Quiet when I'm coming home and I'm on my own

Annalisa & Sam

Chênes aux branches ondulantes, sur toi de ciel grisâtre. Terre humide, s'écrasant, se modelant sous l'empreinte de chaussure. Il n'était pas difficile pour un pisteur même amateur de traquer le dieu, mais pour que le jeu soit au moins palpitant. Aurait-il fallut que la proie ne cherche qu'un peu à se dissimuler, sans peur la fuite n'était tout simplement jamais une option. Le vieil animal attendant autant la balle du chasseur que la gorge fine d'une faible créature, en dehors du chemin utile pour mener au chantier de sa maison, sam n'avait que peu altéré le reste de sa propriété. Laissant au cadre un charme palpable, pour y trouver les plantes nécessaires à son usage il se devait d'offrir à la nature le calme d'on elle avait besoin. Un vrai contraste en personne, une brute au doigté délicat à l'instant de saisir une fleur ou une feuille.

Fuir la société pour essayer de la comprendre, retirer tout filtre pouvant en corrompre la nature fondamentale. Lui qui avait été tellement de choses pour tout autant de personnes, voilà qu'il se dissimulait à présent à deux pas de l'enfer. Bâtissant quelque part un domaine pour lui seul, dieu égoïste à l'esprit en proie au doute. Le monde du divin avait été pour lui une sincère déception, bien plus grande que pour celui des hommes simples. Pensant trouver des réponses aux pourquoi, en réalité il n'avait rien découvert fabuleux. Qu'aurait-il pu faire alors, reprendre la route pour chercher bien plus loin encore ? Aller de l'avant dans un monde rond, quelle perte de temps non ?

Certains individus naissent et vivent ensuite avec un vide intérieur, il s'agit parfois d'un mauvais lieu de naissance, d'une mauvaise famille ou qui sait l'envie de découvrir le sens de toute chose. Lui aussi aurait pu faire cause commune avec tous les déchus de la création, sans doute trop fier pour oser tirer avantage de son passé sombre. Trop désabusé pour réclamer ne serait-ce qu'une petite place sur l'immense plateau de jeu, attendre et préparer des remèdes, voilà qui pour l'instant était une tâche pratique et concrète pour le prince.

Tendre ironie d'exister dans la chaire d'un personnage aussi médiocre, de désirer plus encore et encore. On dit souvent qu'il n'est pas de plus grande faim que celle d'un prince, soif de pouvoir, soif de conquête et d'amour. Un jour Baldr n'avait-il pas possédé tout cela ? Aimé par tous, invincible et puissant. Tout avoir avait finit par faire de lui une coquille vide, un morceau de viande préférant une mort certaine à un seul jour de plus sur le sol des vivants. Aujourd'hui les dieux se prostituaient pour une miette de reconnaissance, un idéal bien éloigné du rêve de sam. Celui d'un jour pouvoir être complet, en phase avec sa nature divine. Il avait depuis son retour en ville fait au mieux pour vivre dans la légalité la plus stricte, pour ne pas écouter les sirènes l'invoquant dans le cercle des fous immortels.

La récolte du jour avait été plutôt bonne, il prenait son temps pour sortir ses trouvailles et les disposer sur les séchoirs de son local. Tout en préparant au même moment quelques récipients pour les remèdes en fin de processus, il avait pour habitude d'essuyer ses mains sur ses pantalons. Y donnant avec le temps des fragrances de vert, cette soirée ne faisait pas exception à la règle. Encore un pantalon portant les stigmates de sa profession, sam connaissait à la perfection les sons de sa propriété. Les animaux de tous les genres ne s'offusquaient plus de sa présence, aussi l'absence totale de bruit n'avait point échappé à notre ami. Un message se passant de mots pour désigner une présence inhabituelle dans le coin, ne prenant même pas la peine de se retourner pour voir qui pouvait bien être le visiteur, Sam lui lança: Pour venir à cette heure, ça doit être important..."

