Sur les doutes de sa conscience, alors qu'elle observe le poupon endormi dans les bras de son oncle, elle craint une fois de plus de faire face à la réalité. Voilà des jours, des mois qu'elle y réfléchit et à chaque fois c'est le même cinéma dans son esprit. Plus tard, se disait elle, on verra ça lus tard. Mais plus Beniamin grandit, plus elle pense à ce qu'il dirait de ce qu'elle est en train de faire, et à cette autre personne qui aimerait aussi être au courant. Elle annonce à son frère qu'elle sort, elle ne précise pas qu'il s'agit de Soren et qu'elle y va à l'improviste.
Loin de là l'envie de le surprendre, parce qu'elle l'a déjà eu une fois là-dessus et les blagues les plus courtes sont les meilleures. Avec ceci, Sybille n'est pas d'humeur à plaisanter, puis arriver chez lui et faire irruption est le meilleur moyen de se prendre une balle perdue. N'est il pas Fenrir après tout ? Elle utilise son téléphone donc pour lui envoyer un sms le prévenir qu'elle sera sur son balcon dans quelques minutes. Ils n'habitent clairement pas le même coin mais en vol, c'est bien assez rapide. Ailes déployées dans le ciel noir d'Arcadia, Sybille frôle les courants d'air. Elle a acquiert une certaine dextérité en vol, qui lui fut difficile à obtenir et qui a manqué de la tuer parfois. Désormais c'est dans sa nature et bien qu'elle ne lui permettent pas d'avoir une vie normale, à chaque fois qu'elle ne les a plus, elle finit par ressentir un énorme manque. Elle repère de loin le balcon de Soren, grâce à sa silhouette à l'extérieur, la lumière de son salon lui donne une idée de la hauteur qu'elle doit avoir pour atterrir et ne pas se prendre le mur de brique en arrivant à pleine vitesse parce qu'il fait nuit et que les lampadaires extérieurs ne sont souvent pas suffisants
Les ailes battent l'air frénétiquement pour ralentir son arrivée et tout aussi légèrement elle approche avec un large sourire sur les lèvres, contente bien qu'anxieuse de le retrouver. Les pieds touchent la rambarde, l'un après l'autre, en parfait équilibre. Elle se laisse finalement tomber à l'intérieur du balcon à pieds joints et les larges ailes viennent naturellement se replier dans son dos. « Salut ! Merci pour ton invitation ! » Un clin d’œil, une bise sur le coin des lèvres puis elle s'empresse de rentrer avant qu'on ne les voie ensemble et qu'il se fasse embêter sur le monstre qui se trouvait sur son balcon. La déesse croise le regard innocent et réservé de Noah, qu'elle n'a pas eu l'occasion de rencontrer parce qu'il dormait déjà la dernière et seule fois qu'elle est venue ici. Pincement au cœur, la jeune femme sur ses instincts maternels s'approche doucement de lui et cherche alors immédiatement des signes de ressemblance avec son fils. Parce que c'est pour cela qu'elle est venue. Un test de paternité a été fait et celui qu'elle croyait être le père ne l'était pas. La liste des possibilités s'est affichée dans sa tête, elle ira voir ceux avec qui elle arrive à s'entendre et si ce n'est pas l'un d'entre eux alors tant pis, Beniamin n'aura pas de père. Soren est le second candidat, pour les nuits mouvementées qu'ils ont partagés à cette époque là de l'année et où l'attention était trop portée sur leurs corps pour penser à être responsables. Sybille se baisse, pour ne pas effrayer l'enfant avec ses larges ailes et tend sa main pour lui dire bonjour. « Salut bonhomme, je m'appelle Sybille. » Timide, il n'ose pas prendre sa main et elle lui sourit fait juste coucou de la main pour ne pas le forcer au contact, conquise par son minois adorable qui est intrigué par ses plumes. « Il te ressemble beaucoup ! » Elle confie à Soren avant de se lever pour lui faire face, laisser l'enfant tranquille. Et si c'était lui, qu'est ce que ça changerait entre eux ? Elle se pince les lèvres, peut être pas prête à lui demander cette requête toute particulière de l'aider à savoir qui est le vrai père de son enfant. « Tu aurais quelque chose à boire ? » Ça se lit sur son visage, elle est préoccupée.
