Tu soupires, un doux sourire aux lèvres malgré tout en pénétrant à la suite de Micah dans le casino où il t’a traîné sans aucune honte. Tu n’as vraiment pas l’habitude de ce genre de lieux, à des années lumières de ta petite vie de fleuriste de quartier. Ainsi, il n’y a sûrement rien de mieux pour oublier et te détendre l’espace d’une soirée. Oublier qu’Hibiscus ne t’aime pas et qu’il en préfère un autre qui se trouve être ton ancien meilleur ami… On se croirait dans une série télé mal fichue, mais non c’est bien la réalité. Ta réalité. Et t’es bien obligé de faire avec.
Et une fois n’est pas coutume, t’as même fait un effort vestimentaire pour l’occasion sur les demandes… Insistantes de Micah. Tu souris en écoutant le blond aux cheveux bouclés qui semble surexcité, le laissant déblatérer comme à ton habitude. De toute façon même si tu le voulais tu ne pourrais pas en placer une ! Et ça te convient très bien comme ça, c’est pour ça que tu l’adores après tout : t’as pas besoin de parler quand tu es avec lui. Tu profites de sa diarrhée verbale pour observer les lieux. Eux aussi sortent de tes habitudes mais tu trouves la décoration plutôt sympathique même si le rouge semble omniprésent. Après tout c’est un choix comme un autre.
C’est une voix féminine qui se fait entendre à proximité qui te sort de tes pensées. Surpris, tu regardes la nouvelle arrivée. Jeune femme séduisante aux cheveux de feu. Tu esquisses un sourire poli pour la saluer, comprenant rapidement qu’elle s’adressait à ton ami qui te regarde désormais « -Je sais que t’aime pas trop jouer Sol donc… Je fais quelques parties et je te rejoins après ? ». Bah voyons ! Sa réaction ne t’étonne pas, à vrai dire tu t’y attendais. Vous êtes venus à deux et tu te sens un peu comme un poussin perdu tandis que le blond se rapproche plus du poisson dans l’eau. « -Bien sûr t’inquiètes pas, je ne suis pas en sucre ! ». Tu attends qu’il se soit éloigné de quelques mètres pour dire à la jeune femme, l'amusement surpassant ton côté peu bavard. « -Je crois que vous avez créé un monstre. ». La politesse toujours présente dans tes paroles au point qu’on te prend parfois pour un anglais. Cliché pourri d’ailleurs. C’est cette même politesse qui te pousse à te présenter avec un sourire léger « -Au fait je m’appelle Sol. ».
Tu souris et hoches la tête à son attention. Tu es étonné de la voir dans son propre casino, persuadé que les patrons de ce genre d’endroits étaient bien souvent cachés dans leurs bureaux. Mais bon, tu pensais aussi que les propriétaires de casinos étaient tous des hommes dans la cinquantaine qui géraient un empire financier, comme quoi les clichés avaient parfois bon dos. Car la jeune femme face à toi, Nastya, défie tous les clichés du genre. Tu es un peu timide, non pas à cause de son statut mais plutôt car, malgré ton cœur en or, tu ne sais pas toujours comment gérer les nouvelles rencontres. Tes dents viennent rejoindre ta lèvre inférieure en un léger mordillement de quelques secondes, dénotant ton stress de manière visible. De plus le bruit ne t’aide pas forcément à calmer une anxiété encore légère mais qui pourrait bien dégénérer très vite, tu en as déjà eu la preuve à de nombreuses reprises. Tu finis par t’adresser à la rousse « -Est-ce qu’il y aurait un endroit un peu plus calme ? ».
Certains pourraient voir un sous-entendu dans cette phrase pourtant il n’en est rien. Tu aimerais juste pouvoir t’asseoir tranquillement mais tu n’oses pas avancer seul, un peu intimidé raison pour laquelle la présence de Nastya à tes côtés t’arrange bien. Tu as simplement à la suivre, rien de plus, simple comme bonjour non ? Une volonté d’animer la conversation pour ne pas se retrouver face à un silence gênant éclos en toi. De manière générale tu n’es pas très bavard et tes proches s’en accommodent plutôt bien mais tu détestes ces blancs chargés de gêne. Et pour une fois, c’est ta curiosité qui te vient en aide. « -Vous avez l’air jeune… Comment vous-êtes vous retrouvée propriétaire d’un casino ? ». On sent dans ta voix une curiosité sincère et un désir d’en savoir plus, dénué de jugement. Même si tu dois t’avouer assez impressionné, ce qui se ressent dans ta voix. Micah t’as expliqué que ce casino était très prisé des jeunes et sûrement assez rentable. Et tu songes alors que si le tout est géré d’une main de maître par la femme face à toi, elle doit être un génie. Ou une excellente directrice. Tu aurais sans doute beaucoup à apprendre de Nastya en matière de gestion mais tu n’es pas venu pour ça et tu ne tiens pas à importuner la jeune femme. Alors tu te contentes d’être impressionné et curieux.
Tu adores l'atmosphère dès que tu poses un pied dans ce lieu. Le contraste avec la pièce précédente, emplie de joueurs et de bruits n'y est sans doute pas pour rien. Tu es tellement plus à l'aise et détendu dans cet endroit calme dont la noirceur n'est déchirée que par quelques néons placés à intervalles réguliers. Et c'est absolument parfait ainsi. Tu opines légèrement aux propos de Nastya, un peu distrait par la pièce que tu es toujours occupé à observer. Néanmoins tes yeux reviennent rapidement se poser sur elle tandis que tu ne peux réfréner un élan de curiosité. Et tu ne peux nier que la réponse qui t'es apporté ne te rend que plus curieux en plus de t'étonner. Tu te serais attendu à un lègue familial ou autre. Peut-être que ta propre histoire t'influence un peu trop pour le coup. Sûrement même. "-Vous étiez seulement joueuse ou vous travailliez déjà dans ce domaine ?". Question sortie sans pensée préalable et passablement stupide tu dois l'admettre.
Après tout quel est le pourcentage de chances pour qu'un propriétaire ai légué son casino à une simple joueuse, même assidue ? Probablement infime. "-Je suis désolé ma question était sûrement un peu stupide.". Tu lui adresses un léger sourire d'excuse devant ta propre maladresse, espérant que la jeune femme ne t'en tiendra pas rigueur. Il faut dire que tu es plutôt du genre casanier et l'univers de la nuit, que ce soit les casinos, les boîtes de nuits ou les bars, ce n'est pas forcément ton truc en bon solitaire amoureux des plantes que tu es. Sans doute pour ça qu'elle t'intéresse autant, que tu ne peux réfréner ta curiosité et tes questions qui doivent finir par en être gênantes. Tu finis par affirmer d'une voix un peu hésitante "-Surtout n'hésitez pas à me le dire si mes questions vous gênent, j'ai tendance à m'emballer quelque peu quand on fait appel à ma curiosité. Et il faut croire que vous l'intéressez fortement !". Un rire un peu nerveux mais aussi amusé par la situation passe alors la barrière de tes lèvres.