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Il y avait dans l'attitude d'Anna une délicatesse palpable, bien fou aurait pu être l'homme voyant en elle autre chose qu'une délicate fleur. Sam ours de nature, ne pouvait se résoudre à faire preuve de méchanceté en sa présence. Voleuse elle parvenait souvent à lui prendre un sourire, doucement il avait incliné son visage pour la saluer. Ses yeux azurs plongeants dans ceux de sa nouvelle interlocutrice, presque aussitôt il avait sentit ses épaules s'abaisser et sa voix devenir plus grave. Tel un enfant tentant d'apprivoiser un renard timide: Quelle heureuse surprise." Dit-il d'un air sincère, froissant une feuille entre ses doigts râpeux. Au touché la récolte du jour prendrait une bonne semaine pour être sèche et prête pour la confection des remèdes. Elle incarnait pour lui tout ce que le mot divinité pouvait représenter, quelque chose de simple, d'accessible et de fragile. les effluves de la pièce apaise naturellement son propriétaire, une toute autre vie que celle sur le bitume. Ce n'était pas dans le sang que Baldr brillait le plus, Un Odin ou bien un Thor serait toujours comme des poissons dans l'eau à Arcadia.

Il n'incarnait pas la bravoure des vikings, plus que que la rage au combat ni la culture des pillages. L'heure du silence était la sienne, le précieux moment entre deux soupirs d'amants la était sa petite place. Plutôt qu'à la gloire c'est à la justice qu'allait son coeur, capricieuse et parfois cruelle mais toujours pertinente dans sa finalité: Vraiment ? C'est un grand pas, cela demande du courage." Dés son arrivée il l'avait remarqué, la température légèrement supérieure à celle qu'avait la demoiselle. Des courbes nouvelles comme parures discrètes, cette manière d'on elle avait été charmée par le parfum de ses plantes. Un guérisseur ne pouvait que remarquer ces variations subtiles chez une femme devenant lentement une mère. Qui pourrait enchaîner une reine indéfiniment de toute façon ?" Pas un mot sur la vie en elle, un secret appartenant encore à cette femme seule. D'un geste fort il avait tiré une pièce de tissu de sous son atelier pour l'étendre sur les feuilles encore fraîches, tapotant contre ses cuisses ses paumes pour en faire partir les quelques résidus restants.

" La Bratva était le monde de ma mère, un monde ou des dieux se complaisent dans la honte. J'ai peut-être l'âme d'un prince pacifique, mais si le loup se montre à ma porte, il aura fort à faire pour m'engloutir." Il avait laissé durant son discours sa main se poser sur l'épaule de la frêle rousse, elle avait le don de s'inquiéter pour chacun de son panthéon. Il y avait dans le coeur des deux cette audace, cette volonté de défier l'inconnu, sans pour autant perdre leurs racines." Pareil pour moi, s'il y a besoin. C'est fait pour ça la famille, enfin ex famille."

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Vanheim, Yggdrasil...Breidablik." Dit-il d'un air distrait, murmurant ces mots comme s'ils appartenaient à une langue étrangère. Ce quotidien qui pouvait être le sien aujourd'hui lui imposait de nouveaux défis, quelle merveilleuse vision. Celle d'un nouveau monde, bâtit par des dieux forts, nobles avec comme unique envie de faire mieux. Mais mieux que quoi ? Dans le temps lui-même était mort par la jalousie d'un autre, son père avait mit au monde un fils pour tuer un autre fruit de sa création. Comment ne pas avoir cette folle impression que la fin des dieux avait été plus que méritée, disparaître avait peut-être était la meilleure chose possible pour le reste du genre humain. Il avait le temps mit cette fille dans un coin de sa tête, la noyant sous un flot de souvenirs en tout genre. Tout pour ne pas avoir à respirer une fois de plus dans un monde ou elle n'était plus présente, l'autre monde était désormais son unique réalité. Dieu lui-même discutant avec une consœur, mesurant chacune de ses paroles comme un prêtre devant une congrégation: Nous étions tellement à une époque, la lumière, la rage, le pardon. J'ai honte sincèrement de ce que l'histoire a conservée de nous, pas toi ? Si seulement savoir qui je suis avait pu faire de moi un être meilleur, ce qui faisait de moi une personne meilleure je l'ai perdu il y a longtemps."