Assis sur l’accoudoir du canapé, une clope entre les lèvres, il guette son arrivée. La porte-fenêtre du balcon ouverte, il voit une silhouette se détacher dans le ciel sombre. Silhouette encore plus sombre, comme issue d’un rêve ou d’une légende. Etre chimérique et surréel. Pourtant, Sybille est bien réelle lorsqu’elle pose les pieds sur son balcon. « Salut ! Merci pour ton invitation ! » une bise discrète, sur le coin des lèvres, et le scandinave sourit pour la laisser entrer. Sa clope écrasée dans le cendrier, il voit Noah près du canapé, timide, le regard incertain sur Sybille et ses ailes. Il peut le comprendre. Il est pas sûr de s’y faire un jour. C’est peut-être ça, qui la rend si irréelle. Qu’il y a ait des dieux, des monstres, des créatures en tout genre, c’est une chose… Qu’ils en aient certains aspects, c’était une toute autre paire de manches à laquelle il fallait se faire. Son doudou –un lapin- entre les mains, c’est à peine s’il ose s’approcher. Mais ça n’arrête pas la jeune femme qui s’approche et se baisse pour se mettre à sa hauteur. « Salut bonhomme, je m'appelle Sybille. » Noah, il reste là, à la regarder sans bouger, sans glisser sa petite main dans la sienne, mais ça ne l décourage pas, la grecque, elle continue de sourire, bienveillante. « Désolé… Il est timide. Avec tout le monde » Soren s’approche et prends son fils dans ses bras. L’étreinte est immédiate et le blondinet repose sa tête sur l’épaule de son père. Des fois, il se dit que c’est à cause de ce qu’il a vécu. Des problèmes de sa mère, que malgré ses quelques mois, il a tout ressenti, tout retenu, d’une manière ou d’une autre. Et soren, il s’en veut de pas pouvoir faire plus que ce qu’il fait là. Il lui donne tout ce qu’il peut, tout ce qu’il a. Il sait que ça remplacera pas sa mère. Il demande Cassie des fois. Il demande où elle est, sa maman à lui. Et il esquive, dit qu’elle est là, pas loin. Il sait même pas si elle a succombé à l’overdose, ou si elle continue ses conneries. « Il te ressemble beaucoup ! » il acquiesce d’un signe de tête. Y’a pas à dire… Blond, les yeux bleus… Une bouille à croquer. « Mon portrait craché. Mais bien plus calme. » qu’il dit en rigolant avant de déposer ses lèvres sur le front de son fils. « Tu aurais quelque chose à boire ? » Le sourire se dissipe, et il remarque l’air soucieux de a brune. En même temps, quoi d’étonnant ? Elle ne lui aurait pas envoyé un message comme il a reçu sans une bonne raison. Le message aurait eu un je ne sais quoi de plus léger si elle voulait juste boire un verre pour passer le temps. Il acquiesce d’un signe de tête avant de reporter son attention sur Noah. « tu vas dans ta chambre ? J’te rejoins après pour ton histoire. » un autre baiser sur son front et les pieds du petit touchent de nouveau le sol. Sans se faire prier, c’est avec ses petits pas qu’il court jusque dans son ante.
« Bière ? Whisky ? » il sort la première du frigo, suivie d’une deuxième pour lui. Et au cas où, il prend la bouteille de whisky du placard, accompagné d’un verre. « Comme tu veux. » Première gorgée de sa boisson, sans quitter la jeune femme des yeux alors qu’il s’appuie contre le dossier du canapé. Soren la détaille, tente de deviner ce qu’il se passe. Un problème ? Une urgence ? « qu’est ce qu’il se passe ? » parce qu’il l’a déjà vu ieux que ça, avec un peu plus d’assurance que ce soir.
Le fils dans les bras du père une scène attendrissante qu'elle n'a pas l'habitude de voir de Soren, lui qu'elle connaît surtout avec du sang sur les mains quand il n'est pas son amant. Sybille observe Noah courir, ses petits pieds qui tapent le sol en rythme jusque dans le couloir et jusque dans sa chambre. Elle pense alors à Ben, quand il aura son âge, comment est ce qu'elle pourrait imaginer le regarder sereinement en sachant qu'elle lui cache qui est son père. Ça la conforte dans son choix, elle doit aller jusqu'au bout de ce qu'elle a commencé, même si pour cela il faut passer par des désaccords et des non dits. « Volontiers une bière. » De toute façon elle ne sent plus rien de l'alcool mais ça aura le mérite de lui donner un coup de peps avec le côté pétillant. C'est que la fatigue s'accumule, ces derniers temps, l'attaque du Piada l'empêche de dormir, l'avenir de son frère et de son fils aussi. Et puis il y a Alcide fraîchement sorti de prison, Némésis qui la tourmente et ses souvenirs qui reviennent même en rêve.
