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little white lies | karma

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little white lies | karma - Mar 12 Fév - 10:54




little white lies


Le calme de la maison De Joong était l’une des choses que Kersen était venu à chérir le plus depuis leur arrivée à Arcadia – une grande masure taillée dans la plus pure tradition japonaise, à laquelle il avait mêlé quelques rappels de son Indonésie natale et tout le confort de la pointe de la modernité. La nuit déjà tombée laissait filtrer les rayons de lune à travers les baies vitrées, et les gardes du corps qui encadraient l’entrée se faisant si discrets qu’ils se fondaient presque dans l’ombre, saluant leur employeur d’un bref hochement de tête alors qu’il retrouvait la tranquillité de son foyer après une énième interminable journée au tribunal. Interminable, mais pas terminée encore ; il avait fait une promesse à sa chère et tendre, et cette promesse avait réussi à l’arracher plus tôt que prévu à ses obligations pour le forcer à rentrer et profiter du dîner en tête à tête presque improvisé qu’il avait attendu avec impatience. S’il ne regrettait pas d’avoir répondu présent à l’appel d’Ohta (pas de regrets, jamais, certainement pas pour kyôsei-kai), il avouerait volontiers que le temps que le clan lui volait avait des airs de sable qui glissait inexorablement entre ses doigts, et qu’il ne pourrait jamais rattraper.

Laissant son manteau sur le dossier d’un fauteuil, il ajusta le col de sa veste impeccablement coupée et gagna le jardin intérieur où le traiteur privé engagé pour la soirée avait déjà dressé la table. Elégance toute en retenue, caractère et distinction, leur marque de fabrique, le mariage harmonieux de l’orient et de l’occident. Kersen balaya la disposition du vin d’un œil critique, puis satisfait, et fut arraché de ses pensées par le bruit inimitable des talons de Karma sur le plancher. Il se retourna – et s’autorisa à apprécier la beauté époustouflante de son épouse, son aura à laquelle il ne cherchait plus à résister depuis des années, amoureux transi au souffle coupé dès qu’elle daignait lui accorder ne serait-ce qu’un regard.

Sublime dans son égoïsme, sa folie des grandeurs, et son unicité.

« Tu es resplendissante. » Comme d’habitude, une épithète qu’il ne valait même la peine d’ajouter. Evidemment qu’elle n’était jamais rien de moins que resplendissante. Galant homme, il tira sa chaise pour lui permettre de s’asseoir à leur table, en profitant pour dérober un baiser à fleur de peau au creux de son cou dénudé, Robin des Bois qui volait à la reine mais gardait jalousement tout pour lui. « J’espère que je ne suis pas trop en retard. J’ai dû menacer mon secrétaire de lui faire faire des nuits blanches pour le reste du mois s’il n’arrêtait pas d’ajouter des rendez-vous à mon agenda. » La rançon du succès. Les mains de Kersen s’égarèrent un instant sur les épaules de Karma, geste affectueux réservé à elle seule, comme tant d’autres, parce qu’elle était seule à mériter qu’il baisse sa garde, seule à avoir passé le rempart de sa réserve naturelle. « Mais ce soir, je ne veux rien d’autre que toi et moi. Du vin ? » proposa-t-il – une mise en bouche pour la délectable soirée qui s’annonçait.

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little white lies | karma - Mar 12 Fév - 21:49

