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Stumbling through the dark (Ariel)

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Stumbling through the dark (Ariel) - Dim 14 Avr - 22:53



stumbling through the dark

‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾ ‾
Warm nights, slow hands, you let me sleep. In your arms with your heart in front of me. Sweet words, small clouds. You said to me, you'd be loving me forever. We got lost in the night. Now we're stumbling through the dark. And sometimes I wonder why we have to work this hard. But here we are. I remember nobody loves me like you do. I remember I don't want perfect, I want you. You know you're the only one. I remember no matter what it's me and you.


Le cœur qui vrille et la respiration qui se coupe. En apnée alors qu’il bloque sur un misérable mot. Faille dans la machine qui court-circuite le système tout entier. Il peut sentir ses jambes faiblir, manquer de chanceler alors qu’il lit et relit le registre. A en perdre l’esprit à force d’imprimer la ligne dans sa cervelle bousillée. La feuille qui devient floue à trop la fixer. L’impression terrible de rejouer encore la même scène, comme piégé dans une boucle qui se répète à l’infini. La sensation de vertige qui n’est pourtant pas dans les habitudes du géant, habitué à tutoyer les hauteurs. Mais la chute n’en est que plus rude, écorche rudement le palpitant. Profondément choqué, il tourne furieusement les pages. Suffoque de plus en plus en voyant apparaitre le prénom à de multiples reprises les jours précédents. Stupide sirène qui prend un malin plaisir à le narguer. Persuadé que le môme n’y apparaitrait plus jamais, le malfrat tombe des nues. Le trou béant dans sa poitrine s’agrandit, écartèle grossièrement la chair. La pâleur du visage cède sa place à des teintes écarlates. Montée de sang qui s’agglutine dans les tempes et fait pratiquement sortir de la fumée de ses oreilles.

Retrouver l’usage de ses cannes branlantes pour se précipiter vers le salon. Se retenir de hurler dans les couloirs pour éviter un esclandre et d’attirer démesurément l’attention. Le maudit carnet serré dans sa paume à s’en péter les jointures. Et il est là, le rouquin. Juste devant lui. Confortablement installé, contre toute attente. Nuque frémissante et échine cambrée qu’il reconnaitrait entre mille. Occupé à chevaucher un client comme au bon vieux temps. Malotru dont les sales pattes malaxent sans pudeur le postérieur bien rebondi. S’approprient les courbes suaves, voraces. Tâtent la marchandise en attendant de la souiller. Baisers infects qui viennent parsemer l’opale. Traces dégueulasses de salive déposées contre l’épiderme savoureux. La vision atroce le fait défaillir, l’immobilise l’espace d’un instant interminable. Sensualité crade qui émane du corps frêle, à faire bander un mort. Statue de sel qui menace de s’effondrer alors qu’il observe le cadet se faire fouiller souverainement. Littéralement pétrifié d’horreur. Gourmandise ignoble qui fait remonter des vagues nauséeuses le long de sa trachée. Planté comme un con à se demander si le gamin se rend compte qu’il n’est pas loin. S’il sent son regard meurtrier planté sur sa silhouette gracile.

La distance est finalement rompue en trois enjambées. Il fulmine, le tyran. Une évidence pour tout le personnel qui assiste sans broncher à la scène. L’une de ses paluches vient s’arrimer rudement à la maigre épaule, la broie sous sa pogne de fer. Le pervers daigne enfin se dégager de la chaleur tiède de son cou, le regarde avec un air effaré. Le scandinave doit se retenir d’enfoncer ses billes ahuries dans leurs orbites. De l’envoyer s’empaler sur son flingue à défaut de pouvoir le faire sur son frère. « - Ariel… Je dois te parler. En privé. Tout de suite. » Il grogne les ordres hachés entre ses dents, utilise son nom d’emprunt pour souligner sa contrariété. Celui qu’il n’utilise que sous la colère tant il le débecte. Agrippe avec plus de vigueur l’os saillant pour le contraindre à se décoller des cuisses accueillantes. « - Quelqu’un d’autre va venir s’occuper de vous, ne bougez pas. » Timbre polaire enrobé de miel, il minaude pour masquer la tempête qui couve sous la carne. Anticipe les inévitables protestations et s'efforce de rester professionnel. Les doigts claquent aussitôt en direction d'une des catins, l’enjoignent à s’avancer pour remplacer l’argentin. La prostituée ne se fait pas prier, roule ostensiblement des hanches vers l’intéressé. Ronronne déjà en prenant sa place sur ses genoux. Pas exactement ce qu’il a commandé, mais de quoi faire l’affaire et le satisfaire amplement.

Silence de plomb creusé dans leur sillage. Trainées de poudre prêtes à leur exploser à la gueule à tout moment. Il ne décroche pas un mot jusqu’à atteindre son bureau. Défoule ses nerfs en charpie en claquant violemment la porte. Assez brutalement pour soulever la poussière qui s’y nichait. Il relâche alors enfin le captif, libre de ses mouvements. « - Je peux savoir ce que tu trafiquais ? » Le tonnerre gronde dans sa voix, annonce l’orage dangereusement proche. « - C’est une plaisanterie c’est ça ? » Accent nordique qui frôle les aigus sous l’énervement, la nervosité qui crispe le moindre de ses muscles. Il ne peut pas concevoir une autre explication. Pas après ces deux derniers mois. Bulle complice qu’il ne veut pas voir éclater bêtement. « - Un poisson d’avril en retard ? » Il insiste, décidé à lui octroyer le bénéfice du doute. Prêt à passer l’éponge sur ce qu’il assimile à une sordide farce. Une cruelle tentative pour le rendre jaloux. « - Réponds-moi. Il t'a forcé ? » Devant l’absence de réponse, le proxénète perd patience. S’angoisse de ne pas parvenir à établir de contact avec les azurs fuyants.


(Montage © boneless)

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Stumbling through the dark (Ariel) - Jeu 18 Avr - 20:37



Cueillit comme une fleur à peine la porte sous la lumière rouge franchie. Princesse, susurré contre la peau, psaume coquin aux paumes racoleuses harponnant ses hanches à travers le jean grisâtre. Entraîné à la manière d'un automate, perché sur les cuisses d'un de ses anciens réguliers. Vautour au désir si crevant en fond de prunelles qu'il lui est impossible de l'ignorer. A en sentir tout son être qui se révulse, le cœur en lambeaux et les reins en bouillie de nausée qui vient lui gratter la glotte. Ariel est épuisé, n'a pas fermé l’œil depuis deux jours, il n'aspirait qu'à aller se coucher. Tu devrais dormir un peu, t'as l'air crevé qu'on lui a dit au studio une fois les heures de la matinale terminées C'était au programme, pas en service jusqu'au soir, presque une journée complète à dormir, il en rêvait. Il n'a rien de la pute flamboyante qu'il était avant d'arrêter, banal à crever dans son jean et son sweat, mal rasé, les vestiges de l'homme qui n'a pas de temps pour lui, les yeux plein du sable des plages de fatigue qu'il arpente. Repousse des deux mains le mâle trop entreprenant à son goût, celui qui s'approprie son corps sans demander son reste. Les phalanges contre ses reins l'attirent plus près jusqu'à sentir la bosse dure entre les cuisses. Je veux que tu me prennes entre tes lèvres, que tu vois à quel point tu me rends fou. Il s'en doute, n'a pas besoin de s'agenouiller entre les guiboles pour le savoir. Le pouce sur sa bouche qui en redessine la ligne, s'y invite en terrain conquis comme pour lui faire mieux comprendre les intentions. Et les billets s'alignent entre leurs deux corps. Prix qu'on lui donne depuis son retour, l'offre pour faire sauter la cerise qu'il a de nouveau entre les fesses, ce qu'ils disent tous. Pute de première fraîcheur, comme si deux mois loin du bordel avaient restaurés sa virginité. Sont cons. Mais de voir ce que le type est prêt à payer pour le sauter le laisse perplexe. A mi-chemin entre une satisfaction mauvaise et le besoin urgent de s'arracher le cœur, là en plein milieu du salon pour crever dans un bain de sang et arrêter le massacre.

L'or vert qui se glisse sous le large élastique de son slip, et les doigts entreprenants décident que c'est une preuve d'assentiment suffisante pour venir pétrir le postérieur tant convoité. Marquer la gorge de baisers humides, bave corrosive hérissant le poil, Ariel qui se crispe tout en cambrant malgré lui les reins. Pose délicatement ses doigts sur les épaules de l'homme dans une tentative fragile pour le repousser. Les serpents ne s'accrochent que plus fort à son jean, et il se fait plus pressant contre les os. Feule son désaccord, les paupières lourdes de sommeil rendant ses gestes lents, presque vides de toute la fureur qu'il veut y insuffler parce qu'il est en train de hurler sous sa peau froide. Gueule à l'injustice, dégueule son refus avec toute la rage qui lui défonce les tripes. Deux mois de liberté, de normalité, l'argentin n'est plus prêt à se laisser utiliser, abuser sans rien dire. Le corps se cambre encore plus, s'arque sous la pression qui lui vrille les muscles, tendus à l'excès. Confère à l'ensemble des allures dangereusement sensuelles, ce qu'il réfute mais qui émane de lui quoi qu'il fasse. Sans fard, habillé sans volonté de provoquer, il les attire encore. Et ça le fait feuler plus fort, cracher sa rage et hoqueter dans un sursaut lorsqu'une autre main lui détruit l'épaule. Il souffle, sauvé par un gong dont il sent toute la colère lui brûler la chair malgré l'épais tissu la recouvrant. Merde, merde, merde...

