Just gonna stand and watch you burn.

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@Aislinn O'Reilly / Siobhàn

Ils ne s'étaient pas revus depuis leur entretien au tribunal, il y'a un moment maintenant. Un moment que Dwayne avait mis a profit pour lui nuire, entreprenant l'exact opposé de ce qu'il lui avait promis. La chose avait mis son temps mais de nouveaux chefs d'accusations planaient désormais sur la tête de la rouquine qui faisait l'objet d'une incitation à comparaître dès la semaine prochaine.

Marchant à quelques rues du domicile de son ancienne amie, Dwayne avait tenu à lui remettre la lettre en mains propres plutôt que de suivre la procédure réglementaire. Cette façon de faire aurait été plus sage mais l'homme avait – semble t-il - encore des comptes à régler avec la quarantenaire. L'orgueil du mâle réclamait qu'elle reçoive la nouvelle de lui-même et - plus qu'une soif de justice universelle - Dwayne en faisait une affaire personnelle. L'entreprise n'était pas sans risque mais la soif de vengeance avait pris le pas sur sa prudence et sa patience.

Le juge avait caché une arme dans sa ceinture au cas où la conversation tournerait mal. Ce n'était plus à son ancienne amie qu'il rendait visite mais à une ennemie face à laquelle il était nécessaire d'assurer ses arrières. Une putain de déesse avec des pouvoirs qui pourraient le mettre au tapis avant qu'il n'ait eu le temps de réagir. Aussi, l'homme ne comptait pas faire feu sachant que la mort de la rouquine n'arrêterait pas la propagation du mal qu'elle abrite mais au moins l'aurait-il si la situation venait à dégénérer.

Fourrant la lettre dans sa veste, Dwayne s'arrête devant l'habitation et sonne à l'interphone. La voix de la rousse retentit et il s’annonce sans prendre la peine de paraître poli. La porte s'ouvre et il s'introduit dans le bâtiment gravissant les marches qui mènent jusqu'à l'appartement correspondant. Siobhàn l'attend déjà sur le palier mais Dwayne ne prend pas la peine de la saluer, pénétrant chez elle sans y être invité. La lourde porte refermée derrière eux, il s’avance et s'adosse à un bilboquet à l'autre bout de la pièce, face à elle.

« T'étais où ? » La phrase crachée est incisive et indique qu'il n'a pas de temps à perdre avec des formules de politesse. Sa venue n'a rien d'une visite de courtoisie et il ne compte pas cacher ses états d'âme comme il l'avait fait la dernière fois au tribunal. « Ce n'était pas très intelligent de ta part de disparaître alors que je t'avais expressément dit de ne pas le faire... » Sa voix, non sans être plus douce, se fait moins forte pour amorcer l'ombre de la menace qui plane sur la tête de Siobhàn. Attrapant un bibelot qui traîne sur le meuble, Dwayne joue un instant avec avant de relever la tête, la défiance ancrée dans ses orbes glacées. « Mais je suppose que vous vous sentez au dessus de tout, toi et ta putain de déesse. Je me trompe ? » Le bibelot retrouve sa place initiale sur le meuble et il croise les bras sans décrocher son regard de celui de Siobhàn. « Tu comptais me prendre pour un con pendant combien de temps encore ? » Les sourcils se froncent, indiquent la confrontation et les règlements de compte. Cette fois, il n'y aura pas de place pour les mensonges et Dwayne compte bien voir le piège se refermer sur elle... La partie n'est pas finie et le juge relance la mise.

**Siobhán Kearney**

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Dwayne Herd & Siobhan Kearney

Pensive, la divine noue ses longs cheveux roux devant un grand miroir. Les gestes sont presque indolents et les orbes s’égarent sur les courbes encore lisses, songeant à ce qu’elles pourraient être plus tard.
Sa journée s’est passée ainsi : à y penser sans trop y croire, à s’interdire d’imaginer sous peine d’être déçue en découvrant les résultats. A redouter le dépit comme à envisager le pire, et s’inquiéter déjà des conséquences d’une nouvelle positive.

Rêve entaché de la crasse d’Arcadia, tributaire de choix qu’elle vient à regretter face à l’avenir qui se dessine, devenir mère est une option que l’Enchanteresse n’escomptait plus. Désir amer qui le resterait sans aucun doute, fantasme d’une autre vie, l’espoir se fait angoisse quand il s’approche de plus en plus de la réalité.