little white lies ★ karma & kersen
   Consumée par les questions et les doutes, consumée par la rancœur et les interrogations. Obscurité planante depuis l'entretien entre les mannequins et les étoffes de la maison Nagai, alors que dansaient les mensonges de Kazuo, écho des secrets de son propre époux. Doutes instillés dans le cœur que l'on prétendait de pierre, pervertis de l'amertume à l'idée que Kersen puisse seulement lui cacher quoique ce fût. Homme du monde qui s'était attiré ses faveurs de la fortune et de l'élégance savamment arborées, avait retenu le cœur, ensuite, de ses traits fins et de son âme céleste.
Rancœur ardente, car il était à elle, ne pouvait se revendiquer de nulle religion, si ce n'était la sienne.
Comme elle ne serait jamais véritablement qu'à lui — parce qu'elle n'avait jamais su se contenter de ce qui était sien, n'avait jamais su appartenir à quiconque, si ce n'était à sa propre avidité, insatiable. L'envie de plus, l'envie de tout.
Envie de savoir, désormais, envie de reprendre le pouvoir sur l'un des rares êtres qu'elle avait su véritablement aimer. Une promesse arrachée, pour forcer la présence d'un Kersen qui se faisait trop absent, trop volatil, pour l'enchaîner à ses chevilles, ne serait-ce que pour la parenthèse d'un trop éphémère soirée. Elle aurait accepté l’énième absence avec amertume, aurait volé les heures dans les bras d'un autre, simplement parce qu'il fallait toujours plus. Amadoué par des sourires qui n'avaient jamais fait écho au cœur de l'épouse en doute, il avait cédé, pourtant, et elle avait rongé son frein, minute après minute, consumée par la hâte de savoir, enfin. Savoir ce qui arrachait l'époux à son foyer, disparu des heures durant, puisque ce n'était elle-même; de l'existence d'une maîtresse, elle se riait — parce qu'il n'était pas un être susceptible de la surpasser dans le cœur de quiconque, et surtout pas dans celui qu'elle avait épousé. Surtout pas dans ce cœur-là.
Elle avait tenté de noyer l'adrénaline croissante dans le luxe des vitrines de Lafayette Street, n'avait réussi qu'à retarder l'échéance. Il n'était pas encore rentré. Un vieil écho d'une autre vie, dans le creux de son âme, pour lui évoquer le calme tendu qui précédait les clairons et la ruée vers le sang, alors qu'elle contemplait le massacre annoncé depuis les murailles de Troie. Un battement de cœur, et le souvenir s'efface, lointain, laisse l'impression prégnante de paix faussée, alors que déjà, elle aiguise les mots et les armes.
Mais elle l'entend, et se fait acier, brusquement, sous la chair de tendre ivoire — et elle laisse le claquement des talons annoncer son entrée, méticuleusement calculée pour la faire joyau dans un écrin sublime. Un regard posé sur le visage de l'époux, et c'est un battement de cœur qui lui manque, brusquement, regrets et affection, vite étouffé de sa détermination et de sa rancœur. Emprisonné dans les filets célestes de qui elle était, de qui elle avait été, il ne pouvait lui échapper, Kersen. Ne l'avait probablement jamais pu. « Tu es resplendissante. » Le compliment lui arrache un sourire calculé, qui n'atteint que partiellement ses yeux, et elle se laisse guider, se fait poupée fragile entre les bras de celui qu'elle avait épousé. Et, toute actrice qu'elle est, elle s'abandonne à l'étreinte, ferme brièvement les paupières au contact des lèvres sur sa gorge, ne peut pas plus réfréner le frisson qu'elle aurait su le feindre.
Et le contact la projette dans le souvenir d'autres étreintes, d'autres bras, et elle en oublie la faiblesse, piétine ses regrets.
« J’espère que je ne suis pas trop en retard. J’ai dû menacer mon secrétaire de lui faire faire des nuits blanches pour le reste du mois s’il n’arrêtait pas d’ajouter des rendez-vous à mon agenda. » Elle lâche un petit rire, entremêle ses doigts à ceux de son époux. « Mais ce soir, je ne veux rien d’autre que toi et moi. Du vin ? » Il ne se doutait de rien, l'innocent, ne voyait que la soirée pour elle, pour lui, pour eux. Et elle n'éprouvait aucun remords, pas encore, trop furieuse d'être écartée des secrets de celui qu'elle avait épousé. Lèvres qui s'étirent en un doux sourire pour dissimuler la fureur sous-jacente, elle fait glisser le verre de cristal vers son époux. 'Un Brunello? Tu sais bien que oui. Et que j'aurais assassiné ton secrétaire s'il ne t'avait pas libéré. Tu es à moi.'
Vérité, brute et sincère. Il était à elle, et elle seule. Nul ne pouvait le lui disputer. Alors un instant, les doigts se crispent sur le pied du verre — parce que la mascarade avait déjà trop duré, depuis qu'elle avait tenté de faire parler Kazuo. Une brève inspiration pour dissiper la tension, faire reparaître le masque — et elle laisse courir ses doigts sur le bras de Kersen, s'empare de son col pour l'attirer à elle, diversion bienvenue, souffler les mots sur ses lèvres. 'Tu m'as manqué.' L'effleurer d'un baiser, pour dissimuler les battements enragés du cœur en tension, un autre sourire pour déployer ses filets. 'Comment se sont passées les affaires? Le tribunal te prend beaucoup de temps, en ce moment.' Et une moue attristée pour porter le coup final. Jeu, set et match.


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little white lies | karma - Mer 13 Fév - 18:15




little white lies


Les secrets que Karma redoutait tant étaient comme autant de chapes de plomb jetées sur l’âme de Kersen – un oignon particulièrement lourd auquel de nouvelles couches s’ajoutaient chaque jour alors que l’ordre du monde aurait voulu qu’elles se défassent. Si Kersen était fin stratège, et un opportuniste, le mensonge ne faisait pas réellement partie de sa nature, et était plus un outil pour une fin qu’une arme qu’il maniait aussi naturellement que sa lance. Mentir à son épouse, même pas omission, même en oubliant savamment de lui confier tout le détail de ses interminables journées, lui pesait plus qu’il ne l’aurait jamais admis à voix haute. C’était pour son bien, se sermonnait-il lorsqu’il s’échappait du domaine conjugal, attrapait au vol un regard distant à peine voilé de questions tues avant qu’elle ne reprenne le contrôle et lui offre ce visage impassible et indéchiffrable qu’il connaissait si bien. Un visage de marbre et d’ivoire mêlés dont la douceur n’avait d’égale que la froide indifférence qu’il croyait percevoir au regard de ses activités. Une indifférence qui l’arrangeait, justifiait son silence têtu, sa volonté de lui épargner les détails de sa dangereuse implication avec kyôsei-kai. Insaisissable Karma, dont les pensées véritables lui échappaient sans cesse un jour, alors qu’un autre, il arrivait à se convaincre qu’ils étaient sur un pied d’égalité, là où en réalité elle ne tolérait rien de moins que d’avoir le dessus, en tout, pour tout, et à jamais. Et lui, roi en son royaume, était plus qu’heureux de se faire son vassal, époux dévoué, volontairement sourd et aveugle aux avertissements que le monde et l’Histoire elle-même s’évertuaient à lui lancer.

Elle avait raison. Il était à elle, tout entier et plus encore. Sauf, peut-être, ce petit bout de lui qu’il avait juré à une autre, au fil de la lame de son épée. Ce petit bout de lui qui menaçait si bien d’empoisonner tout le reste, si subtilement que lui, le grand stratège, ne voyait rien venir.