Ariel se fait petit, soumis à la volonté de l'aîné, il se détache sans se faire prier du pervers et se laisse entraîner vers l'antre du maître des lieux, les pupilles rivées sur le sol. Ca tourne à plein régime dans sa tête, renforce la nausée et l'impression de se casser la gueule. Claustrophobie étrange prenant son essor dans sa poitrine, le cœur ratte un battement lorsque claque la porte pour repartir de plus belle. Pris au piège comme le foutu rat qu'il peut être. Nerveusement il joue avec les liens de sa capuche, grimace au gré des questions qui s'alignent devant lui. Retient les larmes obstruant sa gorge et lui grattant les yeux. Minable qu'il se sent, langue sèche et lèvres closes, réduit au silence. Parce qu'il ne sait pas quoi répondre, le beau diable et sa répartie acerbe. Il savait que ça allait lui tomber dessus un jour, les explications qu'il redoute, les réponses à ces questions qui ne viennent pas. Ariel fait durer le silence, cherche une issue de secours dans tout ce qui se presse contre ses tempes, s'abîme les rétines sur le parquet. Tout d'un gosse pris en faute, sauf qu'il n'a pas grand-chose d'un môme à ce moment précis. Ombre de ce qu'il est, soleil fané par les ombres revenues s'accrocher à ses épaules.

« - C'est pas ce que tu crois Björn... Il m'est tombé dessus dès que je suis entré. » Vrai, il lui a pourtant dit qu'il ne travaillait pas. Il t'a forcé ? Oui, le fautif hoche la tête, acquiesce sans vraiment réaliser ce qu'il est en train de faire. Il a mal dans sa poitrine tant les grondements de son cœur sont lourds, violents. « - Je suis épuisé, j'ai fait la matinale au studio, il fallait que je me repose, je suis passé pour ça. Juste quelques heures et je rentrais à la maison ensuite. » Faux, il aurait terminé sa journée en bas, ou dans sa chambre. A branler le premier con qui passe puisque c'est tout ce qu'il veut bien leur offrir. Inconsciemment, ses mains viennent effleurer son ventre, pressent les billets encore planqués sous son sweat dans un froissement assourdissant. Et il se mord la lèvre de toute la force de sa détresse. Agonie sous la peau, il ferme lentement les paupières, les traits gravés dans le marbre de son désespoir. Et une seule question dans son cerveau soudain presque vide, Pourquoi ?
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Stumbling through the dark (Ariel) - Lun 22 Avr - 19:19

Il pensait ne plus jamais les subir, ces visions scabreuses et écœurantes au possible. Avoir enfin fait ce qu’il fallait pour s’y soustraire. Ne plus sentir son palpitant se morceler chaque fois qu’une enflure s’appropriait ses courbes, en échange de liasses de billets verts. Ils se retrouvent pourtant exactement dans la même configuration, à nouveau. Comme si les deux mois précédents n’avaient jamais existé. Effacés par la luxure crade du Red Lantern, écrasés par la volonté souveraine des clients. Comme s’il n’avait s’agit que d’une vulgaire parenthèse. Une coupure avant de reprendre le cours habituel de leurs vies. Routine dégueulasse perpétuée au fil des années, pratiquement sans broncher. Incapable de se rappeler désormais comment il parvenait à l’encaisser. A respirer avec cet amas de douleur et de rancœur agglutiné dans la cage thoracique. A faire abstraction de sa jalousie viscérale, corrosive à l’extrême. Et c’est bien parce qu’il n’a pas la moindre envie de retourner en arrière qu’il le questionne. Qu’il évite de tirer des conclusions trop hâtives. Bénéfice du doute qu’il recommence à lui octroyer peu à peu. Ersatz de confiance fragiles, juste aptes à former une masse indistincte, éclatée. Quelque chose d’encore bancal, difforme. Loin d’avoir recouvré sa superbe d’antan. Il ne le tranquillise pas le rouquin, à se faire tout petit. A triturer les fils de sa capuche nerveusement, balayer le sol de ses prunelles azurées. Le géant doit se contenir, s’empêcher de le secouer comme un prunier pour obtenir la réaction escomptée. Son mutisme alimente son angoisse, habitué à ce qu’il se mue d’ordinaire en vrai moulin à paroles. Le silence qui en devient affreusement étouffant. La carcasse qui tremble d’anticipation.

Palabres rassurantes qui finissent par s’extirper des lèvres du môme, péniblement. L’ainé hoche la tête en miroir, décidé à boire tous ses mensonges. Avaler n’importe quoi pour ne pas rendre réel l’impensable. Explications maladroites qu’il trouve crédibles, en dépit des énormes failles dans son récit. Il ne porte pas l’une de ses tenues fétiches. L’un de ces body à paillettes affriolants, qu’il ne pouvait plus voir en peinture à force de l’admirer se dandiner face au chaland. Il lui parait même plutôt négligé, mal rasé et habillé à la va-vite. Pas dans l’optique de séduire et d’appâter. De recueillir des œillades de convoitise. Presque trop débraillé pour qu’il n’y ait pas anguille sous roche, à renouer avec l’adolescent mal dans sa peau qu’il était avant d’être perverti. Mais il préfère ça, le tyran. Un soulagement immense s’empare de l’égoïste, détache un poids de sa poitrine. « - C’est pas grave, t’inquiète pas. » Il le souffle avec douceur. Pansement gentiment apposé sur les écorchures. Désireux de ne pas éclater la bulle devenue leur refuge depuis leur retour de New York. De la préserver à n’importe quel prix. Les rétines polaires cherchent son regard, notent les traces violacées de fatigue sous les paupières. Une de ses mains retourne s’apposer contre son épaule, y exerce une pression qui se veut tendre, dénuée de menace. Empreinte néanmoins d’une nervosité palpable. Les nerfs qui s’échauffent et s’effritent en repensant aux paluches baladeuses. « - Je vais m’occuper de lui. » Les phalanges se crispent malgré elles sur l’articulation frêle. « - Après ça, je ne veux plus te revoir ici Ivar. Si tu as besoin de te reposer, tu rentres à la maison, t’as aucune raison d’être là. C’est pour ça que tu étais sur le registre des jours précédents ? C’est plus ta chambre, qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi pour y retourner ? » Gronde-t-il, irrité qu’il ait pu y remettre les pieds. Favori continuant d’attiser l’appétit vorace des rustres. Le mafieux ne comprend pas qu’il puisse s’abriter dans l’antre de tous les vices. A croire que le cadet n’avait pas été suffisamment abimé, dévoré jusqu’au trognon par ces rapaces. « - Comment tu veux que ça rentre dans la cervelle de ces types que tu ne bosses plus ici si tu continues d’y faire des passages ? » Rafale de questions qui n’attend pas vraiment de réponse. Déballées uniquement pour se défouler.

Le scandinave ne lui laisse pas l’opportunité de répliquer, se précipite aussitôt dans le couloir. Décidé à faire ravaler son impudence au pervers notoire. Tu sais que je resterai sale, même en arrêtant ? La pute sera toujours là, quelque part et ils le verront… Les paroles de l’argentin tournent en boucle dans sa caboche, prennent tout leur sens en cet instant. Toujours perçu comme une misérable marchandise, celle qu’on refile au plus offrant. Qu’on souille à tour de rôle, petite mort trouvée au creux des cuisses accueillantes. Stigmates indélébiles. Ils sont nombreux ceux que la catin a chevauché, caressé ou pris en bouche. Mais il peut espérer qu’en cognant l’un des débauchés, il fasse passer le message aux autres. D’un pas vif, la rage collée à l’échine, l’assassin s’engouffre dans le salon. Intercepte l’homme aux bras de son employée, prêt à monter dans les étages. Serein, un sourire goguenard sur les lippes. Aucun signal d’alerte, le poing part tout seul. S’abat en plein sur la mâchoire, avant de venir cogner l’abdomen. A faire se plier en deux l’ordure prise de court, arrachée violemment de ses pensées lubriques. « - Je t’interdis de t’approcher à nouveau de mon frère. Il est plus à vendre, t’as compris connard ? » Qu’il crache furieusement, en le frappant une fois de plus. Passion malsaine, chant du diable qui pourrait le pousser au crime. Inapte à s’arrêter, sourd aux cris qui bourdonnent contre ses tempes et l’enjoignent à se calmer. Self-control envoyé se fracasser contre les récifs acérés.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Ven 3 Mai - 19:44



L’excuse est bidon et ça le blesse d’autant plus lorsqu’il réalise qu’Asbjörn y croit. S’exprime avec une douceur qui lui fend le cœur, le pousse à se mordiller la langue nerveusement. C’est une horreur pour lui de devoir mentir à nouveau quand ils ont été tous les deux témoins des ravages qu’ils provoquent, ces ignobles mensonges. Quand il avait juré de ne plus rien lui cacher, puisque de toute façon il n’aurait plus aucune raison de le faire. Qu’il mettrait ce temps loin du vice pour se racheter, donner à l’aîné toutes les raisons de l’aimer et de lui faire confiance sans tout salir. Les doigts s’agrippent plus fort contre le sweat, s’ils pouvaient, ils iraient chercher les tripes en-dessous, écorcher vive la chair et tout balancer sur le plancher pour que cesse l’ignoble douleur lui labourant le corps. Plus forte encore lorsque l’exploration migre dans les hauteurs de sa poitrine, là où le cœur se fendille, pourfendu de part en part par les lames de sa nouvelle trahison. Non fait pas ça, c’est pas la peine. Pensée parasite dans le crâne mais qui ne parvient pas à franchir le seuil de ses lèvres collées par la glue de sa honte. La main posée sur son épaule lui pèse, le rend encore plus ridicule qu’il peut déjà l’être. Mais par instinct, la sienne lâche le sweat et ses doigts viennent s’accrocher au poignet, tendresse violente dans le geste, le besoin de sentir les chairs se frôler.