Le paradoxe d'un homme au sommet, ne sachant plus quoi faire du reste de sa vie. Voir le monde autour de lui et n'en ressentir que le vide, perdre toute notion de parfum, de nuance des saveurs et n'avoir plus que comme unique sensation l'attente. Qu'aurait fait Baldr s'il avait perdu la foi ? Sam n'en savait rien et quelque part il ne voulait même pas le savoir, ces doutes étaient ceux d'un mortel. Minuscule et fébrile face à l'immensité d'un tout, il n'avait plus peur d'être plus qu'homme, il s'en moquait tout bonnement."  " Mais compte sur moi pour remettre les choses en ordre." Pas besoin de comprendre pour se battre, si des gens bien autour de lui semblait y croire, pourquoi ne pas participer et apporter sa pierre à l'édifice. D'un geste lent Sam avait récolté la timide larme coulant de l'oeil d'Anna, la déposant sur l'une des feuilles à proximité. Jamais une larme de mère ne devrait terminer dans la poussière, être oubliée avec le temps. Jamais elle ne sera un sacrifice vide de sens, une larme portait en elle tant de secrets. Elle venait de rendre une feuille comme les autres unique, son souhait était au changement de sujet.

Pas de quoi vexer l'homme lui-même laconique le plus souvent, c'est donc avec un naturel déconcertant qu'il porta son attention sur une partie de son atelier: Pour le moment j'étale la récolte et je retire les déchets, comme des branches ou des feuilles mortes. Il faut quelques heures pour en venir à bout." Doucement un petit tas avait été glissé devant elle, juste assez pour débuter avec facilité. Et en silence il avait continué de faire de même de son côté, s'attardant quelques secondes à chaque fois. Un petit air sérieux et faussement concentré sur sa tâche: C'est gentil de le proposer tu sais, ton aide pour m'en procurer. Si l'occasion se présente pourquoi pas, si tu es en mesure de crapahuter pour en trouver." Une fois le trie terminé Sam du haut de sa grande taille avait accroché le restant des sacs à des crochets, de la toile pour laisser les plantes se dessécher naturellement. Comme toujours il avait perdu toute notion de temps, la présence délicate d'Anna accentuant encore plus ce sentiment.

Un temps pour travailler et un pour boire." La voix roque portant avec force son message, l'attitude d'un homme rustre mais pas bien méchant. Il avait mis la main sur une bouteille pas trop vilaine, le temps de faire sortir la jeune femme et il referma la grande porte de bois. La Guidant vers sa caravane, les mains dans les poches, la mine renfrognée. Il n'aimait pas se confier, partager des choses sur son histoire. Une ardoise propre à la sortie de prison, un homme sans histoire reste un homme sans confession a dévoiler. Dans un verre il versa une limonade artisanale avec une forte dose d'alcool puis un second seulement avec le liquide pétillant qu'il avait tendu a Anna: L'ambiance est lourde en ville je me trompe, on dirait qu'un orage ne va pas tarder. Change d'air, je sais par expérience que ça peut devenir moche dans ce genre de moment."

