait pas connaitre avant des années.
Et puis ses mains, et puis sa peau, et puis les trémolo dans sa voix, qu’il entend mais ne reconnait pas. Elle parle pas comme ça Selda, tu rêves Alejandro. Pourtant contre ses joues, il les sent, Jan, les paumes de la sicaria. Ça chauffe beaucoup plus que de simples caresses, ça picote les plaies, le sort presque de sa torpeur dont il avait fait un cocon tant ça lui convenait. Le silence, le vide, tout est toujours mieux que d’ouvrir les yeux. De voir, de comprendre qu’il a merdé une énième fois.
Mais si, c’est Selda. C’est sa Selda. C’est son parfum qu’il sent, c’est bien ses mains qui caressent ses joues tendrement. C’est elle.

Et Jan, il écoute toujours Selda. Il accepte toujours ce qu’elle lui demande, même si ça prend du temps, même s’il fait souvent son gamin en boudant. Et alors que l’espagnol sort des lèvres de la sicaria, c’est avec un temps de retard qu’il remonte à la surface. Ouvrir les yeux. Tu dois ouvrir les yeux Alejandro. Et la douleur est cuisante. Seld… Il ne finit pas, incapable, le gémissement qui suit, brisera peut-être le coeur de Selda.  Et il n’veut pas ça, il la veut entière, forte, guerrière. Il veut pas la perdre, lui faire de mal, la décevoir. Alors il se tait.

Tu le vois, l’adolescent que tu as connu Miralles ? Tu le sens, sous tes mains, qu’il tremble comme quand il était trop jeune pour gagner face à son père ? Tu le vois, être incapable de réagir, relevant seulement les mains pour les ancrer contre les tiennes ? Est-ce que tu le reconnais, ce frère que tu regardes toujours avec des paillettes dans les yeux et qui ce soir, pourraient se transformer en larmes comme quand t’as perdu ton vieux ? Regarde-le Selda, n’en perd pas une miette. Il aura besoin que tu lui racontes, que tu mettes des mots sur cette douleur qui lui fait perdre la tête.

Les prunelles ne la lâchent pas, les lèvres restent closes et seuls les doigts tremblent contre ceux de la sicaria. Jamais elle ne l’a vu comme ça, effrayé et traumatisé. Il appelle à l’aide dans le silence, il réclame qu’elle ne l’abandonne pas, par un simple contact. C’est un homme que Selda regarde, pas un dieu. Et il a besoin d’elle. Il a besoin d’eux .

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Attrape la fureur à pleines mains. - Lun 11 Mar - 20:56


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Inconscient, la voix de Sinead comme écho et fil de vie, je m’y accroche. J’écoute le son, voué à lui revenir. Besoin inavoué de renouer avec la chaleur des vivants, j’erre encore un peu. Parce qu’à un détour d’un méandre, je croise le véritable père que je n’ai jamais vraiment remercié et que j’ai trahi. L’oncle, l’homme que je déçois depuis que j’utilise mes poings pour autre chose que l’honneur. Lui, le grand boxeur au seul combat perdu contre la maladie, lui l’admirable. Il pose sa main sur ma joue, je la sens. Amateur du froid, c’est la chaleur qui m’insupporte. Je ressens les hivers du Connemara, et je revois le sourire d’Una. Ils sont tous là, les vivants comme les morts, dans cet havre, où j’y découvre la paix. Tous semblent heureux, sans colère, ni haine. Juste la quiétude troublante tant elle m’est étrangère. Même Alan a les lippes qui s'étirent.Alejandro est là. Il y a Siobhàn, aussi. Dans ce delirium lointain, j’ignore l’affolement autour de nous, pauvres fous que nous sommes. Et les paupières sont trop lourdes pour se lever. Fainéants alors que Sinead implore et demande une dernière faveur, elle tombe dans mes oreilles devenues sourdes. Mais j’obéis à l’écho, comme une étape à remplir pour lui revenir et ne jamais repartir. Inconsciemment, j’appuie et c’est le dos qui se lacère un peu plus, et les chairs qui se déchirent un peu plus.

