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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene

 :: abandonnés
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Dim 9 Sep - 18:18

Dieu mit le remède dans le mal

If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day.





Un seul chemin, vaincre ou périr. Il se demandait si Baudelaire avait pensé à l'idée que vaincre le mal, entraînait parfois sa propre perte. On disait qu'il y avait deux catégories de gens : ceux qui étaient dessinés par la vie, et les autres, qui dessinaient la vie. La différence, était essentiellement dans le choix de la passivité face à la cruauté des événements. Lui, il se disait qu'il était un attentiste qui se soignait. Elle ? Une activiste qui tombait dans l'extrémisme. Il n'oserait pas lui dire que le fossé se creusait lentement, mais qu'il ne pouvait pas renoncer à cette amitié. Pourquoi  il était encore ici ? Pour elle. Pourquoi continuait-il à accepter l'idée d'être un objet ? Pour sa mère. Tout ce qu'il faisait, il le faisait pour les autres. Il fallait comprendre, sans se méprendre, que se pendre aurait été moins douloureux. Une nuque brisée, plutôt que de supporter le poids des années sur son corps déchiré. Il tolérait cela par amitié, par amour ou par connerie. Son père fut clair, usant de son influence pour réduire les visites au sein de la prison fédérale. Dans le cas de Jolene, c'était tristement enfantin, mais la mélancolie sévissait plus qu'il ne l'acceptait. Ismaël ne croyait pas en cette idée d'évolution, en cette quête dévouée pour découvrir une nouvelle forme d'humanité. Pas croyant, pas un don du ciel, mais simplement un hasard qu'il n'expliquait pas le gamin. La curiosité l'animait, pas quand il posait son regard sur Jolene, il se disait que cette dernière était trop cruelle pour pleinement l'embrasser. Un jour, elle finirait par se réveiller, sans rien trouvé. Lui, il serait loin. Elle ? Elle fut endoctrinée et vivait toujours pour les recherches dont elle fut la victime. Une façon, fort peu avisée d'encaisser la torture des années écoulées.

Le corps déambulant dans les rues de la ville. S'arrêtant dans la pizzeria la plus proche du laboratoire, un habitué. Il s'attarda, discuant plus que nécessaire, comme d'habitude. Il réclama trois pizza, une bouteille de soda et s'en retourna en payant avec un immense sourire. Isma' avait les yeux plus gros que le ventre, mais il passait la soirée en tête à tête avec elle, pour une fois. Pas besoin de taire les rires, de s'enfoncer dans la binarité d'une opposition. Son père et lui, une fière divergence, celle de deux personnalités que le monde avait fait le choix d'opposer. Jolene n'était pas son père, mais plus comme sa sœur. Il fallait se saisir de la réalité de deux vies : enfermés tous les deux, dans la douleur naissait un attachement entre deux coeurs. Pas là pour remplacer sa mère, mais un véritable atout dans le quotidien du presque orphelin. Alors, il continuait de la soutenir, comme un sale gosse, comme un petit con de frère. Elle n'avait pas besoin de lui au quotidien, mais il était nécessaire dans ces recherches. Chaque fois qu'il s'approchait d'elle, au loin, il souriait. Passant devant la façade principale du bâtiment, personne, tout le monde était rentré dans sa belle maison. Son père était occupé, celui de Jolene également. Le brun ne s'était pas préoccupé du pourquoi : il était absent, mieux à faire, ici ou là, qu'importait de cette absence. Longeant le bâtiment pour arriver à l'arrière et il tomba nez à nez avec la fumeuse en chef. Levant un bras, portant les trois pizzas et la bouteille dans l'autre main. «  Voilà mademoiselle Asriel, de quoi entretenir l'absence de graisse sur ton corps.  »   Secouant négativement la tête. «  J'suis sûr que ton corps n'a pas besoin d'un cancer des poumons. Et n'essaye pas d'accuser les pizzas de quoi que ce soit à mon encontre, elles demandent juste de l'amour.  »   Affichant un immense sourire idiot, tout heureux de sa petite remarque moqueuse.


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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Sam 15 Sep - 23:37

too young to be broken


You be the sun, I’ll be the moon - just let your light come shining through; and when night comes, just like the moon, i’ll shine the light right back to you. (life went on, but it was never the same again.)

Comme un parasite venant se coller à la moindre de ses pensées, ça commence en sourdine. Puis, ça s'intensifie. Elle griffonne le registre à la date du jour, après avoir reposé son portable. Elle écrit, et ça devient de plus en plus bruyant dans son crâne. Lèvres qui s'écrasent, se mordillent, capuchon du stylo qui a déjà bien souffert entre ses crocs. Elle en a les jambes qui fourmillent, croisées sur le tabouret. Un pincement récurrent dans le ventre. C'est comme ça qu'elle finit par bâcler l'observation, signer dans la marge de son nom, refermer le bouquin violemment. Ce serait plus rapide, si c'était informatisé. Elle l'a déjà fait remarquer à son père, une fois. Pas deux. Tendances paranoïaques ? Faut croire qu'il se sent plus serein avec le tout conservé sous clé, dans le tiroir d'une bibliothèque elle-même verrouillée, d'une salle de la zone protégée du bâtiment, dont l'accès se régule par pass magnétisé. Personne ne s'aventure dans cette partie du laboratoire, si ce n'est ceux dont le nom ressemble à Warren ou Asriel. La zone F. La zone interdite. La zone où l'on se dit fuck, à quel point on est fuckés. Ce qu'ils se disaient en tout cas, les deux mômes, à l'époque où la rébellion était encore d'actualité. Tendance, même, pour la demoiselle en pleine adolescence, puis pour lui, quand l'âge l'a voulu. Sauf qu'Isma, il ne l'a pas encore terminée, sa lutte contre l'autorité. Il a toujours été plus bruyant qu'elle, dans le domaine. Peut-être parce qu'il était plus jeune, lorsque ça a commencé. Elle ne sait pas vraiment, Jolene, et n'a pas cherché à comprendre, en réalité. Si l'on devait l'attacher, c'est que c'était dans son caractère de protester. Dans la dynamique rythmant le ton entre son père et lui. Elle n'a jamais remis en cause la colère de son presque frère. Il avait ses raisons. Elle avait les siennes, d'écouter le paternel, de continuer dans cette voie toute tracée.

Pourtant, depuis qu'elle lui a envoyé ce message, s'assurant qu'il n'ait pas oublié le rendez-vous, ça lui écorche la peau à l'en rendre folle. Envie de cloper. Mains qui referment avec précaution sur cette bible scientifique sous haute sécurité. Pour mieux ôter sa blouse. La jeter dans l'armoire, d'la salle à côté. Farfouiller dans son sac, en extraire le paquet, un briquet. C'en est obsessionnel. Même si elle n'y a pas pensé de la journée, trop occupée à travailler sur son propre cas. Fatigue qui effrite ses os à mesure que les couloirs défilent, arpentés depuis si longtemps qu'elle les connaît par coeur. Sentiment familier dans les étages aux teintes aseptisées, échine qui n'en demeure pas moins tendue dès qu'elle se déplace dans le bâtiment. Comme si elle n'avait pas encore tout à fait pris l'habitude, après deux années révolues, de déambuler là toute seule. Merde. Elle se rend compte en poussant la porte de secours qu'elle a oublié son téléphone en bas. Cigarette qui se cale à ses lèvres, porte qui se bloque, semi-ouverte. Jolene inhale, à s'en rompre le souffle, à s'en cramer les bronches. Et ça décroît, dans son crâne. Le bruit. Le calme qui descend, les idées plus claires. Elle n'a pas pu cogiter qu'il est déjà là, l'inévitable sourire en réponse à celui d'Isma. « J'veux bien qu'on manque de chance. Mais avec ce qu'on a, c'est bon. Le cancer des poumons, ça peut tomber sur quelqu'un d'autre. »  L'humour qui se distille malgré son ton sérieux. Pince-sans-rire l'Asriel, trait hérité du père, sans nul doute. Après près de quinze ans à vivre avec leur anomalie, faut bien savoir se dérider un peu en en parlant. Même si elle est moins sereine, sûrement, que ce que ses traits impassibles peuvent annoncer. « Qui j'suis, pour m'interposer envers cet amour interdit, hm ? »  Sourire en coin, mouvement du menton vers la pile de boîtes qu'il porte. Mégot qu'elle jette après s'être cramé les doigts à trop abuser de la nicotine, sensation qui se noie, absorbée par les cicatrices invisibles. Brûlures effacées grâce à Isma, au fil des années. « On peut y aller, tout l'monde est rentré. Même le beau Mike t'a pas attendu. Pourtant j'suis sûre qu'il rêvait de s'occuper de toi, il s'ennuie beaucoup depuis que tu viens moins. »  Sarcasme sur la langue, Jo s'engouffre déjà à l'intérieur, regard réflexe s'assurant que la porte se referme bien derrière eux. Elle a le myocarde qui se contracte un peu plus fort, quand ses pas amorcent la descente vers le sous-sol, carte dégainée de manière automatique, portes coulissant pour les laisser progresser. Si on le lui avait dit, des années plus tôt, qu'ils se retrouveraient à venir là de leur plein gré. « J'crois qu'ils avaient un séminaire. Ils m'ont rien dit non plus. »  Pour dire à quel point ça devait être important. Comme ces détails qu'ils ne lui donnent pas, de temps à autre, pour le bon déroulement des recherches. « C'est mon père qui m'a demandé de le faire. »  Sous-entendu, mon père, pas le tien, Isma. Et c'est la salle qui finit par leur apparaître, première porte ouverte sur leur gauche dans le couloir. La grande salle. Ordinateur, microscope, verrerie, étagères au bordel organisé. Et après la grande, la petite. Ses deux brancards. Sa table. Ses deux chaises. Jo passe, sans regarder. C'est la première fois qu'ils y sont seuls tous les deux. Debout. Libres de leurs agissements. Elle ne s'arrête pas. Poursuit jusqu'à la troisième porte. La salle encore inoccupée. C'est là qu'il y a la machine à café. Le frigo - pour les échantillons. De quoi s'asseoir. La salle dont elle ne suspectait pas l'existence, avant de commencer à travailler. « On mange ? »  Elle s'immobilise, enfin. Pivote dans sa direction, avec un air de chien battu. On mange, Isma. J'sais que t'as faim. Et elle, elle n'a pas envie de commencer tout de suite.
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Dim 16 Sep - 15:59

Dieu mit le remède dans le mal

If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day.





Destin. Funeste, grandiose, minable, pathétique, idyllique, héroïque, diabolique. Une liste, de tout ce qu'un destin pouvait être. Tout le monde s'accordait sur l'existence d'un destin, d'une vie qui menait à un point mystère, qui supportait les calvaires de la misère, ainsi que la souffrance sans prestance. Le destin, une idée farfelue qu'il remettait en cause, jusqu'à son existence. Il y avait ceux qui s'y accrochait, d'autres le reniaient, certains l'attendaient dans l'espoir de devenir des grands, ceux dont tout le monde retenait le nom sans oser le prononcer par le poids des années à embrasser la gloire. Celui d'Isma, était d'être attaché à une chaise en se faisant pomper le sang jusqu'à la moelle. Voilà, un destin minable. Celui de Jolene, était de suivre les traces des fondateurs de ce superbe laboratoire. Une drôle de vie, de devenir le monstre à son tour. Le monstre souriant, qui cachait son jeu, mais qui persistait dans les crimes. Jolene portait la blouse blanche, mais elle était Mojo Jojo, celle qui vibrait uniquement par la science et la découverte d'une vérité dont tout le monde se foutait. La question était unique, présente dans un esprit – ou dans une minorité de la population en tout cas. Lorsqu'elle renonçait à ce ridicule uniforme, elle revendait comme sa sœur. Un lien marqué par les difficultés, entaché par les espoirs dépravés et les rêves explosés. Jolene était une fierté, celle qui suivait les traces et qui voulait comprendre, découvrir. Lui ? Il s'était éloigné le sale gosse, comme celui revendiquait son libre arbitre. Quelle drôle de douleur, que de faire face à l'erreur de la nature, qui reprenait ses droits sur Gaïa. Pour lui, « le destin » ne se construisait pas seul. Un destin, se bâtissait sur les choix aléatoires d'une population non-aléatoire. Le monde se fondait sur le principe de communauté. Un destin, ne s'écrivait pas avec un seul individu. Les fondateurs du laboratoire ne s'y étaient pas trompés, mais Jolene, finirait par réaliser qu'elle n'avait personne. Ismaël ne serait pas éternellement là, et elle restait une anomalie. Anomalie en progrès, mais elle restait un problème. Le problème cherchant le remède, un paradoxe grinçant. Beau sourire, pour mieux périr.