Les paupières battent, planquent les rétines sous le voile des cils qu’il lève enfin en posant son regard sur les sommets où gravite son frère. Premier contact, le choc des azurs pour alimenter la fosse nauséeuse en train de se remplir dans sa trachée. « - Je me serais endormi dans le bus pour me retrouver je ne sais où si j’avais fait ça… » Souffle-t-il en haussant une épaule, fausse désinvolture et candeur dans le timbre. Ca lui est déjà arrivé, de s’endormir pour se retrouver au terminus, à des kilomètres de sa destination. Et devoir se taper le chemin inverse à pieds parce que le dernier bus venait de finir sa tournée. « - Ca reste un peu ma maison malgré tout, sans le sexe, on s’y sent presque bien. Je me suis fait des amis ici, ça me manque des fois de ne plus les voir, c’est pour ça que je passe quand je suis pas loin. » Vérité parjure, ses anciens compagnon de labeur lui manque parfois. Sa mentor surtout, celle qu’il est revenu voir au début avant de récupérer son poste et sa chambre. A peine le temps de terminer que du vent se tient devant lui là où se trouvait le suédois. De quoi le faire battre bêtement des paupières et rester planté là, incapable de réagir tant son cerveau ressemble à de la compote. Oscille entre ne pas bouger et attendre que l’orage passe en bas pour le laisser s’abattre sur lui ensuite. Se dire que, peut-être, s’il ne bouge pas, ne dit rien, il s’en sortira pour cette fois, jusqu’à la prochaine. Ou descendre pour éviter le massacre qu’il sent venir, à le connaître par cœur son amant pour savoir ce qui attend l’homme qui a osé poser les mains sur ses reins.

Ariel souffle, ferme une fraction de seconde les paupières puis se décide, résigné à quitter sa tour de misère pour refaire son entrée dans le salon. Ambiance totalement différente, carnage en ligne de mire et les putes présentes qui hurlent pour calmer les ardeurs de leur patron. Elles n’y arriveront pas, même lui n’est pas certain de parvenir à un résultat lorsqu’il réalise l’étendue des dégâts. « - Björn arrête. » Petit ordre craché avec toute la force de son timbre abîmé dans une gorge trop crispée par l’angoisse. Il agrippe le poignet, tire en arrière pour éloigner le poing prêt à s’abattre une nouvelle fois sur la gueule amochée et il se glisse, félin, entre le bourreau et sa proie. Minuscule sur la pointe des pieds pour se donner contenance, à regretter d’avoir troqué ses plateformes contre des baskets. Les deux paumes plaquées contre le torse, à en sentir la fureur du cœur palpiter sous ses doigts, Ariel lève le nez, plonge dans les abysses de glace avec l’esquisse d’un sourire suppliant posée sur ses lèvres. « - Fais pas ça, c’est pas la peine… » Une main abandonne le torse et vient cueillir sa jumelle abîmée par les coups, les petits doigts cherchant les phalanges du géant dans l’espoir de s’y lier mais rien n’y fait, la tension reste accrochée aux nerfs. A faire courir des frissons d’angoisse le long de son échine, eux qui remontent jusque sur sa nuque pour faire se dresser les petits cheveux qui y nichent. Et se dire que ça pourrait repartir, la rage qui fulmine encore et sur laquelle il n’a qu’un infime impact.

« - Tiens-toi informé de ce qu’il se passe dans ton bordel, il est de nouveau sur le marché. T’es pas au courant du montant des mises faites sur son cul ? » Douche froide aux airs de guillotine lui découpant la tête, Ariel devient blême. Blanc comme un mort, sa tignasse écarlate en unique touche de couleur. Les traits tirés, soudain crispés par tout le désespoir qui s’y injecte. Et le grincement du rire moche du client dans son dos n’arrange rien, c’est une sueur froide qui lui caresse la peau cette fois. Pupilles figées qui se seraient contractées sous l’horreur si elles avaient pu le faire. Tétanisé de trouille, il lâche son frère, planté entre les deux corps pour se sentir victime et non plus rempart. « - Rend-moi mon fric Princesse. » Dernier coup de lame dans la poitrine, le client s’est relevé, tanguant sur ses pattes comme un bateau ivre, la gueule en sang et le corps recourbé d’un vieillard qui souffre de partout. Baissant les yeux pour couper tout contact, l’argentin soupire et abdique. Lève légèrement son sweat pour retirer de sous l’élastique intime la liasse que l’autre y a glissé. Sans un regard, le bras se tend en arrière pour offrir au monstre les restes de son trésor perdu. Il vient d’avouer, dans ses silences et ses gestes, qu’il est de nouveau à acheter et à souiller. Fils de la débauche, ça ne rentrera jamais dans les cervelles qu’il n’est plus qu’un fantôme pour ce lieu puisqu’il ne pourra jamais arrêter. Y crever, encore une fois, si ça peut lui offrir la certitude que l’aîné s’en sortira et lui survivra. Il est prêt à l’accepter sans broncher.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Dim 5 Mai - 19:32

Un peu ma maison malgré tout. Constat dérangeant, révélateur des cassures internes du môme. Gamin bousillé qui a trouvé au milieu des débauchés un semblant de famille dysfonctionnelle. Sans doute plus honorable que celle qu’on lui a imposé par la force quand il n’était encore qu’un enfant. Probablement plus sécurisante, d’une certaine manière. Racines devenues trop profondes pour être arrachées si facilement. L’ainé se berçait sans doute d’illusions en s’imaginant qu’une rupture nette était possible avec ses anciennes fréquentations. Peu à l’aise à l’idée de le voir continuer de papillonner à proximité, comme s’il était toujours à vendre. Jaloux maladif qui ne se voit même plus supporter les regards appuyés sur la silhouette enchanteresse. Tiraillé entre le besoin de lui interdire de revenir et la volonté de faciliter sa transition. L’affection débordante qui rivalise avec l’instinct tyrannique. Quasiment prêt à lui concéder des visites ponctuelles, même si c’est douloureux pour lui de le savoir dans les parages. Bribes de ressentiment qui restent ancrées aux viscères, n’aident pas à garder l’esprit clair.

La colère bat fort dans ses tempes alors qu’il s’élance vers le salon. Crispe dangereusement ses muscles. Déterminé à en découdre avec son harceleur. Lui faire mordre la poussière pour que ses pulsions scabreuses se désagrègent sur sa carne. Sourd aux cris et aux protestations, il cogne, se repaît des frictions de la chair contre ses doigts amochés. Jusqu’à ce que le rouquin s’interpose. Prenne le risque d’intercepter ses phalanges repliées. Tension à son paroxysme, il ne parvient pas à se calmer pour autant. Echauffé par l’affrontement, agacé que le cadet cherche à se mettre entre lui et sa cible. Incapable de comprendre son intervention, il peste intérieurement. Les azurs assombris toisent la crevette, l’interrogent. « - Pousse-toi, Ivar, t’en mêle pas. » Gronde-t-il entre ses dents serrées à s’en éclater la mâchoire. Ce n’est pas au môme de décider si le tabassage en règle en vaut la peine. Il interprète mal son inconfort, croit à un élan de clémence, une intention pacifique. Tellement habitué à se faire tripoter sans réel consentement que l’acte en devient terriblement banal, pratiquement normal. Le géant tente de le chasser gentiment sur le côté, les rétines braquées sur le client indigne. Temps de latence suffisant pour que sa victime s’exprime.

Les révélations lui font l’effet d’un coup de tonnerre, le figent tout entier. Assemblage oppressant de vide et de ténèbres entre les deux oreilles, il devient livide. Colosse d’argile englouti par un tremblement de terre d’une puissance inégalée. Les genoux s’effritent, manquent de plier sous son poids. Vertige assassin qui lui écroue la gorge, ravage l’échine de soubresauts. Il n’est plus en mesure de se leurrer quand face à lui, l’argentin se décompose, affiche un air horriblement coupable. Celui auquel il n’a pas voulu croire quelques instants plus tôt, quand il se faisait tout petit face à lui. La liasse de billets passe du slip à la main potelée, l’achève. Et il se sent comme le dernier des imbéciles, planté là, à défendre la vertu inexistante du dépravé. A faire une crise devant témoins et exposer leur lien ignoble aux commérages, aux bruits de couloir. Silence de plomb qui s’éternise, prend tout l’espace dans la pièce. Le mafieux ne parvient plus à articuler un seul mot, transi de froid. Griffes invisibles qui se plantent dans ses poumons, s’y enfoncent violemment. Ecartèlent la cage thoracique pour déverser tout son contenu sur le sol crade. Les entrailles qui valsent dans l’abdomen, font remonter des vagues nauséeuses. Coup d’œil jeté au mioche dans l’espoir vain qu’il parle, se défende. Nie l’évidence.

« - Il l’était pas à l’instant, ça t’apprendra à pas respecter ses horaires de travail. » Le loup grogne, mauvais, pour se redonner un semblant de contenance. Utilise le mensonge par omission qu’il a avalé sans se méfier. Mauvaise foi flagrante, tentative ridicule pour expliquer sa réaction insensée. Mais ils le savent, tous autant qu’ils sont, qu’il n’était pas au courant qu’il avait repris le service. Et qu’il en crève de le savoir à nouveau sur le marché. « - C’est ça ouais, t’as intérêt à m’offrir ma prochaine passe, Asbjörn. J’viens pas ici pour me faire casser la gueule à cause d’un attardé. » L’homme ricane, gratifie la prostituée d’une tape sur les fesses pour la faire avancer vers l’étage. Décharge d’adrénaline qu’il compte expulser entre ses cuisses comme prévu, à défaut d’oser réclamer celles du gosse. Courageux mais pas téméraire. Conscient qu’il ne serait pas dans son intérêt de se mettre définitivement à dos le fils de Lars. Aura sombre du monstre qui plane toujours, impose la prudence. Il ne lui prête déjà plus attention, son attention focalisée sur son frère. Muet, tétanisé par la trouille. Vision pathétique qui aggrave l’état de ses nerfs, en charpie. « - Qu’est-ce que vous regardez ? Le spectacle est fini, retournez bosser. J’vous paye pas à rien branler. » Qu’il crache finalement aux employés médusés, entassés autour d’eux. Distribue des œillades incendiaires à la volée pour les disperser, au responsable de l’esclandre en particulier. Lui signifie qu’il a tout intérêt à le suivre sans se faire prier, et à ne pas se défiler. Ce serait pire.

