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moments before the storm ϟ asbjörn

 :: terminés
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moments before the storm ϟ asbjörn - Jeu 13 Déc - 21:00


moments before the storm
FT. ASBJÖRN ϟ ARIEL

i will close my eyes to see your face again. Let the love i feel rebuild my faith through pain, i remain defenses down. Heart in my mouth. Are we collateral damage ? Is love its justification ? In truth it's visceral savage. This magnetic sensation, cornered it becomes strong. I'll cast the telling bones to know my fate dealt hand and down the beach i'll trail your footprints in the sand, overland. Till i'll kiss your brow again. I'm right here now.



Course du temps en connasse qui se fout du monde. Trajet aller d’une lenteur à pleurer, les vingt heures les plus longues de sa vie. Celui du retour s’est passé dans un battement de cœur. Malgré les escales qui se sont enchaînées comme pour retarder l’échéance, Arcadia s’est imposée en vainqueur à ce petit jeu. Boule de larmes en fond de gorge, celles qui ne partent plus depuis qu’il a quitté l’Argentine. Il a pleuré, Ariel, pour la première fois depuis des années. Dans les bras de sa mère à l’arrivée, torrent de joie intarissable. Dans ces mêmes bras au départ, le cœur arraché à l’idée de la quitter. Deux fois en plus d’un mois, son quota pour les prochaines années à venir, le gosse qui s’était juré de plus jamais pleurer. Vingt-deux ans qu’il l’avait quitté, cette ville, sa terre natale, et pourtant il a eu l’impression de ne jamais être partit. Repères changés mais toujours là, poisson dans l’eau dans l’urbaine Buenos Aires, plus que jamais dans son élément. Et oublier, sa vie restée là-bas, sur un autre continent. Plus de Bratva, de Stenberg, plus de pute et de clients à satisfaire. Plus de sexe, l’abstinence bienvenue. Et ça lui convenait, cette autre vie qu’il a effleurée du bout des doigts avant de finalement se résigner à acheter son billet de retour. Parce que son cœur est déchiré entre deux hémisphères. Le Sud et son amour infini envers sa mère. Le Nord et son amour aveugle envers son demi-frère.

Peine et conviction qu’il n’aurait jamais dû revenir renforcées par le trou-de-balle à la douane qui l’a retenu comme s’il était un foutu criminel. A lorgner sa gueule déconfite du type qui a passé presque une journée entière en avion et la photo du passeport. Le gamin blanc comme un linge, boucles brunes et absence totale de piercings. Rien à voir avec le percé à la tignasse rouge et au teint délicatement hâlé. Vampire allergique au soleil, les mauvais coups de l’astre trop brûlant restent encore présents sur sa chair, stigmates de la créature de la nuit planqués sous ses fringues. Supplice que d’avoir dû rester là, à attendre le bon vouloir du crétin dans son aquarium. Le choc n’est pas que horaire ou climatique, la langue lui vrille les oreilles. L’espagnol qui s’accroche à la sienne, cerveau qui n’a pas envie de faire machine arrière, il insiste et signe, sur le passeport il est peut-être un type venu du grand Nord, le gamin Stenberg, sur la langue il reste un fils d’Argentine. Foutu raciste. Offre un échantillon de son vocabulaire dans les marmonnements teigneux dont il accable l’officier qui sans le savoir, lui a offert un sursis supplémentaire. Au même titre que le trajet jusqu’au manoir, cette baraque qu’il pensait ne plus revoir avant un moment. Lugubre à crever, Ariel avance tête baissée, les doigts fermement accrochés à ses valises qu’il traîne derrière lui comme des boulets. Toutes ses affaires qu’il va falloir ranger, de nouveau. Trop con. Il avait tout prévu, il a fallu qu’un pauvre petit grain de sable vienne tout foutre en l’air. Son petit cœur en guimauve dont les aiguilles commençaient à dérailler, à se planter dans la chair pour lui faire remarquer qu’un truc lui manquait. Ce même truc qui semble ne pas être présent entre les murs inhospitaliers, à lui faire remercier silencieusement Dieu, Jésus, Odin ou n’importe quel autre heureux hasard qui lui offre le temps de déposer ses affaires dans sa chambre et de repartir. Petit rat, silencieux comme une ombre, à peine les relents de son odeur singulière pour témoigner de sa présence, ces notes boisées aux senteurs épicées, capiteuses de ces encens qu’il adore.

Dernier détour avant de pouvoir s’enrouler dans sa couette et se laisser mourir de sommeil. Rattraper ces heures perdues, jet-lag en gestation dans les tripes. Déprime qui pointe son museau en même temps que son chat qu’il récupère chez un ancien pote de fac. Fait nuit, fait froid, il commence à pleuvoir. Début d’hiver en pleine gueule quand il a passé des semaines en été. Violent, le retour au bercail, et ce n’est que le commencement, il le sait. Le sent, inconsciemment, dans ses entrailles qui dansent la samba lorsqu’il franchit une seconde fois le seuil, Basket contre son cœur, l’animal qui se blottit contre son maître et ronronne à s’en péter le moteur. Ca l’apaise, un peu, ce contact, cette chaleur. Félin qui lui a affreusement manqué, son petit bout de tendresse dans son monde de brute. Silence à fleur de godasses, les doigts qui continuent de gratouiller la boule de poils s’immobilisent d’un seul coup. « - ¡ Maldita sea ! » Echo de stupeur, le sursaut de trouille qui fait gicler les mots hors de sa bouche. Corps figé à l’entrée du salon, là où la pupille de l’oupyr discerne la silhouette dans les ténèbres qui règnent en maîtres dans la pièce. Lui qui pensait que le seigneur des lieux était absent. Présence inattendue qui fait déjà courir les doigts d’une sueur froide le long de son échine, le cœur battant à tout rompre, accélérant plus fort encore lorsque le coup d’œil distrait se fait plus acéré. A distinguer les ravages s’étalant sur la jolie gueule de son aîné. Gerbe en bordure de langue, horreur et morceaux de dégoût tirant le coin de ses lèvres vers le bas, à graver dans la finesse des traits une expression bizarre difficile à déchiffrer. Peur panique qu’il soit crevé, et qu’il n’en reste que le cadavre en état de décomposition avancée. Déconne pas, je suis pas parti aussi longtemps que ça… Avance d’un pas avec prudence, pas idée d’allumer la lumière. Pas besoin, il s’en fout, il voit très bien comme ça, ça ne ferait que lui défoncer la rétine.

« - Björn ? Est-ce que tu… Tout va bien ? » English please. Rien à faire, ça ne veut pas revenir. Son espagnol vibrant de chaleur soufflé dans un murmure fébrile. Panique à bord, déjà en train d’imaginer tout et n’importe quoi, à se dire que peut-être il n’aurait jamais dû partir. Sale petit égoïste qui s’accroche à son chat pour ne pas céder à l’appel, la tentation de se rapprocher jusqu’à faire crever la distance entre eux. Quelques mètres, ce n’est rien en comparaison à des milliers de kilomètres, non ?
C’est pire…


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moments before the storm ϟ asbjörn - Mar 1 Jan - 14:09

Se fondre dans l’obscurité et se laisser dépérir, le regard vide. Rongé par les idées macabres et le néant qui dévore le myocarde. Il a perdu la notion du temps, Asbjörn. Quelques semaines. Un mois. Un siècle. L’éternité s’égrène dans le creux de l’épiderme, taillade la chair. Prostré dans son fauteuil, le masque de cire fond, ravage la belle gueule. Désespoir à fleur de peau. Le marbre qui s’effrite. Les couches qui s’écaillent. Lui donnent des airs de poisson avarié, recraché en pièces par la marée. Il s’en fout. Presque. La douleur physique pour contrer le manque qui n’a pas de remède. Pour dissimuler le pire. Ce n’était pourtant pas son intention de se laisser aller à ce point-là. Il s’était d’abord réfugié dans la violence, le chaos. Ses employés en cibles naturellement désignées pour se venger de la fuite du frère. En faire voir de toutes les couleurs aux putains. A celle ayant tout appris au rouquin en priorité. Suffisamment proche de Lui pour en subir les conséquences. Pour que germe l’envie folle de le faire souffrir à travers elle. Espoir sordide qu’elle soit encore en contact avec le cadet, et le pousse à revenir en lui contant ses malheurs. Avant de finalement cesser d’y croire. De se lasser des viles représailles. Trop vaines pour le contenter sur le long terme. Comme le reste.

Et puis il y avait eu le défilé des silhouettes indécentes, l’agonie des sens. Tentatives pour noyer la peine dans la luxure systématiquement avortées. Incapacité humiliante à déployer des braises dans l’abdomen sans vie. Même plus foutu d'bander correctement. Le corps vrillé par les réminiscences de la dernière étreinte. L’adieu brûlant assigné par les reins fourbes. Saveur céleste pour les guider dans l’antichambre de l’enfer. Extase sous le palais changé en arrière-goût écœurant au réveil. Quelques lettres ridicules alignées sur une feuille blanche pour justifier l’abandon atroce. Lâcheté de la charogne qu’il ne parvient toujours pas à digérer. Encore moins depuis que les rumeurs enflent. La vidéo digne d’un mauvais porno d’abord, à le faire crever de honte. Amant à l’aspect étrangement semblable à Ariel, assez pour lui faire raser les murs. Doute jeté sur une relation malsaine, ambigüe. Un vulgaire remous à la surface de l’océan toutefois, en comparaison du cataclysme qui lui a succédé. La vérité sur le suicide du géniteur, sur un acte qui lui avait paru insensé à l’époque. La vérité qu’il aurait préféré continuer d’ignorer.

