Les quatorze févriers. Ils se suivent d’année en années, une fête commerciale qui revient encore et encore. Le répit n’est pas présent, les femmes deviennent compliquées lors de ces journées symbolisant l’amour. Un oubli de la part de l’amant, et l’hystérie s’impose comme seule réaction alors que si l’invitation au restaurant s’impose avec, pour l’occasion, le cadeau tant attendu, la phrase type il ne fallait pas émerge des profondeurs de ces esprits étranges. Lionel a passé sa soirée dans un vernissage. Les artistes sont tout aussi étranges que les femmes, si ce n’est plus. Les couples sont venus à l’ouverture, prétextant que la seconde partie de la soirée se trouvait être dédiée à l’explosion de leur amour. Prouver à quelqu’un que l’on est capable de l’aimer une soirée par an, tandis que le reste de l’année, ils se supportent. Il s’était amusé, à discuter avec ces gens qui tentait de se prouver amoureux. Le jeune homme avait déambulé entre ces murs, appréciant les quelques conversations avec les artistes en fin de soirée. Le champagne avait coulé à flot, les petits fours disposés sur les nombreux plateaux passaient, encore et encore, entre tous afin de se faire dévorer sous un semblant d’éducation.

La soirée se déroule sans encombre. Intéressante, Lionel sait qu’elle se ferait ennuyante pour beaucoup. Le monde artistique est étrange, les nouveaux artistes sans un sous exposent leurs œuvres tandis que l’exposition pointe quelqu’un de reconnu. Tous se croisent, tous discutent et chacun retourne dans sa solitude une fois les portes closent. Des studios miteux aux villas obscènes, les uns se veulent un genre tandis que les autres apprécient s’exposer aux regards curieux. Les portes se ferment, les restaurant commencent à se vider. Le dernier acte suivra, relation charnelle afin de clôturer le-dis jour. Lionel ressent l’effet du champagne, il en a abusé. Il le sait, peu importe. Tu devrais boire un café… Ils ne s’aiment pas, la créature et lui. Mais ils sont cordiaux l’un envers l’autre. Il lâche un soupir, sourit également. Voilà que ce con prend soin de lui maintenant. Bien sûr ! Si t’es mal, je suis mal p’tit con ! Il rit en pleine rue, quelques couples se tournent vers lui. Le centre-ville ne semble pas de désemplir. Ils promènent, bras-dessus bras-dessous. Le jeune homme rit bruyamment. Il enlève la veste de son complet-veston, qu’il place par-dessus son épaule.

Errer sans but. Downtown se fait son royaume de quelques heures. Il ne veut rentrer chez lui, s’amusant énormément devant ces vitrines qui le reflètent. Large sourire aux lèvres, grimaces, gestes incongrus, … Il s’en amuse, jumeau de quelques instants qui apparaît sur toutes ces façades de verres. Et il finit par s’arrêter, par se poser dans l’une des rares enseignes encore ouvertes à cette heure-ci. Il doit être trois heures passées, peut-être moins. Il ne veut regarder sa montre, la lune suffit – absolument pas, mais c’est amusant. Il a décuvé un peu, mais n’est pas sobre. Il entre. L’odeur lui pique au nez. Il n’aime pas vraiment le café, mais il boira. Il passe commande, un truc équitable. C’est bien fait ces machins, même s’il n’est pas vraiment écologique dans l’âme. Il apprécie surtout les pâtisseries de cet endroit, qu’il fréquente de façon hebdomadaire. Il sait également reconnaître quelques clients de tête, bien qu’il ne leur ait jamais adressé la moindre parole. Il s’installe à une table haute et, après quelques gestes maladroits, se hisse sur cette chaise haute. Ne pas tomber pense-t-il. Bien qu’il soit actuellement seul, ce serait stupide de sa part de se faire remarquer par le personnel – qui se trouve être une jeune femme, seule.

Il attend sa commande. La porte s’ouvre, le son de la cloche retentit jusqu’à ces oreilles fatiguées. Il se tourne vers le lieu du crime et aperçoit un homme, style hispanique. Il l’a déjà croisé, plusieurs fois, et pas qu’ici. Ils ne se connaissent pas, mais de vue ils ne sont pas inconnus l’un pour l’autre. L’homme commande, et s’installe plus loin. Reste tranquille, s’il te plaît. Ne te fais pas remarquer… La créature semble calme, elle ne veut pas d’ennui ce soir. Lionel se lève, et d’un geste de la main vers l’arrière il répond, à voix haute, à celui qui partage sa tête. « Mais ferme-la un peu ! Ce soir, tu me fous la paix ! » Continua-t-il tout en se pointant du doigt dans la vitre de l’établissement. Un cinglé. Il attrape sa veste, et va s’installer face à l’inconnu qui n’en est pas un, physiquement parlant. Le jeune homme est calme, semble posé à présent. « Salut ! Tu viens te perdre par ici aussi, alors que tous les couples essaient de se prouver leur amour hypocrite dehors ? » Il lui tend la main, en guise de salutation. « Lionel ! Je ne sais pas qui tu es, mais je t’ai déjà croisé plein de fois. Je me souviens de toi… » rougit-il, alors que sa pâtisserie et son capuccino arrivèrent à table. Un billet fut donné à la serveuse, tandis qu’il pris une initiative « Garder la monnaie, ça paiera la commande de monsieur ici présent ! » Que ce soit avec son accord ou non, il venait de l’inviter à prendre ce café. De manière peu subtile, mais il s’en fichait. L’alcool encore présent, la créature ne pouvant le raisonner. Ici, et maintenant, il faisait ce qu’il voulait. Point barre.