Ne décroche pas un mot jusqu’au retour dans son antre, le fameux bureau décoré par la cervelle de leur géniteur. Fauve en cage, il fulmine, tremble de rage. Attend que la porte se soit refermée derrière celui qui lui a menti comme un arracheur de dents pour déchainer sa fureur. Choisit de la répercuter sur le mobilier par peur de commettre l’irréparable. Le contenu du bureau se répand sur le plancher avec perte et fracas. L’une de ses chaises se fait fracasser à son tour jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un vulgaire tas de bois, bon à alimenter un feu de cheminée. Ombre menaçante qui se rapproche ensuite de la sirène, l’écrase de sa hauteur. L’oblige à reculer docilement vers le mur putride. « - Tu t’éclates à me prendre pour un con ? Je passe pour qui moi maintenant, hm ? » Son poing fermé s’abat brutalement à quelques centimètres du visage adoré. Les traits du sien déformés par son courroux. L’impression atroce de s’être pris un couteau dans le dos par l’être qu’il aime le plus, pour qui il se saignerait volontiers les veines. Plaie béante qui s’écoule, ire souveraine qui le rend fou. Son souffle en devient erratique, il se sent étouffer dans sa propre enveloppe. Les sphères d’acier rougies par l’offense, la trahison cuisante. « - Ils te manquaient aussi les chiens galeux, tu te faisais plus tringler assez ? » Ses doigts s’enroulent autour de sa trachée, ses ongles viennent à la rencontre de l’enveloppe fragile. Ecorchent les stigmates grossiers, le collier macabre. Le contact devient torture, et il le sait. Etau cruel pour lui rappeler les travers de son existence de putain. Se plier aux pires caprices et risquer constamment sa peau, soumis aux balancements des reins.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Dim 12 Mai - 19:42



Les colères Stenberg, il les connaît. Pour les avoir invoquées, subits. Pour avoir failli en mourir dans un schéma presque similaire à celui-là. Sous les poings de Lars à défaut d’être ceux d’Asbjörn. Il a peur, Ariel, c’est un petit murmure qui roule dans ses veines au rythme dément de son cœur. Peur de son frère, de son amant, de cette fureur qu’il sent contre la pulpe de ses doigts. De ce qu’il lit dans les azurs de glace. Et en même temps il ne peut s’empêcher de se répéter qu’il l’a mérité. Cette tempête qui menace de s’abattre sur lui comme elle vient de s’abattre sur le client trop entreprenant. Parce qu’il a oublié ce que ça fait de vraiment s’appartenir, posséder son propre corps, et même si ça l’a dégoûté que l’homme puisse le toucher comme il l’a fait, il n’aurait rien tenté pour l’en empêcher. Une pute se soumet quand on la demande, se rebelle quand on la paie pour donner cette illusion, mais jamais elle ne le fait de son propre chef. C’est un mauvais investissement quand elles commencent à refuser les avances trop lourdes et encombrantes. Peut-être parce qu’il a touché la liberté du doigt a-t-il ressentit ce besoin urgent de lutter, pour avoir été trop utilisé et abusé, les souvenirs brumeux du viol subit avant son départ pour l’Argentine dégueulés sur le devant de sa mémoire au rythme des pognes contre ses courbes.

Il fond l’argentin aux pieds de son aîné, la honte au ventre de lui faire subir ça devant tout le monde. La vérité cinglante connue de tous ceux travaillant là, sauf du patron qui se hurle dans l’échange monétaire et les mots désobligeants. Garde la face le géant malgré l’offense, et lui ne se sent que plus détestable. Petit détritus abject qui baisse la tête, n’a pas le courage de le regarder en face, pas ici. Pas devant l’assemblée silencieuse qui les lorgne comme s’ils n’étaient rien de plus que des bêtes de foire. Le timbre mauvais fait sursauter le cœur qui rate un battement et tout le reste de la carcasse. Infiniment minuscule, encore plus que d’habitude, l’œillade fraternelle achève de lui lacérer la poitrine. Pupilles levées le temps d’une inspiration pour se baisser aussitôt, soumises à l’incendie qui les foudroient, ne pas le suivre reviendrait à finir comme le client. Ariel ploie l’échine et traîne ses baskets dans le sillage de son employeur, retourne à la case départ avec un poids mort accroché aux côtes. Lui qui referme avec douceur la porte, redoutant que le claquement ne soit trop fort et fasse tout exploser. Peine perdue, la rage lui éclate à la rétine sans qu’il ne puisse rien faire d’autre que contempler la tempête démolissant le mobilier. T’as la trouille, reprend toi ou tu vas te pisser dessus. Foutu gosse. Martèle dans son crâne, le nœud coulant se resserre contre sa gorge à l’approche du géant en furie. Poussé par un vilain réflexe, les bras viennent barrer le torse, en rempart pour éviter de finir comme la pauvre chaise bonne à servir de feu de camp. Et ferme les yeux de toutes ses forces lorsque le poing s’abat contre le mur, certain qu’il allait se le prendre dans la figure il en a retenu son souffle. Relâche une bride de tension dans une expiration et il ouvre de nouveau les paupières.

« - Non, pas du tout. J’allais te le dire, je te jure que j’allais le faire. » Sa voix s’étrangle dans sa gorge, trop crispée pour parvenir à articuler correctement. Presque un murmure du genre de ceux qu’il offre quand il se fait sensuel, séducteur. Le timbre de velours roulant sur les douceurs de son âme. Papier de verre plutôt cette fois alors qu’il lève le nez pour répliquer. Ses mots s’étouffent dans sa trachée dans un hoquet de stupeur puant la trouille au contact des phalanges rudes autour de son cou. Et plus Asbjörn resserre sa prise, plus il se sent mal. Petite mort en bord de lèvres, celles qu’il ouvre quand les paupières se ferment, ravalent la peur et les larmes perlant malgré tout au coin des cils. La douleur est physique, inscrite en lui comme la cicatrice est inscrite sur sa chair. Elle est intime surtout, jusque dans le fond de son âme. Maelstrom d'horreur, la mort de la pute se mêle à celle du jeune homme, celui plaqué au mur et étranglé par son géniteur. Il souffre, mais pas pour lui. C’est pour son frère qu’il a mal. Pour eux. Pour ce qu’il va devoir dire afin de ne pas dévoiler l’odieuse vérité. Enterrer l’embryon de leur relation, tuer les poussières de confiance qu’il sentait revenir. Se rendre ignoble aux yeux de son amant pour que passe l’injure. « - Pitié, lâche-moi… » Qu’il couine à bout de souffle, ses doigts flottant près du poignet sans pourtant oser s’y lier. Non, ils ne lui manquaient pas, tous ces ignobles rats qui l’ont possédé. Non, c’était suffisant les étreintes fauves et l’ivresse contre les reins d’un seul. Plus que suffisant pour lui qui n’a jamais vraiment cru qu’un jour il aurait Asbjörn dans son lit. Au-delà du lien qui les unit et qui aurait dû tout foutre en l’air, c’est tout ce qu’est le suédois qui semblait être un rempart entre eux, cette montagne de dévotion parfaite sur laquelle il l’a installé dès qu’il a posé les yeux sur lui. Enfant alors, il n’a cessé de l’idéaliser, l’envier. L’aimer, à s’en péter le cœur, se le percer d’aiguilles quand il se voyait lui, dans un miroir. Pas assez grand, pas assez beau, certainement pas suffisant pour un homme comme son aîné.

« - Je t’aime, et t’es de loin le meilleur amant que j’ai eu et que je pourrais jamais avoir mais, tu ne me suffis pas… »
Avoue-t-il sans fard ni retenu. Dégueule toute sa dévotion et ses sentiments, ceux qui se devinent quand ils sont seuls et qu’il se laisse aller mais qu’il n’avait jamais prononcé à haute voix. En écho tardif à cet aveu fait à New York. « - J’ai été bousillé, ma sexualité a été démolie avant même que je ne la comprenne. Et tout ça, ça a achevé de me détraquer. J’en ai besoin, de ce sexe constant, c’est dégueulasse mais c’est vrai. » Il balance sa main dans l’air à côté d’eux, désigne sa maison vicieuse et ose enfin accrocher ses doigts au poignet qui le tyrannise encore. A faire courir des frissons de trouille le long de son échine, figer ses traits dans une esquisse de grimace traduisant son malaise, le coin de ses lèvres affaissé par les poids de sa peine.

« - Je suis désolé, j’y croyais, vraiment, que nous deux ce serait suffisant. J’ai mutilé ce qu’on avait, je t’ai blessé quand je cherchais à te protéger… » C’est pour toi que je fais ça, pour te sauver. Les mots s’échouent contre la langue mais ne passeront pas la barrière de ses dents. Cœur battant à tout rompre contre les côtes, il inspire, péniblement. Une fois, puis une deuxième et pose sa seconde main sur celle déjà échouée contre la chair qui le fustige. « - Ne me rejette pas s’il te plaît. » Supplique aussi fragile qu’il peut l’être entre les doigts de son géant, petite mort en fond de poitrine parce qu’il sent que tout s’écroule à nouveau. Parce qu’il a peur d’être abandonné, délaissé totalement pour se retrouver désespérément seul. Parce qu’il ne supportera pas de ne voir que du dégoût dans ces yeux contre lesquels il vient cogner les siens.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Dim 26 Mai - 19:30

L’étau se resserre, vient malmener la chair pâle. Besoin viscéral d’endolorir la carne, de lui faire mal. Autant que lui souffre, drapé dans ce qui peut lui rester d’orgueil. Celui qui s’est fait piétiner à l’instant. Scène pathétique qui alimentera certainement les conversations pendant des semaines. Ce n’est pourtant pas ce qui l’inquiète le plus. Il peut l’endurer, l’ego bafoué, meurtri. Les rumeurs nauséabondes, les murmures dérangeants. La honte écrasante. Mais pas la reprise de leur routine sordide. Le môme qui se vend et lui qui ramasse la monnaie. Unique compensation qui ne tient plus désormais. Il se moque de la montagne de billets verts que ses fesses peuvent lui rapporter. Aucune de ses catins n’est indispensable à son commerce, aussi lucratives soient certaines. Chacune peut être remplacée par une nouvelle perle rare. L’argentin y compris. Il n’est réellement unique que pour lui. « - Ah oui tu comptais m’en parler, et quand exactement ? T’attendais quoi, de battre un record avant que je m’en rende compte ? La centième pipe après ton retour ? » Les sarcasmes sont crachés avec véhémence, emplis d’agressivité et de fiel. Il ne relâche pas sa prise, indifférent aux suppliques du cadet. Plus une once de pitié pour calmer la tempête. L’océan qui se déchaine au creux des rétines, noie la tendresse sous ses vagues meurtrières.