L’accumulation de symptômes et les paroles du médecin laissent peu de place au doute néanmoins. Un examen passé tôt dans la matinée, et vingt quatre heures qui s’écoulent aussi lentement que des semaines à patienter. Fantôme à errer dans l’appartement vide, un chat grincheux pour seule compagnie, elle a tué le temps à enchaîner les maladresses et les étourderies. Un portrait d’elle à des lieues de ce qu’elle est d’habitude, habile et précautionneuse.

Doigts libres qui terminent d'emprisonner la chevelure domptée, elle quitte la salle de bain pour la cuisine et y remplit une tasse à l'abandon. La chaleur estivale soulève quelques vertiges, qu'elle condamne en restant au repos. Assise sur le divan face à une pile de livres, et un écran d'ordinateur portable, affichant la session expirée de son compte utilisateur sur le portail du laboratoire. Quelques minutes seulement la séparent d’une apparition brutale, de reproches et d’accusations qu’elle n’aurait jamais soupçonnées de la part d’un homme qu’elle croyait son allié.

Surprise, la voix se fait plus douce à l’interphone quand elle le reconnaît. Le juge raccroche presque aussitôt, et si l’amie apprécie sa visite, la fautive craint de comprendre la raison de sa venue inopinée ; la précipitation fait monter l’anxiété à mesure qu’il gravit les marches, et la divine l’attend sur le palier. C’est un sourire doux qui l’accueille quand la silhouette se découpe en haut des escaliers. Elle s’apprête à le saluer, à lui demander des nouvelles, mais le visage fermé de l’homme accentue sa nervosité. Indignée de le voir passer la porte en la bousculant presque, sans un seul mot, sans un regard, elle assiste à l’intrusion sans pouvoir réagir. Elle en est incapable.

Le silence est rompu par le claquement de porte, et le bruit des talons qui martèlent le plancher. Campé en bout de pièce, le juge lui présente un visage empreint de rage quand enfin il daigne l’affronter. L’hybris reconnaît ses semblables et pour la première fois, la rancoeur apparaît. Rancoeur que l’Enchanteresse ne comprend toujours pas.

« C’est un peu cavalier comme visite » ; elle répond à voix basse quand il demande où elle était. Sa remarque est posée, dénuée de jugement et le timbre n’est chargé d’aucune hostilité. Ses paupières papillonnent et trahissent son malaise, sa peine à faire face à une situation qui d’ordinaire n’aurait posé aucun problème. « Je sais... J’aurais dû te prévenir ». Elle reconnaît ses torts et ses manquements, espère un instant qu’il est juste inquiet, mais comprend vite qu’il y a autre chose...

Il avait réclamé sa discrétion afin de pouvoir l’aider, mais elle avait transgressé la première règle en demeurant sous la coupe du Royaume qu’elle ne devait pas approcher. Etait-il au courant ? « Je n’étais pas très en forme et j’ai eu besoin de m’éloigner. Je ne pouvais pas rester seule ». La justification reste sommaire. Évoquer l’agression et l’attaque quasi-mortelle, la renaissance entre les portes d’An Riocht lui semble être une mauvaise idée. Même si sa vie retrouvait peu à peu un certain ordre et une certaine stabilité, les accusations qui pesaient contre elle pouvaient peut-être tout changer. Elle les avait complètement occultées pour mieux se retrouver.

Nouveau reproche et un silence qui s’éternise, l’herboriste affiche un regard désolé. Ce dernier ne trouve aucun écho cette fois, et la suite fait l’effet d’une vague terrible emportant tout sur son passage.

Créature méprisée - ouvertement désormais, la divine laisse ses bras retomber le long du corps. Faciès interloqué, membres paralysés, la voix tremblante reste bloquée au fin fond de sa gorge. Il sait. Et ça ne change pas grand chose, pour lui qui a épousé une héroïne. Alors pourquoi cette scène et ce dégoût qu’il ne prend même plus la peine de masquer face à elle ?

« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Un seul pas en arrière lui fait heurter la porte, et les mains dans son dos s’activent en prévision des retombées. La serrure verrouillée, elle prend soin d’y laisser la clef pour se donner une chance de régler ses comptes seule. La dernière chose qu’elle voudrait voir se produire, étant la rencontre du juge et de l’homme qui partage de nouveau sa vie. Un gradé de la mafia irlandaise.

