Comme un vautour ou un monstre, ce n’est que la nuit qu’il se permet de sortir. Toujours cette peur d’être suivi, cette paranoïa qui le maintient en vie. Le motel a été quitté pour un autre, Salome toujours a ses côtés. Sa fille, son amour, il ne peut la laisser seule, en danger, surtout que maintenant elle sait tout de qui il est et de ce qu’il fait. Agent secret qui ne l’est plus, mis de côté par un gouvernement qui a compris le danger que c’était, de mettre autant d’information chez un seul homme. Encore plus quand cet homme est aussi brûlant qu’Èliakim Reiss. Un feu qui dévore tout, se fichant bien du danger et surtout des braises qui laissent allumer derrière ses pas. Èlia est intelligent, beaucoup trop pour sa survie, il pense tout maitriser et c’est souvent le cas, sauf quand les dieux rentrent dans l’algorithme. Sauf quand lui n’est qu’humain et que ses talents ont une fin.
Il est tard quand Èlia sort du petit bar de siren alley où il a l’habitue de trainer pour choper des informations qui peuvent lui permettre d’avancer. Faire tomber les dieux, il continue d’y croire, a mis de côté sa mission officielle, se contre fous à présent des mafias. Les divins, les créatures, ce petit monde qu’il abhorre et qu’il veut voir au sol pour une bonne fois. Il a entendu les rumeurs, sur des rassemblements d’humains qui ont compris l’existence des récurrences. Il tente de les approcher, de trouver un contact pour s’y engouffrer. Il aurait tellement a leur apporter et le nombre lui permettrait de faire de ce combat perdu d’avance, une vraie guerre. Un champ de bataille où l’égalité serait réelle et pas seulement dans leurs esprits étriqués. La veste sur les épaules, le regard vif malgré les cernes, c’est un bruit étrange qui l’arrête dans sa course. Des craquements qui proviennent de la ruelle à sa droite. Dans le silence de la nuit, alors que l’hiver bat son plein et que le coeur est attentif au moindre éclat, Èlia sait qu’il ne se trompe pas. Qu’il y a bien quelque chose dans le noir. Le sig sauer empoigné, les pieds progressant dans la ruelle, l’homme est aux aguets, tout comme la curiosité. Les bruits se font plus forts et plus que les craquements, c’est une succion qu’il semble entendre, comme un bébé sur son biberon. L’arme relevée, la petite lampe visée dessus s’allume immédiatement et… un corps. Un corps ensanglanté. Et plus de bruit. Et les marques si reconnaissables. Et les muscles qui se bandent, sachant qu’un oupyr va l’attaquer.
Silence dans la rue, les pieds avancent prudemment, les yeux droits comme cherchant une silhouette sauvage qui pourrait lui arracher la tête d’un coup de quenotte bien ciselées. Il a envie de regarder au sol, de se rapprocher du corps, de vérifier le pouls, de voir si l’adolescente dont les traits innocents lui rappellent sa Salomé respire encore. Mais il hésite Èlia, sachant pertinemment qu’un coup d’oeil autre part, et c’est la mort assurée. il est doué mais n’a pas de pouvoir lui, rien qu’une arme et un esprit affuté. Il est doué mais pas éternel, pas capable de résister face à des attaques divines. Alors il s’avance quand même, reste la tête haute et le sig sauer prêt à tirer s’il le faut. Tant pis pour le bruit, au pire il sera arrêté et peut-être que la NSA acceptera cette fois-ci de le sortir de cette merde qu’est Arcadia. La silhouette se baisse, pas les yeux, et d’une main, la carotide est atteinte, la pulpe des doigts écoutant si battement il y a. Et il le sent, le coeur battre, lentement, très lentement sous son index. Elle est en vie, il n’a pas beaucoup de temps à perdre s’il ne veut pas qu’elle meurt à côté de lui. Alors tant pis pour sa protection, les yeux flanchent et la paume appuie brutalement sur la plaie qui continuer de saigner. Il faut maitriser le flux, il faut faire un garot, il faut… Je sais que vous êtes là…. Et ce que vous êtes, oupyr. Peut-être que l’utilisation du terme inconnu de la majorité de la population du monde saura intriguer la créature nocturne. Qu’elle lui laissera une chance de sauver la gamine avant de l’attaquer et de vouloir se sustenter sur lui. Et il n’attend pas la réaction Èlia, pose son arme sur le ventre de la jeune femme, retire sa ceinture de la main libre et commencer à l’enrouler difficilement autour du cou. Ne pas l’étouffer mais serrer assez fort pour contenir le flux sanguin. Ça ira pour quelques minutes, le temps qu’il appelle les secours et qu’il se barre. L'arme est récuperée. Montrez vous ! qu’il sache au moins à qui il a faire physiquement, avant de l’attaquer et de tuer le monstre de la rue.