« La chance qu'on a », mais lui en avait. Hormis la torture, il allait plutôt bien le gamin. Il rigola néanmoins, parce qu'il connaissait bien Jojo. Elle disait cela avec un humour sincère, sans mesure ses mots ou prendre en considération ce que cela impliquait. Non, ils n'étaient pas malheureux. Ils n'étaient pas miséreux. Il n'étaient pas des lépreux. Malheureusement, ils n'étaient pas heureux. Surtout elle. Obsession qui condamnait son bon fond. Vieille fille, voilà ce qui arriverait à Mojo jojo. Le brun lui, vivait, vibrait avec les autres. Jolene était-elle associable ? Non. Asexuée ? Aucune idée et pas envie de vérifier ? Une connasse ? Ça dépendait des jours. Le prophète misait donc sur un avenir « meilleur », pour elle. Pas ce qu'elle envisageait aujourd'hui : finir avec les rats de son laboratoire. Fort heureusement, le sujet dérive à l'humour pas gras, contrairement aux pizzas. Elle prononça une phrase digne des lumières : elle était incapable de s'interposer entre Ismaël et de la bouffe. Voilà, la chose était claire.   «  Le père noël avec des seins, qui vient de passer des vacances aux Seychelles. »   Non, cette réponse n'avait pas de sens, mais Isma avait un humour parfois absurde. Il fallait s'y habituer, et aimer. Lui, avait l'habitude et il appréciait ce dernier. Jolene était une personne nettement plus calme et réfléchie. Lui, aimait agir selon ses émotions. Une émotivité exacerbée au fil des années. Il aimait cet aspect de sa personnalité, autant que son anomalie – enfin, la nuance était surtout occultée pour simplifier le discours. Disait-il aimer cette chose par acte de sincérité, ou simplement par opposition à son père ? Mystère. Pas le temps de réfléchir, elle annonce alors avec plaisir l'absence de présence humaine dans le bâtiment.  «  Pauvre Mike, ça va pas s'améliorer avec le temps.  »   Parce qu'il ne passerait pas sa vie dans cette ville de merde. Jolene finirait par accepter cette idée, qu'il avait envie de voyager et de vivre ailleurs que dans les débris de souvenirs merdiques. Nombreux pensaient que son attachement à sa mère seraient une prison, mais ils se trompaient. Il l'aimait, mais elle finirait par lui dire de partir, et au fond, il attendait ce jour comme un renouveau. Aujourd'hui, il était une nouvelle fois condamné à rejoindre le sous sol, suivant avec attention sa partenaire dans le crime. Le silence le bouffe, l'idée que pour la première fois, elle allait offrir un châtiment à celui qui fut châtié sans jamais l'expliquer. Justifier cette absence, fit rouler des yeux au brun. Qu'importait, ils étaient ailleurs et cela soulageait son triste petit cœur.



«  En effet, le mien préfère le faire lui-même. Exclusivité de propriété, tu comprends bien.  »   Le ton n'était pas mélodramatique, mais plutôt moqueur. Prenant une voix grave pour parodier son aîné. Le respect pour son géniteur s'était envolé. Finalement, voilà qu'ils débarquent dans la cafétéria du coin où sans doutes ils rigolaient entre deux vodka et seringues. Le gamin balaya la pièce du regard en déposant les pizzas sur la table centrale.  Dédain, mépris, incapacité d'apprécier l'endroit. Il comptait en rire, et finalement elle coupa court en s'exprimant la première. Affichant un sourire en coin. Écartant les pizza pour ouvrir les deux premières et laisser ces dernières trôner au centre de la table. Ouvrant la bouteille de soda par la même occasion en partant en quête de verres.  «  Tu crois qu'il y a des zombies ? Genre en mode Resident Evil ? Bon ça serait pas cool, parce que t'es une minorité visible, tu serais donc obligée de crever en première.  »   Fouillant dans un placard pour finalement attraper deux verres. Se retournant vers elle pour s'installer à table. Laissant ses jambes glissées sous la table. Attrapant la bouteille pour se servir un verre en déposant son regard sur elle pour savoir si elle souhait qu'il fasse de même pour le verre vide qui était face à elle.  «  Je me suis dit que trois pizzas ça serait pas du luxe. La troisième j'ai dit au pizzaiolo de faire au hasard, mais d'éviter de mettre de l'ananas. Parce que c'est moche, et le sucré-salé c'est définitivement pas mon truc. Bon bah demain, faudra aller à la salle évacuer tout ça. »   Déposant un regard fugace sur elle avec un air faussement boudeur.  «  On est pas tous filiforme avec une belle peau.  »  




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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Ven 28 Sep - 19:24

too young to be broken


You be the sun, I’ll be the moon - just let your light come shining through; and when night comes, just like the moon, i’ll shine the light right back to you. (life went on, but it was never the same again.)

Elle fait mine d’être détendue. Pas très difficile de donner le change lorsque ses traits se font rigides la plupart du temps. Emotions qui se dissimulent sans grande difficulté. Si tant est qu’elle en ressente. C’est ce qu’on s’est parfois demandé, à la voir darder un œil blasé sur le monde qui l’entoure. Ou plus précisément, les gens qui l’entourent. De quoi désespérer les quelques potes trouvés à l’université. Dérider Jolene, c’était un pari qu’aucun n’a été capable de gagner. Difficile de passer au-delà de son visage figé pour y décrocher un sourire. Alors, l’entraîner en soirée pour la faire boire, encore pire. Elle ne boit pas. Elle fume, c’est déjà trop. Connerie dans laquelle elle est tombée en étant petite, comme obélix et la potion magique. Quand du haut de ses quinze piges, elle en a dérobé une dans le paquet de son père, en évidence sur le meuble d’entrée. Nicotine dans la peau, devenue geste nécessaire lorsque les choses se sont mises à changer. Changer, oui. Rites d’une vie à accepter. Les heures au laboratoire gravées dans son emploi du temps, entre deux devoirs à rendre au lycée. C’est devenu sa normalité dans l’incompréhension, à la gamine. De prendre le chemin tout tracé dans la ville, conduite par le chauffeur attitré de l’Asriel, descendre, attendre aux portes interdites. Créature docile se rendant son protestation à ce sort tracé pour elle. Exécutant les demandes du père parce que de toute évidente, elle ne savait pas quoi faire. Enfant persuadée de sentir la mort rôder dans son échine, le remède était la seule solution pour faire dérailler le funeste destin. Les leçons se sont bien inscrites, à éveiller par la suite sa frénésie à l’égard des recherches. Au point d’obéir, encore, quand c’est Ismael qu’on lui demande de prélever.

Mais quand il évoque son père et son pseudo-droit de propriété, ça la gêne. Pas un trait qui frémit, mais le malaise qui la traverse. Être comparée à Jekyll, insoutenable. S’imaginer dans sa peau, à le revoir nettement durant toutes ses années, s’affairer auprès de ce fils portant son nom à défaut de son affection, impossible. Elle n’a pas franchement réfléchi, en disant oui. C’est après qu’elle se l’est dit, que ç’allait être délicat. Que s’occuper personnellement des échantillons coulant dans les veines de son presque frère, serait très étrange. Probablement même déplacé. Mais elle n’a pas refusé. Car ç’aurait été encore plus mal venu, de protester. Détourner ses pensées quand l’odeur vient lui chatouiller les narines, c’est facile, même si une partie de son crâne continue à cogiter. Emmerdant, d’être formatée à trop réfléchir sur certains points, pour mieux en éluder d’autres. Paradoxal, de frôler les questions existentielles en devant s’occuper d’Ismael, de s’imaginer la situation inverse. Elle se l’imagine une fraction de seconde à la place de son père. Assis de l’autre côté de la vitre, à lui hurler « encore quelques minutes, Lene ». Elle, pas foutue de repousser l’ordre, chair craquelée par les flammes, doigts crispés sur la table, au gré du chronomètre. Pensée qui s’échappe alors qu’il s’occupe de sortir une connerie. « J’crève en première, et ? Tu fais comment pour leur échapper ? T’as aucune carte pour sortir d’ici. Condamné à pleurer ma mort en te faisant dévorer à ton tour. » Rationnel. Et un sourire malin aux lèvres. « Tu préfèrerais te barrer en courant plutôt que d’essayer d’me sauver ? » Un geste du menton en direction de ses paumes anormales. De ces doigts miraculeux ayant à de trop nombreuses reprises ramené sa chair de la nécrose. Elle n’aurait plus de mains à cette heure-ci, si ce n’était lui qui les avait guéries. Dommage, elle n’aurait plus été capable de piocher dans la pizza. Incapable de s’asseoir – marque de nervosité qu’il saura sans doute repérer – elle termine sa bouchée pour poursuivre. « J’serais ton Alice et toi mon Matt. Quand on voit comment ça s’passe, c’est moche. » Ces films, elle ne les aurait pas regardé si ce n’était pour lui. Passer une soirée à le garder parce que le père était de sortie. Accepter de faire défiler la saga du début à la fin, au fil des soirs. Et si elle plaisante, elle ne s’attarde pas sur le sujet. Parce que ça n’a rien à voir. Même si les scènes au laboratoire l’ont bousculée, étant môme, la condamnant au silence en regarder les images. Elle y a pensé, un peu, en retournant dans l’aile F, par la suite. Mais ce n’était pas pareil. Elle n’était pas prisonnière. C’était pour son bien.

« Tu passais pas les portes avec de l’ananas sur une pizza de toute manière. » Et elle se marre, à avoir déjà englouti sa part et à venir s’en resservir une, verre de soda à l’autre main. Dans la légèreté de l’instant. Comme s’ils n’avaient jamais été là, auparavant. Comme si tout ce qu’ils y ont vécu s’était effacé pour quelques instants. La peur. La douleur. Ses protestations à lui. Son abnégation à elle. « C’est vrai, t’es sacrément mal foutu. » La plaisanterie dépourvue d’arrière-pensée. Comme un membre de sa famille, auquel elle ne pourrait jamais toucher. Si tant est qu’elle puisse de toute manière toucher à un homme, quel qu’il soit. « Tu t’entretiens pour qui comme ça, y’a du nouveau ? » Elle demande, parce que l’histoire de ses conquêtes, elle la suit depuis la première. Elle pourrait en écrire un livre. Et non, elle ne les vit pas par procuration, du tout. Elle a déjà du mal à gérer ce qui se passe dans sa vie en ce moment, c’est pas pour ajouter un mec dans l’équation.
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Ven 28 Sep - 22:52

Dieu mit le remède dans le mal

If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day.





Il piétinerait ses valeurs, qu'il savait qu'elle s'y accrocherait, affrontant toutes ses peurs, et niant l'évidence. Bercée dans des illusions, guidée par son amour irrationnel pour ces expériences. Il ne lui reprochait pas d'agir avec le coeur, mais de mener cette petite entreprise avec le sourire. Enfin « sourire », Jolene n'était pas non plus une grande adepte du smile banane, mais elle était apte comme tout le monde, à sourire – il en avait douté, fut un temps. Il piétinerait ses principes, que cela viendrait à briser l'amitié. Isma pouvait contester, protester, exprimer un avis contraire, mais toujours se plier. Céder. Elle ne reviendrait pas, il en était persuadé.  Il n'était pas question d'amour, mais de croyance. Elle croyait en la science, pas lui. Il aimait l'art, l'abstrait, l'invisible qui devait le rester. Elle ? Elle fantasmait sur les molécules. Il l'imaginait en train de jouir à l'idée de découvrir une évolution anodine dans une analyse sanguine. Une sorte de docteur House de l’extrême, une folle dingue qui piquerait les gens en tentant de massacrer leur cerveau avec une canne en fer forgée. Lui ? Il ne fantasmait pas sur les molécules. Sans doute, qu'elle trouvait cela ridicule, d'aduler à ce point la littérature. Une suite de mots, sans sens réel. Pourquoi applaudir ce cher Baudelaire ? Il était drogué, nullement en train de réfléchir au rythme de ses écrits, à la poésie élitiste qu'il était en train d'imaginer. Il lisait et s'enivrait. Isma avait purement et simplement renoncé aux livres de Sciences et aux calculatrices. Il s'enivrait de tout, sauf des chiffres. Il était néanmoins un fervent fan des expériences, trouvant cela toujours amusant de faire face aux petites nunuches et aux mecs « virils » en train de succomber en tombant nez à nez avec un coeur de porc. Le porc n'était jamais sur la table, mais toujours en train de découper et de martyriser l'objet de son attention. Elle piétinerait ses valeurs, qu'il se contenterait de lui dire que la littérature fut combattue par les pires tyrans, et se moquerait d'elle avec ardeur. S'il piétinait ses valeurs, il se retrouverait avec les siens sur le dos. Enfin son père, sans doute que sa mère tenterait de s'évader de prison pour le remercier de ce geste. Sa sœur, Jolene, mais là était bien le drame d'une relation fraternelle : la proximité, et pourtant, la facilité de cette dernière à se briser en chemin.


