viens sur le canapé, que je t'écoute pleurer ( dahlia )

**Ikaar Killough**

viens sur le canapé, que je t'écoute pleurer

dahlia & ikaar

Le rendez-vous était bimensuel, pas plus. Bien assez si l’on écoutait le rouquin la mine boudeuse assis dans la salle d’attente au milieu d’autres gens, d’autres patients pour d’autres docteurs aux yeux dans le vide et au visage fermé. Des gens qui arrivaient pas à assumer leurs soucis, des dépressifs, des gens qui simplement ont vécu des trucs horribles.. Et puis lui, agacé d’attendre alors qu’il était quasiment l’heure de son rendez-vous. Pas qu’il avait besoin de parler, ni même besoin de voir une psychologue. Enfin, peut-être que si, il en avait besoin mais refusait de l’admettre, ni même de parler, s’assurant finalement de venir que pour tourmenter celle qui s'était un peu trop mêlée de ce qui ne la regardait pas. En le dérangeant sur le toit, elle avait signé un pacte avec le diable se condamnant à une séance toutes les deux semaines avec le rouquin, véritable perte de temps pour elle mais grand moment pour lui. A tel point qu’il tourne comme un lion en cage dans la salle d’attente, prêt à bondir hors de sa chaise pour pousser la porte du bureau dès qu’on l’y aura invité.

Cela ne tarde pas, la pauvre secrétaire qui annonce un rendez-vous pour Patrick MacConnor et le grand dadet se lève, toujours amusé du nom choisi et surtout de sa dégaine du jour. Un rouquin aux allures de farfadet, apparence choisie sur le trajet comme à chaque fois. A chaque fois c’était une surprise supplémentaire pour al psychologue, voir qui allait passer la porte de son cabinet, les noms d’emprunts et le physique de chacun de ses alias tous plus ridicule les un que les autres. Il saute hors de la chaise, littéralement, jusqu’à rejoindre la porte qu’il ouvre sans plus de politesse, refermant directement derrière lui. « T’aurais pas vu un pot d’or ? J’ai vu un arc-en-ciel finir ici. » qu’il déclare, d’une voix qui sonnait beaucoup trop comme la sienne pour être crédible.

Un tour de passe passe et il avait reprit son apparence habituelle, se laissant tomber sans grâce dans un des fauteuils devant son bureau dans un soupir si profond qu’il venait du tréfonds des enfers, les pieds se posant sur le coin du bureau. Fatigué par la vie, pas tout, les rendez-vous avec Dahlia au final c’était l'occasion de se moquer un peu et de respirer, loin du royaume, loin des responsabilités auprès de quelqu’un avec qui il pouvait tout dire comme ne rien dire, mentir si il voulait, peu importe. Dahlia en savait surement plus sur lui que la plupart des gens, à force. Pas sur la mafia bien entendu..Sur lui. Sur ce qu’il se passe dans sa tête, sur ses états d’âmes… Parce qu’il a beau nier au final, il parle, Ikaar. Il a raconté la mort de sa soeur, les déceptions amoureuses, les amis tombés. La peur d’être insuffisant, le manque de son frère et la déité qui se réveille, bourdonne à l’intérieur et qui n’aide en rien. De ses pouvoirs qui apparaissent et qui chamboulent tout. Il parle, Ikaar. Mais que quand il en a envie.. Et c’était pas aujourd’hui, visiblement. Si c’est lui qui ouvre le bec en premier ce n’est pas pour commencer à raconter ses dernières misères, c’est pour poser une simple question. « Ca ne va pas ? » Qu’il s’interroge, les yeux sur la psy et sur sa petite mine aujourd’hui, un peu moins concentrée que d’habitude ou même agacée par ses conneries. Il se réajuste dans son siège, descendant les pieds du bureau dans la foulée, les yeux interrogateur. C’est que c’est même pas drôle, si elle était pas agacée de sa présence.. Et surtout inquiétant, que celle qui aide à aller mieux n’aille pas bien.