La voix de Soren la tire de ses nuages, elle ne s'est même pas rendue compte qu'elle s'est assise sur une chaise face à lui. Elle observe son hôte, confortablement assis dans son canapé et qui n'imagine pas la guerre qui sévit en elle depuis un an. A quel point cela influe ses décisions, ses agissements, brouille tout ce qu'elle fait et tout ce qu'elle croit. Tout ce qu'elle a cru jusque là, avoir porté un enfant qu'elle pensait d'un autre en ayant fait trop vite ses conclusions. Elle apprend à avoir le contrôle, de plus en plus, ou bien c'est parce que la déesse qui l'habite prend plus de place que Sybille et qu'il ne s'agit alors que de ses agissements à elle. Ailes repliées dans le dos, elles sont là pour lui rappeler que son corps ne lui appartient plus. « Désolée je... » C'est vrai, elle est venue chez lui pour lui demander quelque chose, parce qu'elle ne vient pas juste prendre un verre ou passer du bon temps avec lui. Elle observe le fond de son verre, Némésis, se souvient des enfants qu'elle a conçus avec Tartare et d'Hélène avec Zeus, sa fille préférée. Ben est né d'elle et d'on ne sait qui, peut être que c'est lui ? « Oui je suis venue te demander un service. »
Comment commencer ? Sybille n'a pas suffisamment de vocabulaire en anglais pour traduire tout ce qui lui vient en tête. Et sa nervosité s'entend dans son accent méditerranéen. Inspire, lentement, Sybille. Toi qui fait face à pire pourquoi perds tu tes moyens ? « Tu sais j'ai un fils aussi. Et celui que je croyais être son père ne l'est pas. » Son regard clair se pose sur le mur derrière Soren, elle se souvient de la désillusion, et en vérité vu la responsabilité et le cœur que mettait Augustin dans cela, ce n'est peut être pas plus mal que ça ne soit pas lui. « Alors je cherche avec qui j'ai eu des relations en Juillet dernier... » Son regard se pose sr Soren, oh il se souviendra de cette soirée au Silver, elle lui avait promis un show privé et s'est fait un plaisir se se dévêtir plus qu'à l'accoutumée. C'était un jeu pour eux, comme toujours, ils se cherchent et s'enlacent, pour autant il n'y a jamais été question d'avoir une relation exclusive. Sybille sort de la poche de sa veste de quoi prélever des échantillons. « Alors je voudrais vérifier, je pense que... Enfin ça pourrait être toi, tu vois ce que je veux dire ? » C'est gênant et en même temps elle sait qu'elle devait le faire. Le reste ne tient qu'à lui, s'il accepte ou pas, elle fera en fonction, elle a toujours beaucoup de ressources. « Ça t'engage à rien, c'est juste pour savoir. »
« Désolée je... » elle a l’air un peu ailleurs. Distraite ou préoccupée. Et plus les secondes passent, plus Soren se demandent ce qui l’amène. Il a rarement eu l’occasion de la voir aussi… silencieuse ou si absente. La Sybille qu’il connait est taquine, concentrée, fatale… Quelque chose doit clacher pour qu’elle soit dans cet état, et qui plus est, chez lui. « Oui je suis venue te demander un service. » ça, il s’en doutait un peu. Les gens affichaient rarement cette tête lorsqu’ils venaient seulement pour taper la causette. Sa visite n’était pas anodine, ça, il en avait la certitude. Mais à part lui demander d’éliminer quelqu’un qu’un –sans doute une personne qui la mettrait dans une position délicate pour qu’elle ne le fasse elle-même– il ne voyait pas. Alors d’un léger signe de tête, il l’invite à continuer.