Le géant n’a pratiquement plus bougé depuis l’annonce, ne fait plus qu’un avec le mobilier luxueux. Se décomposer pour ne pas céder à la tentation de le retrouver. Pour ne pas prendre le premier avion en direction de l’Argentine et réduire l’assassin en bouillie. Il s’impose un interminable supplice à la place, se prive d’eau salée. Prisonnier d’une mort lente et déchirante. Monstre ignoble qu’il laisse enfin apparaitre, répugnant et fétide. Enlaidi à l’extrême, à l’image d’une âme noire comme la suie. Muré dans le silence, il se complait dans les ténèbres, dans le calme de son imposante demeure. S’abreuve de rage et se nourrit de chagrin. Même le dieu n’a plus la force de reprendre le contrôle, de déclencher une tempête pour remuer son hôte. L’impression que son existence se résume désormais à un champ de ruines et de désolation. L’esprit aux abonnés absents, le blasphème hispanique parvient à lui arracher un sursaut, enjoint les prunelles à fouiller la pièce à l’aveuglette. Ombre chancelante discernée du coin de la pupille, à en faire blêmir la momie. Notes singulières qui font cavaler par automatisme le palpitant meurtri, à vouloir se l’arracher pour le faire taire. Traître dont il n’a jamais pu se faire obéir, indifférent au genre et au lien de sang. Une bouffée d’allégresse aussitôt engloutie sous un flot de haine. Il en frissonne, tremble. Maudite feuille secouée par la brise invisible, les rafales d’affliction.

« - Qu’est-ce que ça peut te foutre ? » Voix rocailleuse, paraissant sortir d’outre-tombe. Directe et lapidaire. L’usage du suédois en réplique, une provocation et une nécessité. Il en a mal à la gorge, comme si des lames lui écorchaient la trachée à chaque syllabe. Effort démesuré pour reprendre la parole, cracher la bile agglutinée dans les viscères. Poison accumulé au fil des jours pour mieux l’étouffer le moment venu. « - T’es venu m’achever comme notre père ? » Qu’il ricane, le timbre polaire. Déchiquetée par les assauts de l’hybris, sa main se presse contre sa cuisse. Caresse discrètement la fine lame qui s’y loge. Se rassérène du contact glacial. « - J’te préviens, je t’ai déjà fait rayer de mon testament, tu toucheras rien. » Mensonge énoncé seulement pour tester les intentions du plus jeune, héritage dissolu dont il se moque en cet instant. Dégage. Déguerpis. Il s’entend prononcer les mots, se visualise même le faire. « - Approche. » Mais c’est l’ordre opposé qui s’extirpe des lippes. C’est plus fort que lui. Viens-là que je t’arrange la tronche. Avec toute mon affection.
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moments before the storm ϟ asbjörn - Sam 5 Jan - 15:25



Nuit d’ivresse à rendre le réveil plus difficile que prévu. A se brûler la peau contre le corps de l’autre, amour parjure qui lui gangrène le cerveau au point de l’avoir fait flancher au moment de tout quitter. Les mots alignés en morceaux de son cœur couchés sur le papier qu’il s’est résigné à déposer sur l’oreiller. Comme dans ces comédies romantiques ridicules où l’héroïne se tire en douce pour mieux se faire poursuivre par l’amour de sa vie. Amour d’une vie, certainement, héroïne, il en est peut-être une, se faire poursuivre, pas du tout. Il s’est arraché la poitrine, Ariel, en quittant la chambre fraternelle, des relents de son amant encore accrochés à sa peau. Plaie béante qu’il a pansé pendant son séjour sur sa terre natale pour mieux souffrir au moment de partir. Blessé au départ, et à l’arrivée. Condamné à n’être rien de plus que le punching-ball d’un destin bâtard qui se marre en lui plantant des aiguilles dans le cœur. Petit machin rabougrit, pauvre plante verte en train de crever lorsqu’elle est privée des soleils de sa vie. La voilà qui se réveille, se redresse avec grâce entre les côtes à la seule vision de la silhouette du géant. A frémir de toutes ses petites feuilles devant les ravages qui détruisent ce visage qu’il connait par cœur. Gravé jusque sur le miroir de ses paupières, à jamais présent dans les constellations de ses chimères les plus douces.

Ce n’est pas tant l’usage du suédois qui le fait frissonner, mais le timbre qui l’accompagne. Grondement sec craché du fond d’entrailles caverneuses. Mal à l’aise, Ariel s’agrippe un peu plus fort contre son chat qui, aussi patient soit-il, commence à s’agiter entre ces bras trop pressants. A contrecœur, il dépose doucement le félin à terre, le sac perché sur son épaule et soupire. Quenottes qui grincent, petit cœur au sursaut fébrile dans la poitrine. Trébuche sur le caillou du meurtre qu’il a commis sans sourciller. Qu’il referait, encore et encore, sans réfléchir, sans broncher. C’était lui ou Lars, le choix était vite fait. Une évidence, l’unique finalité dans cette équation truquée depuis le départ. Mort frôlée sous les poings du géniteur une première fois, à peine sortit de la tombe pour la seconde, le bâtard n’avait pas l’intention d’y retourner aussi rapidement. Porté par la force nouvelle de l’oupyr, c’est lui qui a pris les commandes, agit de son propre chef pour éradiquer l’ennemi viscéral. Agiter sous le  nez du petit humain fragile les merveilles qu’ils pourraient accomplir ensembles. Il ne réalise pas Ariel, ce que veulent réellement dire les mots de son frère. Peut-être qu’il ne les comprend pas aussi bien qu’il aurait pu le faire en temps normal, ses oreilles devenues étrangères à toute autre langue que son espagnol maternel. Hors du temps, hors du monde, ignorant de ces choses qui ont été révélés pendant son absence. Sa trahison, ce parricide qui macule ses jolies mains du même sang coulant dans ses veines. Sa sextape, petit plaisir fraternel et personnel pour s’abîmer la cornée en solitaire. Certainement pas faite pour être jetée sur la toile de l’univers.

« - Mais t’es malade, pourquoi je ferais une chose pareille ? Il s’est suicidé, j’y suis pour rien. » Qu’il couine presque, les vibratos d’une exaspération qu’il ne contrôle pas dans la voix. Il ne s’attendait pas à un accueil chaleureux, à peine de l’ignorance pour lui faire comprendre qu’il n’est plus le bienvenu jusqu’à ce que la blessure se referme. Froid dehors, c’est pire à l’intérieur. Dans ce décor trop bourge, trop vieux, trop grand pour lui. Dans ces pièces puant l’opulence dans lesquelles il n’a jamais été à sa place, seulement à l’aise dans sa chambre, petit recoin d’un autre système solaire, le sien, gravitant à des années lumières de l’austère planète sur laquelle vivaient les autres habitants du manoir. « - Qu’est-ce que tu racontes ? Tu délires, je m’en fous de ton testament, c’est pas comme si j’attendais quelque chose de toi ou de ta famille. Fais-en ce que tu veux de ton héritage. » Fais un effort, petit cerveau, allez, en anglais pour les prochaines. Sa langue claque contre son palais, boudeuse qui n’a pas envie de faire machine arrière. Encore une fois. Le polyglotte qui se complait dans un seul idiome, et éviter de se prendre les pieds dans tous ces mots qu’il connait. Approche. Ca pue le danger à plein nez, humain comme créature le sentent. Statue de sel figée dans l’entrée, Ariel sait qu’il ne devrait pas bouger. Rester là, en sécurité, prêt à détaler pour rejoindre le chantier laissé dans sa chambre. Massacre organisé par l’ainé après son départ, il n’en doute pas une seule seconde.

Menace évidente, le corps qui hurle de foutre le camp mais le cœur pousse l’ensemble en avant. Un pas, fébrile, puis un autre. Ce n’est pas la distance qui se rompt totalement, elle s’amenuise seulement. Le rapproche pour que l’œil du monstre puisse contempler à loisir les dégâts sur la chair décomposée. A lui plisser le nez encore plus fort. Et ses doigts qui s’accrochent au bas de son sweat, le triturent comme pour mieux faire passer la pilule de l’horreur qui s’inscrit dans le ciel de ses yeux. Il n’a jamais cherché à savoir quelle déité AsbJôrn abrite sous sa peau. Nordique, sans trop de surprise, mais c’est tout. Par jalousie, par honte, par désespoir de ne pas être pareil. Parce qu’au fond, il s’en fout, ça ne changera rien à ce qu’il ressent. Qu’il soit le dieu des cons ou le dieu de n’importe quel autre truc important, le résultat sera toujours le même. Foutu cœur qui s’emballe pour la mauvaise personne. Même lorsqu’une épée de Damoclès volète au-dessus de sa tête comme maintenant, il tambourine avec fureur contre les côtes. « - Faut t’emmener aux urgences, t’as vu ta gueule ? Comment c’est arrivé ? Depuis quand t’es comme ça ? Tu désespérais à ce point pour te laisser crever dans ton fauteuil ? » L’inquiétude en bord de lèvres, à se traduire dans les questions qui s’enchaînent. Légèreté gratuite lâchée dans l’esquisse d’un de ses sourires qui n’appartient qu’à lui.
Vous allez y aller tous les deux. Tu devrais te tirer Ariel, ça sent pas bon.