Jamais la souffrance des années passé ne fut évoquée. Sujet tabou. Trop douloureux, trop évident, trop impertinent. Le brun ne savait pas trop. Il n'avait jamais osé lui demander ce que cela faisait, de dépendre d'un guérisseur. Elle serait morte, depuis des années, sans les interventions d'un gamin qui fut poussé dans l'expérimentation trop jeune. Jolene, serait morte. Lui, ne dépendait de personne. Il était le cobaye rajouté, le membre supplémentaire qu'il était important de traiter avec précaution. Les capacités hasardeuses de son sang, le furent révélés qu'après plusieurs années. Pas une évidence. Parce que rien ne l'était. Le cul coincé dans la science, la bite fièrement affichée pour démontrer la supérieur du mâle alpha, et la compassion bonne à jeter en compagnie des coeurs arrachés aux poitrines des pères. Alors, ils parlaient de tout. De rien. Usant d'humour, parfois lourd. Jolene n'était pas une « petite rigolote », mais sans doute plutôt une « coincée du cul ». Ils n'avaient rien en commun, hormis cet endroit. Elle était l'élève studieuse, intelligente, celle qui dégageait un charme – bref, l’héroïne des films. Lui, il était le garçon sociable, gentil, sportif et qui s'entendait avec tout le monde – bref, le mec lambda que tout le monde oubliait après la soirée. Chacun son profil, mais ils trouvaient le moyen de partager des moments. Oui, regarder des films nuls, était un moment banal pour eux.  «  Bah je me suicide avec un coton tige en pleurant sur ton corps encore allongé. »   Lâchant ces mots comme une évidence, absolument enfantine : bah oui, cela sautait aux yeux de toute façon. Isma était un garçon créatif et il trouverait certainement le moyen de se suicider avec un objet aussi ridicule. Soupirant néanmoins en la fixant.  « Bon bravo tu sais marcher, te tenir debout, mais je te jure que les chaises, ça ne mange pas les fesses. Tu peux tenter cette expérience, très intéressante : la position assise. Et avant que madame je-sais-tout me balance que c'est la pire position pour le corps humain : je le sais, merci. »   Il n'était pas méchant, il se moquait d'elle. Elle ne savait pas se détendre ? Parfois relâcher prise ? Boire ? Baiser ? Sortir ? Difficile à dire. Connaissait-elle autre chose que les ventes privées sur internet ? Elle commandait ses tampons sur un site, certainement.


«  Je vais m'acheter un costume Ananas, tu vas pas comprendre ton malheur cocotte. »   Hochant la tête en continuant de manger sa pizza. Il progressait presque trop naturelle. D'habitude il enchaînait : shot, pizza, shot, bisous avec quelqu'un,  karaoké, danse, câlin niait, photos et tous ces moments particuliers qui se vivaient uniquement lors des soirées. Avec Jolene, cela était toujours simple… dans la forme, mais pas trop dans le fond. D'ailleurs, sa forme à lui, elle allait plutôt bien. La logique était simple : il faisait du sport, ce n'était pas pour passer sa vie sous un t-shirt. Tenue correcte exigée au quotidien, mais chez lui, en effet, il passait sa vie en short. Puis alors elle posa la question la plus intéressante de la soirée, celle qui concernait l’intimité, la vie privée. Le plus drôle, donc.   «  La reprise des cours, mais surtout : la soirée d'intégration. Comme d'hab y avait les fraternités. Il paraît que j'ai beaucoup sympathisé, mais je serais incapable de me rappeler de qui était là. J'avais un nom noté sur le haut du torse. Je ne sais pas, comment il est arrivé là. Prénom unisexe, donc vraiment, je sais pas du tout avec qui j'étais. Une meuf, un mec, non-binaire peut-être. »   Marquant une petite pause pour boire une gorgée du soda en la fixant.  «  Et toi ? La jachère ça doit s'arrêter tu sais. »   Bâtard ? Il l'était, mais bordel qu'il aimait Mojo Jojo. Plutôt crever, que de la laisser finir sa vie toute seule.

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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Mar 2 Oct - 21:00

too young to be broken


You be the sun, I’ll be the moon - just let your light come shining through; and when night comes, just like the moon, i’ll shine the light right back to you. (life went on, but it was never the same again.)

Elle arque un sourcil, regard morne braqué sur Isma lorsqu'il lui expose sa petite théorie sur les chaises. « Sérieusement ? Tu m'apprends quelque chose. Je ne savais pas à quoi servait cet étrange objet jusqu'à ce jour. » Et elle tire le dossier, s'y installe d'un air un peu renfrogné. Y'a que lui pour lui faire noter en délicatesse qu'elle a l'air.. stressée ? Stressée, ouais, à se tenir en face de lui sans même penser à s'asseoir.« Mouais, on se laisse tenter. » Et elle achève sa seconde part de pizza, toujours aussi crispée, même sur son siège. Elle ne s'avouera pas à quel point ses muscles se contractent en réponse au malaise qui l'a envahie dès que le père lui a demandé - non, l'a informée - de s'occuper du prélèvement mensuel d'Ismaël. C'est pas son rôle, à Jolene. Elle n'a pas signé pour ça. Elle a accepté de s'occuper d'échantillons, certes, comme tout membre du laboratoire. Mais il y aurait dû avoir une clause mentionnant sauf Ismaël Warren. Parce que l'idée de s'en occuper elle-même, ça ne l'a pas effleurée jusqu'ici. A se dire que c'était totalement improbable, déplacé, que leurs pères se risquent à une telle idée. Si elle n'était pas si dévouée à leur cause commune, elle aurait sûrement évoqué un certain foutage de gueule dans la démarche. Comment grignoter les liens indéfectibles tissés bien malgré eux entre leur progéniture, scellant leur relation en décidant de les clouer tous deux dans la même salle d'expérimentation. De condamner l'un à regarder l'autre, à tour de rôle, comme s'il ne s'agissait que de prouesses sportives. A aller jusqu'à emmêler leurs sangs. Transfuser au rythme de leurs palpitants, l'hémoglobine destinée à les détruire mutuellement. Car si Ismaël et Jolene n'ont jamais songé à se blesser, leur sang échangé est voué à les annihiler. Ce qui s'est dessiné, ce soir-là, dans la pièce adjacente à celle dans laquelle les deux amis dévorent leur repas. Elle ne s'en souvient pas, Jolene. De la déesse poignardée à de trop multiples reprises, réprimée par le carmin du thaumaturge. Tout comme elle ne le revoit pas, être enragé, en manque de l'ichor injecté directement en intraveineuse. Cauchemar d'une nuit effacé par les sédatifs. Par le silence des pères. Par la sécurisation des vidéos les ayant enregistré, et des dossiers recensant l'événement. Heureusement pour eux, sans doute, qu'ils ne s'en rappellent pas. Heureusement.

Pourtant, ça ne les a pas empêché de juger bon de confier ce rôle à Jolene. La plaçant de l'autre côté. Celui portant la blouse blanche. Tenant l'aiguille, et les tubes. La remarque sur le costume ananas peine à lui arracher un sourire. Elle le sent, qu'il n'a jamais eu envie d'être là. Et sûrement qu'il est venu pour la bouffe. Et pour la voir. Elle est mitigée à ce propos. A toujours eu des raisons de se porter volontaire pour poursuivre les recherches. Marquée par le sort d'une mère partie trop tôt, c'est le schéma qu'elle ne veut pas reproduire. Et si cela signifie d'abdiquer aux volontés paternelles, elle continuera à le faire. En face. Car y'a des idées qui la travaillent, Jo. Comme celle de voler en solo. De taire certaines découvertes à ceux qui ont trop longuement mené les opérations sans concertation. Ils ne lui disent pas tout. Et l'esquisse de rébellion ancrée en son sein par Oya, la travaillant en sourdine depuis des années, la pousse à l'indépendance. « Au moins quand c'est moi, c'est l'excuse pour manger ta pizza en guise de compensation. » Maigre sourire. Faut bien lui trouver de quoi positiver sur la soirée. Et c'est là qu'il commence à parler de sa soirée. Jolene qui ne peut s'empêcher de plisser le nez. « Dis moi au moins qu'j'vais pas devoir tester les MST sur ton sang, au passage. » Rôle de grande soeur pris à coeur. Sous-entendu, si tu t'es pas protégé, tu vas te prendre le sermon du siècle. Et elle embraye. « Si t'es mal au point de plus te rappeler de qui, méfie-toi sérieux. » Qu'il la traite de vieille aigrie s'il le veut, n'empêche qu'elle en démord pas. Pas quand c'est Isma. Elle supporterait pas qu'il lui arrive un truc comme ça. « Mais bon s'tu t'es amusé c'est bien. » Elle tâche de se rattraper, de pas passer pour la moralisatrice de service. Peut-être mal placée pour parler, cependant. Parce que quand il lui retourne la question, elle se décompose un peu. Vaguement, c'est Jolene et son manque d'expression après tout, mais tout de même légèrement. Ce sujet-là, c'est délicat.

« Tu veux que j'te dise ? C'est la merde. » Elle attrape une serviette et vient s'essuyer la bouche, achevant sa dernière part. « J'ai pas voulu t'en parler pour pas t'inquiéter. » Enfin, surtout pour ne pas y penser. Elle le regarde, droit dans les yeux, aucune once d'amusement ne peignant plus son visage. « Depuis quelques mois j'ai des absences. J'crois que c'est le cas depuis un certain temps en fait, mais ça s'est accentué. » Elle en a les bras qui se croisent, l'air froid, débitant ses révélations d'un ton faussement posé. Fou comme elle peut avoir l'air détachée en parlant de sujets qui blessent. Ce qu'elle dit, ça rappellera sûrement à Isma ce qu'elle a déjà pu lui raconter de sa mère, dans les rares instants où elle s'est invitée dans leurs discussions. Comme elle ne se ressemblait plus, à la fin. Comme elle en a toujours eu des souvenirs marqués, même du haut de ses sept ans à l'époque. « C'était encore acceptable. Jusqu'à ce que j'me réveille dans le lit de ce type, y'a quoi, deux mois. » Elle s'empare de son verre de soda et le vide d'une traite. Comme si c'était un remontant. « Bref. J'saurais pas te dire le nombre de matins où j'm'y suis réveillée. Sans aucun souvenir. Et j'crois que c'est à cause de l'anomalie. Parce que j'me rappelle de rien. Et quand j'le vois, là, avec son sourire à la con, j'ai envie de m'enfiler un somnifère en rentrant chez moi tous les soirs pour n'plus prendre le risque de sortir sérieux. » Repenser à la gueule de Malyen, sur l'oreiller, ça lui hérisse le poil. « L'pire c'est que sérieux j'ai pas envie d'lui. Juste envie de me tirer quand j'vois sa tête de débile. J'comprends pas c'qui me prend, fin, c'qui prend à l'anomalie, mais j'arrête pas d'y retourner. Faut que je guérisse, Isma. J'commence à faire des trucs qui me ressemblent pas. Encore moins que ça. » Et elle agite les doigts de sa main gauche en l'air. Celle qui en a gardé, des cicatrices, entre les phalanges. De cette fois où son père n'a pas jugé bon d'appeler Isma pour la guérir, pour voir de quelle manière ça cicatriserait seul.
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Mer 3 Oct - 19:06

Dieu mit le remède dans le mal

If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day.