Tu ne me suffis pas. Et tout le reste de la tirade s’annule. Ce qui a été prononcé avant l’objection s’efface. Déclaration d’amour qui lui semble surfaite, dénuée de sincérité. Inapte à le toucher comme elle aurait dû le faire, après tant d’années sans se l’avouer. Du même ordre que celle griffonnée sur un papier avant sa fuite vers sa terre natale. Des mots vides de sens, juste alignés pour faire passer la pilule. Pour atténuer le vacarme de la bombe lancée dans la foulée. Cœur en miettes, pulvérisé par l’impact. Le rouquin ne peut plus l’atteindre. La cage thoracique en charpie, des miettes sanglantes qui en éclaboussent les parois. Son misérable palpitant se réduit à ça. Une marée écarlate qui emporte tout sur son passage. Magma difforme d’affliction et de rage. Trou béant qui s’agrandit, prend de l’ampleur. Le myocarde arraché se répand aux pieds de l’infidèle. Le loup se déteste de l’avoir offert sans concessions à un traitre. Mais il n’a pas eu le choix. Mécanisme aux aiguilles déréglées, impossible à rétablir depuis qu’il a dévié. Entendre qu’il n’est pas suffisant est terrible, affreux à encaisser. Ivar l’est. Libertin aux mœurs légères qui s’est surpris à se détourner de ses amantes sans la moindre difficulté. Seulement complet en sa présence. Il aurait pu continuer ainsi. Indéfiniment.

Les doigts frêles se nouent à son poignet, font courir des frissons de répulsion le long de ses membres. Le gamin cherche à l’attendrir, il le sait. Il le ressent. Sa carapace d’acier se reforme néanmoins à mesure que les secondes s’égrènent. Étouffe la douleur évidente, colmate les failles. La part de lui qui culpabilise sans parvenir à s'en empêcher. C’est sa faute si son frère en est là, à rechercher une sexualité débridée. Il ne récolte que ce qu’il a semé, quand il aurait dû protester, s’interposer. Ils l’ont bousillé avec Lars, ont contraint l’esprit et la carcasse à plier pour supporter sa condition dégueulasse. A moins qu’il ne s’agisse que d’un énième prétexte. Il n’oublie pas qui a fait le premier pas, qui a fait basculer leur relation dans un gouffre écœurant de luxure. Qui a décidé de se prostituer pour leur tenir tête, et peut être pour légitimer ses envies nymphomanes. Il pourrait en finir. L’étrangler jusqu’à ce qu’il expire son dernier souffle entre ses phalanges. Le condamner comme il l’a fait pour leur géniteur, au sein du même bureau austère. Le tuer pour que personne d’autre ne l’ait. Ne plus jamais avoir à partager, puisque la méthode douce n’a pas fonctionné. Et s’achever ensuite, une balle dans la tête. Boucler la boucle maudite des Stenberg. Donner à leur romance putride les couleurs acres de la tragédie. Noircir le blason d’une famille vouée à se détruire.

Ne me rejette pas s’il te plait… Un ricanement mauvais s’extirpe de ses lèvres. Automatisme cruel. « - Et puis quoi encore ? » La sentence claque aussitôt et le damné le libère enfin de son emprise mortifère. Lui lance une œillade sombre, chargée de dégoût. Toise de ses orbes polaires celui qui a osé trahir sa confiance une fois de plus. « - Va te faire foutre Ariel. Littéralement. Tu peux ravaler tes excuses. Il est un peu tôt pour assouvir tes pulsions sexuelles mais ya pas d’heure pour les braves non ? Va retrouver ton client, lui acceptera surement de te pardonner. » Qu’il siffle avant de reculer puis de s’éloigner vers son bureau. Il s’efforce de contenir ses tremblements de colère, de ne pas chanceler. Juste quelques pas pour atteindre son bureau, ultime rempart. Faire mine d’ordonner les papiers qu’il n’arrive plus à déchiffrer, la cervelle brouillée. Il ne trompe personne, mais se protège comme il le peut. Reste debout pour conserver sa posture autoritaire. « - J’ai du travail. Dégage. » Assène-t-il, glacial. Les dents crispées à s’en péter la mâchoire. Peu enclin à discuter, désabusé. Le scandinave ne lui accorde plus un regard, en apparence détaché. Déterminé à mettre le plus de distance possible entre eux. L’obliger à s’éloigner pour éviter de prononcer des paroles qu’il pourrait amèrement regretter. De commettre à son tour l’irréparable.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Mar 4 Juin - 17:01



Dégage. De toutes les horreurs qui ont pu se balancer au cours des minutes assassines, ce simple mot est le pire. Catapulte tout le dégoût et le fiel de l'aîné en pleine poitrine, démolit le cœur et tout ce qui l'entoure. Ariel suffoque, lâche un hoquet de stupeur douloureuse, pend ses mains à sa gorge comme pour en éviter une nouvelle hémorragie, à sentir la cicatrice palpitante sous ses doigts, effusion d'un sang rendu fou par l'organe mourant entre ses côtes. Il le voulait, se rendre abject pour que la rupture n'en soit que plus facile. Il savait qu'il souffrirait mais ne pensait pas que ce serait aussi violent. A l'image de son amour insolent et sans limites, la déchirure est insupportable.
Dégage. Sonne le glas de ce qu'ils avaient, ce qu'ils auraient pu avoir. Unique conclusion d'une conversation morte avant même d'avoir débutée. A le rendre sale, immonde, plus que jamais, le nœud de la honte et de sa peine s'enroule autour de son cou, le prive d'un air qu'il tente de récupérer dans une inspiration saccadée. Les yeux levés vers l'aîné, posés sur lui de toute la force de leur accablement mais il n'obtient rien, seulement Son absence, cette ignorance qui est bien plus intolérable que tout le reste. Ce qu'il voulait à tout prix éviter, ce dégoût qu'il ne voulait jamais voir dans les yeux du seul comptant pour lui, il le contemple dans toute l'imposante stature.

Fébrile sur ses jambes, Ariel reste immobile le temps d'une éternité qui ne dure que quelques secondes distillées au vent de sa chute chimérique. Sans fond, rien pour l'accueillir à l'arrivée que des lames d’illusion pour lui arracher la peau et tout ce qu'elle protège. Il déglutit, péniblement et se fait violence pour s'extirper de sa torpeur.  Pose une main timide sur la poignée, prêt à l'abaisser pour obéir à l'ordre qui les a mutilé tous les deux. Mas il le sent, c'est un sifflement contre ses tempes, une note unique sonnant l'alarme : s'il quitte la pièce, tout s'écroule pour de bon. Alors il se ravise, enlève sa main et inspire une nouvelle fois. Partir, c'est admettre qu'ils n'ont plus rien à se dire, plus rien à faire ensemble. Partir c'est leur donner raison, à tous ceux qui les jugeraient coupables de la pire ignominie. Parce qu'aimer un homme est encore mal vu et qu'aimer son frère comme il le fait est juste un interdit de plus. C'était dérangeant parfois, ce qu'ils avaient, mais c'était surtout une évidence pour lui. Rien de sale, rien de moche, seulement du beau dans l'attachement de deux adultes consentants.

C'est terminé, passe à autre chose, laisse-le se débrouiller.
« - Non. » C'est à lui qu'il s'adresse, à sa conscience insolente. C'est au frère qu'il expulse le refus dans un coup de tonnerre venu du fond de sa poitrine. « - Tu peux pas faire ça… » Et il avance d’un pas comme pour appuyer les mots, ceux qui tambourinent si fort contre ses tempes qu’ils lui donnent la migraine. Se couplent à sa fatigue et sa peine pour le faire nager dans un océan gluant. En pilote automatique depuis le coup fatal, transi d’un froid qui n’existe que pour lui, il brûle pourtant. Sa peau morte sensiblement plus chaude sous la force d’une fièvre invisible, celle qui affole tous les sens et le cœur, à le faire respirer plus fort quand l’air persiste à lui manquer.
« - T’as pas le droit de me faire dégager comme si je n’étais plus rien. » Voix brisée qui se crève sur tous les heurts qu’elle croise en pleine route, les vibratos de sa tristesse, l’urgence qui pousse à avancer encore et s’arrêter à quelques pauvres pas du bureau mis en rempart entre eux. Presque à revoir Lars, là, debout devant lui, protégé par son foutu mobilier. Le silence retombe, sa gorge sèche est un supplice de gêne, et il tente Ariel, de capter le regard de son frère. Se penche un peu pour se faire plus petit qu’il ne l’est déjà et espérer s’accrocher aux yeux rivés sur des papiers dont ils se foutent éperdument.

« - Tu te rappelles ce que tu m’as dit le jour de ton mariage avec Tanya, dans les toilettes ? Que ça ne changerait rien ? C’est pareil maintenant, je suis cassé, tu le savais depuis longtemps mais ça ne change rien. » L’intermède lascif dans les toilettes de l’église, juste avant de prononcer les vœux qui auront tout fait basculer. Lui promettre que rien ne changerait et ne pas y croire pour autant. Moment triste mais certainement bien moins étouffant que celui-là. Huit ans de dévotion balayés par les vagues d’un océan déchaîné.
« - Sans toi je me casse la figure, je n’existe plus. Tu peux pas me repousser aussi facilement, pas après tout ce qu’on a vécu tous les deux. Pas après toutes les fois où tu as été là pour moi. Je me fous du pardon de ce pauvre type, il n’y a que le tien qui a de la valeur. » Il a l’impression de parler à un mur, ne sait pas comment s’y prendre pour réparer les dégâts qu’il a lui-même causé. Il ne savait déjà pas comment il allait réagir le moment où la confrontation viendrait, ce qu’il pourrait dire. Nymphomane qui n’en a que l’attitude, fidèle aux promesses faites sous la lanterne rouge, parjure offert à tous comme s’il le voulait vraiment. Un seul lui suffisait, et de le voir ainsi s’éloigner, le rejeter comme s’il n’était rien lui donne la vertigineuse sensation de mourir une nouvelle fois.

