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Shine bright like a diamond

 :: abandonnés
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Shine bright like a diamond - Mar 27 Nov - 20:54

Béret moutarde savamment relevé sur tes mèches blondes, tu flânes allègrement dans le centre-ville d’Arcadia. Tu as beau y être installée depuis maintenant plusieurs mois, c’est l’une des premières fois que tu prends le temps de t’imprégner de l’atmosphère de la ville. Ces rues, tu les as pourtant arpentées en long, en large et en travers. A pieds ou en voiture, mais toujours dans la hâte et sous la pression d’un papier à rendre, d’une photo à prendre ou d’une interview à réaliser. Le rythme infernal de la rédaction ne t’as pas laissé beaucoup de temps pour toi. Ta Louisiane te manque, c’est un fait certain, mais tu n’es pas femme à te laisser abattre. De toute façon, tu n’as pas d’autres choix que de serrer les dents et de t’adapter à ce nouvel environnement. Après tout, quoi de mieux qu’un peu de changement pour te remettre des derniers événements ? C’est dans cette optique que tu as décidé de faire un peu de lèche-vitrine en cette fraîche soirée d’automne.

De toute évidence, tu n’as pas choisi le quartier populaire. Comme son nom l’indique, Lafayette Street peut se targuer d’abriter la quasi-totalité des commerces de luxe de la ville. Des devantures plus fastueuses les unes que les autres défilent sous tes yeux, leurs lumières irradiant le crépuscule sous tes yeux émerveillés. Ce n’est peut-être pas le fruit du hasard si tes pas ont fini par te guider sur cette avenue. Telle une enfant dans une confiserie ou un magasin de jouets, tu t’attardes longuement devant chaque vitrine, détaillant du regard chaque vêtement, chaque sac-à-main, chaque bijou. On dit que l’homme ne voit que ce qu’il n’a pas. Pourtant, au-delà des it-girls apprêtées qui vont et viennent sans te faire l’aumône d’un regard et de quelques bourges pressés, tu es certaine que des porte-monnaie plus modestes sont parmi vous. Mais aucun d’entre eux ne s’arrête aussi souvent quoi, subjuguée que tu es par l’ostentation de ces commerces. Sans doute rechignent-ils à se faire du mal inutilement. La plupart des articles en exposition valent pratiquement ton salaire mensuel, lorsque ce n’est pas bien plus. Au fond, tu sais que tu ne pourras sans doute jamais bénéficier d’un tel niveau de vie. Si tu ne regrettes pas la voie que tu as choisie, force est de constater que le journalisme ne constitue pas une voie royale vers la richesse et les gros billets. Tu t’arraches difficilement à la contemplation d’une superbe parure de rubis. Elle est tellement belle.

Le soleil a presque disparu derrière l’horizon quand tu repères une énième galerie de luxe. Cette fois, tu ne peux réprimer un soupir d’agacement. Encore une. Mais même au beau milieu de Lafayette Street, celle-ci semble hors norme. D’épaisses colonnades en marbre encadrent l’entrée principale. Un nombre inhabituel de clients se trouvent à l’intérieur. Tu parles d’un pays en crise, les élus se bousculent au portillon. Aigrie, tu fais mine de tourner le dos avant de te raviser, un frisson te parcourant l’échine. Le froid commence à se faire sentir et ton trench-coat ne t’est pas d’une grande aide à cet égard. Pourquoi ne pas te réchauffer quelques minutes à l’intérieur, histoire de compléter ton écœurement ?

A peine viens-tu de poser le pied dans la galerie qu’une hôtesse impeccablement vêtue se dirige vers toi, te dévoilant deux rangées de dents beaucoup trop blanches. Des dorures au plafond jusqu’au petit personnel, rien n’est laissé au hasard. Tout est trop beau, tout est trop lisse. « Bonsoir, mademoiselle. Puis-je vous aider ? Vous recherchez quelque chose de particulier ? ». Tu réponds avec aplomb.  « Pas vraiment, je jette juste un œil en prévision d’un cadeau. Mais je reviens vers vous dés que j’en sais plus ! ». Tu souris sans les yeux, mais personne ne s’en offusquera. Cela semble être la norme.

T'engageant plus profondément dans le magasin, tu y découvres deux étages élégamment décorés. Comme si le cliché n’était pas assez complet, un air de piano raisonne discrètement en arrière-plan. L’entre-soi des élites est ici absolu. Tu passes plus d’une demi-heure à contempler ces fourrures inestimables, ces montres aux mécanismes complexes dont l’armature brille de mille-feux. A chaque fois, le même sentiment d’injustice, la même aigreur. Tu t’apprêtes à mettre fin à ton supplice lorsque l’impensable se produit. Sans doute enivrée par ces milliers de dollars dépensés, les bras chargés de plusieurs sacs estampillés du logo de l’enseigne, une cliente glisse dans l’escalier en spirale en descendant de l’étage. « AAAAARGH ». Tu as un petit rire satisfait lorsque tu vois son pied droit se tordre dans son escarpin. Personne n’échappe aux lois de la gravité, pas même ceux dont le compte courant affiche six, sept chiffres. De façon générale, les clients à proximité semblent avoir apprécié la scène et sont toujours en train de se gausser. Pas toi. Dans sa chute, un écrin bordeaux s’est ouvert et a laissé échapper une bague or minuscule, presque insignifiante, mais sertie d’une sublime pierre verte. Immédiatement, tu lèves les yeux au ciel, à la recherche des caméras de surveillance. Tu n’en aperçois qu’une seule dans la zone, braquée sur l’escalier mais tellement proche de ce dernier que la bague a eu le temps de rouler derrière elle. Tu n’as même pas eu à prendre de décision. Sans réfléchir, mécaniquement, tu combles les quelques pas qui te séparent du bijou et le place dans ton soutien-gorge. En tout et pour tout, le larcin n’a pas du te prendre plus de cinq secondes.

Comme si de rien était, te voilà de nouveau en train de jouer les acheteuses indécises, le cerveau en ébullition. Un rapide coup d’œil en arrière t’apprend que madame s’est relevée et qu’elle s’active à ramasser ses achats. L’écrin étant ouvert, tu ne te fais aucune illusion : ce n’est qu’une question de temps avant que cette jolie petite équipe commerciale ne réalise la disparition de l’objet. Quitter le magasin précipitamment n'est pas une option. Finalement, tu t’empares du produit à proximité que tu estimes le moins cher, une paire de gants blancs Louis Vuitton, et en inspecte l’étiquette. 350$. La mort dans l’âme mais contrainte de poursuivre cette comédie, tu te diriges vers la caisse la plus proche, l’article à la main. « Ce sera tout ? ». « Oui ». « Très bon choix, si je peux me permettre. Par carte ? ». « Oui ». Tu tentes de rester calme mais le flegme de l’employée met tes nerfs à rude épreuve. D’autant que, un peu plus loin, tu aperçois la cliente que tu as délesté, en grande discussion avec deux hôtesses. Tu dois t’y reprendre à deux fois pour proposer correctement ton code. Le payement vient à peine d’être accepté que l’une d’entre elles, très alarmée, réclame l’attention des badauds. « Cher clients, nous vous prions de ne pas quitter le bâtiment une fois vos achats effectués. Il semblerait en effet qu’une pierre d’émeraude ait disparu du magasin. Bien que nous n’ayons aucune certitude, nous devons envisager la piste du vol. La police est en route et en devrait plus tarder. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée et espérons que ce problème sera rapidement réglé ». Une vague de mécontentement secoue le magasin, bientôt transformée en brouhaha. Trois vigiles bloquent désormais l’entrée, rendant toute fuite impossible. Livide, tu feins un soupir d’agacement et te retourne pour t’appuyer sur le comptoir. Merde.
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Shine bright like a diamond - Mer 28 Nov - 3:04