Il l’observe, Soren, la voit se concentrer sur sa respiration, et désormais il a un doute. Elle ne vient pas là pour lui demander de buter quelqu’un. Ou alors c’est un tout autre genre de contrat. « Tu sais j'ai un fils aussi. Et celui que je croyais être son père ne l'est pas. » l’accent qui ressort et la nervosité qui remonte. Pas bien sûr de comprendre où elle veut en venir… Ou peut-être qu’au fond si. Mais le côté si irréaliste de la chose l’empêche de formuler correctement cette hypothèse. Le cerveau ne veut pas aller au bout. Improbable. Non, elle doit vouloir lui dire autre chose. Peut-être que le vrai père est un tordu. Un homme marié ? Un politicien véreux ? Quoiqu’ils le sont tous… Un haut placé de cette foutue ville ? « Alors je cherche avec qui j'ai eu des relations en Juillet dernier... » elle n’aurait pas besoin de finir, il sait où elle veut en venir. juillet dernier y’a l’esprit qui se brouille et qui s’agit en même temps. C’est flou et pourtant clair. « Alors je voudrais vérifier, je pense que... Enfin ça pourrait être toi, tu vois ce que je veux dire ? » il se pince l’arrête du nez, passe sa main sur son visage en expirant profondément. Pas franchement de cette manière qu’il imaginait finir sa journée. Il ne tient pas de comptes de ses coucheries ou de ses conquêtes. Loin d’être du genre à tenir un calendrier ou un tableau de chasse où il épinglerait leur tête… Mais il arrive à s’y retrouver, à se rappeler plus ou moins ce qui a eu lieu, et avec qui. Et cette soirée au Silver Arrow avec la brune, il s’en souvient clairement. Il ne saurait dire la date exacte, peut-être même pas la semaine. Mais il se souvient clairement de ce qu’ils ont fait. Pas trente minutes, pas une heure. Ils ont remis ça toute la nuit, jusqu’à leurs forces les abandonnent. « Ouais, je vois… » la main dégage de son visage et soupire « … mais putain Syb… » rien d’agressif là dedans, pas même un reproche, juste une interrogation totale et une surprise qu’il ne saurait exprimer autrement. Y’a pas de manière d’annoncer ça, même si ça ne reste qu’un peut-être. Est-ce qu’il se voit avec un deuxième fils ? Pas la moindre idée. Il a du mal à se projeter, à imaginer. Et si c’est négatif ? Ne serait-il pas un peu déçu s’il commence à trop y penser ? Il se lève, laisse sa bière pour aller prendre un verre de whisky. Définitivement besoin de quelque chose de plus costaud. « tu… doutes depuis quand ? » parce qu’il se dit que son fils n’a pas que quelques semaines à peine. « Ça t'engage à rien, c'est juste pour savoir. » Peut-être pas, mais s’il est bien le père de son fils, il ne pourra pas non plus l’ignorer et retourner tranquillement à sa vie ou s’occuper gentiment de Noah sans y penser. « On verra. Mais… t’as d’autres noms sur… ta liste ? » loin de l’idée de la juger. S’il y a bien une chose dans laquelle il croit à l’égalité des sexes, et bin c’est bien dans le sexe. Elle peut bien se taper qui elle veut, le nombre qu’elle veut, tant qu’elle fait un minimum gaffe… mais c’est plus connaitre les probabilités qu’il soit père. Il regarde le kit posé devant lui, l’examine. Ça n’a pas l’air bien compliqué. Y’aura juste les résultats à attendre. Putain d’attente. c‘est toujours ça le pire.
Soren, voilà un moment qu'elle connaît son minois sans pour autant réellement vouloir cerner sa personnalité. Il y avait une certaine limite entre eux, un mystère qu'ils aimaient entretenir en ne causant jamais banalités. Entre eux ça tourne toujours entre les primes, l'alcool et le sexe et cette relation là elle l'a toujours adorée. Sybille a alors l'impression d'avoir franchi cette limite là en venant lui annoncer qu'il est potentiellement le père de son fils. Est ce que pour autant cela viendrait briser cette électricité entre eux ? De son côté, Sybille n'y croit pas trop, parce qu'elle sait qu'elle ne pourra pas se passer de ce qu'il se passe entre eux depuis quelques années, c'est libérateur, c'est ces moments d'amusement qui les ont rapprochés et elle en a toujours envie. Mettons cela comme une parenthèse et elle reviendra un jour sans lui parler d'enfant, lui proposer une soirée au Silver dans la débauche et l'ignorance totale du monde. Rien d'autre.