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@Aislinn O'Reilly / Siobhàn

Tout est soigné et méticuleusement rangé. Appartement parfait d'une quarantenaire sans problème : il aurait pu lui paraître agréable si il ne connaissait pas la vérité. Siobhàn manie le don de la dissimulation et son intérieur ne fait pas exception. Les peintures aux murs et les fleurs sur les tables, tout est mis en œuvre pour donner une impression de chaleur et de douceur. Qui irait soupçonner la pudique et polie rouquine d'abriter la plus abjecte des infamies ? Qui penserait que le chaos pullule entre ces quatre murs et sous ses airs de vertus ? Tout est trop lisse pour être vrai et Dwayne le comprend désormais. Tout n'est qu'illusion pour tromper son monde et le mal se dérobe sous la femme d'apparence bonne sous tout rapport. Aussi, Dwayne n'est pas venu admirer la décoration et les efforts que Siobhàn a déployé pour se constituer un petit nid douillet.

Les mains posées sur le rebord du buffet, il guette les réactions de la femme qui lui fait face. Celle-ci s'empourpre, s'excuse et l'emploi du conditionnel irrite Dwayne à la seconde où les mots franchissent le seuil de ses lèvres. « Tu aurais dû... » Le juge répète la phrase non sans lâcher Siobhàn du regard. « Il y a beaucoup de choses que tu aurais dû dire Siobhàn. » Parlant d'une voix calme, l'homme se décolle légèrement de la commode et ramène les bras le long de son corps. « Ce n'est pas comme ça que ça marche. » Les joues de la rouquine rosissent lorsqu'il évoque la divine et le juge reconnaîtrait son expression entre mille pour être celle que les menteurs affichent lorsqu'ils réalisent que leurs bobards leur échappent. « J'ai mis du temps mais j'ai fini par comprendre. » Les mots sont prononcés tandis qu'il rejoint le centre de la pièce et s'arrête devant le canapé. « Garde tes excuses pour qui voudra encore te croire, j'en ai assez entendu pour ma part. » Sa main glisse dans la poche de sa veste pour se saisir de la lettre qu'il dépose lentement sur la table basse. « Tu en auras besoin au tribunal. »

La convocation en vue, le juge se retourne pour toiser de nouveau Siobhàn à quelques mètres de distance l'un de l'autre. « Je ne m'attendais pas à ce que tu fasses soudainement preuve d’honnêteté mais inutile de jouer les victimes. Tu vois très bien ce que je veux dire. » Planté devant le canapé, Dwayne reste quelques instant dans cette position et laisse planer un silence lourd de sens. « Trouve toi un autre abruti qui voudra bien t'écouter. Moi j'en ai fini avec toi... » Le timbre devient sec tandis que ses pieds le rapprochent doucement de l'hôte. « Du moins pour ce qui est de t'aider. » Le regard lourd est maintenant rempli d'indifférence. La déception s'est envolée en même temps que les mensonges dont Siobhàn se drapait et l'étrangère mise à nue ne saurait plus atteindre les sentiments du juge. Il s'avance un peu plus et son corps se retrouve à quelques centimètres de l'adversaire. « Tu sais, je crois que j'ai sincèrement aimé celle que tu prétendais être mais aujourd'hui tu ne m'inspires que du dégoût et de la haine. Je suis passé te prévenir que tu me trouveras de l'autre côté désormais. Il faut bien qu'au moins l'un de nous deux joue cartes sur table dans cette histoire. » Les poings serrés, Dwayne s'approche un peu plus de la rouquine et de la sortie. « Demande de l'aide à qui tu voudras, à la putain qui loge en toi ou aux membres de ta chère mafia, ça ne m'arrêtera pas. » Les yeux emplis de défi et le cœur libéré de ce qu'il avait à dire, Dwayne attend que Siobhàn se dégage pour prendre la porte et ne plus jamais revenir ici...

**Siobhán Kearney**

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Dwayne Herd & Siobhan Kearney

Les mots résonnent entre les tempes endolories et les murs de l’appartement. Violents, presqu’incompréhensibles tant ils sont inattendus, ils viennent ébranler les croyances de l’herboriste et c’est tout un pan de sa confiance qui vient à s’effondrer. En l’espace de quelques secondes, le juge passe de la figure rassurante à la cause de nouvelles craintes. L’angoisse s’empare de ses entrailles et c’est le glas d’une relation - une autre encore, qui sonne au rythme des accusations.
Impossible de savoir avec exactitude ce qu’il sait sur son compte, et ce qui l’enrage au point de venir lui vomir sa haine à domicile. Peut-être ses liens avec le Royaume, qu’il lui avait défendu de voir. Peut-être sa nature, qui lui pose un problème. Peut-être ses affaires, s’il a fini par apprendre. Sans doute un tout qu’il ne peut pas comprendre, des choix que peu ont accepté, et qu’elle-même continue de regretter.