Un souffle à peine qui les sépare, un espace insoutenable que Kersen est foutrement tenté de comblé, mais il se retint, lui laissant l’initiative, la laissant guider la danse dont elle seule semblait avoir la chorégraphie en tête. « Tu m’as manqué aussi. » admit-il avant qu’enfin elle ne daigne sceller leurs lèvres d’un baiser, éphémère et léger comme les ailes d’un papillon, les doigts autour de son col, le souffle dérobé. Ephémère et léger comme les visions d’un autre temps qui l’assaillaient parfois, entre champs d’oliviers et soleil aussi impitoyable que les guerriers de Sparte.

Guerrier, héros. Roi.

Et une reine.

Kersen fit tinter son verre de cristal contre le sien avec délicatesse, le cœur dérobé encore une fois par cette inimitable moue à laquelle nul homme, et lui encore moins que les autres, ne saurait résister. Ses lèvres s’ourlèrent en un sourire indulgent et désolé, et il déposa un baiser sur le front de Karma, renouvellement silencieux d’une promesse de fidélité indéfectible, excuses silencieuses pour les secrets qu’il ne pouvait dévoiler. Pas encore. Peut-être un jour, peut-être jamais. « Pardonne-moi. Les choses étaient plus faciles à Los Angeles où le silence s’achète facilement sous le manteau. Ici, mes dossiers sont plus intéressants, mais exigent plus de ressources, et parfois plus de temps. J’essaierai de faire un effort à l’avenir. » Un mensonge, encore un autre, un mensonge pieux et une promesse en l’air. On n’accédait pas à l’excellence en faisant preuve de paresse ou en recourant à la facilité, deux choses que Kersen tenait en horreur, mais comment était-il censé expliquer autrement le changement apparent dans ses habitudes ? Elle, mieux que quiconque, était bien placée pour comprendre les exigences de leur profession, mais pareillement, elle était la mieux placée pour démasquer son bluff.

Presque à regret, il s’écarta de sa reine, sa main s’éternisant malgré tout dans la sienne alors qu’il contournait la table pour prendre place en face d’elle. Se demandant si son souci était lisible sur son visage, s’il était moins bon dissimulateur qu’elle, si elle pouvait percer de ses yeux clair le voile des illusions qu’il cultivait si savamment depuis des mois et derrière lequel se cachait l’influence d’Ohta et le serment inviolable qu’il lui avait prêté.

« Les premiers mois sont les plus cruciaux. Toi-même, je te sais occupée – mais j’ai bon espoir que ce rythme frénétique finisse par se calmer un jour ou l’autre. Nous savions en venant ici que tout serait différent, non ? » Le traiteur interrompit ses réflexions en apportant silencieusement les entrées, savant mélange de divers parfums d’occident avec une touche de saveurs d’Asie, puis s’éclipsa avec toute la discrétion que Kersen appréciait chez quiconque officiait sous ses ordres.

Mais ce soir, peut-être, pouvait-il oublier les responsabilités et les contraintes de ses fonctions auprès de la fratrie Nagai, pour profiter, malgré les non-dits, d’un moment de tranquillité avec sa Karma, en toute innocence, comme s’il n’avait rien à se reprocher. « J’ai assisté à ta plaidoirie ce matin. » Il s’était glissé au fond de la salle d’audience, silencieusement, sans qu’elle ne le remarque, simplement pour le plaisir de la voir évoluer sur un terrain de jeu qu’il avait longtemps considéré sien, mais qu’il était heureux de partager avec elle. Hollywood l’avait bannie de ses projecteurs : ils ne savaient pas ce qu’ils avaient perdu. « Tu as l'air d'avoir trouvé ta voie ici. Est-ce que c'est le cas ? »


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little white lies | karma - Jeu 14 Fév - 23:34

