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Je n'ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage.

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Je n'ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage. - Sam 6 Avr - 22:47


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A peine rentré, mes yeux observent cet appartement. C'est chez moi, et je ne parviens absolument pas à m'y sentir à l'aise. Il y a une vue magnifique qu'offrent de grandes baies vitrées parfaitement nettoyées. Ça et là, quelques plantes vertes s'épanouissent mais pas trop. Les murs sont anthracites et encadrent des meubles de bois noirs. Tout est parfaitement rangé, bien à sa place. C'est un appartement magnifique, où je sais que jamais je ne me sentirais chez moi. J'aimerais bien penser que c'est parce que je passe énormément de temps à mon travail mais la réponse est bien plus simple.

Je n'aime pas être chez moi.

Déjà, j'y suis seul, toujours. Au travail, ma solitude passe pour du professionnalisme, la distance que je garde avec les patients ou avec l'équipe fait acte de sérieux, comme si j'avais le choix... Mais ici, chez moi, je suis seul, et je n'ai aucune excuse. Pourquoi d'ailleurs devrais-je en avoir ? Je fais ce que je veux, après tout ! Mais les solitaires et autres sans amis sont souvent perçus comme des gens étranges.
Le regard des autres m’atteint vraiment, que je le veuille ou non, voilà que je culpabilise à l'idée de ne rien faire un samedi soir, veille d'un rarissime congé. Fichue société !

En plus, je ne suis pas seul, jamais je ne le serais plus. Il y a ce chien dans ma tête qui m'observe et me parle de temps en temps. Celui qui m'a ouvert les yeux en essayant de me tuer il y a quelques temps de cela. Il y a des fois où j'aimerais presque tenter à nouveau l'expérience, juste pour retrouver cette joie immense de me sentir vivant.

Je sais pourquoi je n'aime pas être seul, c'est parce que je me met à penser, à moi, à ma condition et à ma place dans la société. Non, il faut que je sorte, juste me balader en ville, errer dans les rues d'un pas légèrement trop rapide pour qu'on pense que je ne fais pas que me promener et ainsi ne pas me faire importuner. Oui, voilà, et j'irais acheter à manger pour ce soir, un bon repas avec une bonne musique douce, voilà ce qu'il me faut.

Tranquillisé par cette idée, je me lève d'un bond et saute presque dans mes chaussures. J'attrape ma veste et ... Quelque chose cloche.

Instantanément, mes sens se mettent en éveil, en alerte. Qu'est ce qui se passe ? Je tente vainement de me calmer quand je comprend ce qui ne va pas : ma veste est trop légère. Je baisse les yeux pour me confirmer ce que je sais déjà, le renflement de ma poche qui contient habituellement mon portefeuille est désespérément plat.

Par acquis de confiance, je regarde l'autre poche ce qui est totalement inutile car je sais parfaitement où j'avais mis mes clefs, mon argent, et mon portefeuille, toujours aux mêmes endroits. Je retrouve absolument tout, excepté mon cuir, mes papiers qui étaient à l'intérieur et mon badge de l'hôpital qui y est accroché. Le désavantage d'être lucide avec une excellente mémoire est que je n'ai même pas ce plaisir de l'espoir de chercher partout ce que j'ai perdu parce que je sais pertinemment que ça ne sert à rien. Bon, avant de paniquer, je dois faire le plus urgent en priorité.

"Allô ?"
"Doc' ? T'es pas en congé ? Je te manque à ce point là ?"
"Tu pourrais vérifier si mon badge n'a pas été utilisé pour entrer à l'hôpital ?"
"'...'S'il te plaît'...'Merci'...'Je ne sais pas ce que je ferais sans toi !'... Bac+42, ça n'apprends décidément pas la politesse..."
"...S'il te plaît ?"
"Négatif, t'es bien supposé être parti à l'heure ou t'es vraiment parti ! Tu l'as perdu ?"
"Non, je pense qu'on me l'a volé, avec tout mes papiers."
"Ah merde. Bon, je te redis s'il y a quelque chose de mon côté. Merci de nous avoir prévenu. Tu devrais aller voir la police même si je pense que la personne a du détaler comme un cabri."

Et je raccroche avant d'immédiatement renvoyer un "merci" par SMS. Stupide savoir-vivre ...

Alors que j'allais actionner la poignée de la porte, l'interphone se met lancer sa stressante sonnerie. A ce même instant, mon portable se met à biper m'annonçant une probable réponse sarcastique de ma secrétaire. Enfin, ma montre connectée vibre pour m'apprendre que j'ai un rythme cardiaque trop élevé et qu'il faut que je fasse un exercice de respiration pour me calmer.

Heureusement, par interphone, mon stress se perçoit beaucoup moins. Après une seconde d'hésitation, j'ouvre la communication. Le portier m'annonce alors que j'ai de la visite. Une vraie visite. Avec un véritable autre être humain...

Le destin a décidé que j'aurais une crise cardiaque ce soir, heureusement que mathématiquement parlant, je pense que j'arrive au bout de mes surprises pour la soirée.

N'est ce pas ?

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Je n'ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage. - Mar 9 Avr - 23:36

Le bus cahote, ronronne et marine dans sa lumière aqueuse. Jaune ingrat arrosant les visages, quand la nuit naissante au dehors se pare déjà de néons et d'ampoules en joyaux. Les flux de voitures et de lumières s'écoulent mêlés, sur la rivière grumeleuse d'asphalte ; mais dans ce courant fait de pierre et d'acier, il y a le ruissellement souverain de la chair humaine, trésor pulsant au cœur du torrent mécanique. George lui même se sent une fraction de ce fleuve. Dans l'écrin du bus, il est au sein des petites perles de chair qui sertissent le ventre des machines. Mais parmi toutes ces perles, il est de ceux dont les grands appétits sont à craindre ; grain de sable entêté dans l'huître de ferraille, se refusant aux promesses sémillantes de la nacre.

Il n'observe pas tant les rues qui défilent en bandelettes ondoyantes au dehors, constellées de vies et de lumières en braille ; c'est pour la cargaison du bus qu'il a de l'attention. Une belle brochette d'humanité à différents stades de fatigue repose en travers des sièges, alignée en rangées de gueules hétéroclites. On y trouve de tout. Marmots en plein débat sur la domination supposée d'un super-héros sur un autre ; mères de famille cachant leurs cernes avec plus ou moins de maquillage et de succès ; probables étudiants aux mines livides et aux mains trop nerveuses ; jeunes et vieux tripotant leur portable pour éviter d'avoir à se regarder dans les yeux ; quelques irréductibles bravant la nausée qui leur viendra aux lèvres pour avoir lu à l'intérieur d'un bus ; travailleurs éreintés et jeunesse en déroute, prête à réaffirmer son goût pour l'alcool et la danse, qui sauront lui faire oublier un peu son existence ; contemplatifs aux mines rêveuses ou mélancoliques occupés à l'autopsie studieuse de la cité nocturne. Aucune autre créature en maraude parmi eux ; ou alors des Dieux auxquels ses sens ne sauront qu'être aveugles. Mais il n'y a nul besoin de magie en grande pompe pour rendre ce spectacle digne d'intérêt aux yeux fureteurs de George. C'est d'ailleurs pour y assister qu'il a préféré le bus à la marche à pied. Il aime à observer les gens pour le simple plaisir d'ouvrir les yeux sur le monde alentour, afin de mieux le décrypter en disséquant leur vie ; parfois aussi pour lancer des défis à ses facultés de séduction- qu'elles opèrent dans la sphère amicale ou charnelle. Mais pas ce soi. Il ne sera pas loup à mordre dans la bergerie.