Ça m'est déjà arrivé de devoir quitter une ville. Plusieurs fois. Parfois même dans la panique. Mais généralement, j'ai le temps d'emporter des affaires. Cette fois, je n'ai pour seul bagage que le sac à dos que j'ai emporté de San Francisco, les quelques fringues qu'il contenait, et les vêtements que j'avais pendant le braquage. Et quelques millions de dollars en bijoux. C'est vrai que ça pourrait être pire, dans le fond. En arrivant à Arcadia, je suis descendu dans le premier hôtel que j'ai trouvé dans le centre-ville, un lieu tout ce qu'il y a de plus anonyme. J'ai démonté la ventilation pour y mettre mon butin, planqué les deux flingues que j'ai à des endroits stratégiques, puis je me suis débarrassé de la voiture et des fringues du braquage. Rien de mieux que le feu pour faire disparaître des preuves ADN, et une bagnole incendiée dans un quartier pourri n'est pas un événement suffisamment important pour que les flics s'amènent. A priori, ma trace est couverte. Sean et moi, on avait effacé tous nos messages qui auraient pu nous compromettre, au cas où. Même en y réfléchissant bien, je ne vois pas comment les flics pourraient retrouver ma piste. Je dois juste me terrer quelques mois, le temps que l'enquête piétine, et que je puisse laisser cette page se tourner.

Après avoir réglé toutes ces questions prioritaires, j'ai pris une longue douche et je me suis laissé tomber sur le lit, les bras en croix. Mon frère est mort.

Et je sais pas quoi en penser.

A vrai dire, je ne ressens rien, juste une sensation de vide et d'épuisement. Il faut dire qu'on ne s'est pas parlé pendant plusieurs années, et les quelques liens qu'on a pu recréer en quelques jours ont vite été brisés. Je sombre dans le sommeil en pensant à ça.

Je suis réveillé par une engueulade dans le couloir. Manifestement, un connard est en train de hurler sur la femme de chambre. Je jette un œil au réveil qui affiche 18h14. J'enfile rapidement un jean et une chemise noire, un blouson et des lunettes de soleil. Il fait gris dehors, mais je préfère que les gens ne se souviennent pas de mon visage. Le type est toujours en train de hurler quand je referme la porte derrière moi. Je mets l'écriteau « Ne pas déranger » sur la porte. Pas la peine qu'une femme de chambre vienne faire du zèle en mon absence, surtout que j'ai laissé les flingues à l'intérieur. Je jette un coup d’œil au connard. La cinquantaine, le visage rouge et mal rasé, une chemise moche et une cravate assortie. La pauvre employée est au bord des larmes. Une sombre histoire de room service qui ne me concerne pas. Dans un autre lieu et dans un autre temps, il aurait pris un coup de poing sur le nez, mais je dois faire profil bas, surtout si j'ai l'intention de rester. Je m'interpose entre eux, posant mes mains sur les épaules de l'homme pour le calmer et le faire rentrer dans sa chambre. Quand il se tourne, je lui tire son portefeuille dans sa poche intérieure. Je file cinquante dollars de pourboire à la fille en lui souriant, et je sors de l'hôtel.

Le type avait pas mal d'argent. Je décide d'aller étoffer un peu ma garde-robe. Si on me demande, je suis Jake Egerman, un riche héritier, venu dans la région pour... A vrai dire, je n'ai pas encore décidé ce que je viens faire dans la région. Mais si on me demande, je trouverais sûrement quelque chose. Quoi qu'il en soit, il me faut des fringues qui collent à mon histoire, et ça veut dire des vêtements de luxe. Par chance, Arcadia possède un quartier huppé à deux pas de l'hôtel où je suis descendu. Elysium Eights. Je laisse mes pas me guider jusqu'à une façade luxueuse, en marbre, ornée d'une inscription en lettre dorées. Rien que ça.

Je rentre en souriant nonchalamment à l'hôtesse. Par réflexe, mes yeux cachés par mes lunettes noires vont chercher au plafond les caméras de surveillance, comptent les vigiles, établissent des itinéraires de sortie. Il faut croire que j'ai ça dans le sang. Mais je ne compte rien voler, j'ai de l'argent  pour payer, et le portefeuille du connard pour compléter. Je ne veux pas commencer à taper tout de suite dans l'argent du braquage, pas tant que je n'ai pas réussi à écouler les bijoux. Je fais mes achats sans me presser, optant pour deux costumes hors de prix, avec chaussures et ceinture assorties. Je paye en liquide, et je peux voir l'étonnement sur le visage de la caissière. Elle met un temps fou à recompter les billets. Pendant ce temps, mon regard se promène dans le magasin. J'observe les clients, me demandant avec quelle facilité je pourrais leur voler leurs montres, leurs chevalières clinquantes, leurs rivières de diamants. Une femme trébuche et tombe dans les escaliers. Tout le monde se marre, un vendeur se précipite pour l'aider à se relever, mais je n'ai d'yeux que pour le minuscule anneau doré qui glisse sur le sol. Je suis sa trajectoire jusque dans le soutien-gorge d'une fille. Je dois avouer que je ne l'avais pas vu venir. Miss Béret cachait bien son jeu. Je souris et pars me changer dans la cabine d'essayage, fourrant dans un de leurs sacs mon jean et mon blouson. Au moment où j'enfile mes nouvelles chaussures, une voix retentit dans le magasin.

« Chers clients, nous vous prions de ne pas quitter le bâtiment une fois vos achats effectués. Il semblerait en effet qu’une pierre d’émeraude ait disparu du magasin. Bien que nous n’ayons aucune certitude, nous devons envisager la piste du vol. La police est en route et en devrait plus tarder. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée et espérons que ce problème sera rapidement réglé. »

Merde.

Je sors de la cabine et mon regard balaye la salle. Miss Béret est encore à la caisse. Elle joue l'agacée, mais elle a l'air nerveuse. Les vigiles ont pris position devant la porte et la gardent comme si leurs vies en dépendaient. Ça va être difficile de sortir. J'envisage un instant de récupérer la bague  de mes doigts agiles, mais il y a une différence entre voler un portefeuille dans une veste et glisser la main dans la lingerie d'une inconnue. Je vous laisse deviner ce qui est le plus facile. Je m'approche comme si de rien n'était et je m'accoude à la caisse. Les vendeuses sont toutes parties fouiller le moindre recoin du magasin, personne ne peut nous entendre. Je parle néanmoins à demi-voix.