(c) DΛNDELION

**Dahlia Byrne**

viens sur le canapé, que je t'écoute pleurer

dahlia & ikaar

Un regard porté sur son emploi du temps, et un nouveau nom était apparu. Bon, nouveau client, même si au vu de sa consonnance, elle n’était pas certaine que ce soit le cas. Inconsciemment, son esprit se porta sur cet homme qu’elle avait sauvé, de nombreux mois auparavant. Quoique, l’avait-elle réellement sauvé ? N’avait-elle pas été égoïste, à vouloir le sauver, simplement pour se dire qu’elle servait à quelque chose, tout comme l’âme en son sein ? La mort lui avait été douloureuse, de tout temps, et maintenant qu’elle était attirée telle un papillon de nuit vers une lumière. Quoi qu’elle fasse, il lui fallait se plier à cet instinct morbide, composer avec les voix murmurées dans le creux de l’oreille, avec cette mort omniprésente. Ca la rendait folle par instants, et il lui arrivait de ne pas pouvoir consulter pendant plusieurs heures, plusieurs jours. La banshee devenait ingérable par moments, à vouloir bouffer l’humaine. Jamais Dahlia n’aurait dû retrouver cette part de surnaturel en elle. Jamais. Pauvre mortel, qui aurait dû se rêver thaumaturge, pas oiseau de mauvais augure. Ecoeurant. La vie avait un drôle d’humour, quand on y repensait. Elle aurait juste préféré que pour le coup, elle s’abstienne…

Un grand dadet passa la porte du cabinet, lançant une phrase qui lui fit lâcher un soupir. Ikaar dans toute sa splendeur, non ? Quelques secondes plus tard, et une transformation lui donna raison. Heureusement qu’elle y était habituée, qu’elle s’y était fait, à ce surnaturel parfois étouffant. Les doigts tapotèrent doucement contre le bois de son bureau, alors que l’autre s’écroulait dans un des fauteuils de la pièce. « Bonjour Ikaar. » Le beau déguisement ironique resta coincé dans sa gorge. Ce n’était pas à elle de faire ce genre de remarques, pas au vu de son professionnalisme. Et son but restait de le mettre à l’aise, quoi que cela coûte. Pour qu’il parle. Bien qu’elle passe plus de temps à démêler le vrai du faux qu’autre chose. Aussi facile à ouvrir qu’un coffre-fort cet homme.

Elle mit trop de temps à réagir, à s’agacer comme à son habitude. Parce que y’avait plein de questions qui tournaient dans son esprit, plein de sentiments dans lequel son cœur s’enfonçait. S’en dépêtrer devenait complexe, ce qui la rendait quelque peu amorphe. Et l’homme sembla le remarquer, vu la question, qui lui fit arquer un sourcil. « Pardon ? » S’inquiétait-il réellement ? Ou avait-il juste besoin qu’elle réagisse à ses actes, tel un chiot réclamant de l’attention avec quelques tours ? « Je vais bien, je suis juste quelque peu fatiguée par des événements personnels. » Que ce soit le cambriolage, les diverses rencontres, les sentiments pour Alejandro, aussi futiles soient-ils… La vie ne lui laissait pas le repos dont elle avait besoin. Un léger sourire se posa sur ses lèvres. De quoi détendre l’atmosphère, et masquer la réalité. « Mais ce n’est pas pour cela que vous êtes ici n’est-ce pas ? » L’inviter à parler, tenter de lui rendre ce temps qui n’appartenait qu’à lui en ces lieux. Pas à elle. Après, il est toujours intéressant de faire de la psychologie inversée. En parlant, s’il l’y forçait, elle pourrait faire en sorte de le manipuler pour que lui aussi se livre.

C’était un jeu dangereux en revanche, surtout au vu du passé qu’elle tentait en permanence de cacher…

(c) DΛNDELION