Du moins n'en avait-il pas la moindre attention, jusqu'à l'arrivée de cet homme.

Il entre dans le bus avec un regard que George ne connaît que trop bien ; celui qu'il avait à douze ans quand il pénétrait en apnée dans la cour du collège. Le regard que l'on a lorsque l'on craint la foule, et qu'on s'attend à tout moment à ce qu'elle nous fasse du mal. Ce pourrait être la nervosité d'un homme riche éprouvant de l'angoisse à la proximité d'une populace tant crainte que dédaignée -il est bien habillé, et la montre à son poignet est de marque pour sûr-, mais George y reconnaît la simple manifestation d'une sensibilité contrariée par la crainte de contacts involontaires, de bruits à profusion et d'interactions sociales indésirables- car malhabiles. Il a le nez pour repérer les animaux boiteux au milieu d'un troupeau ; il a été des leurs. Il porte en lui la même hâte qui fait tambour au cœur. Et cet animal là, drôle de grande perche encostumée, file au moins la laine d'un foutu mouton noir, pour faire flotter l'étendard de son malaise en liberté aux vents. Il s'agit sans nul doute d'un pauvre diable dont les nerfs font des feux d'artifice. Du genre de ceux qu'il ne déniera pas apprécier de croquer- il y a toujours une richesse de sensations tant que de sentiments dans une carcasse si vive, prompte au sursaut, à la fuite, une de ces silhouettes prestes, guetteuse d'embrouilles à éviter, qui se hérisse sans cesse à la moindre sollicitation sensorielle, vécu en catastrophe ; une richesse cachée derrière les voiles du tremblement nerveux, tant ces chairs là sont perméables, ouvertes aux plaisirs autant qu'à la douleur, habitées par une sensibilité qui saura être aussi bien bénédiction qu'une éternelle misère. La sienne propre est devenue un outil dont il aime à user- d'aucuns diraient aussi qu'elle lui a attiré plus de problèmes qu'il n'en faut pour en remplir une vie. Mais c'est que George aime être lui même un problème qui se pose à l'existence des autres.

C'est peut-être une vengeance mesquine qu'il prend sur le passé ; peut-être un pied de nez à la moralité. C'est plus sûrement un simple jeu, un défis lancé à sa chance autant qu'à son adresse- et sa manière étrange d’appréhender quelqu'un dont l'éclatante sensibilité lui donne orgueilleusement l'impression d'être proche. C'est qu'ils sont presque de la même espèce, quoique leur sensibilité ait prit des chemins différents. Et n'y a t'il pas toujours une concurrence entre membre de la même espèce ?

Toujours est-il qu'il avance vers cet homme au vif regard de proie. Qui est resté debout, accroché à une barre, désirant si peu s'éterniser qu'il n'a pas pris un siège. Tant mieux. Les choses seront bien plus faciles ainsi. Il ne lui faut qu'attendre un seul arrêt pour exécuter la mécanique bien huilée de son plan ; c'est qu'il n'en est définitivement pas à son premier vol dans un milieu urbain. Ni même dans un transport en commun. Ou encore dans un bus. C'est qu'il s'est vite découvert de raisonnables facultés de larron.

Le satyre vient se poser dans le dos de sa proie, faussement pensif, mais scrutateur, serrant en main sa propre barre. Il ne faut pas grand chose d'autre qu'une simple secousse ; l'arrêt est brutale comme souvent. Il n'a aucun mal à feindre un basculement, et pour cause, il ne lésine pas à heurter et se laisser tomber.

Tout pourrait se jouer dans l'instant s'il était plus doué. Mais le rapt ne peut venir qu'après, en vertu de ses actuels talents de voleur.

Agrippé aux épaules de l'autre, il laisse échapper un juron, et quelques mots d'excuse. Mais ne s'arrête pas là ; car tout est dans les mots. Les mots et le contact, pour amoindrir les facultés de l'autre, pour y créer et exploiter une brèche. Or George n'a pas beaucoup d'efforts à fournir pour se montrer bavard et trop tactile. Se confondant en explications empressées et vaines informations, brossant l'épaule de l'autre, puis la tapotant avec une familiarité qui n'a d'égale que le sourire gêné dont il lui fait l'offrande ; il s'agite et il tricote des phrases tel un charmeur de serpents, touchant l'homme comme si de rien n'était, avec tout le cinglant naturel d'une personne habitué à étendre amplement sa gestuelle pour parler.

Son autre main n'a aucun mal à trouver la cache du porte-feuille. Elle glisse et ressort de la poche avec la grâce et la vitesse d'un oiseau en plein vol.

Il ne lui reste ensuite qu'à s'éloigner un peu avec un dernier signe de main à l'encontre de l'homme, et sans aucun scrupule, choisir une place assise plus proche du contrôleur, en retenant à grandes peine un sourire satisfait ; rictus tressautant de sale gosse. Ses doigts frétillent de cette victoire- et il ne sera pas le seul à s'en réjouir. Avec le contenu de ce portefeuille, il pourra probablement payer un bon restaurant à Claudine. Et que ne donnerait-il pas pour voir sourire la vieille femme ?

A vrai dire, beaucoup de choses. Mais il n'aura aucun mal à faire des largesse avec l'argent d'un autre.

Il n'a pas la décence d'attendre que la victime de son larcin ait quitté le bus avant de commencer l'inspection de ses biens ; du coin de l’œil, il peut constater qu'elle ne s'est pas encore rendu compte du délestage. Alors du bout des doigts d'abord, glissés dans la poche intérieur de son manteau, il explore doucement les replis du portefeuille ; quelques billets se froissent à son contact, une ou deux pièces viennent même buter à ses apex. Néanmoins, c'est une carte qu'il choisit d'extirper. La piètre luminosité ambiante l'oblige à plisser les yeux pour y lire quelque chose.

Rayan Godfrid. Né en 1981. Binationalité ; et une bien jolie gueule, quoique plus jeune de quelques années sur la photo d'identité. En poussant l'expertise, il parvient même à découvrir le groupe sanguin du bougre, ainsi qu'un badge à son nom l'identifiant comme chirurgien. Voilà qui explique la belle mise du bonhomme.