little white lies ★ karma & kersen
   Marionnette qu'elle fait danser du bout de ses doigts graciles, emprisonné dans les liens du cœur, alors que son propre sang bouillonne dans ses veines céruléennes, sans qu'elle ne sache déterminer quelle part était à attribuer à la fureur, et quelle part était à attribuer à la proximité nouvellement acquise. Mais elle se voile les yeux, la fille de Sparte, se convainc que seule l'adrénaline fait tambouriner le palpitant dans sa poitrine, vague rancœur à l'idée que l'on puisse prétendre lui cacher quoique ce soit — que lui, entre tous, puisse prétendre lui cacher quoique ce soit.
Une part de fureur véritablement dirigée contre lui, une part de fureur dirigée contre elle-même; car il n'est rien qu'il ne puisse lui dissimuler qui égale ce qu'elle faisait loin de ses yeux.
Abandonnée dans les bras d'un autre, alors que se consumait le serment de mariage putréfié — un autre, pour qui elle faisait tomber le masque, révélait l'âme retorse. Un autre, dont l'opinion n'avait jamais eu de valeur, lorsqu'elle n'avait jamais su véritablement se résoudre à présenter le plus radieux de ses jours à celui qu'elle avait épousé.
Trop faible pour mettre fin à l'adultère, qui n'était rien de plus qu'un poignard qu'elle plongeait sans répit dans le dos de son mari.
L'âme ne saurait tromper, après tout — une erreur millénaire, qu'elle répétait, sans tenir compte des enseignements de l'Histoire. Et elle était lasse, la princesse de Sparte, affectée des nuits sans réel sommeil, des souvenirs lointains et des spectres qui dansaient à la surface de sa psyché.
Un élan d'honnêteté, et elle reconnaissait la vérité; si c'était Kersen sur les bancs des accusés, c'étaient ses propres crimes qu'elle jugeait. Se faisait aveugle à sa culpabilité dans une mauvaise foi omnipotente, alors que la dévore une nouvelle vague de fureur — contre elle, contre lui, contre eux.
Mais c'est un pieux mensonge qu'il lui présente, et elle détourne les yeux ostensiblement, refuse de croiser son regard. Mots révoltants dans leur duplicité, et elle ne se contient qu'à peine; parce qu'il ose lui mentir, dissimuler un pan de vérité qui est sienne — parce qu'il est sien. Sa propriété. Elle n'entend qu'à peine les mots de Kersen, sous le voile carmin de sa fureur grandissante, ne sent qu'à peine les doigts qui se détachent des siens. « Nous savions en venant ici que tout serait différent, non ? »
Tout avait changé — trop changé, et un instant, elle ne parvient à déglutir la gorgée de vin qu'elle avait portée à ses lèvres. Tromperie de Kersen, mensonges et secrets, Alecia, un esprit millénaire pour la hanter, mille fantômes pour faire payer le prix de ses erreurs passées.
Cette ville avait signé sa fin, elle le sentait confusément.
Nous n'aurions jamais dû partir.
Diversion bienvenue que représente l'arrivée des mets fins, juste assez pour qu'elle se convainque que tout n'est que rôle de plus, que Kersen n'est qu'acteur, qu'il ne s'agit que de déployer les répliques d'un script dont elle ignore l'issue — rien de plus qu'un autre rôle d'épouse modèle, si aisé à interpréter, dans le détachement brusque de ses propres sentiments. Elle se fait serpent, vipère pour abattre ses pions sans pitié sur l'échiquier de leur couple.
Alors, c'est un sourire tendre qu'elle adresse à son époux, en piquant de la fourchette dans un morceau de kimchi, en regrettant le boeuf de Kobe de Los Angeles.
« J’ai assisté à ta plaidoirie ce matin. » Une surprise sincère, qu'elle ne cherche pas à dissimuler, à l'idée qu'il se soit mêlé à tous pour l'observer. Satisfaction de son égo, à la pensée qu'il ait pu l'admirer. Un sourcil arqué avec amusement, elle repose la fourchette, se penche sur la table, menton reposant sur ses mains, décoche le plus radieux des sourires de son palmarès. 'Ah oui? Comment j'étais?' Elle irradie de malice, la fille de Sparte, consciente de sa prestation — de manière peu surprenante, elle était de ceux dont les mots renversaient les jurys, renversaient les empires et embrasaient les cités. 'J'aurais aimé te voir.' Les lèvres roses tombent dans une moue faussement attristée, lorsqu'il reprend la parole. « Tu as l'air d'avoir trouvé ta voie ici. Est-ce que c'est le cas ? »
Un instant, un bref instant, elle considère sincèrement la question.
Non.
Loin des lumières, loin des étoiles; elle aurait pu se contenter de la paix trouvée à son arrivée, de l'empire bâti de leurs quatre mains — mais il y avait la jumelle honnie, il y avait l'esprit antique embrasé dans son âme. Mais il faut mentir, encore, mentir, toujours. La voix douce, presque un murmure, presque une confession, alors qu'elle emprisonne Kersen de ses yeux. 'Ma voie est là où tu es. Tu le sais. C'est toi, ma voie. Le changement de rythme est difficile, bien sûr — ce n'est ni LA, ni New York, ici, mais tu es là. C'est tout ce qui compte.'
C'était la seule chose qui avait du sens.
Car il n'était jamais là.


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little white lies | karma - Lun 18 Fév - 19:03




little white lies


« Rien de moins qu’extraordinaire. » répondit-il avec toute l’honnêteté du mari éperdu de sa femme comme au premier jour de leur idylle, sans doute moins objectif qu’il n’aurait dû l’être, mais certainement pas prêt à s’en sentir honteux. Si Kersen se savait quasiment incapable de trouver quelque défaut que ce soit à son épouse, il estimait tout de même être un avocat assez aguerri pour reconnaître un confrère ou une consoeur aux qualités remarquables, y compris quand il s’agissait de sa propre femme – et n’en déplaise aux tabloïds, Karma De Joong avait nombre d’autres atouts qu’un physique avantageux et un charme irrésistible. Une tête bien faite, une langue bien pendue, et un esprit retors étaient des attributs nécessaires au succès à la cour de justice, et il était prêt à certifier devant Dieu et Diable en personne qu’elle relevait le défi haut la main. Un sourire répondit à la moue triste et boudeuse, écho qui se voulait réconfortant et une promesse silencieuse que la prochaine fois, il se manifesterait au lieu de se cacher au fond de la salle en spectateur voyeur. Une promesse tellement plus facile à faire que toutes les autres, de transparence et d’honnêteté, qu’un autre serment l’empêchait de tenir. Il baissa les yeux sur son assiette, vaine mais calculée tentative de dissimuler la pointe de culpabilité qui remontait le long de son échine et aurait embrasé ses joues s’il avait été du genre à rougir d’embarras. Le silence pesait lourd sur un cœur solitaire qui aurait voulu être deux – ni Ohta, ni même Kazuo ne parvenaient à combler le vide béant que Karma (ou Hélène, ou elles deux) laissait dans sa poitrine au point d’en avoir le vertige, pauvre roi qui se savait trop homme et ne pouvait que se demander s’il était l’homme le plus béni du monde ou la victime d’une terrible farce divine dont il ne devinait pas encore les fils.