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moments before the storm ϟ asbjörn - Dim 20 Jan - 13:37

Malaise palpable, il n’a pas besoin d’allumer la lumière pour le constater. Pour savoir que le gosse n’en mène pas large, se demande déjà à quelle sauce il va être mangé. Le monstre marin ne peut que se repaitre des frissons d’inconfort, les accentuer. Les indices sur les raisons de son état distillés au gré de palabres assassines. Inapte à entretenir inutilement le suspense. D’un œil vitreux, il observe le félin filer à toute vitesse devant lui, rejoindre sa cachette. Ultime rempart qui ne tient plus. Bestiole encombrante que son frère n’a pas manqué de mettre à l’abri avant de prendre la poudre d’escampette vers l’Amérique latine. Pas assez con ou trop malin pour prendre le risque que l’ainé se venge sur l’animal. Dommage. Il s’en serait bien fait un tapis de fourrure ou l’aurait volontiers fait empailler. Redécorer la chambre saccagée pour un retour qu’il n’osait plus espérer. Raté.

Et il nie le môme, effrontément. Il n’hésite pas à une seule seconde à perpétuer son mensonge, à nier en bloc les accusations. L’espagnol qui persiste, lui vrille les tympans. Syllabes étrangères dont il comprend l’essentiel. Innocent jusqu’à preuve du contraire. Pas revenu pour se confesser. A peine sorti de l’aéroport, il ignore sans doute que leur monde s’est écroulé en son absence. Que des extraits graveleux de leurs ébats circulent quelque part. Qu’un témoin atteste l’avoir entendu précipiter la mort du paternel, ensorcelé par les prières du serpent vorace tapi sous la carne. Les nerfs du géant se raidissent, se crispent ostensiblement. Il ne parvient plus à le croire. Il y serait peut être parvenu avant son départ, avant qu’il ne fasse voler en éclats la confiance aveugle qu’il lui vouait. Il imagine que leur dernier dérapage faisait juste partie de son plan. Endormir la vigilance du tyran pour maximiser ses chances de quitter le pays. Faire naitre le désir pour mieux noyer l’embarcation au fond des abimes.

Statue figée, le cadavre ambulant se tient pourtant prêt à bondir. A l’attraper au vol s’il lui faisait l’affront de ne pas obéir. De chercher à sauver sa peau, de décamper. Les muscles affreusement ankylosés, il n’a cependant pas envie de fournir une telle énergie pour le rattraper. Encore docile, le plus jeune obéit toutefois. Peut admirer à loisir les lambeaux de peau décomposés. Ceux qui se décrochent, s’arrachent. Même le charisme céleste ne parvient plus à rendre sa sale gueule attirante. Suffisamment proche de son amant pour le lire sur sa figure. Il ne peut que remarquer la grimace qui déforme ses traits, le nez qui se plisse face à l’odeur pestilentielle. La rafale de questions lui extirpe un ricanement mauvais, ne parvient pas à l’attendrir. « - J’me suis battu avec un requin, ça se voit pas ? » Plaisante-t-il sur un ton acide. L’humour ne lui réussit pas. Jusqu’à ce jour, il s’était toujours évertué à cacher son hybris. L’atrocité dissimulée sous la nature divine. Honte cuisante d’afficher sa laideur. « - Ils pourront rien faire à l’hôpital, c’est une cure d’eau salée qu’il me faudrait à ce stade. Fais pas semblant de t’inquiéter après t’être barré, j’aurais pu crever la gueule ouverte pendant que tu te faisais rôtir la saucisse au soleil. » Le timbre vibre, mélange d’affliction et de ressentiment. La glace se craquèle, se morcèle sous la tempête qui couve.

Un pas, encore un pour qu’il puisse attraper brutalement le bras du cadet, le tirer avec hargne vers son enveloppe en perdition. La jambe gauche se tend, bute derrière le genou frêle pour le faire plier et basculer sur ses cuisses. Sa main libre empoigne sa nuque, l’oblige à se pencher près du visage fétide. Les lèvres écorchées se scellent avec violence aux siennes, brusquent le passage. Les bustes se percutent. Il redouble de puissance alors qu’il sent le mouvement instinctif de recul, le dégoût purulent. Perfide, sa langue force le passage, contraint sa compagne à subir. Invasion qui se veut impérieuse, extrême. A s’en exploser les poumons, asphyxiés. Les phalanges rêches se déportent vers l’épaule, abiment le tissu et serrent à en faire rougir la chair. Leurs jumelles délaissent leur prise initiale pour venir agripper la virilité de l’argentin, la presser dans un élan qui ne peut rien avoir d’agréable tant il est agressif. Il ne cherche qu’à le blesser, qu’à l’écœurer. Autant qu’il l’est. Nouvelle strate d’abus qui se découpe dans l’obscurité, gonfle les lippes de poison. Grognements étouffés par la bouche qui martyrise celle du captif. Il pourrait presque le prendre là, sur le sol gelé, sans se soucier de son consentement. Souiller la dévotion qui tressaille. Détruire la beauté de leur relation interdite pour n’en laisser qu’un champ de ruines fumantes, l’horreur en étendard. L’armure délicate des lèvres se déchire sous les assauts de ses dents, et la figure difforme s’éloigne enfin complètement.

Ses doigts rudes attrapent sa jugulaire et dans une même impulsion, il se relève, entraine le corps gracile avec lui comme un vulgaire pantin. La cervelle bourdonne d’idées macabres, sordides. « - Quoi, j’te plais plus ? Je suis moins photogénique maintenant, j’parie que ça te passe l’envie de filmer en douce hein ? » Qu’il crache à deux centimètres du visage meurtri, quasiment privé d’air. L’emprise meurtrière se dénoue, il le repousse en arrière mais ne lui permet pas de reprendre son souffle. Il lui assène une mandale à lui décrocher la mâchoire. Attaque suffisante pour lui faire perdre l’équilibre, le faire ramper à ses pieds. « - T’as failli réussir à commettre le crime parfait, Yngvarr. Manque de bol, il aurait fallu pousser les témoins au suicide aussi. Erreur de débutant. » Conclut-il, la voix vibrante de rage, celle qui nécrose le cœur et les reins. D’un sujet de discorde à un autre. La vidéo scabreuse ne représente rien en comparaison de l’abject parricide. Des mois passés à le berner, les yeux dans les yeux. A l’humilier sans qu’il s’en rende compte.
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moments before the storm ϟ asbjörn - Mar 22 Jan - 21:14



Il y a le malaise qui perdure, s’accroit à mesure que les secondes s’égrènent dans son sablier percé. Il y a le rire qui éclot sur les lèvres, coincé quelque part dans sa trachée crispée. Une note au cristal fracassé qui fait trembler l’austérité de la pièce plongée dans l’obscurité. « - Un seul, t’es sûr ? » Du nerf dans la voix, le timbre fragile de ces adolescents en pleine crise avec leurs hormones. L’aigu moche qui jure avec les graves sensuels dont il enrobe ses cordes vocales quand il le faut. Gamin perdu au milieu des ombres, sans son chat, il se sent seul face à la tempête. Grimace alors lorsque le ressentiment lui broie le cœur. Déshabille-toi et va prendre un bain alors, au lieu de rester là, crétin. Envie de le lui gueuler à la tronche, pour que s’effrite la misère. Ca semble tellement évident qu’il ne comprend pas pourquoi l’autre est toujours là, dans son fauteuil, comme le foutu roi de rien. Seigneur de leur relation viciée qui est en train de se casser la figure, il le sent. « - Si je voulais faire semblant, je ne serais pas revenu. Fallait venir avec moi, je te l’avais demandé, si t’écoutais un peu au lieu de penser qu’à toi constamment. » Renifle son inconfort, la petite dose de colère qui est en train de lui piquer le cœur. Celui-là qui s’affole lorsque la distance s’amenuise. Et voilà qu’il retient son souffle comme lorsque Lars haussait le ton, levait le bras trop brusquement. A trembler presque par crainte de ces représailles qui ne viennent pas et qui le tuent. Et se dire dans un murmure que peut-être, rien ne viendra. En rester là, à se lancer des mochetés au nez de l’autre, pour se blesser comme ils savent si bien le faire, et tout oublier dans quelques jours une fois l’orage dissipé. A l’instar de celui grondant au-dehors, il pleut dans sa poitrine.