Inexplicablement, George se sent intrigué. Par cet étrange collage de nom et de prénom, dont il serait bien mal inspiré de rire en considération de son propre patronyme ; par ce médecin à fleur de peau dont les yeux verts, quand il les a croisé, semblaient ne voir dans le monde qu'un indescriptible maelstrom de signes amalgamés, ardus à déchiffrer. Par l'histoire d'un homme qui n'est pas né, comme lui, en terres américaines. Ce n'est finalement que de la curiosité mal placée, mais il lui apparaît qu'il n'a rien de prévu ce soir là ; et qu'il peut donc le consacrer à ce Rayan, que sa sensibilité rayonnante l'a enjoint à dépouiller d'un petit bout de sa vie. Peut-être car il était déjà, alors, piqué d'un intérêt naissant envers le bougre. C'est toujours ainsi après tout. George agit le plus souvent à l'instinct, sans forcément réfléchir aux raisons qui déterminent ses actes. Il sait que leur sens apparaîtra toujours à un moment propice ; et il n'a nul besoin de se justifier à sa propre conscience. Finalement, il ne s'agit pour lui de rien d'autre que d'une foucade de plus. C'est souvent elles qui le conduisent à pénétrer dans l'existence d'autrui, à faire de nouvelles et prometteuses rencontres.

Néanmoins, tout à son inspection, George a laissé filé le sujet de sa curiosité. Un regard à la ronde lui permet de constater que Rayan est descendu du bus- toujours sans se rendre compte de l'absence de ses biens. C'est comme un clin d’œil du destin, l'enjoignant à garder le fruit charnu de son larcin, sans chercher à en apprendre plus. C'est cependant un gain bien frustrant à l'aune de son désir contrarié d'une nouvelle rencontre.

Faut-il attendre le lendemain, pour aller trouver ce Rayan sur son lieu de travail ? C'est bien une possibilité. Mais rien ne lui coûte de s'essayer à faire fi de patience.

A sa propre surprise, la providence semble encline à lui prêter main forte.

*****


Elysium Heights. Le tout venant n'est pas en mesure de se loger ici- il n'y a qu'à voir le nombre de marches à gravir avant de parvenir à l'appartement de l'homme qui l'a conduit ici. C'est en fait plutôt amusant à considérer. George se souvient avoir appris d'un jeune français, qu'autrefois, à Paris, dans les immeubles Haussmanniens, les appartements en rez-de-chaussée étaient les plus prisés, réservés aux bourgeois ; plus une habitation était proche du ciel, plus elle était susceptible d'incomber à une famille pauvre. Mais les temps ont bien changé, n'est-ce pas ? C'est désormais un luxe que de vivre un peu plus à proximité des nuées, et les habitants des grandes villes n'ont cesse de vouloir se rapprocher d'Icare. C'est une chose que George ne comprendra jamais ; son essence le rattache à la terre. Toute créature des vallées et montagnes arcadiennes qu'il soit, il a toujours eu le sentiment que sa nature de satyre faisait de lui un être tellurique.

Mais le voilà à grimper marche après marche, en se refusant le luxe asphyxiant d'un ascenseur. Très peu pour lui de s'enfermer dans une petite cabine mise en branle par les forces obscures de la mécanique et de la gravité. Il préfère de loin compter sur la fiabilité à toutes épreuves des muscles de ses jambes. Qui plus est, il n'est que trop heureux d'avoir semé, en choisissant les escaliers plutôt que l’ascenseur, le regard soupçonneux du portier.

Et finalement, il parvient à son but. A l'étage indiqué. A la porte promise ; qu'il frappe à pleines phalanges, dans un roulement de tambours.

Quand s'ouvre cette dernière, il a déjà choisis sa pose- théâtralité oblige. Les mains dans les poches, les épaules détendues, et un sourire décontractée aux lèvres. Mais son regard, lui, est toujours le même.

Pétillant et terriblement franc- fiché dans celui de l'homme qui lui fait face.

- Hey. Bonsoir. J'm'appelle George ; j'étais à côté d'toi dans l'bus. Enfin, derrière. On s'est un peu rentré d'dans, j'crois quc'est à cause de moi si t'as perdu un truc. Un truc d'envergure à vrai dire. C'est moi qui ais ton portefeuille. Le v'là.
D'une seule main, il lui tend le fameux portefeuille, agrémenté d'un bâton de nicotine coincé entre sa carte de crédit et celle d'identité. De l'autre, il fait accoster à ses lèvres la cigarette qu'il a lui même déjà commencé à fumer. Brasillement, inspiration. Et un regard joueur dont l'éclat n'est pas sans évoquer celui d'une peinture de la Renaissance.
Quand il est tombé, j'ai d'abord cru que c'était l'mien. Puis en me disant qu'ça pouvait être une bonne idée de vérifier si j'n'avais rien perdu, quelques minutes plus tard le temps de percuter, je me suis rendu compte que c'était l'tiens tout compte fait. J'ai pensé à l'garder pour être franc, mais finalement je me suis dis que ce s'rait plus intéressant d'en apprendre un peu plus sur son propriétaire.
Haussement d'épaules.
Appelons ça un élan d'curiosité morale, ajoute t'il avec un léger sourire de dérision. J'ai demandé au chauffeur de bus où t'habitais. Bon, moi j'm'inquiéterais qu'un chauffeur de bus sache ce genre truc sur moi- sérieusement, tu devrais lui d'mander d'où il tient cette info, même si ça c'est révélé bien utile tout compte fait.
Rien que quelques notes d'un rire où perce un rayon de miel embrasé de soleil- juste de quoi irradier un soupçon de chaleur.
Bref. Du coup, j'suis là. J'pourrais faire que passer... Mais bon, ça m'ferait chier. J'aime pas les soirées solitaires. Tu serais libre pour prendre un verre ? Ce s'ra l'occasion d'te rembourser le dollar et quelque que jt'ai emprunté pour m'acheter un paquet d'cigarettes.
D'où celle glissée dans le portefeuille à l'intention de Rayan.
Puis, on dit qu'le hasard fait toujours bien les choses. C'est qu'il devait avoir une raison pour me conduire ici.

Bien sûr. Un hasard forcé à coups de truelles ; celui que George tolère et affectionne.

Il fait à l'autre son sourire le plus franc- sans se forcer le moins du monde. Une gaieté faunesque commence à poindre au fond de son ventre. Il n'a aucune idée ce que lui réserve la soirée ; mais il peut déjà dire que d'une manière ou d'une autre, elle sera distrayante.
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Je n'ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage. - Mer 10 Avr - 21:23


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Je reste un poil perplexe. En attendant que l'importun monte, je me dis qu'il serait sans doute très fastidieux d'aller à la police pour déclarer la perte de mes papiers, ou ... Le vol ? Ma mémoire se met en branle et ce n'était pas compliqué de remonter le temps, j'avais mon portefeuille en montant dans le bus car j'avais sorti ma carte d'abonnement. Par contre, entre ce moment et mon arrivée à l'appartement, qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

Mémoire qui commence à remonter, je suis rentré directement de l'arrêt à ici, je n'ai pas pu le perdre à ce moment, ça s'est donc passé dans le bus. Je grimace en pensant que j'aurais sans doute du prendre mon vélo comme je l'avais prévu pour aller au travail. Je déteste prendre le bus, les gens y sont idiots, comme partout. Quand ils ne s'ignorent pas purement et simplement, ils ne font que se mépriser à longueur de temps.

Allez, je me concentre, on fera des études sociologiques une autre fois. Il s'est passé quoi dans le bus ? Je suis monté, j'ai présenté ma carte, je l'ai rangé, je me suis senti mal à l'aise, comme d'habitude, il y a ce type à la casquette et au MP3 qui m'a poussé en sortant, il y a cette fille, assise près de moi qui avait ce regard indéchiffrable qu'elle m'a imposé, et, bien sur, il y a cet homme qui ...