Emmerdeuse. Petite emmerdeuse, qui avait le chic et le genre, mais qui était du genre à pleinement s'écrouler dans le canapé après le travail. Minable obsession qu'était son boulot. Envisageait-elle parfois de rire, de s'enivrer et de profiter de la vie. Arrêter de toujours réfléchir, de partir, de rire et d'oublier durant minutes ce qu'elle faisait du reste de son existence : chercher des réponses à ces questions, dont elle se moquait au fond. Voilà, elle s'intéressait aux anomalies, mais était inapte à apprécier la normalité. Il n'était pas question de s'amuser ou de manger une glace, mais de parvenir à occulter durant cinq minutes le poids de son quotidien devenu malsain, reflet des idées de deux vaurien qui n'avaient rien hormis la quête d'immortalité. Vivait-elle pour eux ? Pour trouver une cure ? Un remède à un mal qui n'existait pas ? Aucune raison de parcourir les veines pour obtenir autre chose : rien, que dalle. Le monde n'était pas un théorème, l'explication ne coulait pas toujours de source. La belle demoiselle recherchait un remède à ce qui l'obsédait, mais ça la tuerait, un remède mortel qui ferait d'elle la pitoyable scientifique en quête d'une vérité dont tout le monde se branlait. Lui le premier. Le cobaye l'aimait elle, mais sans cela, l'endroit aurait déjà brûlé dans un brasier allumé par la vénalité des parents. Alors, déposant son gracieux fessier sur la chaise, il applaudit sans fausse sincérité : elle était donc capable de s'asseoir et de profiter une fois dans sa vie. Le brun en était heureux. Il l'aimait, cette sœur de coeur. Bordel qu'elle était chiante, cette sœur qui renonçait à ses valeurs pour mieux entretenir la peur de ses pères. Elle s'en mordrait les doigts, et lui, pleurait sa meilleure-amie à ce moment-là. Le temps ne lui offrirait pas les réponses, mais toujours des nouvelles questions. Abysses du savoir.

 « En effet Mojo Jojo, je me suis amusé. J'avais 10 ans d'âge mental, j'ai bu beaucoup trop, j'ai  mangé comme un gros et j'ai profité. Donc va falloir arrêter de regarder docteur House et Grey Anatomie le soir, et sortir un peu. »   Le brun soupira en hochant la tête.  « Si tu étais moche, je pourrais comprendre. Tu n'as même pas cette excuse. Fallait naître moche ou conne, et malheureusement tu n'es pas concernée par ces deux adjectifs. »   Un compliment, sans doute. Isma n'était pas méchant, et tentait d'user de l'humour pour la faire abandonner ses grands discours. Elle cassait l'ambiance, il tentait de la remettre même si cela réclamait le pire sacrifice : faire un twerk. Il avait tenté, de nombreuses fois, de l'embarquer en soirée. Fut un temps, elle usa de l'excuse de l'âge, mais cela fut finalement changé par la science. La science avec l'inconscience. Sincèrement, elle pourrait porter une étiquette « je suis bonne, mais vierge » sur le front, que tout le monde y croirait. Jojo n'était pas malade ou dérangée, mais obsédée. Non par les chaussures, par les chiens, par instagram ou par les hommes ruisselant sous l'effort du sport. Non, son obsession était la blouse blanche – pas le fantasme pornographique, loin de là.  Et, elle démontra une nouvelle fois, qu'elle était incapable de sortir de ses habitudes. Un sujet croustillant ? Faux espoir, il pouvait retourner quémander de la monnaie sur le trottoir : elle viendrait nettement plus vite. Pas de moment rigolo, mais des absences. Bravo, elle avait besoin de dormir : patient suivant. Il continua sa pizza, en comprenant cet étrange silence laissé, il réalisa qu'il était temps pour lui de s'exprimer.  «  Faut essayer de dormir plus souvent ? Arrêter de prendre de la drogue ou au contraire commencer ? C'est une bonne idée ça. »   Il se moquait légèrement d'elle, mais néanmoins, le gamin récupéra son sérieux pour parvenir à lui offrir un véritable sentiment de compassion.  «  Tu as tenté d'établir les causes ? La fréquence ? Tu sais même moi je sais faire un tableur sur openoffice. »   Moqueur, mais sérieux dans le fond. Un peu, mais il fallait bien reconnaître qu'il avait du mal à préserver son sérieux.


Alors, débarque une histoire de pieu et de garçon. Une histoire sexuelle ? Terminée était la jachère de plusieurs années ? Il fallait la féliciter. Le brun abandonna la table, continuant de manger sa dernière part de pizza, simulant une intense réflexion.  «  Merde, c'est grave jojo. »   La regardant avec un air sérieux, mais au fond, toujours avec cette douceur étrange, cette moquerie enfantine. Isma n'était pas un adepte de la fourberie, trop habitué à dire ce qu'il avait envie de balancer sans trop se soucier de la vérité ou de la nécessité.  «  Tu avais une capote j'espère ? Tu sais comment ça se met ? Rolala je suis tellement fier de toi, tu es une femme désormais, j'crois que je pourrais presque pleurer. »   Laissant échapper un large rire, se pliant légèrement sous l'effet de la moquerie en soupirant et en baladant sa carrure dans la pièce sans jamais cesser de la fixé.  «  LI-BI-DO. Tu sais le nombre de fois où j'ai couché avec quelqu'un et j'ai regretté le lendemain ? Non tu sais pas, et tu sauras jamais, si tu sais je porte plainte pour… remake de paranormal activity, version sex-tape, sisi ça existe dans la loi. »   Le brun récupéra rapidement son sérieux, pour calmer le jeu.   «  Jojo c'est peut-être juste… que tu as besoin d'être avec quelqu'un ? Pas une anomalie, juste une envie humaine. »  




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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Mar 9 Oct - 15:29

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Elle pourrait faire mine d'être offusquée à sa remarque, concernant ses soirées. Il n'en est pourtant rien. Jolene assume entièrement sa routine, de rentrer du travail suffisamment tard pour avoir envie de se vautrer sur son canapé et de regarder une série avec un thé. Elle sent l'ironie, ne le prend pourtant pas comme un affront. Même si y'a peut-être du vrai, dans l'fait qu'elle vit une partie de sa vie par procuration. Quand elle se retrouve face à ces personnages défilant sur l'écran, comme si elle les connaissait personnellement. A s'énerver seule face à certaines prises de décision qu'elle se plaît à critiquer. Histoire factice suffisante à lui arracher plus d'émotions que la vie réelle, parfois. Sûrement un manque à combler, tristesse certaine du tableau. Celle qu'Ismaël se plaît à lui rappeler, sans qu'elle ne daigne se remettre en question. Difficile d'interagir, lorsque la demoiselle se veut si bornée, si persuadée de détenir la vérité sur son existence. Refusant de se voir à travers les yeux de son plus vieil ami. De comprendre que non, s'agacer et se dérider en suivant les aventures d'une Cristina Yang ou d'une June Osborne ne suffit pas, dans la solitude de la nuit tombée. « Hm. Parce que c'est vendeur ? De boire au point d'avoir un âge mental frôlant le décérébré ? » Elle émet un doute, en aucun cas un jugement. Elle l'a toujours accepté, qu'il sorte, qu'il vive sa vie comme il l'entend, qu'il se retourne le crâne et le bide pour mieux venir décuver chez elle sous un plaid, à ronfler devant l'une de ces séries dont il se moque tant. Elle n'a rien à redire, Jo, tant qu'il est heureux, Isma. C'est tout ce qui compte, réellement. De le voir sourire, de le savoir serein, libre. Et tant pis, s'il a toujours été de ces électrons libres impossible à retenir. Lui couper les ailes, ça n'a jamais fait partie de ses aspirations, à l'Asriel. Le voir s'envoler, l'un de ces petits bonheurs arrachés à la réalité. Alors, ses remarques, elle ne les entend qu'à moitié. Il aura beau lui faire la morale, qu'il sera toujours condamné en retour à l'accepter. Ses ailes à elle ont toujours été sagement rangées, enfermées contre la table d'examen, d'abord, puis sous la blouse. Et si ça frémit, parfois, parce que l'anomalie n'aspire qu'à les délier, elle ne le vit pas mal, Jo, de rester là. Dans ce qu'elle connaît. L'inconnu, ça ne l'attire pas. L'aléatoire, non plus. Ce qu'elle aime, c'est de prévoir à l'avance. Se baser sur des faits tangibles. Calculer, et tout anticiper. « Pas moche et conne ? T'oublies juste aussi que j'suis pas intéressée. » Il l'amuse, Isma, avec ses conneries, même si elle darde son regard sur lui en se contentant de poursuivre sans se dérober. Pas intéressée par ces soirées à se bourrer la gueule pour finalement tout oublier. La perte de contrôle, elle ne peut pas, elle n'y arrive pas. Et quand ça lui arrive, malgré elle, elle ne le supporte pas. Raison pour laquelle elle a besoin d'en parler.

Alors, évidemment, il commence par déconner. Et elle le laisse faire, hochant la tête en roulant des yeux l'air de dire, ok, allez, continue. Parce qu'inévitablement, elle le sait. Que même s'il se fout de sa gueule, il va finir par regagner son sérieux, pour ne pas qu'elle la boucle à jamais à ce sujet. « Bien sûr que j'essaye de comprendre. Mais il n'y a pas de régularité dans les dates. Une fois, ou deux par mois, aucun rapport avec la fatigue, ni avec ce que je mange, ni quoique ce soit. Pas de variation au niveau du sang, j'ai vérifié. » Aller jusqu'à observer ses bilans sanguins scrupuleusement, se prélevant avec véhémence les lendemains de chaque absence, c'est devenu obsessionnel ça aussi. Sans résultat. « J'y comprends rien. Je cherche, mais rien de probant. » Comme pour le reste. Pensée qu'elle chasse, contrariée. Faut qu'il se remette à faire de l'humour pour qu'elle parvienne à se détacher de ses idées assombries. « Oui. Comme tu dis, oui. C'est grave. » Et elle marque bien ses mots, sans sourire, qu'il comprenne qu'elle, elle ne rigole pas du tout à ce sujet. « Mais. » Et elle croise un peu plus fort ses bras, décidant de détacher son regard du sien et de fixer le mur sur sa gauche, pour éviter de rentrer dans son jeu. N'empêche qu'elle n'en sait rien, s'ils en ont mis une, ou pas. Et ça doit se voir à sa manière de se tenir, l'air soucieux qui se glisse sur ses traits. « Même ça, j'en sais rien. J'ai même pas pensé à lui demander s'il a pensé à en mettre une. Ce mec est pas clean, si c'est pas le cas, c'est la merde. » Nouvelle pensée énervée à l'égard de Malyen. Qu'il ait au moins eu la présence d'esprit de mettre un préservatif. Va falloir qu'elle se les recherche elle-même, ces infections, après s'être inquiétée de savoir si Isma avait joué de prudence de son côté. Merde. Si ça se trouve, elle va tomber enceinte. Et elle en a le cheveu qui s'hérisse dans sa nuque quand elle se redresse d'un coup, sans prévenir, pieds de la chaise grinçant fortement sur le carrelage. Quelle horreur. Quelle HORREUR. Rien que d'y penser, elle en a la nausée. Et avoir la nausée, en ces circonstances, c'est forcément mauvais signe. « Arrête de déconner Isma, imagine. Imagine, si j'suis... si j'suis... » Et elle se retourne vers lui, vient plaquer ses mains sur la table. « J'me protège pas moi, Isma. J'ai pas d'raison de le faire, comme t'aimes bien me le rappeler. Vu le nombre de fois où c'est arrivé, faut absolument qu'il se soit protégé, sinon autant laisser l'anomalie me flinguer directement plutôt que de risquer... ça. » Dégoût peint sur ses traits. Et elle disparaît, sans un mot de plus. Quitte la pièce, fonce vers celle d'à côté. Matériel déjà préparé pour lui, la voilà qui ressort chaque instrument en double. Elle se sent encore plus mal, Jolene, à la pensée que Malyen ait pu être suffisamment con pour ne pas se protéger. Et elle ne peut pas vraiment le lui demander. Elle a de nouveau effacé son numéro en constatant avec rage l'avoir à nouveau enregistré dans son téléphone. Et puis, elle n'a pas envie de lui parler, contrairement aux conneries que lui a sorti Isma avant qu'elle ne quitte la salle en trombe.

