Keep a buckle on the devil
and your eyes on the road
@Vitali Babanine

Fouler le sol rouge, beaucoup trop rouge à son goût de Siren Alley est une épreuve qui demande bien plus que de la concentration à Celo. Terres de danger pour le tout nouveau consigliere, terres qui pourraient tout aussi bien signer son arrêt de mort d'un moment à l'autre. Alors le colosse s'est grimé. Lunettes fumées sur le nez, chapeau de feutre à large bord. Manteau long et poussiéreux. Il a tout du voyageur de passage, Celo. Même les deux types qui désormais ne le quittent jamais ont suivi le mouvement pour l'occasion. C'est que même en plein jour, Celo comme Arès redoutent le pire venant de ces rats de russes. C'est pourtant expressément qu'il a choisi de débarquer dans ces ruelles en beau milieu de la journée. Celo, il ne passe pas beaucoup de temps dans la rue. Cinq minutes, tout au plus. Le temps de quitter la voiture qui l'a amené, et de s'assurer que ses gardes du corps ne sont pas loin. L'Obsesja, nom griffonné sur un morceau de papier, est gagné en toute discrétion, les mains dans les poches. À peine a-t-il franchi les portes que les deux gorilles à sa suite s'y postent et campent leurs péniches fermement dans le sol. Celo leur jette un regard furtif, avant d'étudier les lieux.

Curieusement privé de son âme nocturne en cette heure si diurne, le club a triste mine. Il est encore trop tôt pour voir débarquer les danseuses et les poivrots, et cela arrange parfaitement Adimari qui avance de quelques pas lents et assurés, lunettes toujours vissées sur le nez. Il s'immobilise à nouveau. N'a pas besoin de chercher bien longtemps, Arès. De scruter à la recherche d'un faciès qui pourrait posséder un tel endroit. C'est une aura carmin et bien seule qui occupe le club, et seulement à cet instant, Celo se décide à retirer chapeau et lunettes. Les pupilles bleu sombre vont d'emblée agresser celles, électriques, du maître des lieux. Un langage silencieux qu'Adimari ne connaît que trop bien. Il avance en direction de l'homme, dépose sa mascarade sur une table en hauteur. Sa main gauche plonge à l'intérieur de son manteau et deux photos en ressortent, lâchées près des accessoires. Celo se veut patient, plus qu'il ne l'a jamais été. Une épreuve pour Sa Fulminance qui, une fois n'est pas coutume, menace toujours de piquer la plus féroce des rognes. Adimari patiente ce qui lui paraît être une éternité, mais qui en réalité ne dura que quelques secondes. Jusqu'au moment où le rauque de sa voix se fait entendre, aimable comme toujours. – Ces deux personnes. L'index droit vient s'abattre à deux reprises sur les photos éparses. – J'aurais besoin de savoir si elles sont déjà venues ici. Ouais, un bonjour lui arracherait carrément la gueule, à Celo. C'est qu'il se retient de cracher par terre, presque. Immobile, l'italien presse son hôte de le rejoindre, le tout dans une attitude farouche de colère latente. Arès ronge son frein et Adimari tout autant. Quelle que soit l'issue de cette entreprise, il se sait voué à faire vite. Peu enclin à tomber sur ses électeurs et encore moins sur les membres de la Bratva.