Fuck.

Il m'a bousculé volontairement pour me dérober mon portefeuille. Quelle naïveté, je ne le comprend que maintenant. Mon poing se serre alors que ça ne sert strictement à rien. Je suis frustré et déçu. Pourquoi déçu ? Parce que dans le bus, cet homme m'a paru sympathique, sympathique dans le sens où il semblait presque partager mon erreur à prendre le bus. Au début, je me suis senti observé par lui, sans rien de plus. Quand il est tombé sur moi, je me suis vaguement assuré qu'il allait bien mais son bagou a suffit à me donner la réponse. Chaleureux, je pensais qu'il faisait partie de cette race de gens extrêmement rares à être véritablement à l'aise en société, à être vrais, tout simplement. Vrai, il l'est sans aucun soucis. Mais il m'a volé. Plus que la perte de mon argent et surtout de mes papiers, c'est cette évidence s'impose à moi avec douleur : la seule personne que j'ai trouvé agréable aujourd'hui m'a trompé.

Hey, il faut vraiment que je me détende ! Ma montre bip encore une fois pour me signaler de faire mes respirations de relaxation. Bon, d'une part, je ne suis pas certain qu'il s'agisse de lui, et ce ne sont que des papiers, l'hôpital est prévenu, il n'y a plus rien d'urgent.

Je fini mes pensées là dessus quand la porte résonne d'un coup franc. Pile à l'heure !

J'ouvre et je tombe sur l'objet de mes pensées, livraison à domicile par je ne sais quel karma. Mon cerveau est beaucoup trop encombré pour émettre la moindre pensée cohérente et me laisse me débrouiller seul. Il est juste là, sur le palier. Il me rend mon portefeuille agrémenté d'une cigarette. Ses gestes sont assurés et ses explications ne tiennent debout que grâce à son incroyable éloquence.

Il allume sa propre cigarette, et je me demande sincèrement si je dois faire de même par pur mimétisme sociabilisant. Je ne fume pas et il est strictement interdit de fumer ici, me voilà coincé entre ma volonté de bienséance et mon respect de base pour les règles de vie. Alors, quelque chose se passe...

Loin, loin dans ma chair, loin dans ma tête, quelque chose s'éveille. C'est une sensation que je n'ai connu que trop bien et que je pensais ne pas ressentir là tout de suite, une sensation puissante, ancienne, agréable et primitive. Après un léger frisson, Il se réveille, le Chacal dans ma tête reprend ses droits sur mon corps. D'habitude, il ne fait que me parler et jamais il ne prend possession de mes attributs physiques. Mais là, il ouvre ses yeux et me montre la véritable nature de la personne face à nous :

De longues cornes torsadées et des pieds de boucs qui apparaissent comme par transparence ne sont pas ce qui me perturbent le plus. Non, ce qui me stupéfie, c'est que cet homme est habillé et qu'il défie pourtant les lois de la pudeur. Comme si sa nudité perce sous ses vêtements, juste face à Nous, un nu qu'aucune volonté ne pourrait arrêter. Il semble parfaitement à l'aise, d'être ici, dans un lieu qui lui est apparemment inconnu. Ce Satyre, car il s'agissait bien de cela, Nous est parfaitement opposé. Si je n'étais pas totalement dans ma zone de confort quand un inconnu vient chez moi et m'offre une cigarette, là, c'est comme si je venais d'être téléporté dans une galaxie lointaine, très lointaine, sans aucune possibilité de retour : un Faune sait mon nom, sait où j'habite, et m'a manifestement pris pour cible.

Dans ma tête, le chien apprécie ce qu'Il voit. Si je ne Le connaissais pas aussi bien, je serais prêt à jurer qu'il est en train de hurler façon loup de Tex Avery. Ma main bouge malgré moi et Il me fait prendre une décision sur mon dilemme : Nous nous approchons de l'homme, cigarette en bouche, pour avoir du feu.

C'est seulement à ce moment là que ma conscience autorise mes pensées à refluer alors que l'homme Nous invite à boire un verre. Le Chien est on ne peut plus jouasse et, pour ma part, l'idée de retrouver mon portefeuille n'arrive pas à la cheville dans la satisfaction à côté de la perspective de ne pas passer la soirée seul. Alors qu'il fini de parler, je sens imperceptiblement que je me détend et je sens même un sourire en coin se former sur mon visage. Petit certes, mais sincère pour qui a un tout petit peu d'instinct.

"Je ... " George, c'est ça ? George m'a tutoyé, sauf erreur de ma part. Je vais suivre cette tendance."Tu peux m’appeler Ray. Je te remercie beaucoup de m'avoir rendu mon portefeuille, c'est toujours une plaie de refaire ses papiers. Et à l'hôpital, ce sont de vrais paranos dès qu'un de nos badge disparait."

Je tire sur ma cigarette en réalisant bêtement que je n'ai pas de cendrier chez moi et que si un de mes voisins sort à cet instant, je suis bon pour une séance de morale entre propriétaires. Et je n'en avais ni l'envie, ni l'énergie, pas ce soir.

"Mais je manque à tous mes devoirs. Viens, entre un coup, juste le temps que j'attrape mon manteau."

M'écartant de l'encadrement de la porte, je file à la cuisine chercher une soucoupe pour y mettre les cendres. Je pense alors avec un amusement mêlé de crainte que si je commence à me laisser à fumer en tout début de soirée, qui sait ce que je serais en train de faire avec lui avant minuit. D'ordinaire, cela m'aurait effrayé et je serais déjà en train de transpirer toute l'eau de mon corps, mais ce soir Le Chacal est là, et il veille.  

"Par contre, si cela ne t'ennuie pas, je préfèrerais aller manger. Je sortais pour ça à la base. Par contre, c'est moi qui régale, j'y tiens."

Cette tirade est sortie sans ambiguïté aucune, n'ayant aucun soupçon d'idée de ce que ce genre d'invitation peut faire à un Satyre. Je fini ma cigarette, attrape mon manteau et y glisse avec satisfaction mon portefeuille à l'intérieur. L'atmosphère présente m'indique qu'il est temps pour une phrase banale sur la météo ou l'éventuelle profession de mon curieux invité. Finalement sur le départ, j'opte pour :

"Alors, deux questions : quel est ton style de nourriture, et à quel point crois-tu au hasard ?"

Parce que, soyons sérieux, un Satyre n'est vraiment pas courant. Si la soirée se passe bien, j'aimerais énormément le soumettre à quelques tests afin de déterminer ses pouvoirs. Je ne réalise même pas que je suis sans doute en train de m'enfiler dans un traquenard qu'un phobique des relations sociales comme moi aurait sans doute du mal à s'en remettre.


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Je n'ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage. - Lun 15 Avr - 16:36

La porte s'ouvre sur ce même regard embrumé capté au sein du bus. Tout autant tourné vers l'intérieur du crâne pour y décortiquer sentiments et pensées, que braqué inlassablement sur un puzzle géant, voué par quelque ambition déraisonnable à la tâche colossale de déchiffrer vaille que vaille un monde composé aussi bien d'inénarrables absurdités que de mystères n'attendant que d'être disséqués ; et ce qu'il semble être pour les yeux auxquels il apparaît, envahisseur affable armé en tout et pour tout de son sourire en coin. Une énigme violente, pour le moment incompréhensible.