La malice dans ses yeux fut plus que suffisante pour chasser ses scrupules, mais le momentum qu’il devina dans sa demi-seconde d’hésitation lui mit la puce à l’oreille – non qu’il ne soupçonnât la réelle profondeur des parts d’ombres de son épouse, mais il la connaissait assez pour reconnaître l’hésitation, l’incertitude qui se faufilait dans l’ombre d’une fossette, dans le reflet clair de ses yeux bleus, dans un battement de paupières au tempo à peine décalé. Il la connaissait par cœur, autant qu’elle le connaissait sur le bout des doigts – ou du moins aimait-il à le penser, pour se rassurer, pour se conforter dans l’idée qu’il était maître de son destin, qu’il était capitaine de son âme, même s’ils savaient tous les deux qu’elle en était réellement la capitaine. Surtout quand elle le regardait comme elle le faisait à cet instant, geôlière magnifique dans une prison dans laquelle il s’était volontairement jeté.

Sa voix lâchait les mots au compte-goutte, et il les recueillit précieusement l’un après l’autre, attentif et serein, rasséréné par ses paroles qu’il prenait comme argent comptant tout en se doutant qu’elle atténuait peut-être la réalité pour l’épargner ; sans se douter de la monstrueuse réalité derrière le masque. Kersen tendit le bras sur la table pour couvrir la main libre de Karma de la sienne et serrer doucement ses doigts dans les siens. « Alors je suis l’homme le plus chanceux du monde. » Comme un son de cloche faussé, comme une fissure dans le tintement clair de ce qui aurait dû être une vérité, pour lui, pour elle, mais quelque chose résonne au fond de son esprit qu’il choisit délibérément d’ignorer (une autre vie, un navire, le son dissonant d’une épée qui se brise).

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te faciliter la vie et ce changement de rythme. Tu sais que tu n’as qu’à demander. » Il se perdit dans ses yeux (plus bleus que les mers qu’il avait traversées il était une fois, pour elle), avala ses pieux et moins pieux mensonges comme d’autres s’abreuvent de vin pour noyer les tourments de leur vie. Kersen porta la main de Karma à ses lèvres et y déposa un baiser de dévotion. « Je sais que je ne t’ai guère laissé le choix, mais je n’aurais jamais pu le faire sans toi. Pas comme ça, pas aussi vite ni si sereinement. Ce succès est aussi le tien, ne l’oublie jamais. » Enfin, une vérité. Si lui cacher une part monstrueuse de sa vie lui pesait, sa présence à ses côtés était source de réconfort – savoir qu’il la trouverait en rentrant le soir, la prendre dans ses bras et se perdre dans la cascade de ses cheveux blonds alors que le sang séchait encore sur la lame d’un poignard ou d’un katana, lui avait donné plus de détermination pour réussir au sein du clan que presque n’importe quoi d’autre. Ohta et la loyauté sans fille qu’il lui vouait était son moteur, le feu qui brûlait dans ses entrailles alors qu’il se jetait à corps perdu dans les parts d’ombre d’Arcadia et de New Kabukichô – mais c’était Karma, avant tout, qui lui permettait de garder la tête hors de l’eau et le regard clair fixé sur l’horizon.

Cet empire, il s’en taillait un morceau pour lui, mais surtout pour elle.

« Concrètement, ma clientèle ici commence à sérieusement s’étendre. Bientôt, je serai en mesure de prendre des associés, et je n’aurai plus à m’impliquer autant dans chaque affaire – pas personnellement, du moins. Cela devrait libérer du temps pour d’autres activités. » Pour Kyôsei-Kai, la réelle raison de ses ambitions d’empire légal, étende son influence, avoir des yeux et des oreilles partout, contrôler les fils de la loi et en libérer ses ouailles quand il en avait besoin. Mais ça, elle n’avait pas besoin de le savoir. Pas encore. « Pour nous. Je m’en voudrais que tu penses que je te délaisse pour de sombres malfrats. »



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little white lies | karma - Mer 20 Fév - 23:21

little white lies ★ karma & kersen
   Consumée, embrasée, comète dans un ciel d'hiver, dans un océan de lumière dévastatrice. Dévorée, elle ne sait où débute la rage et ou s'achève l'orgueil. Le rôle n'en est que plus simple encore, alors qu'elle se défait des sentiments les plus doux, les écarte d'un revers de la main, se détache de cette histoire qu'est la sienne — qu'est la leur. Masque d'indifférence renforcé sur ses traits délicats, alors même qu'il égrène les mensonges, Kersen. Elle avait accepté les fables et les boniments tombés des lèvres de Kazuo, ne savait accepter ceux-là. Mensonges d'un homme qu'elle avait toujours cru honorable, quand elle-même ne l'avait jamais été.
Ni dans cette vie, ni dans la précédente.
On avait calomnié son nom, on l'avait faite monstre au cœur d'onyx.
Ils n'avaient jamais su l'étendue de ses ténèbres, fille des mensonges d'un dieu volage — ils n'avaient jamais su l'étendue des regrets.
Ulysse avait compris, dans l'ancien temps; et dans un éphémère instant d'infinie paix, elle voit danser l'écho des yeux sages, un soir d'août, dans une rue de Delray Hollow, sous les étoiles muettes. L'ami qu'elle avait trouvé, quand elle n'avait su trouver les autres.
« Alors je suis l’homme le plus chanceux du monde. » La vérité exsude des mots prononcés, et elle en est consciente, la fille de Sparte. Il était le plus condamné aussi, prisonnier de son propre cercle de l'enfer, royaume de mensonges et de serments trompés, et elle se faisait geôlière impitoyable. Incapable d'honorer les mots prononcés devant les cieux, incapable de l'honorer lui, dans l'éternel cycle des erreurs de l'âme égarée.
Si intelligente, la divine, incapable d'apprendre, pourtant.
« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te faciliter la vie et ce changement de rythme. Tu sais que tu n’as qu’à demander. » Elle était reine sans couronne, reine à l'empire de poussière et de cendres; elle n'avait jamais été de ceux qui demandent, alors que pleuvaient les pierreries et l'or étincelant pour paver le sol sous les pas des bienheureux — elle étaient de ceux qui obtiennent. Ses désirs immédiatement satisfaits, et qu'importe qu'autrui saigne des choix et conséquences. Et ce qu'elle désirait intensément, il ne savait le lui offrir.
Je veux la vérité. Je veux ce que tu me caches. Je veux ce que tu me refuses.
Je veux tous les pans de ta personne.

