La région des Grands Lacs, idéale pour une colonie de vacances estivales. Celle organisée par la mairie d’Arcadia, accueillant des enfants âgés de 5 à 17 ans, vire néanmoins au cauchemar lors d’une pause pipi, quand un dégénéré complètement inconscient décide d’enlever une douzaine de gamines et les enferme dans un fourgon sous la menace d’un fusil automatique. Outre les filles tremblantes de peur, deux, stoïques voire désabusées, se détestent. L’ainée, rouquine revêche et divinement éveillée depuis peu, accuse l’autre d’emblée.
« Tout ça, de toute façon, c’est la faute de ton père. »

Les mioches, c'est les pires. Sinead, du haut de ses seize ans, méprise la marmaille qui chouine et sanglote dans la camionnette. Elle est sûre et certaine qu'on viendra les chercher et qu'on finira par les trouver. Parce qu'elle sait, pour l'autre monde, qu'elle sait pour le surnaturel et les dieux. Le type qui les a enlevées, il est vraiment très bête. Alors elle est sereine, et se permet d'envoyer chier la gosse qu'elle a appris à détester grâce aux rivalités paternelles. « J'ai mes règles, ça te pose un problème, microbe ? »

La mioche, là, elle commence à l’échauffer. Dans la camionnette, ça devient tendu. Les autres petites s’inquiètent, certaines chouinent après leurs parents. Forte de l'influence divine, Sinead esquisse un rictus carnassier quand elle voit la brunette remonter ses manches. Sourcil arqué, la rousse fait craquer ses jointures : « Tu crois que tu m’fais peur ? tu mériterais une bonne raclée. » Certaines adolescentes les observent avec appréhension, jusqu’à ce qu’une blonde intervienne : « Sinead, sérieux, arrête, c’est pas le moment. - Mêle-toi de ton cul. » Reed sourit tout en prononçant ces mots, avec un doigt d’honneur.

À la singer, la mioche va se prendre son poing dans les dents. Les menaces grimpent et Sinead sent l'ire gronder dans ses veines, comme si sa squatteuse divine voulait s'élancer dans la bataille aussi. Elle s'éveille à peine, mais leurs caractères sont assez proches. Rictus au coin des lèvres, genoux légèrement fléchis, la rouquine toise la gamine avec suffisance, mais l'assiette change et la brunette la fait tomber et la mord. Cri de rage et de douleur, Reed se débat et écarte avec violence la bête sauvage pour bondir sur ses pieds. « Petite conne ! » Le poing accompagne le verbe.