Coup de tonnerre contre les côtes, le geste de recul est violent. Tire en arrière quand les doigts s’agrippent à son bras, défense fauve à s’en péter l’épaule. C’est brutal, court-circuite son cerveau, fige les sens et la raison dans un carcan d’angoisse folle. Réminiscence des traumatismes passés, ceux qu’il enfouit durement dans les caves de sa conscience pour ne pas en souffrir à chaque fois que ses pensées s’y égarent. Plaque la main contre le torse, le cogne de toute sa force, Ariel se raidit au contact des doigts sur sa nuque, les muscles bandés à en souffrir, et ça gueule dans son crâne. Supplie en silence avant que le drame ne se produise. Cette bouche dégueulasse qui force la sienne, lèvres closes défoncées par la volonté d’un tyran. Il lutte mais c’est peine perdue, le rapport de force est ridicule, il ne peut qu’abdiquer. Sentir le dégoût lui remonter le long de la trachée, nausée et haut-le-cœur à lui retourner les tripes. Mords-le. Incapable au corps d’acier, pétrifié dans l’étau de violence qui l’écrase, l’avilie et le détruit. Gémir contre la langue qui l’oppresse, lâcher sa douleur dans des soupirs étouffés et fermer les paupières, le temps que la folie furieuse s’achève. Râle et hoquète, les cuisses qui se referment dans un réflexe sale, des éclats de verre pilé dans le ventre et entre les jambes, ça fuse et ça le détruit. A le faire suffoquer plus fort encore, le souffle mort dans la poitrine, il ne réfléchit pas. Balance sa main là où il peut, contre la joue pourrie et y enfonce ses ongles. S’y agrippe. Plus fort, plus loin, lui arracher la gueule comme il est en train de lui arracher l’âme et le corps. Effluves de sang qui retournent le ventre, le supplice s’achève, renait de ses cendres en phénix sadique.

Ses doigts lâchent la carne, s’enroulent au poignet qui l’étrangle, les pieds frôlant à peine le sol sous l’impulsion du géant qui lève enfin son cul. Il a du désespoir dans la pupille, braquée contre celle de son bourreau. De la haine à revendre en bord du ciel de ses yeux, des incendies furieux qui ravagent tout. Et il crache à la gueule pourrie le glaviot de toute sa détresse. En réponse à ces questions qui le dégoûtent. Comment a-t-il su, pour la sex tape ? Vent de panique, l’argentin qui s’accroche plus fort au bras qui le maintien. La gifle achève le tableau de leur déchéance. Fait s’entrechoquer les dents, à en cracher des perles de sang qui retombent avec lui sur le plancher. Tousse à s’en défoncer les poumons, reprendre son souffle est un supplice tout comme se relever. Hors de question de rester à terre, c’est à genoux qu’il se remet, vacillant comme un foutu brin de paille en plein vent. Il sait, putain, il sait. Pour le meurtre, la mort du géniteur. Son parricide. Quelque chose se casse dans sa poitrine, son cœur peut-être, machin rabougri qui se crispe sur un battement à lui couper la respiration. Le faire grimacer de douleur, ses doigts tremblants qui viennent se poser contre sa joue, là où brûle la marque des phalanges fraternelles.

« - On était seul ce soir-là, c’est n’importe quoi ce qui peut se raconter. Personne sait ce qu’il s’est passé, il n’y avait que lui et moi... » Voix qui tremble, se casse et bute sur chaque mot. Parler en supplice après ce qu’il vient de subir. La douleur entre les cuisses qui l’oblige à rester courbé comme un pauvre vieux. Silence, les yeux fuyants jetés sur le sol se relèvent, fusillent le géant qui ne lui aura jamais paru aussi grand que maintenant. Ridiculement insignifiant, un coup de godasse et il ne sera rien de plus qu’un cafard sous sa semelle. « - Et puis merde, ouais, je l’ai tué, ça t’étonne ? C’était lui ou moi, depuis le début. Il était allé trop loin, encore, le coup de trop, la menace de trop. T’étais pas là pour tout arrêter cette fois, il a fallu que je me démerde, et elle l’a fait pour moi. La créature. Je venais de crever, crois bien que je n’avais aucune envie de retourner pourrir dans une tombe. » Frénésie dans les mots, dans son poing qui heurte le torse comme pour montrer la planque de la dégénérescence. Celle qu’il abrite sous sa peau, qu’il déteste mais qui n’a de cesse de le relever lorsqu’il bouffe la poussière. « - Je l’ai tué, et je le referais, sans hésiter parce qu’il ne méritait que ça ce pauvre type. » Sa haine le transcende, enflamme le corps qui malgré ses douleurs se relève, péniblement, à tanguer sur des pieds mal avisés. Fraction de seconde au flottement incertain et il est debout, Ariel, face à l’oppresseur. Droit devant la menace, mâchoires serrées et visage fermé, filet écarlate au coin des lèvres. Gamin mort sous les coups, mortel et oupyr en communion malsaine à en faire péter les barrières qu’il s’impose pour conserver les brides de son humanité gangrénées.

« - Tu vas faire quoi, Absjörn hein ? M’en coller d’autres jusqu’à ce que je te lèche les pieds ? Que je te supplie d’arrêter parce que ça t’excite quand on t’implore ? T’en as besoin pas vrai, de mettre le monde plus bas que terre pour te sentir encore plus grand ? Si je l’avais pas vu, je dirais presque que tu fais ça pour compenser un problème de taille là en bas. » Les doigts s’agitent, volètent en désignant le niveau sensible de l’homme. Et il ricane, d’un rire mauvais, grinçant. Dissonant. Venu d’une autre gorge, d’une autre poitrine. Sourire tordu sur les lippes ensanglantées, du défi dans les pupilles. « - Remercie moi, je t’ai ouvert la voie du porno au cas où ton commerce dégueulasse se casse la gueule. » Vas-y, continue, fais les mêmes erreurs que ton connard de père, ce sera plus simple pour nous deux.  

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moments before the storm ϟ asbjörn - Sam 2 Fév - 15:36

Violence des assauts pour récolter l’horreur des aveux. Agression ignoble qui ne lui laisse que sang et nausée dans la gorge. Saveur de l’autre au goût de cendres, loin du délice ressenti d’ordinaire, quand les formes s’épousent pour ne faire qu’un. Quand les volontés ploient et s’unissent pour chasser la discorde. Affection parasite dont il ne reste qu’un tapis fumant, des escarbilles au creux des entrailles. Elan de haine pure qu’il ne contient plus et que le môme lui rend bien. A lui en déchirer la joue, planter les ongles dans la chair pour qu’elle s’écarte. Lambeau arraché qui lui laissera sans doute une cicatrice malgré les bains d’eau salée, durable celle-là. Peu lui importe son apparence en cet instant ou la douleur qui le fustige sur le moment. Obnubilé par sa colère, ses résidus. Ravagé tout entier par les nombreux griefs à lui reprocher. Lugubre liste qu’il a eu le temps de dresser en son absence, à en noircir les pages de leur relation maudite. Comme si son départ avait fait sauter le verrou de sa cage à secrets, pleine à craquer des pires maux de l’univers.

« - Ce qui peut se raconter ? T’as la mémoire qui revient ça y est ? Il aura pas fallu longtemps pour te la rafraichir. » Il crache à son tour, toise la vermine pliée en deux. Œillade incendiaire pour précipiter la suite, le récit du parricide. Des excuses qu’il peut entendre mais qu’il n’accepte pas. Plus que l’acte atroce, ce sont les mensonges qu’il n’avale pas. Il contemple son frère comme si c'était la première fois, comme un étranger. Enflammé par la rage, martyr sublimé par la fièvre écarlate. Visage fermé qu’il redécouvre, sous la couche d’innocence. Monstre façonné par les mains crades du père et de l’ainé, achevé par la bête. Il n’a jamais autant fait honneur aux gènes des Stenberg, à ces êtres du grand nord qu’il exècre pourtant. « - Fais pas comme si vous étiez dissociés, la charogne et toi. T’en as pas marre de te raconter des histoires ? J’étais pas là pour arrêter quoi, une menace ? Tu comptes leur développer la thèse de la légitime défense aux flics aussi ? T’étais pas en danger de mort, tu voulais juste lui régler son compte et t’as choisi la méthode la plus fourbe. » Vocifère-t-il, révulsé. A s’en griffer l’intérieur des paumes pour se retenir de se jeter encore sur lui. Fumée qui sort presque des oreilles, nécrose ses organes à une vitesse meurtrière. Iceberg en fusion. « - Pas l’âme d’un tueur hein ? C’est tout le contraire, il avait parfaitement cerné ce que t’étais vraiment au fond. Fais gaffe, tu finirais presque par lui ressembler toi aussi. » Il sent le cruor bouillonner, rugir dans ses veines. Tout se mélange, le fait vriller, sombrer. Lutte intérieure pour ne pas le massacrer, faire un carnage. Il ne survivrait pas à sa perte, il le sent, il le sait. Un mois d’absence et il est déjà envahi d’idées noires, vide à se laisser dépérir. Desséché comme une vulgaire algue échouée sur le sable. Il peut pas lui régler son compte sans être fatalement emporté dans sa chute. Il l'aime à en crever.

