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DES AMERTUMES. (NANA)

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DES AMERTUMES. (NANA) - Mer 26 Déc - 18:51

des amertumes.
Toutes les choses du monde naissent d’une première fois. Le premier pas, la première parole. Le premier regard, la première impression, les premiers émois. Les premières envies. Les premiers baisers, les premières caresses,

la première goutte de sang.

Elle est acariâtre sur sa babine inférieure, puis amère et ferreuse au creux de sa gorge. Elles sont asséchées sur ses phalanges bleuies, bientôt crouteuses – encore tremblantes. Elles sont multiples, répétitives, se succèdent : elle est bien loin, la première, quand le calme est recouvré à l’ombre de la petite chambre. Elle, sa sœur, n’est ici qu’une ombre parmi les ombres ; Jun dans l’encadrement de la porte la surplombe. Elle paraît si frêle, pas de la même manière que d’ordinaire. Elle paraît abandonnée, abandonnée à elle-même, à des maux que Jun aura tâché de pourpre et de vermeil. Il en reste sur le tapis (du sang et des maux). De l’autre. Il est déjà loin, et Jun sent pourtant sa présence partout encore dans la pièce, empoisonnant l’atmosphère de ses vices, et se demande si elle le sent encore, elle aussi – certainement cent, mille fois davantage.

Il aimerait pouvoir effacer les plaies, essuyer les perversités poisseuses apposées par les mains libidineuses de l’autre tout contre le corps de Nana. Il aimerait pouvoir rendre à son derme toute sa pudeur, et à son âme tout son honneur ; à défaut de quoi il n’aura su qu’ensanglanter celui de l’autre. « Nana… » Tout son corps d’adolescent, déjà trop grand, s’échoue au pied du lit tandis qu’un râle filtre entre ses lippes. Ses doigts repoussent une mèche brune du front de sa cadette de quelques minutes, prostrée, avant de venir se perdre dans sa chevelure, dans un geste de réconfort maladroit, aux accents aussi brusques que tendres. « J’aurais pu le buter. J’aurais dû le buter. J’aurais dû… Nana. » Il déglutit, les pupilles jusque-là perdues dans l’espace entre lui et le tapis nerveusement ramenées sur la silhouette de la victime. « T’aurais voulu ? » Il assène, marquant à peine l’interrogation. « T’aurais voulu que je le tue. »
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DES AMERTUMES. (NANA) - Dim 27 Jan - 14:29



des amertumes

La carotide pressée d’une main fiévreuse, son souffle chaud et laborieux qui s’écrase en volutes putrides sur le visage poupin - des murmures sont maladroitement extirpés d’entre ses lèvres gercées et nana s’étouffe sur les doigts qu’il enfonce dans sa bouche, ses crocs trop émoussés par le temps pour offrir la moindre résistance. ses cuisses brûlent, ouvertes sur un spectacle poisseux ; sa peau s’embrase au contact impi des phalanges qui s’y fraient un chemin, l’audace effritée dès qu’il en effleure le creux. une plainte étranglée parvient à glisser hors de sa bouche et il hésite un instant, noyé dans l’obsidienne du regard, le vide d’une coquille qu’il tente de saturer de sa présence blasphématoire - un instant qui lui coûte sa réussite puisque, celui d’après, son corps flasque s’écrase sous l’assaut d’un titan.

nana s’essouffle sur une expiration difficile, les lambeaux de sa robe à peine suffisants pour couvrir ses chairs à vif. aucun sanglot n’agite ses épaules, la carcasse trop frêle pour ne pas se briser au premier tremblement ; elle observe. elle compte les coups comme une prière et s’abreuve des râles qui s’estompent - enivrée le temps d’un battement de cils, elle s’éteint avec la conscience de son agresseur.

nana…” le soupir est doux, épuisé. la violence goutte de tous tes pores et ne semble laisser derrière elle que l’asthénie. elle ne tremble pas, ne tressaille pas quand tes doigts s’enfoncent dans sa tignasse ébène. “j’aurais pu le buter. j’aurais dû le buter. j’aurais dû… nana.” son prénom scandé en supplique et elle s’en nourrit, l’itère et le réitère dans son esprit embrumé. l’encéphale envoie des signaux, cherche à réciproquer l’étreinte, mais rien n’y fait ; perdue, elle ne répond ni ne réagit. “t’aurais voulu?” silence. “t’aurais voulu que je le tue.

et les palabres la sarclent enfin de sa transe, ses ongles enfoncés dans les draps en griffent le tissu - ses dents s’agrippent à sa lèvre et la mâchent anxieusement. un frisson, lent et méticuleux, glisse de son coccyx jusqu’à la base engourdie de sa nuque. il s’enroule autour de sa gorge et presse, garrotte le hoquet qui en tapissait le fond. oui, pense-t-elle coupablement. “non”, ment-elle maladroitement. salive ravalée dans un déglutit pénible, la genèse d’un sanglot éclatant sur le bout de sa langue gonflée. “pas pour moi.” c’est un chuchotement qu’elle dissimule dans le creux de ton cou, glissant égoïstement jusqu’à toi, enjambant l’air suffoquant qui vous séparait. le contraste brûle son derme - là où la panique s’était amoncelée dans le creux de son estomac sous le corps suant de l’adolescent, elle ne retire de ta présence que pur émerveillement, l’admiration coulant fièrement dans les détroits de ses veines décadentes.