Ce serait peu dire que le satyre en retire une joie pleine de malice et de candeur. Il lui plaît d'être une énigme pour ce regard là ; car il ne voit alors que lui pendant quelques secondes, ils se vouent entièrement à son déchiffrement. Il a toujours aimé intriguer les mortels ; d'aussi loin qu'il s'en souvienne, il a ressentis depuis le premier jour de cette nouvelle vie le besoin de les impressionner, de capter leur attention par de folles cabrioles. De s'attirer leur amour et leurs foudres, d'être pour eux l'objet de questionnements aussi bien que de craintes. Il a toujours recherché leur regard, leur attention dévouée. Car il connaît la valeur de l'image, et qu'il se laisse volontiers aller à un spectacle. Car il aime, finalement, retourner aux cœurs qui ont vu naître son essence mythique. Que ce soit pour y être détesté ou chéris, il peut s'y sentir toujours en sa demeure. Il s'agit après tout du véritable berceau de son existence, et c'est à ce berceau fourmillant d'obsessions, fantasmes et pulsions qu'il doit sa nature même. A ce glorieux berceau ; ou bien à ce creuset. Car le cœur des Hommes est en perpétuelle activité, en grands chambardements quelle que soit l'époque ou le pays, plus semblable à une forge bouillonnante, incendiée, éructante, qu'à une matrice douce, apaisée, et propice au sommeil.

Il tient de ces cœurs là, accrocs à la chamade. S'il est le Satyre, une créature faîte pour la danse et le rut, il n'a de vernale que sa vibrante prodigalité ; s'il est un printemps mis en bouteille au sein de cette carcasse, il en est un qu'un incendie saccage, un massacre de fleurs passées sur le bûché, exultantes d'expirer leur tout dernier soupir.

En lui, il y a une ronde. C'est un peu de malice, un peu d'avidité ; cela en tout cas vient lui mordre le cœur. Plaisamment, gentiment. Peut-être suffisamment pour allumer une étincelle de plaisir dans ses yeux. George n'est bon menteur que quand il daigne s'en donner la peine. Il n'est pas de ces dissimulateurs innés qui savent garder leurs pensées et sentiments pour eux. Qui plus est, il ne souhaite pas mentir à Rayan plus que nécessaire. Il n'avait besoin d'inventer qu'un prétexte ; mais il n'a pas le moindre besoin d'inventer ses émotions. Elles se fabriquent toute seule dans l'usine de son cœur en éternelle furie- à la chaîne et avec frénésie. Elles parcourent librement son visage, troublant sans cesse ses yeux de nouveaux chatoiements ; elles modèlent perpétuellement ses lèvres, qui ne se soucient guère que de balancer d'une courbe à une autre au gré des grands et petits mouvements de son humeur. Il n'y a aucun mensonge sur son visage, on peut y lire sans peine toute l'encyclopédie de sa sensibilité : il y a l'orgueil, sans doute indéchiffrable à qui ne connaît pas son tempérament joueur ; il y a le plaisir, tant d'être ainsi observé que d'être parvenu à user avec succès de son bagou faunesque, car il ne s'agit ni plus ni moins que d'une audacieuse tentative de charme, qu'un jeu de séduction ayant à l'heure actuelle pour seul enjeu de pousser l'autre à accepter son intrusion subite, malgré tout ce que le bon sens et la prudence pourraient bien objecter ; il y'a de l'intérêt, de la curiosité, une affabilité innée et presque intimidante ; il y a ses yeux, qui fixent trop, qui veulent trop voir. Qui contrairement à ceux de Rayan, ne se tournent que peu en eux même, car ils sont toujours à l'affût sur le visage et sur le corps des autres, toujours à la recherche dans le monde, non pas de mystères souverains, d'énigmes à percer, mais simplement de choses à observer. George n'a pas toujours besoin de comprendre. George a besoin de ressentir. Sa curiosité est émotionnelle avant d'être intellectuelle ; sa perception du monde se base sur le sentiment plutôt que la raison. Ressentir est sa toute première faculté, celle en laquelle il a une fois indéfectible. C'est elle qui lui permet de bien souvent percer autrui à jour ; elle qui l'entraîne d'une catastrophe à l'autre.

Et qui cette fois l'informe de la fluctuation d'attitude de Rayan.

Il perçoit le changement de son regard sans pouvoir en expliquer la cause ni les répercussions. Ce n'est pas seulement quelque chose qui passe sur le visage de l'autre ; c'est aussi dans son ventre à lui, un pincement, une drôle de traction sur le nœud des entrailles. Rien qu'un produit de l'instinct, l'infaillible et bestiale faculté du pressentiment qui ne lui a jamais fais défaut. Un léger, inaudible message, qui lui fait dire que Rayan a vu chez lui quelque chose. George le sait, car George l'a sentit ; et il est de ceux qui fondent une confiance infinie en leurs sens, relais élaborés entre le monde et la conscience enfouie complaisamment dans son vaisseau charnel. Bien entendu, il ne lui viendrait pas à l'esprit d'avoir jeté son dévolu sur un Dieu, même à Arcadia on ne percute pas ce genre d'engeance mythologique à tous les coins de rue. La première pensée qui  lui vient est toute autre : George pense avoir été percé à jour... en tant que fieffé menteur. Il s'attend donc à une sentence sans équivoque- à un simple renvoi, peut-être à une menace. A bien y réfléchir, son baratin n'était peut-être si convaincant, quoique comme dans tout bon mensonges, il y ait glissé une part de vérité.

Cela aussi comme tout le reste, passe finalement sur son visage. Une forme de résolution, peu perceptible mais malgré tout visible ; un subtil changement d'attitude, rappelant celui d'une personne prête à la riposte. Mais finalement...

N'y aurait-il pas un brin d'appréciation dans ce regard étrangement scrutateur ? Une étincelle d'un intérêt peu prude qu'il ne connaît que trop bien, et pour cause, puisqu'elle vient souvent briller dans ses propres prunelles- à tel point que certains ne lui connaissent que cet unique regard. George sent pourtant qu'il y a quelque chose d'autre, une intention qui lui échappe, mais c'est un fait, et ce fait lui suffit : Rayan aime ce qu'il voit de lui, il apprécie pleinement l'étude de son anatomie. Peut-être bien n'en a t'il même pas encore conscience -pour ce que George en sait, la plupart des gens excellent à se cacher leurs désirs, au moins pendant un temps-, mais ses yeux sont suffisamment éloquents pour que le satyre, lui, en soit tout informé. A vrai dire, il se sent presque littéralement déshabillé du regard... ce qui n'est évidemment pas pour lui déplaire. Et il ne s'en cache pas.