Les insultes déguerpissent de la bouche fielleuse, s’échouent sur le carne affable. Il défie, le fou. Il provoque, attise. Comme il l’a toujours fait. Pulsions de vie ou de mort. Abandon lascif ou létal. « - La voie du porno, un autre chemin sur lequel t’as envie de m’emmener ? Déjà une belle carrière devant, ou derrière toi, d'ailleurs. Tu te faisais pas assez sauter la rondelle dans mon commerce dégueulasse, t’avais besoin d'être tringlé devant une caméra ? » Un ricanement amer gronde dans sa trachée. Des éclats de verre en travers pour l’étrangler, l’entraver. Il n’a pas pu s’empêcher de chercher, quand les premières rumeurs l'ont éraflé. Quand un petit malin a cru bon de le mettre au courant de ses propres exploits sexuels, filmés en amateur. Intimité dévoilée sans vergogne. Il fallait qu’il sache s’il y en avait d’autres. Qu'il élimine les traces. Il s’attendait à de nouvelles images volées, capturées par des appareils savamment dissimulés. Pas à l’admirer prendre son pied. Jouer avec les projecteurs, les paillettes maculées de stupre. Endosser des rôles différents pour titiller les neurones des vicieux planqués derrière leur écran. Enchainer les situations grotesques mais supposées bandantes. Il n’avait pas prévu de tomber sur des gros plans obscènes, parfaitement calibrés. A s’en décrocher la rétine devant ses performances. Il aurait voulu se laver les pupilles à l’acide pour devenir aveugle. Pour ne plus voir son bassin racoler, se presser contre les bouts de chair durcie avec une ardeur déroutante. Pour ne plus le regarder dévorer des queues à s’en vouter l’échine, les astiquer au point de les faire luire jusque dans l’obscurité. Et se taillader les tympans ensuite, pour ne plus entendre les gémissements infâmes par-dessus les musiques langoureuses. C’était une chose de savoir des clients entre ses cuisses à longueur de journée, d’en récupérer l’argent sale. De capter les râles si poussifs que seuls ces imbéciles grotesques pouvaient croire, en se baladant dans les couloirs. C’en était une autre d’assister aux ébats graveleux de ses yeux, le voir jouir sans y être contraint et forcé. Exposer la chute de ses reins dans une effervescence salace. Via une odieuse boite qu’il ne pouvait même pas fracasser, pour atteindre les coupables et annuler le tournage affreux. Juste la liberté d’éteindre, de fermer la page. Il n’en a jamais été trop adepte Asbjörn, de ce genre de plaisir en solitaire, l'intérêt l’a toujours un peu dépassé. Préférence marquée pour le contact réel, la peau tendue sous les doigts, les échanges concrets. Tendances vieux-jeu pleinement assumées. Visions scabreuses qui le hantent depuis, harcèlent la cervelle malade, rongée par la jalousie.

« - Tu peux penser ce que tu veux de moi, en attendant c’est toi qui m’a planté tous ces couteaux dans le dos. J’avais confiance en toi. Démesurément. Et t’oses encore me donner des leçons après ça ? Te poser en victime et t’étonner que je t’accueille pas la bouche en cœur ? » Le silence se fait alors que le géant jauge sévèrement l’insolent. Pèse les pour et les contre. Ce qu’il pourrait lui infliger en représailles. Rien de suffisant. Rien d’assez inventif. « - Je te réserve mieux que ça. » Tranche-t-il finalement sur un ton sadique, avant d’agripper le bras du gamin. Le serrer et le tirer dans les recoins les plus reculés du manoir ancestral. Y mettre toute sa force pour contrer les mouvements agités, les tentatives pour se dérober de son emprise. Lui déboiter l’épaule au passage. Lui faire dévaler les escaliers menant à la cave, la chambre des tortures. L’enfermer à clef. Seul dans les ténèbres, sans nourriture, sans lumière. Uniquement sa conscience pour réfléchir à ses actes misérables. Rideau noir.
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moments before the storm ϟ asbjörn - Dim 3 Fév - 15:22



Il y a le malaise qui perdure, s’accroit à mesure que les secondes s’égrènent dans son sablier percé. Il le débecte. Avec sa sale gueule, son arrogance de pauvre type qui se croit tout permis sous prétexte qu’il gravite au sommet du monde. Avec cet amour dégueulasse qu’il a envers cet homme qui a pourri sa vie jusqu’à la fin. Jamais compris ce que sa mère a pu voir en lui au point de se laisser toucher par des mains pareilles. Question jamais posée, à peine effleurée quand dans les mots il devinait encore un étrange attachement. Pincement au cœur juste le temps d’un battement avant que le sang ne reparte de plus belle, ravive la haine. La colère à faire trembler le corps fatigué par le trajet retour, serrer les poings pour s’enfoncer les ongles dans les paumes et se réfréner. Immobile, par sécurité, par nécessité. Douleur entre les pattes toujours là, à lui vriller le bas-ventre et les reins, son abstinence qui va se prolonger, presque à lui dire merci, à ce frère trop possessif pour accepter qu’il lui file entre les doigts. « - Qui ils croiront d’après toi, le pauvre type violent qui a déjà failli me tuer, ou le fils victime des nerfs de son vieux ? L’homophobie ça pardonne pas. Des jours de coma, et lui, il a eu quoi ? Rien. J’ai choisi une méthode à sa hauteur, il méritait rien de mieux, encore moins que je me salisse les mains pour lui. » Hausse une épaule. Rien à foutre. Que la police vienne le chercher, il trouvera de quoi retourner la situation à son avantage. S’en persuade tant ça semble évident. Victime dans cette affaire. Depuis le premier jour.

«  - Je t’emmerde, Stenberg. » Majeur qui se lève, entre eux, brusque pour illustrer le grondement qu’il vient de lâcher. Mauvais lorsque se fait la comparaison. Rien en commun, juste quelques morceaux d’ADN, et ces foutus yeux qu’il voudrait se crever parfois tant ils le dégoutent. Et il ricane Ariel, grince entre ses dents, se fout clairement de la gueule de l’aîné. A l’imaginer arpenter les dédales du net, les sites qui font honte, s’enfoncer dans la stratosphère gay pour tout déterrer à grandes pelletées de honte. « - T’as bien maté, t’as pris ton pied ? Ca paie bien, mieux que ce que je peux gagner dans ton bordel. Et personne me force à faire des trucs, t’as du t’en rendre compte. Mon consentement, on me le demande au lieu de l’acheter, et ça, ça change tout. » Voix qui tremble sur les dernières notes, de rage, de souffrance. A ravaler ses démons, couleuvres qu’il avale comme tous ces mâles qu’il prend en bouche sans broncher. Confiance en lui, les mots blessent. Apposent sur le visage mauvais des débris de cœur cassé. Merde. Flottement fourbe, l’argentin se mord la langue, secoue la tête. Te laisse pas avoir. « - Tu me prenais pour quoi ? Ton sextoy qui n’a pas de vie hormis celle que tu lui donnes quand tu le sors de son tiroir pour t’astiquer avec ? Ca n’a jamais été notre genre de tout nous raconter. Je suis plus un gamin, encore moins un enfant de chœur, navré de te décevoir chéri. » Ironie insolente peinte sur les lèvres dans l’esquisse d’un sourire au reflet carmin.

« - Faut pas faire confiance à une pute, c’est bien connu. On me paye pour mentir, c’est devenu un réflexe apparemment. » En conclusion, dernière attaque d’une bataille perdue d’avance. Il le sent, son cœur qui bat plus fort à l’entente des derniers mots. Ne bouge pas pourtant, décide de rester face à l’ennemi. Se laisser tirer comme un moins que rien si ça peut le calmer avant de comprendre. Réaliser ce qu’il l’attend et lutter pour empêcher ce qui s’amorce. « - Non. Fais pas ça… » Supplique de gosse, l’épaule qui craque dans la violence de ses tentatives pour se libérer. Et la porte qui se ferme sur lui, l’engloutie dans un torrent saumâtre de souvenirs et d’angoisse. Seul dans le noir, bras ballants et cerveau mis en pause, congelé par la trouille. Il renifle, bêtement, et cille.

[…]

Le silence. Il a hurlé une fois le choc passé. A cogner contre la porte de toutes ses forces, possédé par une frénésie folle. Gueuler le nom du frère, encore et encore dans l’espoir qu’il vienne. Le sorte de là. Il a supplié ensuite, murmures fébriles à travers la serrure, épuisé. Pour finalement abdiquer, se retrancher dans un coin de la pièce, les yeux grands ouverts dans les ténèbres. Pièce des horreurs spectatrice de ses larmes d’enfant, ses angoisses et ses cris de désespoir quand le père l’enfermait là. Pour l’endurcir, pour le punir. Trouille du gosse qui lui ronge encore un peu le ventre même si un vide étrange est en train de prendre son essor sous sa peau froide. Recroquevillé sur lui-même, à attendre la délivrance. Celle qui ne vient pas. Et oublier, depuis combien de temps il est enfermé là, comme un pauvre rat. Sursauter et ouvrir les yeux au moindre bruit, le cœur qui s’affole et l’esprit qui se croit proche de la liberté. Il préfèrerait encore les coups, la torture physique qu’importe sa forme, qu’Il le viole, arrache sa dévotion et son cœur pour que la leçon s’imprime dans son cerveau et ne le quitte plus. N’importe quoi mais pas ce silence, cette absence. Ignorance bien plus douloureuse que le pire des sévices. Traînées claires sur les joues, tracés de larmes dont il ne se souvient même pas. Ses doigts qui s’agrippent plus fort à ses genoux et le front revient se poser contre les bras dans un soupir fébrile.

