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the funeral - Sam 29 Juin - 21:38

Un verre, merci. Et puis c’est avec la bouteille de whisky et un verre que la norvégienne disparu aux yeux de la foule, sous prétexte de servir un verre à l’un des invités.

Elle n’avait pas envie d’être ici. Mais elle devait. George était mort des suites d’une crise cardiaque, et Frances faisait une veuve particulièrement pathétique. George et Frances étaient d’anciens amis du couple McLeod, quand ils étaient encore ensemble. Etrangement, Svanhild n’avait plus jamais entendu parler de Frances depuis son divorce et son internement, alors que la rousse n’avait jamais manqué de rappeler leur si sincère et profonde amitié quand les McLeod avait perdu tour à tour leur trois fils. Svanhild était l’épouse du procureur après tout, sans doute espérait-elle certaines entrées qu’elle n’avait qu’occasionnellement. Frances ne lui avait pas manqué. Mais maintenant qu’elle était au centre de son propre drame, Svanhild avait reçu une invitation aux obsèques de son défunt mari. George, père aimant et époux honorable. N’a-t-on pas lu d’épitaphe plus banale ?

Si Svanhild était là, ce n’était pas au nom de son ancienne amitié pour Frances – officieusement du moins. C’était parce qu’elle savait qu’elle devait s’y rendre, s’y montrer. La plupart des personnes présentent ici faisaient partie de son ancien monde. Un monde qu’elle détestait, mais ce qu’elle détestait le plus était l’ignorance. Son divorce, son internement l’avait rendue comme morte à leurs yeux. C’était donc par pur égocentrisme qu’elle se trouvait là. Elle voulait vivre à nouveau dans leurs yeux. Et elle y arriva brillamment.

Svanhild Ellingsen, revenue d’entre les morts, en plein milieu d’un enterrement. C’est plutôt cocasse, n’est-ce pas ? Toute de noir vêtue, elle était sublime dans son tailleur. Soudain, elle existait à nouveau. Elle penserait bien à remercier Frances pour cette réussite, si cela ne lui en coûtait pas tant. Que faisait-elle là, au juste ? A étinceler auprès de ceux qui lui avaient tourné le dos à son divorce ? Comme si elle n’avait eu d’existence qu’au bras de Luther. D’ailleurs, le procureur daigna se montrer juste après l’office. D’une oreille attentive, elle entendue l’excuse qu’il servit à la veuve pour justifier son retard. Le travail. Elle avait quitté la pièce non sans un rictus suffisamment audible pour qu’il l’entende. Pour lui aussi, elle devait renaitre et être vue. A ce brunch funèbre, elle ne le revit plus. Elle était partout pourtant, mais il avait dû se glisser dans un coin et ne plus y bouger le temps que ça passe. Ou peut-être Luther était-il déjà parti ?

Dans tous les cas, elle s’en fichait. Plus elle revivait dans les yeux de ces bourgeois, et plus elle souffrait. Tous ces efforts, ces sourires et les charmes qu’elle usait. Elle s’épuisait. D’autant plus qu’à chaque fois, la même réflexion revenait : ‘Je ne vous avais plus vue depuis la mort de votre fils…’ Et à chaque fois, c’était comme un coup de poignard et une colère sourde qui lui piquait le cœur. C’est ainsi que les verres d’alcools se remplirent, se vidèrent… Jusqu’à ce qu’elle attrape cette bouteille de whisky et ne disparaisse dans le jardin de la veuve. Tout le monde à l’intérieur, personne ne la vit se faufiler jusqu’à un petit banc, à l’abri des regards. Déjà enivrée, elle remplit son verre et le descendit. Cul sec.

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the funeral - Sam 29 Juin - 22:49




Les enterrements sont devenus sa hantise. Presque une phobie. L’idée même de la mort lui répugne, bien qu’inévitable. Depuis la disparition successive de leurs trois garçons, Luther évite autant que possible de ne pas penser à l’après. Et ne pas y penser induit forcément de fuir comme la peste les funérailles, cérémonies religieuses et autres événements liés à la mort. Mais pour George, il fait une exception. Pour son vieil ami et collègue, il s’efforce de surmonter la paralysie qui le saisit. Coincé derrière le volant de son Range Rover, le procureur tamponne nerveusement la sueur froide qui dégouline sur son front. L’heure de la cérémonie est arrivée, puis est passée, sans qu’il puisse se résoudre à sortir de l’habitacle. Pourtant, il doit bien cela à George, qui l’a épaulé dans ses deuils puis dans le divorce. Une dernière inspiration, et la portière conducteur s’ouvre pour laisser sortir McLeod.

Lorsqu’il pénètre chez George et Frances, il cherche tout de suite la veuve pour lui présenter excuses et condoléances, servies sur un ton contrit. Il préfère évoquer la surcharge de travail au bureau. Frances comprend, bien sûr, et se lance dans un plaidoyer contre la pression que leur colle le maire sur le dos et qui, elle en est persuadée, a tué son mari. Il n’écoute que d’une oreille distraite, car un ricanement résonne dans la foule. Une voix qu’il connaît bien ; un mépris qu’il a souvent subi. Des yeux il cherche la chevelure blonde de son épouse, sa haute silhouette fine, inaltérée. Il l’aperçoit, juste avant qu’elle ne quitte le salon, et hésite à la suivre. Pour lui dire quoi ? Leur dernière rencontre, placée sous le signe de la froideur, l’a convaincu qu’aucun retour en arrière n’était possible. Malgré toute sa bonne volonté, Svanhild a définitivement tiré un trait sur leur histoire – par sa faute.

Il écoute encore la diatribe de Frances, avant de prétexter apercevoir une connaissance pour s’éclipser. Il n’est pas très fier de cette manœuvre mais la vision de Svan l’a chamboulé. Un arrêt au buffet lui permet de se servir un verre de whisky, qu’il emporte avec lui. Discrètement, il cherche un coin tranquille où s’installer, et le trouve dans le jardin. Bien caché derrière un buisson, il s’assoit à même le sol et sirote lentement son verre. Les souvenirs défilent les uns après les autres et inévitablement, il repense à ses fils. Aux jours heureux de son mariage avec Svanhild. Confrontées à la froideur qu’elle lui oppose aujourd’hui, ces images paraissent particulièrement joyeuses et colorées. Bien sûr, la mort de leurs garçons a mis un terme à ces années de bonheur. Et depuis, Svan lui tourne le dos.

Un tintement de verre lui fait relever la tête. Sans bruit, il écarte le feuillage du buisson pour observer le nouvel arrivant. Sa surprise est de taille, lorsqu’il reconnaît la chevelure blonde et le tailleur impeccable de Svanhild. Titubant légèrement, elle se laisse tomber sur un banc, juste de l’autre côté de son buisson. Une grimace ironique déforme un instant les lèvres du procureur, qui rit une seconde plus tard en la voyant se servir un verre. Un de trop, visiblement. Se relevant péniblement, il contourne le buisson pour la rejoindre et s’asseoir à ses côtés. « Tu ne crois pas que tu as déjà fait assez de mal à cette bouteille ? » Un ton qu’il veut amusé, uniquement amusé. Ni jugement ni mépris. Vestige d’une complicité perdue, enterrée sous le poids du chagrin.


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