Pendant son temps c'est son devoir de répondre à ses questions et elle lui laisse un instant réaliser ce qu'elle essaye de lui dire. Il comprend assez vite, avant qu'elle ne parle de lui, elle sait que c'est le genre de nouvelle qui n'allait pas le faire sauter de joie, parce qu'il a déjà un fils, parce qu'ils sont loin d'être stables et parce que ça les met devant l'évidence qu'ils n'ont jamais fait vraiment attention et qu'avec un certain passage divin ça allait vite les rattraper. C'est comme ça qu'elle s'est fait avoir, pensant que ses contraceptifs allaient encore faire effet et pourtant c'est de la suite logique. Assise, mains jointes, son regard bleuté observe et suit sa silhouette aller se chercher quelque chose de plus fort. Elle tente de le rassurer, elle n'est pas ici pour réclamer, c'est aussi pour son fils qu'elle fait cela, pour lui donner une identité si son père est d'accord. « quelques semaines, j'ai hésité je t'avoue, j'étais perdue. Tu sais aussi que c'est pas facile quand t'es tout seul avec un môme , t'as pas de second avis pour ces choses là qui peuvent être très importantes à l'avenir...Mais il faut que je sache qui c'est. Et par respect pour toi, tu as le droit de savoir et je trouve ça normal. » Elle se pince les lèvres, porte son verre à ses lèvres et soupire doucement. Soren est un homme intelligent, dont elle a toujours admiré le self-control face à certaines situation et surtout en mission, elle se dit que c'est exactement la même chose là, que tout un tas de questions et de pensées lui polluent l'esprit mais il demeure relativement calme pour quelqu'un qui vient d'apprendre qu'il est potentiellement une nouvelle fois père. Ça la rassure, parce qu'elle apprécie Soren, qu'il soit le père de Ben ne la gênerait absolument pas. « Et là je t'avoue qu'en ayant rencontré Noah j'ai l'impression de voir mon fils, ces yeux, cette bouche, je les reconnais, c'est les mêmes traits que les tiens. » Un test serait plus avisé pour confirmer cela, mais puisque ça l'a frappé, elle en mettrait presque ses ailes à couper.
Augustin avait été le premier sur la liste pour l’enchaînement des événements, pour les faits et parce qu'elle lui était proche à ce moment là. Il a quand même veillé sur sa grossesse bien qu'il n'ait jamais tenu ses promesses. Sinon c'était clairement Soren pour elle, pour le nombre de fois où ils l'avaient fait sans se soucier du reste du monde, cachés dans cette chambre à se porter d'extase en extase sur l'endurance impressionnante de Soren qui la rendait folle de désir jusqu'à ce que leurs corps soient trop engourdis et endormis pour continuer. Ensuite il y aurait eu Pace avec qui ses rapports ont toujours été protégés, bien que festifs et tout aussi rythmés. Avec Soren elle a fait l'erreur d'oublier qu'à un certain stade certaines médications ne suffisent plus, se laissant emporter dans la frénésie de son contact. Erreur ou pas elle est maman et heureuse d'avoir Ben dans sa vie, son petit trésor qui lui permet de conserver son humanité et ne pas tout laisser à Némésis. Alors sur le décompte, Sybille hausse les épaules. « A vrai dire il y en aurait un autre mais c'est avec toi que je n'ai pas été sage. Tu l'as bien vu. » Sourire espiègle malgré tout sur ces dernières déclarations, elle ne peut pas s'en empêcher. Il le sait, il s'en souvient n'est ce pas ? Elle ne pouvait plus attendre, elle l'a réclamé beaucoup trop vite et n'a elle-même pas réfléchi à certains détails. C'était de la débauche parfaite, c'était animal une symbiose naturelle qu'ils n'avaient pas voulue quitter après avoir tiré leur coup. Et juste pour tout ça c'est à lui qu'elle pense. « J'ai une photo de lui si tu veux voir. » Il constatera de lui même la ressemblance avec Noah, bien que ce dernier soit plus grand et bien que Ben ait les cheveux ébènes de sa mère.