Ariel renifle, ravale le sel qui commence à lui chatouiller les cils et le pousse à les faire battre plusieurs fois d’affilée pour les retenir. La tristesse est secrète, les hommes ne pleurent pas il le sait mais il s’en fout. Pas aussi mâle que tous les autres certainement, sensibilité à fleur de peau qui se fait gentiment dépecer. Et au milieu du charnier de son âme éclatée, un souffle de rage le prend aux tripes. S’élève du néant pour venir lui cogner le cœur et le faire partir, affolé, en boule de flipper partout dans sa carcasse. Les deux paumes se plaquent contre le bureau, servent d’appui au corps qui se penche par-dessus, presque à s'y coucher. « - Björn, merde, regarde-moi à la fin. » Qu’il lâche avec la force du désespoir, levant les yeux pour essayer une nouvelle fois de s’accrocher à ceux du frère. « - Je bougerais pas de là tant que je n’aurais pas la certitude que c’est réparable. Je préfère encore tes coups à ton mépris, mais ne me joue pas le rôle de la statue de glace… » Tourne à vide dans sa tête, à redouter que tout ce qu’il pourra dire tombera dans l’oreille d’un sourd. Petit suicidaire dont la main glisse sur le bureau jusqu’à ce que ses doigts viennent doucement toucher ceux du géant en un doux murmure de s’il te plait fébrile.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Lun 10 Juin - 19:45

Malmené par le ressac, il ne parvient même plus à le regarder. La vague de dégoût le submerge, l’emporte, l’engloutit. Incapable de relativiser la portée effroyable des mots prononcés. De déterminer quoi faire. Le brutaliser, le menacer. Le quitter. Le supplier. Le tuer, pour en finir enfin avec cette dévotion immonde. Il ne parvient pas à trancher. Alors il reste là, les bras ballants. A bonne distance, les paumes aplaties sur le bureau pour s’octroyer un appui salutaire. A attendre que l’infidèle daigne enfin disparaitre de sa vue. Pas la force de discuter, encore moins d’accepter cette situation qui le révulse. Serpent vicieux qui s’enroule autour de sa gorge, le prive d’oxygène. Mais le plus jeune ne se plie pas aux ordres aboyés pour le chasser. Il insiste pour rester et toute sa carcasse est ébranlée par le refus. Effondrement spontané de l’être, il en tremble, perd légèrement sa posture impassible. Referme ses paupières sur l’obscurité pour faire le point. Il a encore l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un vulgaire cauchemar. De se réveiller comme si de rien n’était, la veille. Le rouquin lové contre son torse, les jambes enchevêtrées. Les hanches étroitement enlacées, imbriquées pour ne faire qu’un. Les corps qui s’épousent dans l’intimité, les âmes liées pour l’éternité. Osmose sale, laideur sublime. Son frère toujours à lui, et rien qu’à lui. Mais la délivrance ne vient pas et le nœud coulant se resserre. L’enrage.

La peine flagrante du cadet perce la cuirasse, réussit à le faire douter. Tranche avec l’image de nymphomane égoïste et insensible qu’il aimerait apposer sur ses traits. Ainé protecteur qui ne supporte pas d’être la cause de son chagrin, même s’il vient de le précipiter lui-même dans un gouffre de tristesse. Sensibilité à fleur de peau décelée dès les premiers instants, quand il n’était qu’un gosse jeté en pâture à un monstre. Conscient que Lars n’aurait de cesse que de le briser pour le remodeler à son image, et qu’il deviendrait le complice de son crime. C’est sa lâcheté qu’il paye à présent, au prix fort. Il aurait dû l’écouter dans cette foutue église, fuir quelque part avec lui. Refuser de s’unir à une harpie qu’il méprisait, juste pour contenter les ambitions malsaines du patriarche. Ne pas se contenter d’une baise dégueulasse dans les chiottes du lieu saint avant de prononcer les vœux fatidiques. Rester à l’écart du géniteur qu’il abhorrait pour avoir failli lui arracher son petit frère, dans un élan de haine et d’intolérance sans précèdent. Il déteste voir son amant retourner la situation. Se sentir coupable pour la succession de mauvaises décisions prises ces dernières années. Eparpillé entre colère et culpabilité. Néanmoins toujours embourbé dans sa mauvaise foi, celle qui lui siffle qu’il se laisse manipuler par sa pire faiblesse.

Les doigts tressaillent quand le contact physique s’opère. Décharge électrique qui esquinte les nerfs à vif. Les articulations traumatisées, à se crisper davantage, sans pour autant se retirer. Dans un soupir, le malfrat consent à obtempérer. Lève ses sphères orageuses vers celles du dépravé. Noyer l’ire dans la détresse des rétines adorées. Eclats de douleur qui le dissuadent d’agripper les mèches de feu, et de cogner son crâne contre le bois jusqu’à ce son front se teinte d’écarlate à son tour. « - C’est pas réparable. » Assène-t-il après un moment de flottement, le timbre polaire en dépit des notes qui chevrotent, déraillent malgré lui. « - Et même si ça l’est, ça se fracturera à nouveau à chacune de tes passes. » Il n’imagine pas la chose autrement. Pas alors que l’argentin pouvait laisser cette vie de côté et a sciemment décidé de s’y accrocher. « - Tu me balances à la tronche tout un tas de saloperies, et tu t’imagines qu’il suffit d’enrober ça d’un peu de miel pour que je te pardonne ? Tu supplies, tu chiales un peu, et ensuite quoi ? Je fais comme si de rien n’était ? Tu retournes là-haut pour qu’un autre te fasse ta fête ? » Des frissons meurtriers lacèrent ses reins à cette pensée, tordent violemment ses entrailles. « - Non, c’est trop facile ça aussi. » Crache-t-il, en se reculant brutalement. Sa main broie quasiment la sienne, hargneuse, puis se libère de son étreinte fragile. Ses prunelles d’acier écorchent la silhouette à moitié avachie pour l’atteindre et il se redresse. « - Evidemment que tout a changé après Tanya, tu le savais déjà à l’époque, c’était qu’un amas d’absurdités plus grosses que moi. » La comparaison tourne en boucle dans la caboche. Echo dérangeant qui le pousse à se remettre en question plus qu’il ne veut bien l’admettre. Parce que le môme a accepté toutes ses offenses sans vraiment rechigner ni protester. S’est contenté d’implorer sans jamais rien lui imposer. Il a enduré les alliances de pouvoir, les femelles érigées en pions quand elles se voyaient reines de l’empire Stenberg. Les coucheries sordides pour honorer le devoir conjugal, aux allures étranges d’adultère. Lien du sang les condamnant à s’aimer uniquement dans l’ombre. La passion indécente sacrifiée sur l’autel des apparences.

Les guiboles chancelantes, inaptes à soutenir plus longtemps son poids, le géant abdique. Se laisse choir dans son fauteuil sans la moindre grâce. Le masque de glace se décompose et il n’essaie même plus de conserver sa posture d’autorité. Ses phalanges viennent masser ses tempes, tentent vainement de calmer les bourdonnements meurtriers. Migraine furieuse, à sentir la nausée monter dans le fond de sa trachée. « - Pourquoi t’as pas essayé plus que ça ? Deux pauvres mois et t’es déjà à bout, en manque de ces salopards ? Fallait que t’y retourne en douce en plus, comme si j’allais pas m’en apercevoir ? Dans mon propre bordel ?! » Aboie-t-il, en poignardant les pupilles troubles. Interrogations rongées d’incompréhension et de désespoir. Zones floues qui persistent dans le récit, les incohérences semées sans qu’il soit toutefois en mesure de retrouver son chemin. De cerner la supercherie aux fils grossiers. « - Tu ne seras jamais plus rien pour moi, Ivar. C’est impossible. » Maigre effort pour se radoucir, bancal à l’extrême. Le rassurer, relativiser la portée dramatique donnée à son rejet. Presque tenté de réitérer la déclaration faite dans la chambre d’hôtel, gravée dans la carne. Il n’y parvient pas. Le jaloux maladif n’est pas en mesure non plus de lui promettre qu’il pourra tolérer la reprise de ses activités. La simple idée lui donne envie de s’emparer de son coupe-papier pour se trancher les veines. Ou se crever les yeux, pour ne plus assister à des scènes obscènes. Le fantasme macabre rapidement abandonné en jetant un œil à la lame. Pas suffisamment affutée pour trancher correctement la chair viciée. Condamné à subir indéfiniment les conséquences d’un défi infâme. A rôtir dans les flammes de l’enfer bâti par son orgueil turpide, à y errer. Le palpitant calciné par ses excès.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Sam 15 Juin - 19:53



Petits doigts contre ceux du géant, ceux qu’il aimerait écraser entre ses phalanges, les presser de toutes ses forces pour lui faire comprendre qu’il ment. Que tout ce qu’il a pu dire n’est qu’un ramassis de cochonneries assemblées d’un fil blanc grossier sur l’instant. Mais ils ne font rien, rester juste en appui fragile contre la chair fraternelle, ses pupilles s’y écorchant un court instant avant de revenir s’accrocher aux hauteurs dont il n’aperçoit rien hormis une jungle de mèches blondes. Et quand enfin l’aîné daigne le regarder, Ariel se sent mourir. Petit cœur qui se repli dans la poitrine, rabougri dans un coin de muscles à en faire courir des frissons de fin du monde contre la peau. Crispation douloureuse marquée à même les lèvres, celles qui se cassent la figure le temps d’une inspiration mise en pause en cours de route. Suspendu à sa bouche, à ses mots qui tardent à venir. Juste un mot rien de plus. Et ils viennent enfin, les paroles guillotines qui le font sourire d’un rictus tordu de clown triste et rouillé. Ses doigts se crispent malgré lui comme toute sa physionomie, il fait bonne figure Ariel mais la démolition amorcée dans sa carcasse a accéléré la cadence. « - Ce n’est pas réparable parce que tu n’en as pas envie. » Qu’il souffle à s’en étouffer, choqué, la nausée en fond de gorge retournant tout sur son passage. C’est qu’il pourrait vomir les restes de vide gravitant dans son ventre sur ce foutu bureau, les belles chaussures de son frère. Cracher du sang puisqu’il n’y a plus que ça qui compte dans son organisme. La brutalité du recul lui coupe le souffle, le fige dans une position inconfortable, ses doigts écrasés sous la poigne du frère qui s’éloigne et le toise. « - Ils ne me touchent plus… Je le leur interdit depuis que… » Petit murmure de rien, pour lui, si faible qu’il est le seul à l’entendre alors qu’il se redresse, le nez vissé sur le bureau, les papiers, ses pieds.