Endormi, et paisible, je continue la discussion avec mon oncle. « Sois l’homme que tu dois être, pas celui qu’on veut que tu sois. » Le genre de connerie qu’il sortait, le catholique. Je me demande ce qu’il penserait réellement de toutes ces histoires de divinités. Je ressens encore sa large main calleuse qui s’écrase sur ma mâchoire. Il serait fier, sans doute. Il aurait honte, sans doute. Mais il avait vécu autant qu’il le devait, et non autant qu’il le pouvait. Et si c’était ça, la morale de l’histoire au final ? Pourquoi s’accrocher alors que l’heure du grand départ est arrivée ? Mais sur le quai, il n’y a plus personne. Tous sont restés sur la plage, avec cette tortue cubaine. Personne ne vient, il y a juste le bruit du train qui menace de partir et de me laisser, ici. Entre les aimés et les aïeux, qui parfois sont les mêmes. Trop souvent, même. L’écho gronde un peu plus, la voix de Sinead s’élève encore. Et je sens une main calleuse sur mon épaule. Je prendrais le prochain. Il sourit, l’oncle. Il est fier, j’en étais certain.

Une paupière s’ouvre, je la fixe sans ciller. Les lumières d’Arcadia passent à travers les vitres. Le mouvement, je sens le moteur qui vibre. La main de Sinead est écrasée par l’hideuse qui la fait prisonnière. Guenilles arrachées, déchirées au même titre que la chair, je reconnais les effluves de la distillerie. Les ellipses sont vagues. Tantôt debout, tantôt porté, tantôt assis, et enfin couché à l’abri dans ma tanière, les thaumaturges prennent le relais. L’effroi devant le bout manquant, et l’horreur au dos qui se dévoile. « Sinead. » Un énième écho murmuré pour celle qui m’aura donné une raison de revenir. Un remerciement, un sourire, ce putain de sourire d’irlandais.



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Attrape la fureur à pleines mains. - Lun 25 Mar - 19:22



Le silence est mort. Des moteurs tournant encore, aux ordres qui s'unissent dans un espagnol plus ou moins approximatif, voix féminines à l'unisson, à se demander si quoique ce soit tourne encore rond, ce soir. Finir de cracher, de pester contre ce qu'elle jugerait d'insubordination, à les voir hésiter avant de finir par abdiquer. Sicarios sous la coupe de leur pair, c'est une fois qu'ils s'affairent qu'elle prend conscience d'un mouvement, sous son menton. Et c'est ses yeux qui la focalisent, l'ancrent dans une réalité qui se fait de plus en plus précise, de plus en plus douloureuse. « C'est moi, j'suis là, t'inquiète, j'te lâche pas. » Dans le désordre que ça s'accumule dans sa gorge et s'évade, entrave à sa respiration trop lourde dans la nuit noire. Et bander ses muscles, os de fer dans les bras et les doigts qui ne se détachent pas, pas même quand elle contemple le geste, percute à quel point les paumes de Jan, sur ses phalanges, sont glacées. Livides. Et à elle d'héler avec plus de véhémence les enfants de la Calavera, de menace en menace, celles qui s'arrachent à sa terreur, présagent de ses foudres si le véhicule ne déboule pas assez vite, si tout n'est pas assez préparé pour leur arrivée. Sur eux que s'acharnent ses maux, parce qu'il faut bien qu'elle en prenne pour cible, quand ça se met à déborder comme ça, de ses veines surchargées d'effroi. Sous couvert d'une hargne qui ne faiblit pas, y'en a bien qu'un susceptible de distinguer la faille par laquelle s'échappe son fiel. Tailladée en plein dans le myocarde, ravivée dès que ses lèvres se scellent et que ses yeux noirs retombent dans ceux de Jan. Bien ouverts, bien trop expressifs, son gémissement collé aux tympans pour l'éternité. Crainte enfantine de perdre son aîné qui se ravive, frisson dévalant la peau nue, à peine couverte, connerie que de sortir ainsi vêtue dans sa folie furieuse. Et elle se penche, en avant, se recroqueville, pour glisser ses lèvres sur son front, l'embrasser de ce souffle brûlant agitant les mèches en désordre. Rester immobile, respirer, tâcher de calmer son palpitant et d'articuler distinctement. « Je t'aime, Jan, tu sais. Je t'aime, et j'suis une sale égoïste souvent, alors j'te demande de rester. » Et l'abriter dans l'ombre de sa carcasse courbée, l'embrasser à nouveau, sur la tempe, et coller les fronts, magma martelant la chair glacée, meurtrie. « Les gars vont faire ce qu'il faut, laisse leur le temps d'arriver. » Et elle parle, elle parle sans s'arrêter. Même quand ça crisse, dérape, bagnoles qui s'arrêtent et toujours plus de monde qui s'immisce, renfort qu'elle oublie, presque, dans sa malheureuse litanie. « Tu vas t'en remettre. T'es pas de ceux qui s'éteignent sans montrer ce qu'ils ont dans les tripes. » Et l'embrasser, encore, et encore, insuffler un soupçon de vie dans l'échange morbide, sentir sa respiration qui déraille quand la patience s'effrite. Sursaut en fond de poitrine, à les sentir qui les entoure, comprendre que le retour se présage, espoir au bout de ses doigts emmêlés dans les siens. « Même avec des plaies dégueulasses, t'es toujours aussi canon, putain, tu le sais ça ? J'en serais jalouse, merde. » Et la pression qui la fait divaguer, le reste qui devient flou. Les pas qui s'alignent, les grognements qui lui échappent à l'intention de ceux qui feraient un mouvement de travers, un geste attisant une grimace sur le faciès du frère ou faisant glisser la couverture dans laquelle ils l'ont enroulé. Qu'une fois dans la caisse, à le tenir, toujours, sa nuque reposant sur sa cuisse, caresser doucement sa peau en comprimant les blessures, que ses yeux s'égarent. Distinguent, au travers de la vitre, le manège qui se déroule, aux portes du taxi. Et les pupilles qui s'ancrent à la rouquine, la détaillent jusqu'à ce que la paysage se mette à défiler, tourner légèrement la nuque jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse. Jamais elles ne se sont tant ressemblé qu'à cet instant précis. Et la pensée est engloutie, rapidement, par celles qui se rassemblent sur Jan, sur la route, sur sa conscience en dents de scie.
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Attrape la fureur à pleines mains. - Lun 25 Mar - 22:51