Le coeur se brise dans la poitrine qui vient à manquer d’air, car elle l’a déçu lui aussi. Un autre allié qu’elle perd, un ami cher qui l’abandonne, à tel point qu’il profère des menaces aux conséquences terribles qu’elle pensait écartées. Un sort mérité se dit-elle, visiblement incapable d’aimer suffisamment ses proches pour leur épargner des souffrances qu’ils ressentent un jour le besoin de lui faire payer.

La lettre posée sur la table attire longuement le regard aux iris voilés. Si la divine ignore son contenu, ce dernier n’est pas difficile à prévoir. Puisqu’il le dit lui-même, l’homme a d’ores et déjà révisé sa promesse de la tenir à l’écart de la justice. Pire, le sentiment de trahison qu’il éprouve semble trouver consolation dans la perspective de la voir renvoyée sur le banc des accusés.

« Alors quoi ? Tu vas juste m’enfoncer maintenant, sans chercher à comprendre ? Après t’être battu pour me sortir de là ? » La voix s’étrangle, perd une octave, paraît trop douce face au coup de poignard qui l’assomme. C’est fini lui rabâche son regard plein de répulsion et de hargne, quand il s’approche suffisamment pour que leurs souffles se mélangent. Souvenirs qui reviennent à la pelle, étreintes au goût amer qui lui reste en travers de la gorge. Des erreurs répétées, venant exacerber le dégoût et la peine de l’homme de loi.

Voilà qu’il veut partir, mais Siobhan ne s’écarte pas. Les corps se frôlent et se repoussent comme des aimants détournés l’un de l’autre. Rien de ce qu’elle pourrait dire ne saurait la défendre ; l’instinct lui crie qu’il est trop tard, que cette fois le pardon est inimaginable. Pourtant un coeur blessé n’écoute pas la raison. Il préfère s’embourber. « Tu sais mieux que quiconque ce que j’ai traversé. Tu sais que j’ai dû prendre des mesures et certaines décisions pour me protéger. Pas toujours celles qu’il fallait », elle reconnait ses choix douteux, tous ceux qui l’ont éloignée de ceux qu’elle aime au profit d’objectif viciés. Hybris maudit qui la condamne aux tragédies perpétuelles. « Tu as raison, c’est un fardeau », elle recommence, sans oublier qu’il ne voudra jamais l’entendre jouer les victimes. « J’ai toujours eu confiance en toi, et tu sais pertinemment que je ne pouvais pas tout te dire. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. Et je ne sais pas non plus ce que tu crois mais je ne t’ai pas utilisé de quelque façon que ce soit. J’ai seulement saisi la main que tu me tendais pour essayer de m’en sortir ».
Ballet des lèvres qui s’animent sans réfléchir. Elle en a la nausée, de tout ce qu’il a pu lui cracher à la figure. « Je n’ai jamais rien prétendu du tout. Je suis vraiment très loin d’être parfaite, mais je fais comme je peux. C’est toujours moi, Dwayne ».

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@Aislinn O'Reilly / Siobhàn

Siobhàn reste étrangement calme malgré les déclarations du juge. L'attaque n'a jamais été de son ressort mais Dwayne a appris à se méfier de l'eau qui dort. Mesure et calme cache félonie et rage. La rousse préfère parler et essaie de retourner la situation à son avantage. Il n'y a rien à comprendre, rien qu'il aurait dû découvrir sans qu'elle ne lui ait dit. C'est trop facile. Trop facile de se placer en victime et de condamner sa fermeture d'esprit. Ce n'est pas au plaignant de chercher à comprendre les motivations de la défense et la mansuétude n'a jamais été le fer de lance du juge. De plus avouer une faute découverte ne suffit pas à laver la faute elle-même et Siobhàn ne s'en tirera pas de cette manière. C'était avant qu'il fallait y penser ; avant que l'homme perde foi en son amie et qu'il se sente trahi. Aurait-il accepté la confidence à l'époque ? Rien n'est moins sûr mais Dwayne est d'avis que qui n'a rien à se rapprocher n'a rien à cacher. Elle aurait dû s'expliquer et se défendre avant de chier sur la confiance et l'orgueil de l'homme. « Je n'avais pas connaissance de tous les éléments lorsque j'ai pris ta défense... » Les chausses s'activent et les corps se rapprochent, petite rouquine dont l'ombre s'étend de manière bien plus grande à l'instar de toutes les récurrences. « Un nouvel élément peut changer le cours d'un procès... »