« OUAIS MAIS TOI TU PEUX PAS TOMBER ENCEINTE. » Qu'elle s'égosille, en s'agitant sur la paillasse. « VIENS. » Elle l'appelle, nécessaire prêt, garrot harnaché à son bras, serré du bout des dents à s'en écraser le muscle. « J'm'occupe de toi juste après. » Coton désinfectant l'avant bras où surgit la veine, elle ne réfléchit pas en enfonçant l'aiguille, comme si sa vie en dépendait. Sang maudit s'écoulant dans le tube. « C'est pas une envie humaine comme tu dis. J'ose espérer que si j'en avais envie, j'me tournerais pas vers un mec comme lui. » Sourcils froncés, tube qui se retire, s'agite lentement. « C'est pas être une femme que de s'envoyer en l'air avec un crétin des bas étages, et de plus s'en rappeler. » Et elle ne faiblit pas, Jolene, dans tout ce qu'elle aurait encore à dire sur son cas. « J'fais plus ce que je veux, j'oublie des heures entières. J'ai pas envie Isma, de finir comme elle. » C'est là que ça blesse le plus, le tube qui tremble fugacement entre ses doigts assurés.
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Mer 10 Oct - 10:10

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« Dans ton cas, ça changerait rien, c’est vrai. »   Idiote. Bien un mot qu’il n’aurait jamais posé sur son amie. Jolene était un exemple, scolairement parlant. Morale douteuse, certes, mais elle avait la volonté de réussir. Une volonté de fer d’être la meilleure. Elle avait un objectif, elle avait une raison de se lever le matin. Mauvaise, elle l’était, mais réelle sans aucun doute. La sincérité de la brune n’était pas à remettre en doute, sur ce qu’elle cherchait. Loin de la fourberie des aînés, elle débordait d’une énergie sincère en opposition à la platitude des scientifiques supérieurs – qui se disaient l’être en tout cas. Le brun avait un objectif, lui aussi, mais différent. Loin de la gloire, des découvertes et des révolutions supposées. Le brun était porté par une liberté qu’elle ne pourrait jamais dévorer, ou même l’envisager. Enfermée, condamnée à trouver la solution d’un problème fictif. Elle pouvait jouer avec le feu. Pourquoi ne pas se dire qu’elle était un pokemon super sexy ? Cela réglerait le problème, et permettrait de tourner la page. Parce qu’elle écrit son histoire sur la seule et même page depuis des années. Poursuivant éternellement, la même phrase en étant profondément incapable d’y mettre un point final, comme une chanson absolument insupportable incapable de s’achever, un film qui ne saurait couper la scène au bon moment, ou tout simplement un malheureux qui continuait de souffrir plutôt que de se trancher les veines. Un jour, il faudrait passer à autre chose, changer de disque en envisager de construire une vie en dehors de ce laboratoire. Comment voyait-elle son avenir ? Comme ça ? Seule à faire des expériences sur des innocents ? L’étudiant n’avait pas envie de la soutenir dans ce projet. Seule, en effet. Ismaël ne comptait pas, venir offrir son sang indéfiniment. Il le vendait déjà assez, sans devoir en plus en fournir pour des recherches qui étaient aussi utiles que les comédies d’Adam Sandler. Elle devait apprendre à vivre, et il pouvait l’aider. Néanmoins, pas ce soir. Il allait se battre contre un mur, donc préférait user d’humour. Regard dur, mais il savait qu’elle le trouvait mignon à essayer. « Tu as déjà maté un mec torse nu dans une salle de sport ? Non. Alors tu ne sais pas, ce que tu es en train de rater. Tu préfère être aveugle, c’est plus facile de se cacher du monde. »   Mélange d’humour et de sincérité frappante, venant lui rappeler qu’elle ne voyait que ce qu’elle voulait voir. Une anomalie, quand lui y voyait une chance d’évoluer. Elle avait la chance de pouvoir organiser des barbecues sans allumettes, il jalousait ardemment cette capacité.


Elle ne trouvait rien. Parce qu’il n’y avait rien à trouver. Pourquoi se prendre autant la tête ? Pour occuper son triste temps ? Sans doute. Le brun n’avait pas envie de lui dire d’arrêter, de la blesser ou même de risquer son amitié avec elle. Jamais, ils ne s’étaient embrouillés. Une dispute, fragile, une ou deux fois. Jamais rien de dramatique, toujours assez faible pour parvenir à éviter de souiller cette relation de longue haleine. Alors il fait le choix de l’humour, tandis qu’elle continue de jouer la corde du dramatique. L’étudiant lui, préfère poursuivre dans ce chemin bercé d’humour. Il constatait bien, qu’elle démarrait sa phase classique du « je boude ». Néanmoins, elle ne pouvait pas fuir un sujet dont elle était le moteur. Elle s’enfonça en osant dire qu’elle ne savait. Mais putain, elle était droguée où quoi ? Le sourire moqueur dessiné, retenant un rire qui viendrait certainement la vexer ou même la faire entrer dans sa deuxième phase « je boude ardemment ». Il en fut incapable, de prendre cette remarque au sérieux.  « Lui demander ? Non, mais jojo, la sensation est différente. Enfin, jojo, tu étais pompette ? Si tu veux j’ai une capote dans mon porte feuille, si tu veux vérifier la texture sur une banane et essayer de te rappeler. »   Cet immense sourire, ne fut jamais transformé en rire moqueur. Il était sérieux dans sa proposition, même s’il trouvait cela légèrement ridicule d’en arriver là. Une capote offrait une sensation différente, qu’importait la pratique ou l’habitude. Ismael ne comptait pas lui faire un dessin, mais e effet : la sensation était différente pour les deux membres du duo, qu’importait la pratique sexuelle. En revanche, un véritable problème se posait : les risques. Il avait été éduqué par une mère en prison, qui avait toujours glissé des conseils à son fils, dont le fait de ne pas fréquenter les mafias et de faire attention à qui partageait son lit. Dans les faits, sa mère lui ordonna de ne surtout pas répéter les actions dont elle fut l’instigatrice par le passé. Protéger son enfant, contre les conneries dont elle fit l’expérience. Cela ne surprenait pas, tant elle aimait son gosse.


« Tu as pris la pilule du... »   Pas le temps de terminer sa phrase qu’elle se barre dans la pièce voisine.  « Mojo Jojo j’te boude.  »   Parce qu’il prononçait cela avec humour, en attaquant sa dernière part de pizza sans prendre la peine de la suivre. L’écoutant hurler comme une vache depuis l’autre pièce. Écoutant sa requête en dressant magistralement sa main, telle l’épée d’Arthur sortant des eaux, il dressa son majeur en signe de réponse. Achevant sa pizza, et ensuite, se redressant pour la rejoindre en prenant direction de l’évier pour désinfecter ses mains.  « C’est drôle, d’habitude, c’est plus les mecs qui s’occupent de moi.  »   Voilà, image bien salace, totalement méritée. A la suite, cessèrent les rires. Elle s’en rendait malade, parce qu’elle fut la spectatrice d’un mal qui n’avait rien à voir. Elle évoqua sa mère, et l’ambiance sombra rapidement dans la mélancolie et la dépression – rien que ça. Soupirant en s’approchant d’elle, une fois à son niveau il fit des petits gestes frénétiques avec ses doigts.  « Lâche ce truc. Tu trembles plus qu’un parkinsonien, tu risques de faire des conneries et de muter en castor géant et gênant. »   Déposant une main sur le garrot, prêt à retirer ce dernier. Le serrer comme un enfoiré n’allait pas rendre l’expérience plus crédible.  « Tu n’es pas, ta mère. Tu ne vas pas finir comme elle, parce que tu es plus forte qu’elle. Tu es quelqu’un, d’accord. Tu n’es pas ton père, ou ta mère.  »   Marquant une pause en jouant avec les mèches de cheveux de la demoiselle.  « T’as son nom à bite mal-à-chic ? Histoire de voir ce qu’on peut trouver sur lui sur les réseaux ? »   Mal à chic, ça ne voulait rien dire, mais elle comprendrait.

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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Ven 19 Oct - 17:40

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You be the sun, I’ll be the moon - just let your light come shining through; and when night comes, just like the moon, i’ll shine the light right back to you. (life went on, but it was never the same again.)

Obnubilée par l'idée atroce qui a germé dans son crâne, la métisse s'est esquivée d'une conversation au potentiel franchement gênant. Et même si elle a levé les yeux au ciel, lorsqu'Ismaël lui a demandé si elle était pompette pour ne pas avoir senti la différence, elle y pense. Non, elle ne connaît pas la différence, tout simplement parce qu'elle n'a pas franchement eu l'occasion de comparer, dans sa vie. Alors, elle ne pourrait foutrement pas le renseigner sur ce que ça fait, non. Ni si Malyen en portait une. Elle l'espère suffisamment lucide pour se protéger de la reproduction, à défaut des autres qualités qu'elle ne parvient à lui trouver. Entre son sourire insupportable et ses remarques à deux balles, qu'il ait au moins ça pour lui, que ça les épargne tous les deux d'une situation des plus désagréables. Elle n'a jamais pensé à avoir d'enfants, Jolene. Sûrement parce que pour ça, ça impliquerait de rencontrer quelqu'un, de se laisser découvrir, apprivoiser. C'est au-delà de ses capacités, à la généticienne, trop obnubilée par ses recherches pour dégager du temps pour elle. Et puis, elle ne pourrait prendre le risque de potentiellement transmettre sa mutation génétique. Elle ne s'est donc jamais posé la question. Et il faut qu'ils parlent de ce sujet gênant, pour que ça la percute pour la première fois en trente années. Et si un p'tit emmerdeur se logeait sous son nombril ? Elle en vomirait, si elle n'était pas si occupée à emplir le tube tant bien que mal. De ces instants où elle déraille, obsession la dévorant, y'a qu'Ismaël pour la contraindre à respirer, à marquer une pause. Aiguille qui se retire, coton qu'elle presse sur l'ecchymose qui se dessine déjà sur la peau. « Ouais. » Paupières qui se ferment quelques secondes, le battant qui tambourine. Elle le laisse faire, libérer son biceps de l'étau, sentir les fourmillements s'apaiser doucement dans ses doigts. Le frère d'un autre sang qui répond à la confession. Crainte exprimée dans l'impulsion, pour une fois que les mots lui échappent, elle qui les sélectionne toujours dans le plus grand soin et la plus intense réflexion.

Quand elle ouvre les yeux, ce sont les siens qu'elle retrouve. « Pas plus forte que l'anomalie. » Lèvres pincées. Elle a un sacré égo, Jolene, et ne démentirait pas d'être sûrement plus coriace que la figure maternelle qui l'a abandonnée à l'aube de ses sept ans. Parce qu'elle ne se foutrait pas en l'air, consciemment. Qu'elle se dit. Mais elle n'a jamais su exactement dans quelle mesure le gène défaillant a joué dans cette décision. Si sa mère était déconnectée, comme par ces instants d'absence, lorsqu'elle a regroupé ces médicaments au fond de son gosier. Et elle ne peut que s'imaginer à quel point ça pouvait être insupportable, de creuser leurs pensées, à son père et elle, sans arrêt. Au moins autant que de devoir enfoncer ses mains dans un saladier empli de glaçons, dès qu'elle a la sensation que ça s'échauffe, sur les os. Terreur permanente, épée de Damoclès plantée sur son échine, meurtrissant chaque jour un peu plus. « J'ai encore passé la soirée à me geler les doigts, hier soir, tellement ça se mettait à brûler. » Aveu qu'elle ne peut livrer qu'à Ismaël. Révélation qu'elle ne garde que pour lui, et pour elle. Taisant aux pères les manifestations persistantes, les laissant croire à une amélioration des symptômes spontanée. « J'pourrais foutre le feu à mon appart dans mon sommeil, j'm'en rendrais même pas compte. » Elle cherche à le lui faire comprendre, à quel point cette merde peut être handicapante. Pour quelle raison elle n'a pas que ça à foutre, d'aller étudier ce qui se passe, avec ou sans préservatif. Pourquoi, elle se cache au monde, comme il le dit. Parce que c'est pas normal. Pas normal d'exister, dans ces circonstances. « Alors non, j'ai pas que ça à faire d'aller me rappeler avec une banane. » C'est mal formulé, sûrement, et elle en soupire déjà d'exaspération. « Bref, t'as compris. »

Main qui récupère machinalement la mèche avec laquelle joue Ismaël, pour mieux se détourner, venir tapoter la chaise qui lui est destinée. « J'ai son nom. Viens t'asseoir. » Autant commencer. Autant en finir. Et elle amène son plateau, le dépose sur le plan de travail à côté de lui. « Malyen Brekker. » Elle en a la narine qui se fronce de mépris, rien qu'à prononcer les syllabes. « Si ça te fait plaisir, mais j'veux pas savoir ce que tu trouves, j'veux plus en parler, tout court, de cet abruti. » Pas tendre, l'Asriel, de ce ton glacial, aux cordes vocales bien trop agacées pour feindre l'indifférence. Et elle s'assied en face de lui, s'empare doucement de son bras qu'elle tend, réceptionnant le dos de sa main sur ses genoux. « J'suis pas malheureuse, Ismaël. » Elle a besoin de le préciser, le connaissant bien trop pour ne pas anticiper ses appréhensions. Et les gestes s'enchaînent de manière froide, comme avec ses propres veines, ou n'importe quel autre sujet d'expérimentation du laboratoire. Les mots moins impersonnels qui appuient le malaise de l'instant où elle le pique, pour la première fois. « Je croyais que ça te faisait plaisir, que tu sois le seul que je trouve intéressant, sur une ville entière. » Et elle tâche de se faire plus légère, alignant les tubes les uns après les autres, de cette hémoglobine un peu magique qu'elle essaye de synthétiser à partir des cellules de son ami.
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Ven 19 Oct - 20:10

Dieu mit le remède dans le mal

If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day.