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" Certains miracles ont besoin de temps, repose tes petits pieds." Un refus plein de tendresse, même si la proposition était tentante. Tout faire et vite pour ne pas avoir a attendre, une pente glissante sur laquelle l'ancien Biker n'avait que trop chuté par le passé. Tout avoir par le simple pouvoir de la volonté, l'arrogance même de tout dieu. Ou se trouve la limite entre la bonne intention et la fine frontière qui mène à la toute puissance, partir en quête de la bonne plante, de la bonne feuille. C'est peut-être dans l'imperfection que résidait aussi un bon remède, rendre à la nature tout son pouvoir et lui laisser à lui le rôle d'intermédiaire. Jamais il ne serait comme son père, son vrai père. Odin avait une longue liste de titres et de légendes à son nom, il avait pu tout avoir et en finalité c'était dans le sordide qu'il était tombé. Un fils en tuant un autre, n'y trouver en cela aucune gêne. Tout posséder peut rendre le meilleur des êtres aussi mauvais que n'importe qui, Prendre le temps. Voilà qui pour Sam semblait être un hommage simple au prince d'antan, à l'homme mort avant d'avoir pu vivre une vie pleine. " Cette terre... Elle est difficile c'est vrai, elle est brute et par endroit vraiment meurtrie. Mais plonger les mains dans la terre, c'est plutôt cool donc laisse-moi chercher mes plantes petite rouquine."

Prendre quelque chose et faire tout son possible pour l'améliorer, ce sol était maintenant le sien par droit. En cette soirée il avait un vrai plaisir à recevoir une femme devenue son amie, sous quelques traits elle avait des faux airs à Lauretta. Une personnalité tendre, assez maternelle et capable de rire des plus petites bêtises. De quoi lui redonner une petite raison de sourire, il avait sans s'en rendre compte terminé son verre. Perdu comme souvent dans ses pensées, la tempête était sur eux et il ne pouvait plus se mettre à l'abri en attendant que le déluge passe. Le front plissé d'une petite inquiétude il ne pu s'empêcher de penser au péril menaçant les gens autour de lui, manipulant le verre entre ses doigts il lui dit: J'ai su pour cet individu, pour tout le reste également." Un idéaliste avec des pouvoirs, c'était de loin bien plus dangereux qu'un mec lambda de green peace.

Voilà si longtemps qu'il n'avait pas songé à une bonne nouvelle, se préparant depuis des lustres à faire face aux mauvaises. Finalement quelque chose lui revint à l'esprit, se levant comme d'un bond pour aller dans un autre coin de la caravane. Porte feuille en main il en avait tiré une photographie, ou plutôt deux photos. Bien malgré lui car la seconde plus ancienne et quelque peu froissée s'était un peu coller à la plus récente, la nouvelle représentait sa petite fille de huit ans. Une petite beauté des îles, aux yeux plus bleus encore que ceux de son paternel. Une fleur dans les cheveux, un sourire en banane sur la figure.

Elle ne pouvait être que la fille de Sam, une peau appelant le soleil. Il n'y avait ni peur ni haine dans son regard, un écho mille fois plus beau de la personne que Sam avait un jour été: Ma fille ! regarde ça." son bras tendu pour lui passer l'image et qu'elle puisse admirer à son tour la princesse. " Elle aime la danse, elle débute mais qui sait jusqu'ou elle ira. Une fois la maison terminée, elle pourrait peut-être y venir, c'est une bonne gamine." Il n'avait trop su quoi faire de ce petit machin, ni comment l'aimer. Un homme fier mais tellement maladroit et inquiet face à une simple fillette. L'autre image montrait une jeune femme, à quelques années de la vingtaine. Des traits fins et de longs cheveux bruns, ni adolescente ni vraiment une femme à part entière. Une robe verte sur les épaules, sur la photo elle avait l'air de tendre les bras vers l'objectif pour éviter la prise du cliché, tirant sa langue pour rendre la scène plus stupide. Un moment d'une banale simplicité, dur à croire qu'un jour Sam et pu faire ce genre de chose lui qui avait aujourd'hui un air toujours si sérieux.