Soren n’aurait pas cru que sa soirée finirait ainsi. Ni avec Sybille, ni avec personne. Pourtant, c’était bien quelque chose qui lui pendait logiquement au nez. Sa relation avec Sybille avait toujours été simple… Pas très régulière de par leurs vies respectives, mais très simples. Ça c’était limité au boulot, au sexe, et parfois les deux mélangés. Pas de stabilité, pas de prise de tête… Un peu d’inquiétude pour elle lorsqu’ils avaient été en mission, et ça s’arrêtait là. « quelques semaines, j'ai hésité je t'avoue, j'étais perdue. […]. Et par respect pour toi, tu as le droit de savoir et je trouve ça normal. » « je comprends… » pas simple de faire le tri, et d’avoir le courage d’annoncer ça. Plus encore sans être forcément sure. Et mieux valait régler la question au plus tôt. Mais malgré son calme apparent, ça va à cent à l’heure dans son crâne, pas complètement certain de tout réaliser.
« Et là je t'avoue qu'en ayant rencontré Noah j'ai l'impression de voir mon fils, ces yeux, cette bouche, je les reconnais, c'est les mêmes traits que les tiens. » on lui a toujours dit que Noah lui ressemblait. Et ça ne s’arrête pas avec les années. Plus le temps passe, plus la ressemblance est frappante. Mais un instant, il pense à Cassie. S’ils sont restés ensemble un moment, sa grossesse avait été un simple accident. Ils ‘avaient pas spécialement parlé de former une famille, et peut-être que Soren aurait été contre s’ils avaient évoqué le sujet. Pas qu’il ne voulait pas être père… Mais il fallait être réaliste. Cassie était addict, et elle ne cessait de replonger. Et fallait voir où ça les avait conduit. Il avait pris son fils, ses affaires et s’était barré sans se retourner. Sans même savoir si la mère de son fils était morte ou vivante. « A vrai dire il y en aurait un autre mais c'est avec toi que je n'ai pas été sage. Tu l'as bien vu. » il acquiesce d’un signe de tête, ne sachant pas franchement quoi répondre de plus. Il e moque bien du nombre de mecs qu’elle se tapait, mais au moins, ça lui donne une petite idée niveau probabilité d’être le père de son fils. L’idée lui semble tellement irréaliste, et pourtant. Il avait plus d’une chance sur deux pour que ça soit le cas. Il se souvenait parfaitement de cette soirée, malgré l’alcool sur lequel il n’avait pas lésiné. Les souvenirs étaient plus que clairs. Malheureusement, il ne trouvait pas encore le moyen de s’en amuser et de lui retourner son espièglerie. C’était un gros morceau à digérer. Et encore… Pour le moment, ce n’était qu’une idée sans même être sure de devoir sans réjouir ou non, si jamais les résultats s’avéraient être négatifs. « J’me souviens mais… » il se pince une nouvelle fois l’arrête du nez. Mais quoi ? Y’a rien qui vient… si ce n’est les souvenirs de cette soirée. Il n’avait pris aucun précaution, et elle n’y avait rien eu à redire. « J'ai une photo de lui si tu veux voir. » « J’sais pas si c’est une bonne idée, Syb… » parce qu’ils ne sont pas surs… Parce qu’il ne veut pas s’imaginer quoique ce soit si ça s’avère être l’autre option… Aussi parce que le norvégien a du mal à se dire qu’il a un fils, autre que Noah. Mais se rendant compte de sa réponse, pas forcément très engageante, il se soupire. La dernière chose qu’il souhaite étant d’être désagréable avec la grecque. « Désolé… J’ai dû mal à assimiler. Et … on est pas sûr. » il passe la main sur son visage, souffle encore. « allez, montre » qu’il finit par ajouter, un sourire léger, un peu timide sur les lèvres. Après tout, peut-être que la photo sera sans appel… il tourne vaguement la tête, le regard perdu dans le couloir, là où Noah a disparu. Il a toujours été la prunelle de ses yeux. Son fils, le seul. Son portrait craché.