« Vous savez, il n'est pas trop tard pour faire comme si vous veniez de la trouver par terre. »
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Shine bright like a diamond - Jeu 29 Nov - 16:28

Tic. Tac. Dix-neuf heures trois. Dehors, le soleil a définitivement laissé place à l’obscurité, mais aucun d’entre vous n’en a conscience, trop préoccupés par vos réalités respectives. De façon générale, la tendance semble être à l’agacement. Pour la plupart affranchis des contraintes pécuniaires, ces mondains ne peuvent manquer que de temps, ressource qu’ils n’entendent pas gaspiller pour des circonstances indépendantes de leur volonté. S’ils semblent faire contre mauvaise fortune bon cœur, tu sais qu’il ne s’agit que de contenance. Les bribes de discussion que tu entends çà et là sont là pour en attester : qu’importe les sourires de façade et la patience feinte, ces clients sont excédés. Tôt ou tard, il s’agira peut-être d’une carte à jouer. Mais pas maintenant. Bien que tu tentes de conserver l’attitude nonchalante de celle qui a la conscience tranquille, ton cœur et ton cerveau tournent à plein régime. Le premier dans une cadence frénétique, dopé par le stress, le second carburant sous l’effet de l’adrénaline. Ta perception temporelle n’a rien à voir avec celle des autres. Pour toi, les secondes s’égrènent dans une lenteur douloureuse, comme si le cours du temps s’était ralenti sous l’effet de l’inconfort et de la peur. Tes jambes bougent nerveusement. Tes mains sont moites. Ça ne va pas du tout. Tu fermes les yeux pour faire le vide, vieux réflexe hérité d’une mère adepte de la méditation. Petit récapitulatif des faits. L’accès à la sortie de la galerie étant bloqué par les vigiles, une grosse vingtaine de personnes restent bloquées à l’intérieur. A cela s’ajoutent au moins cinq membres du personnel, certainement plus. Aux yeux de la police, chacune de ces personnes constituera un suspect potentiel. Cela te donne du temps et une légère marge de manœuvre. Très légère.

Tu rouvres les yeux, calmée mais pas rassurée. Le bijou est dans ton soutien-gorge, sous-vêtement recouvert d’un chemisier et d’un trench-coat fermé. Impossible de te confondre sans fouille-au-corps  avancée. S’il y a une chose dont tu es absolument certaine, c’est que les caméras de surveillance n’ont pas pu te prendre sur le fait. En d’autres termes, si tes options ont été considérablement réduites par la vitesse de réaction du personnel, tu n’es pas tout à fait condamnée.

Le regard fixé vers le sol, toujours appuyée dos au comptoir de caisse, tu sursautes lorsqu’un homme s’adresse à toi. Mais cela n’est rien à côté du coup de pression que tu prends lorsqu’il te fait comprendre à demi-mot qu’il a tout vu et qu’il sait. Merde. Bien décidée à ne plus perdre le contrôle de tes émotions, tu tournes lentement la tête vers lui et plante ton regard dans le sien. « Excusez-moi, monsieur, mais je ne vois pas ce dont vous voulez parler ».  Sans aucune gêne, tu le détailles de haut en bas avant de détourner le regard. Sans toutefois bouger d’un pouce. Jeune, plutôt beau gosse, bien habillé, il pourrait s’agir d’un bourge comme les autres. Mais tu sais qu’il n’en est rien. Son sens de l’observation lui a permit de te prendre sur le fait là où les autres en ont été incapables. Il semble à l’aise malgré la tension qui règne dans le magasin. Et surtout, son premier réflexe a été d’engager la conversation avec toi plutôt que de te dénoncer à la sécurité. Déformation professionnelle, tu as l’habitude de recouper des informations pour parvenir à une conclusion. Petit un, ce mec vient de la rue. Petit deux, il ne s’agit pas nécessairement d’un ennemi. Petit trois, tu ferais mieux de t’éloigner de lui.

Fake it until you make it. Il faut que tu parviennes à te fondre dans la masse. Ta meilleure option est sans doute de calibrer ton attitude sur celles des autres. Depuis quelques minutes, certains clients commencent à se plaindre, à interpeller le personnel. Le ton reste courtois, mais plus personne ne sourit. Leur patience s’étiole. C’est dans cette optique que ton comportement doit s’inscrire. Ils sont agacés ? Tu seras véhémente. Tu sors ton téléphone pour appeler un vieux numéro. Bien entendu, personne ne répond. Cela ne t’empêche pas de réitérer l’opération deux, trois fois avant de te fendre d’un long et profond soupir. Commedia dell'arte.

Brusquement, tu fonds en ligne droite vers la première hôtesse venue. « Bon, je pense que tout le monde à autre chose à faire de son samedi que de rester ici les bras croisés. Ne pouvez-vous pas simplement consulter les caméras de surveillance et mettre fin à cette mascarade ? ». « La sécurité est en train de s’en occuper, mademoiselle, ces choses-là prennent du temps et… ». « Ah, ça ! C’est bien joli d’investir dans du matériel pour rassurer les clients, mais quand il s’agit de s’en servir ce n’est pas la même chanson ». Vos deux têtes se tournent simultanément vers la vieille femme. Enfin, vieille… elle doit avoir la quarantaine bien tassée, mais son tailleur et surtout ses manières lui donnent l’air d’en avoir le double. Ses yeux expriment tout le mépris qu’elle ressent à l’égard de la malheureuse commerciale. Tu es désolée pour elle, tant ce type de comportement te dégoûte. Habituellement, tu aurais sans doute volé à son secours. Ce soir, cependant, tu te contenteras d’opiner du chef et de surenchérir. « Faites votre travail, mais je vous en prie, allez droit au but. Personne n’aime attendre inutilement ». Elle fait mine d’acquiescer avant de disparaître derrière une porte, sans doute lassée de jouer les victimes expiatoires. Autour de toi, cependant, la grogne des élites redouble d’intensité, comme attisée par l’échange qui vient d’avoir lieu.

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Shine bright like a diamond - Ven 30 Nov - 0:09

La fille sursaute à mon approche et nie tout en bloc avant de s'éloigner. Ce n'était pas vraiment la réaction escomptée. Au contraire, j'avais même privilégié l'humour pour qu'elle ne prenne pas peur. Il va falloir trouver autre chose. Je la regarde s'éloigner et poursuivre son petit manège, faisant mine d'être agacée et d'appeler quelqu'un au téléphone. Et l'Oscar de la meilleur actrice est attribué à... la voleuse au soutien-gorge. Pas super vendeur comme titre. Je la regarde se diriger vers une hôtesse, avec l'étrange sensation qu'elle m'a percé à jour.

