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sleight of fate (marlee)

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sleight of fate (marlee) - Mer 22 Mai - 22:40

SLEIGHT OF FATE
anja & marlee

Street of thought, in all your bones
Hold your place and save your throne
Lie awake supine and golden
Wait for grace
Greet the great its time

Elle se tenait dans la rue, apathique. Les pieds ancrés dans le bitume, aussi immuable que le mobilier urbain, les yeux rivés sur cet immeuble qu'elle ne voyait pas vraiment. L'esprit cauchemardesque refusant de se taire, elle était incapable de le museler maintenant qu'elle se tenait ici. Elle était parvenue à le contraindre au silence si longtemps, en partageant le deuil d'une reine puis en prenant sa place parmi la cour, en comblant le sentiment d'abandon par la liqueur pour taire ces voix incessantes ou se forçant au sommeil pour s'évader des chimères la poursuivant à la lumière du jour. Sa langue glissa furtivement sur ses lèvres pour pallier temporairement à leur sécheresse. La chair de sa lippe fendue, usée par une dentition soucieuse. Elle avait perdu depuis longtemps l'espoir d'un contretemps ou d'un empêchement, qu'elle savait pourtant vain dès le départ. Son absence était de mauvaise augure, elle l'avait toujours su.

Son expression se fit soucieuse quand le bruit strident d'un klaxon l'importuna, son regard agacé suivant le véhicule des yeux avant de contempler les bâtisses aux façades défraîchies devant elle. Elle observa les passants ne lui accordant pas la moindre attention avant que la sienne soit attirée par des posters superposés les uns sur les autres sur la paroi de l'immeuble voisin. Se poussant du lampadaire sur lequel elle s'était appuyée, elle s'avança vers les affiches qui avaient pris leur place de force sur les briques, bien que les traces de papier arraché démontrent qu'il y eut un temps, quelqu'un avait essayé de lutter contre ces annonces et publicités en tous genres. L'un d'entre eux, faisant la promotion de quelque chose d'incertain, peut-être underground, illustrait le visage d'une femme aux longs cheveux en cascade aux traits déformés. En caractères stylisés, était inscrit en dessous « Sleight of Fate ». Le leprechaun lâcha un reniflement dédaigneux, l'affiche lui échauffant la bile. « Fuck you. » Un murmure provocateur, accusateur, craché à l'encontre d'un bout de papier délavé, dont elle se détourna finalement, exaspérée. Que la fortune aille se faire foutre et que les mauvais présages l'accompagnent. Leurs pouvoirs étaient inutiles, aussi grandiloquent soit-ils, ces dieux et mythes aussi hargneux que vaniteux, ils étaient tous inutiles. La perte de Fiona et la peine d'Ikaar l'en avaient déjà convaincu. Parfois, elle se demandait s'il avait vu ce qui allait lui arriver. S'il avait pressenti son sort, comme il avait senti l'impact avant qu'il ne vienne leur faucher la vie et la vue. Si tel était le cas, il n'avait rien pu faire pour qu'il en aille autrement. D'une certaine façon, elle préférait imaginer que le prophète était resté ignorant sur ce point. Car s'il avait eu une telle vision, il aurait pu lui en parler et elle aurait pu tenter d'en déjouer les probabilités. Mais ils sont tous inutiles, tous sauf peut-être les Sappier.

Leur annonce avait été entourée au crayon à multiples reprises, pour finalement être délaissée dans un coin de son appartement pendant des jours, le journal miteux se fondant dans le décor. Hésitante, elle avait plusieurs fois composé le numéro avant de se raviser. Il était fort probable que le tout soit une arnaque destinée à ces personnes désespérées en quête de quelque chose, n'importe quoi, pour leur insuffler de l'espoir. Mais, désespérée, elle l'était. Si bien qu'un jour, elle composa le numéro et une voix à l'autre bout du fil lui répondit si vite qu'elle n'eut pas le temps de raccrocher. Le rendez-vous avait été pris, l'adresse donnée, et elle se tenait maintenant devant l'interphone de l'immeuble qui lui avait été indiquée, attendant d'entendre le son clair signifiant que la porte avait été déverrouillée.

Elle avait songé à s'en aller pendant les quelques minutes où elle était restée planter dans la rue, à attendre un signe qui n'est jamais venu. En réalité, elle avait déjà accepté qu'elle n'avait rien à perdre, si ce n'est sa vie. Mais elle aimait à penser qu'aucun meurtrier ne serait assez idiot pour trouver ses prochaines victimes par une annonce placée dans le journal du coin. Seuls les arnaqueurs en étaient capables et ceux-là étaient davantage de son ressort. Les lunatiques, moins, enfin tout dépend à qui on le demande. Alors elle ne risquait rien à consulter une corporation de chamans entassés dans un vieil immeuble pour découvrir si son frère avait clamsé. Une pensée railleuse, seul cas de figure où elle pouvait admettre la possibilité d'un sort funeste, lorsqu'elle ne le pensait pas vraiment.