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Il porte sur elle un regard sincère, elle semble touchée de le savoir père. Celui lui avait conféré une aura plus rassurante probablement, quel homme pourrait être plus solide qu'un père ayant une étoile à perdre ? Il n'en parlait pas souvent, ne rien en dire de peur que le destin moqueur ne lui arrache son ultime espoir d'être un jour heureux. Une gamine d'on il ne savait rien, des histoires racontées par la mère de l'enfant. Tout le caractère de son père, une fillette protégée par une petite centaines de motards sur une île paradisiaque. Elle était drôle, adorait dormir sur le fauteuil du bureau de son père. Cet homme sur lequel on lui racontait tellement d'histoire, elle voyait en lui un vrai héros. Niant de sa petite compréhension tout ce qu'une vie criminelle pouvait impliquer de plus sordide, quelque part il y avait des prunelles bleues qui attendaient un paternel.

Sam avait pris une serviette en papier qu'il avait ensuite tendu à Anna, dans le but de faire cesser la chute vertigineuse de ces perles de sel. Un sourire rassurant forçant son passage sur le bord de ses lèvres: La dernière fois que je l'ai vu elle avait deux ans par là, elle habite à Hawaï avec sa mère." Dit-il sans émotion particulière au moment d'énoncer la génitrice de son enfant, une histoire fougueuse de jeunesse

Sans vraiment de sentiments. Apportant néanmoins un fruit remplit d'un amour fort grandissant jour après jours, longtemps il n'avait pas su aimer sa fille. Ne pouvant s'empêcher de voir en elle une mère qui ne serait jamais la bonne, lui qui avait tant imaginé traverser les décennies avec une autre.

Non elle n'aurait jamais les mimiques, le rire ou les yeux de son immortelle égérie. Avec le temps qui passe seul reste l'amour, celui pour un être bien loin de toutes les histoires de grands. Sam décida de reprendre doucement les photos, trop d'émotions pour sa compagne du soir. Préférant lui remettre de la limonade dans son verre avant de mettre un pied dehors et de sortir une cigarette: Le chantier avance bien en tout cas. Dit-il en fixant la pénombre extérieure, ses doigts jouant sur les nervures du papier glacé représentant l'autre femme: Ouais....ça avance." La fumait s'échappait alors pour s'évaporer dans la nuit, laissant son esprit partir vers ailleurs. Parler de chez lui avait ce don de le distraire, le vagabond mystérieux laissant place à un homme comme les autres avec une histoire et un foyer.

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Sam ne disait rien la laissant venir une fois encore vers lui, toujours le regard au loin alors qu'elle lui prenait l'avant bras. Il opina de la tête en réponse aux propos de la jeune femme, une jolie fête pour sa fille ne serait pas une mauvaise idée après tout. Il respirait doucement conservant autant que possible un visage paisible: Elle est la sa cabane, elle va y jouer et pousser pour devenir une jeune femme forte. Elle va s'y salir les mains, de la terre et de l'huile moteur sous les ongles." Il expulsa de l'air avec son nez tout en voyant la future grande maison et imaginant tout cela, Prince chez les dieux et roi sur son île. Avec elle viendrait son rôle le plus terriffiant, le plus grisant par bien des aspects. Le rôle de père voilà qui ne serait dans aucune légende à son sujet, mais de loin l'aventure la plus profonde.

Jamais il ne mettrait dans le sac de son enfant toute sa rage ou les fantômes de son passé, elle aurait toute latitude pour suivre son propre chemin. Elle serait un jour une mère à son tour, elle raconterait aux enfants combien son père était un homme craint par beaucoup. Combien la force coule dans leurs veines, elle deviendrait vieille et sage entourée par des gens comme Anna et les enfants de cette dernière. Sam ne serait pas la pour assister à tout cela, une partie de lui sentait la mort l'attendre. Quelques semaines ou mois tout au plus, les dispositions pour terminer la maison étaient mises en place. L'argent sur un compte bloqué pour la petite, une fin violente pour concrétiser une vie dévastatrice.

" Cet endroit sera incroyable, elle sera heureuse de voir le résultat, il faudra être présente pour elle." Lui glissa t-il comme une demande discrète, il se souvenait encore des coups et des meurtres. De la fureur et des balles. Mais sur son terrain régnait un silence de plombe, que des arbres ou des animaux s'amusaient a troubler naturellement: Accepte de venir ici avec ta famille pour quelques temps, avec les petits l'homme et les valises. Si deux chameaux et une poignée d'hommes ont pu faire du désert de Jérusalem une terre sainte, j'imagine qu'ici ce n'est pas si mal pour pondre tes bébés hein ?"

