"The Thunder's Fists" ? L'endroit était fait pour moi on dirait. Ça tombait bien, je ressentais le grand besoin de me défouler sur quelque chose. Et si ça ne m'attirait pas d'ennui en plus, c'était tant mieux. J'avais donc pris des affaires de boxe, et je m'y étais rendu. C'était aussi par là la première fois que je mettais les pieds dans le quartier italien. Et il n'était pas dégueu je devais l'avouer. Un petit charme ancien qui restait assez présent un peu partout avait su me ravir dans les premiers instants. Mais, au bout d'un moment, je me souvins de ce que j'avais entendu sur la Nuova Camorra. J'ignorais d'où me venait cette aversion pour les gangs et les mafias. Ils ne m'avaient jamais rien fait, je n'en n'avais jamais combattu dans ma vie ou dans mes carrières (sauf peut-être en Russie, un peu)... Alors pourquoi je ne pouvais pas les saquer ? Bah. Pourquoi réfléchir. Autant se déchaîner sur un sac de frappe, ça ferait autant de bien.
Après m'être préparé, je me mis en position face au sac suspendu au mur et commençai les assauts. Ils n'étaient pas spécialement précis, mais s'avéraient ravageurs. Enfin se seraient avérés ravageurs s'ils avaient été dirigés contre un véritable adversaire. Là, ils se contentaient de résonner dans toute la pièce. Je débutai d'abord par des petits enchaînements bien rythmés. Direct, direct, crochet, uppercut. Puis crochet, crochet, uppercut, quatre directs. Je procédai ainsi pendant une bonne dizaine de minutes, changeant juste les enchaînements de temps en temps. Puis, plus le temps passa, plus mes coups se firent aléatoires et surtout puissants.
Mes assauts devinrent aussi de plus en plus frénétiques. Je laissai véritablement libre cours à ma colère, à toute la frustration que j'avais accumulée depuis mon départ d'Europe. Je devais trouver comme ça des moyens d'évacuer la rage qui couvait au sein de mes tripes. Si je l'avais fait plus tôt, je n'aurais pas tué ces trois gamins en Angleterre. Je n'aurais pas eu à fuir, pas à m'exiler dans ce trou à rat. J'aurais pu aider Julie, je ne l'aurais pas foutu dans la merde ! Toute ma vie aurait pu continuer comme si de rien n'était ! Pour une fois, t'aurais pu te contrôler MERDE !
Le dernier choc fit s'arrêter tout le monde, moi y compris. Je regardai le plafond pour voir que le crochet qui supportait le sac de frappe était descendu de plusieurs centimètres et menaçait de céder. Un coup ou deux de plus, et il se serait arraché. Je lançai un regard un peu désolé (surtout pour la forme) au reste des personnes présentes et me décalai sur un autre sac pour reprendre mon entrainement, de manière un peu plus mesurée cette fois-ci.