L'affabilité lui revient, mais pas seule. Une toute nouvelle intensité s'empare de son faciès. Son expression se colore légèrement de plaisir, devient plus chaleureuse ; ses yeux s'embrasent d'une flamme nouvelle, le sourire à ses lèvres gagne en substance, en générosité. Ce ne sont que de simples détails, de subtiles nuances d'émotions déjà présentes qui refaçonnent délicatement son visage, des courbes qui se tordent de quelques millimètres. Pourtant, cela suffit à remodeler ses traits, à rendre leur architecture plus accueillante, plus ouverte ; on y reposerait plus volontiers ses yeux, ses mains, ses lèvres, on se laisserait plus volontiers aller à oublier le monde aux alentours, simple écrin pour cette gueule.

George irradie brièvement une sorte de joie candide et orgueilleuse. Il réagit à la flatterie silencieuse contenu dans le regard de Rayan comme le ferait un chat.

Ses propres yeux prennent quelques libertés qu'ils ne s'étaient pas encore permis de goûter jusqu'alors, quittant les orbites de Rayan pour couler un long regard caressant à sa bouche, retraçant lentement ses contours avec une palpable, tangible application ; c'est un regard qui embrasse presque, presque ardent, presque moite, c'est comme un doigt qui court en un frôlement studieux, aspirant à palper les mots en formation. Mais il ne s'attarde pour ne que mieux plonger à nouveau aux verdures troubles de l'iris, tandis que son pouce actionne d'un mouvement sec la molette du briquet, arrachant au petit corps compacte une étincelle furtive dont l'éclat brille un instant au fond de ses prunelles. Deux petites flammes usant le charbon des pupilles. Les jeux sont fait pour George. Faible face à l'envie, vulnérable aux persuasions susurrées des carcasses, grandioses carcasses, divines carcasses, auxquels piocher tous les meilleurs plaisirs. Il n'est que trop aisément fasciné par la chair.

Celle de Rayan a désormais toute sa fervente attention, toute sa studieuse adoration. C'est qu'il ne suffit souvent que d'un détail pour s'attirer l'intérêt du satyre, un seule détail pour éveiller en lui les braises éternellement rougeoyantes du désir. L'incendie n'est jamais bien loin. L'appréciation de Rayan a suffit a provoqué la sienne au diapason. Mais il ne s'agit finalement que de l'accélération d'un processus inévitable. George aurait finis par succomber quoiqu'il en soit aux manies du satyre. Elles sont inaltérables.

La cigarette allumée, il s'éloigne cependant à nouveau- bien plus sagement que ne lui commandent fébrilement ses désirs faunesques, prompts à percevoir des promesses dans le regard des autres. S'il les écoutait, George exulterait déjà comme un gosse tapageur, dispersant baisers et morsures à la ronde. Le satyre peu s'emballer d'un rien ; il fait feu -de joie et de colère- de tous bois. Mais il ne s'agirait pas d'effrayer l'autre en laissant surgir sa gaieté frénétique. Lui proposer sa compagnie pour le reste de la soirée était déjà un paris fait envers les probabilités- talents de persuasion ou non, il reste après tout un inconnu ayant débarqué au pas de son appartement -la lisière de son intimité, tanière sacrée et solitaire- en brandissant pour toute justification à sa présence un objet égaré dans des circonstances auxquelles il n'est pas étranger. De quoi pour Rayan s'imaginer la victime d'un étrange traquenard...

Mais après le regard dont le médecin lui a fait grâce, éveillant l'allégresse de tout ce qu'il de satyre en lui même, George n'est pas surpris qu'aucune fuite ne s’amorce. Bien au contraire, puisqu'aux lèvres désormais ornées d'une cigarette brasillante trône également l'ombre d'un sourire. Léger comme un voile d'ailes de libellules, léger comme une esquisse à la sanguine, léger oui, mais non moins semblable à une glorieuse victoire. Voilà le premier véritable succès de la soirée.

Ses propres lippes s'étirent d'un rien, festonnées par un ruban de fumée. Bien des gens ont du mal à le comprendre, mais George est avant tout un miroir qui reflète ce qu'il perçoit du monde. En vertu de sa sensibilité exacerbée, un rien assombrit son humeur... un rien l’apaise aussi. Un rien, pour lui, devient un cataclysme. Qu'il y ait ou non des mots, qu'il y ait ou non un geste, aussi infime soit-il ; il n'est là encore question que d'émotions. Parfois, il lui semble qu'elles traversent les murs. Que leur influence sur lui est telle qu'elles n'ont pas même besoin d'être dirigées à son encontre ou de le concerner, ou encore bien encore de lui apparaître clairement, pour malgré tout jouer de son cœur comme d'un tambourin fou. Les choses étaient déjà ainsi, avant la renaissance... Mais avec le satyre, elles n'ont pris que plus d'ampleur encore. Le satyre a étendu ses sens dans toutes les directions ; le satyre aussi est venu en traînant avec lui son propre brasier perpétuel.

Ce que le monde ne met pas de mouvements en lui, le satyre le provoque- par sa fougue, sa gaieté. Par sa fureur aussi. Il y a un cœur sur son cœur, cognant, forçant la danse. Il n'a jamais vécu ces regains forcés d'énergie comme un poids. Le satyre est vie, tout simplement. Il ne sait pas laisser de place au vide. Ce qu'il ne crée pas d'émotions, il le cueille chez les autres.

A l'humeur de Rayan répond donc- tout à fait son reflet. Un peu plus agitée, un peu plus colorée. Une humeur bariolée qui touche à toutes les formes de gaieté, qui ne demande que peu pour glisser vers l'exaltation rieuse, ou mélancolique, ou rageuse... Qui pourrait faire éclore une parcelle de paradis comme déchaîner tout un hectare d'enfer.

- Enchanté Ray, répond t'il pour saluer son incitation à user d'un surnom. A rebours, mais enchanté quand même.

Et tend une main pour la formalité. Pour l'absurdité du geste, puisqu'ils ont déjà échangé quelques mots- et même quelques contacts dans le tumulte du bus. Pour avoir un prétexte afin d'établir un contact physique, comme le lui commande de murmures empressés le satyre. Et ce faisant, hausse une épaule quand même, avec sa main tendue.

C'est à rebours aussi. Mais faudrait pas sous-estimer l'importance d'une interaction sociale codifiée comme celle là, décidée par les nombreuses générations nous ayant précédé. Des siècles de formalisme, ça fout l'vertige. Ce s'rait vraiment irrespectueux d'notre part d'y couper. Et c'est pas du tout not' genre, pas vrai ?, dit-il avec la bouche, mais démentant avec les yeux.

Du reste, il hoche la tête, laissant poindre à nouveau les premières notes d'un rire.

Si j'avais su pouvoir faire du grabuge avec ton badge d’hôpital, Ray, pas sûr que je s'rais venu te l'rendre ! Il va falloir que j'me rattrape ce soir pour compenser cet acte manqué horriblement frustrant.