Je jette un œil à ma montre. Les flics ne devraient pas tarder à arriver, il faut que j'examine mes options. Je pourrais la dénoncer, la faire fouiller. On trouverait la bague, elle serait arrêtée, fin de la situation. Mais plusieurs choses m'en empêchent. Déjà, ce n'est pas dans mes habitudes de dénoncer mes petits camarades malfrats, à moins qu'ils ne s'en prennent à moi. Certes, elle refuse de me parler, mais ça serait passablement mesquin de l'envoyer dans les griffes de la police pour si peu. Si je devais faire arrêter toutes les filles qui refusent d'engager la conversation... Et puis surtout, je suis moyen emballé par l'idée de faire ma déposition à la police. Je n'ai pas encore de faux papiers convaincants, je n'ai pas eu le temps ni le matériel pour en fabriquer, et je manque de contacts capable de faire des faux de bonne qualité dans cette ville dans laquelle je viens de débarquer. Je serais un piètre hors-la-loi si je me faisais arrêter en aidant la police.

Que faire alors ? Rien ? J'attends et je vois ce qu'il se passe ?

Je déroule le scénario dans ma tête. La police arrive, elle examine les enregistrements des caméras de surveillance, bloque le magasin, interroge et fouille tout le monde un par un jusqu'à ce qu'ils tombent sur cette fille. Ça peut durer cinq minutes comme deux heures. Et à moins que j'ai beaucoup de chance, ils me demanderont mon nom, mes papiers, mon adresse à moi aussi. J'ai confiance en mes capacités de baratinage, je pense que je peux facilement m'en sortir, mais je préfère rester sous les radars de la police d'Arcadia le plus longtemps possible.

Que faire alors ?

« Ah, ça ! C’est bien joli d’investir dans du matériel pour rassurer les clients, mais quand il s’agit de s’en servir ce n’est pas la même chanson »

Je suis tiré de mes réflexions par la voix désagréable de la femme tirée à quatre épingles qui s'est immiscée dans le début de conversation que la voleuse avait avec l'hôtesse. Son visage aussi a l'air d'avoir été tiré en arrière et fixé avec quatre épingles. J'hésite à intervenir, mais je me ravise. Il faut que je tente à nouveau d'aborder la fille, mais autant éviter de le faire quand tout le monde a les yeux braqués sur elle. L'hôtesse bat en retraite face à cette alliance déloyale, à deux contre un.

« Faites votre travail, mais je vous en prie, allez droit au but. Personne n’aime attendre inutilement »

On peut au moins lui reconnaître un certain culot et un jeu d'acteur très convaincant. A défaut d'avoir une volonté de me faciliter la vie. Une fois que l'attention générale n'est plus fixée sur elle, je m'approche à nouveau, en prenant mon plus bel air innocent.

« Bon, si vous pouviez ne pas partir encore une fois, ça serait top. Je vous ai vu ramasser cette bague, mais je suis dans votre camp. On ne peut pas dire que je porte la police dans mon cœur, et je préférerais éviter de les voir traîner autour de moi. Vous avez un plan pour sortir de là avec la bague ? Sinon il va falloir y réfléchir plutôt vite."
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Shine bright like a diamond - Ven 30 Nov - 23:40

L’humain est un être fascinant. Moins d’un quart d’heure s’est écoulé depuis le blocage du magasin, mais les clients captifs réagissent comme s’ils étaient retenus depuis plusieurs heures. Les chevaux sont désormais lâchés, plus personne ne retient son fiel. Mauvaise foi, attitudes passives-agressives, intimidation voire agressivité, tu assistes à un véritable festival de mesquinerie. Autant l’admettre : ta petite comédie a ouvert la porte à bien des travers. Comme si ces femmes et ces hommes distingués n’attendaient que ton signal pour laisser libre cours à leur frustration. Sans t’en féliciter, tu comprends rapidement que cette évolution de la situation joue en ta faveur. Tu bénis cent fois la nonchalance proverbiale de la police américaine. Cette même lenteur que tu as si souvent condamnée, en privé ou dans ton blog, tant elle a engendré son lot de crimes impunis et d’absence de réparation. Tu repenses soudain aux bandes de casseurs qui sévissaient dans le quartier de ton enfance, s’en prenant pêlemêle aux filles seules, aux vitrines des commerces ou aux petits commerçants. Combien de fois ne s’en sont-ils pas sortis haut la main malgré la multitude de témoins et la certitude de leur culpabilité ? Semblables à des mauvaises herbes au milieu d’une plantation, ils gangrenaient et gangrènent toujours l’essor de ces quartiers populaires, précarisant un peu plus encore les précarisés. En toute impunité. Ce soir, ton forfait n’est en rien comparable. Non, il est hors de question que tu tombes pour avoir grappillé quelques miettes dans l’assiette de ceux qui se partagent le plat.

Tu t’apprêtes à reprendre ta place contre le comptoir lorsque le garçon de tout à l’heure revient vers toi. Un bavard, celui-là. Cette-fois ci, en revanche, son discours retient ton attention. Ainsi donc, tu ne t’es pas trompée. Il aimerait éviter d’avoir maille à partir avec les forces de l’ordre. Ceci expliquant cela, tu comprends qu’il ne compte pas être la victime collatérale de ton merdier. Il semble vouloir coopérer avec toi, ce qui te surprend un peu. Dans sa situation, te balancer serait sans doute une meilleure option. Peut-être le fera-il. A moins que quelque chose ne l’en empêche. Quoi qu’il en soit, tu ne gagneras rien à jouer les ingénues plus longtemps. Tu balaye l’étage du regard, t’assurant qu’aucune oreille indiscrète ne surprenne votre conversation. « Ils sont tous en train de péter les plombs. J’aimerais pas être le flic qui va annoncer à madame-la-rentière ou à monsieur-le-juge qu’ils devront passer par la case fouille corporelle. Avec un peu de chance, le magasin reculera devant l’esclandre et le risque de perdre sa clientèle. Sinon… tant pis ». Tu hésites un moment avant de poursuivre un ton plus bas. « Si tu changes d’avis et que tu décides de me dénoncer aux flics, sache que j’en ferai de même. A partir de maintenant, on est dans le même bateau, mec ». Menacer un type qui vient de te tendre la main ne fait pas partie de tes habitudes, mais tu joues gros sur cette partie. La fin justifie les moyens.

Considérant sans doute avoir suffisamment attendu, un homme d’âge mur vêtu d’un épais manteau croisé en daim décide d’aller parlementer avec la sécurité. Un rapide coup d’œil sur les faciès imperturbables des vigiles t’ôte tout espoir quant au succès de son entreprise. Malgré une abnégation peu commune et une détermination de tous les instants, il est repoussé sans ménagement vers l’intérieur. « Vous entendrez parler de moi, soyez-en certains ! ». Vexé, les pommettes rendues incandescentes par la honte -et par les regards méprisants de ses congénères- il remonte l’allée centrale à grands pas avant de s’asseoir sur les marches de l’escalier. En voilà un qui vient d’effectuer un bond de dix places dans la liste des suspects potentiels. Soit un bouclier supplémentaire.

