Matinée chargée, mais Augustin se sent plutôt détendu. La visioconférence avec le siège en Italie s’est bien passée, il a donné deux trois chiffres pour sa région et puis n’a pas trop eu l’occasion de dire grand-chose d’autre – même si ce genre de réunions traîne en longueur et en blablas. Il n’avait pas trop la tête à ça, il faut dire, entre ces leaks qui sont sortis il y a peu et les récents développements dans sa relation avec Alan. Sans parler ce ce nouveau pouvoir qui lui fatigue l’esprit. C’est beaucoup de chamboulements, mais tout n’est pas à jeter, loin de là. Et puis des changements, il en a vécu des bien pires – il suffi juste de prendre du recul et de prendre le temps de s’adapter. C’est un peu étrange, d’en arriver à ce constat. Peut-être que même à cinquante balais on continue de grandir. Voilà le genre de phrase qu’il faudrait écrire dans les chocolats papillotes de Noël, tiens.
Un rendez-vous un peu particulier l’attend avec Madame Fjalarsdottir. Un nom pas très facile à prononcer, il faut l’avouer, mais Augustin évitera d’avoir à le dire tant qu’il le pourra. C’est Alcide qui lui a demandé de voir cette mère de famille qui a apparemment fui la Bratva et qu’il protège. Le Don lui a raconté l’histoire sans rentrer plus loin dans sa relation avec elle – mais ne maîtrisant pas très bien sa télépathie, il a cru ressentir qu’il y avait un peu plus que ce qu’il lui disait. Sinon pourquoi prendrait-il des risques pour une simple inconnue ? Enfin, il n’a pas à faire le curieux – même s’il l’est – et ce ne fut pas difficile de le convaincre : il sait avoir beaucoup de défauts mais tout le monde apprécie de rendre service à un ami, et puis il lui a assuré que Madame Fjalarsdottir avait un porte monnaie plus que bien rempli. Et l’argent à ne plus pouvoir le compter, ça Gus ne peut y résister.
Il entre dans son bureau avec le sourire, son attaché-case dans la main (quasiment vide, c’est pour le style). Karen lui a dit avoir accompagné son invitée directement dans son bureau et il constate qu’elle n’est pas seule – une poussette et un petit aussi roux que sa mère. Et d’après ce qu’il voit, elle en a un autre en route – voir même peut-être deux ? Le cerveau bouillonne et l’esprit se projette, renifle ses pairs et Augustin essaye de se forcer à fermer les portes. Il serre la main de la maman et comprend d’office pourquoi Alcide tient à la garder en vie. C’est qu’elle d’une beauté rare et presque exotique. Sans parler de cette aura qui brille à lui en faire mal aux yeux. « Enchanté de vous rencontrer, Mad- Annalisa. » Sauvetage au dernier moment, un peu perturbé par la découverte de la jeune femme et son esprit qui s’emballe dans tous les sens, les pensées des petits, les inquiétudes de la mère – même avec les conseils de Zelda, il a encore du mal à maîtriser. « Absolument pas. Je vous en prie, appelez moi Augustin. » Oui, parce que bon il ne veut pas non plus passer pour un impoli à l’appeler par son prénom si elle ne le fait pas.
Il lui indique de se rasseoir, contourne son bureau et pose sa mallette, prend un stylo en main par habitude. Les yeux se posent sur le petit qui joue tranquillement et fait des bruits de… d’enfant. Augustin n’a pas d’affection particulière pour les enfants mais ne les déteste pas non plus. Il en a eu, après tout, mais Nina c’était différent. C’était sa petite. C’était… mais bientôt, il sera reparti pour un tour, en fait. Il ne peut pas en vouloir à Annalisa d’avoir embarqué ses enfants, surtout pas dans sa situation complexe. « Alcide m’a expliqué la raison de votre venue ici. Vous souhaitez transférer votre argent chez nous. » Il lance le sujet, d’un ton agréable et détendu. Dans sa tête, ça continue de jouer les montagnes russes. Le petit peste dans son esprit et c’est le même effet qu’une pichenette sur la tempe. Il fronce les sourcils, un peu dérangé. Il faut qu’il maîtrise. « Avez-vous amené les documents qui concernent votre banque actuelle ? » demande-t-il, puis il se rend compte de… il entend, non, sent une réflexion un peu… comique ? C’est du comique qu’il ressent. Il dévisage Annalisa, et cette fois ce qu’il entend dans sa tête est assez clair. Il revoit Ikea, et un certain ascenseur. Augustin bloque, regarde le petit dans la poussette. Ah. Lentement, c’est un sourire amusé qui se dessine sur ses lèvres. « J’ai l’impression de vous avoir déjà croisée, Annalisa. » Ainsi que votre petit qui, sans mauvais jeu de mot, a l’air de péter la forme.
