"il porte avec lui sa colère de dix ans, l’emmène dans les couloirs lui cogne la tête contre les murs"
C’est typiquement un soir comme les autres, en omettant les cannettes toutes plus ou moins vides sur la table basse entre la télé et eux, et la tête aux cheveux courts de Hyacine sur son épaule : ils sont seuls dans l’appartement, serrés l’un contre l’autre dans leur épais pull à cause du froid d’automne qui arrive, la lumière de la télé pâlissant leurs visages. Malgré le tissu des pulls, il sent ses pieds se refroidir, et ses mains qu’il cache entre ses côtes et ses bras en les croisant. Et lentement, sans qu’il en ait conscience – où sent qu’il ne veille l’admettre, il sait ce qui pourrait suivre, et ce serait inacceptable –, son corps penche vers la seule source de chaleur proche, Hyacine, et son crâne vient à s’appuyer contre le sien, version humanoïde de ces oiseaux enlacés dans leur nid.