Mortifiée, tu aperçois enfin le reflet des gyrophares dans la baie vitrée du magasin. Une bouffée de stress prend immédiatement possession de toi. « Ils sont là. Si t’as envie de faire un truc débile genre partir en courant et devenir leur cible, n’hésites surtout pas ». La double-porte vitrée s’ouvre et dévoile quatre policiers en tenue. Tous des hommes. Deux femmes et un autre type les accompagnent, sans doute les responsables de la galerie. Les conversations se suspendent petit-à-petit, la méfiance reprenant ses droits. Ni une, ni deux, les flics se séparent en groupe de deux et interrogent les premiers clients. Les choses sérieuses commencent.
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Shine bright like a diamond - Sam 1 Déc - 18:19

La situation ne s'améliore pas, bien au contraire, mais elle prend au moins le temps de m'écouter. Elle dissimule son stress manifeste derrière une assurance et une hostilité de façade, ce qui me conforte dans l'idée que j'ai bien affaire à une personne qui n'a pas l'habitude de voler. Les premiers larçins se font souvent comme ça, d'ailleurs. On voit une opportunité, et dans le feu de l'action, une petite voix intérieure nous dit de foncer, presque malgré nous. Quand on a de la chance, tout se passe bien, et la sensation est grisante. Quand on en a moins, on se retrouve enfermé dans une boutique avec une bague dans le soutien-gorge et la police qui arrive pour bloquer toutes les issues.

« Ils sont tous en train de péter les plombs. J’aimerais pas être le flic qui va annoncer à madame-la-rentière ou à monsieur-le-juge qu’ils devront passer par la case fouille corporelle. Avec un peu de chance, le magasin reculera devant l’esclandre et le risque de perdre sa clientèle. Sinon… tant pis. Si tu changes d’avis et que tu décides de me dénoncer aux flics, sache que j’en ferai de même. A partir de maintenant, on est dans le même bateau, mec »

Je hausse les épaules en souriant.

« Me dénoncer ? Pour quel motif ? Je suis tout à fait respectable, et je n'ai pas de bijoux dans les sous-vêtements. »

Je réfléchis à ce que pourrait trouver un policier qui déciderait de me fouiller. Je n'ai pas d'arme sur moi, ni rien d'autre d'illégal d'ailleurs. En revanche, je n'ai toujours pas de stratégie de sortie valable. Il aurait fallu que j'aie le temps de mieux étudier le magasin. J'ai quelques idées pour qu'on se débarrasser de la bague, voire même pour faire accuser quelqu'un d'autre, mais l'idéal serait encore de sortir d'ici avec le butin. J'en suis encore à envisager plusieurs possibilités, pour la plupart compliquées à mettre en œuvre en aussi peu de temps.

La fenêtre dont on dispose se referme encore plus vite lorsque plusieurs voitures de police se rangent devant le magasin, et qu'en sortent quatre flics. Ils ont l'air de prendre l'affaire au sérieux. Sûrement parce que ça se passe à Elysium Heights. Je doute que la police se soit déplacée avec autant de rapidité et de zèle pour un vol dans le quartier populaire de Boston où j'ai grandi.

En raison de notre position dans le magasin, on a encore quelques minutes avant que la police n'arrive jusqu'à nous, trop occupés qu'ils sont à questionner tout le monde pour essayer de reconstituer les faits. L'avantage, c'est que tout le monde regarde les gens qu'on interroge, en essayant de deviner lequel sera le coupable, et peu de regards sont dirigés vers nous.

« Ok, on a plus tellement d'options. Tu peux essayer d'avaler la bague, au moins on sera sûrs qu'ils ne la trouveront pas et tu pourra sortir avec. Si tu me la donnes, je peux la mettre dans la poche de quelqu'un, il faut juste que notre victime soit en dehors du champ d'observation des caméras, on sait jamais. T'auras plus la bague, mais tu t'en sors libre et sans corps étranger dans l'estomac. A toi de choisir. Je veux bien t'aider, mais décide toi vite, surtout si tu as une meilleure idée, je t'écoute. »

La balle est dans son camp, il n'y a plus qu'à espérer qu'elle joue son prochain coup intelligemment. Sinon, je lui souhaiterai la bienvenue au club de ceux qui connaissent l'intérieur d'une prison.
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Shine bright like a diamond - Sam 1 Déc - 21:30

L’excès de zèle semble être la norme à Arcadia. Roulant des mécaniques, les policiers interrogent méthodiquement les clients. Au cas où l’un d’entre eux aurait remarqué quelque chose. Ils perdent leur temps, tu es absolument certaine d’être passée inaperçue. Enfin, presque. Ton acolyte de fortune n’a rien loupé de la scène, mais il affirme être de ton côté. Profitant d’un moment d’inattention générale, le voilà qui procède au listing prétendument exhaustif des options qui s’offrent à toi. Tu ris sous le stress, avant de te fendre d’un petit sourire moqueur. « T’as regardé trop de films toi. Si tu crois que je suis capable d’avaler ce truc en toute discrétion, t’as pas du essayer souvent ». Tu t’interromps quelques secondes, interloquée par le degré de familiarité avec lequel tu t’adresses à lui. Est-ce bien prudent ? Même si son attitude est avenante, il garde la main. Si tant est que tes déductions sont bonnes et qu’il fuit réellement la police, il pourrait très bien paniquer et te dénoncer si la situation venait à se dégrader. D’un autre côté, tu t’agaces souvent des gens qui refusent les mains tendues. Si vous êtes capables de coopérer efficacement, vos chances ne sont pas tout à fait nulles. « Je n’ai pas l’intention de quitter ce magasin les mains vides. Mais tu peux m’aider autrement. Reste concentré et tiens-toi prêt à entrer en scène. Pour l’instant, on attend ». Comme pour illustrer ton propos, tu sors de nouveau ton téléphone. Mais pas de simulation d’appel cette fois. Tu désactives le mode silencieux et, sans précautions particulières, tu prends un maximum de photos.