Son épaule lui fait affreusement mal. Celle bousillée par l’aîné en appui contre le sol grossier. Le moindre de ses muscles semble mort, ankylosé tant la posture est inconfortable. Allongé comme un moins que rien, petite boule à moitié en vie toujours dans son coin, il tourne le dos à la porte. Ouvre péniblement les paupières par intermittence, bat des cils un instant puis les referment pour sombrer dans un demi-sommeil désagréable. Faim au ventre,celle qui tord les veines, en supplice nouveau malgré le repas pris avant de monter dans l'avion. Tu peux rien faire pour qu’on sorte de là ? Combien de temps encore avant que ça s’arrête ? Invariablement, ses pensées dérivent vers sa mère, le poussent à se replier encore un peu plus sur lui-même, s’étouffer entre ses propres bras pour ravaler la détresse et la haine qui le bouffent. Salopard, je te hais putain, si tu savais à quel point. Au point de vouloir le tuer, lui-même, comme il a tué le père. Quitte à mourir ensuite tant la perte serait trop dure à supporter.

Je suis revenu pour toi merde… Cliquetis dans le silence, ils résonnent comme un grondement de fin du monde. Petit cœur qui se serre dans la poitrine, il s’entend gémir, ferme les paupières encore plus fort. Faire le mort, le tyran l’oubliera peut-être. Au travers du voile de ses cils, la lumière entrant à grand flot dans ses ténèbres lui brûle les rétines. Trop habitué au néant, le retour du jour est un supplice et il plaque sa main sur ses yeux pour calmer la douleur. Claque des dents à s’en péter l’ivoire, oscille entre reconnaissance et envie de meurtre.
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moments before the storm ϟ asbjörn - Dim 10 Fév - 17:32

La supplique bourdonne dans ses oreilles sans réellement avoir de prise sur lui. Les répliques incisives tournent dans sa caboche, décuplent la hargne. Il est loin, le frère qui n’hésitait autrefois pas à risquer la fureur paternelle pour apporter un peu de réconfort au gamin. A se glisser en cachette dans la cave quand Lars y enfermait le môme, pour lui apporter des victuailles. Quelques paroles. Un semblant de réconfort. Adoucir le calvaire quotidien subi par l’argentin. Attendri par son désarroi, les torrents de chagrin qui auraient dû éteindre le soleil miroitant dans ses pupilles. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé de le détester ou au moins de rester indifférent à son sort. Sans succès. L’acharnement du père était trop flagrant pour qu’il parvienne à détourner le regard constamment. L’impression erronée d’en faire beaucoup à l’époque, quand il se contentait finalement de quelques attentions pour se donner bonne conscience. Des grains de sable jetés dans une machine infernale, parfaitement rodée. Il aurait fallu y déverser un désert entier pour la contrer. Il est loin, l’ainé qui devrait comprendre, pardonner. Étouffé par la haine exacerbée, la jalousie corrosive. Par ce goût de cendres et de métal qui empoisonne son palais. Il peut pas accepter le meurtre, les mensonges, les crachats. Tolérer qu’il lui ait arraché celui qu’il aimait en dépit du reste. Où se situe la limite s’il peut commettre un parricide et s’en sortir en toute impunité ? Si le droit de s’entretuer entre eux est proclamé ?

[…]

Le trajet se fait sans encombre, alors que la main baladeuse glisse vers l’intérieur de sa cuisse. Sulfureuse, insistante, impatiente. Mouvement brusque du genou pour s’en dégager alors que la mâchoire se crispe. Bien plus distant qu’à l’intérieur du bar. Il marmonne un vulgaire prétexte pour justifier sa froideur, la nécessité de se concentrer sur la route. Il a d’autres plans pour ce soir. Pas la moindre envie de se détourner de son objectif. Misérable inconscient pris dans ses filets. Sans le savoir au centre d’un jeu macabre aux dés pipés. Il a l’air bienheureux de celui persuadé d’avoir touché le jackpot, un amant séduisant pour chasser la grisaille. Les émeraudes s’attardent sur les longues jambes et les muscles saillants, gorgées d’envie. L’idiot imagine le désir réciproque alors qu’il n’incarne qu’un instrument de sa vengeance. Un dommage collatéral. L’apothéose pour clôturer l’isolement du rouquin. Le tyran ne le ramène pas chez lui pour glorifier son physique quelconque, mais pour le jeter en pâture à un fauve. L’oupyr qu’il affame sciemment depuis plusieurs jours. Repas qu’il n’a pas choisi par hasard, mais pour ses liens privilégiés avec Ariel. Il les revoit encore, les images entêtantes et salaces, les corps qui s’emmêlent avidement à l’écran. Il les entend toujours, les rires sur les ondes, la chaleur et la complicité apparentes. Collègue de radio et de tournage de films obscènes. Voire même un ami précieux. Quelqu'un susceptible de lui manquer s'il disparaissait. De lui faire vomir ses tripes s'il le dévorait. Il a hésité avec le kidnapping sauvage, à le ramener de force, mort de trouille. S’est finalement dit qu’il se salirait moins les mains en l’incitant à le suivre plus gentiment. Sournoiserie semblable à celle dont Il a usé, pour inciter le patriarche à faire gicler sa cervelle. L’option barbare gardée dans un coin de la tête si le charme n’avait pas opéré.

« - Mets-toi à l’aise, la chambre est par là. » Souffle brûlant dans le creux de l’oreille alors qu’il retire d’autorité sa veste à son invité, en passe de devenir son prisonnier. S’attarde un instant sur le torse, les hanches, le bassin qu’il pourrait fracturer de ses reins. Gestes sensuels pour endormir la méfiance, soudainement tactile à en crever. Empire des sens pour lequel il pourrait facilement sombrer. Les dents mordillent, grignotent la nuque. Marquent la chair affable, baisers cannibales déposés le long de l’ivoire. Fausses promesses imprimées à l’encre de sa peau. Perles écarlates recueillies du bout des lèvres. Le scandinave attend qu’ils soient suffisamment proches de la porte menant à la cave pour l’agripper subitement avec violence. L’empoigner et l’envoyer se fracasser contre le mur. Le géant réceptionne le corps légèrement assommé sans réelle difficulté, déverrouille la serrure et laisse rouler la carcasse à moitié inerte dans l’escalier. Referme à clef derrière eux, scellant ainsi le sort du pauvre diable. Le sien aussi, sans doute, dans la foulée. « - Je t’ai ramené de la compagnie, chéri. » Sifflote-t-il, en laissant la lueur agressive des néons écorcher ses rétines. Le surnom se veut moqueur, puéril. Insolence en miroir avec la sienne. Railleries mauvaises qu’il garde en mémoire. Entrain purement théâtral, forcé pour assurer le spectacle. Le cœur se pince néanmoins en le trouvant recroquevillé dans un coin, dans un état lamentable. Dévotion extrême qui croule sous les couches de ressentiment, trouve le moyen de revenir à la surface agitée. Il s’efforce aussitôt de l’ignorer, de la noyer dans la bile que son estomac n’a pas digéré. « - Tu dois avoir faim. Toi, ou la créature, si tu veux continuer à te leurrer. » Il le susurre cruellement en bas des marches, s’écarte de l’enveloppe avachie. Le gibier se réveille le nez dans la poussière, en gémit de douleur. L’épiderme écorché juste ce qu’il faut pour attiser la convoitise de la bête. Lui faire renifler son sang. « - T’es enfin prêt à présenter des excuses ou tu campes sur tes positions ? » La langue claque rudement contre le palais, la voix polaire gronde. Dernière chance pour le captif. Ultime opportunité offerte sur un plateau d’argent. Admettre ses torts et quitter sa caverne sans encombre. Proposition plus que généreuse qui ne tient que pour une poignée de secondes. Ses sphères d’acier rivées sur la silhouette malingre, meurtrie. L’odeur de renfermé le prend à la gorge, rance et infecte. Pièce abandonnée, dans son jus depuis des années.
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moments before the storm ϟ asbjörn - Mer 13 Fév - 16:58



Bousille la rétine, la lumière synthétique qui envahie la pièce. Trop crue pour ses pupilles fragiles, les paupières qui se ferment plus fort encore mais ça n’empêche pas la brûlure, l’impression horrible que des sales doigts s’enfoncent dans ses yeux pendant que d’autres lui tirent le nerf optique. Nouveau problème accompagnant sa nouvelle nature, ne supporte plus la lumière, un comble pour un gamin qui a toujours vénéré le soleil. Nez en l’air, bras en Christ de pacotille, droit sur le sable des plages ayant bordées son enfance et son adolescence, à offrir son petit corps maigrelet aux rayons tièdes. Coup de soleil sur la carne maintenant, lui qui n’en avait jamais eu de sa vie. Il couine dans son coin, se recroqueville encore plus comme si le geste seul pouvait lui permettre de fuir la lumière. Eteins-ça pitié. Il s’entend le dire, sent ses lèvres bouger mais seul un feulement mauvais s’en extirpe. Trachée serrée, crispée, asséchée, fauve qui râle son inconfort dans un son tout droit venu de sa poitrine. Menace du prédateur en plein éveil, la voix envahissant l’air lui vrille les tympans. Gueule trop fort pour qu’il le supporte après tout ce silence. Mains sur les oreilles à présent, quenottes qu’il serre à faire pulser la douleur dans ses mâchoires. Et le dernier claquement de langue agit comme un coup de fouet. Foutu gifle dont la douleur se ravive sur sa joue, les bagues qui tintent sur le sol lorsqu’il y plaque sa main. Gémit plus fort, pétard de gêne dans son bras bousillé, tentative pour se redresser lui donnant des airs de poupée fracassée, vieillard brisé, à mille lieux du corps félin. Le cul contre le sol rêche, dos contre le mur et une main en visière pour protéger ses yeux. Il ne voit rien, seulement des formes floues, paupières mi-closes et les pupilles qui se rivent sur ses genoux, le temps que la vision s’arrange.