Je voulais y croire quand tu l’as dit, j’y ai cru au début qu’il aimerait répondre mais rien ne vient. Juste du silence et le sifflement bizarre de sa respiration folle. Gamin fleur bleu qui s’est leurré les premiers temps, à se dire que ça irait, qu’il supporterait de le partager avec une autre. Avant d’en souffrir comme jamais, se sentir encore plus seul qu’à son arrivée sur le continent. Tolérer les unions, rester à sa place et se casser en mille morceaux à chaque fois que le couple s’éclipsait pour s’enfermer dans la chambre conjugale. A se rendre compte alors qu’il l’aimait comme un dingue son frère, comme il pensait n’aimer personne dans sa vie. Hormis sa mère. Ces deux êtres qui le maintiennent en vie, équilibre de son monde qu’il a gravé jusque dans sa chair, les initiales tatouées sur les poignets pour les avoir dans la peau jusqu’au bout. Prêt à tout endurer pour Lui, sans sourciller, sans rien demander en échange si ce n’est l’assurance qu’Il lui reviendra, ne serait-ce qu’au détour d’une caresse éphémère, d’un regard lourd des mots les plus criants de sens.

L’injustice qu’il se prend dans la figure est un supplice. Mâchouille sa langue et fronce les sourcils, il se redresse finalement, raide et bancal, félin empaillé de fils d’acier au regard qui dévore l’homme en train de perdre pied. Scrute les moindres détails de ce qu’il lui offre pour apercevoir les fêlures. La blessure commune qui les détruit tous les deux. L’armure faite d’acier et de glace qui s’ébrèche un instant sous ses yeux quand la sienne n’est faite que de coton, l’argentin incapable de rester de marbre et sourd à ses passions. Aboiements mauvais qui le rendent amer, ses larmes qu’il retient sont des aiguilles de tristesse et de rage plantées dans ses yeux. Colère sourde d’être ainsi rabroué quand c’est pour Lui qu’il se sacrifie. « - T’as déjà essayé d’arrêter de respirer pendant des heures ? De te retenir de pisser pendant des jours ? Même avec toute la bonne volonté du monde, tu ne pourras pas le faire. J’ai pas pu… » Petit ricanement mauvais, à se moquer des paroles blessantes, le mécanisme de défense s’enclenche face aux menaces. L’odieux gamin et son cynisme assassin. Ne te fatigue pas à répondre, c’est pas la peine. Il le sait et ne saurait pas quoi ajouter de plus. Mensonge du nymphomane pour justifier l’attitude déjà bancal, en rajouter reviendrait à le voir s’écrouler. « - Parce que tu penses que c’est facile pour moi ? D’en arriver là ? D’être devenu ce machin dégueulasse qui ne vit qu’au-travers du sexe qu’on lui arrache ? Je n’ai réussi à m’accepter que dans tes yeux, si toi aussi tu te mets à me regarder comme un déchet, je ne m’en sortirais pas. » Fierté bousillée qu’il entretient du mieux qu’il peut pour ne pas replonger dans ces années ignobles où s‘accepter et être ce qu’il est, étaient les pires choses au monde.

C’est bancal mais ça lui suffit pour y voir là une sorte de pansement qu’on balance dans l’espoir que quelqu’un le rattrape pour arrêter l’hémorragie. Il n’a pas besoin d’une nouvelle déclaration, n’en veut pas tant elle sonnerait faux dans un moment pareil. Il le sait, ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre, ou du moins s’en persuade encore. Que ce dégage violent n’était qu’un crachat envenimé par la colère et la déception. S’efforce de se convaincre qu’il a encore ses chances. Alors il avance, un pied après l’autre, lentement. Contourne le bureau, passe derrière pour la première fois de sa vie. Eternel rempart entre lui et son occupant, Lars, Asbjörn, autant de tyrans qui ont jalonnés sa vie et qui l’ont maintenu à distance. La sensation est bizarre, un mélange étrange entre allégresse et trouille. Il hésite une fraction de seconde, rassemble son courage dans une déglutition fébrile et vient se poster entre son frère et le meuble. Fesses contre le bois, presque à y monter dessus.

« - Alors ne me fous pas dehors comme ça… » Ordre dissimulé derrière la douceur de sa voix, ronronnement fragile enrobé de velours. Il a le cœur qui bat à frôler l’arrêt lorsqu’il se détache de son appui, courage d’un fou que de se hisser sur les guiboles de l’ainé, chevaucher son géant et nouer ses mains contre sa nuque, bras tendus entre eux pour apposer un semblant de distance. Et se faire bouffer le soleil de ses yeux dans les glaces fraternelles.
« - Etre juste ton frère, c’est impossible maintenant, on est allé trop loin pour ça, et c’est sans regret ni hésitation que je refranchirai la ligne. Je te partagerais encore avec toutes celles que tu épouseras au nom de je ne sais quel délire, parce que c’est ma place. Je le ferais du moment que tu me reviens à chaque fois. » Il se voulait ferme mais sa voix tremble, trébuche doucement sur les chaos de sa peine, celle qui se devine dans le sourire fragile qu’il appose sur ses lèvres. Ses doigts se délient et les mains glissent le long du cou, viennent se poser sur le visage adoré quand les reins se creusent et qu’il se rapproche une dernière fois. Appose doucement sa bouche au coin de celle de son amant, pudique dans son geste, la putain délaissée à l’entrée du bureau pour renouer avec le gamin paumé qu’il était alors. Un peu comme le soir de leur première fois où il a pris les devants sans vraiment y croire. Fiévreux et hésitant à la fois, il réitère le geste, laisse le bout de son nez frôler celui du frère et leurs fronts se poser l’un contre l’autre.

« - Je ne te demande rien, juste, ne me rejette pas pour une tare que je déteste… » Murmure-t-il, le souffle coincé dans sa trachée. Pas certain d’avoir réussi à l’apaiser, il tremble légèrement, resserre l’étreinte de ses cuisses contre les longues jambes à défaut de se relever et s’éloigner. Il en est incapable, tétanisé par l’angoisse qui le reprend aux tripes, le cœur en tambour dans la poitrine, à lui faire tellement mal qu’il en grimace.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Sam 20 Juil - 2:29

Essayer d’arrêter de respirer. La comparaison douteuse lui inflige une vive décharge électrique dans la cage thoracique, le fait grimacer. Accentue la nausée qui ne le quitte plus depuis qu’il a surpris l’énergumène en train de le tripoter. L’affliction s’enfonce dans sa gorge comme une lame, taillade les parois. Mélange de sang, de larmes et de venin qu’il voudrait cracher à s’en vider les tripes. L’écarlate parasite ses pupilles, alors qu’il essaie de se contenir. D’encaisser les soufflets assénés, après avoir tendu le bâton pour se faire battre. L’entendre associer ses étreintes sales avec des clients à une nécessité pour survivre le torture. Le sentiment d’impuissance noue férocement ses entrailles, l'accable devant la sentence décrite comme irrévocable. Son frère ne lutte plus. Il embrasse ses penchants crades, en épouse le moindre vice pour s’y épanouir comme une fleur au milieu des enfers. Fatalité sordide que le proxénète ne parvient pas à accepter. Il doute fort qu’il ait suffisamment essayé, a l’impression qu’il ne ressent même pas réellement l’envie de se défaire de son addiction. Englué dans ses désirs obscènes, marée infâme dans laquelle il se plait à barboter. A se noyer, résigné. Et il n’est pas certain d’être en mesure de lui pardonner d’y avoir mis, selon lui, si peu de volonté.

« - Dans mes yeux seulement ? Dans les leurs surtout. » Ricane-t-il, la trachée écorchée par les couleuvres que le cadet cherche à lui faire ingurgiter. « - T’as fait tout ce qui était en ton pouvoir pour mener à ça. Tu pouvais pas rester une pute parmi tant d’autres. Fallait briller, devenir le centre de l’attention. Qu’on s’arrache tes services, qu’on en redemande. T’en es fier, me fais pas croire que ça te fait honte d’être devenu leur coqueluche. » La voix rocailleuse gronde, ploie sous le mépris pour ne pas céder au chagrin. Il y croit à ses affirmations assassines, dur comme fer désormais. Se repasse le film des années passées, déroule les passages qui l’ont cloué au pilori. Les démonstrations lascives derrière sa bulle de cristal, à attiser les regards concupiscents, en jouer. Caresser sensuellement ses courbes pour laisser un aperçu sublime aux acheteurs du trésor qu’ils pourraient s’offrir. Les déhanchés appuyés, les mains baladeuses ensuite. Les cris à faire trembler les murs, pour convaincre le chaland qu’il se mue en dieu du sexe entre ses cuisses. Les enjoindre tous à y revenir, ne serait-ce que pour flatter à nouveau leur estime. Techniques pour accrocher et fidéliser la clientèle illustrées par de multiples exemples, à se bousiller le crâne pour que le défilé d’horreurs cesse. Jeune prodige de son commerce florissant, presque à en rendre fier Lars s’il n’avait pas été son fils.