Le magasin, les clients, mais surtout la police. Evidemment, ton manège ne passe pas inaperçu. Ironiquement, les principaux intéressés ne tiquent pas immédiatement, trop occupés à intimider la grande-gueule de tout à l’heure. Mais les deux femmes et le vieil homme qui les accompagnent t’ont vu. Ce dernier avance vers toi, les sourcils froncés. Acte II. « Veuillez-immédiatement supprimer ces photographies sous peine de cons… ». Tu fourres la main dans ta poche, à la recherche de ton portefeuille. Tu en retires ta carte de presse et la place bien en évidence sous le regard inquisiteur du responsable. Retrouvant toute ta superbe, c’est avec ton plus grand sourire que tu t’adresses à lui. « Vous êtes le directeur de cette galerie ? Enchantée, Alice Labonair, journaliste pour l’Arcadia Times ». Tu lui tends la main mais il ne la serre pas. La presse engendre la méfiance, tu ne le sais que trop bien. Tu continues comme si de rien était.  « Je dois dire que j’étais un petit peu agacée lorsque vos employées nous ont enjoint de rester enfermés ici. Ne vous méprenez pas : je comprends totalement votre position, sachez le bien, mais j’ai toujours été d’une impatience terrible. Bref, j’ai contacté ma rédaction pour les prévenir et, vous allez rire, ils n’y a pas tant à raconter dans l’édition de lundi. Les week-end sont tellement calmes ces derniers temps. Je n’ose même pas imaginer la tête qu’ils ont tiré lorsqu’ils ont lu mon message. Une histoire pareille, c’est gros tirage assuré. Je vois le titre d’ici. Huis-clos à Elysium Heights : la crème d’Arcadia peut aussi se salir les mains. D’ailleurs, en terme de dramaturgie, ce serait pas mal que vous attr… ». C’en est visiblement trop pour lui. Le pauvre homme vient sans doute d’évaluer en temps réel le désastre commercial qu’un tel fait divers représenterait pour son magasin. Sans parler de la fureur de sa hiérarchie. « En tant que responsable de cet espace commercial, je suis en droit d’exiger de vous que supprimiez l’ensemble de ces photos. Et il est absolument hors de question que vous publiez quoi que ce soit à propos de cette affaire. Nous vous trainerons en justice et… ». Il s’arrête en plein milieu de sa phrase et rejoint ses deux collègues. Elles n’ont rien loupé de votre conversation. D’ailleurs, l’expression qu’elles arborent vaut bien des discours. Hop, deux ennemies supplémentaires dans ta besace. Tu leur souris néanmoins, feignant l’extase absolu. Mais elle ne te regardent déjà plus, visiblement en plein conciliabule.

Malheureusement, il semble que tu aies négligé le niveau de hargne du directeur. Il secoue pratiquement le premier flic qui lui tombe sous la main et te pointe du doigt avant de lui déblatérer son histoire, en proie à la panique. Tu remarques à peine que le policier semble temporiser et lui indiquer qu’il n’y a pas grand-chose à faire lorsque le client à l’égo bafoué se plante juste devant toi. Il en a manifestement fini avec les interrogatoires. Ton stress monte. Vous n’êtes plus que six à ne pas avoir été entendus par la police. Une fois que tout le monde sera passé, ils devront passer à la vitesse supérieure et la fouille sera envisagée. Tu reportes néanmoins ton attention vers ce nouvel interlocuteur, t’apprêtant à attiser encore un peu plus son ressentiment. Tu n’en auras pas besoin. « J’espère que vous parlerez aussi des sauvages qu’ils engagent en guise de sécurité. Des voyous, de la racaille ! C’est à se demander s’ils ne vont pas les chercher en taule. Vous ne devinerez jamais ce qu’ils m’ont dit, vous avez de quoi noter ? ». Tu abondes exagérément du chef. Ce porc n’a pas osé aller plus loin en présence de la police, mais l’idée générale de son propos n’aurait pas pu être plus claire : au-delà du fait qu’ils l’aient malmené, le principal grief qu’il entretient à l’égard de la sécurité concerne leur couleur de peau. Mais qu’importe, tu ne laisseras pas passer une si belle occasion. « Bien entendu, cher monsieur, votre point de vue sera également rapporté ». Tu te décales vers la droite en voyant deux flics approcher. Tu comprends que ton tour est arrivé. « Je pense que messieurs les policiers veulent s’entretenir avec moi ». Sans trop réfléchir, tu désignes œil-de-lynx d’un mouvement de tête avant de rejoindre les policiers. « Mais vous pouvez vous adresser à mon collègue, il sera ravi de vous entendre ». De ce côté-là, la balle n’est plus dans ton camp. Espérons que ton acolyte fasse preuve de verve, et surtout, qu’il soit convainquant. Cela fait plusieurs minutes que vous discutez. Bien que vous ne soyez pas rentré en même temps dans le magasin, l’histoire tient quand même. Vous vous êtes simplement croisés. Avec un peu de chance, l’hystérie grandissante des responsables les poussera à vous virer du magasin avant que vous ne causiez trop de dégâts.  « Mademoiselle, nous aurions quelques questions à vous poser ». Tu te concentres de toutes tes forces pour leur servir ta meilleure expression niaise. Candeur blonde activée. Yeux de biche activés. « Mais bien entendu, je suis à votre entière disposition ».
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Shine bright like a diamond - Dim 2 Déc - 2:27

« T’as regardé trop de films toi. Si tu crois que je suis capable d’avaler ce truc en toute discrétion, t’as pas du essayer souvent. Je n’ai pas l’intention de quitter ce magasin les mains vides. Mais tu peux m’aider autrement. Reste concentré et tiens-toi prêt à entrer en scène. Pour l’instant, on attend »

Je souris en me disant qu'elle serait sûrement surprise par tout ce que mes activités m'ont forcé à avaler. Elle n'a pas l'air d'avoir de plan, mais je suis intrigué par sa volonté d'improviser. Je croise les bras et je la regarde faire avec attention, le regard dissimulé derrière mes verres teintés. J'ai d'abord du mal à comprendre sa stratégie, mais je capte finalement quand elle commence son baratin avec sa carte de presse. Je profite du fait qu'elle capte l'attention pour sortir le portefeuille que j'ai volé tout à l'heure et pour m'approcher d'un grand type en costume trois pièces qui se tient à peu près là où Miss Béret a ramassé la bague. A priori, ça me place hors du champ de vision des caméras de sécurité. Je glisse adroitement le portefeuille dans la poche du type et je retourne me placer là où je me trouvais auparavant.

Le directeur du magasin ne contrôle plus rien et a l'air totalement déstabilise par les talents d'orateur de la blonde. Un des clients en profite pour parler de racaille, ce qui augmente encore la tension générale. Cependant, les policiers ont l'air de garder un sang-froid relatif et se dirigent vers la voleuse, qui est en train de rediriger le braillard vers moi. L'autre moitié des flics le suivent dans ma direction. « Collègue ». Je mets à profit les quelques seconde dont je dispose encore pour me glisser dans la peau d'un journaliste. Allez James, vas y et décroche nous un Oscar.

« Bonjour monsieur, veuillez décliner votre identité et présenter vos papiers, s'il vous plaît. »

Je retire mes lunettes de soleil tout en présentant aux représentants des forces de l'ordre d'Arcadia mon plus beau sourire.

« Bien sûr messieurs ! »

S'ensuit alors trente secondes de recherche de portefeuille, à grand renfort de « Ah mais où a t'il bien pu passer ? » et autres « Je pensais pourtant l'avoir rangé dans cette poche ? », puis je fais mine d'être frappé d'une révélation et je désigne le type en costume trois pièces.

« Cet homme là ! Il m'a heurté tout à l'heure ! Il m'a volé mon portefeuille ! »

Bien évidemment, le bourge est outré. Il s'étouffe une bonne dizaine de fois et bafouille.