Hullaballoo - Augustin & Annalisa - Mar 19 Mar - 14:06
hullaballoo
Apparemment il ne s'est pas trompé, donc, c'était bien elle et son fils qui étaient coincés avec lui dans l'ascenseur. Le monde est parfois petit, et l'univers semble se régaler de certaines coïncidences cocaces.En même temps, une femme avec une telle chevelure passe difficilement inaperçu. Augustin l'écoute s'excuser alors que le petit réclame les bras de sa mère, un fin sourire étire ses lèvres au fil de ses explications. Il finit par balayer le tout d'un revers de la main compréhensif. « Ne vous en faites pas, on dit bien que c'est meilleur dehors que dedans. » Un rire pour détendre l'atmosphère et rassurer Annalisa. Il ne la mettre pas dehors parce que son fils encore bébé a eu des gazs en sa présence. Il ne relève pas la questions sur les enfants, se contente de compatir. « En tout cas il a l'air en forme. » Il ne saurait ps donner un âge à ce petit, ne s'y connaît pas assez en bébés, mais ce n'est pas une crevette.
La conversation revient sur le sujet principal de cette rencontre, plus sérieux et préoccupant pour la maman, il le ressent. Elle lui explique rapidement la situation de son compte, avec ses ex-maris, et il l'écoute attentivement, récupère le dossier que lui tend Annalisa. Il hoche la tête et l'ouvre, commence à éplucher les divers documents qu'elle lui a apportés. C'est assez complet, il n'aura pas besoin de tout ça, c'est certain. Les inquiétudes de la jeune femme l'atteignent et il sent une certaine mélancolie étrangère lui serrer le coeur. Augustin n'aime pas ce sentiment, cette impression d'être affecté par les malheurs des autres, lui qui a passé toute sa vie à s'en ficher royalement. Pourtant quand ça le touche comme ça, il ne peut pas vraiment lutter contre la compassion. Sa détresse n'est pas forcément visible de l'extérieur, d'après ce qu'il comprend c'est une femme qui a vécu beaucoup de choses compliquées, et il imagine sans mal ce qu'elle a pu vivre en étant à la Bratva. Pas besoin d'être savant pour deviner ce qu'ils ont pu lui faire faire, au début, avant de la marier.
« Ne vous embêtez pas pour les papiers, je crois qu'on a bien assez pour faire le transfert avec ce qu'on a là, » affirme-t-il en sortant quelques papiers de la pochette pour les mettre de côté. Il cherche un instant, farfouille les documents et en sort un dernier, avant de faire passer le tout dans son scanner de bureau d'un air nonchalant. Des yeux il observe Annalisa devant lui, se demande exactement pourquoi elle s'est trouvée forcée de fuir. Alcide lui a dit qu'elle était hébergée au Ciao Roma, ce qu'il n'était pas certain d'approuver. Maintenant qu'elle est en face de lui, il change d'avis. Les papiers scannés, il les imprime et range les originaux dans la pochette, allume en même temps un logiciel sur son PC pour commencer à rentrer quelques données. « Je comprends que vous vouliez tout récupérer, » commente-t-il tout en pianotant sur son clavier.
Il observe le RIB actuel de la jeune femme et recopie quelques chiffres, observe les résultats d'un air songeur. « Je vais prendre contact avec votre banque actuelle pour que ce soit fait très rapidement. Légalement, on ne peut pas vous le refuser. » Annalisa est une fugitive aux yeux des russes, certainement. Ca l'étonnerait qu'ils laissent une telle fortune s'envoler de façon aussi aisée, sans punition, mais publiquement il n'y a rien qu'ils puissent faire. « Votre compte est ouvert, en tout cas, » déclare-t-il après avoir fait quelques manipulations, le bruit de l'imprimante ne tardant pas à se déclencher. « Par contre, vous devez savoir que rien n'est intraçable dans ce genre de transactions. » Il la regarde dans les yeux, parle d'un ton très sérieux. Les leaks de septembre, ironiquemnt, ont prouvé que même l'intraçable laissait des marques susceptibles d'être retrouvées. « Je ne sais pas quel arrangement vous avez avec Alcide, mais les Russes sauront très bien où est passé votre argent. »