Le courroux se craquèle pourtant, cède la place à une faiblesse pernicieuse. Il ne bronche pas quand le rouquin s’avance, rompt la distance de sécurité. Lui jette une œillade sceptique quand il pousse le vice jusqu’à grimper sur ses longues jambes sans y avoir été invité. Habitude grisante en temps normal, à faire courir cette fois des spasmes d’inconfort le long de ses membres. Il se recule aussitôt dans le fond du siège, vient taper le dossier de son échine comme s’il cherchait à se dérober. Docile sans vraiment l’être, les muscles affreusement crispés. Les nerfs qui s’effritent comme de l’argile à chaque rapprochement téméraire du môme. L’agacement qui pointe, en dépit des mots touchants, emplis de cette tendresse qu’il se déteste d’éprouver. Incapable de l’envoyer valdinguer par terre ou de briser le contact physique. Les sphères métalliques le toisent, renforcent la sévérité du visage. Trop polaires pour fondre au contact des rayons fraternels. Par réflexe, les immenses paluches s’apposent toutefois autour de la taille frêle. L’enserrent dans une pression suffisamment appuyée pour en devenir douloureuse à l’usure.

Soupire contre les lèvres quand elles effleurent timidement le coin de ses siennes. Autant agacé qu’attendri par la pudeur du geste. « - Inverse pas les rôles je te prie. J’ai pas besoin de me marier comme on pisse ou on avale de l’oxygène. C’est pas une faveur que tu me fais, c’est pas une preuve d’amour non plus. T’essaie juste de partager les torts pour te donner bonne conscience. » Le ressac de la colère s’obstine à fracasser son palpitant. Il en repousse à peine la progression, qu’une nouvelle vague assassine revient se heurter aux récifs acérés. « - J’y crois plus à tes déclarations pour me passer de la pommade. Tu peux garder ta salive pour astiquer leurs queues, ce sera plus gratifiant pour toi. » Grogne-t-il, jaloux, mauvais. Irrité de sentir les coutures de son jean devenir plus étroites, alors les reins se cambrent, provoquent la tension du pitoyable organe. Suggestifs à en crever. Mécanisme primaire que l’argentin déclenche toujours chez lui avec une facilité déroutante. Il devrait s’éloigner, prendre du recul. Certainement pas pilonner l’antre du débauché pour se défouler. « - C’est quoi le plan ? Les belles paroles pour m’amadouer et ensuite ton cul si ça suffit pas ? » D’un mouvement sec, il fait reculer le siège, se redresse vivement. Emporte avec lui le corps gracile pour le poser sans douceur face à lui.

Les prunelles assombries par la rancœur se perdent sur les traits vénérés. Les braises se consument au fond de la rétine, déclenchent l’incendie. Propulsent le géant vers l’avant. Impulsion qu’il ne contrôle pas vraiment, qui le débecte tant elle est prévisible. Fusion de rage et de désespoir. Essayer de recoller les morceaux de la façon la plus efficace qu’ils connaissent, les enveloppes qui se détruisent pour mieux se retrouver. La nuque qu’il saisit avec ardeur, les lippes qu'il dévore, écrase. Ses rangées de nacre viennent mordre sa lèvre inférieure, en déchirent l’armure délicate avec hargne. Le tyran attrape les hanches pour le relever, l’écarter du bureau encombré. Vulgaire poupée de chiffon qu’il transporte sans difficulté, bouscule debout contre l’armoire. Les omoplates cognent le bois et la bouche s’égare le long du cou, la parsème de baisers cannibales.
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Stumbling through the dark (Ariel) - Lun 22 Juil - 20:07



Discuter est vain, le cerveau tourne à plein régime mais il n’a pas le cœur pour continuer une lutte qu’il sait perdue d’avance. Embourbé dans sa colère et sa mauvaise foi, le scandinave a choisi le blâme pour ne pas sombrer lui aussi. Accable de sa haine et des relents d’une jalousie qui les bousille tous les deux l’unique coupable dans cette histoire. Ariel accepte, malgré les traits qui se crispent, la douleur dans sa poitrine gagnant en force à mesure des mots s’écrasant sur ses épaules. Trop fragiles pour supporter un tel poids, il se croyait plus fort pourtant, face aux autres il l’est très certainement, quand il s’agit de son frère, il se brise en mille morceaux. Il y a du vrai dans les crachats mauvais, une part de lui aime ça, être au centre des attentions. Voit dans les convoitises et les regards brûlants de désir qui se pose sur lui comme une belle revanche sur ces années passées à se détester, à se cacher. Une victoire abjecte sur les violences et les immondices que sa sexualité lui a apporté jusqu’à ce qu’il parvienne à l’accepter pour ce qu’elle est. Lui tout simplement, comme ses yeux sont bleus et ses dents mal rangées dans ses gencives. Un composant de plus pour le rendre unique, sale aux regards de certains, beaux pour d’autres.

Il baisse les yeux un instant pour ne pas avouer sa faiblesse, cet égo mal placé qui le pousse à en vouloir plus de ces attentions frôlant parfois la vénération. Juste ça, ça lui conviendrait, pas le reste, les étreintes fauves et emballées de cellophane, en poupée à la peau douce qu’on peut saccager après l’avoir regardé sous toutes les coutures. L’argentin soupire au contact des phalanges contre sa taille, plaisir mué en gêne à l’emprise devenant étau, annonce un malheur qu’il sent venir depuis leur entrée dans la pièce. L’alarme beugle moins fort dans son crâne, mais elle est toujours là, comme un avertissement discret, une mise en garde pour se protéger d’un mal qui ne tardera pas à lui exploser en plein cœur. Eloigne-toi. Il le devrait mais n’y parvient pas, ses jambes tremblent, alors il les resserre plus fort encore contre celles de son frère. Sent ce qui peut s’y tramer, l’ardeur incongrue qu’il invoque et provoque même sans le vouloir. Les traits se crispent, petite grimace de gamin troublé, gêné quand il ne se passe rien dans son propre corps. Néant de carcasse morte, ses reins sont en grève et ce simple constat lui donne envie de s’ouvrir la poitrine et s’arracher le cœur pour que s’arrête le supplice. Maintenant, avant que ça n’aille trop loin.

La demi-mesure n’existe pas entre eux, le repli devient utopie au ressac des dernières attaques. Ce hoquet affreux qui lui échappe au moment où il relève les yeux pour les cogner dans ceux de son aîné. « - Tu ne penses pas ce que tu dis… C’est pas possible de dire ça après autant de temps passé ensemble, de si peu me connaître pour en avoir l’air autant convaincu. » Ca s’étrangle dans sa gorge, les doigts s’agrippent violemment à la peau à découvert, petit corps entraîné dans les mouvements de l’autre, écrasé, dominé dans tous les sens du terme. Debout mais il ne sent pas le sol sous ses pieds, il s’est ouvert pour l’aspirer dans un gouffre dont il n’est pas certain d’atteindre un jour le fond. Le premier pas vers sa déchéance, celle qui s’amorce depuis quelques temps et qui prend de plus en plus d’ampleur dans ses pensées. Griffes sur sa nuque et bouche tyran contre la sienne, il gémit son désaccord, s’accroche malgré lui aux épaules pour ne pas se casser la figure. Râle encore une fois sous la douleur de sa lèvre qui éclate, le sang sur les langues, la folie du monstre en fond de ventre. Soupire alors aux omoplates plaquées contre l’armoire. Le sexe a toujours été une évidence entre eux, l’accomplissement sublime d’un lien corrompu. Un temps mort rien qu’à deux pour oublier les autres, se retrouver pour de vrai et ne plus souffrir le temps d’une étreinte.

Son front vient se coller contre la porte et il souffle, expulse dans une longue expiration une part du malaise qui lui étreint le corps tout entier. Frustration coincée quelque part entre ses reins éteints, le goût amer de l’échec sur la langue pour remplacer celui du scandinave. Grande première pour lui depuis des lustres. Pour eux. Et ça l’attriste d’autant plus, de se rendre compte que même le sexe ne les sauve pas cette fois. Toucher le fond et s’y noyer sans pouvoir rejoindre la surface. Ariel inspire, s’étouffe presque dans l’exercice et s’éloigne légèrement de l’armoire, y rester appuyé d’une main tout en se rhabillant de l’autre. Se redresse péniblement, cassé jusqu’au fond de son âme, douleur physique supplantée par celle lui ravageant la psyché. Ses doigts meurtrissent son sweat, trompent la nervosité sur le tissu alors qu’il s’approche du géant revenu trôner près du bureau, lui tourne ostensiblement le dos. La main se tend pour le toucher, se ravise au dernier moment et il ne peut que rester planté là à fixer le sol aux pieds de son frère, cette distance qui semble infranchissable.

« - Je suis désolé… » Petit murmure de rien, il ne sait pas quoi ajouter d’autre. C’est pas ta faute reviendrait à remuer le couteau dans la plaie. C’est pas ce que je voulais, c’est prendre le risque de tout détruire pour de bon. Il s’accroche encore à l’illusion que tout pourra s’arranger, aveuglé par sa dévotion violente, parce que sans son frère, il finira par tomber en poussière. Nouvelle inspiration et les baskets se traînent sur le sol, s’éloignent à mesure qu’il se rapproche de la porte. Pose sa main sur la poignée, fébrile. « - Je vais, dormir ici quelque temps, que tu ais ton espace. » Peut-être pas la meilleure chose à faire mais il est incapable de penser correctement. N’a pas envie non plus de partir sur une telle déchirure mais il finit par s’y résoudre, ouvre la porte et s’engouffre à l’extérieur, petit fantôme de rien traînant son désespoir et sa détresse jusque dans sa chambre. S’y enferme et va s’allonger sur son lit, épuisé. Cœur en lambeaux et pensées catapultées hors de son crâne, les yeux grands ouverts sur du vide. Sa déchéance qui lui explose à la figure avec violence, la ligne qu’il vient de franchir sans même s’en rendre compte.

C’est de sa mère dont il a besoin. De l’entendre pour calmer la débâcle qu’il a dans la poitrine, l’apaiser un peu et l’aider à se relever. C’est celui qu’il vient de quitter qu’il veut retrouver. Comme avant que leur univers entier n’implose et se consume. Déteste sa vie, avec hargne et toute la force de sa rage.
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