Même si elle redoutait la réaction de Soren elle sait qu'il n'est pas un sale type. C'était surtout la crainte qu'il lui en veuille de ne rien lui avoir dit, plutôt que celle où il aurait pu lui déclarer de se démerder seule. En coéquipiers souvent, il la connait bien, elle sait qu'il ne l'aurait pas laissée seule si elle lui avait demandé de l'aide. Mais les choses se sont passées autrement, la vie a fait que ses certitudes ne l'étaient pas et maintenant elle doit improviser. Un test de paternité, c'est ce qu'elle lui demande, s'il accepte de lui permettre de savoir la vérité sur la génétique de son fils, qu'elle puisse lui dire d'où il vient plutôt que le garder égoïstement pour elle. Et elle espère que leur relation n'en souffrira pas, qu'elle reste toujours aussi naturelle, qu'elle glisse toujours comme une rivière dans son lit. Parfois tumultueuse, parfois calme. Assise, avec sa silhouette dépassée face à lui, elle prend le temps qu'il faut, lui laisse des moments de silence, qu'il puisse réaliser et réfléchir, sur ce que cela implique, ou pas. Ça ne coûte rien, ça ne lui coûtera rien s'il ne veut pas s'impliquer, elle lui laissera le choix sans jugements, parce qu'elle lui doit bien ça. Elle préférerait le contraire, qu'il puisse être présent dans la vie de Beniamin, mais loin de là l'idée de l'influencer ou lui forcer la main. Et pour lui prouver ses soupçons elle lui propose de le voir en photo.
C'est normal que Soren se sente dépassé par tout ça et loin de là l'envie de le braquer ou le mettre dans une mauvaise posture, mais peut être que s'il voyait Ben il pourrait confirmer ou pas, peut être qu'elle hallucine. Il est d'abord réticent, elle le respecte, va pour ranger ces photos de nouveau dans l'intérieur de sa veste et puis finalement il accepte. Sybille surit doucement, puis lui tend les photographies, lui laisse le temps qu'il faut. Elle prend son verre d'eau en attendant pour se réhydrater, la tension redescend le plus dur est fait. Il y a plusieurs clichés où l'ont voit bien le visage de Ben, depuis sa naissance jusqu'à ses derniers mois. Elle les fait imprimer parce qu'elle conserve un album de lui, désire l'avoir en image réelle plutôt que sur support informatique. Il a quelques airs de Sybille, même si à son âge c'est difficile de dire, on peut parfois reconnaitre certains traits. Et elle en mettrait sa main à couper, si on met une photo de Noah à côté à son âge, ils se ressemblent beaucoup.
La jeune femme se redresse, n'ajoute rien, c'est lui qui saura lui dire si c'est vrai ou pas, si cela vaut le coup de tenter et faire ce test ou si cela le met trop mal à l'aise pour l'instant et laisser la procédure de côté. Elle respectera son choix, quoi qu'il en soit, mais son coeur dans sa poitrine cogne d'appréhension. Elle lui adresse un fin sourire, fait preuve de calme à toute épreuve, il sait qu'elle ne lui fera jamais de problème, il sait qu'il sera toujours libre de ses mouvements et que quoi qu'il se passe, il sera toujours la même personne à ses yeux. « Il est né prématuré c'est pour ça qu'il ressemble à une aubergine sur la première.» Elle tente, avec humour, parce qu'il faut quand même bien dédramatiser tout ça. «C'était pas prévu mais je suis heureuse qu'il soit là. »
« Une aubergine ? » il se marre encore Soren, et secoue doucement la tête. « T’es sympa toi » qu’il lache, un léger sourire sur le coin des lèvres. Mais pour pas être prévu… Il ne l’était clairement pas. Que ça soit avec lui ou un autre visiblement. Il n’avait jamais réfléchi à donner un petit frère (ou sœur) à Noah. Lorsqu’il était avec Cassie, c’était juste trop tôt. Noah avait été un accident. Qu’il avait aimé dès le premier jour mais qui était sans doute arrivé trop tôt. Alors penser à un hypothétique deuxième n’avait jamais été envisagé, pas une seule seconde. Et ensuite… Il ne s’était jamais posé assez longtemps pour envisager une relation sérieuse avec môme à la clé. « Et t’es une bonne mère, Syb. » parce qu’il savait à quoi ressemblait une mère plus que douteuse. Il avait vu Cassie laisser Noah sans surveillance, se piquer alors qu’il n’était qu’à un mètre. Il se souvient des seringues qu’il avait vu à proximité du nourrisson, et des coups de sang qu’il devait retenir face à un tel spectacle. La grecque ne ressemblait en rien à tout ça.