tu es blessé.” ses phalanges, tendres et appliquées, lèvent à ta vue tes propres mains - le derme crevé par endroit, ton sang mêlé à celui, impur, de l’adolescent terrassé. “jun.” ton nom sonne si faux et pourtant si juste entre ses dents ; elle le savoure comme on s’imprègne de celui d’un saint. “jun, il faut soigner ça.” curiosité morbide qui la pousse à effleurer la rupture de la peau - douleur fantôme qui pique le dos de sa main. “ça fait mal, non?” sourire triste, l’habitude l’oblige à ravaler le spasme souffreteux. elle se lève, lente, les jambes flageolantes ; subtilise dans un des tiroirs l’une des boîtes rouges que sa mère lui refuse, quand son dos saigne à profusion. “pose tes mains sur le lit.” les instructions sont claires, mais les mouvements maladroits - elle tremble à refouler la détresse, l’intérieur de ses cuisses encore chaud d’effroi.
imprécision amatrice quand elle enroule les bandages autour de tes doigts blessés, les lippes serrées quand les piqûres se propagent jusque dans les siens. “jun.” elle répète, comme si c’était la dernière fois - l’élancement sourd le long de sa colonne vertébrale confirme ses peurs. “je suis désolée.” elle souffle, et le barrage cède l’instant d’après. ses paupières s’emplissent d’eau salée, traînées rouges qui souillent ses joues d’un désespoir injuste. “je suis désolée.” elle scande et ses genoux grincent quand l’enfant s’agenouille à tes côtés, le confiteor gonflant la pulpe de ses babines coupables. “tu devrais pas être blessé à cause de moi.


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DES AMERTUMES. (NANA) - Mer 13 Mar - 16:17

des amertumes.
Dans l’accalmie presque recouvrée, au creux d’une atmosphère drapée d’un silence et d’une solitude aux accents morbides, le pouls du plus âgé regagne doucement une cadence plus apaisée. Pourtant, à l’ange de sa conscience, les images restent vives ; elles se teignent d’un voile de pourpres et de carmins, rubescentes et bien trop criardes. Il s’applique à les imprimer avec plus de ferveur encore, à en redessiner les lignes, à en affirmer toutes les perspectives ; il veut se rappeler les mains qui ont osés profaner l’intimité de nana, celles-ci qu’il a pris plaisir à écraser du talon, à en entendre craquer toutes les jointures contre le parquet de chêne. Tout le reste est noir : toutes les ombres tapies aux confins de son esprit, gouffre vertigineux de ses obsessions fleurissantes, le sont. Tout est noir, sauf elle.

Elle, dont la silhouette s’efface et dont les silence épousent l’espace dans un naturel presque inquiétant : il l’observe faire, manier de ses doigts trop fins, tremblants, la petite boite rouge et ses composants, appliquer le désinfectant sur ses phalanges meurtries, puis enrouler les bandages dans une attitude presque dévote ; les trois lettres murmurées à répétition entre ses lippes résonnent telle une lente prière, litanie dont il se délecte avec une félicité démesurée. Il l’observe faire, silencieux et inhabituellement obéissant, captivé par le manège de son plus fragile miroir. « Il faudra mettre les draps au sale. » Ses propres blessures semblent avoir souillé le blanc maculé du linge, mêlées aux meurtrissures de nana – il sait que si leur mère voit ça, c’est encore sa sœur qui en pâtira, et pour la première fois depuis longtemps cette idée éveille un goût amer contre son palais. Sa voix est rauque, abîmée ; il se racle la gorge, et soudain la voilà qui se confond en désolations, flots d’excuses qui bientôt se meut en torrent de larmes, et lui fronce les sourcils. Ses doigts bandés fondent dans la chevelure de sa sœur, attirent sa carcasse maigre et flageolante contre sa poitrine. Le geste est porteur de mémoires lointaines, presque oubliées et pourtant intimement réconfortantes. « Non, non. C’est eux qui devraient pas te blesser. Personne, personne a le droit. » Il sert sa prise, la retient contre lui, habité par le sentiment insidieux que dès qu’il la relâchera elle se brisera en mille éclats de verre. Il ne se rappellera pas combien de temps il l’aura retenue contre lui, les secondes s’étendent et rejoignent l’infinité, et l’éternité semble s’être écoulée lorsqu’il s’écarte doucement, vient écraser les crevasses formées par les larmes de ses paumes à l’allure démesurée face à son visage. « Je laisserai personne le faire. Compris ? » Et dans ses pupilles, règnent des étincelles de fureurs, soulignées d'ombres venimeuses. « Tu devrais te changer. Prendre une douche. » Il déglutit, ravale la haine pour le moment, la laisse s’amasser aux tréfonds de ses entrailles, nourrir son appétit d’enragé et de démon fou.

« Laisse moi t'aider. » Les mots trépassent ses lippes et lui semblent dénués de réalité. il l’observe comme s’il la découvrait pour la première fois, le sentiment d’avoir été séparé d’une moitié de lui-même pour trop longtemps, et des vagues d’amertumes le submergent. Il vengera ces années, il vengera toutes les souffrances, toutes les douleurs et il se le promet, se l’entaille dans le crâne : il vengera sa sœur.
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