« Quoi ? Moi ? Vous m'accusez de... Quelle insolence ! Je ne vous permet pas ! »

Un des policiers s'approche de lui, parvient à le calmer et lui demande de vider ses poches. Le type s’exécute, l'air toujours aussi sûr de lui et indigné, mais son visage se décompose quand il sent dans sa poche quelque chose qu'il ne s'attendait pas à trouver. Il sort le portefeuille, livide.

« Mais que fait cette chose dans ma poche ? Je ne comprends pas ! »

Le flic sort déjà ses menottes.

« Ne vous en faites pas, nous on comprend très bien. Veuillez gardez le silence, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de faire appel à un avocat. Si vous n'avez pas les moyens, la Cour vous en commettra un d'office. »

Je me mets immédiatement à vociférer.

« Le voilà votre voleur ! Et dire qu'on nous a retenu plus d'une demi-heure ici contre notre volonté ! Je peux vous dire que notre article sera corsé ! J'exige qu'on soit dédommagés et qu'on nous laisse partir ! »

Tout en criant, je me suis rapproché de la blonde au béret, pendant que les deux policiers qui m'interrogeaient arrêtent Costume Trois-Pièces qui tente vainement de se débattre. Je vois que le directeur a totalement perdu la face en voyant une arrestation dans son magasin. Je suppose qu'il voit défiler toute sa carrière sous ses yeux et imagine que toute sa clientèle ne reviendra jamais. Les vendeurs, vendeuses et hôtesses présentes n'en mènent pas large non plus, fatiguées de tout ce manège. Notre petite comédie commence à porter ses fruits.
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Shine bright like a diamond - Sam 22 Déc - 14:06

C’est avec stupeur que tu assistes à l’arrestation du voleur de portefeuille. S’il n’est sans doute pas coupable du forfait qu’on lui reproche, force est de constater qu’il se défend très mal. Ton partenaire de fortune a plus d’un tour dans son sac. Même si cela ne résout pas l’imbroglio de l’anneau, l’arrestation de cet homme distingué améliore considérablement ta position. Désormais, œil-de-lynx et son supposé détrousseur accaparent l’attention de tout le monde. Si les hôtesses et les vendeuses paraissent davantage fatiguées que véritablement stressées, le responsable de la galerie ne peut pas en dire autant. Dans une autre vie, si son salaire mensuel n’était pas aussi élevé, s’il n’évoluait pas deux ou trois classes sociales au-dessus de la tienne, tu aurais sans doute eu pitié de lui. « Ceci est une horrible méprise. Enfin, je vous le demande, pourquoi aurais-je volé le portefeuille de ce jeune homme ? Je suis un homme sans histoires… ». Les mains entravées par les menottes que l’on vient de lui passer, le discours du notable ne trouvera pas écho auprès des flics, tu ne le sais que trop bien. Lorsque la police a décidé que tu étais le coupable, tu ne peux plus compter que sur la pugnacité de ton avocat pendant le procès. C’est l’une des nombreuses vérités que tu tiens de ton enfance au quartier, dans ce tiers-état ignoré par les grands de ce monde. Mais la situation de ce type n’a rien de désespérée. Tôt ou tard, son argent ou ses relations finiront par le sortir de ce faux pas. Sa garde-à-vue sera brève. Seuls les pauvres sont criminels.

Quoi qu’il en soit, ce rebondissement a renforcé la fébrilité ambiante. Après l’excitation puis l’agacement, une certaine forme de lassitude semble s’être emparée de l’assistance. Tandis que le voleur est escorté vers la sortie par deux flics, les responsables du magasin sont en grande conversation avec les deux autres. De ton côté, tu as bien l’intention d’enfoncer le clou. Tu te rapproches du client à l’égo bafoué et l’interpelle en lui tapotant l’épaule. Smartphone à la main, c’est d’un ton professionnel que tu le relances. « Excusez-moi, monsieur, mais vous souhaitiez me rapporter quelque chose avant que nous soyons interrompus. Maintenant que messieurs les policiers m’ont interrogée, je suis prête à entendre votre version ». « Ah, ça oui ! Vous voyez les gorilles à l’entrée ? Ils m’ont menacé et m’ont violemment repoussé lorsque j’ai essayé de sortir. Moi, cardiologue émérite, bien sous tous rapports, malmené physiquement ! ». S’en suivent plusieurs minutes de digressions égocentriques, racistes et conservatrices. Tu acquiesces, tapotant frénétiquement l’écran de ton iPhone pour prendre note de ce témoignage que tu effaceras sans attendre une fois sortie de cet enfer. Ton interlocuteur hausse régulièrement la voix, ce qui vous attire des regards aussi inquiets qu’impérieux de la part de l’équipe du magasin. « … et je ne lâcherai pas l’affaire de sitôt, croyez-moi. Des années que nous effectuons nos achats ici, la moitié des commerçants de Lafayette Street nous saluent dans la rue, et voilà que nous sommes traités comme des moins que rien, que dis-je, comme des voleurs ! ». « J’entends votre mécontentement, monsieur, mais essayez de garder votre calme. Visiblement, c’est un bijou de grande valeur qui a disparu. On peut comprendre que le personnel soit à fleur de peau. Ceci dit, cela ne justifie pas le traitement qui vous a été infligé. Votre histoire sera dans l’édition de lundi ! Peut-être que cela fera réfléchir ». Jouer la comédie endigue si bien ton stress que tu te surprends à apprécier la tournure des événements. Ces bourges sont si prévisibles. Les ficelles qui les manipulent sont tellement grosses qu’il serait criminel de ne pas en profiter. A force de gagner en permanence, ils perdent en vigilance.

Tu t’apprêtes à en rajouter une couche lorsque deux policiers s’avancent vers toi. Le shoot d’adrénaline est immédiat. Un rapide coup d’œil vers les responsables t’apprend qu’ils ont sans doute mandaté ce qui va suivre. Encore une fois, tu sembles mobiliser toute leur attention. Cette fois, ça passe ou ça casse. « Mademoiselle, la direction du magasin aimerait que vous quittiez les lieux sans attendre ». Le flic désigne œil-de-lynx d’un rapide mouvement de tête. « C’est également valable pour votre collègue ». Bingo. Pour une fois, la méfiance systématique que suscitent les journalistes va vraisemblablement te sortir d’un beau merdier. Il s’agit maintenant de finir le travail sans paraître suspecte. « Mais… je croyais que les sorties étaient suspendues jusqu’à ce que le bijou soit retrouvé. La fouille du voleur de portefeuille n'a pourtant rien donné ». Visiblement gêné, il cherche ses mandataires du regard. Sans succès, ces derniers font mine de ne rien entendre. « Ecoutez, nous savons que vous n’avez rien à voir là-dedans, alors ne rendez pas les choses plus compliquées qu’elles ne le sont. Prenez votre collègue et allez-vous en ». Tu soupires bruyamment avant d’écarter les bras en signe de défaite. Œil-de-lynx n’ayant rien perdu de cet échange, tu l’interpelles. « T’as entendu ? Curieuse politique de relations publiques. Enfin, qu'il en soit ainsi. Allons-y avant que le vieux ne parte en nervous breakdown ». C’est sous la bronca générale que les policiers vous raccompagnent jusqu'à l'entrée. Bonne chance pour expliquer à cette bande de privilégiés pourquoi vous avez droit à ce traitement de faveur. Qu’importe, ce n’est pas ton problème. Émeraude chevillée au corps, c’est avec un sourire non-feint que tu inspires l’air frais de cette soirée d’automne.
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Shine bright like a diamond - Ven 18 Jan - 6:16