La main qui passe sur sa nuque, il finit par se redresser et attraper le kit qu’elle lui a ramené. En quelques minutes, de lecture et d’explication, l’échantillon était à l’abri et sécurisé des dégradations extérieures. Il lui tend le petit sachet regroupant tous les éléments, notice y compris. « tu me tiens au courant… » il sait pas vraiment quand les résultats tomberaient ou même ce qu’il allait faire pendant ce temps l. L’attente n’était jamais agréable… Et il ne savait toujours pas s’il devait se réjouir de ça. Et si les résultats revenaient négatifs ? Ne serait-il pas déçu ? Il se rapproche encore un peu, et vient la prendre dans ses bras, comme pour la rassurer, la soutenir. Ça devait pas être simple. Il ne pouvait qu’imaginer. « on sera fixé » qu’il lache avant de déposer un baiser sur le sommet de son crâne. « et on verra ensuite. Mais plus d’aubergine. » qu’il ajoute en rigolant. Le pauvre môme… Une aubergine. Ensuite ils improviseraient. Il sera sans doute là pour lui –et elle, peu de chance qu’il en soit autrement. Il verrait aussi si et comment il doit en parler à Noah. Pour le moment, il préférait ne pas y penser, n’ayant pas la moindre idée de comment son fils pourrait réagir à l’idée de partager son père. « va falloir que j’aille voir noah » pour le coucher, peu habitué à avoir de la visite à cette heure là, et à e pas avoir son rituel du soir.
C'était difficile à dire, mais c'est fait et elle se sent rassurée de ne pas avoir eu droit au scandale de son irresponsabilité alors que cet accident est survenu à son évolution divine. La médication n'a plus le moindre effet sur elle, alors même si elle ne sait pas réellement l'expliquer c'est la seule cause qu'elle voit, pour avoir été très sérieuse dans sa contraception. Soren comprend, même après avoir vu la photo de Beniamin ça ne le rebute pas et il se plie à ses demandes. Elle lui tend le test avec la notice et lui laisse le temps qu'il faut pour le faire, qu'elle emportera aussi vite le lendemain pour savoir de quoi il en retourne. Il n'y aura plus qu'à attendre les résultats ensuite. Un petit compliment glissé, elle sourit doucement, touchée. Elle fait de son mieux mais on ne peut pas nier l'amour qu'elle porte à son garçon.
Soren accepte de faire ce qui doit être difficile à faire. Elle lui en sera toujours reconnaissante pour ça, qu'importe le résultat. Elle a l'infime sentiment qu'il s'agit du père de son enfant, et jusqu'à la révélation ne pourra trop s'avancer dessus pourtant. Elle lui sourit, soupire doucement, ça a été angoissant mais finalement c'est dit et Sybille peut s'en aller le cœur plus léger. Étreinte affectueuse, la déesse ferme les yeux quand sa joue se retrouve contre son torse, ses bras encerclant sa taille. C'est un bad boy Soren, mais c'est un chouette type honnête, loin du stéréotype du tueur à gages. Un baiser sur le sommet de son crâne, elle le lui rend au coin des lèvres avant de le libérer de cette embrassade. « je te dirai, ne t'inquiète pas. » Le tenir au courant de chaque étape, jusqu'à la révélation ils resteront dans l'éventualité d'avoir dérapé. Elle ne sait pas ce que cela fera ensuite, mais a la nette impression qu'il ne la laissera pas tomber et qu'il ne tentera pas de couper les ponts avec elle. Elle fera tout ce qu'il faut ensuite pour son fils et pour ne pas perturber la famille de Soren si toutefois il ne voulait pas le reconnaître.
Elle rit, plus d'aubergine, c'est une promesse. « On fera le nécessaire pour que ça n'arrive plus ! » Sybile lui fera quelques cadeaux contraceptifs, ça les fera rire et ils continueront de passer du bon temps ensemble quand l'envie se fait, parce que cela ne viendra pas entacher leur relation légère et agréable. Il doit s'occuper de son petit, elle acquiesce et décide de partir. « J'ai le mien à aller veiller aussi je veux pas le laisser trop longtemps entre les mains de mon frère. » Pour qu'il ne lui apprenne pas a faire des doigts d'honneur. Sa main posée sur son épaule, elle lui pose un dernier baiser sur la joue et se dirige vers le balcon. Ses ailes s'étirent, elle se jette dans le vide et survole les courants d'air. Battement d'aile, elle prend de la hauteur et souffle doucement après un dernier regard au petit balcon.
