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EMPTY SPACES — carlina. - Mar 6 Aoû - 11:13

empty spaces ★ carter & selina
    Le pas est assuré ; un claquement régulier des talons dont elle n'a su se départir sur le bitume crasseux, les pensées tourbillonnantes, pourtant — c'est un frisson qui s'accroche à sa peau, comme un avertissement. Un regard coulé vers le compagnon de sa marche, un brin de chaleur quêté dans ce qui exsude du corps qu'elle connaît par coeur, qu'elle frôle à chaque pas ; ils ne devraient se trouver là, Carter et elle. Ils sont deux fous, deux inconscients ; deux proies qui traquent le prédateur, s'opposent à toutes les lois de la nature — deux croisés en quête d'humanité. Ils sont les sacrifiés qui arpentent la fange des rues malfamées d'Arcadia ; deux, pour sept millions. Un instant, elle songe que sans lui, elle n'aurait jamais su ; songe qu'aucun d'eux n'avait le choix.
Trop d'années, trop d'occasions ratées ; où seraient-ils, s'ils avaient emprunté un autre chemin? Où seraient-ils sans ses propres erreurs — si elle avait su parler, plutôt que de le laisser fuir? Il était tout, Carter ; et elle craignait qu'il ne se perde sur la voie martyre qu'ils avaient choisie.
Et le cœur de granite tremble, un instant ; face à ce qu'elle ne comprend pas véritablement, face à ce qu'elle ne sait détruire. Elle ne sait éprouver, Selina, ne l'a jamais su — mais la divinité la terrifie, un frisson ancestral face à la menace. Et elle a froid, un bref moment, resserre les pans de son imperméable sombre autour de sa taille ; elle ne sait oublier que la chaude nuit d'été dissimule les monstres dans ses ombres, que le fauve qu'ils traquent est aberration, une créature aux dents longues et dégoulinantes de leur sang trop carmin.
Un renseignement qu'ils avaient choisi de suivre ; les heures s'étaient évadées dans la nuit, ruelle après ruelle, et seul le contact froid de la lame d'argent contre la peau nue de sa jambe l'ancrait encore dans le présent. Silence et tension — quand étaient-ils devenus chasseurs, héros d'une humanité en péril? Ils n'auraient jamais dû emprunter ce chemin ; il avait suffi d'une nuit d'horreur pour tout ébranler.
Sa paume vient frôler le bras de Carter — une communication silencieuse, au milieu de tous les non-dits, au milieu de tous les mots qu'ils n'avaient jamais prononcés ; et elle s'accroupit, observe une empreinte dans la boue et les flaques crasseuses. C'est un regard grave qu'elle pose sur son ami ; quelques mots presque murmurés, qui flottent entre eux. Le monstre est passé il y a peu. Un grognement, non loin, et elle vient entremêler ses doigts à ceux de son compagnon — un brin de réconfort qu'il a toujours été seul à lui prodiguer. ‘Il est tout près.’ Les premiers mots depuis de longues heures silencieuses. Et elle hausse un sourcil, formule une interrogation silencieuse, iris durs et cœur aussi inflexible. Allons choper cette enflure.

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EMPTY SPACES — carlina. - Jeu 12 Sep - 12:50





 
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Vox populi, vox Dei



††Main rassurante qui se pose dans le dos de la compagne. Sortie de chasse, à la recherche de ces créatures du démon juste lui et Selina dans le but d'en faire une étude qui saura révéler au monde ce qu'on essaye d'étouffer au péril de la vie des autres. Ils prennent ce risque. Mais Carter sait à eux deux ils sont invincibles, c'est ce qu'il s'est toujours dit, c'est ce qu'il a toujours cru, car ils sont les seuls à aller au devant du danger, les seuls qui n'ont pas peur de le faire réellement. Et si cela devient trop dangereux il sait qu'il se sacrifierait volontiers pour la mettre à l'abri. Elle frissonne sous le tissu de sa veste, mais il la connaît que trop bien pour mesurer son anxiété sous jacente. Lui aussi l'est, qui ne le serait pas ? Le but est de capturer l'animal, pas de le tuer, alors des seringues avec une dose de tranquillisant leur permettra d'agir à distance puis transporter le fauve dans la cage à l'arrière de leur camionnette puis ensuite l'objectif sera de l'observer, de filmer afin d'avoir la preuve de sa monstruosité. C'est pour son fils qu'il fait cela, en sa mémoire, mais il ne s'agit pas de vengeance, il s'agit de sauver tous les autres Elias qui seront victimes de ces diableries restées impunies par le gouvernement corrompu et la police maîtrisée par les mafia. D'après leurs recherches, la bête qu'ils chassent n'est qu'une personne humainement constituée avec la faculté de transformer l'entièreté de son corps afin de ressembler à un animal. Il ne sait cependant pas si les instincts humains perdurent ou s'il est possédé par ses instincts primitifs de fauve. Si ils se font attaquer sans avoir montré des signes d'hostilité, ils auront la réponse bien assez vite.

Il observe avec sa compagne les traces qu'ils suivent, patte de fauve incrustée dans la terre qui témoigne de son passage et dont le contour parfaitement tracé indique qu'il n'est pas très loin. Carter sort le pistolet à tranquillisant, fait signe à Selina de faire de même, dans ce genre d'action puisqu'ils ne l'ont jamais fait, il vaut mieux assurer aux deux d'avoir le moyen de la stopper. Et il faut compter, 30 secondes avant qu'il ne s'écroule au sol, 30 secondes durant lesquels ils peuvent se faire attaquer s'ils sont sous son flair. Les doigts de Selina entremêlés au sien, il porte leurs mains liées à ses lèvres, embrasse ses doigts délicat. Un regard, ils n'ont pas besoin de plus pour communiquer, ils sont déterminés, le moment est venu de passer à l'action.

IL s'avance, prudemment, à l'affut du moindre mouvement, dans l'attente d’apercevoir quelque part le pelage fauve de la créature qu'ils cherchent à coincer, le voir avant d'être vus. Il fait signe à Selina de le suivre quand derrière des fourrées il l’aperçoit. Chemin périlleux dont les branches au sol d'un craquement font sauter leur nécessité d'être discrets. Il inspire, doucement, attend d'être en visée, d'avoir la distance suffisante pour l'atteindre et sort le pistolet. Il doit prendre son temps, mais pas trop dans le cas où le monstre bouge et mette leur plan à mal. Sueurs qui perlent à son front, le bras tremblant, il vise, appuie sur la gâchette. La fléchette fend l'air, se plante dans l'arrière train de la créature qui prise d'un spasme se met en alerte. Carter s'empresse d'attraper Selina, la plaque au sol pour qu'ils ne soient pas visible. IL reste contre elle, le cœur cognant et l'index sur ses lèvres, maintenant ils ne doivent pas faire de bruit, ils doivent juste attendre et compter trente secondes. Trente secondes durant lesquel il reste alerte au bruit de la nature au passage de la bestiole, il l'a touchée, il attend qu'elle vacille, qu'elle perdre connaissance. Le regard à sa montre, trente secondes, la bête marche encore. « Le dosage n'est pas suffisant.... » Il murmure.  

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