Elle monta rapidement la cage d'escaliers étroite, s'écartant du passage tant bien que mal pour laisser passer une vieille femme et probablement son fils, pressés et à l'élocution rapide, parlant dans une langue qu'elle ne parvenait pas à comprendre. Arrivée devant la bonne porte, elle hésita un instant avant d'appuyer sur la sonnette. Elle avait envisagé de toquer pour ne pas déranger une séance qui pourrait potentiellement avoir lieu mais les sons étouffés provenant de l'appartement qui lui parvenaient depuis le palier lui laissèrent penser qu'elle n'aurait pas été entendue.  
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sleight of fate (marlee) - Mar 11 Juin - 15:13



sleight of fate
@Anja Dragović

Quand on sonne, Marlee se presse pour sortir du bureau ; elle passe derrière le canapé où Teri, Sally et la troisième tête de l'hydre sont avachis tous trois, un paquet de chips éventrés sur leurs estomacs bruns. « Teri, baisse, on a du monde. » « Qui ? » « Une cliente. » Le volume chute timidement d'une barre, puis de deux ; la télécommande retombe, le son presque à l'identique dans la télévision d'occasion ramenée un jour par le neveu Sappier. En guise d'explication quant au fossé entre leurs moyens financiers et la qualité du téléviseur dernier cri, il avait haussé les épaules en disant qu'il avait ses adresses. Marlee et sa sœur n'y avaient d'abord pas touché, réfractaires à l'aura douteuse planant autour de l'objet ; le reste de la famille, lui, l'avait adopté en un clin d'oeil, et passait gracieusement une bonne partie de son week-end devant la dernière émission de télé-réalité.

« Encore », fait Marlee sans s'arrêter, sans prendre la peine de vérifier qu'ils s'exécutent -idéalement, elle les aurait chassés vers leurs pénates avant l'entrée de la cliente dont elle ignore tout, si ce n'est qu'elle a besoin de leurs services. Mais comme d'ordinaire, la demeure des Sappier fourmille d'une vie indécrottable, se manifestant par les corps physiques comme par le désordre chronique laissé par ces dernières, arrangé de façon tout juste acceptable pour la visite du jour. Personne ne semble s'en soucier outre-mesure ; même les anciennes, se laissent aller au vacarme de la télévision et des cris dramatiques des prisonniers du loft.

La porte grince quand Marlee l'ouvre ; derrière elle, une jeune femme aux yeux immenses -deux lacs, deux étoiles auxquelles elle sourit avec bienveillance. « Bonjour. » En fond, des éclats de rire retentissent ; la prophète les chasse de ses tympans, et oriente ses sens, tangibles comme invisibles, vers la silhouette qui se tient sur le palier. « Vous êtes à l'heure, entrez. » Elle s'efface et la laisse entrer, referme prestement la porte derrière elle. « Par ici. » Prenant garde à ne pas fausser la donne d'un malheureux contact, Marlee ouvre la marche, gardant ses mains à elle ; elles passent derrière le canapé où grignotent les lionceaux, dont l'attention reste rivée à l'écran. Entre les lèvres de la chamane siffle une langue indigène, à laquelle Teri répond par un grand soupir ; sans faire d'escale, Marlee longe un couloir étroit où se serrent plusieurs portes, la peinture des murs se flânant au même rythme que le contreplaqué qu'elle couvre. Elle pénètre la première dans la pièce du fond.

L'obscurité qui y règne contraste avec la lumière basse de l'appartement Sappier. Un autre monde, au cœur de leur tanière ; y règne un degré de désordre semblable, qui néanmoins ressemble plus à un enchevêtrement d'objets essentiels, difficilement identifiables aux yeux extérieurs. « Asseyez-vous. » Après lui avoir désigné une chaise à l'équilibre en apparence discutable, Marlee prend place au petit bureau collé au mur, contre une étagère, cale son coude contre l'imprimante qui y prend la moitié de la superficie. C'est comme si on avait poussé l'ensemble des meubles, pour laisser au centre de la pièce tout l'espace nécessaire ; sur un large tapis brodé, des coussins, des récipients et ustensiles, où se côtoient authentiques poteries et bols en plastique achetés à Target. « Comment est-ce que je peux vous appeler ? » commence-t-elle en retournant les feuilles une à une, jusqu'à trouver le bon imprimé. Le gardant sous ses paumes, elle repose ses yeux sombres sur l'invitée, qu'elle détaille, cette fois avec plus de précision, contre le détour bleuté du décor. C'est dans les ténèbres, qu'elle distingue toujours mieux les autres. « Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? », fait-elle avec un semblant de sourire, retenant d'ouvrir, encore, la vanne qui menace de céder à la découverte de cette aura nouvelle.




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