« - Pourquoi je devrais m’excuser ? Pour la gifle ? Pour t’avoir écrasé les couilles ? Enfermé là-dedans comme une pauvre merde, à te laisser mourir dans le noir ? Hein ? Pour quoi ? » Grondement funeste dans le timbre, des brides d’hystérie furieuse pointant leurs nez. Craque sans rempart, à péter les barrières érigées autour de son petit cœur à grands coups de pieds. Parce qu’il sent que tout se casse la gueule, pour de bon. Qu’ils sont en train de signer l’arrêt de mort de ce qu’ils avaient. Cette anomalie contre-nature et pourtant sublime. L’âme arrachée, il se sent vide Ariel. Morceau de lui le plus précieux que l’autre piétine sans même sans rendre compte. Ou alors il le fait exprès. Geint plus fort à s’agripper la tignasse, se plier en avant jusqu’à toucher ses genoux de son torse. Pauvre petite chose… Sale rat, pleure encore et tu t’en prendras une autre. Laisse ta mère, elle n’est pas là pour t’aider, grandis un peu Yngvarr, fais honneur à ton nom… La voix se fracasse en vague dans son crâne, rend fou l’être déjà proche de la cassure. A pleurer du vide, du rien qui sort de ses yeux secs, plus de larmes pour le père. Crise de nerfs à lui donner mal aux côtes, respirer en supplice, il inspire comme un asthmatique et se redresse brusquement. Cogne son dos contre le mur mal dégrossi, cherche des yeux la silhouette du frère, remarque à peine la seconde affalée par terre.

« - Tu l’aimais tant que ça ce connard ? Au point de tout foutre en l’air pour le venger ? Que je te déteste au lieu de t’aimer ? Je suis revenu pour toi espèce de… » Fin de phrase qui s’étrangle dans le gosier, l’inconnue à l’équation s’invite dans son champ de vision. « - Qu’est-ce que tu fous ? Pourquoi il est… » Et il comprend Ariel, avec une horreur qui se pose sur son visage soudain pâle. A esquisser un sourire tordu, affreusement crispé, tout comme ses doigts qui s’agrippent à son pull. Will dont la seule erreur aura été d’avoir partagé quelques émissions de radio avec lui. D’avoir voulu arrondir ses fins de mois en faisant usage de son physique comme d’autres se verraient serveurs au McDo. Pour l’avoir touché et fait ronronner sous ses doigts. « - T’es complètement taré… Un foutu psychopathe. C’est ça la suite du plan ? Eliminer toutes les personnes qui gravitent autour de moi pour te laisser le champ libre parce que tu le supportes pas, que je te glisse entre les doigts ? » S’arrache de sa gorge, il ne crie pas pourtant, à peine un ton plus haut que la normale mais c’est tout comme, calme mortel quand la tempête hurle sous la peau. Transcendé par sa douleur, la rage qui fuse dans les veines, encore une fois, Ariel se lève. En appui contre le mur, collé comme s’il pouvait disparaître à l’intérieur. Pour éviter ce qui se trame, cette odeur qu’il sent et qui s’inscrit jusque dans les tréfonds de son être. Pas ça, c’est pas réel, juste… Contrôle toi.

« - Je m’excuserais pas pour ce que j’ai fait, jamais. Plutôt baiser sur sa tombe que de m’abaisser à un truc pareil. Tu peux courir Asbjörn si tu espères m’entendre geindre ce genre de connerie. » Ricane dans un écho infect de tout son ressentiment, maelstrom fou fracassant tout sur son passage. Le frère et le père, les deux dans un même être façonné par sa haine. Le monstre de ses cauchemars. Et il évite de regarder l’homme à terre, l’ami sacrifié sur l’autel de la jalousie. Ne pas le voir, c’est se dire qu’il n’est pas là. L’ignorer au mieux malgré les effluves qui lui retournent le ventre, l’attirent irrémédiablement, ça se lit sur son visage aux traits tirés. L’index se lève, tapote sa joue, petit sourire enjôleur. Faussement. « - Sympa ta gueule, tu m’oublieras pas au moins quand tu te regarderas dans le miroir, chanceux, tu m'auras toujours avec toi… » Miel d’acide sur les lèvres, fusille le géant à distance et ses doigts qui s’enfoncent dans le mur, grincent les ongles contre le crépis pourris. Il recule d’un pas, se protège de tout et de rien à la fois, sa respiration qui s’accélère malgré lui, délicieusement affolée. Pente glissante de son self-control en train de dévaler joyeusement l’abrupte colline, bouffe l’herbe et la terre avec. Marre de sang à l’arrivée, tête la première dedans.

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moments before the storm ϟ asbjörn - Dim 17 Fév - 18:11

La silhouette rabougrie se ratatine, semble vouloir disparaitre derrière ses doigts tremblants. Le tyran l’a rarement vu dans un état si lamentable. Il lui en faut des océans de volonté, pour rester impassible. Pour noyer l’envie de tout arrêter, de renoncer à sa misérable vengeance. Ou ce qu’il en reste désormais. L’acte final qui ne lui rendra ni son géniteur ni la confiance qu’il vouait à son frère. Mais il demeure bien incapable de faire marche arrière en dépit des douleurs qui tailladent le thorax. Eclats de balles invisibles qui perforent le forcené de part en part. L’ego démesuré écrase tout sur son passage, son cœur y compris. Le rouleau compresseur déterminé à poursuivre l’inexorable destruction. Il laisse la crise d’hystérie passer, attend que le captif réalise la présence de son compagnon d’infortune. L’écoute gémir, se lamenter, protester. Contester un comportement qu’il juge sans doute arbitraire, une sanction qu’il estime probablement démesurée. Patiente jusqu’à voir l’effroi se peindre en lettres écarlates sur le teint diaphane.

Je suis revenu pour toi. L’affirmation blesse, affreusement. Le déroute l’espace d’un instant. Poids effroyable des mots qui pourrait le faire sombrer, couler vers le fond. Echos de détresse qui sonnent comme un glas. Le palpitant emmêlé dans ses propres filets meurtriers, écorché vif par les récifs. Gamin capricieux et irritant qui représente sa pire faiblesse depuis longtemps. Capable de tout lui pardonner, de tout accepter pour lui. Amour dément qu’il ne peut pas contrôler. Monstrueux et sans limite. Tordu et cruel. Façonné à leur image, entretenu par les braises qu’ils y jettent. Malsain et écœurant. « - T’aurais pas eu à revenir pour moi si t’étais pas parti en premier lieu. » La logique se veut implacable, dénuée de compassion. Il a trop souffert de son départ pour se contenter d’un retour au bercail. Pour éclipser le temps perdu à dépérir sans qu’il soit à ses côtés. « - T’en as eu quelque chose à foutre toi de tout foutre en l’air, de me foutre en l’air ? Il n’a jamais été parfait, il était surement même pas digne d’être aimé, mais ça restait mon père. » Cet attachement-là non plus ne s’explique pas. Il est simplement là, inscrit en lui depuis sa naissance. Poison qui circule dans ses veines depuis toujours, et dont il n’a jamais pu se défaire en dépit des déceptions. Son sang, sa famille. Qu’importe que Lars l’ait mérité ou non.

Un foutu psychopathe. L’esquisse d’un sourire moqueur se glisse sur ses lèvres, presque flatté du compliment. Une évidence depuis près d’une décennie. Depuis qu’Ylva et sa fille sont parties, ne font plus office de garde-fou. La digue mentale a cédé, a précipité sa piètre carcasse dans les géhennes. Les démons n’ont pas tardé à s’y ruer. Dévorer les organes, la carne et les os. Nécrosé jusqu’à la moelle par l’abomination. « - Je m’assure que tu ne meurs pas de faim voyons, pas la peine de t’emballer. » Il le susurre, parfaite alliance de sadisme et de séduction factice. Mauvaise foi vibrante et foutage de gueule en règle. « - Si c’était mon intention, j’aurais commencé par quelqu’un de plus important que ça. » Il n’en est pas encore là. Il tolère plus qu’il n’accepte la concurrence toutefois. Joyau précieux qu’il ne peut garder à l’abri de la lumière. Jalousie écrasante forcée de ployer, de s’accommoder des autres rapaces, des rivaux. Ceux qui picorent des miettes d’un cœur qui ne devrait appartenir qu’à lui. Ceux qui s’approprient les courbes affriolantes, souillent un empire où il devrait régner en unique maître. Il s’est fait plaisir en choisissant une proie amie et amante du rouquin, mais il est conscient qu’il est loin de pouvoir faire le vide autour du prince. Ils sont trop nombreux à le chérir. Pour ce qu’il est, ce qu’il offre ou ce qu’il vend. « - Comme si t’étais si scrupuleux. Baiser sur sa tombe ou autre part, je vois pas où est le sacrifice pour toi, tant qu’on allonge les billets verts. Ou qu’on te filme avec ton consentement, puisque c’est ainsi que tu prends le mieux ton pied. » Crachats méprisants, emplis de ressentiment. A être surpris qu’il ne l’ait pas déjà fait. Baptiser la tombe du patriarche, achever de salir son honneur, sa mémoire. A s’en bousiller la chair et les reins sur le marbre froid, dans un raz-de-marée bouillant. A en faire se retourner le cadavre dans sa tombe.