Faux espoirs. Un jour de l'imaginer en train de dominer le monde, en envoyant son mari chercher les bambins à la crèche. Il rêvait de ça, pour elle. Parce que Jolene, obstinée qu'elle était, refusait de reconnaître l'évidence : elle vivait au nom d'une famille. Débordée par ses craintes du passé, bouffée par son père et aliénée par l'importance de la génétique. Peut-être qu'elle ne comprenait pas, que vivre pour l'autre, était nocif. D'autant qu'elle vivait pour une chose, qui n'avait pas de nom. Anomalie ? Un mot qui ne voulait rien dire. Elle cherchait dans le corps un problème, mais l'esprit lui était fermé. L'esprit nécessitait qu'elle se libère, et notamment sexuellement parlant, parce qu'elle avait certainement l'esprit aussi fermé que le reste. Deux faces d'une même pièce. Le libertin, et la prison. Peut-être qu'elle vivait bien, coincée entre son microscope et ses valeurs traditionnelles, mais lui n'approuvait en aucune façon ces pratiques arriérées digne d'une dictature. La connerie avait ses limites. Reine des vierges et des connes, un double titre qui avait le mérite de parfaitement la définir. Il ne dit rien, à cette idée qu'elle était inférieure à l'anomalie. Bouchée, borne, conne, totalement incapable de saisir une métaphore. Parfois, il se demandait si elle n'était pas blonde la petite demoiselle. Le brun soupira en haussant les sourcils. Elle vivait dans un monde magnifique où l'anomalie était un lego qui se promenait sur les morceaux brisés de son cœur entaillé par le vice et l'obsession qui ne méritait pas de nom. Tout cela était nécessaire, les prises de sang, le moment gênant où il occupait le rôle de celui qu'il méprisait. Il l'aimait, cette conne, mais putain qu'elle faisait chier le monde avec ses dilemmes intérieurs qui avaient autant de profondeur qu'un épisode de l'amour est dans le pré. A ses yeux, le débat était facile à clôturer, mais elle s'acharnait. Ismaël abandonnait, il avait mieux à faire que de d'affronter une truite. Donc il renonçait à ce débat et préférait une nouvelle fois opter pour l'humour, comme un exutoire nécessaire. Son appartement, des flammes, pompiers et des fantasmes. Différence d'âge qui justifiait les divergences sur les idées.« Une bonne assurance habitation et des détecteurs de fumée. Petite ordonnance, comme ça, entre nous. »    Parce que oui, elle pourrait devenir une pyromane en puissance, sans doute. Le brun le savait, mais pourquoi radoter le mauvais ? Personne ne parlait des bonnes choses et lui il voyait ce don comme dans les films superman : un super moyen de faire la cuisine. Ne rétorquant en revanche rien pour la banane, préférant la laisser seule dans ses réflexions. Il n'avait pas envie de l'admirer jouer avec une vraie banane, mais bon, le goût ne serait définitivement pas son sens favoris.

Mèche dérobée, la voilà en train d'inverser les positions – platoniquement parlant, puisqu'elle s'en rappelait pas si c'était dans une situation purement sexuelle. Prenant alors place sur le siège de la victime en remontant les manches de son gilet au maximum. Il n'avait aucune envie de le faire, mais pour elle, il irait jusqu'à devenir abstinent. Daignant néanmoins lui donner le nom du type avec qui elle couchait. Attrapant machinalement son téléphone pour fouiller les réseaux et googler son nom. Basique, pour sa génération. La brune avait des valeurs, lui, avait un smartphone. Valeur et smartphone, cela ne pouvait pas fonctionner. Nécessairement, il était toujours facile de se cacher derrière un petit écran ridicule pour exprimer ses pensées. « Même s'il a une page youporn tu veux pas savoir ? Bon c'est bof crédible, c'était peut-être juste un impuissant. »   Le gamin n'allait pas s'étendre, mais « oublier » une nuit était chose rare. Cela s'appelait généralement la mémoire sélective. Main froide déposée alors sur sa peau, ne daignant pas s'intéresser aux gestes, préférant taper le nom du plan cul mystérieux d'une seule main en fixant l'écran. Néanmoins, elle balança une phrase qui le coupa dans son élan et il marqua une légère pause de ses réflexions et ses recherches. « Schopenhauer disait que le bonheur était impossible, mais seulement un état moins douloureux que les autres. Alors si l'on suit cette définition, tu es heureuse. Chacun ses définitions sur ce sujet mojo jojo.  »   Piqûre devenue habituelle, mais qui avait toujours cet étrange effet. Abandonnant finalement son écran de téléphone après simplement un petit rajout du nom dans ses mémos, comme pour se rappeler qu'il devait stalker la vie de quelqu'un. Son regard est naturellement déposé sur les tubes, tandis qu'elle essaye de faire de l'humour. « Les gens m'aiment bien parce que je ris fort, je parle fort et parce que rigole toujours du pire. On aime toujours ceux qui se font remarquer, parce qu'ils donnent l'illusion qu'on a confiance en nous. Voilà pourquoi mes amies sont éphémères, hormis toi. Les gens les plus intéressants sont ceux qui parfois ne disent rien. »   Parce qu'Isma, il pensait jamais à mal, mais toujours au bon côté des choses. Toujours pour les autres, sinon, il ne serait pas là. « Puis tu m'aimes car en vrai, tu adores quand je te parle de banane. Sauf que je veux, que tu aimes quelqu'un plus que moi, parce que cette personne aura de la chance. Bon sexuellement, il va devoir t'enseigner les bases, mais je serais là pour te conseiller. Tu pourras toujours m'appeler et me demander dans quel sens elle se met, promis, je serais toujours là pour me moquer de toi et un jour je dirais fièrement: baise sans putain. Parce que tu verras, qu'un jour tu seras contente d'avoir quelqu'un pour te réveiller, quand tu auras l'impression de perdre le contrôle de ton option grille pain, et qui pourras te rassurer juste avec des mots. »  


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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Lun 5 Nov - 20:15

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You be the sun, I’ll be the moon - just let your light come shining through; and when night comes, just like the moon, i’ll shine the light right back to you. (life went on, but it was never the same again.)

Elle soupire, Jo, à darder une prunelle réprobatrice sur lui avant de s'affairer à nouveau sur ses gestes. Y'a pourtant l'esquisse d'un sourire qui perce au coin des lèvres, la honte de se sentir amusée à ses paroles là où elle devrait le sommer de prendre ça au sérieux. « Tu fais chier. » Elle marmonne, faussement contrariée. Il l'emmerde, ouais, à toujours trouver le moyen de raviver l'étincelle au sein de ses prunelles, d'attiser l'innocence dans le carcan d'idées noires qui l'emprisonne. Elle a des airs de môme, derrière ses traits de trente ans, quand les rires d'Ismaël deviennent contagieux, même si elle lutte de toutes ses forces pour ne pas être touchée. Talent qu'il a toujours eu, même du haut de ses premiers mois, quand elle le réceptionnait dans ses bras glacés pour faire plaisir à son parrain. Qu'à le toiser, à trouver ça franchement nul, inintéressant de le regarder lui baver sur le t-shirt, y'a un truc qui s'est craquelé derrière ses côtes pourtant hermétiques. C'était pas gagné pourtant, avec sa sale manie d'hisser ses mains potelées jusqu'à ses mèches rebelles pour mieux lui tirer sur les cheveux en babillant. C'est normal, Lene, c'est qu'un nourrisson. Que l'excusaient les parents. Être un nourrisson n'excuse pas tout. Qu'elle râlait en refourguant le bébé au premier venu. Y'a fallu qu'il s'endorme contre elle pour la première fois pour que ça lui transperce les entrailles. Qu'elle se mette à lui prêter plus d'attention, à cet être inutile, pour s'rendre compte que bientôt, son monde allait se mettre à graviter autour de lui. Ismaël, ç'a été le premier à décimer les barrières érigées à la mort de sa mère. Le seul qui s'est fait une place durable dans sa peau, à trembler pour lui, à rire pour lui, à s'animer pour lui. Et même dans des instants résonnant comme les pires de leur existence, quelque part, il a toujours réussi. Comme à cet instant. A en oublier de se fermer à l'évocation de cette abomination hantant sa chair. De baisser le museau en faisant profil bas, comme avec son père, comme devant le miroir. Y'a quelque chose chez Ismaël qui lui donne envie de lâcher prise, au moins une fraction de seconde, le temps qu'il perçoive qu'elle le reçoit, cinq sur cinq, malgré le fossé qui n'a de cesse de se creuser, silencieusement, sournoisement, entre eux.

« Impuissant, tiens. » Elle s'approche, prête à le piquer, à sceller à jamais ces rôles nouvellement éprouvés. Ce revirement auquel aucun ne se serait attendu, il y a des années. L'adolescente qu'elle était se serait sûrement réveillée, à observer cette version toujours plus glaciale d'elle-même prélever son propre frère. Électrochoc qui aurait pu être nécessaire à contrer l'autorité des pères. Car à seize ans, à laisser les paumes minuscules d'Ismaël réparer sa peau sous les regards attentifs des scientifiques, elle ne se le serait pas imaginé, Jolene. Ne l'aurait pas toléré, même, de passer de l'autre côté et le lui infliger elle-même. A croire que devenir adulte n'a pas aidé à l'apaiser, l'Asriel, jamais plus traumatisée par le décès de sa mère qu'en rapprochant son âge du sien. Des choses qu'elle pourrait dire, si elle en avait conscience. Plus facile de parler des troubles sexuels potentiels de l'insupportable Malyen que de creuser sur ses propres problèmes. « Tu penses que ça expliquerait le fait qu'il fanfaronne à ce propos ? » A demi-sérieuse, à demi-moqueuse, elle ne s'en lasse pas, de parler de lui - en mal, mais elle en parle quand même. « En fait c'est ça. Le gars prend un malin plaisir à inventer tout ce qu'il a pu me faire mais dans le fond, il a rien été capable de faire, si ça se trouve. » Là, elle se rassure comme elle peut, Jojo, à s'inventer une nouvelle hypothèse préservant son intégrité morale et physique. Le sang danse contre le verre et elle s'y intéresse à peine, préférant s'attarder sur ses mots. S'accrochant à ses paroles, comme pour oublier à quel point la scène n'avait rien d'anodine. Et elle l'écoute, Jo. Elle l'a toujours écouté, cherché à comprendre ses points de vue sans se braquer, sans pour autant converger dans son sens. Beauté d'une amitié vouée à les laisser s'exprimer sans se contrer, malgré l'écart persistant de leurs tempéraments.