Posséder enfin les parts d'ombres, les parts cachées qu'elle n'avaient su voir, qui se refusaient à elle — contrôle absolu qui lui était refusé, poignard dans son orgueil vain.
« Je sais que je ne t’ai guère laissé le choix, mais je n’aurais jamais pu le faire sans toi. Pas comme ça, pas aussi vite ni si sereinement. Ce succès est aussi le tien, ne l’oublie jamais. » Les mots évoquent, amèrement, d'autres mots, une autre ferveur, une autre vérité. Tout ce qui est à moi est à toi — tout ce qui est à toi est à moi. Valse légère des pétales pâles, éclat du satin iridescent, flamme d'un regard à l'autre bout de l'allée, elle se noie brièvement dans l'écho de leur union. Première de ses trahisons, premier de ses mensonges, alors qu'elle poignardait déjà leurs promesses d'éternité, et qu'il acceptait le délicat tableau qu'elle avait peint pour lui.
C'était le monde qu'il déposait à ses pieds, Kersen, c'était un empire qu'il avait bâti pour eux — mais ce qu'elle désirait, elle, c'était les pans d'ombres et les secrets qu'il ne savait lui concéder.
La caresse de ses lèvres sur ses doigts lui arrache un frisson, et il est une part d'elle qui envisage brièvement de reporter la bataille; mais elle était l’égoïste qui avait regardé les flammes dévorer Troie, et elle ne pouvait envisager de renoncer.
« Pour nous. Je m’en voudrais que tu penses que je te délaisse pour de sombres malfrats. » Les mots laissent une empreinte persistante sur son âme, un écho étrange, et c'est un rire amusé qui lui échappe, noyé d'un sourire affectueux lorsqu'elle pose les yeux sur son époux. Il était trop honorable, trop foncièrement bon pour seulement frayer avec la pègre; il était diamant taillé dans une mine de charbon, ne saurait outrepasser loi et morale. 'Jamais de la vie. Et tu es à moi, anata.' あなた. Mot d'amour prononcé dans sa langue à lui, ainsi qu'elle l'avait fait aux premiers jours, ainsi qu'elle l'avait toujours fait.
Mais les mots résonnent dans sa mémoire, écho persistant dans son cœur rusé, et elle trempe ses lèvres dans le verre de vin pour dissimuler la distorsion de ses traits alors que naît l'idée, alors que le palpitant s'emballe sous la poussée d'adrénaline.
Tu sais que tu n’as qu’à demander.
Alors elle se lève, délie les jambes et poignarde le sol des talons bruyants, comble l'espace qui les sépare — alors elle se penche vers Kersen, surplombe l'homme qu'elle a épousé, revendique le pouvoir qu'elle sait avoir sur lui. Un index glissé sous le menton de son époux pour le forcer à la regarder, pour emprisonner ses iris dans les siens. Et c'est Hélène qu'elle invoque, sa voix et son essence divine, invoque la voix qui s'est éveillée dans sa gorge alors que s'embrasait l'éclipse. C'est la prison de miel qu'elle dessine, mots magiques pour soumettre les volontés à la sienne. 'Pourquoi sommes-nous ici, Kersen?'
Charmspeak déployé — la voix est tendre et affectueuse, la volonté, impitoyable.
Tout pour savoir.
Tout pour le faire sien, pleinement.
Parce que s'il était sien, peut-être saurait-elle être sienne.
Comme elle n'avait jamais su l'âtre.
Tout ce qui est à moi est à toi — tout ce qui est à toi est à moi.

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little white lies | karma - Mar 26 Fév - 9:58




little white lies


I put a spell on you. Jamais chanson n’avait mieux collé à qui que ce soit, et Kersen regrettait presque de ne pas pouvoir simplement claquer des doigts pour changer la musique et la faire ronronner en fond sonore, arrière-plan approprié à leur dîner intimiste et leur mariage, exception à sa règle de vie qui lui dictait de toujours être l’homme en charge, l’homme de tête, le décideur. Avec Karma, il n’arrivait plus à dire qui avait le contrôle, où s’arrêtait sa volonté à lui et où commençait sa volonté à elle. Il était roi-guerrier, elle était reine-enchanteresse, et le sort qu’elle lui avait jeté était si profondément enraciné qu’il avait scindé son âme en une myriade de morceaux et était la seule chose qui maintenant le tout en un ensemble cohérent. Oh, il avait son caractère, le Kersen, il ne s’en laissait pas conter, et il lui avait tenu tête plus d’une fois – mais toujours savamment, toujours en sachant céder au bon moment, toujours en sachant maintenir l’harmonie dans leurs rapports de force tant et si bien que tout ce qui aurait pu ressembler à des désaccords se transformait en danse au gré de leurs humeurs, de leurs désirs, de leurs compromis, unis face au reste du monde, et tant pis s’ils étaient les derniers debout. Derniers debout sur les ruines d’un empire bâti de leurs mains et ruiné par leurs passions dévorantes, par leurs secrets millénaires, par leurs erreurs répétées inlassablement comme une ballade à travers les âges pour le bon plaisir des dieux, leur histoire marquant le rythme du tocsin de la fin d’une ère, d’un empire, d’un nouveau volume de l’Histoire. Les légendes d’antan contaient l’histoire de la chute de Troie pour les beaux yeux d’Hélène : qui savait de quel empire, cette fois, Kersen promettrait la perte pour Karma ?