C'était dans l'air, porté par la brise la terre diffusait avec délicatesse sa fragrance typique en temps de pluie. Une bruine légère tombait, plutôt que rentrer à l'intérieur Sam fit un pas en avant pour descendre la petite marche et poser le pied sur l'herbe fraîche. Il ferma les yeux laissant son visage s'humidifier finement, elle lui avait un jour dit que la pluie était le voile le plus fin entre les hommes et dieu. Que durant ce tout petit instant, les larmes du père et de ses enfants ne faisaient plus qu'un. Elle était dans la pluie désormais à son tour, Il avait planté non loin des roses. Sa variété favorite, elle avait pour surnom la fleur mélancolique. Sa particularité était de ne s'ouvrir qu'au contact de l'eau ou dans ce genre d'instant sous la pluie: Une terre fertile, un esprit tranquille. Une femme aux lèvres comme l'été, mai ka hikina a hiki i ke komohana, Ke kali nei au iāʻoe." ( De l'est a l'ouest, je continue à te chercher. )

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" Elle... n'est pas la mère" Pas un mot de plus n'avait pu s'échapper de ses lèvres, tel un enfant lisant pour la première fois lisant les mots sacrés de dieu sur le Décalogue. Trop immense à saisir, bien trop pur pour y poser un regard profane dessus. Un lourd secret piégé dans la gueule du serpent monde, Thor lui-même n'aurait su avoir la force de l'arracher à sa langue râpeuse. Immobile au bord de sa falaise, il cherchait avec une précaution maladive les mots à utiliser pour parler d'elle. Comme si se tromper aurait pu faire disparaitre son souvenir, comme si détourner d'une syllabe la vérité pourrait pervertir la perfection d'un visage ou d'un sourire.

Bien hardi serait l'homme qui ayant contemplé l'éternité pourrait sur une feuille blanche en raconter sa vision, Aujourd'hui elle n'était plus rien. Des cendres, des os retournés à la terre pour s'y perdre à tout jamais. Et pourtant elle guidait encore les actions de Sam, tel un dogme intouchable. De l'alpha d'un baiser en passant par l'omega d'une larme de sang, tout elle ne saurait être autre chose pour lui. Baldr, ce Baldr était né d'un ragnarök. Avec elle était mort le soleil et sa chaleur, la mer interminable et son mystère millénaire. Il avait tout emporter d'elle, la moindre preuve de son existence. Plus une seule archive ne la mentionnée, le seul fait de prononcer son nom avait été sur l'île une sentence de mort irrévocable.

Et avec le temps le monde avait oublié, comme il le fait toujours avec les fleurs disparues à la venue d'un hiver trop rigoureux. Sam était devenu la bête sans coeur, le roi sanguinaire d'un caillou au coeur de l'océan. L'histoire d'un homme et de ses nombreux démons, ne blasphémant qu'a demi-mots le nom d'un ange. Elle lui revenait sans prévenir, refusant d'être altérée, parfaite et froide comme une photo glacée par la neige. Alors tout lui revenait, son parfum après une longue nuit de sommeil, cette stupide façon de rire pinçant son nez pour ne pas faire un petit bruit gênant. Comment décrire à son amie qui était cette femme sur la photo, en souriant il avait eu comme pensée de lui raconter tout ce qu'elle n'était pas, bien plus rapide à son gout.