Répondant à l'invitation, George suit les traces de son hôte. Il n'éprouve aucune gêne à pénétrer l'intimité de Rayan, rien qu'une curiosité profonde à l'encontre de son univers... Mais sans pouvoir vraiment rassasier cette dernière. A sa grande surprise, la pièce dans laquelle il débouche manque singulièrement de caractère. Il s'attendait à trouver un lieu foisonnant d'objets au sens cryptique, reliques indéchiffrables portant pour leur propriétaire d'invisibles traces de peines et joies passés ; une profusion d’œuvres anonymes attestant de la sensibilité particulière de l'homme vivant dans cet appartement, celle là même qu'il a pu sentir dés le premier regard. Mais il n'y a rien que de l'ordre, rien que des angles dépouillés et de la propreté. Ce pourrait être une demeure de magazine, une pièce non pas composée de parquets, de plastique, d'acier et de ciment, mais exclusivement faîte de papier glacé. Même la verdure présente semble avoir été strictement délimitée dans son épanouissement chlorophyllien- pour ne pas, surtout, déborder de trop dans la pièce. Tout ça pourrait signifier quelque chose sur Rayan, mais George n'y croit pas. Ce qu'il perçoit de l'homme et ce que cet appartement raconte de lui sont des choses si différentes qu'il peine à les concilier. La sensibilité qu'il a perçu ne trouve aucun écho ici.

Néanmoins, il faut reconnaître aux lieux un panorama sublime. La ville gît sous leurs yeux dans une débâcle de couleurs vives, étendant ses abîmes d'ombres versicolores au gré des reliefs urbains méthodiquement sculpté. Des nébuleuse de lampadaires, de phares et de fenêtres s'entrechoquent d'un immeuble et d'un quartier l'autre. Les rues qui se consument là vibrent d'une activité que même une fenêtre à double vitrage et tous ces étages d'appartements empilés jusqu'à celui de Rayan ne parviennent pas à masquer. Les ombres sont trop vives, les lumières trop nombreuses. Pour peu qu'on se penche vers elle, Arcadia semble se déverser dans l'appartement par cette grande baie vitrée. Peut-être alors n'y a t'il aucun besoin de décoration supplémentaire ; peut-être l'intrusion de la cité suffit elle à meubler l'appartement.

Tu as une vue époustouflante d'ic
i, approuve George en suivant le trajet des voitures dans les rues ; comme un enfant observerait avec fascination une procession de fourmis. C'est comme si la ville venait se j'ter à travers ton salon dans un entremêlement de guirlandes électriques. Et de rues squameuses. Et de voitures de poche. Et de population-  passée à la moulinette.Transformée pour l'occasion en confettis de chair. Un beau bordel en fait... Projeté tout droit chez toi.

Il sait être une part de ce bordel. Dans cette grande fête, il ferait une boule disco parfaite.

A nouveau il sourit, se retournant vers Rayan en tirant une bouffée de son bâton de cancer. Voyant la soucoupe rapportée de la cuisine, il avance à grands pas pour y débarrasser la tête de sa cigarette de sa coiffure de cendres. Se penchant peut-être un tout petit plus que nécessaire, de quelques millimètres excédentaires qui les rapprochent d'un rien. A l'offre tout à fait généreuse du médecin, il ne peut que s'esclaffer franchement, incapable de retenir un rire mêlé d'un grognement appréciateur. La tournure est trop belle pour qu'il la laisse passer.

Ah oui ?! Alors soit ! Régale moi, lance t'il avec un regard aussi direct qu'indéchiffrable et un sourire digne d'une Joconde à barbe. Mais prends garde, je suis un gros mangeur. Il va en falloir beaucoup pour me rassasier, et j'aime prendre mon temps dés lors qu'il est question d'savourer quelque chose.

Inspiration de fumée. Expiration profonde.

Cela dit, hors de question que j'laisse tout à ta charge. J'tais pas ramené ton portefeuille pour que tu m'le déverse sur le coin d'la gueule. Laisse moi aider au moins un peu. J'peux pas profiter de réjouissance auxquelles je n'ai pas pris ne s'rait-ce qu'une petite part active.

C'est une excuse bidon. Un pur produit de la rhétorique. En vérité, George est tout simplement réfractaire à l'idée de se mettre ne serait-ce que symboliquement en position de faiblesse. Il n'aurait aucun problème à laisser la charge du repas à Rayan s'il comptait escroquer ce dernier d'une manière ou d'une autre ; mais il n'a pas encore décidé de la relation qu'il souhaite tisser avec lui. Ni de ce qu'il veut lui apporter, ni de ce qu'il veut lui prendre. Ce pourrait être une amitié en devenir, ou bien l'amant d'un soir- de plusieurs même, lui susurre le satyre. Ou ce ne pourrait être qu'une victime de plus, un pourvoyeur de fonds, de graille, et d'amusement. Un autre pigeon déplumé sur sa route. Rien n'est encore certain, ce sont les prochaines minutes, les prochaines heures, les prochains mots échangés qui en décideront... et son humeur bien sûr, fluctuante, imprévisible, propice aux explosions. De toute manière, que pourrait-il faire d'autre qu'attirer des problèmes à cet homme ? Même avec les meilleures intentions du monde, il ne parviendrait qu'à diriger le chaos dans sa vie ; mais il peut aussi parvenir à le lui faire aimer. Lui faire prendre goût aux fracas, aux foucades, lui donner l'amour des petites catastrophes. C'est bien là que réside finalement sa force... Persuasif et séduisant apôtre du chaos.

Un petit silence s'étend entre eux tandis qu'ils finissent d'attenter au bien être de leurs poumons à renforts de fumée. George n'est pas gêné. Les intervalles de ce genre font partie d'une conversation ; ils en sont la ponctuation, permettant à l'esprit de reprendre son souffle. Son regard se tourne à nouveau vers la ville, jusqu'à ce qu'il ait finalement terminé d'assassiner sa cigarette une inspiration meurtrière après l'autre, laissant pour toute trace de son passage dans l'appartement son petit corps tordu, écrabouillé dans la coupelle faîte cendrier d'un soir.

Puis les corps filent, les questions fusent ; l'appartement se referme derrière eux, ravalant sa baie vitrée béante, écartelée sur un massacre géométrique de buildings et de rues. La nuit commence vraiment. George ne prend pas le temps de réfléchir à sa réponse. Il ne le fait presque jamais. Les mots lui viennent aux lèvres avec un sourire et l'esquisse d'un haussement d'épaules, qui se transforme finalement en simple vague, en roulement, puis en geste des mains, frottées une fois, doucement.

La foi que j'place dans le hasard est équivalente à l'énergie que j'mets pour provoquer ceux qui m'sont profitables.

C'est presque un aveu de la magouille qui l'a conduit ici.

Disons qu'j'ai suffisamment confiance en la notion d'destin pour m'attendre à s'que la vie me mette à intervalles réguliers quelque chose de nouveau sous la dent... mais un intervalle régulier, ça m'suffit pas vraiment. Alors j'préfère partir à la chasse aux rencontres, aux opportunités. J'aime pas l'idée d'rester statique- pas tellement physiquement, plus mentalement. Mais j'crois q'pour qu'il y ait un mouvement là d'dans, argue t'il en pointant son crâne envahis de boucles anarchiques, il faut qu'il y ait aussi un mouvement extérieur. Pour que les pensées bougent, il faut bouger le corps ; bouger le monde aussi, c'est encore mieux.