Il essaie de partir mais Siobhàn bloque la porte tandis qu'elle tente encore de se justifier. Dwayne s'arrête et plante son regard dans celui de la femme. Regard noir qui signifie qu'il n'a plus envie d'entendre ses conneries. Pas après toutes ces nuits passées à se faire une raison, à déconstruire brique par brique les mensonges qui la déguisaient en personne digne de son affection. Sa sensibilité est morte en même temps que la chrysalide qui cachait la vraie nature d'Aislinn et son débit de paroles coule sur lui comme un pet sur une toile cirée. Paroles brouillon qui tentent vainement d'accrocher son bon sens jusqu'à ce « moi » qui ne veut plus rien dire.

« J'en ai assez entendu, dégage du passage. » L'ordre est craché mais la femme ne daigne pas bouger. Aussi, Dwayne perd patience et lance sa main sur l'épaule de l'autre. Contact qui pousse la rousse sur le côté avec suffisamment de force pour lui faire perdre l'équilibre. Le corps chute au sol et l'homme la regarde s'écraser sans une once de culpabilité. Sa déesse et ses compagnons suivront bientôt et un semblant de sourire perle sur le visage du justicier hanté par ses démons et une rancœur à toutes épreuves...

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Dwayne Herd & Siobhan Kearney

Rien de ce qu’elle pourrait dire ne le ferait changer d’avis. Pourtant, elle continue d’argumenter ; essaie de lui prouver qu’elle est toujours la même, mais ça n’est pas suffisant. La haine qui brûle au fond de son regard, le fiel qui s’écoule de ses lèvres est un océan dans lequel elle se noie. Ce dégoût qu’elle inspire et qu’elle ne comprend pas est un trou noir qui l’aspire.

Qui aurait cru que le perdre lui lui causerait tant de mal ?

Ses jambes ne la supportent plus. Le manque d’oxygène la fait vaciller avant même qu’il ne l’empoigne pour la faire bouger. Elle s’écroule comme ce nouveau pan de sa vie qu’elle croyait pourtant repartie au calme. Et dans sa chute, la main sur le ventre s’enquiert déjà d’un avenir qui lui semble incertain. Il n’y a rien dans ces entrailles désespérément vides, mais le désir de les voir se remplir s’ajoute alors à son drame.

Pourquoi se fatiguer à vouloir le garder auprès d’elle alors qu’il veut partir ? Pourquoi se justifier sans cesse et lutter pour ce qu’elle ne peut obtenir ?
Là, étendue sur le sol de son propre appartement, l’herboriste cède à la colère elle aussi. Il n’y aura pas d’enfant, comme il n’y aura plus de Lir et d’Airmed, elle se dit. Plus grand chose à perdre, pas même cet ami qui a juré de l’anéantir.

Au bord des larmes jusqu’alors, les orbes pâles se chargent d’ombres et de tempêtes. Le bras se dresse et les phalanges écrasées sur la porte l’aident à se relever. Que lui reste-t-il à part l’hybris quand tous les autres l’abandonnent ? Autant qu’il a forgé sa solitude, elle y trouve un soutien et un allié quand tout s’effondre. Ca ne dure que quelques instants pourtant ça l’aide à traverser les épreuves les plus difficiles.

« Pourquoi ?! » La tristesse est masquée par l’ire et la déesse refuse de le voir s’échapper. Il n’est rien pour elle. Elle pourrait aussi bien en finir. Mais l’hôte est prête à le laisser gagner. A se laisser trahir parce qu’une partie d’elle croit le mériter. Elle veut seulement la vérité.

Et elle n’est pas debout encore que le pouvoir gorge la pièce. Les feuilles des végétaux éparpillés s’étirent, s’allongent pour bousculer le juge et barrer la sortie. A la putain qu’il a nommé, elle le croit soudain horrifié par ce qu’elle est plutôt que par ses actes ou par ses décisions. Perspicace à retardement, elle se tient face à lui après qu’il l’ait vue vulnérable, affalée sous sa poigne. « Ce ne sont pas le Royaume ou mes choix qui te posent problème. Ca n’a jamais été le cas ». Pris au piège des lianes qui se renforcent et qui s’animent autour de lui, l’homme de loi est percé à jour. « C’est elle qui t’effraie, n’est-ce pas ? »

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