Qui aurait pu croire que ce plan plus que bancal pourrait fonctionner ? Je n'étais moi même que très peu convaincu du succès de notre entreprise, mais la fameuse chance magique irlandaise était visiblement de notre côté. Pour une fois. Je regarde distraitement le pauvre type victime de notre coup monté se faire embarquer par des policiers qui ignorent totalement ses plaintes. Sans remords. Quand on a les moyens de faire ses courses dans ce genre de magasins huppés où le moindre caleçon coûte la bagatelle de cinquante dollars pièce, on ne reste pas longtemps en prison. Malheureusement, cette assertion ne vaut pas pour moi, usurpateur qui goûte un peu à une vie qui n'est pas la sienne.

Le ton continue cependant de monter dans le magasin. Ma complice de fortune tente à nouveau un coup de bluff, que le personnel avale sans se poser plus de questions, et on nous demande gracieusement de bien vouloir vider les lieux. Dans le sens "barrez vous d'ici en vitesse" du mot gracieusement. Ceci dit, cet ordre s'accorde parfaitement à nos projets, et on attrape la perche qu'on nous tend au vol sans trop discuter.

On se retrouve sur le trottoir, le vent frais qui souffle sur mon visage m'apaise. Je me tourne vers la fille, qui sourit de toutes ses dents.

"Très bien joué. Vous devriez être actrice, il faut exploiter un talent pour la comédie comme le vôtre."

Je lui tends ma main en souriant à mon tour.

"J'ai cru entendre que vous vous appelliez Alice ? Moi c'est Jake Egerman."

Après ce qu'on a vécu ensemble, je serais presque enclin à lui faire confiance au point de lui révéler ma véritable identité au lieu de me cacher derrière ce pseudonyme. Un prénom qui ressemble au mien, un nom de famille tiré dans l'annuaire à la lettre E, il en faut peu pour se constituer une fausse identité, mais il faut beaucoup de travail et une vigilance constante pour que cette dernière soit solide, convaincante, et surtout pour qu'elle ne soit pas percée à jour par la première fille un peu maligne venue.

J'ai envie d'en savoir plus sur cette jeune femme, d'ailleurs. Un peu de curiosité, un brin d'attirance aussi - ne nous mentons pas, elle est plutôt ravissante quand elle n'est pas en train de me snober en jouant les innocentes, le tout agrémenté d'une soupçon d'admiration vis à vis de tout ce qui vient de se passer.

L'hôtel dans lequel je suis descendu est bien trop miteux pour qu'il puisse coller à ce que j'ai en tête, et je ne compte pas révéler la seule planque dont je dispose en ville à cette presque inconnue. En revanche, je suis passé devant la vitrine d'un petit café en venant à la galerie, un lieu un peu old school, à l'atmosphère intimiste et feutrée, où on pourra parler sans craindre d'être écoutés par dieu sait qui d'ailleurs.

"Maintenant qu'on est sortis de ce bourbier, est ce que vous consentiriez à m'accompagner pour un verre ? Je pourrais aussi jeter un oeil sur votre butin et vous dire à combien je l'estime, j'ai un peu d'expérience dans le domaine de pierres précieuses. J'ai vu un petit établissement qui avait l'air sympathique, à moins que vous ne préféreriez aller au bar ?"
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Shine bright like a diamond - Ven 18 Jan - 23:54


Ce n’est qu’une fois l’adrénaline retombée que tu réalises pleinement la gratuité de ton geste et l’ampleur des conséquences qu’il aurait pu engendrer. Il va vraiment falloir que tu apprennes à refréner ton côté pie, sans quoi tu t’exposeras encore à de nombreux problèmes. Mais l’heure n’est plus à l’inquiétude. De toute évidence, et à moins d’un improbable retournement de situation, le pire est derrière toi. Derrière vous. Et cerise sur le gâteau, ta témérité -pour ne pas dire autre chose- est récompensée d’un prestigieux présent. Une authentique émeraude, toujours soigneusement cachée dans ton soutien-gorge. Bien que tu ne sois pas d’un naturel fanfaron, les commissures de tes lèvres se réhaussent sensiblement à cette idée. C’est donc avec un large sourire que tu serres la main tendue. « Enchantée, j’y penserai si l’occasion se présente. Ceci dit, je ne suis pas la seule à m’être distinguée dans ce nid-à-bourges. Je ne sais pas comment tu t’y es pris, mais il est clair que tu as plus d’un tour dans ton sac ». Aucun doute là-dessus. Le pseudo voleur de portefeuille et sa vraisemblable garde à vue pourront en témoigner. Œil-de-lynx -oups Jake- a largement contribué au succès de la comédie grandeur nature dans laquelle tu l’as entraîné.

Il n’est pas bien tard, mais l’avenue est pratiquement déserte. Le fraicheur insoupçonnée de cette soirée d’automne a sans doute découragé les derniers passants. Tu commences toi-même à ressentir la morsure du froid. Alors évidemment, tu ne dois pas réfléchir bien longtemps lorsque ton partenaire in crime propose de poursuivre la discussion ailleurs. « Avec plaisir, Jake. Au-delà de l’alcool, cette histoire m’a donné faim. Je te laisse choisir l’endroit, mais par pitié un truc simple. J’ai eu ma dose de tailleurs et de chevalières! ». Après tout, ce n’est pas commun de braquer une boutique de luxe avec un binôme de fortune. Vous méritez bien un peu de bon temps.

Evidemment, il n’en faut pas plus pour que ton encéphale en manque d’affection ne se mette à tourner à plein régime. Un homme et une femme ne peuvent-ils pas se retrouver autour d’une table sans qu’il y ait d’arrières pensées ? Tu secoues la tête, agacée par le cours de tes pensées. A l’exception de tes relations professionnelles et des tarés du Knockout, force est de constater que as du mal à socialiser. Les raisons sont légion, à commencer par ton état psychologique délétère, mais il semblerait que ce soit ton jour de chance. Aucun signe avant-coureur de violence à l’horizon. Tous les voyants sont au vert. « Au fait, tu peux me tutoyer. C’est ce que je fais depuis tout à l’heure. J’ai l’air si vieille que ça ? Ou c’est juste parce que je t’intimide ? ». Non pas que tu envisages l’une ou l’autre option. Tu fais à peine tes vingt-quatre ans, et d’après ce que tu as pu observer dans la gallérie, tu doutes sincèrement que ce mec puisse être intimidé par qui que ce soit. Mais cela ne t’empêche pas d’essayer, toi chez qui la provocation est signe d’intérêt. A cœur vaillant rien d’impossible.




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