<< C'est ma manière de faire. Mon cerveau a l'air de fonctionner à l'énergie cinétique. J'suis comme ces vieilles ampoules qui s'allument seulement quand on pédale assez pour créer un courant électrique. Pas très pratique, hein ? Mais ça fonctionne, tant qu'y a des gens à rencontrer, des choses à faire, du grabuge à créer. Par chance on vit à Arcadia, alors je manque de rien.


Et ses yeux disent : La preuve, regarde toi, avec autant de chaleur que de malice faunesque.

Sinon, j'aime les épices, les fruits, le sel. J'pense que la première bouchée de poisson cru dans un repas équivaut à un vibrant orgasme gustatif. Que la viande est bien meilleure quand elle est pleine de gras. Que tout gagne à être cuit jusqu'à prendre la couleur et le goût du charbon. Et surtout, que la qualité d'un r'pas dépend beaucoup des gens avec qui on l'partage. On goûte autant à la nourriture qu'à la compagnie d'l'autre.

Alors sincèrement, n'importe où ce s'ra bien. Amènes moi à un endroit qu'tu aimes, toi. C'est plus intéressant que la bouffe en elle même.


Car son ventre ne se tord pas de faim ; mais son esprit, lui, est piqué d'intérêt, et le satyre souhaite surtout faire un festin de chair.
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Je n'ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage. - Lun 6 Mai - 21:33


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Le Satyre vient de pénétrer notre lieu de vie, et bien plus encore, il est entré dans mon intimité, dans mon esprit comme dans ma chair. Je n'ai jamais vraiment rencontré de Satyre, et encore moi être la proie de l'un d'eux, dans ma tête, dans la partie opposée à celle où se trouve Le Chien, une alarme s'est mise en route.

Qu'ais-je fais ? Tout à coup, c'est moi qui me sens totalement nu devant lui, l'aisance en moins. Je suis étudié, jaugé, évalué, comme le lion le ferait d'une antilope. J'avale ma salive péniblement en lui tournant le dos alors que je m'occupe de ma propre cigarette. Je redoutais cet instant où la crainte effacerait ma maigre aisance et je ne pensais pas qu'elle viendrait si tôt. Très franchement, je suis même à deux doigts de décommander tant cette inquiétude est grande.

Alors, il reprend la parole et je me retourne vers lui et lui fais face, je ne peux pas m'empêcher de ressentir à nouveau cette intimidation. Et il me tend la main, un contact physique qui semble aussi difficile à éviter que la plus naturelle des interaction sociales.

Nos paumes se trouvent alors et quelque chose se passe dans ma chair ainsi que dans ma tête. Le Chien, lui, ne tient même plus en place et mon cœur se met instantanément à s'emballer. Sa main est chaude à moins que ce ne soit la mienne qui soit glacée, la différence de nos deux températures corporelles est telle que j'en ressens presque une honte, honte de ne pas être aussi à l'aise en société, d'être aussi en retrait, de ne pas être comme lui.

D'un coup, la lâcheté que j'avais éprouvé à vouloir demander l'annulation de ce dîner m'a quitté, laissant place à la douce chaleur de sa peau contre la mienne que je ressens encore même si cela fait plusieurs longues minutes que notre étreinte de nos paumes s'est terminée. Il continue à me parler et il me faut toute les peines du monde pour me reconnecter à la réalité que je suis en train de vivre. Il me parle de mon badge et l'idée qu'il puisse faire des dégâts avec n'a plus aucune importance.

Et alors il me parle de mon appartement avec les mots que seul un amateur d'art saurait devant la Cène saurait employé. Des termes choisis avec soin et pourtant teintés d'une familiarité inattendue. Les Satyres ont-ils ce genre de pouvoir ? Peuvent-ils vraiment entrer dans les têtes pour choisir les syntagmes qu'on a précisément envie d'entendre ? C'est réellement un pouvoir formidable dont j'aurais aimé être pourvu car j'ai du mal à croire qu'un tel concentré de savoir-vivre, de charme et d’allocution soit concentré dans un même corps, un corps encore jeune qui plus est.

Le temps est passé et nous voilà à nouveau dehors, côte à côte, comme si j'avais rêvé toute la scène. N'ais-je vraiment pas desserrer les mâchoires pendant tout ce temps ? Non, il ne s'est pas passé une minute depuis que je lui ai posé la question de ce qu'il aimerait manger en ma compagnie ... Ou peut-être que si ? Quel est ce pouvoir ? Le Chacal, dans son état, ne m'est malheureusement d'aucune utilité. Je suis à présent obsédé par l'étendu de son pouvoir sur moi, autant que par lui en personne. George...

Je me raccroche alors à ce qu'il est en train de me dire pour essayer de continuer la conversation à son niveau. Je ris alors malgré moi à sa remarque sur le destin et les rencontres.

"Je comprends parfaitement ! Tu devrais venir travailler à l'hôpital dans ce cas, je te défis de pouvoir digérer la totalité des rencontres étranges qu'on peut y faire."

L'envie de raconter une ou deux anecdotes me traverse l'esprit mais je suis lié par le secret professionnel, d'autant que révéler quoi que ce soit à une personne qui a autant de bagou serait sans doute la pire idée possible. Je ne me contenterais que de banalités.

"Rien que le dimanche soir, de ceux qui arrivent aux urgences. Sans rire ! Dis moi le lien possible qu'il peut y avoir entre un guéridon, une bouteille de parfum et un concombre... Les internes n'en pouvaient plus de rire aux explications biaisées des patients quand à pourquoi de tels objets pouvaient se retrouver dans leur ... Colons" faute d'un meilleur terme.

George me parlait alors de ses préférences. Il est totalement inutile que j'essaye de lui en mettre plein la vue en nous conduisant vers le restaurant le plus chic et guindé du coin. J'ai une sincère horreur de ce genre d'endroit et une meilleure idée m'est venue, un endroit infiniment plus chaleureux.

"... De la viande grillée hm ? Moi je la préfère saignante, comme quoi. Mais je pense connaître l'endroit parfait."

Je n'en reviens pas d'être aussi à l'aise tout à coup. Parler de cul avant de naturellement suggérer un endroit où manger ne me ressemble absolument pas. Je ne sais pas si George se rend compte à quel point il est en train d'avoir une influence sur moi, bonne ou mauvaise, je n'en sais rien encore. Je brûle de tout savoir sur lui, et de sa nature mais je pressens que c'est encore bien trop tôt et que la nuit est encore jeune.

Alors, je nous dirige vers Chez Oscar, un petit grill où j'apprécie aller quand le temps ne me fait pas défaut. La viande est succulente et le service est souvent agrémenté de chants et de musique. De là où nous sommes, nous sentons déjà l'odeur entêtante de steak cuit au feu de bois. Plus que quelques mètres, et la rue se décore de rires et de lumières chaudes. Le patron, accoudé à sa fenêtre, me reconnais aussitôt et me salue.

"Ray ! T’arrive tard ce soir. T'avais commandé un truc ou ...?"


Et ses yeux se posent sur George et il comprend que, pour une fois, je suis accompagné. Sa bouche et ses yeux s'ouvrent tout grands si bien que mon malaise à être constamment seul me revient. Heureusement, le patron ne reste pas sur ce visage déconcerté et son expression se mue en un sourire sincère de bienvenue.


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