Il était à elle, et il se prenait à rêver qu’elle soit à lui aussi, même si une petite part de lui-même se demandait si Karma pouvait réellement lui appartenir toute entière – puis il décidait que oui, parce qu’il n’avait aucune raison de douter, parce qu’il voyait, malgré tout, malgré elle, l’amour qu’elle lui portait à sa façon, amour qu’il s’imaginait absolu à sa manière à elle, qu’il s’imaginait connaître quand en réalité, il n’en avait pas la moindre fichue idée. Ah, qu’ils devaient rire les dieux, de voir leur farce se réaliser une deuxième fois, selon le même schéma inévitable. Il tombe dans le panneau, encore une fois, se laisse embobiner par le surnom affectueux, par les interminables jambes qui se déroulent – le souffle coupé, comme toujours, par son aura et sa beauté qui l’avaient damné un jour, le damneraient encore et encore jusqu’à ce que le temps lui-même ne s’épuise et s’étiole et disparaisse tout à fait. Avant même qu’elle ne parle, le charme opère, avant même qu’elle n’ouvre la bouche, il est déjà condamné à la défaite, malgré toute la volonté du monde, malgré tout le courage et la défiance qu’Arès aurait pu lui insuffler, c’est Héra, comme toujours, qui fait flancher son cœur devant Hélène alors qu’elle le force à relever la tête, à l’affronter le cœur à nu. Ménélas démuni, Ménélas prisonnier, Ménélas vaincu. Complice de sa propre défaite, alors qu’Hélène murmure les mots fatidiques et que s’opère la magie fatidique.

Charmspeak, du bout de la voix et du bout des doigts, et Kersen eut un sursaut de volonté qui le fit tressaillir, comme si une part de son âme s’apercevait du subterfuge – et tout aussi vite il succomba, perdu dans ses yeux, son cœur et son âme capturés sans qu’il ne puisse résister. Oui Kersen – pourquoi étaient-ils ici ?

Kersen luttait, Kersen, quelque part, voulait résister, suppliait intérieurement sa tortionnaire de le laisser lui échapper, de lui laisser cette part d’ombre qui n’était pas digne d’elle, qui marchait dans la lumière. Quelque chose se nouait dans sa gorge, un secret retenu, une myriade d’entre eux, et si ni Kersen ni Ménélas ne se seraient jamais abaissés à implorer, c’est une prière silence qu’ils formulent tous les deux, à tous les dieux qui leur avaient un jour prêté assistance et qui maintenant étaient aux abonnés absents. Pourquoi étaient-ils ici ? « Parce que j’ai fait une promesse. » lâcha-t-il enfin, à contrecoeur mais convaincu, d’une certaine façon, qu’il le faisait volontairement. Première brique révélée d’un El Dorado d’ombres et de secrets, d’un labyrinthe dont elle soupçonnait l’existence mais n’avait jamais pu mesurer la portée. Kyôsei-Kai au bord des lèvres, mais toujours verrouillé, résistant encore au charme dont il devinait à peine l’influence. « Parce que j’ai donné ma parole, il y a très longtemps, et prêté un serment sacré. » Les informations tombaient au compte-goutte, Ménélas le soldat s’indignant encore de se faire ainsi subjuguer alors que Kersen ne comprenait qu’à demi-mot ce qui lui arrivait. Presque inconsciemment, les yeux rivés dans ceux de sa chère épouse qui se tenait au-dessus de lui telle une déesse vengeresse sur le point de porter le coup fatal, il leva la main pour prendre celle qui lui soutenait le menton, remplaça un contact par un autre, rétablit l’équilibre des forces si tant était qu’il n’y en ait jamais eu un, la paume de Karma dans la sienne, main qu’il tira doucement vers lui pour la mettre contre son cœur alors que son regard ne cillait pas. Soldat dans une vie comme dans l’autre, roi qui n’abdiquait jamais.

« Quelqu’un, un jour, bien avant que je ne te rencontre, m’a sauvé d'un grave danger. J’ai contracté une dette d’honneur, et juré que si elle m’appelait, je répondrais à l’appel. » Une amie d’enfance, une vie sauvée de justesse, un pacte de sang. Une dette qu’il se faisait une joie d’honorer, même si ça voulait dire mentir à celle qui partageait ses jours et ses nuits. Deux femmes, deux serments, incompatibles et pourtant indispensables et indivisibles. « Elle a mis des années à invoquer cette dette, mais elle l’a fait. Je suis désolée de t’avoir embarquée là-dedans, mais tu sais que je ne reviens jamais sur une parole. » Surtout pas celle-là. « Voilà pourquoi nous sommes à Arcadia. Satisfaite ? »



panic!attack
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little white lies | karma - Sam 2 Mar - 0:27