Machinalement, les phalanges viennent gratter la joue, la barbe naissante. Joli minois retrouvé après quelques heures passées à barboter dans l’eau salée. Cure de jouvence qui n’a néanmoins pas pu faire des miracles avec la trace de ses griffes. Odieuse balafre qui renforce son aura ténébreuse. Pas besoin d’une cicatrice pour que tu sois toujours avec moi. Déclaration honteuse qu’il se garde de prononcer à voix haute. Ravale et rumine seulement en son for intérieur. Il l’a dans la peau l’argentin, gravé sur chaque parcelle, sur la moindre couche d’épiderme. Fer rouge dont la brûlure ne s’éteint jamais vraiment. « - T’es fier de toi en plus. » Constat amer alors qu’il s’approche du gibier à terre, dans les vapes. Lui assène un coup de pied dans les flancs pour le faire rouler doucement vers l’oupyr. Les râles d’affliction se répercutent contre ses tympans. Le pauvre lapin tente de se redresser sur ses pattes pour prendre la fuite, sans succès. Vaincu par la faiblesse de ses membres, sans doute brisés à divers endroits. « - T’as pas faim, Yngvarr ? Tu te sens de résister quelques jours de plus là-dedans ? » Les rétines polaires viennent poignarder celles du cadet, rongées par le défi. Jeu risqué qu’il tente, au risque que le vampire opte pour une cible différente. Lui arrache la jugulaire dans une impulsion funeste. Déchéance qu'il est prêt à sceller si tel est son souhait.

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moments before the storm ϟ asbjörn - Mar 19 Fév - 15:11



Envie folle de se boucher les oreilles et de faire taire les bruits gênants. S’enfermer dans son propre corps et ne plus en sortir. Plaidoirie qui le détruit, l’égoïste qui ne supporte pas de deviner une telle adoration chez son aîné. Pas après l’enfance merdique qu’il a eu, à pouvoir compter ses éclats de rire sur les doigts d’une main, peut-être deux, quand ses crises de larmes en solitaire se comptent à la pelle. Il a vu en Lars un père, les premières années. Pas longtemps, petit cerveau trop lucide pour rapidement se rendre compte que l’homme ne serait jamais ce qu’il espérait. La relation père-fils s’est arrêtée avant ses treize ans. Ou peu de temps après il ne sait plus. Il lui suffirait de se replonger dans ses anciens carnets pour trouver la déchirure, le moment où le ton d’écriture a changé pour basculer dans quelque chose d’affreusement plus sombre. Mélancolie funeste qui ne l’a plus quitté depuis. Trop jeune pour être si défait, malheureux comme un de ces jours de pluie maussade qui lui donnait envie de se fracasser le visage dans une vitre et en mourir sur l’instant. « - Se vider les couilles entre les cuisses d’une femme ne fait pas d’un homme un père. » Qu’il lâche dans un ricanement acerbe, rictus mauvais sur les babines qui se retroussent, dévoilent les quenottes. Et il hausse une épaule, faussement théâtral, l’insolence ancrée au corps comme un repère pour ne pas s’effondrer totalement. « - T’étais déjà foutu avant même que je ne pense à lui souffler de se faire sauter la tête. Par ma faute ou celle des autres, t’étais déjà foutu. » Ne parlera pas de l’épouse et de la fille disparue, il le déteste de tout son être mais s’impose encore des limites que le fourbe franchit pourtant allègrement. La différence entre toi et moi, Asbjörn, elle est là.

« - Arrête, ferme-la. Pour ce que tu en as faire de ce qu’il me faut ou non. » Sa voix tremble, se démolit sur les récifs de ses tourments. Menton qui frémit, ravale le venin qu’il brûle de lui cracher à la figure, s’en mord la lèvre et se crispe plus fort encore. A sentir le moindre de ses muscles devenir douloureux, s’ancrer dans sa souffrance pour ignorer tout le reste. Se focaliser sur le démon qui le toise, pour ne pas se laisser distraire par l’homme à terre. Et ça fonctionne, la bile que l’aîné crache est suffisante pour le maintenir à flots. Contraindre l’oupyr à ne voir qu’une seule proie. Une unique victime, parce qu’elle connait le goût de son sang. Dans la mémoire de sa langue comme la saveur de sa peau, lui dans son entier à jamais inscrit en lui comme une odieuse évidence. Carmin divin à lui retourner le cœur dans un chavirement de plaisir dément. Tanguer les reins et faire basculer la raison dans un doux océan de folie furieuse. Il en salive presque, le monstre, à lorgner dangereusement en direction de la gorge, deviner les veines qui y palpitent, gorgées de sang par la haine qui pulse sous la peau pâle. Juste un peu… Pas certain de pouvoir s’arrêter avant le drame et c’est ça qui lui fait le plus peur. Qu’importe la proie, c’est le résultat qui le tétanise et l’oblige à continuer cette joute ridicule. Tirer à balles réelles et souffrir des impacts lui trouant la poitrine plutôt que de céder.

« - C’est quoi que tu digères le moins bien dis-moi ? Sa mort ou ton larbin qui s’expose aux yeux de tous sans que tu ne puisses rien y faire ? Ca te fait mal, pas vrai, que je puisse prendre mon pied contre d’autres reins que les tiens ? » Et ça lui fait du bien, à lui, petit égoïste, de savoir que l’autre enrage, ne supporte pas le partage. Désirable désiré, inaccessible et n’appartenant pourtant qu’à un seul. Trop aveuglé par sa jalousie pour seulement s’en rendre compte. « - Je ne t’appartiens pas, paie si tu veux obtenir la primeur et l’exclusivité, je me ferais un plaisir de te faire plaisir. Sans ça, tu n’as aucun droit sur moi. » Susurre l’injure, séduction corrosive en éclat sur les lèvres au sourire de diable. Enjôleur, jure avec le froid glacial tuant peu à peu le soleil dans ses yeux. S’abime dans l’instant, Ariel qui s’éteint à mesure que l’évidence le prend à la gorge. « - Tu n’as pas idée. » Minaude avec l’innocence factice d’un gosse. Celle qui se fige et fout le camp lorsque le coup s’abat sur le corps de Will. Le pousse dans sa direction. Effluves sanguines à lui labourer les veines, il feule sans même s’en rendre compte. Visage tordu par l’instinct prédateur, ça s’accélère dans sa poitrine. Tambourine à mort contre les côtes, et il esquisse un pas dans sa direction. L’humain poussé en avant pour venir en aide à l’ami en danger. Se ravise un instant puis abdique. S’agenouille, pose doucement ses mains sur l’épaule de l’homme qu’il sent brisé sous ses doigts.

« - Casse-toi. Va crever, merde. Dégage… » Qu’il crache sans un regard vers l’aîné. Le timbre vibrant de rage, brisé sur les notes d’une peine qui lui laboure la raison. Se penche en avant jusqu’à poser son front contre l’épaule, sentir la respiration déjà fébrile. Presser la chair sous ses phalanges, geste de réconfort, murmure alors à l’oreille lorsque vrille la raison. Prédateur prenant le dessus sur l’humain, enterrant l’humanité dans une tombe éphémère. Douceur dans les gestes, à caresser du bout des doigts le visage pâle qui se tourne vers lui. Je suis désolé, tellement désolé. Ses lèvres bougent, libèrent les mots silences qu’il ne parvient pas à prononcer tant il souffre à l’intérieur. Ravagé par tout ce qui l’étouffe. Sa haine et sa peine. Sa rage et ses remords. La souffrance irradiant les traits lorsque les lèvres frôlent la gorge, doigts dans la tignasse pour soutenir le corps, pencher la tête et dégager le cou. S’offre et rend les armes dans un soupir contre la peau, les quenottes s’y plantent, s’enfoncent jusqu’à percer la veine en-dessous. Le sang qui effleure la langue à faire gémir la créature d’un plaisir fourbe.

Freins pétés, la première gorgée est la pire. Prémices d’une fin qui s’invite dans les remous carmin qui dégringolent dans sa trachée. Et la pupille brûlante d’une fureur assassine se relève pour venir s’ancrer à celle du frère. Regards assassins qui se crèvent l’un l’autre et le géant qui tourne le dos. Se tire sans un mot, visage de fer gravé à la rétine. Et il signe la fin de la captivité, la porte ouverte sur le charnier. Cimetière des cœurs à l’agonie, le sien qui tambourine à tout rompre à mesure que le sang lui dégringole dans le gosier.  
Tu le regretteras.
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