Se retrouver [PV Maldwyn]

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La tête vide, je marche le long des quais des docks. De temps à autre, je m'abaisse pour ramasser un déchet pour le mettre dans la poubelle la plus proche.

La tête vide, c'est l'état plus ou moins prononcé dans lequel je suis depuis le nouvel an. Bien sûr, je fais mon boulot avec la même implication. Cependant, pour le reste, je n'ai plus la moindre motivation. Comment pourrais-je en avoir quand mon meilleur ami James m'a rejeté ? Je ne cesse de repasser sans cesse les évènements de cette journée pour savoir ce que j'aurais pu faire pour éviter une telle chose. Plusieurs fois, j'ai pris mon téléphone pour essayer de l'appeler ou envoyer un message. Je n'ai jamais réussi à le faire. Son regard, ses gestes n'ont-ils pas été assez parlant après tout ? Il ne veut plus avoir affaire à moi. Alors, même si cela me blesse au plus profond de moi, je ne peux que respecter son choix. Si je peux supporter qu'il ait peur de moi, je ne peux supporter qu'il me haïsse.

Perdu dans mes pensées, je ne fais pas attention à où je marche. Ce qui devait arriver arriva puisque je bouscule sans le faire exprès quelqu'un.

-Pardon ! Je suis désolée ! J'étais perdue dans mes pensées !

Alors que j'attends les insultes (méritées) de mon manque d'attention, je penche la tête sur le côté pour observer cette personne. Je fronce les sourcils. Il me dit quelque chose.

-Excusez-moi, on ne se serrait pas déjà croisé avant ?

Je ne précise pas la notion de temporalité que je mets dans le avant. C'est évident que c'est avant aujourd'hui. Pourtant, je ne pense pas qu'il ait les mêmes préoccupations que moi par rapport à James. Il ne doit pas le connaître d'ailleurs.

Fiche codée par NyxBanana

Spoiler:

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Célestine & Mal

Industrial docks, February 05th 2019.

Mon esprit ne cesse de rejouer ce qu'il s'est passé avec Delilah dans les bois, encore préoccupé, le palpitant encore tremblant. J'ai été idiot de croire que ce qui m'affecte ne peut pas aussi affecter de près ou de loin les gens qui m'entourent. Depuis ce jour j'ai enfermé le bracelet à double tour, incertain sur sa nature mais catégorique sur sa dangerosité. Pourquoi ma mère m'a-t-elle légué une chose pareille ? Combien de ces choses incompréhensibles attendent de sortir de l'ombre ? Je veux savoir. Maintenant je veux comprendre ce qu'il se passe chez moi, avec cette ville. Je suis encore horrifié du sentiment d'avoir utilisé Lylah comme cobaye des effets de ce bijoux maudit. Je me fiche que cela m'affecte moi, des voix dans ma tête et des instances bizarres qui me poursuivent. Mais je refuse de faire souffrir les gens que j'aime, leur faire subir ces mêmes terres inconnues. Je veux juste les protéger. Si les protéger de moi ne suffit plus, c'est la colère et l'impuissance qui ne font que grandir en moi. Tu perdras tout ceux que tu aime bien assez vite Maldwyn, ne t'en fait pas. Cette voix, cette satanée voix cruelle. J'ai fini par lui donner un nom, Hollow, parce qu'elle cherche à me jeter dans le gouffre. Mais elle me fait pitié dans le fond cette voix, le vide cherche toujours à être rempli. Et pour Delilah Sulwyn je serais prêt à tout.

J'ai manqué de faire tomber une caisse sur un collègue ce matin. Les docks sont en pleine ébullition, les docks sont toujours en pleine ébullition. Le contremaître a beuglé un « Jones putain ! » au son de la marchandise s'écrasant au sol. Il n'a rien ajouté d'autre. Lui comme moi savons que je suis toujours en période d'essai et que si je cause trop de problèmes je serais facilement remplacé. Alors je serre les dents, j'essaie de contraindre mon cerveau à la concentration nécessaire au travail mais il est déjà ailleurs. L'air marin qui d'ordinaire m'apaise m'est aujourd'hui écœurant. Peut être parce que j'ai l'habitude de sa saveur salée depuis que je vis au phare. Peut être parce qu'il me rappelle Lise et qu'elle me manque un peu aussi.

L’après-midi arrivée après une éternité, le ballet des marchandises qui ralentit pour quelques heures creuses avant de reprendre de plus belle dans la soirée. Ce ne sont pas mes horaires de service, pas pour aujourd'hui. J'entame ma marche hebdomadaire pour rentrer à la maison. Personne pour me déposer aujourd'hui et je crois que j'ai besoin de mettre un pied devant l'autre pour me remettre les idées en place. Les mains fourrés dans mes poches mais elles tremblent un peu, le stress et la fatigue de ces derniers jours ont réveillé mes vieux démons. La drogue est un souvenir encore frais à ma mémoire et je déteste sentir la faiblesse de mon corps glisser vers l'envie. Je suis plus fort que tout cela, je l'ai déjà prouvé. Pourtant si faible. Susurre une voix féminine.

Je serre tellement fort la pièce témoin de ma sobriété dans ma poche qu'il me faut plusieurs secondes pour réaliser que j'ai percuté quelqu'un. Ou qu'on m'a percuté ? Moment de flottement qui persiste avant que je sorte les mains de mon épais blouson et considère la silhouette encore proche. Elle se confonds en excuses et je réponds un « C'est rien, vous en faites pas. » en mode politesse automatique. « J'étais perdu dans mes pensées aussi. » Que j'ajoute pour la forme, la vérité vraie. Même si les siennes n'impliquent sûrement pas des relents d'adduction à la coke. Du moins j'espère pas pour elle.

Je la considère en même temps qu'elle me considère, la réalisation s'étirant d'un faible sourire sur mes lèvres alors qu'elle pose des mots sur l'évidence. « Bonjour Miss Beauchamp. » Que je prononce d'une voix calme, soudainement apaisé par le destin qui me fait un clin d'œil. En face de moi se trouve celle qui a à la première tiré la sonnette d'alarme, le voile sur le monde que je ne voulais pas voir. Cette rencontre passée à laquelle j'ai souvent repensé en me disant que c'était au pire un cauchemar, au mieux un rêve. Cette jeune femme qui avait dévoilé être une nymphe en toute honnêteté et simplicité. Celle qui avait tenu tête à mon scepticisme et mes piques mauvaises et bornées. « Est-ce que vous avez enfin trouvé la raison pour laquelle les nymphes foulent cette terre ? » Que j'ajoute en levant mon visage vers le ciel nuageux. Est-ce que vous avez trouvé la raison pour laquelle vous existez ? Mon sourire se fait évasif alors que je ferme les yeux un instant. Est-ce que vous connaissez la raison de mon existence ? Arawn. Pourquoi est-ce que ce nom hante mon esprit. Je tends une main devant moi, les phalanges un peu sales, mon regard se posant dans le sien. « Je suis désolé de ne pas vous avoir cru Miss Beauchamp. Et pour mon comportement de ce jour-là. » Parfois il faut revenir au commencement pour retrouver son chemin.

(c) DΛNDELION

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