à train d’enfer


Le sang, elle connaît. Les relents de mort aussi. Les blessures au gré des combats, elle en a vu des milliers. Alors ça devrait pas l’impressionner. C’est Nemhain qui a pris le relai pourtant, rejetant presque Sinead à l’arrière du crâne, sous lequel la tempête bat son plein. Elle presse, elle serre le garrot, elle hisse et se rend compte que la blessure dont il lui dissimulait le dos est bien plus large qu’elle ne l’imaginait. Sans reproche, sans grognement si ce n’est celui de l’effort à fournir, elle l’entraîne jusqu’au second taxi arrêté et amené par un type de la Calavera qui ne comprend toujours pas pourquoi il obéit à cette gringa rousse qui fait partie de la mafia adverse. La banquette arrière se souille lentement d’un rouge poisseux et elle broie la main du Sénéchal par intermittence, comme pour le maintenir dans le cycle des vivants. Le souffle saccadé ne s’échappe vraiment de sa cage thoracique encore lorsque le brinquebalant véhicule s’arrête devant la distillerie, devant laquelle les attendant quelques silhouettes familières, qui s’emparent sans plus de cérémonie du grand blessé. La relève est assurée par les druides. Mais elle reste là, dans l’ombre du géant ensanglanté, la main dans la paluche, qui presse encore, alors que les paumes des thaumaturges du Royaume luisent et se posent çà et là sur le derme mis à mal. Faudrait-il lui filer du sang qu’elle relèverait sans hésiter sa manche -sans savoir vraiment si leurs sangs sont compatibles.
Elle se remet vraiment à respirer quand la voix de McNamara parvient à ses oreilles, inconsciente d’à quel point les trajectoires empruntées par Miralles et elle ont été semblables dans ces quelques instants imprévisibles, toute entière tournée vers le compatriote plutôt que vers les prétendus ennemis. Le sang a coulé, il aurait peut-être pu rougir davantage les ruelles d’Arcadia cette nuit, et les lendemains de cette affaire sont, pour l’heure, incertains. Néanmoins, la fureur, si fugace et puissante, s’efface et n’en restent que les vestiges qui marqueront les corps et les esprits, à charge de revanche, s’il en faut vraiment une.


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