Certains rêves le menait encore à la vie qu'il aurait du avoir avec elle, une maison lumineuse et une famille nombreuse. Un job épuisant, des journées de soupes et couvertures et bien plus encore. Parler d'elle en définitive serait comme montrer les étoiles à une coccinelle, ainsi le dieu décida de prendre la créature minuscule entre ses doigts pour lui murmure le conte d'un astre, juste une fois: Tu as déjà vu un film qui a pour nom les évadés ? Dedans il y a une scène d'un type qui s'enferme dans le bureau du directeur pour faire raisonner dans toute la prison une chanson d'opéra. Elle était toujours si sérieuse, jamais un sourire tu vois ? J'avais du faire chier je sais pas qui et j'étais coincé à l'infirmerie, obligé d'y faire le ménage tous les soirs après les cours." Un soupire se glissa au centre de son histoire, une pause imposée par son coeur serré: Elle y était pour sa santé, On savait tous que l'infirmière taquinait la bouteille en écoutant de vieux disques tard le soir. J'ai pris son tourne disque et j'ai lancé une chanson Twistin' The Night Away, fort et encore plus fort et encore plus. Les murs en tremblaient je te jure, voilà que cette fille pouvant à peine respirer sans assistance se lève de son lit et danse. Elle se déchaîne et bouge dans tous les sens, pendant que moi je bloque la porte pour empêcher la moitié du corps enseignant d'interrompre ce moment."

Sa main se balançait doucement de droite à gauche, reproduisant avec respect et distance la dite danse alors que Sam fixait le sol en souriant. Il émanait de lui une aura apaisée, une lumière rassurante repoussant au loin la nuit et son froid mordant. La pluie ne le faisait plus trembler, alors qu'il se tournait vers Anna un air presque heureux sur son visage. Ses yeux n'étaient alors plus bleus du tout, mais dorés comme ceux du Baldr d'autrefois. Un bref instant ou Sam était devenu une nouvelle fois le dieu de l'amour, en touchant du doigt la définition qui pour lui en était l'incarnation. L'effet se dissipa d'un coup alors qu'il raclait sa gorge pour terminer son propos: Une danseuse catastrophique vraiment !"

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Le temps pour beaucoup file et ne revient jamais en arrière, une comète folle volant d'une course à sens unique. Un moment bref se transformant en instantané en souvenir intouchable, Sam sait bien que son moment n'était pas aussi idyllique que dans ses propos. Que la maladie était présente avec plus de force chez elle, dans ses mots résides ce qu'elle était au fond d'elle sans imperfections humaines. Il n'avait plus parlé de cette femme depuis le jour de sa mort, sur son île natale elle était juste connue sous le terme de " La femme". Une personne avait impacté la vie d'un seul homme, d'on la mort avait eu des conséquences sur des milliers. Sans cette perte le garçon ne serait jamais devenu cette version brutale de lui-même, sans cette disparition il aurait vécu en paix avec le monde comme son lointain ancêtre divin.
C'est par sa seule colère qu'il avait construit un royaume du crime, par elle qu'un homme de bien était devenu un implacable conquérant des balles. Amusante et pitoyable fin à sa légende de se dire qu'un beau jour, cette même colère avait disparue sans prévenir. Comme une amante passagère après une nuit endiablée, laissant l'homme seul, le laissant sale. Après la rage et son orage, bien après la tristesse et son cortège de pleureuses. Ne restait plus que l'amour sincère, celui capable de faire s'arrêter la comète. Elle avait un parfum de rose dans la nuque, des lèvres sucrées et une place à part dans le cœur d'un homme: Une drôle d'histoire oui."

Et la pluie continuait de couler sur lui, fine encore et glaciale toujours. Une métaphore pour désigner une réalité de la vie, marchant sur une terre humide Sam était retourné vers Anna pour se mettre à l'abri. La ville vivait dans le tourment, dans la fièvre des mafias. Mais la tempête du siècle lui l'avait déjà enduré, alors celle-ci il la traverserait sans mal également. Il semblait alors en paix, ayant accepté le changement. " Rien ne disparaît vraiment dans l'univers, d'une façon ou d'une autre elle recroisera ma route." Avait-il dit d'un air lointain, elle n'était pas venue pour l'entendre parler d'une morte durant des heures.