Et elle aimerait dire qu'elle le comprend. Qu'elle y aspire aussi. Mais elle s'en fout dans le fond, de se réveiller accompagnée, ou même de savoir dans quel sens se met une capote. Elle s'en fout, car ça ne lui manque pas. Pas quand la dernière fois était synonyme de culpabilité, de honte dévorante et de plaisir trop éphémère pour contrer le reste du souvenir. Un peu plus encore lorsque la fin scellait les adieux, le coeur brisé pour la première fois, amour d'enfance abandonné au néant. P'tetre ce qui a été le plus compliqué, au-delà de la terreur d'avoir dévoilé les crépitements le long de ses doigts, d'avoir brûlé la peau de l'être aimé, tatoué à jamais de son passage. P'tetre que c'était presque rien, la colère froide du paternel, la colère envers l'anomalie. Rien à côté de la déchirure de sa poitrine laissant s'éteindre progressivement chaque sentiment. Alors non, plus jamais. Plus jamais, elle ne s'attachera, pas quand se perdre fait si mal. Elle n'a pas de temps à perdre avec ça. C'est sûrement ce qu'elle cherche à dire, dans la maladresse de ses mots, ce dont elle n'a jamais parlé qu'à moitié à l'époque, même incapable de réellement exprimer ses ressentis à son meilleur ami, le jugeant trop jeune. « Facile à dire... quand t'as pas cramé le seul mec qui a osé te toucher » Le ton est détaché, avec cette froideur habituelle, celle qui hante les cordes vocales dès que la révélation se fait plus sincère. « Non mais sérieux. Pourquoi fallait que je le brûle lui, lui alors que... merde, tu vois, ça devrait être Malyen que j'brûle non ? En réflexe défensif, j'sais pas. Que cette merde serve au moins à quelque chose, au lieu de me pourrir la vie. » Elle y repense des fois, à Asariel et son sourire inexplicable toujours collé aux lèvres. Sans regret. Sans nostalgie. Juste avec l'idée qu'il a représenté la plus grande leçon de sa vie. Celle qui lui donne envie de dégommer les sourires de Malyen sans pour autant parvenir à s'empêcher d'en parler depuis vingt minutes. « Comment tu veux que quelqu'un comprenne ce que j'ai. Y'a que toi qui trouve ça fun, sérieusement. » Et l'aiguille se retire, le pansement recouvre le point écarlate, camouflant le passage de l'Asriel. « Tu sais l'pire là-dedans ? Le seul mec qui a été suffisamment con pour tomber amoureux d'moi, que j'ai fini par brûler en plein quand on, quand on... » Elle secoue la tête, récupère ses tubes et se lève brusquement, pour venir les conserver dans le réfrigérateur dédié. « Il était un brin pyromane, quand même. » Et c'est debout devant le frigo ouvert, qu'elle se met à rire. D'un rire franc, nerveux, qui se met à la secouer sans prévenir. La réalité, en plus, ce qu'elle dit, parce qu'elle l'a bien vu jouer avec ses allumettes, se fasciner pour les flammes. A s'demander d'où elle a hérité de cette foutue ironie dans sa vie. Et elle se retourne, dos appuyé contre la porte qui se referme sous ses omoplates, vestiges d'un rictus, prunelles qui redeviennent sérieuses. C'est qu'elle ne rigole pas souvent. Elle a sûrement épuisé son quota de la décennie. « Fin tout ça, ça donne pas envie de s'attarder avec ces conneries. J'crois qu'avec les années, ça a juste arrêté de m'intéresser, déjà que j'm'en foutais pas mal avant. Mais c'est rien. C'est rien, franchement. » Et elle s'approche. Contourne la table, pour mieux venir se glisser derrière Isma, se pencher vers lui pour mieux l'entourer de ses bras, poser son menton sur son épaule. « C'est parce que j'aime trop quand tu me traites de sainte jojo et que tu m'apprends la vie. »
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Mar 6 Nov - 21:24

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Emmerder le monde. Talent inné dont il aimait se vanter, le gamin. Facilité à toujours faire chier, comme elle le disait, tout en étant la cause de cet immense sourire. Personne n'aimait le voir, l'âme des soirées, celui qui produisait rires et moqueries, mais qui donnait envie de poursuivre la soirée. Difficile de le détester, impossible de le mépriser, impensable de le prendre de haut. Gamin qui ne cessait jamais de briller, morceau de verre que le monde adorait admirer. Le brun avait la beauté d'un enfant dévergondé, l'inconscience d'un sale gosse, mais qui portait sur ses épaules la bonté de l'innocence. Jolene était la femme d'affaire, celle enfermée dans les codes de la haute société : monde des adultes, mais pas des adultères. L'enfant dévergondé face à l'adulte coincée. Un monde séparait les deux entités, alors il fallait se demander comment ils pouvaient s'aimer. Ils ne s'aimaient pas, ils se supportaient, avec amour. Grossière nuance, mais le gosse aimait rappeler qu'il savait qu'ils n'avaient rien en commun hormis le passé. L'amitié devait-elle se justifier ? Non, pas selon le gosse. Il adorait être avec elle, discuter avec elle, se moquer de sa frigidité contre son gré. Il n'avait pas besoin de lui répondre, prendre un petit air aguicheur en mimant des baisers, fugaces, mais faussement langoureux, était suffisant pour permettre à sa partenaire d'obtenir un « merci » de la part du jeune homme. Parce que c'était le thème du jour : le sexe avec un partenaire fort incompétent. Isma mentait, parce qu'il n'accuserait jamais un inconnu d'être nul. Le sexe marchait à deux : pas un mauvais coup, mais simplement deux partenaires qui n'avaient rien à faire ensemble. Alchimie sexuelle aussi forte qu'un hamster, sans doute. Le brun ne comptait pas accuser Jojo, mais en effet, elle ne semblait pas être au top à ce niveau-là. Peut-être avait-elle accidentellement mordue son partenaire avant de s'endormir sur le béton ? Difficile à dire, puisqu'elle semblait avoir une mémoire aussi fiable qu'une fille de télé-réalité – Nabilla, pour toujours et à jamais, la femme qui ne volait pas avec les pigeons et qui trouvait que les baleines n'étaient pas « swag ». Et sous tout cet humour, se terrait la raison de sa venue. Aujourd'hui elle prenait, sans sembler en souffrir, la place des bourreaux du passé.  « Une banane molle. »   Petite réplique qui n'avait rien de classique, mais loin d'être épique : il trouvait simplement l'image assez intéressante. Puis elle avait certainement l'habitude des bananes, plus que l'intimité masculine, donc il restait dans le domaine du familier pour éviter de perdre la vierge réincarnée. Puis la piqûre. Mal nécessaire, mais il observa la scène avec un certain mépris. Ce bref flottement, baignant dans une sorte de rage. Tant de fois, il avait rêver de planter cette aiguille dans la gorge de son père. Nouveau bourreau. Atroce pour son petit cœur, lambeaux d'une idée fixée.


Il « fanfaronnait » ? Le brun roula des yeux et soupira.   « Tout ce qu'il a fait ? Car c'était quoi le délire ? Vous avez fait un monopoly du sexe ?  »   Parce que visiblement, cela ne fut pas court. Cela avait plutôt la longueur d'un film de Terrence Malick. Le brun enchaîna finalement de façon aussi rapide, ne lui laissant pas le temps de répondre.  « Puis tu m'excuseras, mais tu en parles beaucoup. Le mépris est une preuve d’intérêt. Tu l'évoques, donc peut-être que finalement, tu l'aimes bien sa banane molle. »   Le brun parlait au fond très certainement tout seul.  « Parce que voilà, tu ne peux pas dire que tu n'aimes pas la banane et constamment en parler. Je parle de banane, j'aime la banane. Tu en parles rarement, quand tu en parles c'est que ça doit être super important, un sujet 100% banane. Et donc même si monsieur Malyen de son petit surnom mal à chic, n'est pas sur youporn, je peux t'assurer que tu ne m'en parlerais pas si tu n'étais pas un minium intriguée par sa personnalité. Est-ce que je t'ai parlé de Bob ? Non car il était inutile et il existe pas, c'est donc logique et fort problématique. Bref je vais loin là, trop loin.  »   Parce qu'Isma il savait se taire avant d'entendre le double mot magique : ta gueule. Oui une phrase assez courante qu'il entendait parfois au clair de lune, entre une femme sans shampoing et une conne qui se prenait pour une lumière – dans le sens philosophique du terme, alors qu'elle avait plutôt tout d'une ampoule qui ne servait à rien hormis à briller par sa connerie.


Il avait oublié ce fameux détail : elle était chaude comme la braise, mais sexuellement froide comme la brise. Donc elle était un mixte étrange entre le chaud et le froid. Le frisé ne comptait pas lui expliquer que cela était contradictoire, et donc assez drôle selon lui. Isma pouffe, se retenant de lui lancer la blague nulle du type : fallait pas s'enflammer. Néanmoins, le sujet était important pour elle, donc le gamin respectait la nécessité de la conversation sérieuse.  « Peut-être parce que c'était un con. »   Lâchant cela comme une évidence. Quoi ? Il ne voulait pas la pousser vers le premier pecnot venu. Elle tombait amoureuse d'un plouc, et ismaël avait un problème avec les ploucs qu'il expliquait par son incroyable de jugement. Pousser la brune vers le romantisme, sans pour autant la forcer à tomber dans les bras du premier débile venu.  « Puis c'est vrai que les bananes braisées c'est super bon. Tu devrais essayer. »   Immense sourire carnassier au bord des lèvres. Ismaël était jeune, la fougue de son âge. Jojo pouvait le percevoir comme elle voulait, mais oui : il avait une sexualité débordante. Une fougue enivrante et un esprit stupide parfois. Envoyé des nudes, en sachant qu'un jour, le revenge porn viendrait toquer à sa porte. Incapable de se caser, sachant pertinemment la réputation que cela finirait par lui foutre sur les épaules. Qu'importait. Elle revenait sur le seul cassos qui fut son seul amour. En effet, il avait un amour anormal pour le feu.  « Et toi, tu l'aimais ? »   Sbaf, question philosophique dans la gueule. Elle s'y attendait pas ? Ismaël non plus, donc cela était parfait, tout le monde se retrouvait logé à la même enseigne. Alors qu'il déposait une main sur son bras désormais libéré. Le brun occulta totalement le pompage de sang. Profitant de cet instant de tendresse alors qu'elle nouait ses bras sur le petit camarade et cobaye. Se justifiant alors, comme elle le pouvait, comme un enfant qui tenterait de raconter l'histoire du monde en se basant uniquement sur Walt Disney – une catastrophe annoncée. Scène mélancolique.  « Tu veux redire le mot rien une troisième fois ? Pour que je puisse décider si ça sonne totalement faux ou légèrement vrai ? Ça m'aiderait à me fixer.  »   Laissant échapper un petit air moqueur.  « On sait tous les deux que tu serais perdue dans ce monde sans moi, et la réciproque est vraie. Ça fait quoi de pomper mon sang ? J'vais te surnommer jojo le moustique maintenant.  »   Marquant une légère pause, ne lui laissant pas le temps de répondre alors qu'il attrapait une mèche de son ami. L'air faussement dramatique, attrapant son téléphone pour lancer une musique en s'extirpant de sa chaise d'un geste assuré. Les instruments sonnaient et alors, l'artiste se révélait alors que le jeune homme attrapait une fiole vide en guise de micro, attrapant jojo par l'autre main pour la faire tourne sur elle-même.   « Baby, can't you see, I'm calling. A guy like you should wear a warning.It's dangerous. I'm falling. »   It's britney Bitch.




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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Ven 23 Nov - 18:50

too young to be broken


You be the sun, I’ll be the moon - just let your light come shining through; and when night comes, just like the moon, i’ll shine the light right back to you. (life went on, but it was never the same again.)

Une banane molle, qu'il dit. Et elle réplique, sur la même lancée. « Flétrie, ouais. » Et elle pourrait s'arrêter là, si elle n'était pas si nerveuse de parler de banane, premièrement. Et deuxièmement, si ça ne la stressait pas de faire un bilan sanguin à son ami de toujours. Son seul ami même, pour être exacte, drôle de manière de lui rendre son affection. A croire que quand l'ordre vient d'en haut, elle peine encore à dire non. A imposer sa volonté propre, comme si une fois dans cette pièce, face à l'Asriel et au Warren seniors, elle n'était toujours que cette môme passée au crible de leurs expérimentations. Le genre de sensation qui l'hérisse, fâche la fierté et l'indépendance naturelle. Celle qui ne souffre de raison, pourtant, dès que ses épaules retrouvent le blanc. Blouse aux airs de camisole, soigneusement enfilée chaque matin, de ce geste mécanique, hors de sa pensée. Robot bien formé, bien dressé, y'a que récemment qu'un rouage s'est mis à dérailler. A la lancer sur l'idée folle de faire un pas en dehors du sentier qui lui a été tout tracé. Pas suffisant, encore, pour qu'elle s'érige face au paternel en refusant de prélever Ismaël. Mais ça viendrait, probablement, à la lancer sur d'autres pistes, plus tôt encore qu'elle ne le songe. Encore inconsciente d'une rencontre destinée à chambouler ses plans les plus concrets, d'ici quelques jours. Pour le moment, elle est un peu anxieuse, donc. A l'idée de braquer le presque frère, de dire un mot de travers avant d'avoir retiré l'aiguille et libéré sa veine. Pour ça qu'elle persiste et signe dans le champ lexical des fruits et légumes. « Alors que j'imagine que le but est que ce soit bien mûr. » Décidément peu douée dans le registre salace, elle ferait mieux de s'arrêter, et de se concentrer sur le domaine dans lequel elle excelle : la science. Tubes remplis un à un. Elle la ferme, mais elle a bien envie qu'il en fasse autant, parce qu'elle est franchement restée bloquée sur le monopoly du sexe. Non, elle ne veut pas en savoir davantage, à se dire que ce truc doit exister, qu'Ismaël a sans doute pratiquer et se ferait un plaisir de lui raconter ce qu'on a fait à sa paire de dés. « J'en parle pour te faire la conversation et ne pas te laisser tenir un monologue. En cela, j'suis juste une bonne amie. » Ironique, venant de celle qui tient l'aiguille. N'empêche qu'elle lève les yeux au ciel et en grogne un juron en notant que le garçon ne s'arrête pas le moins du monde. « Intriguée par sa personnalité ? » Un ricanement clairement mesquin s'élève, et Malyen devrait probablement investir dans un casque anti-bruit pour s'éviter de perdre un tympan, car les oreilles vont se remettre à siffler. « Encore faudrait-il qu'il en ait une. » Perfide demoiselle derrière son visage d'ange, c'est le regard noir qui exprime tout son aversion à l'égard de ce qui ressemble au plan cul de son anomalie. « J'vois pas dans quelle mesure je m'intéresserais à un gars de ce genre... là. » Quel genre exactement, elle ne saurait vraiment le dire. Mais elle ne l'aime pas. il ne l'intrigue pas. Elle s'en fout. Elle rumine son argumentaire en tâchant de rayer la tronche de Malyen de son champ de vision, rayant son sourire insupportable de sa mémoire - pour qu'il n'y revienne que de plus belle.