little white lies ★ karma & kersen
   Les mots frappent, poignards aiguisés; et si c'est Kersen qui est à ses pieds, c'est dans son dos à elle qu'elles s'enfoncent, les lames meurtrières. La réalisation violente. Désillusion amère. Quelqu'un l'avait supplantée — un être qui s'était fait priorité dans les yeux de son époux. « Parce que j’ai fait une promesse. » L'envie de lui faire mal, violente, ardente — qui efface tous les regrets qu'elle avait un instant éprouvés en lisant la supplication silencieuse dans ses iris, alors qu'elle écrasait la volonté de son mari, sous la sienne, sous ses mots et sa voix. À moi aussi, tu m'as fait une promesse. Le même serment, qu'elle avait également prononcé, qu'elle avait jeté aux flammes sans remords. Jouet amer de sa faiblesse millénaire, de la femme qui n'avait jamais été qu'à moitié humaine — de celle qui était trop mortelle, aussi.
Les mots glissent sur sa peau, et elle ne sait véritablement les entendre, et l'ichor gèle lentement dans ses veines, alors que les fondations du monde s'ébranlent sous ses pieds. Elle voulait savoir pour apaiser l'orgueil, la fille de Sparte, ne le voit que fracassé par la vérité. Pour la première fois, ce n'est pas au sommet qu'elle se tient, écartée par la main d'une autre — pour la première fois, elle est seconde, et elle réalisait amèrement qu'il était un cœur pour lequel elle ne supportait pas de concéder le trône.
Le cœur tambourinant sur lequel il pose sa main gelée, qui lui évoque, un instant, l'écho des sabots et des pas belliqueux, là-bas, dans une autre vie, lorsqu'elle contemplait la mort depuis les murs de Troie. Alors qu'elle avait croisé les yeux de l'époux qu'elle avait trahi, loin, si loin, lorsqu'il s'apprêtait à prendre la vie de Pâris.
De l'éventualité d'une liaison, elle ne pouvait se convaincre; parce qu'il avait trop d'honneur, l'avait prouvé mille fois, le prouvait encore, de ses promesses et de ses dettes. Serment qui n'était probablement rien, quantité négligeable, vieille promesse d'avocat à avocat. Mais il avait privilégié les souhaits et le bien d'une autre, plus que les siens propres, et elle ne savait l'accepter, blessée dans son orgueil et dans le cœur, qu'elle croyait intouchable — parce qu'elle ne l'offrait jamais, parce qu'elle l'avait offert à un autre. Parce qu'elle se languissait des yeux d'un homme que le temps avait emporté depuis si longtemps, parce qu'elle se languissait des mains de son rival, souvenir lointain, parce qu'elle s'abandonnait aux bras d'un russe qui n'avait jamais menti, parce qu'elle avait cru que son cœur n'appartenait qu'à elle, quand ils étaient quatre à se le disputer.
Elle voudrait hurler, tempêter — voudrait l'écraser du poids de la trahison, pour oublier combien elle a elle-même trahi. Son serment, massacré, quand Kersen avait honoré le sien, quand elle n'avait su qu'intriguer et invoquer les dons célestes pour arracher de force une vérité qu'elle aurait souhaité ne pas entendre. Elle voudrait qu'il paie et qu'il souffre, voudrait cracher les mots qui lui gangrènent le cœur et l'âme, voudrait procéder à la mise à mort.
Mais l'écho lointain la frappe, et elle se fige.
Sa propre nuque dévoilée, maculée de la poussière de Troie et du sang des tombés pour elle, inclinée servilement, gorge offerte à la morsure d'une lame qu'elle attendait — qu'elle acceptait. Punition pour les morts inutiles qui la hanteraient toujours, pour la trahison face à un époux qu'elle n'avait cessé d'aimer, malgré ce que prétendraient les livres. Mais il n'avait jamais frappé, Ménélas, avait retenu sa lame, retenu sa main.
Alors elle retient ses mots, retient sa main. Pour la première fois de son existence, pour la première fois de leurs deux vies, elles font preuve de merci. Ne réalisent qu'obscurément combien il les tient sous son joug, ce mortel, qui a arraché la compassion là où ne jaillissaient qu'orgueil et regrets. Il s'écrase, le masque, se fracasse, alors que se dévoilent les fêlures, et elle ferme les paupières un instant, pose son front sur celui de son époux, se concentre sur les battements de cœur sous ses doigts. 'Pardonne-moi.' Les mots sont murmure rauque, la voix massacrée de la magie qui s'est mêlée à ses mots. Elle ne révèlera pas pourquoi elle s'excuse, ne révèlera pas l'étendue de sa duplicité. 'Tu as toujours eu trop d'honneur pour ce monde, anata. Personne ici ne mérite ton estime.'
Surtout pas elle.
'Ne laisse personne changer qui tu es, je t'en prie.'
Surtout pas moi.
Une inspiration légère, et elle se détache juste un peu, balaie la tension installée d'un sourire léger. 'Après tout, ce n'est pas pour les multiples attraits de cette ville que je suis venue. C'est pour toi. Et il semblerait qu'Arcadia ait plus à offrir qu'il n'aurait semblé.' Les pensées dérivent vers Ashmill, péché qu'elle ne peut empêcher de se répéter, encore et encore, prise dans la boucle infernale, incapable d'apprendre de ses erreurs, incapable de renverser la roue du destin. Un sourire tendre pour chasser les pensées impies, et elle effleure la joue de son époux, pourtant incapable de se départir des doutes et des questions. 'Nous ne faisons absolument pas honneur au traiteur. Le bimbimbam va refroidir.'
Elle ne fait mine de bouger, pourtant, sans être vraiment capable de s'en détacher, enchaînée aux quatre âmes qui la divisent et la hantent, depuis que l'éclipse a embrasé son sang.
Ménélas. Pâris. Alexei.
Kersen.


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