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pezzo capriccioso (artyom)

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pezzo capriccioso (artyom) - Lun 18 Mar - 22:15

ARTYOM
&
FYODOR
SING ONCE AGAIN WITH ME OUR STRANGE DUET, MY POWER OVER YOU GROWS STRONGER YET
Les trompettes éclatent.
Avec deux temps d’avance.
La discordance entre les cuivres et les percussions est manifeste (elle l’est en tout cas au moins aux oreilles de Fyodor). Il tend une main exaspérée vers les instruments à vent, laissant les violons en autonomie totale pendant quelques secondes, et leur fait signe d’atténuer le rythme. Ralentissez, bon sang, attendez les tambours. Face à un tel entêtement musical, et dépravé par le supposé impeuplement de la salle, il s’autorise ces mercuriales vocalisées qu’il abhorre habituellement. Le rôle du chef d’orchestre est fondamentalement muet ; un démiurge silencieux qui manoeuvre des poupées de son, dociles et grégaires. En théorie. L’harmonie tant désirée lui glisse entre les doigts, se refuse à sa supervision et se révolte, préférant aller agoniser entre les hiatus qui désaccordent les différents instruments.
L’eurythmie se rétablit finalement. Quelques mesures avant la fin.
Le délayage du charivari a crispé ses muscles, fait siffler ses tympans. Ses mains tremblantes se reposent sur son pupitre, après avoir signé la conclusion de la suite d’une astriction du poing. L’écho indéfini de la cymbale flâne encore dans l’air, et lui-même siffle rapidement. Derrière le lutrin d’ébène, il assiste à la médiocrité des musiciens comme on assiste à une exécution ; avec dégoût, une légère tension des muscles et une fascination certaine pour la présupposée ignominie du spectacle. Bolkonsky le névrosé, Bolkonsky le perfectionniste, Bolkonsky qui s’agace des bégaiements de ces répétitions, qui trépigne, qui méprise. Je ne comprends même pas comment on peut avorter une harmonie élémentaire comme celle-là. Ce sont les tambours qui donnent le départ de votre mesure, bon sang — comment est-ce que vous pouvez être en avance sur votre -… Un claquement qui résonne.
Puis un deuxième. Et de trois.
Et Fyodor comprend ; ce n’est pas une suite arbitraire de clappements. Quelqu’un applaudit. Sa première réaction, le sentiment instinctif qui le fait se crisper de premier abord, est un agacement quelque peu condescendant ; comment peut-on porter aux nues un tel échec acoustique ? Ce n’est qu’alors qu’il se retourne que l’impatience ne se mue en incompréhension.
Comment qui que ce soit aurait pu rentrer dans l’auditorium fermé au public ?
Pourquoi qui que ce soit voudrait rentrer dans un auditorium fermé au public ?

Une silhouette entre deux rangées de sièges (droite, et pourtant terriblement nonchalante). Le coeur de Fyodor plonge dans ses bottes. Un spectre, un démon dans le couloir ; et son visage devient livide, en adéquation parfaite avec la peur qui le prend aux tripes ; l’appréhension qu’il doit ressentir. Une obligation plus qu’un instinct. Et ses lèvres miment le prénom défendu — Artyom.
Ce n’est pas la première fois qu’il le revoit. Son ancien supérieur se fait en permanence un plaisir malsain de le traquer, de le prendre au dépourvu jusque dans ses retraites les plus sures. De traîner les lémures d’un passé indicible et incisif jusqu’au pied de son lit. Vous n’avez pas à être ici. Qu’il lance d’une voix qu’il espère contrôlée, en se passant une main dans ses cheveux décoiffés par l’effervescence de la suite de Stravinsky. Les limbes d’un vieux réflexe, qu’on lui a appris au biberon ; toujours avoir l’air impeccable devant le Pakhan. Ne pas avoir l’air négligé, protéger cette image de la glaciale apathie slave. Fedya n’a jamais su se plier à cette vieille lune traditionaliste ; les nerfs en ébullition, au bord d’un éclatement systématique, sa fièvre ontologique a toujours été une entrave évidente à ses capacités de stratège. C’était, du moins, ce qu’il lui disait.
Artyom.
Fyodor reste où il est, dans un espoir secret et vain que Kozyrev en fera de même. Qu’il tournera les talons, se rendra compte de la vacuité de son entreprise ; qu’il ira vaquer à des occupations plus prolifiques. Mais il sait que ce n’est pas comme ça que l’histoire doit s’écrire ; Artyom ne peut qu’avancer, que marcher sur la capitale assiégée de ses convictions utopiques.
Eh bien, la guerre.
CODAGE PAR AMIANTE
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