Elle ne peut s'empêcher de tiquer quand il suggère l'idée qu'Asariel était un con. Elle ne s'en souvient pas comme ça, elle. Elle ne s'en souvient pas trop tout court, qu'elle aime à se dire, fabuleuse dans l'oubli protecteur cloisonnant son crâne des souvenirs parasites. « Je l'aimais bien. » Elle ne va pas rebondir sur les bananes braisées, tant l'atrocité de l'image trouble son esprit sage. « Comme t'aimes bien le mec que tu connais depuis tout petit et qui était le seul dans les parages à l'adolescence. » Rude, la métisse, parce que sûrement que c'était plus que ça. Que dans le fond, elle en était sacrément amoureuse, de l'Asariel, même si elle a zappé ce que ça faisait, ce tremblement au fond de la poitrine. Aimer à la manière Asriel, c'était tout en retenue, en pudeur. Comme quelque chose d'interdit, de dangereux, un risque pris pour mieux reculer. Elle ne s'est plus jamais laissée approcher, après ça, pour dire à quel point le gars l'a vaccinée. « Mais ça n'donne pas très envie, d'aimer, tu sais. Beaucoup de problèmes pour peu de bénéfice. » Raisonner en terme de bénéfice vs risque, conditionnée dans la démarche.

Le mouvement l'éloigne pour mieux la ramener à ses côtés. Douceur d'une étreinte, de celles qui se comptent sur les doigts d'une main à l'année, peu avide de contact en général. C'est peut-être le seul être qu'elle accepte de toucher, comme si le monde entier était contagieux. Peu habituée aux gestes d'affection, Jo, élevée dans les gratifications rares et discrètes du père aussi peu à l'aise qu'elle dans le domaine. Y'avait bien que sa mère, pour la prendre dans ses bras. Lui tresser les cheveux, déposer un baiser sur sa joue. Elle s'en souvient vaguement. Sûrement que ça aussi, ça fait partie de ce qui trop mal pour appartenir aux réminiscences vivaces. « C'est pas mon activité préférée. » Elle l'avoue, quand il joue avec ses cheveux, la tempe appuyée dans ses cheveux, renforçant l'emprise de ses bras autour de lui. « J'aimerais ne pas recommencer. » L'aveu plus facile à livrer quand les regards ne peuvent se croiser. « J'aimerais qu'on arrête de t'utiliser, toi. » La musique a éclaté alors qu'elle parlait, et c'est sans doute pour le mieux. Pas douée pour exprimer ses sentiments. Plus alerte face à Isma qui risque de casser une fiole, ses traits se crispant en l'observant faire. « Fais gaffe. » Elle articule bien, complètement redressée, à darder son regard d'adulte chiante sur lui. Pas pour longtemps. Il suffit qu'il l'attrape par la main et qu'elle se mette à tournoyer pour que tout s'apaise. Elle a beau avoir un balai dans le cul, comme certains anciens camarades de promo aimaient à le dire, y'a bien que quand elle danse qu'elle se transforme. Que tout s'efface au profit de la fluidité, du rythme qui s'incruste dans ses os. Pour ça aussi, elle a toujours été douée, Jolene. Moins utile que le reste, pourtant. Tout juste bon à la dérider dans ce genre d'instant. Et elle danse, l'embarque sur son propre tempo en capturant sa seconde main. Et elle finit par éclater de rire, à le regarder chanter d'un air si convaincu. « There's no escape, I can't wait, I need a hit, baby, give me it, you're dangerous, I'm loving it. » Qu'elle rétorque, s'éloignant d'un air mystérieux, regard de braise dardé au dessus de son épaule pour le laisser profiter de son déhanché endiablé. Presque surréaliste de la voir se dérider de la sorte. A l'imaginer de nouveau ado, par ces soirées où elle jouait les baby-sitters, enclenchaient la sono pour faire danser le môme qu'il était. Habitude qui ne se perd pas, malgré la mélancolie qui la dévore, ponctue ses prunelles d'une tristesse inévitable.
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Dieu mit le remède dans le mal ♠ Jolene - Mer 28 Nov - 18:44

Dieu mit le remède dans le mal

If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day.






Il était une fois, dans le fort fort loin pays de « banania-dura », une légende ancestrale. Dans ce royaume, toutes les bananes vivaient heureuses, brillaient par cette couleur, goûteuses et pleines de fibres. Elles aimaient se déshabiller et finir dans le mixeur pour devenir un jus goûteux. Ces bananes vivaient dans l'harmonie la plus totale, dans l’osmose et en paix avec les royaumes voisins : chantilly-ville et chocolat-tyrannie. Tout le monde profitait de la vie parfaite, avec un métier parfait, un conjoint parfait et une paix durable au sein de la société. Pourtant, dans cette cité résidait une banane molle. Non pas une banane noire, mais bien molle. Elle était malheureuse, incapable de procurer du plaisir à son propriétaire. La banane vivait seule, isolée dans un monde où la robe qu'elle portait n'attirait rien, seulement la tristesse et la fatigue. L'incapacité, l'impuissance diraient les puristes de la bana-niait (les habitants de la ville de banania) était problématique : c'était une banane inutile. Tous se moquaient de la pauvre banane, qui espérait un jour trouver une personne apte de réaliser sa valeur, de voir plus loin, de croquer mieux et de sucer plus. Voilà ce dont cette banane rêvait : d'amour, d'être considérée par ses partenaires comme l'égale des autres bananes. Elle en rêvait et un jour… bah elle termina sa vie à la poubelle comme une grosse merde. Personne ne voulait d'une banane molle. Ni isma, ni Jolene. Alors, il fallait faire le ménage, changer de marché et investir dans une valeur sûre. Une banane molle, était pire que demi-molle : elle était aussi flasque que le cul de britney spears en 2007. Voilà donc, l'histoire tragique de la banane : elle se suicida contre son gré, sans jamais personne pour l'aimer. Cela se nommait la réalité, et Isma ne comptait pas soutenir cette quête de la banane molle. Il fallait une jolie banane avec une belle gueule – la banane était par essence moche en réalité – pour faire des bébés. Oui, dans le monde s'isma les enfants poussaient dans les roses et les choux, grâce aux bananes. Un problème ? Non. Parfait. Voilà, bref, il était venu le temps – des cathédrales – de taire le sujet.


Un monologue ? Elle était sérieuse ? Choqué il était le gamin. « Moi ? Moi j'suis chiant ? », pensa le gamin. Lui ? Chiant comme la pluie ? Gay comme les blés, mais pas chiant comme la pluie. Il ne pouvait pas se transformer en miss météo vivante, il fallait partager les vices : il était peut-être un épi de blé, mais le gosse ne mouillait pas. Cela était spécifiquement réservé aux femmes. Le brun ne répondit donc rien, boudant faussement comme le sale gosse. Il préféra la laisser continuer, tandis qu'elle posait une question rhétorique : bah oui il était intrigué par sa personnalité. Néanmoins, étant donné qu'elle était incapable de juger ses capacités physiques, le brun remettait clairement en doute le jugement moral et psychologique dont Jolene était capable. Si elle ne parvenait même pas à se souvenir d'une banane dans son corps, alors inutile d'espérer qu'elle soit apte à juger de la matière grise qui n'était même pas la sienne. Néanmoins, la remarque fit tiquée le brun, qui récupéra sa mine sérieuse en fronçant un sourcil, pour finalement le lever de façon totalement mauvaise. « Ce genre là ? Tu veux dire quoi ? Un pauvre ? » C'était naturel, trop fort, trop justice social warrior sur le moment. Parce qu'elle ne voulait pas dire ça, il le savait parfaitement le gamin, mais cela lui avait échappé. « J'voulais pas dire ça… enfin si putain. Ça veut dire quoi ça Jojo ? Ce genre là ? Tu as couché avec je te demande pas son cv, mais ses performances sexuelles et si tu peux faire des maths sur ses abdominaux. » Voilà, Isma était officiellement superficiel, mais avec de la volonté. Qu'importait la classe sociale, il s'en tapait royalement le gamin. Chaque individu était jugé en fonction de ses qualités, de ses défauts et de ses intentions. Qu'importait la qualité trouvée, elle était là. Le brun ne comptait pas forcer Mojo-jojo à remettre en cause ses convictions, ses principes moraux et ses idées du siècle précédant. Désormais il fallait baiser avant de se marier pour s'assurer de ne pas divorcer trois ans plus tard. Peut-être que la demoiselle n'aimait pas cette idée, mais lui, la trouvait la logique. Ce qui semblait aussi logique, c'était que son ex pseudo petit copain n'était pas une bonne personne. Isma n'avait rien contre lui, mais ne l'avait jamais côtoyé assez pour réellement l'apprécier. Elle acheva son discours sur une note mélodramatique et alors, il la fixa avec un air semi-sérieux. « Tu as vu Twilight Jojo ? Parce que tu sais, cette petite pute, bah elle n'aime que sa petite gueule et elle termine heureuse. T'as envie d'être Bella ? Bien sûr que non. Donc tu arrêtes de bouffer de la comédie romantique niaise toute pourrie, tu essayes de regarder un truc stimulant, mais pas du porno car ça dégrade la femme. Va falloir lâcher Arte cocotte, Hitler est mort hein, si tu regardes en replay le reportage promis ça changera rien. » Il exagérait en prenant une voix légèrement moqueuse, mais cela valait la peine.


Pour la piqure, il préféra opter pour le silence. Non il n'avait pas envie d'en parler. Elle faisait le choix de le piquer, mais il restait. La culpabilité se portait à deux. Voilà, pas de drame dans l'histoire. Ismaël avait mieux à faire que de débattre, encore une fois, de ce sujet avec elle. Il voulait passer à autre chose, faire avancer sa vie dans le bon sens. Oui, commencer à vendre son sang pour les mafias était une belle connerie, mais cela n'était pas pire que servir de cobaye humain depuis l'enfance. Une belle continuité dans le parcours psychologique en réalité. Il devenait la victime qui s'enfonçait toute seule sans rien demander à personne. Il était donc temps de mettre de la musique, laissant clairement sous entendre qu'il ne voulait pas en parler et qu'il fallait se sortir les doigts du cul – le balai en l'occurrence. Parce que oui, il allait tomber dans le cliché, mais elle avait le sens du rythme. Ce n'était pas une petite blanche de merde, elle savait bouger. Cliché frôlant le racisme, il le savait. Néanmoins, elle semblait totalement libérée dans ces moments là alors, donc il acceptait l'idée de tomber dans les idées surfaites. Chantant même à sa grande surprise, cela le fit d'ailleurs sourire. Alors qu'il pensait continuer, brusquement son téléphone se coupa pour lâcher d'une voix robotique « batterie déchargée ». Le silence s'installa alors un moment dans la pièce. « Toi aussi si t'envoyais des sextos en cours tu aurais une batterie déchargée. » Prenant un air de diva en pouffant.









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